Episode 13: une première mission (partie 2)

A peu près une heure plus tard, Léna, Mathieu, Ginny et Arthur avaient rassemblé tout ce qu'il leur fallait pour la mission, dans la salle de préparation. Léna se demandait ce qu'Ava pouvait bien fabriquer pour prendre autant de temps lorsque celle-ci revint avec une caisse de gaz soporifiques, ceux généralement utilisés dans les hôpitaux.

- Vous avez pris ce que j'avais demandé? s'enquit celle-ci en entrant dans la pièce.

- Affirmatif, dit Léna en indiquant du menton le lance-roquettes posé à l'autre extrémité de la salle. Mais c'est quoi ton plan avec ça?

- Léna, soupira son amie. Tu verras. Je vais pas te le dire maintenant, parce que si ça marche pas, vous allez vous foutre de moi. Mais sinon j'aimerais autant que vous sortiez de la salle, pour limiter les dégâts, au cas où ça m'exploserait à la figure.

- OK, comme tu veux, dit Ginny en battant en retraite.

- Ava, tu te fous de moi?! explosa Léna. Et tu crois que je vais te laisser faire?

- Oui, complètement, dit l'intéressée, parce que tu as une tête de déterrée et que tu ferais mieux d'aller dormir un peu pour être en forme demain.

- C'est vrai, approuva Mathieu. Tu as vraiment l'air fatiguée, Léna. Je te raccompagne si tu veux.

Léna soupira :

- OK, mais si tu meurs bêtement, Ava, je te le pardonnerai jamais!

- Deal.

- De toute façon, moi, je reste, annonça Arthur.

- Quoi? explosa Ava. Ah non!!

- Tu ne sais même pas trafiquer une roquette.

- Ah, parce que toi, tu sais, peut-être?

- Bon allez, on y va nous, dit Mathieu en poussant Léna hors de la salle.


Elle ne revit Ava et Arthur que le soir venu, juste avant le début du couvre-feu.

- C'est une idée géniale, déclara Arthur sans néanmoins révéler en quoi elle consistait.

Léna se dit qu'elle devrait prendre son mal en patience.

Le lendemain, dès cinq heures du matin, ils allèrent prendre leur matériel en salle de préparation, puis Kyle les conduisit dans le parc.

- A vous de jouer, dit-il. Ah oui, et s'il vous plaît, évitez de me faire honte...

- On va essayer, marmonna Léna.

Ava rajusta la bandoulière de son imposant lance-roquette et suivit Arthur qui s'était déjà enfoncé dans la forêt.

- Mais c'est qu'ils ne vont pas nous attendre! s'exclama Mathieu d'un ton faussement vexé.

- Bon, moi, je vais à l'endroit convenu, dit Ginny. Je vous contacte dès que j'y suis.

- Oui, c'est moi qui te répondrai, dit Léna en indiquant le talkie-walkie qu'elle avait glissé à sa ceinture.

Une demi-heure plus tard, ils étaient tous les quatre en position dans les bois que traversait la route, comme prévu. Ginny les contacta à ce moment là.

« Ici Ginny. Vous me recevez? Je suis en position. »

Léna porta son talkie walkie à son visage : « Ici Léna, cinq sur cinq. On est prêts nous aussi. »

Et l'attente commença. A six heures et demie, Ginny ajouta :

« Ici  Ginny. Ça commence à bouger un peu dans le coin. »

« Ici Léna. Bien reçu. »

Ava posa son lance-roquette par terre :

- Ça pèse un âne mort, ce truc...

« Ici Ginny. Ça y est, le véhicule vient de quitter l'entrepôt. Ils ont pris un véhicule léger, pour pas s'embourber sur le chemin, je suppose. C'est un 4X4 avec un toit en toile. »

- Ça va marcher, dit Arthur à Ava.

- J'espère... murmura cette dernière.

« Vu son allure, il devrait arriver d'ici cinq-dix minutes à votre embuscade. »

Ava mit aussitôt un genou à terre, en position de tir.

- Et si ça marche pas, on fait quoi? demanda Mathieu.

- On tire les grenades, répondit Léna.

- D'accord.

- De toute façon ça va marcher, affirma Arthur.

Mathieu reprit les jumelles et fixa le chemin. Arthur se précipita alors sur Ava pour l'obliger à se jeter à terre. Léna leva les yeux : un drone venait de les survoler, au dessus du couvert des arbres.

- S'il a un détecteur thermique, on est grillés, ragea Arthur.

- Ça va, tu profites bien de la situation? marmonna Ava en se dégageant.

S'ils n'avaient pas été en mission, Léna aurait éclaté de rire.

- Ava, ils arrivent, avertit Mathieu.

En effet, Léna voyait à présent le 4X4 cahoter sur le chemin...

Ava se releva et épaula son lance-roquettes.

- Attends un peu, conseilla Arthur. Encore... Maintenant !

Ava tira. La roquette frappa le sol juste devant le 4X4 et explosa en touchant le sol. Mais, à la grande surprise de Léna, ce fut un nuage de gaz, et non de la mitraille, qui s'en échappa!

- C'est quoi ça? s'étrangla Mathieu.

- Du gaz pour endormir, expliqua Ava. Je l'ai trouvé à l'infirmerie...

- Alors c'est ça que tu avais en tête depuis le début? comprit Léna, stupéfaite.

- Dites, je crois que ça marche! s'exclama Arthur.

Le 4X4, qui avait commencé à ralentir en cahotant lorsqu'il avait atteint le nuage de gaz, s'arrêta totalement.

- On dirait bien, oui, dit Ava. Y a plus qu'à aller voir...

Entre-temps, le gaz s'était un peu dissipé, et ils découvrirent les cinq membres de l'équipe adverse évanouis sur leurs fauteuils.

- Joli, commenta Léna avant de rejoindre Mathieu qui commençait à fouiller la voiture, un chiffon sur le visage.

Elle l'imita tandis qu'Arthur se penchait pour embrasser Ava.

- Rien dans la boite à gants, soupira Mathieu, sa voix étouffée par le morceau de tissu devant son visage.

A tout hasard, Léna baissa le pare soleil gauche.

- Mathieu? demanda-t-elle.

- Oui?

- Tu crois que c'est ça?

Un papier frappé du sceau de la résistance humaine était glissé dans le pare-soleil. Mathieu sourit :

- J'en ai bien l'impression, oui.


Lorsqu'ils rejoignirent Kyle, celui-ci leur sourit et leur dit d'aller l'attendre en salle de préparation. Quand il revint finalement, il fulminait :

- Bordel, je n'ai jamais vu une aussi grosse bande de tarés! Kriegs et les autres voulaient vous mettre aux arrêts!

- Mais pourquoi? s'exclama Léna, incrédule.

- A cause du CALEB, soupira Kyle.

- C'est qui encore celui là? demanda Ava.

- Contrôle des Armes Lourdes et des Équipements Biochimiques, précisa leur responsable.

- Et merde, lâcha Arthur.

- En gros, poursuivit Kyle, dans ce genre de missions, on n'a droit ni aux armes de trop gros calibre, ni aux armes biochimiques. C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'y en avait pas à l'armurerie. Mais, votre roquette trafiquée est évidemment une arme biochimique...

Ava porta sa main à sa bouche.

- Mais bon, j'ai dit à Kriegs qu'il n'allait pas vous punir d'avoir su exploiter le matériel de manière surprenante. C'était efficace et ingénieux, c'est tout ce qui compte! Il ne peut pas vous demander d'être des gros tas de muscle qui ne réfléchissent jamais, et ne font suivre que les ordres, ça n'a aucun intérêt. Le professeur Altaïr était là aussi, et il a été du même avis que moi.

- Et donc? demandèrent Ginny et Mathieu en chœur.

- Vous échappez aux sanctions, mais les résultats de ce duel ne sont pas comptés. Ce Kriegs est un imbécile. Ce que vous avez fait était vraiment génial. Bravo!

- Ben merci, dit Ginny.

- Demain, vous reprenez l'entraînement comme d'habitude. Tâchez de faire encore mieux qu'aujourd'hui, et je pourrai  me considérer comme l'un des chefs d'escouade les plus chanceux de la Résistance!

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