CONJONCTION: Episode 7: Négociations
LENA:
Ils firent donc un arrêt à une base au nord du Brésil. Zaïa en profita pour passer son coup de fil à JC, et lorsqu'elle revint, elle annonça:
- Elle est d'accord. Mike, tu n'auras qu'à nous déposer rapidement à Kourou, avant de continuer la route.
- D'accord, ça ne fait pas non plus un détour immense.
Moins d'une heure plus tard, ils laissaient Zaïa et Katherine à la base française, après s'être mutuellement souhaité bonne chance, même si Léna doutait que ce dernier point serve à grand chose.
Lorsqu'ils atterrirent finalement à Washington, Léna reconnut immédiatement Rhett, qui les attendait en retrait de la piste d'atterrissage.
- Bon sang, je suis content de vous voir! leur hurla-t-il tandis qu'ils descendaient de l'hélicoptère. Venez vite! Lizzy est avec le président, ils ont établi une vidéoconférence avec tous les chefs d'État de la planète pour entendre ce que vous avez à dire...
Jakob écarquilla les yeux.
- C'est ce que tu voulais, non? lui lança Léna.
Il opina de toutes ses forces.
En entrant dans la salle, Léna se sentit aussitôt... dévisagée. Le président, Lizzy, tous les chefs d'État via leurs écrans géants, fixaient le petit groupe, à part Mike qui était resté dans son hélicoptère.
- Bonjour, dit le président. Et bienvenue. J'ai bien reçu votre message. Et je vais écouter vos dires, et tous les autres membres des gouvernements avec moi, car le temps presse.
Léna vit Eleanor pousser Jakob en avant.
- Je... fit celui-ci. Je m'appelle Jakob Raeburn. Et je connais un remède.
Il reprit les explications qu'il avait fournies à Léna et ses amis, mais à la fin de son discours, la majorité des chefs d'État parut peu convaincue.
- C'est donc ça? fit le président des États-Unis. Vous voulez sauver le monde avec des... chimères?
Danaé, qui avait finalement pris la tête du conseil en Belgique, se leva:
- Et si tenter le coup valait toujours mieux que ne rien faire? Moi, je suis pour ce plan.
Le premier ministre chinois fronça les sourcils:
- Et si une nouvelle météorite tombait et faisait des ravages, justement parce que le bouclier n'existe plus?
Un concert de murmures approbateurs lui répondit. Léna se tourna vers Mathieu et vit que celui-ci grimaçait. Eleanor s'écria alors:
- Mais vous ne comprenez pas? J'ai vu avec lui ce dont il parle! Tout existe!
La moitié des chefs d'État secoua la tête.
- C'est bon, Eleanor, dit Angelo. Laisse tomber, ils ne te croiront pas, de toute façon.
- Alors autant passer au vote, décréta JC. Pour ma part, je pense que le plus grand danger provient de la maladie. S'il peut y avoir un quelconque remède, alors il ne faut pas le laisser échapper. Je vote pour ôter les boucliers.
- Merci, murmura Jakob.
Néanmoins, Léna observait les chefs d'État et vit bien que c'était sans espoir. Tous, ou presque, étaient contre l'avis de JC et Danaé Degroote. Le résultat du vote ne la surprit donc pas.
Les boucliers ne seraient pas désactivés.
Jakob regarda Léna, puis tous les autres, un air de profonde détresse brillant dans ses yeux.
- Tous ceux qui ont voté contre, lança alors Oliver, vous êtes fous. Vous voulez vraiment voir vos enfants mourir sous vos yeux?
Léna ne l'avait jamais vu aussi en colère, ou désespéré, peut-être.
Au même instant, une violente quinte de toux le secoua, le faisant se plier en deux. Ava se précipita pour l'aider, tandis que Lizzy criait:
- Coupez la communication! Coupez-la!
Presque instantanément, les écrans s' éteignirent.
- Il est malade, dit le président.
Oliver releva la tête et essuya ses lèvres couvertes de sang.
- Oui! hurla Ava. Oui, il est malade, et alors?
Léna était figée sur place. Les choses prenaient un tour complètement inattendu. Dangereux.
- Il va mourir comme tant d'autres, parce que nous n'aurons jamais le remède de Jakob!
Cynthia, Angelo et Eleanor n'esquissaient pas un geste non plus.
- Alors vous savez quoi? On va faire un deal. Vous n'allez pas l'envoyer en quarantaine, ça ne sert à rien de toute façon. Vous allez lui prêter un avion pour qu'il parte, et le laisser tranquille.
Le président parut sur le point d'éclater de rire:
- Et pourquoi ferais-je cela, de toute façon?
- Parce que je suis la seule personne immunisée sur cette foutue planète, et que si vous laissez partir Oliver sans faire d'histoires, je me porterai volontaire pour rester ici faire des tests.
Le coeur de Léna rata un battement. Pourquoi dire une telle chose? Si le président croyait Ava... Alors, sa meilleure amie croisa son regard,et Léna comprit: Ava avait une idée derrière la tête, un plan, même, peut-être.
Voyant Eleanor et Angelo complètement abasourdis, Léna se précipita vers eux pour leur chuchoter:
- Je crois qu'elle sait ce qu'elle fait, laissez-la.
Oliver, lui, explosa:
- Hors de question que je te laisse y aller! Pourquoi leur as-tu dit?
Voyant cette réaction, le président parut croire un peu plus à l'immunité d'Ava.
- Si vous arrivez à le raisonner, je vous promets de le laisser partir.
- Ava, nom de... tempêta Oliver.
- Est-ce que vous auriez un endroit où je pourrais lui parler seul à seule? demanda Ava.
- En sortant de la pièce, sur la droite, il y a un bureau, vide à cette heure-ci...
Sans un mot, Ava attrapa le bras d'Oliver et l'entraîna dans cette direction.
- Je ne sais pas ce qu'elle fait, souffla Angelo, mais je lui fais confiance.
- Moi aussi, dit Eleanor.
OLIVER
- Oliver, calme-toi, supplia Ava en refermant la porte du bureau. Il faut que je reste ici...
Il ne comprenait pas. Rester ici. Alors qu'ils allaient lui faire dieu savait quoi, l'utiliser comme cobaye, et... impossible. Il ne pouvait pas supporter cette idée.
- ... le canon qui pourrait arrêter le satellite de Mu se trouve ici, à Washington. Rhett l'a vu.
- Quoi?! souffla Oliver. Mais alors...
- Je vais rester. Et d'ici cinq jours, je vais l'éteindre, le détruire, ce qu'il faudra. C'est la seule chance qu'il nous reste. Toi, tu partiras comme prévu emmener la météorite à Kourou, et Léna et les autres attendront aux tracés de Nazca.
- Ava...
Il ne savait plus quoi dire. C'était si inattendu...
- Tiens. Rhett m'a donné ça, tout à l'heure. Il a chipé la technologie la plus avancée qu'il a pu trouver.
Ava lui glissa un minuscule micro de communication dans la main, à peine plus grand que l'ongle de son pouce.
- J'en garderai un caché sur moi, dit-elle. Je l'allumerai aux moments où je serai seule, si j'ai un problème quelconque. Je te tiendrai au courant dès que je peux.
- D'accord, dit finalement Oliver. D'accord. Tu sais qu'Angelo voudra venir avec moi.
- Je sais. De toute façon, nul ne va être en sûreté nulle part, ces prochains jours, n'est-ce pas?
- Non, admit Oliver. Juste, s'il te plaît, ne fais rien de stupide. Même si c'est la fin, je ne veux pas te perdre avant.
Ava sourit franchement, et il eut l'impression de la voir quinze ans auparavant, tandis qu'elle déclarait:
- On a déjà survécu à la fin d'un monde. Personnellement, je suis prête à remettre ça. Je te contacte quand je me serai débarrassée de ce canon qui nous pose tant de problèmes.
Elle marqua une pause, puis ajouta:
- Je t'aime. Tiens le coup, s'il te plaît.
Ne sachant trop quoi dire, il l'embrassa. Cela lui semblait la réponse la plus acceptable: quoi qu'il arrive, il s' accrocherait jusqu'au bout. Pour elle, pour Eleanor et Angelo, pour leurs amis.
Ils revinrent là où les autres les attendaient, et il la laissa dire au revoir à ses enfants, leurs amis, Léna. Oliver lut dans les yeux de cette dernière qu'elle avait compris pourquoi Ava agissait ainsi, et, que d'une manière ou d'une autre, elle avait réussi à le faire comprendre aux autres. C'était pour cela que tous étaient si calmes. Désormais, ils avaient un plan.
Pourtant, lorsque les portes se refermèrent derrière Ava et qu'Oliver la perdit ainsi de vue, il sentit son cœur se glacer. Et s'il ne la revoyait plus jamais?
Mais désormais, Ava avait disparu.
Peut-être pour toujours. Mais seulement peut-être.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top