Chapitre vingt-six
Elle lui expliqua alors comment allait se dérouler la suite: dimanche, un assistant social viendrait la chercher, elle serait conduite à son ancien foyer, à Boston, loin de lui. Elle n'aurait aucun moyen de le rejoindre. Tout se mettait contre eux, à nouveau.
Il la prit dans ses bras, murmurant qu'il trouverait une solution, n'importe quoi mais il trouverait.
Elle n'y croyait pas bien sûr. Il n'avait pas beaucoup de temps devant lui, et elle s'en allait. Il n'y avait aucune solution. Elle ne pourrait pas être avec lui lorsqu'il en aura le plus besoin, et c'était ça le pire. Savoir qu'il allait bientôt souffrir, mais qu'elle ne serait pas là pour le soutenir. Savoir qu'elle devrait lui dire au revoir.
Ils passèrent le reste de l'après-midi à deux, mais Emma fut obligée de rentrer à vingt heures. Au foyer, même les enfants semblaient désolés pour elle. Henry, lui, resta mutin, même pendant le dîner. Il lui parlait toujours de tout et n'importe quoi habituellement.
Le soir, alors que tous étaient couchés et profondément endormis, Emma se leva. Elle resta postée face à la fenêtre, les yeux sur sa coccinelle. Et si elle partait maintenant? Et si elle prenait sa voiture et qu'elle partait d'ici? On finirait par la retrouver, elle le savait, mais pour être avec Killian, ça semblait être une bonne solution. Elle posa sa main sur le montant de la fenêtre, prête à l'ouvrir.
"Ne pars pas." chuchota Henry depuis son lit.
Elle sursauta, se tournant vers lui, assis dans son lit. Nathan ronflait, il était impossible qu'il se réveille.
"Ça sera pire si tu pars."
"Pourquoi?" s'enquit-elle sur le même ton.
"Parce que une évasion, ça se prépare."
Il descendit de son lit et s'allongea sur le sol, glissa un bras sous le sommier et se releva avec un grand livre poussiéreux, sur lequel était écrit élégamment Once upon a time. Avec ça, il montra un stylo, arborant un sourire malicieux.
"Qu'est-ce que c'est?" demanda-t-elle.
"C'était à mon père, il me lisait souvent une histoire pour m'endormir."
"Et en quoi ça va nous aider?"
Il ouvrit le livre, fit défiler les pages jusqu'à atteindre celles qui étaient blanches.
"A relancer l'opération Cobra." répondit-il comme si c'était la chose la plus évidente possible.
Elle resta perplexe, le regardant commencer à écrire des lettres grossièrement enfantines.
Il était une fois, Emma et Killian...
Elle ne put retenir un sourire en voyant sa concentration. Écrire dans le noir n'était définitivement pas tâche facile pour le petit garçon. Elle décida de jouer le jeu, au moins, elle se changerait les idées. Et puis, Henry la faisait toujours rire avec ses histoires farfelues.
"Donc, vous êtes ensemble maintenant?" questionna-t-il, en se penchant vers elle.
"Oui"
"C'est grâce à moi?"
Elle ricana, posa sa main sur sa petite épaule et lui indiqua d'un signe de continuer son histoire.
...Emma et Killian étaient ensemble. Mais Emma devait quitter Storybrooke et Killian. Ils étaient tristes.
C'était bien résumé, ouais. Elle continuait à l'observer, et son coeur se serra en pensant au fait qu'elle devrait le quitter lui aussi. Ce gamin était spécial et contre toute attente, elle avait créé de forts liens avec lui. Il allait lui manquer.
Mais heureusement, le valeureux Henry va rétablir leur fin heureuse.
Pendant qu'il continuait à griffonner sur la page de droite, Emma feuilleta celles auxquelles elle avait accès. Elle remarqua qu'il y avait un nombre incalculable de ses écritures, presque plus qu'il n'y avait de pages de l'histoire initiale.
"Tu écris quand?" lui demanda-t-elle d'une voix douce.
"Quand vous dormez." lança-t-il, raturant un mot qu'il avait mal orthographié.
Elle lut quelques pages. Il était doué, pour son âge. Il faisait beaucoup de fautes et de répétitions mais chaque fois, l'intrigue était plutôt intéressante. Elle sentit son coeur se serrer cependant. Dans chacune de ses histoires, il avait une grande famille avec lui, pour l'aider dans ses quêtes héroïques.
"Comment tu comptes ramener notre fin heureuse?" s'enquit-elle.
Elle savait très bien qu'il n'y en avait pas pour eux. Elle pensait qu'ils auraient plus de temps pour explorer leur histoire avant qu'elle ne se termine, mais visiblement, le destin, ou peu importe ce qui tirait les ficelles, ne comptait pas accomplir ses souhaits.
"Ça, c'est une partie secrète de l'Opération. Je dois tout élaborer avant d'en parler. Ça risque de tout gâcher, sinon."
Il tourna son livre pour qu'elle ne puisse plus lire, l'obscurité l'empêcha de voir ce qu'il ecrivait à la distance à laquelle il s'était mise d'elle.
"Mais qu'est-ce que je suis censée faire moi?" marmonna-t-elle.
"Toi rien. Tu attends, tu es la princesse dans l'histoire."
"Je ne suis pas une princesse." grogna-t-elle.
"Façon de parler. C'est toi qu'on sauve, tu n'as pas besoin d'avoir une robe et des paillettes pour ça." répliqua-t-il.
"Je n'ai pas besoin qu'on me sauve non plus."
"Dis ça à Boston qui t'attend dans trois jours."
D'accord, elle avait beau adorer ce gosse, il lui tapait sur les nerfs quand il trouvait le dernier mot. Elle se renfrogna, croisant les bras sur sa poitrine.
Elle attrapa son téléphone qui reposait sous son oreiller, et remarqua les messages que Killian lui avait envoyée. Elle se rallongea, Henry au bout de son lit, le livre toujours sur les genoux, et ouvrit les sms.
Un sourire s'installa sur son visage tandis qu'elle répondait.
Elle retint un rire, appuyant sa main contre sa bouche pour étouffer le souffle qu'elle lâcha. Même par message, il parvenait à la faire sourire et la faire se sentir mieux.
Comment pouvait-elle rester sérieuse avec cet abruti, sérieusement? Elle plongea sa tête dans son oreiller, ignorant le petit qui lui demanda ce qu'il y avait de si drôle.
Elle sourit faiblement, tapant le prochain message du bout des doigts, se demandant même pourquoi elle était si stressée à l'idée de l'envoyer.
Elle n'eût pas de réponse pendant quelques minutes, et elle se demanda si il avait mal pris sa remarque. C'est simple, durant les cinq minutes où elle attendit, ses yeux restèrent rivés sur son téléphone, prête à lire sa réponse. Et quand enfin elle arriva, son cœur se serra et elle sentit une pointe de culpabilité l'envahir.
Elle réfléchit longtemps à ce qu'elle pourrait lui dire, mais elle se réalisa que oui, cela dérangeait une partie d'elle. Elle n'avait jamais montré d'affection à qui que ce soit, c'était tout nouveau, tout ça, pour elle. Alors oui, elle était gênée qu'on la voie avec lui.
Ils parlèrent ainsi une grosse partie de la nuit avant que Killian ne finisse par s'endormir. Elle, passa le peu de temps qu'elle aurait du prendre pour dormir à relire tous leurs messages, se disant que bientôt, il n'y aurait plus que ça.
Et qu'un jour, il n'y aurait plus rien.
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