Killian ne cessait de se dire qu'il avait été stupide. Il avait regretté ses paroles à peine eurent-elles franchi ses lèvres. Il avait vu les yeux d'Emma se remplir de larmes, elle avait reculé d'un pas comme s'il l'avait frappée, et il savait que la douleur qu'elle ressentait en ce moment même était bien pire que si ça avait été le cas.

Il s'en voulait tellement d'avoir dit, d'avoir fait ça, il ne pouvait même pas imaginer à quel point elle devait être en colère contre lui. Elle n'avait nul part où aller, et il l'avait virée de chez lui.

Il avait essayé de l'appeler pour lui dire de revenir, mais elle ne répondait à aucun de ses appels. Il ne pouvait qu'espérer qu'elle avait trouvé un endroit pour dormir au chaud cette nuit. Ou qu'elle ne soit pas retournée au foyer. Cela voudrait dire qu'on l'emmenerait à Boston, encore, et il n'aurait aucune chance de lui demander pardon.

Il savait maintenant qu'elle n'avait rien dit, et il avait honte d'avoir pensé le contraire. Liam, une fois rentré à la maison à l'heure qu'ils avaient prévu, avec leur mère, lui avait dit qu'on avait fouillé sa chambre. Alors il avait comprit. C'était Henry. Il avait beau adorer ce petit, il devait avouer que sa manie de chercher des "informations pour son Opération" comme il le disait, était plus qu'énervante.

Tout ce qu'il espérait, maintenant, c'était qu'Emma finisse par rentrer ici. Elle avait sa place dans cette maison, et jamais elle n'aurait du en partir.

"Reviens s'il te plaît. Je sais que rien de ce je dirais n'a d'importance après ce qu'il s'est passé hier, mais je t'en supplie Emma, reviens."

Il laissa une dizaine de messages comme ça sur son répondeur, priant pour qu'elle les écoute, priant pour qu'elle l'écoute et qu'elle revienne.

Il avait tout détruit. Encore.

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Au début, Emma pensa à dormir dans sa voiture, mais elle était garée en face du foyer, et elle ne pouvait pas prendre le risque qu'on la trouve. Il était hors de question qu'elle retourne à Boston.

Killian avait beau l'avoir abandonnée, elle, elle ne le ferait pas. Il allait avoir besoin d'elle, qu'il le veuille ou non.

Ensuite, elle se dit qu'elle pourrait dormir dehors. Elle l'avait déjà fait plus petite. Ce n'était pas vraiment une bonne expérience, mais que pouvait-elle faire d'autre?

Si Killian ne voulait pas d'elle, que pouvait-elle faire d'autre?

Mais lorsque la nuit tomba, l'humidité s'accumula dans l'air, et le froid redoubla. Elle ne pouvait pas rester ici. Elle n'avait même plus sa veste.

Elle se rendit chez la première personne à laquelle elle pensa: August. Lui, il l'accueillerait, juste pour cette nuit bien sûr, juste le temps qu'elle trouve une solution.

Sa mère ouvrit la porte, et Emma s'excusa immédiatement du dérangement, demandant à voir August.

Et une heure plus tard, elle était assise sur son lit, les yeux perdus dans le vide alors que son ami faisait les cent pas dans la chambre, marmonnant qu'il allait le frapper. Emma ne l'écoutait qu'à peine, à vrai dire. Elle n'arrivait pas, les mots de Killian se jouaient en boucle dans sa tête, inlassablement. Elle revoyait son regard, et ressentait la même douleur chaque fois que la phrase recommençait dans son esprit.

Prends tes affaires, et dégage de chez moi.

Elle baissa la tête pour cacher les larmes qui envahirent ses yeux à August.

Elle s'était habituée à entendre ce genre de choses. Mais elle avait toujours eût le temps de s'y préparer. Sa première famille d'accueil, alors qu'elle était petite, semblait l'apprécier, ils étaient gentils avec elle, puis ça avait commencé à changer en apprenant qu'ils allaient avoir un enfant. Un vrai enfant, pas une substitution comme elle l'était. Ils ont commencé à agir différemment avec elle, être de plus en plus distants, et elle avait compris, du haut de ses toutes petites années d'existence ce qui cela signifiait: on l'abandonnait.

Mais là, cette fois, rien n'aurait pu la préparer aux mots brutaux de Killian, de la seule personne qui l'ait vraiment aimée, et qu'elle ait jamais aimée.

August sembla finalement remarquer la détresse de son amie, et vînt s'asseoir à côté d'elle, sans un mot. Il posa sa main sur la sienne, et la laissa pleurer. Il ne dit rien, il savait que rien de ce qu'il pouvait dire ne la soulagerait.

Ce que ressentait Emma, là, rien ne pourrait l'effacer.

¤¤¤¤

Deux jours étaient passés depuis qu'Emma était partie. Deux minuscules jours qui semblèrent être une éternité aux yeux de Killian, qui cherchait un quelconque moyen de la contacter. Le pire était de ne pas savoir où elle était, en fait. Si elle allait bien.

Et puis, en fin de soirée, sa mère et Liam déjà couchés alors que lui était dehors, assis sur les marches du porche, il reçut un appel. Ce n'était pas Emma, mais ça pouvait lui donner une piste. C'était August.

"Allô?" fit Killian en décrochant.

"Dis moi qu'elle est avec toi s'il te plaît."

Il pouvait dire qu'il n'aimait pas du tout le ton de sa voix. Il avait su distinguer son inquiétude même à l'autre bout du téléphone.

"Je ne sais pas où elle est." avoua Killian.

"Putain!" s'écria l'ami d'Emma. "C'est de ta faute tout ça!"

"Tout ça... Qu'est-ce qu'il se passe?" demanda-t-il.

Il n'eût pas d'autre réponse que des "putains" qui fusaient. Cette conversation ne menait à rien, si Emma était en danger, ce n'était pas ça qui allait l'aider.

"Je te jure, s'il lui arrive quelque chose, je te tue avant l'heure Killian."

Il sentit son coeur se serrer à l'entente de cette phrase, mais il ne put répliquer. Un lourd silence s'installa mais aucun des deux ne raccrocha. Après de longues minutes, une fois qu'August fut calmé, il commença à lui expliquer ce qu'il se passait.

Emma était venue chez lui -Killian ressentit d'ailleurs une pointe de jalousie à ce propos- et lui avait expliqué ce qu'il s'était passé, puis elle avait dormi là. Et le lendemain matin, elle n'était plus chez lui, ni elle ni ses affaires. Elle lui avait laissé un simple mot sur son bureau. "Ne me cherchez pas". C'est tout. Rien d'autre. Aucune réponse à aucun appel, message ni rien d'autre. Il l'avait cherchée dans la ville toute la journée sans résultat, avait demandé à tous ses amis où elle pourrait être mais personne n'avait de nouvelles d'elle.

La culpabilité rongeait Killian, tandis qu'il marchait en rond devant chez lui. Il n'avait pas fait tout ça lui. August en avait fait plus que lui pour la retrouver.

"Elle ne peut pas rester dehors. Ils prévoient une grosse tempête, cette nuit." avertit August.

Killian réfléchit longtemps. Il pensa à tous les endroits où pourrait se réfugier Emma.

"Viens me chercher. Je sais peut-être où elle est." informa-t il.

"Je ne crois pas qu'elle ait envie de te voir."

"Ce n'est pas l'important! Il faut la trouver, alors tu prends ta caisse, tu viens me chercher, et on va la trouver tous les deux!"

August marmonna un d'accord peu convaincu, et raccrocha. Une dizaine de minutes plus tard, le van fut en face de la maison, et l'adolescent grimpa à l'intérieur sans plus attendre.

"Alors, où on va?" demanda le conducteur.

"La plage."