Saison 7 - Épisode 9 : Le Marathon de la Peur

  « Mes chers champions, il vous faudra s'armer de courage et faire preuve d'endurance, car voici voilà l'épreuve numéro une :  le Marathon de la Peur !!! »

  Et il portait bien son nom, songea Harry, qui paniquait les bras croisés rien qu'en entendant le nom de l'épreuve. Lui et les autres participants, tous entassés les uns contre les autres sur une estrade, écoutaient en silence — hormis les râles de panique qu'extirpait Iridessa — les instructions du haut parleur qui hurlait de son écho le plus strident. 

  « Je vous rappelle les règles de bases ? Peut-être que vous les connaissez déjà ? Oh, ne vous inquiétez pas, mes petits chéris ! Il se trouve que je suis là pour ça ! » s'exclama la voix d'un ton enthousiaste à tout animateur qui se respectait. 

  « Je vous rappelle que vous êtes disqualifiés si votre coéquipier trouve la mort durant le parcours, et qu'il vous faudra franchir les obstacles dans le temps imparti si vous voulez espérer accéder à la suite du tournoi ! Sur ce, bon courage ! »

  C'en était de trop pour Iridessa qui ne cessait de regarder fixement la porte de secours. Sa coéquipière, Lumina, la rassure cependant en lui rappelant qu'il y a peu de chances d'en arriver jusqu'à ces extrêmes. Ondine paraissait tout l'inverse, la Fée des Eaux ne tenait plus en place et tapait du pied sans même  s'en rendre compte jusqu'à ce que Rock le lui fasse remarquer. Clochette parlait d'une voix basse à Kyle, avec peut-être une tactique à mettre en place. Tandis que Rosélia paraissait perplexe et resta les jambes croisées sur l'estrade à regarder dans le vide.

  — Hm... tu  sais que t'es super sexy avec cette tenue, Iridessa, ronronna Chloé qui ne cessait de la toiser comme un morceau de viande. 

 — C'est décidé, j'abandonne ! hurla la jeune femme en essayant de se débattre de l'étreinte de sa coéquipière. 

  — Calme-toi, Iri ! Ne fais pas attention à elle, lui répétait-elle. 

  — T'inquiètes pas, ma douce. Je te réserve une épreuve encore plus spéciale. 

  Vidia intervint, agacée par le rentre-dedans intempestif de Chloé. 

  — T'as pas fini de chasser ? disait-elle, le visage rouge et les yeux fermés. Occupe-toi plutôt de Rosélia, c'est elle qui fait partie de ton équipe, pas vrai ?

  — Je te retourne le compliment pour l'autre minable, répondit Chloé en désignant Harry d'un mouvement de tête. C'est à peine si Rosélia répond à mes piques. Mademoiselle est dans un autre monde, je crois.  

  Harry fixa Rosélia qui paraissait effectivement occupée par ses pensées. La Fée des Jardins n'entendit même pas tout ce qui se passait autour d'elle. 

  — Tu es vraiment délicieuse dans cette tenue, ma douce ! Un vrai bonbon dans un emballage transparent... C'est qu'on voit tout, d'ici. 

  — Chloé, ça suffit !

  En plus d'être extrêmement moulante, les tenues des champions donnait chaud. Elles se différaient par leurs couleurs et étaient obligatoires puisque ces dernières facilitaient les mouvements des participants. Cet uniforme à été imposé par la Reine Clarion depuis qu'une Fée Bricoleuse avait trouvé la mort en coinçant le pan de sa robe dans la coque d'un bateau tandis qu'elle s'enfonçait dans un spirale aquatique.

  Harry portait une sorte de blazer violet muni de gants uniforme par-dessus son ensemble moulant. L'escargot qui transportait un sac faisant trois fois sa taille le scruta de l'œil pour cette touche d'originalité mais ne lui en tenait pas rigueur pour autant. 

  Cela faisait une bonne décennie que le mollusque travaillait pour la Reine Clarion en raison des évènements du tournoi. Noa et Buck s'agrippèrent à la porte, manquant de glisser dans son sillage baveux, les deux Fées des Animaux venant à peine d'arriver. Harry ne prit même pas le temps d'adresser un regard à sa femme et fixa la bête qui venait de s'arrêter devant l'équipe des Fées des Lumières. 

  — Qu'est-ce qu'il fait ? demanda Harry à Vidia. 

  — Comme toujours, des livraisons de poussières pour le marathon. 

  — J'avais presque oublié ! On a tous la même quantité de poussière pour cette épreuve ? 

  — Comme pour toutes les autres, d'ailleurs, le voilà qui arrive, disait Vidia à voix basse. 

  Les balles de ping-pong qui lui servaient d'yeux scrutaient Harry ; il avait presque la sensation d'être reniflé par l'escargot. 

  — Ne t'en fais pas, comme tu es nouveau, il a besoin de faire une petite « introspection corporelle »

  — C'est un chien ou un escargot, je suis perdu, là... soupira le garçon. 

  Soudain, les deux balles stoppèrent leurs mouvements de pupille et la bête s'approcha intimement de lui. Harry se demanda ce qui lui passait par la tête. 

  Il senti quelque chose en lui fourmiller de tout son corps, se faire aspirer depuis la poitrine par une force extérieur, comme la bouche d'un aspirateur. 

  Au centre de la spirale qui faisait sa coquille, l'escargot absorba la poussière de fée du jeune homme qui se retrouva bientôt démuni de toute force sans même s'en rendre compte. Harry voulait hurler mais aucun son de sortait de sa bouche. Il voulu frapper la coquille de la bête, lui suppliant de le laisser, mais son corps ne suivait pas ses desseins.  

  Vidia, toute sourire face à son visage béat, l'attrapa par les épaules et l'allongea le long du banc. Elle puisa quelque chose qui ressemblait à du chocolat depuis le deuxième sac et le tendit à Harry.

  — Mais qu'est-ce que... marmonnait-il en se frottant le crâne

  — Un portique antitriche. C'est pour que tout les petits malins qui aurait prit une ration de poussière avant de venir au championnat ne partent pas  avec un train d'avance sur les autres. 

  — Ouais, je comprends, ronchonnait Harry en s'imaginant tirer un coup franc avec sa coquille. 

  — Rattrape-moi, il va bientôt me la faire. 

  Harry suivit les instructions de Vidia et lui rendit la pareille. Après avoir fait le test antitriche, l'escargot se pencha en avant, désignant un lot de paquet. 

  — Prends six paquets de poussière, c'est tout ce qu'on nous autorise à avoir durant l'épreuve.

  — Six ! s'exclama Harry, tout sourire. Je trouve que ça en fait beaucoup, n'empêche !

  — Humpf, souffla Vidia pour souligner sa naïveté. Ne sois pas stupide. Tu as cru une seconde que le protocole allait se montrer indulgent avec les participants ?  

  Il observa sa coéquipière les yeux grands ouverts, sa bouche dans une expression de surprise.

  — Six paquets de poussière, c'est le juste le minimum syndical pour ce genre d'épreuves. Ne commet pas l'erreur du débutant à tout dépenser en début de parcours, ça serait vraiment bête de se faire éliminer en si peu de temps.

  Harry hocha de la tête d'un air déterminé et prenait en considération tout ce que Vidia lui disait. Elle aimait la lueur qui brulait dans ses yeux, une ambition insatiable qui le rongeait de l'intérieur, prête à exploser au départ de l'épreuve.

  Après que chaque fées ait reçu sa part de ration – y compris les mystérieuses Fées du Tonnerre qu'il ne savait regarder en face – l'escargot quitta le vestiaire des champions et les hauts parleurs, accrochés aux quatre coins des murs, se remirent en vibration sous la voix tonitruante de la Reine Clarion. 

  « Et voilà, tous nos champions sont prêts à entreprendre la première épreuve qui commencera dans un instant, à mon coup de trompette... »

  Harry entendait les applaudissements et les cris jaillirent au-dehors des vestiaires, tous sur des tribunes qui recouvraient un large dôme qui faisait  songer à un parcours terrestre qui s'achevait dans les abysses du diable. 

  Il regarda Vidia, qui lui donna trois paquets de poussière de fées, puis les fourra dans sa poche. Ondine se cambra devant la porte, le regard plongeant sur une surface encore obstruée. Iridessa ne tenta pas une seule fois de se positionner sur la ligne de départ – marquée d'un trait jaune qui tenaient leurs pieds à un mètre chacun de la porte. Une ligne de départ sur laquelle Rosélia et Chloé arrivaient à se donner des coups de coudes ; où Clochette enfila des lunettes d'aviatrices et semblait se munir d'un pistolet pendant que Kyle récitait un mantra improbable que personne ne comprenait pour lui donner la force de réussir son épreuve devant autant de monde.

  « Vous aurez exactement une heure pour faire entièrement le parcours ! Passé ce délai, les équipes qui ne figureront pas à la ligne d'arrivée seront éliminées »

  Harry fronça des sourcils et resserra les poings. Un sourire se dessina sur son visage contre toute attente. Son stress se mélangea à de l'excitation.

  — Au fait, Harry, je sais que ce n'est pas le moment opportun pour te le faire remarquer mais l'escargot a drainé très peu de poussière sur toi. Vraiment très peu. 

  — Et alors ? 

  — Tu ne m'avais pas dit que tu profitais du week-end pour te reposer avant l'épreuve ? 

  — Si, c'est ce que j'ai fais, menti Harry qui s'était entraîné ces deux derniers jours avec Zarina. J'ai juste oublié de passer prendre une petite ration de poussière avant de venir.

  Vidia lui serra l'épaule de manière peu amicale et se pencha en avant. 

  — Ah mon cher ! s'exclama-t-elle d'un sourire nerveux. On règlera ça après l'épreuve. J'ai horreur des menteurs, surtout quand ce sont mes amis. 

  Harry ne savait pas ce qui l'attendait mais préféra se concentrer sur l'épreuve qui allait bientôt démarrer sous les coups de trompettes des officiers de la Reine. 

  « Attentions, à vos marques... »

  Ils prirent toutes une posture prêt à l'élan. Un pied devant, l'autre derrière. Le torse bombé, le visage fermé. 

 « Prêts... PARTEZ ! »

  Une fumée de poussière s'évapora sur le sol, la porte s'ouvrit automatiquement – comme une trappe automatique – les champions piquèrent une tête face à une arène qui voyait son premier passage au contre-bas d'une spirale lumineuse. Entre le ciel et la terre, les acclamations se firent nombreuses, si bien qu'Harry se déconcentra presque en les observant. 

  — Reste attentif, Harry ! Chaque équipe possède son propre portail ! hurlait Vidia, la voix filtrée par la violence du vent qui sifflait dans leurs tympans. 

  — Le nôtre est violet, si je comprends bien ? 

  — Pas mal, champion, t'es peut-être plus perspicace que je ne le croyais ! 

  Les deux fées se regardèrent puis piquèrent un sprint d'autant  plus conséquent. Elles ondulèrent autour des deux Fées des Lumières puis les dépassèrent au niveau du sol. 

  Harry et Vidia se décalèrent tout à gauche, là où une spirale violette les attendais. Le garçon ferma les yeux, craignant idiotement de se manger le sol, puis piqua une tête dans le portail. 

  Il se retrouva comme aspiré par une sorte de vortex fluorescent qui disproportionnait l'entièreté des membres de son corps. Tandis qu'il voyait ses jambes s'allonger et ses mains tourbillonner dans sa paume, Vidia gagnait un train d'avance sur lui, toute aussi étendue que lui – il avait l'impression que son cou gagna quinze centimètres en plus. 

  Soudain le halo se referma sous une sorte de ZAP sonore. C'était la fin du portail, qui s'acheva à quelques mètres du sol, laissant Harry s'écraser le visage dans le sol. Vidia se posa comme une fleur, quant à elle, et releva le garçon. 

  — Où est-ce qu'on est ? 

  L'ambiance était lugubre. Une brume épaisse se mouvait autour d'eux, laissant dormir une série d'ombre en piquet, imposant et massif qui ressemblaient à des arbres. Vidia se cala dos à lui et observa la situation. 

  — Je crois qu'on est cerné, bordel ! Qu'est-ce qu'on fiche en pleine forêt ? 

  — Tais-toi et cherche une issue de secours, lui demanda Vidia d'une voix suffisamment concentré pour ne pas que ça paraisse comme un ordre agacé. 

  Elle marcha quelques pas avant de pointer une flèche tailladée dans un arbre qui semblait indiquer une direction vers le sud. Harry la rejoignit et fouilla dans sa poche. 

  — Qu'est-ce que tu fais ? 

  — Je vais essayer de dissiper le nuage avec une petite bourrasque. 

  — C'est justement la dernière chose à faire pour consommer inutilement de la poussière, espèce de crétin ! Remets ton sachet de poussière dans ta poche !

  Il se mordit la langue, bête sur ce coup-là. 

  — Attends, tu préfères entrer dans la forêt sans savoir ce qu'il y a de l'autre côté.  

  — Crois-moi, si on devait avoir affaire à une bête sauvage, ça fait un bon moment qu'on l'aurait entendu. Il faut simplement avancer de toutes les façons, on n'a pas le choix. 

  Harry avala difficilement sa salive et approuva les paroles de Vidia. 

  — Très bien, c'est toi la cheftaine ! 

  Il se contenta de suivre Vidia, qui s'enfonçait dans le brouillard avec des pas tâtonnants. Ils n'y voyaient qu'un épais filtre de flou, Harry tenta se poser ses mains derrière les épaules de sa coéquipière mais n'attrapa que du vide. 

  — Vidia ! Où est-ce que tu es ? 

  — Mince, je ne te vois pas, non plus !  Attends, on va continuer à se parler. Reste où tu es, je viens te chercher. 

  — Entendu ! 

  Alors qu'il attendait sagement, Harry entendit comme des choses s'imbriquer, l'une après l'autre. Le garçon fronça des sourcils et se demanda si les pas de Vidia arrivaient à faire ça. Le bruit recommença avec plus de violence dans son dos. 

  — Vidia ? Est-ce que c'est toi ? 

  — J'arrive bientôt ! Ne bouge surtout pas !

  Il eu la confirmation qu'il voulait : la voix de Vidia était à tout l'opposé du bruit étrange qu'il avait entendu.

  Par réflexe, il enfouit sa main dans sa poche et draina quelques grains de poussière. D'un geste tremblant, il lança une paume de vent juste derrière lui et découvrit une série de roches s'emboîter l'une sur l'autre.

  Elles devirent de plus en plus imposantes, les roches qui se concentraient comme un aimant face à lui revêtaient la forme d'un pied, puis deux. Deux énormes pieds qui faisaient maintenant dix fois sa taille. 

  Vidia, qui arriva juste dans son dos, s'arrêta bouche bée en regardant d'un regard inquiet. Bientôt, les deux fées durent plier leurs cous jusqu'à sentir leurs cheveux chatouiller leurs nuques. 

  — Par la Deuxième étoile ! 

  Un géant de pierre se dressait désormais face à eux, le bruit de roches se remplaça par un féroce rugissement. Les yeux, créés pas l'espace omis des pierres donnant lieux à deux orifices, s'allumèrent d'une sorte de feu ardent. 

  — Bordel, Vidia ! Qu'est-ce qu'on peut faire ? s'écria Harry. 

  — On a pas le choix, ce monstre nous bloque la route, dit Vidia d'une voix roque en désignant la flèche dans l'arbre tailladé juste derrière eux. 

  — Est-ce que tu veux dire qu'on...

  — Oui, fit-elle d'un hochement de tête en proie à une profonde aspiration hachée. On va devoir l'éliminer. 

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