Saison 7 - Épisode 8 : Tornade Terra !
Ca recommençait. Le nuage de poussière se déroba de sous ses pieds avant de s'étirer autour de lui. Il s'élargissait, ne faisant bientôt qu'un avec la grotte. Harry eut l'impression qu'un crochet l'avait brusquement attrapé par la gorge en le tirant irrésistiblement en avant. Ses pieds avaient quitté le sol et il sentait la présence de Zarina à ses côtés, ses épaules se cognant contre les siennes. Ils filaient droit devant, dans un tourbillon de couleurs et un sifflement semblable à celui du vent. Son index était collé à la fumée qui se resserrait à nouveau autour de lui comme un aimant. Et soudain...
Son corps trébucha contre une roche faisant trois fois sa taille avant de le projeter par terre. Zarina posa un pied après l'autre, tandis qu'elle descendait à la surface avec la légèreté d'une feuille en automne.
— Reprends ta respiration, champion. On est arrivé.
— Où ça ?! s'écria Harry en faisant de grande rotation avec son cou.
— Justement, je n'en sais rien, mais c'est ça qui est amusant.
— Bordel, j'aurai jamais dû boire l'eau du... C'est votre stupide pied, là ! Pourquoi ?
— Arrête de chouiner, je te ne pensais pas aussi douillet. Si tu as ce genre d'attitude, tu peux faire une croix sur le trophée du tournoi.
En voyant que Zarina gardait un calme olympien, Harry décida de se calquer à elle. Il avala sa salive avec difficulté avant d'analyser la situation.
Autour d'eux ne régnait qu'un désert de sable. Que ce soit sous leurs pieds, à l'horizon ou encore dans le ciel. Le soleil revêtait cette armure dorée qui s'apparentait à celui de la matière.
— Du sable à perte de vue, mais aucun signe de la mer, affirma Zarina. C'est plutôt bon signe.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Voyons, champion, essaye de lire entre les lignes. Il y a rien de plus neutre et vierge qu'un désert de sable.
— Et invivable, aussi !
Il comprit, au regard courroucé de cette dernière, que l'heure n'était pas aux apitoiement puérils.
— Ton esprit est le site qui t'entoure, lui affirma Zarina. L'illusion provoquée par l'eau du Rocher du Crâne n'est rien d'autre que le reflet de ton état mental.
— Ce qui signifie que...
— Tu es parfaitement stable, c'est impressionnant, lui souriait la jeune fille. En général, les gens sont soit heureux ou malheureux. Tu as réussi à trouver un parfait entre-deux.
Le garçon jeta un regard vers le sol. Il laissa son pied tracé un motif sur le sable. Une sorte de courbe qui ressemblait à la moitié d'un cercle ovale.
— Disons qu'avec tout ce qui se passe entre le Tournoi des Fées et le boulet de canon dans la Vallée, je ne sais plus trop si je dois être euphorique ou très inquiet.
Zarina l'écoutait sans rien dire. Elle s'attendait probablement à ce qu'il la nomme, mais Harry ne commît pas cette erreur. Et s'il ne se l'enlevait pas de la tête, l'illusion se chargerait de tout révéler à sa place.
— Dis-moi, sur quoi tu comptais t'entraîner, tout à l'heure ?
— Mon talent, je voulais le perfectionner avec quelques petits exercices. Dans la grotte, il y avait suffisamment de matière pour que je travaille la qualité de mes bourrasques.
— Tu es une Fée Voltigeuse, c'est bien ça ?
Harry hocha de la tête. Zarina croisa les bras et se mit à réfléchir.
— Si je suis la logique, ton élément devrait être le vent.
— C'est ce que m'a dit un type, tout à l'heure, lui confirma Harry.
— Dans ce cas je sais exactement ce qu'il te faudrait pour ton entraînement. Tu vas devoir me faire confiance.
Soudain, quatre murs sortirent du sable et se quadrillèrent tout autour d'eux.
— Qu'est-ce qui se passe ? s'étrangla le garçon, les poings serrés.
— Essaye de les repousser, et sans paniquer.
Ce fut le dernier mot de Zarina avant qu'elle aussi ne disparaisse sous une matière de sable. Elle se dissipa sous la vue de Harry.
— Zarina !
Rien n'y faisait, elle ne répondait pas à l'appel de ses hurlement.
Les murs, s'ils paraissent devenir d'imposantes murailles à mesure qu'ils gagnaient de la taille, recouvraient bientôt le corps de Harry de son voile d'ombre le plus sombre. La lumière du ciel devenait de plus en plus mince, et son cœur commençait déjà à s'emballer dans une tachycardie incontrôlable.
— Dites-moi que je rêve, c'est une blague ?! Il faut que je sorte d'ici au plus vite !
Il concentra sa force dans ses ailes et entamait déjà une concentration dans les muscles de ses mollets. Harry retomba sur le sol aussitôt. Le garçon n'avait effectué qu'un bond.
— Quoi ?! s'écria-t-il en voyant ses ailes complètement au repos. Je n'ai plus de poussière de fée ?
Les murs grondaient désormais sous le bruit d'un déchirement de feuilles. Il se faisait de plus en plus intense, si bien que Harry ne s'entendait pas geindre.
Il s'assit sur le sable avec une sérénité incertaine, les jambes en W. Harry se passa ensuite les mains sur le visage, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules, avant de hurler d'une voix étreinte :
— Zarina, est-ce que vous essayez de me tuer ?
En la nommant, il se rappela de ses dernières paroles. Le garçon ferma les yeux.
— Je dois garder mon calme et repousser les murs.
Il répéta le mantra une nouvelle fois, cette fois-ci en inspirant et expirant par la bouche.
— Roh, c'est stupide ! Plus je me le répète et plus ça me stresse ! Je ne suis pas ici pour faire du yoga mais pour améliorer mon talent, merde !
Il se releva et réfléchit à ce que Ondine et Rock lui avaient dit sur la nature du talent.
— « Je n'ai pas besoin de poussière de fée pour activer mes pouvoirs de Voltigeur », il faut simplement que je me concentre et que je fasse appel à la force du vent.
Habituellement, la majorité des Fées Voltigeuses créaient le vent en tournant sur elles-mêmes – ce qui était notamment le cas de Vidia. Quand d'autres faisaient des bourrasques par la force de leurs mains en perpétuel mouvements circulaires. Harry choisit la seconde option, tout simplement parce que la première nécessitait de voler et qu'il n'en avait pas les moyens sans poussière à portée de main.
— Zarina, murmura le garçon, j'ai enfin compris ce que tu cherches à faire.
Il écarta les bras et se raidit comme un piquet. Les regardant l'un après l'autre, Harry fit tourner ses poignets dans le sens des aiguilles d'une montre. Sa respiration se copiait à la fureur du sable qui augmentait sa température.
La soleil dorée le contraignît à fermer les yeux, tandis qu'il sentait le goût salé de sueur glisser le long de son nez pour finir coincé entre ses lèvres.
— Allez ! haletait Harry.
Il sentait ses bras s'engourdir, aussi raides que du ciment, tandis que chaque contraction de ses muscles se transformait en un véritable calvaire. Ses mollets n'en sortirent pas indemnes, ils se déchiraient de l'intérieur.
— Pourquoi mes jambes me font si mal ? Je suis encore trop tendu ?
Il se permis d'ouvrir les yeux pour constater que ses poignets tournaient pour rien. Pas la moindre brise ne s'y échappait.
— Ma parole, c'est comme si je n'avais pas bougé d'un poil !
— Tu ne donnes pas assez du tiens. On ne demande pas de faire un effort physique !
— Zarina ? A quel moment...
— C'est de ta force spirituel qu'il est question, ici ! Alors concentre-toi et relâche ton corps !
Harry une énième inspiration et songea à l'exercice qui s'articulait habituellement dans son corps pour invoquer la force du vent. En fermant les yeux, il s'imagina d'abord la sensation de froid sur les paumes de ses mains, puis commença – à partir d'un certain temps – à ne plus distinguer son imagination de la réalité.
La sueur sur son front sembla se dissiper sous cette fraîcheur. Ce fut à ce moment précis qu'il ouvrit les yeux et constata.
Deux petites tornades commençaient à se former dans le creux de ses mains et lui arrivait jusqu'aux cheveux.
— Je n'arrive pas à y croire ! Est-ce que j'ai réussi ?
— Pas encore, champion, il te reste le mur à détruire, réapparu la voix de Zarina dans ses échos.
— Pardon ?! ricana presque le garçon. J'arrive à peine à maitriser une tornade sans poussière. Comment je pourrais...
— Tu l'as dit toi-même : tu arrives à peine à faire des petites bourrasques. Tu crois vraiment que ton entraînement s'arrête ici ? Le Tournoi des Fées n'est pas fait pour les petits esprits, tu en es conscient ?
Harry hocha de la tête malgré un soupir restreint. Il en avait marre et sentait déjà ses forces l'abandonner.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux faire une pause, peut-être ? Tes adversaires ne te feront pas de cadeaux et t'élimineront au moindre signe de faiblesse !
— J'en suis conscient, haletait Harry qui découvrait avec étonnement la détermination de la resplendissante Zarina.
Il eut comme un frisson en entendant ses paroles. Un frisson qui lui donna un gain d'énergie considérable pour se relever. Le tournis qui l'asseyait s'était dissipé, le garçon retrouva une vision stable et ferma à nouveau les yeux.
Un souffle envahit cette fois-ci son corps entier. Il n'arrivait plus à garder une position stable sur le sable. Ses jambes chancelant presque, si bien qu'il en tremblait.
— Qu'est-ce que... qu'est-ce que je dois faire, maintenant, disait Harry en ressentant la puissance du vent l'envahir.
— Ouvre les yeux et regarde, maintenant.
Le garçon hoqueta.
Une véritable tournade ambiante le cerclait de tout part, son tourbillon faisant office de bouclier. C'était à peine s'il pouvait garder les yeux ouverts et entendre les conseils de Zarina. Il tourna les talons et fixa les quatre murs, qui face à lui, ne semblaient pas intimidés par tant de prouesses.
Il y avait un autre sentiment, un feu ardent qui lui brûlait les poumons. Harry ressentait la rage de vaincre en voyant ces murs complètement intactes.
— Attendez un peu, vous allez voir !
Il confronta ses paumes, l'une face à l'autre, et laisse seulement l'espace d'un centimètres entre eux. Un centimètre qui permettait à l'air environnant de se filtrer entre la paroi. Puis d'un coup, il frappa de ses mêmes mains. Le vent, d'abord compressé, se transforma une lamelle transparente d'énergie. Le jet s'élargit bientôt autour de lui, comme une radiation, et passa entre les murs de sables avant de les couper en deux, ne laissant qu'une ridicule base ébauchée de la fondation dans le sable.
Zarina se recomposa de sable face à lui, ses applaudissements étaient lents et irréguliers mais sourire afficha une sincère satisfaction.
— C'était du grand art, digne de la meilleure Fée Voltigeuse !
— M-merci... balbutiait Harry qui se sentait toujours intimidé face à sa présence. A-après « meilleure Fée Voltigeuse », j'en suis pas encore à là...
— Ne te sous-estime pas, champion. Si tu savais le peu de fées qui ont un jour ne serait-ce que penser à venir s'entraîner pour perfectionner leurs talents, tu te jetterais des fleurs, à l'heure qu'il est.
Zarina aimait souligner le caractère « fainéant » des fées de la Vallée. Bien qu'Harry connaissait ses opinions sur le sujet, il ne chercha pas une seule fois à relever le pique de la femme.
— Maitriser le Tournade Terra en seulement une journée, qui l'eut cru !
— Le quoi ?
— Tornade Terra. C'est le fait de puiser l'énergie du vent depuis la terre et de le répandre autour de toi comme une tornade.
Harry écarquilla des yeux d'un air béat.
— Et elle existait avant cette technique ou c'est toi qui l'a inventé ?
— Je l'ai déjà vu, c'était il y a très longtemps et je me souviens seulement que la Fée Voltigeuse en question était à deux doigts de prendre sa retraite et qu'elle voulait participer une dernière fois au Tournoi des Fées avant ça.
— Et où elle est, maintenant ?
— Oh, fit Zarina d'une exclamation sincère. Ça doit faire à peu près vingt ans qu'elle nous a quitté. Ne t'inquiètes pas, elle a eu une longue et heureuse vie de fée-fourmilière, si c'est ce que tu te demandes.
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