Saison 7 - Épisode 5 : Un cadeau venu du ciel
Tout ce que Harry espérait, était que personne à part lui et Zarina n'ait remarqué l'énorme bosse naissante à son entrejambe. Il jeta un regard apeuré par-dessus son épaule et fixa la Reine Clarion et les ministres avec un regard chancelant.
— Harry, quelque chose ne vas pas ? demanda la Reine qui tenta de s'approcher de lui.
Face à la panique de Harry, Zarina ne put réprimer un sourire moqueur sur les côtés.
— Non... non, ma reine ! s'exclama brutalement Harry en tendant son bras vers la reine pour l'arrêter. Non, je n'ai rien ! Tout va bien !
De suite, son attention se porta face à la foule de fées qui l'observait en bourdonnant sans relâche. Mais par la grâce de la deuxième étoile, ils se trouvaient beaucoup trop loin pour apercevoir sa grosse bosse pointé droit devant eux.
— Je... je pense que je ferai mieux de rentrer.
— En effet, affirma la Reine Clarion d'un hochement de tête. Vous avez entendu, les fées, tout le monde remballe ses boissons ! La fête est terminée !
***
Sous une masse de râle déçue, les fées ne tardèrent pas à vider complètement le Grand Arbre de leurs présences tandis que les ministres regardèrent avec inquiétude la Reine Clarion. Gary, se raclait la gorge, mais n'osa pas prendre la parole. Il mirait la Reine avec des yeux ronds, attendant une probable prouesse de sa part.
— Vous avez laissé Zarina s'enfuir, ma reine ! annonça le Ministre de l'Automne avec un visage aussi cramoisi que sa tenue en feuille d'automne.
— Mais enfin, avez-vous vu son accoutrement ?! s'exclama la Fée Marie, à son tour. Aucun doute possible, cette fille fait partie d'un groupe... mais je ne saurais dire lequel...
Gary lança un regard à la Reine Clarion qui semblait dire : « Vous voyez, je vous l'avais bien dit, c'est des pirates ! » mais elle préféra répondre en secouant de la tête pour ne plus remettre cette hypothèse effrayante sur le tapis.
— Calmez-vous... je suis sûre que l'on peut tout arranger, n'est-ce pas, Fée Gary ? demanda la Reine Clarion.
— Assurément, et puis dès demain, vous aviez bien dit qu'un groupe de Fée Bricoleuse irait inspecter la boule géante pour la faire sortir d'ici ?
— En effet, mais cela demandera une énorme main d'œuvre de votre part. Je pense que toute l'équipe qui se tiendra sur place aura besoin de beaucoup de poussière de fée.
— Je comprends, Reine Clarion. De toute façon, ne vous inquiétez pas, avec les temps sombres qui courent, les fées n'osent plus trop sortir de chez elles, par conséquent les rations de poussières s'épuisent moins vite.
— Vous oubliez la venue du Tournoi des Fées qui arrive très prochainement, rétorqua le Ministre du Printemps. Regardez comment elles sont venues au Grand Arbre, aujourd'hui. Elles avaient l'air si heureuses...
— En effet, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu le peuple aussi excité et joyeux, ça fait tellement plaisir ! gloussa la Fée Marie en essuyant des larmes de joie d'un revers de sa paume.
— Raison de plus pour que les réparations soient faites au plus vite ! s'exclama la Reine Clarion. Je tiens à ce que les fées se sentent en sécurité lorsqu'elles pénètrent au sein de leur propre vallée !
— Vous avez raison, dit la Fée Gary. Nous ne tarderons pas à nous mettre au travail, rassurez-vous.
— Très bien, termina la Reine Clarion. Fée Marie et Fée Gary, je vous veux à la Forêt de l'Automne demain à partir de huit heures du matin avec vos meilleures fées.
— Euh, Reine Clarion, l'une de mes meilleures fées se trouvera actuellement en entraînement pour le tournoi... donc je ne pense pas que le moment sera opportun pour la déranger.
— Vous parlez de Clochette ? demanda la Reine Clarion en fronçant nerveusement des sourcils. Ce n'est pas grave, bon sang ! Vous prendrez Gabble et Clark, ils sont très doués, eux aussi ! Quant à vous Fée Gary, j'ai juste besoin d'une bonne ration de poussière venant de votre part pour ravitailler les Fées Bricoleuses.
***
Une fois la petite réunion surprise de la Reine Clarion avec les différents ministres achevés, ils disparurent tous, probablement chez eux. Mais dans le cas de Harry, son arrivée à la maison fut nettement plus gênante qu'il l'avait imaginé.
Le garçon n'avait pas cessé de penser à Zarina et avait encore cette folle sensation de sa main qui caressait son bras. Et malgré les différentes questions que pouvait lui poser Noa, il n'arrivait pas à parler, ou bien était-il trop absorbé par ses pensées ?
Face à une tarte de carotte que Noa avait pris la tendresse de préparer, Harry s'attable face à elle, mais gardait la tête ailleurs. Il tournait la fourchette entre ses doigts et ne jeta même pas un œil à son assiette. La main soutenant sa mâchoire, il regardait le plafond sans même cligner des yeux.
Noa n'en pouvait plus, son visage rouge sembla contenir une fureur explosive. L'un bond, elle tira sa chaise et pencha son corps vers le visage du garçon, son visage désormais au-dessus de la grande tarte qui les séparaient. Elle agita de droite à gauche son bras pour voir s'il suivrait le mouvement. Harry hoqueta brutalement comme s'il venait de se faire asperger et secoua son visage.
— Harry ! aboya Noa. Ça fait plus de quinze minutes que je t'appelle ! Mais qu'est-ce qui t'arrive, ce soir ?
— Je... je m'excuse, gémit Harry en découvrant avec émerveillement la part de tarte qui errait dans son assiette. J'étais en train de réfléchir... qu'est-ce que tu disais ?
— Je te demandais ce que Zarina te voulait tant !
— Tu la connaît ? s'étonna Harry, sans prendre la peine de répondre à sa question.
— Bien sûr, c'était une Fée Gardienne de Poussière. Mais elle est partie peu de temps avant que je ne fasse ta connaissance dans l'Autre Monde.
— Comment ça, « partie » ?
— Elle a déserté la Vallée des Fées, tout simplement. Enfin, je dis ça, mais personne avant elle n'avait fait quelque chose d'aussi stupide.
— C'est pour ça que la Reine Clarion n'avait pas l'air de beaucoup l'apprécier, ce soir ?
— Et comment ! s'exclama Noa d'un geste compatissant à la reine. La Reine Clarion nous considère comme ses propres enfants. Voir Zarina quitter la vallée comme elle l'a fait a été un grand signe de trahison pour sa part.
— Vous l'avez bien vécu ? demanda Harry avec des yeux ronds.
— En ce qui me concerne, je n'étais pas trop proche d'elle. Tu n'as qu'à demander à Rosélia, je crois bien qu'elle la connaissait plutôt bien. En tout cas, elle a sacrément changé, cette Zarina.
— Hein ? Pourquoi tu dis ça ? renchérit Harry.
— Je ne sais pas... je la trouve moins chétive et plus... belle... avoua Noa en affichant une mine sombre avant de replonger dans son assiette de tarte.
Harry plongea également dans la sienne et constata que son estomac gargouillait de faim. Avec toute cette histoire, il en avait même oublié de manger. Alors qu'il devalait morceaux après morceaux, la voix de Noa s'éleva une dernière fois :
— Et toi, comment tu la trouve ?
Harry senti le morceau de nourriture étouffer sa trachée. Une sueur froide s'égoutta sur son front et contourna son arcade sourcilière. Il jeta un œil à son entrejambe et répondit :
— Oh, moi, pfff... souffla faussement Harry avant d'avaler la fin de son morceau de tarte. Je la trouve pas si jolie que ça...
— Tu en es sûr ?
— C'est à peine si je l'ai regardé, alors tu peux me croire.
— Elle avait l'air de te faire peur, admit Noa en mâchant lentement un morceau dans le coin de sa joue.
Le bon mot était « intimidation » et si les interrogations de Noa daignaient se poursuivre, Harry serai bientôt sujet à un arrêt cardiaque tant son cœur cognait fort dans sa poitrine. Craignant le risque d'être trahi par son propre corps, le garçon préféra tuer sa douleur en buvant une grande gorgée d'eau.
— Absolument, voyons !
L'expression traînante de Noa ne paraissait pas très convaincue. La jeune fille fit glisser un morceau de tarte dans sa bouche tout en fixant Harry de ses yeux ambre perçant.
— Noa...
— Oui ?
— ... je peux avoir un autre morceau de tarte ?
La nuit ne fut pas très mouvementée, Noa n'avait même pas prit le temps de parler avec lui de son admission dans l'équipe des Voltigeuses pour le Tournoi des Fées et trouva préférable d'aller se coucher afin d'être en forme pour l'entraînement de demain. Harry l'imita en se disant qu'il avait aussi un travail colossal qui l'attendait avec Vidia pour la préparation aux épreuves.
***
Le lendemain, Harry se réveilla, toujours seul dans ses draps. Il jeta un œil affolé au cadran et constata qu'il était bientôt neuf heures trente. En l'espace de quelques minutes, il se précipita sous la douche, s'habilla puis engloutit deux rayons de miel avant de quitter la maison et de s'envoler dans le ciel.
Sur le chemin du centre d'entraînement, le ciel parut plutôt nuageux mais d'une gaieté bleuâtre pour Harry. Le vent soufflait avec délicatesse sur son visage, faisant ainsi retomber ses nerfs anxieux. Il continua de voler en traversant les nuages quand une détonation venant du ciel parvint soudainement à le désarçonner et faire trembler tout son corps.
— Mais qu'est-ce qui se passe, en bas ?! s'exclama Harry qui se rattrapa de peu dans son vol.
Le garçon piqua un sprint à la surface jusqu'à l'endroit d'où provenait cette explosion. Le cœur battant sans relâche, Harry sentit la peur s'emparer de lui. Les nuages se dissipèrent d'un geste de sa main et laissèrent place à une terre sèche sur laquelle il pouvait distinguer un énorme point noir à son milieu.
Tandis que son champ de vision se perfectionnait à mesure qu'il approchait, un groupe de fée dont les traits du visage paraissaient déchaîné cerclait le gros point noir qui devenait de plus en plus écarlate. Harry ne mit pas longtemps à découvrir de par leurs uniformes verdâtres qu'ils s'agissaient bel et bien de Fées Bricoleuses.
Des voix familières s'élevèrent dans son dos, il fit volte-face. Gabble et Clark faisaient office de chef de chantier, munis de marteaux faisant quatre fois leurs tailles. Harry en fut estomaqué tant leur carrure était incroyable et reflétait une prestance dont ils n'avaient jamais fait preuve auparavant.
— Un peu de nerf ! s'exclama Gabble d'une voix autoritaire. Ecrasez-moi ce boulet de canon.
— Salut, mon pote ! Comment tu vas ?! annonça Harry d'un geste de la main.
Un spasme sombre – qui était monté sans prévenir – déformait le visage de Gabble. Il croyait être seul dans son dos et s'exclama lorsqu'il comprit que Harry avait surgit.
— Par la deuxième étoile ! J'allais bien jusqu'à ce que je me fasse cette peur bleue.
— Désolé ! ricana Harry en passant une main derrière sa nuque.
— La prochaine fois que je me fais un coup pareil, je t'éclate la tête avec mon marteau ! assura Gabble d'une voix tremblante.
Harry aurait pu le prendre au pied de la blague si seulement le visage du jeune homme ne le fusillait pas avec autant de hargne. Il s'apprêta à sourire puis comprit aussitôt sa menace.
Clark, qui venait de fracasser son marteau contre la grosse boule en acier, vint se terrer aux côtés d'Harry et de Gabble afin de reprendre un souffle.
— Oh, oh, oh, souriait Clark dans un respiration haletante. Ne fais pas attention à lui, Harry. Gabble est très surmené depuis qu'on lui a dit de s'occuper de ce boulet de canon.
Harry s'apprêtait à répondre qu'il comprenait le surmenage et la pression à laquelle Gabble faisait face, mais ce dernier lui coupa l'élan.
— Je ne suis pas du tout stressé par rapport à ça, Clark ! Ça n'a absolument rien à voir !
— Tu en es sûr ? demanda Harry en haussant un sourcil, l'air douteux.
— Sûr et certain ! gronda Gabble. Je ne vois pas pourquoi je serais stressé ou quoi. Peut-être que vous me prenez pour une toute petite fée frêle et lâche ?
Harry et Clark secouèrent successivement leurs têtes devant Gabble, se postant devant eux, les bras croisés, un marteau abaissé à la main gauche.
— Pas du tout, mon frère, glissa Harry en espérant calmer les tensions. On n'a jamais pensé ça.
— J'espère bien. Et faites gaffes à vous ! Si j'entends la moindre remarque, le moindre reproche, la minuscule critique sur moi, j'en parle sur le champ à la Fée Marie !
— Je ne pense pas qu'on ait besoin d'en arriver là, disait Harry en prenant ses distances.
— Alors dégages d'ici et laisse-moi faire mon travail. Tu ne fais que nous gêner !
Harry lança un dernier regard empli d'incompréhension à Clark. Ce dernier fit écho à sa réaction en haussant les épaules puis regarda la Fée Voltigeuse prendre la poudre d'escampette vers les cieux avant de disparaître dans les nuages.
***
— Quelle mouche l'a piquée, celui-là ! marmonnait Harry dans sa barbe.
Assis côte-à-côte sur un énorme champignon, Harry et Vidia partagèrent une grande carafe de thé à la camomille. Harry fit cascader une ligne de thé dans sa tasse avant d'ingurgiter.
— D'ailleurs, cette fille... commença-t-il. Tu sais, celle d'hier ?
— Tu parles de Zarina ? demanda Vidia, en éclairant sa lanterne.
— Ouais, c'est ça, fit-il d'un geste de l'index tremblant. Je ne sais pas pourquoi, mais elle avait l'air super impressionnante.
Vidia manqua de s'étouffer dans sa propre tasse de thé.
— Si tu savais à quel point elle passait inaperçue dans la Vallée des Fées avant qu'elle ne déserte. On dirait plus du tout la même personne, maintenant.
Harry, qui écoutait l'histoire de Vidia, ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux à chacune de ses remarques.
— Je ne pense pas qu'elle soit revenue ici par hasard... ajouta-t-elle. Elle a un rapport plus qu'évident avec l'énorme boulet de canon qui s'est crashé sur la maison de Zephyr.
— Comment tu peux dire une chose pareille ? Zarina a l'air tellement... enfin...
— Quoi ? Ne me dis pas que t'es en train de la défendre ? Tu as vu son accoutrement ? Elle ressemble à un pirate ! Et comme par hasard, un boulet de canon atterrit dans notre Valée. Tu ne trouve pas ça louche ?
— Je la trouve plutôt jolie dans cette tenue, c'est très original...
— Quoi ?! Mais enfin qu'est-ce que tu racontes ?!
— Euh, oui ! Tu as raison, je divague... On parlait de la boule qui s'est crashée chez Zephry... ah ouais, c'est vraiment triste !
— Attends une seconde, tu n'as rien écouté de ce que j'ai dis ?
— Après, pour revenir sur l'autre sujet. Aucune fée que je connaisse ici ne s'habille comme elle. Zarina est... remarquable.
— C'est pour ça que tu es ailleurs ?! Ne me dis pas qu'elle te plaît !
Harry regarda fixement Vidia alors que son cil tremblant ne laissait paraître aucun comportement naturel. Il simula un rire nerveux et se mit à sourire nerveusement, comme s'il avait une rage des dents.
— Moi ? Attiré par Zarina ! pouffa faussement Harry en laissant s'échapper quelques postillons sur Vidia. Je te rapelle que je suis un homme marié.
— Je ne sais pas, tu me donnes matière à réfléchir, Harry.
— Tu ne devrais pas, assura-t-il.
Vidia s'arrêta de parler et observa attentivement la main du garçon.
— Pourquoi tu trembles ?
— ... oh ! Je... je crois que j'ai faim, je suis un peu épuisé, balbutia-t-il. Notre entraînement était tellement difficile. J'ai besoin de repos, ah, ah, ah !
Vidia marqua un profond moment d'hésitation avant de répondre. Les yeux plissés, elle ouvrit la bouche :
— En effet, tu dois être exténué. Mais on ne vas pas retarder la suite de notre programme d'entraînement pour autant ! Demain matin, je veux que tu sois au taquet, compris ?!
— Entendu, Vidia ! C'est comme si c'était fait.
— Je tiens vraiment à avoir ma main mise sur cette coupe. On va montrer aux autres Talents que ce sont les Fées Voltigeuses qui règnent, cette année !
— Tu l'as dit !
Harry s'efforça d'acquiescer tout ce que Vidia pouvait bien lui sermonner. Il n'avait qu'une seule hâte : entrer chez lui et penser à autre chose qu'à cet incident avec Zarina. Le sentiment de sa main en velours refaisait surface. Son bras se redessinait, son regard perçant qui avait le dont de déshabiller son âme. Cette sensation de raideur s'anima à nouveau. Et tandis qu'il aspira dans ses propres pensées, Vidia frappa dans ses mains.
— Harry, tu m'écoutes ?!
— Hein, quoi ?! Oui... oui... il faut gagner la coupe !
— Non, ce n'est pas ce que je viens de te dire. Tu ne me suis plus, là !
— Désolé, je pensais au Tournoi, mentît Harry. Tu disais ?
— Ne parles pas trop à Zarina, elle ne m'inspire pas confiance.
— Oh...
Harry, bouche bée, hocha difficilement de la tête. Comment pourrait-il ne plus penser ni même ignorer Zarina. Mis à part l'altercation avec Gabble, elle était la seule chose à laquelle le garçon pensait en permanence.
— Rentres chez toi, demain on a du boulot !
Et il en profita pour piquer un sprint dans le ciel, laissant derrière lui une liasse de feuille tourbillonner dans le vent. Vidia, sur son champignon, le regarda s'éloigner et secoua la tête. Elle réprima un air désespéré.
« Espèce de crétin, contente-toi de ne pas tout faire foirer, pendant le tournoi... » pensa-t-elle avant de disparaître à son tour.
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