Saison 7 - Épisode 10 : Le Golem de pierre
— Harry, reste sur tes gardes !
Vidia piqua un bout et attrapa le garçon au vol, manquant de peu une projection d'une roche à la vitesse d'une balle de révolver.
Harry s'infligea des claques sur les joues pour remettre ses idées en place. Le monstre face à lui faisait de l'ombre sur tout le périmètre. Il tentait de réfléchir à un plan d'action, mais le fracas que faisait les pattes du monstre semait le trouble dans son esprit.
Il stoppa sa réflexion lorsqu'un brèche, qui se forma sous le pied du Golem, commença à s'élargir jusqu'à lui. Harry bondit en arrière, se retrouvant bientôt collé à sa partenaire.
— L'enfoiré, il nous oblige à consommer de la poussière de fée ! s'écria Vidia, folle de rage. Et dire qu'on est seulement au début de l'épreuve, ça promet. J'espère qu'on est pas les seuls idiots à vivre un enfer.
— Peut-être qu'on en est pas forcément obligé...
Vidia se tourna vers lui, un regard incertain.
— Comment ça ?
Le géant se mit à hurler avant de piocher une partie de son corps et d'en faire un projectile. Harry fit une tornade suffisamment puissante pour monter la roche jusqu'aux nuages.
— On a faillit y passer, cette fois... soupira-t-elle.
— Il faut que je me reprenne mais je crois que je suis beaucoup trop stressé... Ça m'empêche de me concentrer !
Il songeait à recourir au talent naturel, sans guise de poussière, mais avec la panique, Harry sentait toutes ses connaissances acquises avec Zarina lui échapper.
— Vidia, je suis sincèrement désolé. Mais je vais avoir besoin que tu me couvres !
Cette dernière lui lança un regard noir au-dessus de son épaule, pendant qu'elle usait de sa poussière pour faire tomber les membres du Golem uns à uns.
— Tu n'as bientôt plus de poussière, c'est la seule option qu'il nous reste pour réussir à finir l'épreuve.
Harry appuyait sur le fait de la finir et non la " réussir ", une notion qui n'était plus envisageable pour lui après le très mauvais départ qu'ils ont essuyés.
— C'est quoi, ton plan ?
Harry jeta un regard lointain derrière le monstre de pierre et permuta sur celui de Vidia.
— Ça ne sera pas simple, mais il faut que tu l'attires à l'opposé de ma direction.
— Tu fais référence à la forêt ?
Il hocha de la tête.
— C'est trop risqué pour moi, les arbres ne sont pas assez espacés et je manque déjà de poussière. Si je n'arrive pas à fuir, c'est la mort assuré...
— J'aurai fini bien avant qu'il n'ait eu le temps de te réduire en poupée de chiffon, fais-moi.
Vidia ne peut s'empêcher d'exposer ses soupçons. C'était habituellement une femme qui doté d'une inébranlable confiance en elle — frôlant presque l'orgueil — mais, cette fois-ci, elle laissait aller sa peur jusqu'à en trembler des jambes. Réduites à de simples aiguilles rouillés qui menaçaient de se briser, Harry comprenait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur.
— Je t'en prie. J'ai juste besoin d'un peu de calme et de concentration. Et avec ces grognements...
Le monstre témoigna avec une nouvelle intimidation stridente émanant de sa gorge déployée.
— Je n'arriverai jamais à nous sortir de ce bordel !
— Tu ne comptes quand même pas utiliser encore plus de poussière ? Je sais qu'on est dos au mur, mais il y a encore d'autres obstacles qui risque de nous poser problème durant le reste du parcours.
— C'est justement pour ça que je dois faire appel à mon talent naturel.
— Le talent naturel, tu as dis ? s'étrangla Vidia. Mais... espèce d'imbécile !
Elle le poussa brusquement.
— Comment un novice comme toi pourrait maîtriser son talent naturel à cent pour-cent ?! Tu es complètement crétin, ma parole. Crétin et naïf ! Les illustres fées qui ont réussi à maîtriser entièrement leur talent sans jamais recourir à la poussière ne sont plus de ce monde.
— Mais, Vidia ! Regarde Ondine, elle a bien réussie à maîtriser son talent au maximum de ses capacités ! Alors pourquoi pas moi ?
— Une fée sur combien de centaines de milliers ? Ta réflexion débile s'arrête ici !
Harry n'en pouvait plus, il senti son estomac se resserrer contre lui, rongeant la frustration et la colère qui l'animait.
— Je me suis entraîné à le maitriser, ce talent, si tu veux savoir ! Contrairement à toi ou pleins d'autres fées, j'ai osé m'entraîner !
Vidia lança un gloussement nerveux, comme pour habiller sa colère d'une pointe de moquerie.
— Il est hors de question que je me sacrifie pour des balivernes !
— Ce ne sont pas des balivernes, je me suis réellement entraîner et j'ai réussi à en tirer quelque chose !
Une nouvelle roche fonçant droit sur eux écourta leur querelle, tout deux piquant un saut dans des directions opposées pour esquiver le projectile qui les séparaient désormais.
— Ce n'est pas toi qui disait que tu n'avais rien de fait de spécial avant l'épreuve.
— J'ai menti, Vidia ! J'ai menti ! On ne va pas en faire tout un plat...
— Ohh, claironna Vidia. Tu me prouves que je ne peux décidément pas te faire confiance. De mieux en mieux, dites donc.
— J'avais de bonnes raisons de te le cacher, si tu veux savoir...
— Pourquoi ça ? C'est quoi le problème ?! Je ne t'aurai jamais en voulu de t'être entraîné, bien au contraire...
— Le soucis ne vient pas vraiment de mon entraînement... c'est plutôt avec qui je le fais...
— Attends, ne me dis pas que...
— Attention !
Le garçon enfonça ses pieds dans le sol avant de bondir sur elle, l'ôtant in extremis de l'ombre d'un rocher en approche. Le sol se craquela sous son poids, si bien que Vidia en perdit la voix.
— On ne s'en sortira pas comme ça. Il va vraiment finir par nous tuer, ce gros tas !
Vidia inspira en regardant le ciel, une couche de poussière transparente les empêchaient de fuir de l'arène. Elle soupira avant de poser une main sur le torse d'Harry.
— C'est bon, dépose-moi, maintenant... T'as assez joué les super-héros.
Elle craqua ses doigts avant de lancer un regard féroce qui s'impatientait de violence face à eux.
— T'as vraiment intérêt à ce que ça marche, ton plan foireux-là !
Harry hocha la tête avec une lueur déterminée dans le regard.
— Quand je te regarde, tu me donnes un peu moins l'impression que je vais mourir. J'espère que ce n'est pas qu'une hypothèse...
— Ça c'est la Vidia que je connais ! s'exclama Harry.
— Tu promets de ne pas me décevoir ?
— Moi, oui, disait-il en jetant un regard sur le monstre. Mais en ce qui concerne l'autre...
— Je n'ai pas besoin de t'entendre couiner, Harry. Tu m'as donné ta parole, c'est tout ce dont j'avais besoin, termina la jeune femme avant d'achever la distance qu'elle tenait avec le colosse.
Elle entama quelques pas, de son visage parfaitement relâché, puis siffla sa présence au monstre. Le géant, qui tournait sur lui-même, rivait désormais les deux phares sur la fée Voltigeuse. Harry l'observait de loin en se mordillant la lèvre inférieur, craignant chaque petite action de l'adversaire.
— Eh, le monstre, tu nous gênes le passage ! J'ai bien aimé ton petit spectacle mais on a d'autres épreuves à passer et tu es le cadet de nos soucis !
Il cessa ses grognements, la forme rigide de ses yeux devint arrondit, comme s'il comprenait tout ce que la fée était en train de lui dire.
Harry en profita pour prendre une distance plus conséquente. Il prit une profonde inspiration et ferma les yeux. Le visage de Zarina lui apparu comme le messie. Sa voix s'accompagnait presque comme des mélodies lorsqu'il tentait de se souvenir de tout les conseils que cette dernière lui avait donné.
" Tout se passe dans ma tête, je ne dois pas faire un mouvement inutile... Je dois rester concentré "
Concentré. Harry joignit instinctivement ses mains, sans jamais penser à l'attaque qu'il allait pouvoir lancer. C'était comme si une force extérieure, similaire à mère nature, le guidait pas à pas pour se défendre face au monstre de pierre. Puis, ses mains tapèrent d'elle même. Il senti un souffle s'émaner de ses pores. Quelque chose d'agréable, comme s'il venait de sortir d'une chambre froide. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Harry se rendit compte. Un vent qui le cerclait, semblable à une onde de choc, s'étirait de plus en plus. Vidia, désormais à court de poussière, venait de s'échapper de la merci du monstre de pierre. Le géant, qui venait de prendre l'onde de pleins fouet, d'écroula sur les fondations de ses genoux fragiles.
— Est-ce que tu aurais...
Les suppositions de Vidia se confirmèrent en voyant le monstre tomber en morceaux et se répandre sur la surface. Elle n'était désormais muni que d'une vague de roches elles-mêmes fendues, revêtant l'allure d'une montagne de graviers.
Harry respirait bruyamment non loin de sa partenaire, les mains jointes sur ses genoux repliés. Il avait envie de s'affaler sur le sol.
— Harry, tu as réussi...
— On... On n'a pas le temps de se reposer. Si on perd plus de temps, les autres nous aurons déjà rattrapé !
Face à autant de déterminisme, Vidia resta bouche bée.
— Très bien, mais c'est moi qui te couvre, dans ce cas !
La fée Voltigeuse attrapa le garçon avant de le faire monter sur son dos. Harry se laissa faire comme une vulgaire poupée de chiffon, ses pensées troublées ne lui permettant même pas de réaliser ce qu'il venait de se passer.
Hors du dôme, on pouvait percevoir comme des hurlements — parfois semblable à celui d'une douleur atroce. Il fallut une latence de trois secondes à Vidia pour réaliser qu'il s'agissait des spectateurs qui voyait toutes les actions depuis l'extérieur.
— T'as vu ça, Harry, ils nous acclament.
— Raison... de plus... pour ne pas... perdre... haletait Harry en faisant un signe de main dans le ciel avant de s'écraser la tête contre le dos de sa coéquipière.
Il se mit à ronfler. Vidia comprenait que c'était dû à l'énergie que son talent naturel lui avait drainé.
— Tu l'as bien mérité, ton repos. Je me charge du reste.
Elle joncha une série d'arbre qui laissaient toujours le même sillage, donnant lieu au chemin qu'il fallait utiliser à bon escient. Et grâce à la poussière de fée économisé par Harry lorsqu'il a utilisé le talent naturel, Vidia a pu décharger tous les stocks de poussières en une seule traite. Une traite qui lui aura valu l'une des premières places au classement pour l'avoir fait en à peine une heure et demi.
En face, l'équipe des Fées du Tonerre dévisage Vidia avec une lueur de haine. En voyant Harry complètement affalé sur elle, Vulcain a faussement étouffer un rire. Lorsque la partie commença à s'éterniser
— Qu'est-ce qu'un minable comme lui fait dans ce tournoi.
— Va te faire voir !
— Désolé, dit-il d'une voix peu convaincante voire même agacé par la situation. Si je t'ai offensé, Vidia, j'en suis sincèrement désolé. Mais il faut se rendre à l'évidence : s'il est déjà à bout de force pour la première épreuve, qu'est-ce qui se passera pour les suivantes ?
— Je te trouve un petit trop exigeant à mon goût. On est arrivé deuxième, c'est déjà pas mal.
Vulcain passa une main sur ses cheveux noir de jais et fronça des sourcils comme pour se projeter dans une énième pensée.
— Si tu veux mon avis, je pense que tu as peur du petit nouveau, voilà tout !
— Il est ambitieux, peut-être, mais très loin d'être menaçant. Pas comme certains.
Alizée, sa coéquipière, jubilait presque d'entendre Vulcain déverser sa rage sur les nouveaux arrivants.
— Regardez-le, le pauvre. Il ne nous entend même pas lui jeter des pierres...
Elle leva sa main en direction de la Reine Clarion, un sourire de diablotin qui en disait long sur sa personnalité.
— Ma Reine, je pense qu'on devrait contester la victoire de l'équipe Voltigeuse.
— Et pourquoi donc ? demanda la Reine Clarion, d'un ton calme mais perplexe.
Vidia répéta la question de la reine avec plus de vivacité et une rage de découper Alizée en petit morceaux.
— Comme on peut le voir, c'est Vidia qui a fait tout le boulot. Ce petit n'est plus conscient, on ne peut pas vraiment dire qu'il ait réussi l'épreuve dans ce cas-là. L'objectif étant d'aller au bout du parcours...
— Espèce d'imbécile ! rugit Vidia en tapant du pied. Tu ignores tout de ce que Harry a fait durant le parcours et tu te permets d'ouvrir ta sale gueule, ici ?!
— Vous voyez, ma Reine ? fit Alizée d'une voix d'un aigue insupportable. Insulter ses concurrents n'est pas une attitude très fair-play. Ça mérite une punition, non ?
— J'vais t'en mettre une, moi, de punition !
La Reine s'interposa en voyant Vidia poser Harry sur le sol et commencer à créer une bourrasque de vent. De son côté, Alizée faisait gronder le ciel, tandis qu'un éclair commençait à descendre lentement comme un serpent prêt à dévorer sa proie.
— Ça suffit, toutes les deux ! Si vous n'êtes pas disqualifiées jusque-là, vous réglerez vos différents autours d'un combat de talent lors de l'épreuve finale ! En attendant...
— Ça veut dire que vous ne me disqualifiez pas avec Harry, Reine Clarion ? demanda Vidia avec une parcelle d'espoir dans ses yeux reluisants.
— Il n'en a jamais été question, ne t'en fais pas. Harry n'est pas un fainéant et encore moins un quelqu'un qui se laisse submerger par l'adversité. Je sais très bien que sans lui, tu n'aurais jamais réussi à franchir la fin du parcours.
Vidia en resta bouche bée et se demanda si elle devait pleurer de joie devant toute la foule du stade ou simplement se relever de manière formelle et stoïque en repartant avec Harry.
— Tout le monde a vu vos exploits à travers le dôme magique, ne vous en faites pas. On sait très bien qui a fait quoi et rien ne pourra changer l'issue de l'épreuve.
— Reine Clarion, merci...
Un peu après avoir fait un bref signe de tête à la Reine, les autres équipes commençaient unes à unes à passer dans un portail de poussière et s'entasser dans le stadium.
— Il ne manque plus que l'équipe des Gardiens de Poussière et celle des Lumières.
Tous les spectateurs se levèrent, le coeur battant à mille à l'heure pour les supporters des deux dernières équipes. Les lucioles, qui affectionnaient et travaillaient depuis toujours avec les fées des Lumières, commençaient à grouiller le ciel et bourdonner d'impatience.
Leurs craintes se confirma par la suite lorsque la Fée Gary et Terence franchirent le passage dans un cri de guerre barbare !
— Oh, s'étonna Terence qui stoppa son ardeur en voyant les autres équipes. J'étais pourtant sûr qu'on arriverait les premiers. C'est ballot, ça...
— Ne crie pas défaite trop vite, Terence, regarde ! Les fées des Lumières ne sont pas encore arrivés sur la piste du stadium ! Ah, ah, on a réussi !
Les fées déjà présentes observèrent l'équipe des gardiens avec des sourires narquois. Il y avait presque une bonne ambiance sur ce stade. Ondine se retenait de rire tandis que son fidèle coéquipiers s'agenouillait pour embrasser le sol, après avoir sans doute frôler la mort à moult reprises.
Noa, qui d'abord célébra sa victoire avec Buck, commença à courir en direction de Vidia, la respiration haletante.
— Vidia ! Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
— Ne t'en fais pas, il est juste épuisé.
— Tu es sûre qu'il va bien ?
— Puisque je te le dis, fit-elle avec un sourire en coin. Tu as un mari vraiment incroyable. Je crois même que sans lui, je serai morte à l'heure qu'il est.
— Wow, s'exclama Noa, votre monstre n'a pas du tout être facile à battre.
— En effet, c'est pas tous les jours qu'on peut se vanter d'avoir mit une raclée à un géant de pierre.
— Nous on a juste du affronter au faucon. Après avoir passé plus de la moitié de l'épreuve à nous cacher dans un grand chêne, Buck a compris qu'il ne fallait pas le tuer ou nous confronter à lui, mais l'apprivoiser. Il avait raison, lorsqu'on a réussi à avoir sa confiance, il nous a porté sur son dos et emmener à l'autre bout du parcours. Je peux t'assurer que ça tombait parfaitement bien sachant qu'on avait déjà épuisé tout notre stock de poussière...
— Je suis contente pour toi. Et franchement je suis étonnée, Buck n'est peut-être pas un aussi gros bras-cassé qu'on ne le pense.
Suite à sa remarque, Noa plaqua une main sur sa bouche pour tenter de réprimer ses ricanements.
— On a vécu une sacré journée, n'empêche. J'avais oublié à quel point le Tournoi des Fées était complexe.
— Surtout qu'on a bien pire à affronter en ce moment.
— Par la deuxième étoile, je ne veux même pas y penser... soupira Noa. J'espère que les Fées Éclaireuses ont une piste.
Elle se releva avec son mari, agrippé inconsciemment sur son dos. Noa salua une dernière fois Vidia et parti en direction des soins infirmiers.
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