Saison 5 - Épisode 13 : Tiens bon, Iridessa !
— Attends, Vidia, mais qu'est-ce qui se passe ?!
— Mais voyons, tu ne comprends rien... décidément, tu es un vrai crétin !
Cela faisait deux heures que Harry et Vidia étaient retournés au Pays Imaginaire. Sans aucune once de pitié, Vidia ne tarda pas à retrouver son sale caractère pestiféré et asservir Harry dans des tâches plus exténuantes les unes que les autres.
Harry avait passé tout son temps à provoquer des bourrasques de plus en plus impressionnantes sous la tutelle de Vidia. Par moment, quelques Fées Voltigeuses passaient dans le coin et disaient même à Vidia qu'elle était trop sévère avec lui : son talent faisait l'affaire. Après les avoir toutes envoyé balader, elle continuait toujours à rugir sur le garçon. Le pauvre garçon ruisselait de sueur après l'entraînement, il pensait que ses bras s'étaient déboîtés de son corps tant il souffrait le martyr. Plus jamais il n'oserait lever les mains ou faire de gestes brusque, s'était-il juré.
— Alors, Harry, tu t'es ramolli pendant ta phase de dépression, on dirait.
— S'il te plaît, ne me juge pas ! geint Harry en tentant de se relever sans utiliser ses bras, mais il retomba à plat sur le sol de poussière.
— Fais-moi tomber quatre-vingt-dix feuilles d'automne d'une seule bourrasque, allez ! Et que ça saute ! rugit-elle en faisant des gestes brusques.
— Vidia, je t'assure que j'ai beaucoup trop mal pour faire quoique ce soit...
Une voix s'éleva sur la sienne, couvrant alors ses plaintes. C'était une voix qui semblait familière pour les deux Fées Voltigeuses.
— Harry, Vidia, j'ai besoin d'aide !!!
Les deux fées se mirent à fixer sottement Rosélia, comme si elle venait d'une autre planète. La Fée de Jardins atterrît en dessous de l'arbre d'automne et secouait Harry par les épaules comme un milk-shake.
— Aïe, aïe, mes bras, espèce de folle, pleurait Harry avec le même visage défiguré d'un petit enfant.
— Qu'est-ce qui se passe, Rosélia ? demanda Vidia en s'avançant face à elle.
— Ça fait une heure que je cherche Iridessa, mais je ne la trouve pas !
— Oh, ne t'en fais pas, Iridessa doit surement être occupée... l'assura Vidia.
Pendant que Harry dansait sur lui-même pour adoucir la douleur, une autre fée ne tarda pas à débarquer. Clochette s'approcha de lui avec le même visage inquiet de Rosélia. Mais le garçon était bien trop occupé à souffrir pour lui prêter attention.
— Alors, Rosélia ??? s'étrangla Clochette en poussant de grands halètements. Vidia et Harry en savent quelque chose ?
— Non, désolée. Harry et moi n'avons pas vu grand monde depuis qu'on est venu s'entraîner...
— Tu veux dire me torturer ! répliqua Harry entre deux gémissements.
Clochette fixait Vidia avec le regard autoritaire de la Fée Marie.
— Il faut que vous nous aidez à retrouver Iridessa, elle court un grave danger si Chloé est en sa compagnie ! s'exclama Rosélia.
— Je n'arrive pas à croire que cette fille est une cinglée, murmura Clochette, pourquoi tu n'as pas empêché Iridessa d'y aller ?
— Je ne sais pas, j'ai pensé que si Chloé l'aimait vraiment, elle ne lui ferait aucun mal et lui dirait toute la vérité, mais là, ça fait beaucoup de temps qu'on a aucune nouvelle.
— Peut-être qu'elles sont juste en train de faire l'amour... gémit Harry en caressant ses bras.
— Oh, crois-moi, Harry, ce qu'elles font n'a strictement rien avoir avec de l'amour. Ce n'est rien d'autre que de la torture !
— Bon, et bien qu'est-ce qu'on attend pour la chercher ? demanda Vidia en démarrant un battement d'ailes.
Rosélia et Vidia s'élevèrent dans les airs pendant que Clochette tentait de remboîter les épaules de Harry. Après un hurlement strident qui ne tarda pas à faire fuir tous les animaux du coin, Harry avait désormais les bras en place et ils étaient tous prêts à partir.
***
Les quatre fées avaient eu la brillante idée de se répartir à chaque recoin de la Vallée des Fées. Harry était allé dans la Forêt du Printemps, Rosélia dans la Forêt de l'Hiver, Clochette dans le Refuge des Bricoleurs et Vidia dans la Clairière d'Été. Bien évidemment, Rosélia n'avait pas oublié de raconter toute l'histoire à Harry et Vidia en ce qui concernait Chloé, bien que Vidia en était déjà informée par les bruits qui couraient au sujet de la nymphomane.
Entre les pétales de roses, clairs comme des fleurs de sakura, Harry sillonnait tellement vite qu'il ne voyait que des grosses traces roses et marrons autour de lui. Il traça un long vol qui fendit l'air à en faire s'élever un flot de pétales rose dans le ciel. En entendant des sons étrange, des lumières s'étaient allumées dans les maisons des Fées des Jardins. Des portes s'ouvrirent à la volée et en voyant Harry slalomer aussi vite qu'une fusée, elles se demandèrent ce qu'une Fée Voltigeuse pouvait bien faire ici à cette heure.
Malgré la vitesse, Harry parvenait à suivre le rythme de ses ailes.
— Mais voyons, qui peut bien nous déranger à cette heure-là ?! s'indigna une Fée des Jardins avec une chandelle de bois à la main.
— Rentre chez toi, on aimerait bien dormir en paix, nous !!!
— Ouais, dégage d'ici ! Demain, on doit préparer des fleurs pour le printemps, nous !!!
— Ce n'est pas possible, si c'est comme ça, j'appelle la Reine Clarion au lever du soleil !
Toutes les portes de maisons des Fées des Jardins étaient ouvertes et les résidents exprimèrent leurs mécontentements. Mais, seuls deux maisons n'avaient pas eu la chance de voir leurs portes ouvertes après son intervention. Harry reconnaissait très bien la maison de Rosélia et n'y prêta pas plus d'attention. Son regard s'orienta vers une maison qui était éclairée par quelque chose, mais personne n'avait réagi, pourtant il voyait bien des ombres noires contrastées sur une lumière s'agiter à travers les fenêtres.
Avec appréhension, Harry descendit lentement jusqu'à cette maison et il constata que les cris poussés par les Fées des Jardins ne diminuèrent pas pour autant.
— Il va dans la maison de Chloé la cinglée, en plus ! rugit l'un d'entre eux.
Toutes les fées des alentours brandissaient leurs chandelles enflammées vers le ciel en dévisageant Harry comme s'il avait une maladie contagieuse.
— Je fais ça pour une amie !!! détonna brusquement Harry en les regardant comme une bête sauvage. Alors, si vous ne voulez pas que j'emporte vos maisons dans une tornade, fermez bien vos sales gueules et retournez vous coucher, bordel !!!
Les Fées des Jardins poussèrent des exclamations indignées avant de fermer à l'unisson toutes les portes de leurs maisons. Les lumières de leur résidence s'était éteintes brutalement.
Le garçon prit ensuite une grande inspiration puis tourna la poignée.
— Oh, non, c'est fermé !
Harry n'allait pas frapper à la porte, il n'était pas assez idiot pour corrompre son sauvetage, et Chloé tenterait forcément de cacher Iridessa dans un endroit assez farfelu pour qu'il ne la trouve pas.
Le garçon tordit son cou vers l'une des fenêtres avec l'agilité d'un chat et observa ce qui s'y passait de l'intérieur, le nez en l'air.
Son cœur se contracta dans sa poitrine. Iridessa était ligotée, nue sur une croix en bois pendant que Chloé, nue également, léchait les plaies qu'elle avait inscrites sur son corps et introduisait ses doigts dans son sexe. Le visage de Harry vira terriblement au vert et il déversa un flot de vomis sur les plantes que Chloé avait planté autour de sa maison.
— Heurk, dégueula Harry, c-comment ce truc est poss... Bleurp...
Alors qu'il essuyait un filament de vomissure sur le coin de sa bouche, il remarqua que le bang supersonique que faisait le fouet avait cessé de s'exprimer. Ses yeux s'écarquillèrent, suivies de ses pupilles qui rétrécirent.
— Oh mince... se murmura Harry en mordant sa langue. J'ai vomi trop bruyamment.
Le garçon roula contre le mur de la maison et rongeait désormais l'ombre qui pouvait pathétiquement le cacher. Harry se demanda en l'espace d'un instant s'il devait alerter les filles ou tenter de sauver lui-même Iridessa. Mais il opta pour la deuxième option : aucune personne sensée de laisserait davantage Iridessa dans cette torture.
La porte d'entrée s'ouvrit à la volée et s'écrasa contre le mur. Harry pouvait entendre les rugissements de Chloé. Des bruits d'herbes caressaient des semelles qui semblaient se rapprocher de lui. Le garçon avala difficilement sa salive avant de continuer à enchaîner des pas chassés autour de la maison, sans aucun bruit.
— Très bien, Harry... se murmurait-il. Tu vas y arriver... tu vas...
— RAHH !!! grogna Chloé. QUI A VOMI DANS MES FLEURES ET MES PETITES PLANTES ?!! QUI EST LÀ... VOUS NE POURREZ PAS VOUS CACHER !!!
Ce hurlement suraigu était à glacer le sang. Harry tomba en arrière, sur l'herbe humide. Saisi de panique, il entendit les herbes de froisser sous des semelles en perpétuel mouvement.
Il s'arrêta soudain devant la porte. Les yeux pâles et inquiets de Harry tremblaient. À cause de l'obscurité, peut-être, il était incapable de voir où se situait Chloé, et il ne l'avait jamais réellement vu de sa vie.
Le garçon prit le soin de tourner la poignée de la porte avec une patience admirable. Retenant son souffle coupé, il se glissa à l'intérieur de la maison éclairée par les ombres dansantes du feu qui ronflait dans la cheminée. Le garçon mit un certain temps avant de constater que la silhouette à la peau noire, rayée de traces rouges ensanglantées n'était autre qu'Iridessa.
La jeune fée restait abasourdie et fixait Harry d'une mine épuisée. Il avait peur de ce qu'il voyait. Le filet de bave qui coulait de la bouche de son amie l'assimilait à une handicapée mentale ou quelqu'un victime d'un choc crânien.
— Eh, Iridessa ? C'est moi, Harry ! chuchota-t-il en attrapant les vêtements de la pauvre fille.
C'était à peine si elle le reconnaissait. Iridessa sentit ses poignets et ses chevilles se délier de façon soulagée, mais elle n'eut pas la force de marcher ni même de remercier Harry. Elle tomba contre le sol, sans surprise pour Harry.
— Oh, non... soupirait-il en relevant Iridessa par le dessous des bras. Allez, relève-toi, je vais t'habiller et on s'en va...
Il avait enfin terminé de l'habiller quand une voix, qui gronda derrière lui, eut le même effet qu'une bombe à retardement. Tout le crâne de Harry vibra au son de la voix qui s'élevait derrière lui.
— Vous n'irez nulle part !
— Chlo... Chlo... haletait Iridessa. Laisse-nous partir, s'il te plaît.
Mais Chloé ne prit même pas la peine d'écouter les supplices de Iridessa et tourna son visage courroucé face à Harry. Le garçon bombait le torse et serrait les poings, vu la femme en furie qui se trouvait face à lui, il opta pour l'agressivité et la crainte.
— Et puis c'est qui ce type ?
— Je m'appelle Harry et je suis un ami à Iridessa ! s'exclama-t-il prêt à lancer une tornade sur son adversaire.
— Et bien « Harry », je te prierai de lâcher MA petite amie, si tu ne veux pas subir...
— Ta petite amie ? répéta-t-il d'un ton presque sarcastique et sidéré. C'est comme ça que tu traites la seule fille qui a bien voulu de toi ?
Chloé écarquilla les yeux d'un air surpris.
— Comment tu...
— Rosélia m'a tout dit sur toi ! Bref, je n'ai pas besoin de discuter davantage, moi et Iridessa nous partons !
Harry plaqua Iridessa sur son torse puis battit des ailes à la volée. Il avait prévu de piquer un sprint digne d'une fusée à travers la porte, mais au moment où il l'avait franchi, un bruit de fouet fendit l'air. Tout s'était arrêté, Harry n'y comprit rien sur le moment. Le garçon se sentait battre des ailes mais retomba à la surface. Seulement après avoir mordu la poussière, une particule de miette invisible s'envola devant son nez.
— Oh, oh, s'exclama Chloé. Je ne crois pas que vous partirez de sitôt !
Iridessa retomba comme une morte sur le sol en poussant un dernier gémissement.
Harry ne pouvait rien faire, quelque chose semblait lui manquer, mais il ne voulait pas y croire...
— M-mes ailes !!!
Le garçon tourna sa tête vers l'arrière et constata avec horreur pourquoi son corps n'avait pas subi le choc du fouet : ses ailes transparentes serpentaient à même le sol, comme un tas de papier froissé et déchiré.
— Chloé !!! s'écria-t-il. Tu es un monstre !
— Je t'avais prévenu, annonça Chloé d'un sourire impitoyable, personne ne touche à ma Iridessa !
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