Saison 5 - Épisode 1 : Des Chardons Sauvages !

  Noa et ses amies s'étaient réunies autour d'une table boisée ronde, elles attendaient le serveur à l'autre bout du restaurant, élevant un plateau de rayons de miel à ses mains. Les voilà enfin ensembles, et elles comptaient bien se détendre, pour cette fois :

  — Au fait, Iridessa... lança Rosélia en la regardant fixement.

  — Oui ?

  — Ça te dirai de m'aider dans la forêt du Printemps, demain ? J'ai besoin de rayons lumineux pour faire pousser une toute nouvelle plante très impressionnante.

  — Pourquoi pas, dit-elle en attrapant un rayon de miel sur le plateau avant que le serveur ne puisse les déposer. Et c'est quoi, cette « plante très impressionnante » ?

  — Elle est capable d'endormir quiconque renifle sa brume rose, mais ne t'en fais pas, c'est seulement lorsqu'elle éclot, que la plante lâche ce contenu, l'assura Rosélia en gloussant.

  — Oh, ça à l'air intéressant, tout ça ! Pas de soucis, je serai là à dix heures.

  — Merci beaucoup, Iridessa !

  Les filles divergèrent ensuite de conversation, parlant des nouvelles tenues qu'elles allaient arborer ou encore de la nouvelle invention de Clochette : la bouilloire à bec.

  Après quelques cliquetis de couverts et une discussion d'environ deux heures, les fées quittèrent le restaurant, le ventre plein.

  Noa survola la vallée, elle poussa un profond soupir de soulagement une fois arrivée à sa maison. Elle s'apprêtait en incliner la poignée de sa porte avant qu'une pensée ne lui foudroie l'esprit. Noa lâcha la poignée d'une sensibilité en longeant lentement. Elle contourna les alentours de sa maison puis s'arrêta à l'arrière.

  Noa fixait une branche visiblement écrasée, qui avait été planté à même le sol. Une gamelle y était située dans ses environs. L'émotion gagna Noa. Elle laissa une cascade de larmes ruisseler son visage et se mordillait les lèvres. C'était ici que Dany vivait, juste derrière sa maison. Ne plus devoir entendre ses cris perçants ou ses aboiements saugrenus lui arrachait le cœur, elle le sentait se contracter au plus profond de sa poitrine.

  Après avoir séché ses larmes, elle regagna sa maison. La lumière y était restée allumée et une silhouette se dessinait sous les draps de son lit. Harry n'avait rien trouvé de mieux à faire que de dormir pour apaiser sa colère. Il ne ronflait pas comme à son habitude, il était juste là, recroquevillé sur lui-même.

***

  Si l'euphorie des rayons de miel n'avait duré qu'un court instant pour Noa, ce n'était pas du tout le cas de Iridessa. La nuit avait défilé et il était désormais dix-heures du matin. Le soleil plombait la vallée et les oiseaux éduqués par les Fées des Animaux se mettaient à chanter partout.

  Robée de ses magnifiques pétales de tournesols jaunis, Iridessa marcha jusqu'au coin de jardinage, c'était dans la Forêt du Printemps que les Fées des Jardins travaillaient. La belle fée à la peau colorée se promenait sur un couloir de terre. À chaque extrémité, elle pouvait saluer de la main les fées qui y faisaient pousser à peu près toutes sortes de plantes et de fleurs à une vitesse éclair, que ce soit des tournesols, des pétunias, des roses et encore pleins d'autres variétés. Les couleurs vives des chaque plante et de chaque fleur harmonisaient la verdure qui entourait le couloir de terre.

  Après avoir marqué ses empreintes sur tout le couloir de gadoue, elle tomba enfin sur Rosélia de l'autre côté. La belle rousse faisait pousser les tiges en les saupoudrant de sa poussière de fée.

  — Ah, Iridessa, je t'attendais ! Approche !

  La terre était si humide et boueuse que Iridessa devait faire des exercices de contorsionnistes pour éviter de voir une bulle marron éclater sous ses semelles.

  — Vole jusqu'à la hauteur de la tige, s'il te plait, lui assigna Rosélia.

  — C'est fait !

  — Bien, maintenant, capte un rayon du soleil et fait le pivoter jusqu'à ce qu'il tape sur la tige.

  Iridessa se contenta de faire ce que Rosélia lui dictait. Sans grande peine, elle colla ses doigts afin de faire en sorte qu'un trou triangulaire s'y échappe avant de capter un rayon du soleil entre ses mains. Pendant que le bruit aigu s'émanait de la brillance du rayon, elle le plaça correctement sur la tige.

  Soudainement, Iridessa ressentit des grondements provenant de la terre. La tige avait laissé pousser des longs pétales violacées et rosées à son extrémité. Mais elles demeuraient cependant refermées sur elles-mêmes.

  — Wow, c'est magnifique, s'enjailla Iridessa en claquant des mains.

  — Tu as vu ça, c'est fantastique !

  — Tu sais pourquoi la fleur reste fermée ?

  — Ce n'est pas une fleur, Iridessa, la corrigea Rosélia d'un air docte, c'est une plante. Et heureusement pour nous qu'elle est fermée, il suffit que cette merveille dévoile ses pétales au grand jour pour qu'une trainée de parfum envahisse l'espace et nous endorme à la minute qui suit.

  — Et on peut s'en réveiller ?

  — Oui, mais pas avant de très longues heures.

  — D'accord, fit Iridessa d'un ton inquiet, en gardant une distance de sécurité avec cette merveille.

  — Super ! Bon, est-ce que tu pourrais faire la même chose pour toute la rangée devant toi, s'il te plaît ? Merci beaucoup !

  Iridessa répétait ses actions durant une bonne heure avant de retomber, les jambes écartées et le front luisant de sueur, complètement exténué. Sous ses fesses, elle sentit le sol trembler une énième fois. Elle lança son regard harassé vers Rosélia, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

  — Ce sont de nouveaux pétales ? haleta Iridessa pendant qu'elle luttait contre ses yeux pour ne pas s'affaler fatiguée dans la boue.

  — Non, ce ne sont pas les plantes ! s'exclama Rosélia d'un ton beaucoup plus inquiétant.

  La rousse se mit à battre des ailes et plana au-dessus du champ avec les autres Fées des Jardins des environs. Elles faisaient un chahut pas possible, d'en haut, et avaient leurs visages tous rivés vers la droite.

  — Mais qu'est-ce qui se passe, bon sang ? demanda Iridessa.

  — ... des... DES CHARDONS SAUVAGES !!! hurla l'une des Fées des Jardins en volant de toute allure à contre sens.

  Iridessa se releva et regarda fixement les hautes herbes qui entouraient le couloir de boue. Elles se mettaient à incliner de part et d'autre, au rythme des tambourinements qui se rapprochaient de plus en plus. Soudainement, une touffe hirsute d'herbes fonçait droit vers Iridessa.

  — Oh non !

  La fée tenta de piquer un sprint vers le ciel pendant que des grosses herbes épineuses, emboitées de petits pieds, couraient droit vers elles. Les Chardons Sauvages devaient être environ une bonne dizaine. Ces affreuses plantes étaient détestées de toutes les fées, en particulier celles des Jardins. Ces effroyables paquets d'herbes animés se déplaçaient toujours en meute, après être sorti du sol, et elles détruisaient toutes les plantes et les fleurs des Fées des Jardins. Un jour, une fée-homme, qui n'avait pas prévu leurs arrivées, se retrouva tranché de tout le corps en y laissant ses ailes.

  L'énorme secousse du sol faisait bouger les plantes rosées que Iridessa et Rosélia avaient développé. Brusquement, l'une d'entre elle relâcha ses pétales sous les rayons du soleil. Iridessa, qui tentait en vain de remonter, embrigadée par toutes ces herbes, se retrouva aspergée par un nuage violet qui flottait autour d'elle.

  Suite à ça, Iridessa sentit ses forces l'abandonner et ses yeux lui infliger de légers picotements : elle était en train de s'endormir. La Fée des Lumière leva la tête vers le ciel et remarqua que l'une des plantes était juste au-dessus d'elle, et par malchance, c'était celle-ci qui ouvrit ses pétales.

  Son cœur fit un bond lorsqu'elle se souvint du contenu de la plante une fois qu'elle était dévoilée par ses pétales.

  — Oh non ! hurla Iridessa. Je ne dois pas m'endormir, pas avec tous ces Chardons Sauvages aux environs... je... je... dois... tenir... encore... un... peu...

  Iridessa ne voyait que deux lignes noires se rapprocher et ne sentait plus son corps. Ses forces l'abandonnait...

  « Oh non...je... »

  Ainsi, Iridessa s'endormit dans les hautes herbes.

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