Saison 4 - Épisode 9 : Fils à papa
Ce n'était pas tous les jours que Harry avait la chance de voir la ville de Londres sous sa plus belle température. Il était là, installé sur un banc boisé d'une couleur saumon, ses pieds caressant le sol de verdure éclatant et humide.
D'après lui, c'était les plus beaux jours qu'il pouvait passer à Londres. Chez les Darling, il ne cessa de s'empiffrer de sucreries, passant de bonbons particulièrement acides tant leurs gouts sucrés donnait l'eau à la bouche, jusqu'au grand gâteau arrondi de trois étages au chocolat. À la fin de la soirée, les Darling avaient eu la décence de lui donner une enveloppe d'argent. Aussi étrange que cela puisse paraître, Harry, en cet instant, avait l'impression d'être comme tout le monde : pour la première fois, depuis quelques années, il était content que ce jour fut celui de son anniversaire.
C'était en se remémorant ces bons petits moments passés avec eux qu'il observait le Big Ben situé face à lui, à quelques mètres de là. Harry était heureux, cela s'exprimait par son visage rayonnant et ses pommettes discrètement relevées.
Alors que tout semblait flou mis à part le grand cadran du Big Ben qu'il admirait, Harry mit quelques secondes à se rendre compte de ce qui se passait devant ses yeux.
Sa silhouette sur brillante dans la lueur du jour, une petite fille étrangement précipitée larguait successivement ses jambes l'une après l'autre, faisant flotter le pan de sa robe dans le vent en direction de Harry. Immobile, il la regarda détaler vers lui. Pendant une fraction de seconde, il hésita, les pieds braqués au sol, en se demandant s'il ne ferait pas mieux de s'échapper mais au même moment, la fillette trébucha sur le trottoir qu'elle n'avait pas pris le temps d'examiner et se heurta le visage contre le sol.
Harry se redressa et s'avança lentement vers elle en relevant ses deux tresses châtaines. Tout en restant sur ses gardes, il se pencha vers son visage. Lorsque son œil émeraude s'ouvrit, Harry expira un soulagement, constatant que la petite fille d'une dizaine d'année était encore en vie.
Elle se releva rapidement, rebondissant sur ses deux bottines marrons violacées, comme s'il s'était agi de rien du tout.
— Est-ce que c'est toi Harry le fragile ? requerra-t-elle.
— « Harry le fragile » ? Mon prénom c'est juste Harry ! tonna le garçon en brandissant son index face au nez de la petite fille.
— Oh, toutes mes excuses ! hoqueta la fillette. Je m'appelle Lizzy...
— Lizzy ? Et qu'est-ce que je peux faire pour toi, Lizzy ?
— Rien, c'est pour toi que je suis venue !
— Hein, comment ça ?
— Tu dois courir, et vite !!!
— Pourquoi ? s'étonna le garçon en pinçant sa pomme d'Adam.
— Mon cousin va venir avec des types pour te chercher des ennuis ! Fais vite !!!
— Attends, c'est quoi ton nom de famille ?
— Griffiths !
Bientôt, il y eut des craquements de gravier sous des semelles, derrière le dos de Harry. Aux sons de ses voix habituées qui lui chatouillait les tympans, il ne tarda pas à comprendre ce qui était en train de se passer.
« Et merde... » jura-il dans son esprit.
— Salut, gros naze ! s'enchanta Barrie en sursautant le banc par la force de ses jambes. Alors, tu vas bien ? Ah, ah !
Harry plissa légèrement des yeux tout en tournant sur lui-même. En effectuant son mouvement de rotation, un bruit strident de pièce frotta dans sa poche. Il se souvint brusquement de l'argent que lui avait donné les Darling qui croupissait sur lui. En priant le ciel que Barrie n'ait rien entendu, Harry pensait qu'il ne fallait pas trop répondre à ses provocations, aujourd'hui. Il ne voulait surtout pas que son oppresseur lui braque le peu d'argent qu'il avait.
— Salut, Barrie ! Je passe une excellente journée, et toi-même ? chantonna faussement Harry.
— Tu caches quelque chose, toi ? répondit Barrie en rapprochant sa face blafarde vers le visage du garçon.
— Absolument rien !
Les tremblements de ses mains le trahissait. Mais Lizzy, en observant la scène, ne comptait pas laisser faire. Alors que Barrie se pensait seul avec ses deux gorilles face à Harry, la fillette surgit dans son champ de vision.
— Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?! tempêta Barrie, virant d'un visage rouge écarlate.
— Tu vas arrêter ça tout de suite, Barrie !!!
— Mais je rêve ! T'es qui pour me donner des ordres, espèce de petite gamine !
Harry ne pouvait placer un mot face à ces deux cousins dont les jurons explosaient l'un après l'autre. Plus Barrie s'énervait en ordonnant à Lizzy de déguerpir d'ici, plus elle trouvait le moyen de s'interposer entre les deux garçons.
Poings refermés sur ses hanches, Lizzy s'avança vers Barrie en profitant de sa petite taille pour lui écraser les pieds et asséna un coup de poing droit dans son entrejambe.
— Aïe, aïe, aïe, marmonna Barrie. T'es complètement folle !
Les deux gorilles, d'une part et d'autre du blondinet, se mirent à rire – ou plutôt à brailler tels des ânes aux sons de leurs voix grave.
— Tu as le choix, cher cousin, annonça-t-elle d'un ton sarcastique, soit tu embêtes Harry et je le dis à oncle Matthew ou soit tu te comportes comme quelqu'un de gentil et on rentre tranquillement au manoir !
— Je tiens quand même à signaler que si tu n'avais pas fait du gribouillage inutile dans la cuisine, on ne serait pas sorti ! gronda Barrie.
Harry et les deux lourdauds semblaient invisibles aux yeux de Barrie et Lizzy qui étaient surtout en train de régler des problèmes de famille, désormais.
— « Du gribouillage inutile ? » mes petites fées ne sont pas du gribouillage !!!
Soudainement le cerveau de Harry s'illumina et ses yeux s'arrondirent aussitôt.
« Qu'est-ce qu'elle vient de dire... elle a parlé des fées ?! »
À l'instant où Harry se racla la gorge, Barrie et Lizzy le fixèrent d'un regard enragé, tel deux molosses.
— Toi aussi tu t'intéresses aux fées ? sourit vaguement le garçon se passant sa main dans ses cheveux noir de jais en bataille.
Lizzy permuta d'un visage renfermé et furieux à celui d'un petit bébé enfantin.
— Oui ! s'exclama-t-elle.
Devant les rires interminables de ses deux sbires, Barrie pencha sa tête vers le sol en écrasant celui entre ses mains.
— On va bien s'entendre, tous les deux ! ajouta Lizzy. Ça te dirait de venir au manoir avec nous ?
Voilà qui semblait étrange dans toute sa splendeur. Harry devint ami avec la cousine de son pire ennemi, et non seulement était convié à rejoindre son manoir. Si Barrie n'était pas dans les parages, le brun exploserait de rire tant la situation lui paraissait saugrenue. Il hésita tout de même quelques secondes puis répondit.
— Oui, pourquoi pas ? À condition que Barrie se comporte bien avec moi, largua-t-il en rivant son visage vers celui du blond.
Sous une tapisserie de murmure, Harry pouvait entendre l'approbation forcé de ce dernier. Barrie gardait les bras croisés, son air harassé assurait Harry, il savait que son oppresseur se tiendrait tranquille.
— Super ! On y va ? fit Lizzy en sautillant autour de Barrie.
— ... bon je vous laisse, les gars... soupira-t-il d'un mouvement de la tête.
Les deux monstres ne prirent même pas la peine de lui répondre tellement leurs rires continuaient de les étouffer.
Harry se contenta de suivre Lizzy. Il marchait derrière son dos alors qu'elle bougeait dans tous les sens. Puis, subitement, alors qu'il semblait jovial, son visage se crispa au moment où Barrie se rapprocha de lui.
— Écoute bien, Harry, ce n'est pas parce que ma cousine t'apprécie que je n'aurai pas l'occasion de te rétamer le portrait. Moi et mes amis, on va te déboîter...
Sous le joug de ses menaces, Harry ne bougea pas d'un cil et ne montra aucun signe de faiblesse.
— Oh, Barrie... rassure-toi tant que tu peux. Si tu arrives encore à me battre, c'est uniquement parce que ces grosses bêtes qui te servent de potes sont toujours là pour m'attaquer en ta compagnie.
Harry rapprocha sa bouche vers l'oreille rougeâtre de son ennemi.
— Les temps ont changé, Barrie... je suis sûr qu'en un contre un, je te rétame le portrait... espèce de sale petit fils à papa.
Harry se sentait capable, lui aussi, de profaner des menaces à Barrie. S'il y avait bien quelque chose que le garçon avait compris, c'était que le blondinet ne pouvait agir sans le groupe de brute qui le soutirait. En voyant sa cousine lui tenir tête, il descella une autre de ses faiblesses : Barrie ne voulait au grand jamais, se confronter à sa famille ni la décevoir, malgré ses grands airs orgueilleux.
Étonnamment, et au plus grand plaisir de Harry, Barrie se contenta de ravaler sa salive, sans rétorquer brutalement par de violents coups de poings dans la figure ou dans le ventre, comme il le ferait habituellement.
Ce fut ainsi que les trois individus s'engagèrent au niveau des grands barreaux du manoir avant d'y pénétrer. Harry était curieux de voir à quel point la passion de Lizzy débordait pour les fées.
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