Saison 4 - Épisode 8 : Effets secondaires

  Ses ailes battaient aussi vite qu'un moteur, sa respiration hachée remontait jusqu'à ses oreilles rougissantes et ses yeux ne cessaient de gigoter dans tous les sens.

  — Où est la Reine ?

  La tension qui accablait Ondine était si forte qu'elle en supportait sa tête lourde et douloureuse. La jolie fée tomba à plat ventre sur le sol, face au Grand Arbre à Poussière de Fée.

  Ondine poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle aperçut la silhouette lumineuse de la Reine Clarion se dessiner de nulle part, dans l'air qui l'entourait.

  — Que se passe-t-il, Ondine ?

  — Reine Clarion, haletait-elle, l'un de vos garde royale m'a attaqué !

  — Comment est-ce possible ?

  — Je n'en sais rien ! Mais je ne pense pas qu'il était dans son état normal...

  — Qu'est-ce que tu sous-entends ?

  — Lorsqu'il a tenté de me... enfin, bref... ses yeux étaient bleus. Pas un simple bleu qu'on peut trouver sur la pupille de n'importe qui, mais sur la totalité de son œil.

  La Reine Clarion ne vacilla pas pour autant. Elle croisa les bras et se mit à tourner sur elle-même, d'un air pondéré.

  — Tu ne l'avais pas mis dans ton Orgie, par hasard ?

  — Oui, mais je n'ai pas mis que lui. Beaucoup d'autre fée-homme y sont passées sans qu'ils ne viennent m'attaquer après ça !

  — Tu as eu le temps de mettre du monde, là-dedans ? s'exclama la Reine en arquant des sourcils.

  — Oui, je n'ai pas perdu de temps. Ma dernière victime, en ce moment, c'est Terence.

  — Et dire que c'était censé les aider à se sentir mieux que dans la vie réelle... les voilà devenu des bêtes sauvages !

  — Euh, ce cas-là ne concerne que le soldat qui m'a attaqué, pour les autres fées qui ont été en contact avec mon Orgie, il n'y a pas eu d'effet secondaire...

  — Ondine, réfléchit... à la base, tu n'avais pas déjà attiré le regard de ce soldat ?

  La belle fée brida ses yeux encore plus qu'ils ne l'étaient déjà, mijotant le fin fond de ses pensées. Puis, tout à coup, elle se souvint. Oui, ce moment où ce même soldat l'avait vu complètement nue dans sa baignoire, là où son corps bien formé était encerclé de mousse et d'eau qui ne rendait encore plus érotique cet instant où ce type posa ses yeux sur elle.

  Alors qu'Ondine poussa un affreux cri strident, la Reine Clarion aplatit sa paume sur son front.

  — Donc, si je comprends bien, en entrant dans mon Orgie...

  — Tu n'as fait qu'alimenter les fantasmes bien enfouis qu'il avait déjà de toi !

  — Mais si avec le garde, l'Orgie a marché comme ça...

  — D'autres fées sont en danger !

  — Elles risquent de se faire capturer, quand j'y pense !!!

  Ondine n'en pouvait plus, elle se tirait les mèches. Elle trifouillait dans son esprit, cherchant à savoir ce qui avait bien pu se passer, pourquoi l'enchantement avait fonctionné de la sorte.

  Autour d'elle, tout n'était que flou, elle n'entendait que les bruits résonnant qui émanait de la bouche de la Reine à l'instar des feuilles qui sifflaient au contact du vent. Son esprit était ailleurs.

  — Ondine, reprend-toi !

  — O-oui, Reine Clarion ?!

  — Nous devons à impérativement faire une patrouille de la Vallée des Fées. On va voir si d'autre fées ont été hypnotisé.

  — J'en suis vraiment désolée, Reine Clarion...

  — Ne t'excuse pas, ce n'est pas ta faute. C'est moi, je n'ai pas correctement dosé le pouvoir que je t'ai donné. Je vais réparer mon erreur. Par contre, là où j'aurai besoin de toi, c'est pour que tu me dises à peu près tous les gens qui sont entrés dans l'Orgie...

***

  Pendant ce temps, Noa venait tout juste d'arriver chez elle. La jolie fée trimballait, contre son dos, un énorme sac de noix faisant facilement deux fois sa taille. Toute la journée, elle travailla dans les bois. Noa devait rassembler assez de provisions pour permettre aux écureuils de hiberner, et il fallait avouer que ce n'était pas l'une de ses tâches favorites. Elle préférait entraîner les putois à péter ou encore courir sur une roue en bois tout en coachant des hamsters.

  Autour de sa maison y séjournait Dany. Le faucon passait son temps à dormir ou divaguait avec des hiboux et des mouettes qu'il croisait dans le Pays Imaginaire. Il se sentait à sa place ici. Pourtant, aujourd'hui, ces glapissements sonnaient sans arrêts. Quelque chose n'allait pas.

  — Dany, mais qu'est-ce qui t'arrives ? demanda Noa en abandonnant son sac, tout en s'éloignant vers le faucon.

  Dany lui lança de grands yeux ronds. Sa façon de se dandiner et de recroqueviller ses ailes laissait Noa très perplexe.

  — Tu aimerais revoir Harry, c'est ça ?

  Brusquement, le faucon écrasa ses énormes pattes acérées contre le corps de Noa.

  — Désolé, Dany, j'aurais du te le dire plutôt... mais Harry est retourné dans l'Autre monde.

  Pour affirmer son mécontentement, Dany pointa son bec face au visage de Noa et se mit à hurler comme il n'en fut jamais auparavant.

  — Ne me fait pas cette tête-là, il devait à tout prix rejoindre sa mère pour voir si elle se portait bien... Tu veux le rejoindre, n'est-ce pas ?

  Dany hocha si rapidement de la tête que son bec devint flou en l'espace d'un instant.

  — Très bien, prend la Deuxième Étoile et fonce tout droit sans t'arrêter. Tu arriveras à Londres.

  Le faucon donna son dos puis lança un battement d'aile qui suffit à mettre Noa face contre terre.

  — Excuse-moi, oui, je sais que tu connais le chemin... je ne te prends pas pour un idiot, Dany, ricanait Noa en se relevant. Tu es sûr de vouloir partir ?

  Dany n'y répondit même pas.

  — Oh, très bien ! Quand tu arriveras à la maison, n'oublie pas de prendre un peu de potion pour que tu redeviennes un chien. Je ne sais pas ce que dirait ton entourage en voyant un faucon se balader à Londres...

  Noa pensa subitement. Puisque Dany partait et allait consommer de la potion, elle devrait forcément en rapporter pour Harry et lui d'ici quelques semaines.

  — Je viendrai vous voir dans deux semaines, ne t'en fais pas. Et on retournera au Pays Imaginaire tous les trois, comme la première fois, assura Noa en lui lançant un clin d'œil.

  Dany ne perdit pas plus de temps et se mit à battre machinalement des ailes avant que son corps entier ne plane et que ses griffes se détachent du sol.

  D'un simple signe de main, Noa fit un au revoir à Dany. Elle laissa une larme s'échapper. Le temps qu'elle eût passé avec ce faucon pas comme les autres les lièrent étroitement. Le voir partir lui déchirait le cœur, mais c'était amplement justifié, et puis, elle le reverrait de toute façon.

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