Saison 4 - Épisode 6 : Un paradis d'azur

  Il était étendu face contre terre, écoutant le silence, totalement seul. Personne ne le regardait. Personne d'autre n'était présent. Il n'était même pas sûr d'être présent lui-même.

  Longtemps plus tard, ou peut-être tout de suite après, l'idée lui vint qu'il devait toujours exister, qu'il n'était pas une simple pensée désincarnée. Il était en effet allongé, véritablement allongé, sur une surface dure. Il avait donc conservé le sens du toucher et la matière sur laquelle il était étendu existait également.

  Au moment où il parvenait à cette conclusion, Terence prit conscience qu'il était nu. Convaincu d'être seul, il n'en éprouvait aucune gêne, mais il était légèrement intrigué. Puisqu'il pouvait toucher, il se demanda s'il était aussi capable de voir. Il lui suffit de les ouvrir pour se rendre compte qu'il avait toujours des yeux.

  Il était couché dans une brume claire, brillante, une brume telle qu'il n'en avait jamais connu. Ce n'était pas comme un nuage vaporeux qui aurait masqué les alentours, c'était plutôt que les alentours ne s'étaient pas encore formés au sein de ce nuage. Le sol sur lequel il était allongé paraissait bleu clair, ni chaud, ni froid. Il était là, tout simplement, plat, sans aucun trait caractéristique, rien de plus qu'un support.

  Il se redressa en position assise. Son corps ne semblait porter aucune blessure. Il passa ses doigts sur son visage. Son chapeau de gland avait également disparu de sa tête.

  Il se leva et regarda autour de lui. Plus il observait, plus il y avait de choses à voir. Un immense projecteur étincelait tel un soleil en amont. Tout était immobile et silencieux.

  Plus Terence longeait cette insipide endroit, dénué de toute orientation, plus il sentait le sol bouillonner sous ses pieds.

  En trifouillant son esprit, Terence cligna deux fois des yeux. Brusquement, il se souvint de la dernière fois que le monde qui l'entourait lui semblait cohérent. Il s'était noyé après qu'Ondine l'ait basculé violemment dans la rivière. Après tout, peut-être qu'il avait quitté ce monde, pensait-il.

  Sur l'instant, dans toute cet espace incohérent, Terence ne souhait qu'une seule chose : retrouver Clochette auprès de lui.

  En continuant de marcher droit devant lui, des grosses bulles s'échappèrent du sol. Le garçon, abasourdi, se courba pour admirer le spectacle qui poussait sous ses pieds. C'est alors qu'il remarqua les belles bulles planer à la hauteur de sa tête et prendre forme. La nuée de bulles, rassemblées l'une sur l'autre, formèrent une silhouette transparente, qui peu à peu, commença à prendre un teint de peau blanche.

  Le garçon plissait tellement des yeux qu'il ne restait plus que deux fentes apparentes sur son visage. C'est alors qu'il reconnut cette magnifique silhouette et ces courbes si parfaites. Non, pour lui, c'était impossible, il devait forcément rêver !

  — Terence ?

  Il pivota sur ses talons. Clochette marchait vers lui, droite et fringante, vêtue d'un simple bikini bleu extrêmement fin, si fin que Terence pouvait apercevoir la forme de sa poitrine. Un léger tissu triangulaire couvrait son entrejambe, des fils très fins encerclaient ses fesses et le bas de ses hanches. Ce n'était pas seulement ce qui faisait perdre à Terence tous ses moyens. Clochette, dont le corps complètement humide lui attribuait un air bestial et sexy, secouait sa tête, faisant balancer ses cheveux blonds sur ses tempes et devant ses yeux bleus.

  — Viens, mon chou, dit-elle d'une voix mielleuse.

  Abasourdi, Terence suivit Clochette qui s'éloigna d'une démarche lente et sensuelle. Il posa ses yeux au-dessus de ses magnifiques fesses dansantes au flot de ses hanches qui ne cessaient de bouger. Des petites gouttelettes tombaient de son string.

  Elle le conduisit dans un grand lit rose à deux places, contrairement à toute la pièce colorée de bleu que Terence n'avait pas remarquée auparavant, installée un peu plus loin sous le haut plafond étincelant. Clochette s'allongea coude contre la mâchoire et jambes croisées contre l'une des faces, alors que Terence se laissa tomber dans l'autre.

  Clochette regardait le corps nu de Terence. Ce dernier ne put s'empêcher de rougir en voyant ses deux lumières bleus s'échapper du visage malicieux de la belle blonde et de le scruter.

  Elle posa sa main libre sur la cuisse de Terence et commençait à le caresser. Les poils de la nuque du garçon ne tardèrent pas à se dresser avant que son corps entier ne se mette à trembler. Alors que la température de son corps ne cessait d'augmenter, Terence bâta deux fois des cils, sentant toujours les douces caresses que Clochette lui infligeait. D'ailleurs, sa main commençait à se rapprocher un peu trop de son entrejambe, tel un serpent. Le garçon racla brusquement sa gorge.

  — Clochette, où est-ce qu'on est ?

  — Chut, ne dis rien... ce n'est pas moi que tu voulais, ce soir ?

  Effectivement, elle n'avait pas tort. Pourtant cela n'empêchait pas Terence de se poser une quantité astronomique de questions.

  — Finalement tu as changé d'avis ? Tu viens vivre avec moi ?

  — Tes désirs sont des ordres, ici...

  — Mais où on est, justement ?!

  — Profite de l'instant présent avec moi au lieu de poser des questions futiles. répondit Clochette en glissant sa main de plus en plus prêt de l'entrejambe du garçon.

  Terence pencha son visage vers le bas et remarqua que Clochette ne comptait pas s'arrêter là.

  — M-mais, balbutia-t-il, tu n'avais pas dit que tu devais faire des choses plus urgentes ? Et p-puis je ne t'avais jamais vu dans ce... ce... argh ! J'espère que aucun autre type ne t'as vu dans... çaaa ! Wow ! Clochette, arrête, je t'en prie... c'est trop pour moi... t-tu ne comptes pas t'arrêter, là ?

  — Non, chantonnait la fille.

  — Par la Deuxième Étoile... suis-je en train de rêver...

  Clochette bondit furtivement à califourchon sur le corps bouillonnant du garçon. Il ne réalisait même pas ce qui était en train de se passer, gisant tel une momie sur le lit. La belle blonde accrocha ses dents contre les lèvres de Terence, elle pouvait sentir le souffle de sa respiration évacuer ses narines tellement la nervosité et l'excitation s'emparaient de lui.

  Après ça, elle se hâta s'enlever son bikini et se glisser les ficelles qui gravitaient sur ses hanches jusqu'à ses chevilles. Elle balança ses vêtements à la figure du garçon, qui cherchait déjà désespérément sa respiration.

  — Voilà, Terence... comme ça, on est deux sans vêtements...

  — Par la Deuxième Étoile, répétait-il difficilement, étouffé par la culotte de Clochette gisant à l'intérieur de sa bouche.

  Était-ce vrai ? Pour Terence, cet instant si érotique et si merveilleux ne pouvait pas avoir lieu, ici. Pourtant les sensations qu'il éprouvait s'avérait réelle, alors, qu'est-ce qu'il se passait ?

  « Je suis au paradis ? J'ai toujours cru qu'il serait blanc, mais il est bleu, là ! Si je savais que l'au-delà ressemblerait à ça, je serais mort plutôt !!! »

  Alors qu'il subissait des orgasmes toujours plus grands, plus forts et plus intenses, Terence sentit un liquide froid coulé contre son corps entier. Il cligna trois fois des yeux, haletant, et remarqua Clochette hurler de plaisir avant d'exploser brutalement. Sa belle peau et ses formes harmonieuses se transformèrent en de l'eau, tout ce qu'il y'avait de plus banale, avant de retomber sur le corps du garçon.

  Seule la peur le rongeait en cet instant. Terence sauta du lit avant de s'écraser contre le sol par inadvertance. Plaqué au sol, il remarqua que celui-ci devenait de plus en plus mou. En se relevant, Terence sentit le sol se dérober sous ses pieds avant de l'aspirer.

  Il n'y comprenait absolument rien, il pivota ses yeux dont les veines rougissaient de terreur sur ses globes oculaires. Il regarda à droite puis à gauche et remarqua avec effroi les murs bleus et le plafond s'évaporer en eau. Un déluge colossal envahit la pièce bleu. Le lit à deux places fut chaviré dans une vague surdimensionnée qui se rapprochait de plus en plus de Terence.

  À part hurler à pleins poumons, le garçon ne pouvait plus rien faire. La vague se recroquevillait dans ce couloir de plus en plus sombre qui s'allongeait jusqu'à lui.

  Le corps de Terence tapa violemment contre le mur de tsunami qui s'empressa de l'engloutir. Mais, heureusement, il n'avait pas perdu connaissance, il eut le réflexe de prendre une grande inspiration avant d'absorber le peu d'air qu'il restait.

  Sous ses yeux, la pièce entièrement bleu se froissa sur elle-même, telle une feuille de papier blanc. Il ne restait que de l'eau. Et là, Terence sentit sa tête basculer vers un autre sens. Il tournoyait encore et encore. Malgré cette secousse impressionnante qui lui provoquait des palpitations dans la poitrine, Terence fit preuve d'un calme olympien.

  Sa tête expulsa machinalement l'eau, grâce au courant de la vague qui s'était dissipée dans une rivière stable. Alors qu'il avait toujours le corps dans l'eau, un nénuphar vint le soulever en hauteur.

  C'était incroyable mais vrai. Terence n'en revenait pas. Tous ses vêtements, qui avaient autrefois disparu, lui collaient affreusement à la peau, ils étaient étrangement trempés.

  Le garçon se releva avant de pousser un soupir de soulagement. Terence regagna le rivage à l'aide d'un rocher planté au bord du nénuphar qu'il escalada sans peine.

  — Mais c'était quoi ce bordel !!! hurlait le garçon.

  Terence était bien vivant, à la Clairière d'Été, du côté de la rivière. Que s'était-il passé ?

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