Saison 4 - Épisode 16 : Terrain miné

  Il faisait une chaleur étouffante dans la Forêt de l'Automne. Rosélia et Iridessa, arrivées face à une porte, y toquèrent sans retenue. Leurs cous pendaient aux fenêtres, comme si elles étaient intriguées.

  La porte s'ouvrit.

  — Salut, les filles ! accueillit Noa en ouvrant lentement sa porte de bois grinçante.

  — Salut, Noa, répondirent Rosélia et Iridessa en chœur.

  Noa ne tarda pas à les faire rentrer. C'était sur sa belle table ronde qu'elle avait préparé trois tasses de thé, dont le souffle de vapeur se serpentaient en montant vers le plafond. Les trois filles s'attablèrent en saisissant chacune un récipient.

  — Tout va bien ? demanda Rosélia.

  — Oui, bien sûr que tout va bien, répondit Noa d'un sourire. J'aurai juste besoin d'une grande aide de votre part.

  — Et de quoi il s'agit, au juste ? renchérit Iridessa, en train de siroter son thé en levant le petit doigt.

  — Je pars chercher Harry et Dany dans l'Autre Monde... ça fait plus d'une semaine que j'étais censé y aller. Harry doit m'en vouloir, je pense...

  — Oh, ne t'en fais pas, mon cœur ! Il sera bien heureux de te retrouver, tu peux me croire. assura Rosélia d'un air docte.

  — Ce n'est pas réellement de ça dont je voulais vous parler... gémit Noa en engageant un air gêné.

  Les deux filles levèrent le sourcil face à elle.

  — Je ne peux me rendre dans l'Autre Monde que lorsqu'il fait nuit. De un, la Deuxième Étoile n'apparait que pendant cette période et de deux, il y'a nettement moins d'humains à ces heure-là...

  — ... laisse-moi deviner, tu auras besoin de ma capacité à produire de la Lumière c'est ça ? l'interrompit Iridessa en relâchant complètement son visage harassé.

  — C'est ça ! applaudit Noa. Et Rosélia, tes conseils seront toujours les bienvenues ! S'il vous plaît, les filles, venez avec moiiii !

  Rosélia et Iridessa étaient, de loin, d'excellentes amies. Mais Rosélia avait un emploi du temps chargé et Sled s'inquiéterait sans doute de son départ soudain. Iridessa avait une tournée de tournesols à faire pousser avec les Fées des Jardins.

  Elles avaient fortement envie de refuser, mais les yeux pétillants d'étoiles que Noa dévoilait ne leur rendirent pas la tâche plus facile.

  — Compte sur nous, s'écria Rosélia.

  — Et-et... juste comme ça... bégaya Iridessa d'un ton importun, tu as demandé à Clochette et Ondine de venir t'aider ?

  — Je les ai cherché dans toute la Vallée, mais bizarrement, je ne les ai pas vu...

  — Voilà qui est étrange...

  — Bon, qu'est-ce qu'on attend ?! On y va, les amies !!!

***

  Ses yeux se révulsaient de sang tellement l'adrénaline était intense. Il pouvait sentir son cœur cogner contre sa poitrine au rythme de sa respiration bruyante qui lui brûlait les poumons. Harry courrait plus que jamais dans la ville de Londres. Dany était toujours à côté de lui, imitant exactement son maître.

  Harry ne voulait même pas se retourner. C'était plus qu'évident que les énormes bruits de semelles tapant bruyamment dans ces flaques d'eaux derrière son dos provenaient de Barrie. Harry essaya, malgré son manque de concentration, de déterminer le troupeau qui le pourchassait sans aucun doute. Ses inquiétudes se confirmèrent, Barrie était bien avec sa bande, et c'est-à-dire qu'ils ne laisseraient aucune chance au pauvre garçon de s'en sortir.

  — Reviens ici, petite merde !!! hurla Barrie d'un ton enragé. ALLEZ LES GARS, CHOPPEZ-LE !

  La voix du blond avait le don de chauffer encore plus le cerveau troublé de Harry. Il ne savait même pas où il allait. Sa seule crainte était de se retrouver dans une allée sans issue. Mais, Harry n'était pas dupe, il ne passait que pas les grandes routes bordées de trottoirs dont la brillance de la pluie était éclairée par les grands lampadaires de feu alignés aux alentours. Comme ça, il était sûr que les passants encore actifs le protégeraient sans doute, et qu'il ne risquait pas de tomber dans un cul de sac.

  Harry ne pouvait plus tenir plus longtemps. Ce ne fût que plus tard qu'il réalisa qu'il était complètement sorti de la ville. Il lâcha un œil rompu en direction de ses semelles et adressa un léger sourire en voyant que Dany continuait de détaler auprès de lui.

  Ses jambes étaient beaucoup trop lourdes, ses poumons brulaient et il avait l'impression que son crâne allait se fendre en deux s'il n'arrêtait pas de courir. Harry tenu quelques minutes de marathon effréné jusqu'à s'arrêter brusquement, le souffle rompu.

  Le garçon s'accroupit, les mains écrasant ses genoux. Puis sous le regard recru de son chien, Harry se mit à vomir, larguant un étrange liquide jaunâtre contre un sol d'autant plus intriguant.

  Harry se releva brusquement en remarquant la terre orangée sur laquelle il avait mis les pieds. Il pivota sur lui-même et remarqua avec stupeur que Barrie et sa bande avaient disparu, il en répondit par un soupir de la plus grande aisance qu'il n'en fut jamais auparavant. Par contre, il remarqua aussi qu'il s'était arrêté au milieu de nulle part. Le garçon tentait de discerner quelque chose dans tout ce brouillard épais qui lui voilait la vue, mais il n'y avait rien à faire. En se retournant, un énorme cratère aride apparu juste sous son nez. Ce grand trou était formé d'une longue pente dont certains cailloux s'étaient greffés.

  La brume commença à se dissiper autour de lui et Harry jeta un regard épuisé vers un énorme panneau rouge sur blanc qui se dessinait au fur et à mesure que le brouillard disparaissait :

ATTENTION, CHAMP DE GUERRE PAS TOTALEMENT RÉPARÉ ! INTERDICTION D'Y PÉNÉTRER SOUS PEINE DE SE FAIRE TUER PAR UN OBUS SOUS TERRAIN !!!

  Il eut à peine de temps de finir de lire que ses yeux se mirent à cligner. Harry n'y voyait que du flou. Soudainement, il senti ses forces l'abandonner et ce fût sans aucun effort qu'il se relâcha dans la pente rocheuse. Dany ne faisait que le suivre, remarquant tout de même que son maître n'allait pas bien.

  Harry s'était évanoui, son corps subit les altercations rocheuses, sa peau râpa contre la terre sèche.

  Alors qu'il pensait s'être assoupi, Harry sentit un sifflement dans ses oreilles. La force lui permit de n'ouvrir qu'un seul œil. En regardant attentivement, il remarqua qu'il était étendu sur le sol. Mais aussi que la terre sèche se mettait à exploser.

  Des petits bouts de terres s'éjectaient de sol.

  « M... mais qu'est-ce qui se passe ? » murmura fébrilement Harry.

  Hâtivement, il se rappela de ce qu'il y ait d'inscrit sur la pancarte. Les énormes bruits de canons venant des entrailles du sol ne pouvaient être que les obus qui s'y étaient incrustés.

  Harry réalisa qu'il s'était écroulé dans une zone d'après-guerre. Son cœur se claquemura lorsqu'il sentit les projectiles de terres lui postillonner de plus en plus au visage.

  — Non ! anhéla Harry. Si je ne me lève pas... il... il va me tuer... l-l'obus... Que-QUE FAIRE ?!

  Mordant la terre, Harry réfléchit avant se relever accroupi à l'aide ses bras.

  — DANY !!! DANY, OÙ ES-TU ?!

  Harry entendit deux puissants souffles sur sa nuque. Il retourna son dos avant de se prendre une langue baveuse sur le visage.

  — Tu vas bien ?

  Le chien répondit d'un simple aboiement en remuant la queue. Après coup, Dany fourra son museau sous l'aisselle de son maître, prit appui sur ses pattes arrière et le poussa vers le haut, l'aidant manifestement à se relever. Harry reprit équilibre sur ses jambes tremblantes et lourds. En les fixant, le dos courbé et le visage plongé vers le bas, il s'aperçut que son pantalon était déchiré et qu'une taillade de sang ruisselait de l'entaille.

  C'était malheureusement d'un pas boiteux que Harry longea le champ miné d'explosifs. Par moment, un voile de fumé, s'échappant du sol, lui masquait la vue. Il ne pouvait que son fier à son chien, provoquant d'incessants reniflements.

  — Cherche-nous la sortie, Dany, c'est bien... haletait Harry la bouche entrouverte.

  Harry voulait courir aussi vite que son chien, mais sa blessure lui infligeait un supplice aussi incisif qu'un couteau dans la jambe. Haletant, gémissant, les narines remuant à toute allure, il se traînait aussi promptement qu'il le pouvait.

  Dans un long moment achevé, le nuage de fumée commençait à s'écarter contre son visage ensanglanté et éraflé alors que son chien se mettait à aboyer en remuant la queue. D'un bond, Harry dilata ses pupilles sur ce qu'il restait du souffle de brume. Une longue trachée, bordée de pierres, se forma juste devant lui.

  — Wow, expira Harry de sa demi voix, bravo, Dany ! Tu es un bon chien... bon... i-il... ne nous... reste... plus... qu'à traverser la... trachée.

  Le tunnel de terre était sombre, cela n'enchantait pas vraiment Harry, mais c'était le seul moyen de sortir de ce terrain miné. Il ne regarda même plus devant lui. Ses yeux se posèrent uniquement sur le pelage blanc tacheté de noir que son chien portait.

  — Dany... guide-moi... je t'en... prie... haletait-il en combattant ses yeux voulant se fermer.

  Le danois arlequin se mit à gémir et ralentit alors le pas, sous les ordres de son maître.

  Harry avançait d'une démarche boiteuse et fatiguée, les yeux plissés ne voyant qu'un point flou de blanc. Puis, il y eut une détonation.

  Le garçon écarquilla ses yeux rougis de veines. Il ne sentit que son visage s'arracher sous une éruption qui lui perça les tympans. Et plus rien. Tout devint noir.

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