Saison 4 - Épisode 14 : Le coup de grâce !
Sur le chemin du retour, en marchant autour de ces bruits de roues de carrosses et ronflements de moteur fumés, la mère de Harry réfléchissait. Plus elle se rapprochait de sa maison et plus elle réalisait ce qui venait de se passer. Elle devait attendre de franchir la porte de sa maison et laisser son corps plonger sur son lit souillé de moisissure avant d'éclater en sanglot, les larmes et les hurlements étouffés par son oreiller. Puis, succombant au poids drastique de ses émotions, elle s'assoupît dans son lit, tombant dans un sommeil profond.
Il y eut un claquement de porte depuis le salon, et les yeux de Marguerite s'ouvrirent aussitôt après avoir entendu ce bruit. La cinquantenaire enfila ses pantoufles avant de se diriger d'un pas abattu jusqu'à la provenance sonore. La pénombre de sa chambre s'arrêta au bord de l'encadrement qui reliait le salon. La femme releva son visage fripé tel un arbre vers le haut, son fils venait tout juste de rentrer. Il avait laissé sa paire de mocassin sur le paillasson.
— Alors maman, comment ça été ?
Marguerite prit une grande inspiration par ses narines étroites et bomba le torse d'air.
— Très bien, je suis juste un petit peu fatigué, c'est tout.
En levant la tête vers le haut de la porte, elle remarqua que deux heures avaient filé sur le cadran. Ses larmes eurent le temps de sécher sur son visage blême.
— Je pars chez Lizzie, maman.
— Oh pas de problème, mais pourquoi tu es revenu ?
— Je voulais savoir comment tu allais et pour venir chercher Dany, comme tu me l'avais demandé.
Marguerite se sentait coupable de devoir mentir à son fils, mais il semblait tellement heureux. Le joli petit visage souriant qu'il avait lui fendrait le cœur si la nouvelle tombait à ses oreilles.
— Je suis contente que tu appliques mes conseils, Harry. Et merci de te soucier de moi.
— Ce n'est rien... tu es ma mère, après tout, la seule et l'unique. C'est tout à fait normal que je vienne voir si tout va bien.
Sur le coup, Marguerite pivota son visage vers l'arrière en crispant un maximum celui-ci. Elle était prise par les émotions face aux paroles que venait de prononcer son fils. Ne pas éclater en sanglot relevait presque de l'insurmontable pour elle. Marguerite était fière de voir aujourd'hui l'homme qu'elle fit grandir au fil des années.
Après ça, Harry alla chercher Dany dans sa niche et repartit de plus belle en direction de la maison de Lizzy.
***
— Bordel, bordel, bordel !!! Lord Milori, qu'est-ce qu'on fait ?!
— Pas de panique, Clochette, pas de panique... gardez votre calme et tout ira bien !
— Vous êtes bien marrant ! J'espère que vous savez vous battre, parce que là, on en tient un gros morceau de monstre...
Clochette, Ondine et le reste de la bande avaient réussi à redescendre au premier étage. Le Conservateur dut frapper lentement et très doucement sur la plateforme avec son bâton pour éviter toute résonance dans ce gigantesque dépôt de livre gelés. Ensuite, ils se défigurèrent derrière une compilation de bouquins glacés sur « L'Attraction entre les fées et le paradoxe de la reproduction », de différents tomes suffisamment denses et multiples pour que le groupe puissent s'y adosser. Pour la première fois, Lord Milori avait acclamé la perversité du vieillard.
En jetant un œil entre les reliures des bouquins, Clochette avait effectivement remarqué que la grande porte du Dépôt avait été complètement explosé, il n'en restait que des gros blocs de glaces écrasés sur la piste fissurée. Un peu plus à gauche, elle pivota après avoir entendu un énorme grognement digne d'un ours affamé.
Kyle se tenait là, le dos complètement courbé, les mains déployées et tendues, sans oublier son affreuse peau bleu, qui se mariait étrangement avec ses cheveux roux flamboyants. Ses dents acérées étaient complètement resserrées et des énormes filets de baves dépassaient sa gencive sanguinaire. Toute l'humanité, qui pouvait paraître, disparue dans ses yeux totalement bleus, sans blanc de l'œil, ni rien d'autre.
Ondine regardait la Reine Clarion se blottir contre Lord Milori. Elle n'avait jamais vu la reine aussi paniquée qu'à l'instant.
— Reine Clarion, servez-vous de votre poussière de fée pour l'étouffer ! murmura Ondine.
— Je ne peux pas, vu sa force actuelle, ça ne ferait que le chatouiller, rien de plus...
— Voyons, il ne peut pas être si fort que ça.
Ondine changea d'avis lorsqu'elle l'aperçut démolir toute une compilation de bouquins gelées en mille glaçons juste par la force de son poing sur le premier livre de l'étage.
— Ok, j'ai rien dis... rétracta-t-elle.
— Comment on pourrait le calmer ? demanda Clochette.
— ... ce monstre est en train de détruire tous mes ouvrages, bêlait le Conservateur, nooonn !!!
— Taisez-vous, lui ordonna Lord Milori. Si le Monstre d'Azur nous découvre, nous sommes tous fichus.
— Qu'il vienne me tuer, je n'ai plus rien à perdre...
— Si vous restez calme, je vous offre une petite fée de la forêt pour une nuit... tempêta Lord Milori.
— Promis, je resterai muet comme une carpe !
Soudainement, quelque chose se mit à briller de mille feux autour du groupe. La lumière multicolore était si puissante qu'elle aveuglait toutes les fées qui se réprimèrent de gémir.
— Mais c'est quoi ça encore, bordel !? rugit Clochette.
— Euh... je crois que ce sont nos ailes, sœurette, lâcha Cristalline de sa voix habituellement déprimante et avide d'énergie.
— Et c'est maintenant que nos ailes trouvent le moyen de scintiller ? PUTAIN DE MERDE ! explosa Clochette, rouge de fureur.
Le Monstre d'Azur se retourna d'un bruit sourd, le sourd de ses narines coupées. Le groupe pouvait entendre ses énormes pas, faisant trembler la glace, s'approcher d'eux.
— On est fini... pleurait le Conservateur. Dommage, je voulais tant goûter aux petites minettes...
— Ne vous en faites pas, je vais y aller, largua Cristalline.
Toutes les fées présentes poussèrent un cri qu'exclamation. Cristal se leva.
— Oui, si c'est moi que Kyle veut, autant arrêter ça tout de suite...
— Mais, Cristalline...
— Ne t'en fais pas, Clochette. S'il m'aime il ne va me faire aucun mal.
Clochette songea à la fois où Terence avait bondit sur elle, paré à la violer sans aucune humanité. En clignant des yeux, Cristal avait déjà quitté le refuge de livre. Elle s'avançait face à la bête.
— Cristal, non !!!
Kyle écarquilla les yeux en remarquant Cristalline s'avancer vers lui. Elle n'avait pas un air assuré, ses doigts se tripotaient entre eux et plus elle s'approchait de lui, plus ses jambes tremblaient. Kyle détala aussitôt vers elle, comme s'il avait vue de la nourriture.
— Salut, Kyle...
En face, elle n'avait plus le gentil garçon qu'elle avait rencontré la première fois mais un chien enragé prêt à lui croquer la tête.
— SALUT, CRISTAL !!! JE DOIS TE PARLER !!! grognait-il sa double voix.
— Je t'écoute, dit Cristal d'une voix sans réelle émotion.
— VOILA... JE... JE T'AIME CRISTAL ! JE VEUX TON CORPS, JE TE VEUX RIEN QUE POUR MOI, MOI SEUL... COMME LA DERNIERE FOIS, DANS LA PIECE BLEU !!!
Ondine se tapa le front, réalisant que toutes les victimes de l'Orgie pensaient vraiment que la magie qui opérait sur eux était réelle. Elle se sentit coupable et préféra baisser la tête.
— De quoi tu parles ? Jamais je ne suis rentrée dans une pièce avec toi... pourquoi je ferais ça ?
— PARCE QUE TU M'AIMES, HEIN ? HEIN, HEIN, HEIN ??? DIS-MOI QUE TU M'AIMES !!!
Clochette savait très bien que Cristal était assez bête pour lui dire la vérité. Cristalline avait toujours été franche, disant haut et fort tout ce qu'elle pensait. Son air de dépressive et sa voix maussade n'arrangeraient pas les choses. Elle était une véritable sociopathe.
— Euhhhh...
Clochette surgit derrière le dos de Kyle tout en hochant rapidement de la tête en fixant Cristalline. Lui faisant signe d'approuver ce que disait le garçon.
« Dis oui...dis oui...dis oui...dis oui » pensait-elle fortement dans sa tête.
— Non.
— GRR, QUOI ?!!!! rugit Kyle en provoquant un souffle suffisamment puissant pour faire flotter les deux mèches de Cristalline.
La jeune fille restait neutre, comme si rien ne s'était passé.
— Bah tu m'as posé une question, non ? souriait-elle. Je t'ai répondu non.
Clochette commençait à tomber de l'œil.
« Mais quelle abrutie, celle-là... elle va se faire tuer... ».
Le Monstre d'Azur commençait à renifler beaucoup trop fort et ses veines saillantes ressortaient encore plus sur ses tempes et son cou affreusement musclé. Il tapait sur toute la surface de glace qui l'entouraient, à l'instar d'un gorille.
D'une bourrasque de son bras titanesque, il balaya le corps léger de Cristalline contre l'un des murs qui protégeait le Dépôt. Le sang jaillit à l'endroit où le crâne de Cristal avait été envoyé. La fée ne poussa même pas un bruit.
— Et puis merde !!! hurla Lord Milori en courant face à la bête.
Lord Milori enjamba le refuge de livre gelé. Sa cape flottait dans le vent, tellement il courait à tout allure. Il avait levé son poing ardent et fit un grand bond derrière le monstre frustré. Il ne soutenait pas le regard de ses affreux yeux bleus, souhaitant que tout se passe vite pendant qu'il pouvait encore tenir debout, avant qu'il ne perde le contrôle de lui-même, avant qu'il ne trahisse sa peur...
La Reine Clarion vit alors, au loin, le poing de l'homme qu'elle aimait remuer dans le dos de la bête. Puis il y eut un éclair de lumière bleu et tout disparut.
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