Saison 4 - Épisode 11 : Hallucination

  Lorsque Clochette gambadait pieds nus sur son sol parsemé de miettes rocheuses, une envie de boire un bon thé bien chaud s'empara d'elle. Clochette attrapa la bouilloire en roche qu'elle venait de fabriquer, l'emplie d'eau puis la surmonta d'une plaque de fer capable de chauffer. Elle était fière de ce qu'elle venait de construire et ne voulait pas tarder à l'utiliser.

  Depuis la reprise de son poste de Fée Bricoleuse, Clochette était encore plus fructueuse qu'avant dans son travail. Elle aidait sans cesse les autres fées de son talent et trouvait toujours des plans de nouvelles inventions toutes aussi complexes les unes que les autres à dessiner sur des piles de feuilles vertes. Elle se sentait enfin heureuse depuis un bon moment.

  Après réflexion, elle ouvrit les yeux et s'éclaircit la gorge, comme brusquée par quelque chose.

  — Oh non ! Je...

  La jolie fille plaça ses deux mains plates aux extrémités de ses hanches avant de baisser la tête à cette hauteur égale. Les mesures prises entre une ligne invisible qui séparait ses mains, elle se dirigea machinalement face à un mur à côté de son lit. Clochette timbra ses bouts de mains au mur qui inscrivait déjà une multitude de lignes.

  — Mince, j'ai encore grossi, pesta-t-elle.

  Puis, elle soupira en balançant sa main dans le vent. De toute façon, Clochette avait pris au niveau des hanche, elle paraîtrait encore plus sexy aux yeux de Terence, selon elle. Aucune raison de programmer un régime.

  Le tuyau échappant à côté du couvercle cracha brusquement de la vapeur suivi d'un bruit strident qui indiquait à cette dernière que l'eau de la bouilloire était assez chaude. En chantonnant, Clochette se trémoussait et attrapait le manche de sa bouilloire avant de la déraper contre un filtre, placé juste au-dessus d'un verre. Il y avait de quoi se faire une bonne tisane grâce à ça.

  Un martèlement sur sa porte la fit tressaillir avant qu'elle ne secoue la bouilloire par inadvertance. L'engin postillonna des légères gouttelettes chaudes sur les cuisses de Clochette.

  — Ouille, bêlait-t-elle de son visage rouge en sursautant de douleur. Qui est-là ?!

  — Clochette ? C'est moooiiii !!!

  Cette voix familière l'exaspéra davantage. D'un visage relâché elle enfila ses ballerines vertes et se traîna jusqu'à la porte.

  — Salut... Terence...

  — Bonjour, ma chérie.

  Le grand blondinet la saisit par ses épaules dénudées et lui infligea un long baiser sonore auquel elle ne s'attendait pas.

  — Wow, il était magique ce baiser, n'est-ce pas, Clochette ?

  — Non, un peu plus et t'allais m'aspirer les lèvres, ronchonnait la belle blonde en croisant des bras.

  — Tu as l'air contrarié, tout va bien ?

  — Je viens de finir ma toute nouvelle invention : la bouilloire ! Et j'étais contente, jusqu'à ce que je me brûle avec quand t'as frappé à la porte comme un malade.

  — Désolé, je pensais que tu aimerais voir ton « amoureux » plus souvent...

  — Bah c'est pas le cas.

  Clochette n'insista pas davantage et lui donna son dos avant de se rediriger vers sa bouilloire. Pendant qu'elle filtrait le contenue de la tisane, elle sentit brusquement un pressing abusif sur ses fesses.

  — Mais qu'est-ce que...

  Bientôt, la bouilloire flambée qui servit à coulisser délicatement l'eau et les composants de la tisane vint entre les poignets de Clochette. Elle tournoya rapidement d'un tour pour faire volte-face. Dans l'élan, elle percuta sa bouilloire qui émit un son résonnant et grave. Le souffle coupée, Clochette s'arrêta, alors elle vit Terence décliner sur le sol, main sur le front, venant cacher une marque rougeâtre.

  — Aïe, tu m'as brûlé ! tempêta Terence, accroupie.

  — Oh mince, je suis désolée ! Mais toi aussi, pourquoi tu m'as attrapé les fesses, comme ça ?

  — J'ai vu que tu as pris des hanches et... je voulais...

  — Stop ! Je suis désolée, d'accord ? la coupa Clochette, ne voulant pas s'éterniser sur cette conversation.

  Terence se releva. Malgré la douleur qu'il avait essuyé de la bouilloire, le garçon trouva le moyen d'attraper Clochette par les hanches.

  — Mais, tu... beuglait-elle.

  De son visage tendu, Clochette balança des claques phonétiques qui rougirent les joues du garçon.

  — À quoi tu joues, Terence ?!

  — Hein, comment ça ? renchérit-il d'une voix innocente.

  — Pourquoi tu fais comme un obsédé, au juste ?!

  — Mais c'est bien toi qui était partante, l'autre jour...

  — De quoi tu parles ?

  — Mais si, quand on était dans la grande pièce bleu ! Tu avais ton bikini super sexy et puis tu m'as...

  Clochette pencha son visage vers le sol et se pinça les glabelles avant de soupirer. Elle avait la manie de compter jusqu'à trois pour tempérer sa colère impulsive. C'était une méthode que la fée Marie lui avait enseignée, il y'a déjà dix ans de ça.

  — Tu me dégoutes par moment, tu le sais ça ?! Je n'aime pas les menteurs !

  — Je ne te mens pas, c'est la vérité ! On s'est vu après qu'Ondine m'ait balancé dans l'eau de...

  — Ondine ? Qu'est-ce qui s'est passé avec elle ? tonna Clochette en ressaisissant la bouilloire encore chaude avant de la brandir devant le visage de Terence.

  — Rien, rien. C'était avec toi...toi et moi...

  Quelque chose ne tournait pas rond chez Terence. Clochette resta fébrile en remarquant ses mains qui commençaient à vibrer comme s'il était agi d'une enceinte de son tremblant. Ses yeux injectés de sang et son visage de plus en plus blême inquiétait la fée. Là, tout de suite, elle ne songeait même plus à le maudire.

  — Terence, tu es tout pâle...tu veux peut-être t'asseoir ?

  — Non ! Détonna une voix dédoubler de deux canaux sonores graves.

  Cette voix grave venait de la gorge de Terence. Le garçon releva brusquement son visage face à Clochette, les dents serrées tel un chien enragé, il se rapprocha d'elle.

  — Nnnnngggghhhh...

  — Terence ?

  Clochette était tellement angoissée qu'elle pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine. La jeune fille arqua des sourcils et observant des veines bleues s'étendre de plus en plus longuement sur le cou de Terence, grimpant jusqu'à sa pomme d'Adam. Les yeux de ce dernier commencèrent à palpiter, la couleur de celles-ci permutant entre le blanc et le bleu.

  La fierté qui animait habituellement Clochette s'évapora aussi vite que l'humanité de Terence. Elle cherchait la porte derrière son dos en tournant de façon répété sa tête vers lui et l'issue de secours. Clochette reculait si doucement que les particules de roche sur le sol ne craquelaient point.

  Au moment où elle sentit la main caresser la poignée de la porte, Clochette prit une grande inspiration en ferma les yeux. Elle tentait de la tourner, mais ses doigts transpirants ne cessèrent de frémir.

  Constatant que sa petite amie tentait de s'enfuir, Terence bondit sur elle à l'instar d'une grenouille ou encore d'un tigre affamé. Les filets de baves, qui s'échappaient de sa bouche, retombaient sur la robe de Clochette pour son plus grand désespoir.

  — Qu-qu'est-ce que tu me veux, hoqueta-t-elle en éclatant en sanglot.

  Clochette n'arrivait même pas à regarder les yeux entièrement bleus de Terence.

  — C'EST TOI QUE JE VEUX, CLOCHETTE !!! C'EST TON CCOOOORRRPPSSS !!!! rugissait l'homme de sa voix double et grave.

  Après ce puissant rugissement, le sol semblait trembler sous le corps de Clochette.

  — Non, Terence... tu... tu n'oserais pas ?

  La porte claqua soudainement. Alors que Clochette plissait les yeux autant que possible, elle sentit le poids de la bête dégager de son corps. Elle se redressa après avoir ouvert les yeux et retrouva Terence emprisonné par une sorte d'étreinte brillante. En analysant de plus près, Clochette admit qu'il s'agissait de la poussière de fée. Mais à qui pouvait-elle appartenir ?

  — Clochette, ne t'approches pas de lui ! alerta la Reine Clarion.

  — Rien d'cassé, j'espère ? s'inquiétait Ondine, qui apparut devant la porte.

  — Reine Clarion, On-Ondine ? Qu'est-ce qui se passe, ici ?!

  — Terence est sous l'emprise de l'Orgie des Eaux, il n'est plus lui-même ! Écarte-toi, je te prie !

  L'étreinte, qui saisissait Terence, s'enveloppa sur tout son corps avant de former une sorte de cocon doré. Les hurlements répétés du monstre se turent au même instant.

  C'était avec le visage dessiné de larmes que Clochette s'avança vers Ondine et la Reine.

  — Ondine, de quoi il s'agit, exactement ?

  — Désolé, c'est ma faute, admit Ondine en haussant des épaules.

  — Comment ça ?

  — La Reine Clarion m'avait dit de créer un monde utopique dans lequel toutes les fées frustrées se trouverait épanouie dans un rêve... Et-et on n'avait pas prévu qu'ils subiraient autant de... traumatismes.

  — Pourquoi tu ne nous en a pas parlé ?

  — Je me doutais que vous ne seriez pas en accord avec ça, continuait Ondine, à son tour. Moi, tout ce que je voulais, c'était aider la Vallée... faire en sorte que les habitants soient heureux...

  Clochette plaqua sa main sur l'épaule de son amie.

  — Je t'en veux énormément et j'ai une grosse envie d'exploser ta tronche de chinetoque, maugréait Clochette, mais on doit sauver la Vallée des Fées avant tout !

  — Un peu raciste, quand même, brailla Ondine en soufflant du nez.

  Elle releva la tête avant de remarquer Clochette se diriger vers la Reine Clarion.

  — Qu'est-ce que nous pouvons faire, Reine Clarion ?

  Tout en regardant l'horizon depuis la porte, la reine s'éclaircit la gorge.

  — Le temps que l'on trouve un remède pour les personnes hypnotisées par cette Orgie, il est préférable de les attraper et de les enfermer dans des cocons. Ondine et moi avons capturé une bonne poignée de contaminés. Si nos calculs sont corrects, il ne reste qu'une dernière personne...

  — Et donc, qui est la dernière personne à être entrée dans l'Orgie ?

  — Kyle, répondit la Reine d'un ton amer. D'après ce que nous savons, il s'est dirigé vers la Forêt de l'Hiver...

  Kyle aurait craqué pour une Fée de l'Hiver ? Clochette se disait avoir loupé énormément de chose depuis son exclusion.

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