Saison 4 - Épisode 1 : L'Orgie de la Fée des Eaux
— Êtes-vous sûr qu'elle vit ici, Commandante ?
— Absolument !
Une fée et une fée-homme étaient postées derrière une porte, à côté d'une chute d'eau, sur le site de la Clairière d'Été. Les plumes accrochées à leurs bérets gris ainsi que leurs beaux débardeurs rouges et leurs pantalons jaunes et longs les distinguaient de toutes les autres fées de la vallée. Des motifs noirs parfaitement dessinés, arrondis et alignés, leur donnaient des airs luxueux et royales.
Armées de larges trompettes attachées à leurs dos, les deux fées se courbèrent derrière la porte. L'une d'entre elle colla son oreille contre la porte alors que l'autre fouilla des yeux la maison bleu depuis les deux petites fenêtres rondes placées devant.
— Vous pensez qu'elle est là ?
— On a fouillé tout le périmètre, soldat, elle n'y était pas. Donc, sa maison reste la dernière option possible !
— Entendu !
La Commandante indexa la porte au soldat. Ce dernier tambourina la porte quatre fois, la Commandante resta l'oreille collé contre celle-ci.
— Aucune réponse... comme c'est étrange.
— Que fait-on, Commandante ?
— Forcez-moi cette porte, nous devons à tout prix la trouver !!!
D'un brutal coup de ses bottes noires, le soldat explosa la porte qui s'écrasa violemment contre le sol. Une lumière désormais plus forte s'allongea dans le salon. Les deux fées entrèrent, dos à dos, à pas de loup, scrutant la maison de fond en comble.
Aucun bruit ne transperçait les murs, tout semblait calme. En penchant sa tête vers un rideau blanc gisant au fond du salon, le soldat plissa les yeux.
— Commandante, vous entendez ça ?
— Qu'il y'a-t-il ?
— Suivez-moi...
Plus les deux fées se rapprochaient du rideau blanchâtre, plus une belle silhouette se dessinait. Un cri aigu, similaire à celui d'une dinde, s'élevait.
— Je vais jeter un œil, murmura le soldat à sa commandante.
Celle-ci répondit d'un hochement de tête en lui donnant ainsi son approbation.
Le soldat s'avança avant de chercher de la main sa trompette derrière son dos. Il la saisit et commença à souligner les rideaux blancs de ses doigts gantés. Les cris aigus lui cassaient les oreilles.
D'un coup sec il glissa expéditivement le rideau vers la droite avant de rester bouche bée devant ce qu'il voyait.
Une très belle jeune fée, aux longs cheveux bruns, se trémoussait dans une baignoire. Sa forte poitrine, masquée par une montagne de bulles et de savon, qui l'enveloppaient, le fit rougir instantanément. Ses beaux yeux bridés étaient refermés et ses cheveux longs et noirs se voyaient trempés dans toute cette eau ambiante. La jeune fée semblait chantonner et gémir.
— W-wow...
Soudainement, elle cligna deux fois des yeux avant de regarder le soldat, debout, en train d'admirer son corps aux formes harmonieuses patauger dans le savon et l'eau. Sans la moindre gêne, la jolie fée leva son corps trempé. La mousse savonneuse, qui lui avait auparavant enveloppé le corps, glissait vers le bas en venant se faufiler vers ses chevilles. Le soldat en perdait ses mots.
— O-O-Ondine, F-F-Fée des Eaux...
— Oui, excusez-moi, ah, ah ! Je savais que je chantais comme une casserole, mais de là à ce que la Garde Royale vienne pour me demander de la fermer, c'est incroyable, souriait-elle en tournant une mèche de ses cheveux noirs bleutée entre ses doigts. N'empêche, il faut bien s'occuper pendant qu'on prend son bain.
— L-la... la... la... bafouillait-il en regardant le corps d'Ondine.
La Commandante enchaîna de lourds pas jusqu'au soldat avant de lui administrer deux claques successives sur les joues.
— Ressaisissez-vous, soldat ! hurla-t-elle à son oreille.
Ce dernier se contenta de hocher rapidement de la tête avant de vaciller vers l'arrière en laissant place à la Commandante. Ondine, toujours nue devant les deux fées, écarquilla les yeux en remarquant la Commandante dérouler un long parchemin face à elle.
— Ondine, Fée des Eaux, âgée de dix-neuf ans ?
— Oui, c'est bien moi...
— La Reine Clarion vous demande impérativement !
— Très bien, répondit-elle d'une voix peu assurée, et c'est pourquoi ?
— Nous ne pouvons pas en dire plus mais la reine vous attend, une fois que vous vous serez habillée, bien sûr... soldat, que faites-vous ? Détournez-moi ce regard !
***
Le trajet jusqu'au Grand Arbre à Poussière de Fée prit vingt minutes de vol. D'un geste brusque, Ondine retomba sur le sol, face à la Reine Clarion, qui semblait dans ses pensées mais avide de savoir.
— Salut, Reine Clarion ! Ça roule ?
— Ma foi, je vais plutôt bien. Nous ne sommes pas ici pour savoir comment je vais. Ce n'est pas de moi dont il est question, ici, mais bien des fées de cette vallée, annonça-t-elle d'un sourire.
— Ah ouais ? De quoi vous parlez ? J'ai du mal à suivre.
La Reine détourna son regard de celui d'Ondine avant de lui faire signe de la suivre. Les deux fées montèrent dans le ciel puis s'arrêtèrent au-delà même des feuilles et des branches du Grand Arbre à Poussière de Fées. Ondine tourna sur elle-même. Elle n'avait jamais constaté qu'il était possible de voir toute la Vallée des Fées en se postant ici. Les quatre zones se délimitaient merveilleusement bien, vu de là-haut.
En penchant son visage vers celui de la reine, Ondine remarqua que quelque chose n'allait pas. La Reine était perdue dans ses pensées et fronça les sourcils en admirant l'horizon.
— Ondine, tu es une fée extrêmement positive et c'est ce que j'aime chez toi.
— Bah oui ! C'est toujours mieux de s'amuser, on a qu'une vie ! chantonna la jeune fille en esquissant un grand sourire.
— Ah oui, cette fameuse phrase que tu aimes tant dire...
— Pourquoi m'avez-vous appelée, Reine Clarion ? Si vous voulez qu'on organise une grosse fiesta dans la vallée, il suffisait de le dire. Moi, j'suis chaude !
La Reine tourna son visage vers le sien avant de saisir les mains d'Ondine.
— Vois-tu, Ondine, tu es l'une des fées les plus optimiste et positive de cette vallée. Et j'ai besoin de toi pour cette tâche.
— Ah, ah ! Je savais que c'était par rapport à une fête...
— Depuis un certain temps, j'ai remarqué que les fées étaient moins épanouies qu'auparavant...
— Vous avez raison ! s'exclama Ondine en tapant son poing contre la paume de sa main. Allons se servir d'une Fée des Lumières comme piñata. On la frappe jusqu'à ce qu'elle s'éteigne.
— La tentative de suicide chez Gabble m'a ouvert les yeux. Si par malheur beaucoup de fées se retrouvaient frustrées et aussi triste que lui, notre peuple n'y survivrait pas.
— Je suis totalement d'accord avec vous ! Mais qu'est-ce que nous pouvons faire pour arranger ça ?
La Reine Clarion glissa son bras derrière l'épaule d'Ondine avant de la rapprocher d'elle.
— Et c'est là que tu vas entrer en jeu, Ondine. Je vais te confier la création d'une utopie imaginaire !
— Hein ?! s'étrangla Ondine. Je préférais mon idée de départ.
Soudainement, la Reine Clarion claqua des doigts et une flopée de poussière bleue tournoya autour d'Ondine. Celle-ci resta bouche bée et fronça des sourcils.
— Qu'est-ce que vous venez de faire, là ?
— Je viens de te donner une petite partie de mes pouvoirs, souriait la Reine Clarion. Désormais tu es capable de faire rêver les fées qui t'entoure et surtout... de révéler leur fantasmes et leurs désirs les plus secrets !
— Wow ! Et vous pensez que nous pouvons rendre les fées de la vallée plus heureuses avec ça ?
— Absolument ! Ta mission, si tu l'accepte, sera de faire en sorte que chaque fée vive ses plus grands fantasmes !
— Mais comment je peux... les inciter à rêver ? J'arrive encore pas trop bien à capter votre délire, là.
— Ondine, tu es une Fée des Eaux. Rien ne te vient à l'esprit ?
La jolie fée massait son menton, en pleine réflexion. Une minute plus tard, elle poussa une légère exclamation tout en écarquillant des yeux.
— Je crois que j'ai à peu près saisi !
— Alors ? Acceptes-tu cette tâche ?
— Et comment ! J'ai hâte de m'y mettre, je sens que je vais bien m'amuser.
— Excellent ! Tu sais déjà quelle fée tu iras voir en premier ?
— Je crois avoir ma petite idée...
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