Saison 3 - Épisode 1 : La belle rose fleurira
— Hmm, quelle belle journée !
Dans ses draps doux et légers, Rosélia venait tout juste de se réveiller. La belle rousse bailla puis se leva lentement du lit. Elle se mit à sursauter en passant devant son miroir.
— Par la Deuxième Étoile, mon visage !
Rosélia n'avait pas une très belle tête au réveil, un filet de bave coulait le long de son menton et ses cheveux étaient tellement en bataille qu'on pourrait la confondre avec un tumbleweed.
Elle fila sous la douche comme à son habitude. Il lui fallut deux bonnes heures pour passer du lait de pissenlit sur tout son corps, se peigner parfaitement les cheveux à l'instar d'une princesse distinguée et se vêtir d'une très belle robe. C'était une robe très longue, allant jusqu'à ses talons roses, des paillettes ornant son buste.
C'était dans cette maison faite à partir d'un pétunia que Rosélia habitait, à l'Ouest de la Vallée des Fées. La Vallée du Printemps demeurait le lieu de résidence des bonnes odeurs de fleurs et surtout de roses.
— J'ai hâte de voir ce que mes amies vont me faire comme surprise !
Rosélia se mit à voler en direction de la maison de Noa, à la Forêt de l'Automne. Un grand sourire l'envahissait. Tout était devenu si paisible dans la Vallée des Fées.
— Oh bonjour, Rosélia, répondit Noa d'un air accueillant en sortant de sa maison.
— Bonjour, Noa... tu ne me fais pas entrer ?
La Fée des Animaux paraissait effectivement très étrange. Elle n'avait pas laissé Rosélia s'approcher davantage de la porte. Noa faisait un sourire niais.
— C'est un grand bazar, à l'intérieur. Je n'ai pas trop envie de te faire subir ça ! Eh, eh...
— Vivre avec un ancien humain, c'est pas facile tous les jours, taquinait Rosélia.
— Harry est très désordonné mais tellement mignon que c'est difficile de lui en tenir rigueur. Pour se faire pardonner, il me fait des bons petits rayons de miel tout les soirs...
— Wow, la vie de rêve !
Les deux copines se mettaient à rire de bon cœur.
— Sinon, tu as des nouvelles de Clochette et Vidia ? acquiesça Noa.
— Ça fait quand même un an que ça s'est passé, tout ça. Elles devraient revenir nous parler !
— Elles sont couvertes de honte, laisse-les...
— La magie est vraiment fantastique, tout de même ! Qui aurait pu penser qu'en embrassant Harry, les fées qui avaient été tuées allaient reprendre vies ?!
— Oui ! C'était absolument incroyable ! Toute la vallée était excitée, ce jour-là !
— Tu m'étonnes ! Après ça, la Reine Clarion a même insisté pour organiser votre mariage...
— Et le plus fou dans cette histoire, c'est qu'on s'est dit OUI ! frémissait Noa.
— Se marier à seize et dix-sept ans, c'est digne d'un véritable conte de fée...
— Ça, tu peux le dire !
Rosélia lança un petit regard malicieux à Noa en lui tapant l'épaule avec le coude.
— Eh, Noa...
— Quoi ?
— ... n'empêche que Clochette devait être bien heureuse de retrouver son Terence d'amouuurrrr !
— Rooh, s'esclaffa Noa. Rosélia, tu es trop bête !
Un baiser d'amour sincère pouvait visiblement résoudre ce type de problème, voilà ce que Harry et Noa avaient illustré.
— Euh, Noa... Tu n'aurais pas oublié quelque chose, aujourd'hui.
— Non, pourquoi ?
— Rien du tout ? Tu es sûre ?
— Nop !
Rosélia laissa balancer sa tête vers le sol, le corps complètement relâché. Elle semblait déçue. Noa tourna son dos en affichant un regard malicieux.
— Bon, même si ce n'est pas très beau à voir, je te fais entrer.
Rosélia poussa un petit murmure à peine audible pour exprimer son approbation avant que les deux fées ne rentrent dans la maison.
Alors Rosélia avait toujours la tête baissée, un paquet de confettis explosa dans sa figure. La jeune fille leva la tête et regarda la pièce d'un air interloqué avant de voir un groupe de fée bondir depuis le lit et le canapé. Une belle nappe rosée était dressée sur la table, accompagnée de jus de pomme empilé dans des coupes. Un gigantesque gâteux au chocolat ornait le centre de la table.
— Surprise !
— Wow !
Le visage blême et sombre de cette dernière se transforma, en l'espace d'une seconde, puis devint aussi jovial qu'ébahi. Tous ses amis se ruèrent sur elles, ils étaient munis de ses atypiques chapeaux en cornés.
— Joyeux anniversaire, Rosélia !!!
— Merci beaucoup, les amis ! s'exclama-t-elle. J'ai bien cru que m'aviez oublié...
— Comment on aurait-pu oublier une date aussi importante ? rigolait Ondine. Bon, j'avoue que j'avais commencé à douter de ta date de naissance à un jour près, heureusement que Noa et Iridessa sont là.
Pour dissiper le malaise qu'elle avait installé, Ondine se glissa dans le dos de Rosélia avant de l'attraper par le cou et lui ébouriffer les cheveux.
— Surtout que ce n'est pas un anniversaire comme les autres...
— Oh que non !
Harry, qui campait derrière le lit de Noa, s'avança d'un air intrigué.
— Et pourquoi cet anniversaire-là est si spécial ?
Toutes les filles le mirèrent avec des yeux ronds, souriante.
— Tout simplement parce que Rosélia fête ses vingt ans aujourd'hui !!!
— Vingt... vingt ans ? lâcha Harry, l'œil tremblant.
Il était surpris. Pour lui, Rosélia ne paraissait pas si âgée que ça. Mais en regardant de plus près, Harry constatait tout de même que physiquement et mentalement, elle était la plus mature du groupe. Pas étonnant qu'elle ait vingt ans sur sa tête, désormais.
La rousse s'avança face au garçon, munie d'une coupe de jus de pomme qu'Ondine lui avait servi.
— Hum, hum, et oui ! Tu as cru que j'avais ton âge, mon petit ? ricanait-elle. Mes dix-sept ans sont loin derrière moi...
— Euh, j'ai dix-huit ans dans un mois ! lâcha Harry, d'un visage exprimant une lassitude plus que certaine.
La bouche de Kyle, collée au verre, faisait un bruit insupportable en buvant le fond de jus pomme.
— Wow, t'es vieille toi en fait ! déclara le garçon.
— J'osais pas le dire, renchérit Ondine.
— Kyle ! Je ne te permets pas de dire ça, voyons... s'exclama Rosélia.
C'était de bonne guerre. Le groupe d'amis avait passé une bonne heure à s'amuser, à chanter, mimer des spectacles ou encore faire des jeux avec les animaux invités par Noa. L'anniversaire battait son plein.
***
— Clark, dépêche-toi ! On devrait déjà y être !
— Argh, je fais de mon mieux, Gabble !
Gabble, la Fée Bricoleuse, était sur une charrue faite sur mesure. Le garçon ne cessait de se tripoter les doigts, l'air anxieux. Clark, son fidèle et meilleur ami se chargeait de conduire la charrue par la force de ses deux bras comparables à ceux d'un grizzly – lui qui devait faire le tripe d'à peu près tout sur le corps de son compère.
— Oh, Rosélia... frémissait Gabble d'une voix bredouillante. Elle doit être magnifique aujourd'hui.
— Gnn... Gnn... Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda Clark tout en tirant la charrue.
Gabble secoua sa tête deux fois puis regarda vers l'horizon. Il voulait visiblement esquiver la question de son ami.
— Regarde, Clark ! Nous sommes bientôt arrivés !
— Super, j'ai... gnnn... j'ai hâte de voir ce que Rosélia va penser de notre cadeau...
— De NOTRE cadeau ?! C'est moi qui ai passé mon temps à le fabriquer ! En plus, j'ai eu besoin de l'aide de pas mal de Fée des Jardins pour ça !
— Calme-toi ! ricanait Clark. On dirait que tu y as mis tout ton cœur...
— C'est le cas... murmurait-il.
— T'as dit quoi ?
— Rien du tout.
En entendant le bruit de grosses roues tapissées à même le sol, Noa ouvrit la porte et remarqua l'arrivée des deux inséparables numéros.
— Gabble, Clark ! On se demandait quand est-ce que vous alliez arriver !
— Oh !!! C'est quoi, ce gros truc dans la charrue ? demanda Ondine. Est-ce que c'est une arme ?
Rosélia s'avança en dehors de la maison, elle remarqua le gros engin qui était posé dans la charrue, sur un coquillage géant et creux. La jeune fille commença à sautiller dans tous les sens.
— C'est super joli ! Est-ce que c'est pour moi ?
— Bien sûr, s'exclama Gabble. Je l'ai construit spécialement pour toi.
— Ohhh, c'est tellement mignon !!! sourit Rosélia. Y a pas à dire, tu es vraiment un ami, Gabble !
Cette dernière vola dans le cou du binoclard en lui collant une belle marque apparente de rouge à lèvre sur la joue.
Écarté du groupe qui était dehors, à côté de l'encadrement de la porte, Harry poussa un petit bruit qui semblait s'être échappé d'un profond ricanement. Il avait observé la scène en compagnie de son frère. Kyle le dévisagea d'un regard étonné.
— Pourquoi tu rigoles, frangin ?
— Mais voyons, Kyle ! Tu n'as rien remarqué ?
— Comment ça...
Harry ferma les yeux en prenant une longue inspiration, puis il expira de même. Il plissa les yeux en penchant son cou vers l'avant afin d'observer le cadeau que Gabble avait apporté à Rosélia.
— Gabble s'est cassé la tête à construire une fontaine de parfum sur mesure à Rosélia. Et pas des moindres, regarde comment le métal est brillant...
— Ouais, on dirait de l'argent ! Il a bien travaillé, sur ce coup.
— Rosélia n'aura qu'à mettre n'importe quelle fleur dedans, la machine extraira un parfum très remarquable et odorant, je pense...
— Vu la taille de la fontaine elle en a pour des années entières avant de renouveler le parfum de fleurs !
Soudainement, Harry, qui s'était laissé pencher contre le mur, attrapa Kyle par le col et le rapprocha de son visage.
— C'est évident, Gabble est en admiration totale devant Rosélia !
— Tu penses qu'il l'aime ?
— Je ne le pense pas, j'en suis certain. Je reconnais ces petits rougissements incontrôlables lorsqu'une fille vient t'embrasser sur la joue ou lorsqu'elle te fait une petite accolade.
— Wow... t'en sais des choses, toi !
— Regarde-le, il tremble tellement il en bave pour elle.
— C'est bien, il n'a qu'à lui dire qu'il l'aime, dans ce cas.
Harry recracha son jus de pomme sur le sol avant d'éclater de rire.
— Tu as peut-être cru que c'était aussi facile, Kyle ? Et puis qui te dit que Rosélia va accepter de sortir avec lui ?
— Je n'en sais rien... On pourrait peut-être l'aider !
Harry réfléchit pendant l'espace de deux secondes.
— Oui, pourquoi pas. Mais ça ne veut pas dire que Gabble va réussir.
— J'espère pour lui.
— Demain on va le titiller un peu, histoire qu'il sache qu'on a compris qu'il était intéressé par Miss Vingt Ans.
— Ouais, j'ai hâte !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top