Saison 2 - Épisode 4 : Au delà du reflet

  Alors que le ciel envahissait la Vallée des Fées d'un voile bleuté et que les lucioles étaient de sortie pour illuminer le crépuscule, Harry volait en compagnie de Noa. Le garçon était étonné de l'organisation de la Vallée. Depuis qu'il avait mis les pieds ici, il n'avait passé son temps qu'à travailler et encore moins à explorer les vastes horizons.

  La particularité de la Vallée des Fées résidait dans sa biodiversité, c'est qu'elle regorgeait de tout types d'endroits plus magiques les uns que les autres. Ce monde incroyable était séparé en quatre régions bien distinctes en fonction du temps que celui-ci occupait.

  À ce jour, il n'avait exploré que cette Forêt d'automne puisque c'est ici que les Fées Voltigeuses travaillaient et résidaient. Cet endroit offrait des reflets orange, rouge et ambre. Les feuilles changeaient de couleurs en permanence mais ne mourraient jamais. Ici, les fées s'efforçaient de perfectionner les teintes de l'automne en vue des voyages vers les différents continents de l'autre monde. Mais c'est également là que les Fées Voltigeuses pouvaient s'entraîner à faire tomber des feuilles.

  Ce soir, Harry était heureux, son cœur battait d'excitation. Lui qui avait tant voulu visiter des lieux insolites. Il ne pouvait s'empêcher de voler en parfaite altitude et surtout en hauteur, dégustant des yeux chaque coin qu'il voyait.

  Après une bonne quinzaine de minutes en vol, Harry et Noa se posèrent sur un énorme rocher isolé en dessous d'une chute d'eau.

  C'était dans la Clairière d'Été, là où, lorsqu'il faisait jour, le soleil brillait le plus fort. Contrairement au lieu où Harry travaillait, ici, c'était un lieu idéal pour les fées qui souhaitaient se reposer et jouer, que ce soit dans le lumineux champ de tournesols où vivait Iridessa ou la verdure de la prairie.

  Sur le moment, Harry avait froid, mais il se disait que ce n'était rien comparé à l'humeur glaciale qui régnait sur Londres. Noa croisa ses jambes après s'être assise sur le côté avant de la roche. Il la suivit de près, préférant rester accroupi. Le garçon frissonnait tellement il trouvait cela agréable. Le son de l'eau bleu ciel, tombant de la cascade en longeant la rivière, était tout simplement apaisant.

  — C'est bien, ici ! se réjouissait Harry.

  — Effectivement, j'aime venir ici quand je suis anxieuse. Ça m'aide à faire le vide, affirma Noa, d'une voix douce.

  Le garçon passa sa main droite à l'intérieur de l'une de ses poches avant d'en tirer quelque chose d'emballé dans une feuille verte. Harry la posa sur la roche sous le regard étonné de Noa puis la déballa. Il tendit la chose.

  — Un rayon de miel ! s'exclama Noa en affichant un magnifique sourire. C'est mon casse-croûte préféré !

  Noa attrapa si furtivement le rayon de miel que Harry pensait bien qu'elle lui aurait arraché la main. Le visage de la jolie fée devint écarlate.

  — Mais où as-tu trouvé ça ? On n'en donne jamais le soir ! acquiesça Noa.

  — J'en ai volé deux chez Vidia, hier matin. Elle va être verte de rage quand elle comprendra.

  — Oh, Harry...

  — Mais je m'en fiche ! répondit le garçon d'une voix claironnante.

  Harry en dénicha un autre de sa seconde poche avant d'y croquer un morceau. Le miel s'échappait du rayon de cire pour fondre dans sa bouche.

  — Malheureusement je n'ai pas trouvé d'hamburger... lâcha-t-il.

  Comprenant qu'ici les fées ne mangeaient pas les animaux et que, notamment, Noa était une Fée des Animaux, il se râcla la gorge et détourna le regard. Il venait juste de se rendre compte de la bourde qu'il venait de dire quand elle renchérit.

  — Qu'est-ce que c'est, un hamburger ?

  — C'est n'est rien... bégayait Harry. Oh, regarde ! Les jolis poissons dans l'eau, héhé !

  En se penchant vers le bas pour admirer les poissons, Noa se vit subitement arracher son rayon de miel des mains par l'un d'entre eux, tout en lui administrant un violent coup de nageoire. Harry ne put s'empêcher de rire de cœur joie en voyant la scène.

  — Quoi ?! s'étrangla-t-elle, les sourcils arqués. Attends... mais bande de petits voleurs !!! grognait Noa.

  — Finalement, je crois que c'était une mauvaise idée de regarder les poissons ! pouffa Harry en se plaquant les bras autour de ses abdominaux à cause du mal que son fou rire lui infligeait.

  — Mon rayon de miel ! fit-elle en esquissant une petite grimace. Je prends tout le temps soin des animaux et voilà comment ils me remercient.

  Harry sépara son rayon de miel en deux avant de tendre le plus gros morceau à Noa.

  — M-merci, Harry, répondit Noa d'un air rayonnant avant de coller un long bisou sur sa joue.

  Le garçon ému se mit à sourire gaiement avant de rougir en caressant délicatement son visage. Une forte marque rouge était désormais inscrite sur sa peau, tant Noa avait aspiré celle-ci. C'était clair dans sa tête : plus jamais il ne se lavera la joue.

***

  Le lendemain, au soleil levant, Vidia sortit de ce prunier aigre qui lui servait de maison. Il avait suffi de quelques minutes pour qu'elle survole la Forêt d'Automne au vol. La fée atterrit brusquement devant chez elle en provoquant une puissante onde de vent, faisant trembloter la périphérie de la terre en l'espace de quelques secondes.

  Des heures passèrent et la luminosité du soleil baissa avant que Vidia ne retourne en dehors de la Forêt d'Automne. En partant vers le sud de la Vallée des Fées, là où était la Clarière d'Été, elle se posa au bord d'une chute d'eau, en face d'une petite maison bleu en forme de fleur. Une piscine y était installé par derrière. La fée rectifia son visage enragé afin d'être un minimum « respectable » avant de frapper à la porte.

  Vidia voyait la poignée gigoter avant qu'Ondine ne tire la porte, positionnée derrière celle-ci.

  — Hey, hey, heeey !

  — Salut, Ondine... soupira Vidia.

  — La forme, Vidia ? Entre !

  — Pas vraiment, répondit-elle sèchement. Je viens juste récolter des renseignements, ça ne sera pas long.

  — Ah ouais ? Tu veux savoir quoi ?

  Vidia se mit à faire un grand sourire forcé avant d'ouvrir sa bouche.

  — J'ai entendu dire que Harry et Noa étaient ici, hier soir ?

  — Et alors, qu'est-ce que ça peut te faire ? ricana Ondine en commençant à refermer la porte.

  Ondine comptait refermer la porte puis remarqua qu'elle était coincée par une ballerine violette. Elle leva subitement les yeux vers Vidia, étonnée.

  — Désolée, Vidia. Je ne peux pas t'en dire plus...

  — Arrête-ça, Ondine ! Harry n'est pas venu travailler de la journée !

  — Peut-être que votre job est pas si cool que tu nous le fait croire...

  — Moi non plus je ne me sens pas forcément bien avec lui, pourtant nous sommes des Fées Voltigeuses et nous devons travailler ensemble pour le bien de la vallée.

  Cela ne se voyait pas aux premiers abords, mais Vidia faisait un véritable effort mental pour déclarer ce petit discours à Ondine. Elle supposait que Harry et Noa étaient restés ensemble toute la nuit, et ça, elle l'avait en travers de la gorge. C'était tout simplement inconcevable pour elle que les deux personnes ayant causé la mort d'une dizaine de fées puissent passer du bon temps ensemble et en plus de ça, Harry devait rester proche d'elle en fonction du plan de Clochette. Vidia se jura de fracasser le crâne du garçon une fois qu'elle l'aurait retrouvé.

  — J'sais pourquoi tu cherches réellement Harry. Tu crois que Noa ne nous en a pas parlé ?

  — Quoi ?! s'étranglait Vidia en titubant vers l'arrière, abasourdie. Mais de quoi tu parles...

  Ondine ne laissa pas le temps à celle-ci de s'emballer. Elle posa sa main droite sur l'épaule de Vidia. La Fée Voltigeuse fut estomaquée face au sérieux de la Fée des Eaux.

  — Écoute, Vidia. Je comprends parfaitement ce que tu ressens par rapport à la poisse qui est arrivée à tes collègues. Mais ne laisse pas le seum prendre le dessus, t'en deviens aussi bête que moi, annonça Ondine d'une voix calme.

  Vidia sentait son cœur se resserrer dans sa poitrine et son corps tout entier trembla. Elle déglutit difficilement sa salive avant de verser une larme.

  — Tu... tu ne comprends pas ce que je ressens ! C'est faux ! répondit Vidia, d'une voix tremblante, à deux doigts d'éclater en sanglots.

  — Tu ne peux pas les empêcher de se kiffer. C'est pas très fairplay...

  — Et ce n'était pas mal de tuer mes coéquipiers, aussi ?! explosa-t-elle, le visage rouge écarlate.

  Vidia donna un coup d'épaule brute, envoyant la main d'Ondine valser avant de tourner le dos à celle-ci.

  La Fée des Eaux se mit à froncer des sourcils en entendant la forte respiration de Vidia augmenter de plus en plus.

  — Je ne le laisserai pas s'en tirer comme ça... il va payer, coûte que coûte !

  — Vidia... tu devrais venir faire trempette dans ma piscine, un de ces quatre. Ça va calmer ta rage.

  — Raaah ! Tu me fatigues avec ta piscine ! rugit-elle avant de claquer la porte de sa maison.

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