Saison 1 - Épisode 9 : Hésitations...

  Un voile de larmes couvrait ses yeux, l'effusion de sang qui coulait sur sa joue lui infligeait de légers picotements. Harry n'en pouvait plus de courir. Le garçon avait déjà fait un marathon dans toute la ville, devant essuyer les remarques des conducteurs de carrosses et de voitures.

  Il se plaqua contre un mur, feutré à une étroite ruelle sombre, avant de pousser quelques gémissements.

  — J'en ai marre... je n'en peux plus ! haletait-il tout en continuant de pleurer.

  Finalement, il quitta la ruelle et marcha encore pendant quelques minutes avant de se diriger vers l'allée de sa maison. Le garçon aperçut Madame Darling sur le balcon de sa maison, posée dans une chaise berçante, mais pas en train de coudre comme à son habitude. Le garçon battit deux fois des paupières en constatant que sa voisine était en train de donner le biberon à un bébé qu'elle berçait lentement dans ses bras.

  — Tu as faim, ma petite Wendy ! Mais oui, mais ouiii ! ronronnait-elle à son bébé.

  Harry continua de marcher droit devant, tout en essuyant le sang et les larmes sur son visage d'un revers de manche. En le voyant, Madame Darling se leva de sa chaise avec son bébé dans les bras.

  — Harry, est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle en affichant une mine triste à la vue de son voisin.

  Ce dernier fit comme si il n'avait strictement rien entendu et franchit la clôture de sa maison. Dany s'approcha de lui tout en commençant à renifler ses chaussures.

  — Dany, je n'ai pas envie de jouer, là ! gronda Harry. Peut-être une prochaine fois...

  Harry ouvrit la porte d'un coup de pied fracassant, elle s'écrasa contre le mur et la poignée y laissa une trace. Sa mère apparut dans l'encadrement de la cuisine.

  — Harry ! Mais qu'est-ce qui t'arrives ?

  — Rien, fous-moi la paix !

  — Mais... tu t'es battu ?! Tu saignes !

  Harry ne laissa pas sa mère poser ne serait-ce qu'une main sur son visage blême et monta rapidement les escaliers. Ses pas étaient très bruyants. Il alla s'enfermer dans sa chambre avant de s'asseoir sur le sol, adossé à une porte en bois. Le garçon gémissait toujours comme un animal.

  Il commençait à fermer les yeux et soupirer. Son corps se relâchait. Harry venait de s'endormir de chagrin.

***

  Noa, Rosélia, Ondine et Iridessa étaient rentrées à la Vallées des fées, à l'aube. Elles avaient dû attendre que Harry s'endorme dans ses draps pour prendre la poudre d'escampette, sans devoir se confronter à lui.

  Les fées se réunirent chez Clochette après leur retour de cette expédition. La Reine Clarion apparut, comme d'habitude, avec des éclats spectaculaires à en aveugler Noa et ses amies.

  — Avez-vous réussi ?

  — Ouiii ! s'écria Ondine tout en sautillant dans toute la pièce.

  — On a mélangé le philtre avec un peu d'eau, sourit Iridessa.

  Noa se racla la gorge, la Reine Clarion se tourna furtivement vers elle.

  — Tu as quelque chose à ajouter, Noa ?

  — Bah, techniquement, on n'en sait rien. Peut-être qu'il a bu le philtre ou pas, fit Noa en haussant des épaules.

  — C-comment ça ?! s'énerva la Reine Clarion.

  — Pitié, ne nous balayez pas avec vos grandes ailes. On... on peut vous expliquer, tremblotait Iridessa.

  — Très bien ! Je vous écoute.

  — On a déposé la tasse de philtre dans sa chambre et on espérait qu'il le boive à son réveil.

  La Reine Clarion avala difficilement sa salive, frustrée.

  — Et pourquoi ne l'avez-vous pas fait boire le philtre directement !

  — Il fallait qu'on s'en aille ! Le jour allait tomber et la Deuxième Étoile allait disparaitre ! Nos chances de nous faire repérer par d'autres humains auraient été inévitables ! se justifia Rosélia.

  — J'espère pour vous que ce garçon a bu le philtre !

  Soudainement Gabble et Clark écrasèrent la porte d'entrée de la maison. Ils étaient tous deux essoufflés.

  — Qu'est-ce qui se passe encore ?! s'énerva la Reine.

  — Reine Clarion... C'est une Fée du Givre... elle... elle est morte il y'a quelques heures ! haletait Gabble, à bout de force.

  Clochette était écartée du groupe de filles. La blonde frappait un bout de bois à l'aide d'un marteau, sur sa table.

  — Bah maintenant, vous avez la réponse, ma Reine, fit Clochette en laissant paraître un sourire au coin de la bouche.

  Elle était encore visiblement vexée de ne pas avoir participé à l'expédition. Mais Noa rebondit sur la remarque de Clochette.

  — Ce garçon n'est pas mauvais, je suis sure qu'on peut arranger ça.

  — Mais voyons ! s'exclama Clochette. C'est pour ça qu'il tue des fées encore et encore !

  — Clochette, tu sais très bien que ce n'est pas sa faute...

  — Il essaye de prouver aux autres humains qu'on existe. C'est un traitre, rien de plus !

  Le visage de Noa se crispa tandis que celui de Clochette devint rouge.

  — Pourquoi tu prends sa défense, Noa ?!

  — Il est extrêmement gentil... et désespéré, aussi !

  — Comment tu peux savoir ça ? Attends... ricanait Clochette.

  — Quoi ?!

  — Ne me dis pas que tu as discuté avec lui !

  — Oui ! J'étais sur lui, on était allongés dans son lit. Il vit un véritable calvaire, Clochette.

  Clochette plaqua son index sur la poitrine de Noa.

  — Tu t'es attaché à cet humain, reconnait-le au moins.

  Noa se mit à vaciller vers l'arrière avant de se cogner contre la table de cette dernière.

  —O-oui... mais je ne vois pas le rapport.

  Clochette se dirigea vers la Reine Clarion et ses amies.

  — Les filles, qui a eu l'idée de déposer le philtre dans la chambre de l'humain sans même lui faire boire ?

  Les trois fées étaient alignées l'une à côté de l'autre, ne voulant pas dire un traitre mot à Clochette. Aucune d'elles ne tenait à prendre la parole, alors elle se dirigea lentement vers le maillon faible du groupe, celle qui n'hésiterait pas à tout balancer au moindre coup de pression.

  — Iridessa, je répète... qui a eu cette idée débile de...

  — C'est Noa ! explosa-t-elle.

  La blondinette se retourna vers la Reine Clarion, tout en pointant Noa du doigt.

  — Ah ! sourit Clochette. Comme par hasard ! Avoue, Noa...

  — Je n'ai rien à cacher ! se défendit celle-ci.

  — Tu aimes bien ce garçon, non ?

  Noa, sur le choc, resta hésitante et commençait à se tripoter les doigts. Son silence la trahissait.

  — Beurk ! Comment on peut tomber amoureuse d'un humain ?

  — Eh ! Je n'ai jamais dit que j'étais amoureuse de lui !

  — C'est tout comme, ou du moins ça viendra, répondit Clochette, en toisant son amie.

  Noa baissa les yeux alors que Clochette tournait autour d'elle.

  — Et lui, il t'aime ?

  — D'après ce que j'ai vu hier soir, oui... soupirait Noa, les yeux toujours plongés vers le sol.

  Noa était dans une impasse. Si Harry ne buvait pas le philtre dans les heures qui suivraient, d'autres fées seraient potentiellement amenées à mourir. Cette dernière ne supportait plus d'entendre les remarques blessantes de Clochette. La Fée des Animaux quitta subitement la maison. Ses amies affichèrent des visages tristes tout en adressant à Clochette des regards noirs.

  Plus Noa survolait la Vallée des Fées, plus une sensation de malaise envahissait son être tout entier. En parcourant la clairière des Fées des Eaux, le champ de tournesols des Fées des Lumières ou encore les potagers de plantes des Fées des Jardins, elle pouvait apercevoir des lignées de fées vêtues de noirs, têtes baissées et affichant des mines tristes. Il s'agissait de funérailles, et ça, Noa l'avait bien deviné.

  La fée éclata en sanglot, les mains plaquées devant son visage.

  — Oh non... pleurait Noa. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je... je dois réparer ça !

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