Saison 1 - Épisode 6 : Escapade pluviale

  Si l'on devait attribuer la frustration à un être, ça serait bien Harry. La nuit commençait à envahir le ciel. Le garçon avait froid, il serrait les dents et marchait rapidement en effectuant des pas lourds sur le sol, exprimant ainsi sa colère. Sa gorge nouée n'arrangeait en rien sa frustration, de plus, le froid le gênait. Tout ce qui se trouvait aux alentours de lui finissait brisé en deux ou avec une trace de son poing virulent.

  — C'est n'importe quoi ! grognait Harry. Il était censé me comprendre, c'est mon meilleur ami !

  Ce fut les derniers mot de Harry avant qu'il ne frappe une poubelle en métal. L'adolescent fut interpellé par le bruit du métal sur la rue qui donnait un son aigu et désagréable. Il risquait d'attirer l'attention sur lui, alors il décida de se calmer un peu tout en continuant à marcher vers sa maison.

  Arrivé chez lui, il enfonça la clé à double tour et se rua sur une chaise. Alors qu'il enlevait ses mocassins marrons, sa mère apparut dans l'encadrement de la cuisine.

  — Où étais-tu passé ?! s'écria-t-elle.

  — Oh, j'étais à la bibliothèque avec ce crétin de Nathan ! hurla Harry, ne prenant même pas la peine de regarder sa mère dans les yeux.

  — Harry, tu es fâché ?

  — Non !

  — Tu es triste ?

  La sensation de gorge nouée, qui était partie, se réinstallait et des petites larmes commençaient à dégouliner sur le visage de Harry.

  — Oh, Harry... soupira sa mère. Pourquoi tu traites ton ami de crétin ?

  — Ce type n'est pas mon ami ! Il me rabaisse et en plus il ne croit pas en ce que je lui dis.

  — Tu sais, Harry, certaines personnes ont besoin de voir pour croire.

  — La confiance devrait primer avant tout !

  — Je suis d'accord, mon poussin... mais malheureusement c'est comme ça, dit-elle en embrassant le front de son fils.

  La mère de Harry repartit dans la cuisine faire à manger.

  — Ah oui, maman...

  — Hum ?

  — Euh... est-ce que tu penses que je finirai seul ?

  — Comment ça ?

  — Est-ce possible qu'une fille puisse m'aimer un jour ?

  La femme, qui était en train de couper des carottes en petites portions, s'arrêta net. Elle fixa Harry en lui assignant un léger sourire.

  — Si tu veux être aimé, commence déjà par t'aimer toi-même.

  Harry ne répondit pas tellement il fut estomaqué. Cette nuit, il se contenta de manger sa soupe et d'aller se coucher. La semaine allait être longue.

  Le filtre d'amnésie était enfin prêt. Ce dernier avait une couleur violette et brillait de mille feux, surtout dans cette nuit sombre au Pays Imaginaire. Noa et le reste de la bande étaient ébahies.

  — Enfin, nous pourrons sauver la Vallée des Fées ! s'écria Rosélia.

  — Je compte y aller seul... soupira Noa.

  Soudainement, une lumière éclata en plein milieu de la maison de Clochette. Éblouies par la lumière, les filles se protégeaient en plaquant leurs mains sur leurs paupières. Il s'agissait de la Reine Clarion.

  — Pourquoi vous faites ça ?! Encore un peu et j'étais aveugle ! grognait Clochette.

  — Avez-vous terminé de fabriquer ce philtre ? demanda-t-elle, ignorant totalement la remarque de l'autre fée.

  — Oui, sourit Noa en levant la fiole vers le nez de la Reine. La couleur est magnifique !

  La Fée des Animaux rangea la fiole à l'intérieur de sa poche.

  — Bon, je pars, les amies. Merci beaucoup de m'avoir aidé à fabriquer ce philtre.

  Noa marcha tout doucement vers la sortie de la maison, mais au dernier instant elle tomba par terre suite un battement d'aile un peu trop violent de la part de la Reine Clarion.

  — Argh ! gémit Noa. Mais pourquoi vous faites ça ?!

  — Ne sois pas stupide, Noa. Tu ne pourras pas réaliser cette tache seule.

  — Oui, je le savais ! hurla Clochette en sautillant dans tous les sens.

  Les autres fées se contentèrent de sourire et dévisager Clochette en affichant un regard malaisant. La blondinette arrêta son euphorie et constatant que tous les regards étaient rivés sur elle.

  — Bah quoi ? Moi je voulais bien voir à quoi il ressemblait, cet humain. Et honnêtement, si on n'était pas là pour Noa, ça aurait engendré encore plus de problème.

  La Reine Clarion se tapa le crâne avec sa paume de main puis prit une grande inspiration.

  — Clochette...

  — Oui ?

  — Tu n'iras pas dans l'Autre Monde, je te signale que tu as du travail à faire.

  — Quoi ?! Mais c'est pas juste !

  — Hop, hop, hop ! Le bricolage n'attend pas ! ricana la Reine Clarion.

  Sur les nerfs, Clochette s'éclipsa de sa propre maison. Le visage plus rouge que jamais.

  — Mais pourquoi l'avoir écarté de cette expédition ? demanda Rosélia.

  — Clochette est la plus jeune d'entre vous. Une gamine de quatorze ans n'est pas assez expérimentée. Elle ne ferait que vous gêner davantage.

  Rosélia ne put répondre que d'un simple hochement de tête.

  — Chères fées, prenez le philtre d'amnésie et trouvez un moyen de le faire boire à ce garçon. Notre Vallée sera dans de bien meilleurs draps, j'en suis convaincue.

  Une heure plus tard, Noa et ses amies survolèrent les nuages et traversèrent la Deuxième Étoile. Elles franchirent sans aucun problème le Pays Imaginaire et s'arrêtèrent au-dessus de Londres. La vue leur permettaient de voir un amas de maisons alignées les unes à côté des autres.

  — C'est ici, Noa ? demanda Ondine.

  — C'est par là, oui. Suivez-moi !

  Rosélia, Ondine et Iridessa ne pouvaient que se contenter de suivre Noa. Elles faisaient des slaloms entres les différentes maisons des environs. La poussière de fée, qui évacuait leur corps, envahissait la pénombre avec un soupçon de scintillement. D'un côté, c'était magique, mais cela imposait surtout un problème par rapport aux humains. En effet, il suffisait que l'un d'entre eux passe devant sa fenêtre pour constater que des petites créatures s'aventuraient dans ces rues. Après tout, ils pourraient très bien penser qu'il s'agit d'un groupe de libellules, même si cela semblait assez douteux d'en voir juste avant l'hiver.

  Soudainement, les ailes de Noa commencèrent à s'illuminer. Un bruit aigu transperçait la rue.

  — Tes ailles scintillent trop, Noa ! hurla Iridessa.

  — Vite ! Cachons-nous vers le toit de cette maison, les humains risquent de nous entendre... fit Rosélia.

  — Ou pire... nous voir ! Je sais que ça devrait me faire peur, mais je trouve ça amusant, en fin de compte, ricanait Ondine. C'est un peu comme jouer au chat et à la souris.

  Les cœurs battants à cent à l'heure et emparés par le stresse, les fées planèrent furtivement sur le toit. Rosélia et Ondine avaient tout de même réussi à se poser tranquillement. Ce qui ne fut pas le cas de Noa et Iridessa. Noa était sereine, mais Iridessa l'avait emporté dans sa chute et elles trébuchèrent par inadvertance sur le toit. Malgré leur petites tailles, un lourd fracas se mit à résonner.

  — Mince... soupira Noa.

  — C'est ici qu'il vit ? chuchota Iridessa.

  Noa se releva et marcha à petits pas jusqu'au bord du toit puis pencha sa tête vers la surface. Elle remarqua la clôture rouillée et la niche rouge identique à celle du chien. C'était bien sa maison.

  — ARGH !

  Son cœur ne fit qu'un tour dans sa poitrine. Harry venait de se réveiller brusquement. Le garçon pencha sa tête vers le haut. Un voile flou lui piquait les yeux et couvrait sa vue, il n'était pas encore bien réveillé.

  — Mais qu'est-ce que c'était ? s'écria-t-il. Il n'y a pas de rats, ici.

  Soudain, un torrent de pluie commençait à tomber du ciel.

  — On est mal, tremblait Noa.

  — Si la pluie s'abat sur nous, on ne pourra plus voler ! Il faut qu'on fasse quelque chose ! hurla Iridessa.

  — Ondine, tu es une Fée des Eaux ! Essaye de nous épargner un massacre, s'il te plaît !

  Ondine tendit les bras vers le haut. Les grosses gouttes, qui allaient furtivement s'écraser sur ses amies, se stoppèrent l'unes après l'autres, puis formèrent un puissant barrage d'eau.

  — Super ! Merci, Ondine. Heureusement que tu maitrises ton talent à la perfection...

  — Y a pas de quoi, eh, eh ! souriait la fée.

  Ondine grinçait des dents et commençait à devenir rouge. Ses doigts fins commençaient à trembler, signifiant qu'elle n'allait plus tenir le barrage d'eau très longtemps.

  — Vite ! Entrez dans la maison pendant que je vous couvre... Vite ! Vite !

  Noa, Rosélia et Iridessa volèrent rapidement au ras du sol, tout en restant bien sous la protection d'Ondine. Celles-ci se frayèrent un coin fiable devant une fenêtre. Elles prirent appui contre cette dernière en poussant une expiration de soulagement.

  — Non, je dois rêver... sourit Harry.

  Le garçon se rua vers sa fenêtre et l'ouvrit sans perdre de temps. Les fées retombèrent sur le sol, n'ayant pas remarqué qu'Harry les avait fait entrer.

  — Petite fée... frémissait-il. Tu es revenue !

  Noa et ses amies affichèrent une mine exorbitée en voyant ce grand garçon face à elles.

  — C'est lui, le propriétaire du chien ? demanda Rosélia.

  — Oui, Rosélia. C'est lui... en personne.

  Cette dernière se contenta de pousser un rire nerveux suite à la réponse de Noa.

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