Saison 1 - Épisode 11 : Comme par magie !
C'était la totale pour Harry, aucune personne de son entourage ne le croyait, bientôt on le prendrait pour un fou. Il mourrait d'envie de boire et cela faisait actuellement dix-heures qu'il était séquestré dans sa chambre.
Le garçon commençait à tourner de l'œil, pas à cause la fatigue, mais bel et bien sa déshydratation. Afin de tenir bon, il caressait Dany, qui quant à lui reposait directement sur les draps de son maître. Le chien était sorti sous le lit après le départ d'Alicia Alvarez.
Harry, couché, regardait le plafond en espérant que quelques petites gouttes d'eau s'y échapperaient. Mais sa pièce n'était même pas effritée, il rêvait pour rien.
Sa bouche sèche lui donnait une sensation désagréable sur la langue, ses yeux commençaient à se creuser, son corps tremblait et une insupportable migraine lui persécutait le crâne.
Afin que son maître ne tombe pas dans les pommes, Dany lui lançait de grands coups de langue sur le visage.
— Merci, Dany, tremblait Harry.
Le chien se contenta d'aboyer tout en remuant la queue comme guise de réponse.
C'en était trop pour Harry. Le garçon leva son corps tremblant et posa un pied sur le sol, tachant de ne pas perdre l'équilibre à cause de ses vertiges persécutants. Il tournait sa tête de droite à gauche mais n'apercevait rien. Dany sauta brutalement du lit tout en renversant Harry sur le sol par inadvertance. Le garçon mangea le sol et ne trouvait plus la force de se relever. Pourtant, alors qu'il allait fermer ses paupières lourdes, Dany se mettait à aboyer comme un chien enragé.
— Hein, qu'est-ce qui se passe ? s'étonne Harry. Du calme, Dany. Du calme...
La voix du garçon semblait s'éteindre en même temps que ses paupières se fermaient, mais Dany lui infligea un nouveau coup de langue sur le visage. La bave du chien entra dans les yeux du garçon, l'empêchant ainsi de s'évanouir. Puis, il continuait à aboyer tout en fixant quelque chose.
— Pourquoi tu aboies, comme ça ? C'est fini, j'ai déjà tenté de hurler pour que me ma mère m'entende... ça n'a pas marché. Je crois qu'elle ne veut pas m'ouvrir... tout ça, c'est la faute de cette satané psychologue !
Le chien continuait d'observer un point fixe tout en aboyant. C'est alors que Harry sentit que quelque chose n'allait pas, malgré sa faiblesse physique et surtout musculaire. Il se releva lentement, ses cuisses s'entrechoquèrent tellement il tremblait. Puis le garçon jeta un œil sur son bureau, c'est alors qu'il aperçut une tasse de thé posé par-dessus. Il ouvrit si grand ses yeux qu'on pourrait croire qu'ils sortiraient de leurs orbites. Sa respiration s'accélérait et il marchait tout en boitant de fatigue jusqu'à son bureau. Il se lâcha contre la table et prit appui dessus tout en laissant tomber sa tête vers le bas, sa nuque l'ayant complètement relâché.
Alors qu'il semblait heureux, le garçon se mit à froncer violemment des sourcils en remarquant le contenu violet qui baignait cette tasse, sans oublier l'aspect lumineux qui s'en échappait.
— Mon cerveau doit me jouer des tours, soufflait-il tout en attrapant la tasse.
La température froide qu'elle laissait paraître montrait bien que ce thé était là depuis un bon moment. Mais cela importait peu à Harry. Il saisit le manche de la tasse tout en tremblant puis rapprocha ses lèvres de celle-ci. Le garçon se mit à picoler d'une vitesse incroyable avant de la projeter violemment au sol. Harry détonna un hurlement qui perçait les quatre murs de sa chambre. La tasse, brisée de milles morceaux, laissait se répandre le contenu violet. Dany était aussi déshydraté que son maître et saisit l'opportunité de donner quelques coups de langue avant de se mettre à gémir, à son tour.
***
Pendant ce temps, dans la Vallée des Fées, Noa se préparait à partir en direction de l'Autre Monde. Une pression l'envahissait. Les funérailles qui se déroulaient dans toute la vallée, les fées qui tombaient malade... tout cela l'amenait à cogiter durant toute la nuit. Elle ne put fermer les yeux. La seule fois où Noa réussit à s'endormir, une scène macabre de cadavres des fées décédées, qui venait la hanter directement au pied de son lit, s'était dessinée dans son esprit. Cette fois-là, elle s'était réveillée le corps nimbé par la transpiration.
Alors qu'elle était en train de tirer ses rideaux afin de ne pas laisser la lumière du jour pénétrer dans sa maison, on se mit subitement à frapper à la porte. Noa en sursauta jusqu'à déchirer un petit morceau de rideau.
— Entrez !
— Salut, Noa !
Noa fit volte-face après avoir essayé d'arranger correctement son rideau et remarqua de belles cuisses dénudées avec des pieds chaussés de ballerines vertes ornées de pompon. Elle leva la tête puis reconnu Clochette la dévisager d'un regard inquiet.
— Bonsoir, Clochette. Tu fais une drôle de tête, quelque chose ne va pas ?
— Je te retourne la question, Noa.
— Je compte retourner dans l' Autre Monde pour réparer mon erreur. J'ai vu ce qui se trame dans la Vallée des Fées, et ce n'est pas merveilleux du tout... affirma Noa d'un visage désespéré.
— Justement, Noa. En parlant de ça, je pense qu'il y'a un petit problème, répondit étroitement Clochette tout en grinçant des dents.
— Où tu veux en venir ?
— On s'est... comment dire... un peu trompé sur la formule du philtre d'amnésie...
— Qu'est-ce que tu entends par « un peu » ?
— La Reine Clarion nous avait donné une formule pour faire le philtre, tu vois ? La recette était dans un grimoire de potion que le Conservateur avait prescrit...
Noa se contenta de répondre d'un hochement de tête.
— Eh bien... on va dire que... je me suis trompée de page par inadvertance.
— Quoi ?! s'étrangla Noa. Et quelle page on a utilisé ?
Le visage de Clochette devint subitement bleu. Son rictus n'engageait rien de bon.
— On a préparé une potion de métamorphose.
Le souffle de Noa sembla se couper, ses yeux sortant de leurs orbites. Elle avançait vers la porte de sortie à petits pas.
— Il faut vraiment que j'y aille, Clochette !
— J'en suis consciente, Noa...
Noa tira un paquet de poussière de fée de sa poche et saupoudra ses ailes avec une poignée. Puis elle se mit à voler, quittant le Pays Imaginaire afin de franchir l'Autre Monde.
— Noa ! hurla Clochette.
La fée s'arrêta avant de se retourner, tout en fronçant des sourcils.
— Tache de régler cette affaire au plus vite ! La vallée en dépend !
— Ne t'en fais pas pour ça, tu peux compter sur moi.
***
C'est dans son sommeil plutôt léger que la mère de Harry se réveilla en sursaut. Elle entendit un assourdissant fracas venant du haut de la maison. Sa chambre était située à côté du salon, tandis que la salle de bain et la chambre de son fils se situaient en haut, par l'intermédiaire des escaliers. Ce bruit venait forcément de là.
La femme se leva de son lit et se dirigea avec des pas lents et lourds vers le salon, levant la tête en direction des escaliers.
— Harry ? Tout va bien ?
Malgré son air assurant, elle s'était promise de garder son fils séquestré dans sa chambre. Alicia Alvarez lui en avait donné l'ordre. La véreuse psychologue, pour accentuer l'impact qu'aurait Harry en étant relâché, lui avait insinué que son état psychologique ne lui permettait pas de mettre un nez au-dehors de sa chambre, prétextant qu'il serait un potentiel danger pour les gens qui habitent le quartier de Camden. Ses phrases résonnaient dans sa tête à chaque fois qu'elle entendait son fils essayé d'exploser la porte pour sortir, ou bien hurler à pleins poumons afin qu'elle le libère.
Cette fois-ci, c'était le bruit de trop. Pire encore, il n'était pas similaire à ceux qu'elle entendait auparavant dans la journée. La mère de Harry s'était habituée à entendre pendant dix heures consécutives des sons de percussion contre les murs qui emprisonnait le garçon, ou bien la porte qu'il tentait de démolir. Mais, là, elle distingua très facilement un bruit d'objet explosé sur le sol, similaire à de la porcelaine. Et tout ça, elle avait réussi à le deviner tout en étant endormie.
La mère de Harry attrapa la clé de la chambre qu'Alicia Alvarez avait posé sur la table avant de quitter la maison. Le visage blême, elle monta les escaliers, le silence qui palliait la rendait encore plus nerveuse que jamais. Elle prit une grande inspiration puis enfonça la clé dans la serrure de la porte et tourna deux fois dans celle-ci.
La femme jeta de multiples regards discrets dans la chambre mais ne vit absolument rien. Et ça, c'était le plus alarmant.
— Harry ? Harry ? Harry ? répétait-elle en serrant la clé contre sa poitrine.
En avançant dans la pièce, elle remarqua sa tasse de thé en porcelaine qu'elle cherchait depuis un moment bousillée de mille morceaux, répandues dans toute la pièce. La femme s'accroupit et toucha le sol avec son doigt avant de remarquer un liquide visqueux et violacé à son index. Instinctivement, elle le renifla puis fouilla la pièce des yeux avant de s'écrouler au sol.
— Harry ! Mon fils, que t'est-il arrivé ?! pleurait-elle.
— Hein, maman ?
— Quoi ?! Tu essayes de me dire quelque chose, mon garçon ?! Ô, mon Dieu !
— Je ne comprends pas... qu'est-ce que...
— Harry !
— Mais, maman ! Pourquoi tu es devenue... si grande ?
— Ô, mon Dieu !!!! La voix de mon fils... on dirait une petite cloche ! Il est minuscule et... il... il...
— Pardon ? Je ne comprends rien !
— Pourquoi ses oreilles sont-elles aussi pointues ? Et ces choses qui lui poussent dans le dos, est-ce que ce sont des... marmonne la voix apeurée avant de s'évanouir d'une inclinaison de paupières.
Harry sentit son cœur faire un bond. Les hurlements de sa mère l'avaient réveillé. La dernière chose dont il se rappelait, c'était d'avoir ingurgité le thé violet. Il commença à paniquer en voyant le corps inerte de sa mère sur le sol et pivota sa tête vers la gauche et remarqua un faucon rabattu sur lui-même. Ce faucon était tout de même étrange, puisqu'il possédait un pelage atypique, blanc couvert de tache noires, tel un danois arlequin.
— Dany ?
Le faucon se mit à écarquiller les yeux puis s'avança vers Harry.
— Alors toi aussi tu t'es transformé ? fit-il en versant une larme.
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