My Teacher
Auteur.e : Miss-Louis
Cliché traité : Relation prof/élève.
***
« Harry ! »
La voix de mon meilleur ami Zayn me tire de mon sommeil, partiellement agréable. À moitié avachis sur une table de cours, le sang ne circulant plus dans mes bras, il faut quand même avouer que le confort n'était pas optimal.
Je me redresse, les yeux plissés et en essayant d'arranger mes cheveux, je me tourne vers le pakistanais qui me lance un regard de reproche.
« Quoi ? je lui lance, amer.
- Tu ne devrais pas dormir, t'as déjà pris assez de retard comme ça. Ça serait vraiment con que tu t'en rajoute.
- Tu ne veux pas me lâcher la grappe un peu ? Ce n'est pas la mort non plus. »
Zayn claque son stylo sur son cahier et se tourne vers moi en se saisissant de mes bras. Je grogne, mais je sais qu'il fait ça pour avoir toute mon attention. J'hésite à lui dire que seulement la moitié de mon cerveau est concentré sur ses paroles, l'autre l'étant sur la douleur qui traverse mes bras.
« Harry ! Ressaisis-toi ! T'es un super élève, qui bosse dur, qui rend toujours un travail de qualité et qui comprend hyper vite. Je ne sais pas ce qu'il t'arrive en ce moment, mais le relâchement n'est pas bon ! »
Et au fond je sais qu'il a raison. Il a raison parce que si je veux valider mon année, il faut que je fournisse des efforts énormes, ce que j'ai fait depuis le début de l'année. Mais si mon esprit, à cette époque relativement récente, était majoritairement occupé par le travail et les révisions, maintenant il ne l'est plus.
Il est concentré par autre chose. Ou plutôt par quelqu'un. Des yeux bleus, des lèvres roses et fines, des cheveux bruns coiffés en une mèche, une voix douce mais éraillée. Cet homme est tout simplement magnifique ! En plus de sa beauté physique, il dégage une aura captivante, qui m'a hypnotisé dès l'instant où je l'ai vu.
Je ne me suis pas fait d'illusion, et par simple respect pour moi-même, j'ai préféré ne pas tourner autour du pot. J'ai eu le coup de foudre pour lui. Littéralement. Chaque fois que je le croise, mes yeux ne voient que lui, mes oreilles n'entendent que sa voix, et mon cœur ne bat que pour lui. J'ai d'ailleurs découvert qu'il pouvait battre vraiment rapidement et fort, tellement que j'ai cru que n'importe qui pourrait l'entendre. Généralement doté d'une grande confiance en moi, et donc la prise de parole ne me posant aucuns soucis, lui arrive à m'ôter les mots de la bouche rien qu'avec un simple regard.
Alors, vous me direz : mais l'amour c'est beau ! Oui, il est beau quand il y a un espoir qui y vit, quand une possibilité d'une réciprocité est envisageable. Mais quand on tombe amoureux de l'impossible, alors là c'est moins beau.
Je suis tombé amoureux de mon professeur de mathématiques, Monsieur Tomlinson. Jamais au grand jamais je ne pourrais avoir de relation avec lui ! Jamais ! C'est un professeur, certes jeune, mais qui enseigne à des centaines d'élèves, et qui n'a pas le droit d'avoir une relation avec l'un d'entre eux. Et ça me plombe. Parce que je sais que rien n'est concevable avec lui. Parce que jamais je n'aurais une relation différente de prof/élève. Et surtout parce qu'il a sa vie en dehors de l'établissement. Il a sans doute une copine, peut-être qu'il a des projets avec elle. Je ne sais même pas s'il est gay ! Tout ça, mis de bout en bout, c'est trop. C'est trop pour moi, et ça a inévitablement impacté mon travail.
Zayn resserre son étreinte autour de mes bras, ce qui me tire une grimace.
« Je t'en prie, n'y vois pas rouge. J'essaie simplement de t'aider, de te motiver, de te faire remonter la pente.
- C'est honorable Zayn, mais ça va aller ! » je rétorque sèchement.
Il ouvre la bouche pour me répondre quelque chose mais il est coupé par une autre voix, qui n'est autre que celle du professeur d'espagnol.
« Monsieur Malik et Monsieur Styles, est-ce que se ne serait trop vous demander de vous concentrer sur ce que je raconte ?
- Non, mais nous écoutions, répond Zayn en me lâchant et en se retournant correctement sur sa chaise.
- Et pour cela il est nécessaire que vous touchiez votre camarade ? »
Quelques abrutis rigolent, mais nous les ignorons. La prof se tourne vers moi et me lance un regard d'avertissement.
« Monsieur Styles, vous qui êtes en chute libre dans vos résultats, je vous déconseille de vous laisser distraire par votre camarade.
- Mais j'écoutais, j'affirme, suivant l'exemple de mon ami.
- Ah oui ? Et bien vous ne voyez pas de mal à ce que je vous demande de faire un exposé complet sur Salvador Allende ? Pour la semaine prochaine, bien entendu. »
Elle n'attend pas la réponse qu'elle détourne déjà le regard, satisfaite. Je me redresse et décide d'écouter les quinze dernières minutes de son cours, ronchonnant.
Un quart d'heure plus tard, la sonnerie retentit et Zayn et moi nous levons pour aller au cours suivant. En traversant le couloir pour rejoindre la prochaine salle de classe, un sourire se peint sur mon visage.
J'ai cours de mathématiques.
★
Comme à mon habitude, qui s'est installé depuis sa venue dans l'établissement, je n'ai rien suivi au cours. J'ai passé mon temps à regarder monsieur Tomlinson, en train de parler, de marcher, de démontrer, de rire. Mes yeux rivés sur ses lèvres pendant plus d'une heure, ça n'a pas échappé à Zayn.
Encore dans ma bulle, c'est Zayn qui, une nouvelle fois, m'en tire en me donnant un coup de coude dans les côtes. Je grogne et pose mon regard sur lui, déçu de lâcher du regard mon magnifique professeur.
« Il faut qu'on parle toi et moi » il me murmure discrètement à l'oreille.
Je hausse les épaules, et reporte mon regard sur Tomlinson. Phouaaa ! Qu'est-ce qu'il est sexy en plus de ça. Ses jambes sont moulées dans un slim noir et ses fesses... Il fait du sport, il n'en est pas possible autrement ! Son t-shirt à manches courtes laisse voir ses bras fins mais musclés et la forme de ses épaules qui est tout autant addictive à regarder que le reste de son corps.
À ma droite, je sens le regard de Zayn qui s'intensifie sur moi, et je sais qu'il commence à se douter de quelque chose. C'est sans doute de ça dont il veut me parler tout à l'heure.
« Bien ! continue Monsieur Tomlinson, c'est la fin du cours. Je vous ai noté toutes les choses à faire sur le site internet. Si jamais vous avez une question n'hésitez pas à m'envoyer un mail, j'y répondrai sans soucis. Et avant que vous ne partiez, Monsieur Styles, jamais m'entretenir avec vous. Les autres vous pouvez y aller. »
A l'entente de mon prénom, sortant de sa bouche, je me redresse, tous les sens en alerte. Je me moque de quoi il veut me parler, ce qui m'importe c'est que je vais rester seul avec lui pendant un instant et même si c'est pour me gronder, je serais tout de même aux anges !
Nous nous levons et rangeons nos affaires. Assis en fond de classe, Zayn et moi remontons l'allée et arrivés en son bout, Zayn se tourne vers moi.
« Je t'attend au self. Et après on parle. »
J'opine en soufflant, lui tape dans la main, et une fois qu'il disparaît et qu'il ne reste plus que moi comme élève dans la salle, je pivote et m'avance vers le bureau de Tomlinson après avoir déposé mon sac près de l'entrée. Il est debout en face de sa table et me souris. Il m'invite à m'assoir sur une chaise, en face de la sienne, puis s'assoit à son tour et me souris. Sa beauté me frappe encore de plein fouet, mais j'encaisse le coup, déjà beaucoup trop habitué.
« Désolé de prendre de ton temps mais j'avais vraiment besoin d'avoir cette discussion avec toi » il commence.
Je suis surpris par le ton léger qu'il emploi mais aussi par le tutoiement. Après tout, la différence d'âge ne doit pas être énorme et puis, ça me fait plaisir de me dire que je suis peut-être le seul élève qu'il tutoie.
« Oh... Euh... Non... Ce n'est pas grave, surtout si c'est important.
- Merci alors. Tu te doutes que je veux parler avec toi de ta baisse de niveaux ?
- Oui, je grogne.
- En salle des professeurs, j'entends mes collègues parler de toi et du fait qu'ils pensent que c'est à toi de te reprendre en main et même si je suis en parti d'accord avec eux, je veux quand-même te proposer mon aide.
- De ? je demande, abasourdi qu'il veuille me proposer une aide, même si je n'ai pas compris pourquoi.
- J'ai appris à te connaître un peu et je sais que tu es quelqu'un de sérieux. Alors par déduction, pour moi, tu as déjà essayé de te reprendre en main, mais tu n'as pas forcément réussi. Je me trompe ? »
Son ton est doux, tout comme son regard, et je sens mes joues s'enflammer. Mon cœur depuis le début de cette entrevue bat la chamade, mais je l'ignore à la perfection.
« Non, je réponds en le regardant timidement.
- Je suis décidé à ne pas te laisser tomber, et je veux faire tout mon possible. C'est pour ça que je pense que des cours de rattrapages seraient une option à envisager, surtout que je ne peux intervenir que dans ma matière. J'ai la possibilité de te faire remonter dans les mathématiques, alors je pense que c'est une opportunité qu'il ne faut pas manquer. »
Mon cœur s'accélère et l'idée d'avoir des cours en plus avec Tomlinson, et en plus face à face, sans les autres, me rend euphorique ! Je contiens malgré moi un sourire, et pris par ce soudain bonheur, je pose une question, que je regrette instantanément.
« Les cours seraient chez vous ?
- Non, rigole Tomlinson, non, ils auraient lieu ici, dans cette classe. Je pense que de dix-sept heure à dix-neuf heure c'est bien. Qu'en penses-tu ?
- Je... Je... Je pense que c'est bien. M-merci beaucoup monsieur...
- Je t'en prie, appelle moi Louis, juste quand on est tous les deux. »
Un doux frisson remonte le long de la colonne vertébrale. J'y crois pas. Je vais avoir le droit de le voir, tout seul, pendant deux heures et en plus, il veut que je l'appelle par son prénom ! Louis... Ça lui va bien. Je ne l'avais jamais entendu avant, bien que devant son nom de famille il y ait un «L».
« C'est d'accord, je réponds avec enthousiasme.
- Super ! il me sourit, on peut commencer aujourd'hui et ça peut être n'importe quand. Je suis libre tous les soirs de la semaine.
- Alors euh... Oui. On peut commencer aujourd'hui et se voir une fois sur deux ? »
J'aimerais le voir tous les soirs, mais je ne veux pas abuser non plus et surtout pas que je sois griller, même si ça m'étonnerait qu'il devine ce que j'éprouve pour lui.
« Marché conclut. À ce soir Harry. »
Je le salue et me lève. Je me dirige vers la sortie, me penche pour prendre mon sac et vais rejoindre Zayn qui m'attend, le sourire aux lèvres.
★
On a fini de manger et Zayn ne m'a pas encore dit pourquoi il voulait me parler. Il a attendu d'être dans un coin tranquille, c'est pour ça qu'il me tire dans un endroit reculé de la cour.
« Bon qu'est-ce qu'il y a Zayn ? je demande une fois qu'on est seul et qu'il me lâche.
- Ok, tu promets de me répondre sincèrement ? Si j'apprends que tu m'as menti ça va pas le faire. »
J'opine et le regarde, neutre.
« Est-ce que tu en pince pour le professeur Tomlinson ? »
Et voilà. Je m'en doutais. Je fais « oui » de la tête avant de baisser mon regard, mais mon ami m'incite à le regarder en claquant des doigts sous mon nez. Je relève la tête et le regarde une nouvelle fois, timide et hésitant.
« C'est pour ça que tu bosse plus du tout ?
- Oui... »
Il soupire et ferme les yeux un instant, puis en les rouvrant, il me sourit.
« Harry enfin ! Tu aurais dû me le dire ! Je suis pas ton ami pour rien... C'est quelque d'avoir des sentiments pour quelqu'un et c'est normal que ça t'occupe, mais si tu me l'avais dit plus tôt, on aurait pu éviter ta situation actuelle.
- Ça ne te dégoute pas ? je le questionne, ignorant son petit discours.
- Ça aurait pu me dégoûter si le prof avait soixante ans, mais c'est pas du tout le cas.
- De toute façon, il n'y a aucune chance pour que quelque chose se passe entre lui et moi, je grogne en fourrant mes mains dans les poches mon manteau.
- Dans ce cas-là, tu es aveugle. »
Je regarde plus attentivement Zayn qui me sourit de toute ses dents. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas.
« Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Harry ! s'impatiente Zayn, de un tu n'es pas discret parce que tu le mate ouvertement.
- Bah on est quarante dans la classe, ça m'étonnerait qu'il m'ait vu en train de le matter.
- Détrompe toi, je blêmis, il a vu que tu le mattais. Et puis de deux, tu es aveugle parce que tu n'as pas vu que lui aussi te reluquais un peu. Il est plus discret, mais il le fait. »
Mes joues s'empourprent et ma tête commence à tourner.
« Quand on est sorti du cours et qu'on a parlé devant la porte, il me rappelle, il t'as scanné les jambes et c'est pas impossible qu'il sois monté un poil plus haut ».
Je rougis vraiment et tente de refouler un sourire. Si ce que Zayn dit est vrai, ça veut dire qu'il a une sorte d'attention sur moi et ça ravive un peu mon espoir.
Zayn pouffe en me voyant silencieux, simplement arborant un sourire satisfait. Puis il me demande pourquoi Tomlinson voulait me parler et je lui raconte tout ce qu'il c'est passé.
« Je ne suis pas contre l'idée que tu prenne des cours de rattrapage mais seulement si tu ne te laisse m'as déconcentré par la présence de Tomlinson compris ? »
Un vrai papa celui là. Je rigole, le rassure, puis on pars vers notre prochaine salle de cours. Je suis vraiment content que Zayn prenne bien ma situation et qu'il, en plus de ça, me dit des choses qui me rendent joyeux. Je sais qu'il ne ment pas, et ça ne peut que le rendre euphorique.
★
Le temps est passé incroyablement normalement, ce qui était vraiment chiant. Quand je ne regardais pas la montre, je me disais que cinq minutes devaient être passées depuis que je l'avais regardé, et quand je vérifiais, c'était vrai. Pas une seule fois, je me suis trompé. Mais je ne me pleins pas puisque les cours sont fini et que enfin, je vais pouvoir avoir mon moment avec Monsieur Tomlinson. Zayn, avant de partir, m'a souhaité bon courage avec un sourire un peu pervers, ce qui m'a mis des idées en tête, mais je les ai très vite chassées.
Je suis devant sa salle de cours, la main levée, prêt à toquer, mais je n'y arrive pas. Les couloirs sont vides, je n'entend que le "tic tac" d'une horloge qui ne se trouve pas loin de moi, et je trouve que ce silence est pesant. Je souffle un bon coup, prend mon courage à deux mains et m'apprête à toquer. Mais avant même que j'atteigne la porte, celle-ci s'ouvre en grand et mon poing vient se ficher sur un torse. Je sursaute quand je sens la surface chaude sur ma peau, mais son rire à me détendre.
« Dé-désolé, je marmonne en baissant le regard, gêné et en ramenant mon poing vers moi.
- C'est rien, m'assure Tomlinson en s'écartant pour me laisser entrer, c'est de ma faute, j'ai cru entendre un bruit et je suis venu pour vérifier. Bon ! Tu as tes affaires ? »
J'acquiesce et m'installe sur une table, en déposant mon sac au sol et en sortant une trousse, un cahier et un manuel. Le dieu qui me sert de prof me rejoins avec une chaise et s'installe en face moi. La table étant petite, je sens sa jambe frôler la mienne, et ma respiration se coupe immédiatement.
« Ça va ?
- Oui monsieur, je suis juste un peu stressé, je répond précipitamment.
- Louis. Appelle-moi Louis. »
Son sourire est radieux et les petites ridules qui se forment aux coins de ses yeux me font fondre.
« Bien, je pense qu'on va reprendre cinq chapitres en arrière puisque c'est là, il me semble, que tu as commencé à décrocher. »
J'acquiesce et me penche pour pouvoir écouter, sachant d'avance que ça va être difficile.
★
« Harry... Concentre-toi.
- Mais j'essaie, je grommelle.
- Eh bah essaie plus, je t'en prie. »
Énervé, j'abats mon crayon sur ma table d'un coup sec et me recule sur ma chaise en croisant mes bras sur mon torse. J'en ai marre. Je suis supposé rattraper mon retard, mais je n'y arrive pas. Et c'est de la faute de mon prof, alors qu'il est censé m'aider. Mais il ne peut pas le savoir et dans un certain sens, ce n'est pas de sa faute si c'est de sa faute. Louis souffle et me regarde tendrement, ce qui accélère une fois de plus les battements de mon cœur.
« Bon, on fait une pause » il annonce.
Il se lève, prend le dossier de sa chaise entre ses doigts et la soulève avant de la déposer à coté de la mienne. Il s'y assois et me demande de me tourner vers lui. Il croise ses doigts sur ses genoux et me tend un sourire qui me- enfin bref. Il me sourit et ça me tourmente.
« Harry, tu n'est pas concentré, mais essaie de savoir pourquoi... » il dit doucement en se penchant et en me regardant par en-dessous.
Je fais mine de réfléchir, mais je n'en ai pas besoin.
« Est-ce que ça se passe bien chez toi ? Avec tes parents, tes frères et sœurs si tu en as ?
- Je vis seul, ma famille m'a payé un appartement pour que je puisse venir étudier ici.
- Très bien, alors euh... est-ce que c'est... une dispute avec un ami ? Ou alors le cadre qui ne te plait plus, ou même ton orientation qui n'est plus à ton goût ?
- Non.
- Une peine de cœur ? »
Je relève mon regard vers lui, apeuré. Mais je me ressaisis parce que jamais il ne se doutera de quoi que se soit. Je me contente d'opiner. Il soupire, un petit sourire ce dessinant sur ses lèvres. Je prend légèrement mal le fait qu'il puisse se moquer de moi, mais je plonge dans son regard et ce sentiment d'être vexé disparaît.
« Je ne suis pas un expert en la matière mais... Si parler à la personne concernée peux te faire du bien, alors tu devrai le faire. Je pense même que c'est le seul moyen de se débarrasser de tout tes tourments. Elle est dans ta classe ?
- Non. Il n'est pas dans ma classe. »
Ses yeux s'écarquillent légèrement et je comprends. Qu'est-ce qu'il m'a pris de dire une chose pareil ? Maintenant ça va être gênant et je vais avoir encore plus envie de mourir.
« Bon o-on... On reprend ?
- Ouais carrément ! »
Et au moment où il se lève pour se rassoir en face de moi, avant qu'il ne tourne sa tête - j'en mettrais ma main à couper - je vois un sourire se dessiner sur son visage.
★
Nos cours se sont enchainés, et j'ai remarqué, pour mon plus grand bonheur, qu'un rapprochement s'est fait. J'ai tout d'abord pu réussir l'appeler Louis, que lorsqu'on est tout les deux.
Ensuite, le rapprochement était surtout physique. Quand je finissais un exercice, au lieu de retourner la feuille de son côté pour qu'il puisse voir, il a commencé à se lever et à regarder par dessus mon épaule, presque en collant son torse sur mon dos. Cette proximité et sa chaleur m'a à chaque fois fait perdre mes moyens, et j'ai juré avoir entendu Louis en pouffer à plusieurs reprises. Zayn est bien sûr au courant, et même s'il s'inquiète, il me montre qu'il est content pour moi. Après le premier cours avec Louis qui était désastreux, j'ai ensuite réussi à me reprendre en main et mes progrès son phénoménales. Mes notes sont redevenues ce qu'elle était avant et en plus de ça, celle des autres matières aussi. Louis m'a rapporté que tout ses collègues étaient en colère contre lui, puisque c'est lui qui en est le responsable et qu'ils sont jaloux. Ça l'a bien fait rire, et moi j'ai profité de ce doux son.
Je commence à croire de plus en plus que quelque chose est possible, qu'il soit intéressé par moi, puisque pendant le cours normaux, il lui arrive de me jeter un clin d'œil, ou de me sourire. Mais je me méfie, parce que je ne veux pas trop que mes attentes soient élevées. Je veux que, si je chute, ça ne soit pas trop douloureux.
Et ça a légèrement été le cas. Un soir, alors que j'étais devant la porte de la classe, j'ai toqué. Et personne n'a répondu. J'ai attendu un quart d'heure en insistant bien, mais la porte ne s'ouvrait pas. Et même si je sais que ce n'était pas une attaque personnel, j'ai eu mal. J'ai eu mal parce que je n'avais pas été prévenus, parce que même si nous n'avons pas les numéros de téléphone de chacun, il aurait pu me prévenir en venant me chercher ou en faisant passer un message par un élève ou un prof.
Le pire, c'est que ce n'est pas arrivé une fois, mais que ça c'est étalé sur un mois entier. Louis à disparu pendant trente jours des radars. Et je n'étais pas au courant. Alors j'étais triste et mes notes ont re-chutés.
Zayn a essayé de faire quelque chose pour moi, mais il n'a pas réussi. Seul le souvenir des yeux bleus de Louis me hantait.
★
Je sors des cours, aux côtés de Zayn. Comme d'habitude, il me raconte comment il pense approcher Niall et comme d'habitude, je ne l'écoute pas. Ce n'est pas parce que j'en ai rien à faire, non. Au contraire je suis hyper content qu'il soit tomber amoureux et qu'il ait des chances avec lui. Mais je suis juste préoccupé par autre chose. Et son histoire à lui me rappelle à quel point mon crush à moi ne sera jamais dans ma vie autrement qu'en tant que mon professeur. Un professeur fantôme en plus de ça.
On descend une volée de marche et continue notre chemin, lui toujours en train de me parler. Mais une voix crie mon prénom, une voix que je connais bien, même si ça fait cinq semaines que je ne l'ai pas entendu.
« Harry ! »
On s'arrête et se retourne pour voir Louis qui trottine vers nous. Il est toujours aussi beau, il n'a pas changé d'un poil. Ses yeux, ses lèves, sa mâchoire, son grain de peau, sa barbe de trois jours, sa voix, son intonation, tout est pareil et tout est toujours aussi séduisant.
« Bon je te laisse, me chuchote Zayn à l'oreille, on se voit demain. »
Je lui murmure un petit "ouais" et reste planté où je suis alors qu'il s'en va. Je suis très tenté par l'idée de tourner les talons et de partir seul chez moi, mais je ne veux pas faire une scène devant l'établissement, surtout qu'il y a encore plein d'étudiant.
Quand Louis arrive à ma hauteur, il me sourit, mais voyant que je ne lui répond pas et que j'ai l'air agacé, il reprend un expression neutre. Puis il souffle et place ses mains dans ses poches.
« Laisse-moi t'expliquer.
- Je n'attends que ça » je répond sèchement.
Il piétine sur place et reste la bouche fermée. Qu'est-ce qu'il attend pour me parler et me dire pourquoi il était absent pendant un mois sans me donner de nouvelles ?
« Pas ici, il souffle, de la buée sortant de sa bouche.
- Où voulez-vous qu'on aille ? je réplique en roulant des yeux.
- Chez moi. Ne t'en fais pas, je te ramènerai chez toi ensuite, en voiture. »
J'hésite un quart de seconde, puis quand il se tourne pour partir vers - je suppose - sa voiture, je le suis.
Nous marchons une minute jusqu'au parking, ignorant le regard interrogateur de certains élèves, et arrivons devant sa voiture. Il m'ouvre la portière, je grimpe dans l'habitacle et attend patiemment qu'il vienne s'assoir à son tour. ne fois correctement installé sur son siège, il ajuste le chauffage, puis démarre sa voiture. Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais pendant le trajet, j'essaie de mémoriser quelle route il emprunte. Cependant, j'abandonne rapidement, le nombre de rue que nous traversons devenant beaucoup trop.
Au bout de trente minutes de trajet dans le silence le plus absolu, il se gare dans une rue assez mignonne et coupe le moteur. Il me regarde et pince ses lèvres, geste qui ne m'échappe pas et qui me tord l'estomac. Mon regard reste bloqué dessus, et quand il relâche ses lèvres, sa langue passe sur celle du bas. Oh-mon-dieu ! Je ne sais pas si c'était volontaire ou non, mais ça me fait de l'effet, et même un peu trop. Je suis obligé de me mordre la lèvre pour ne pas sourire, ou couiner. Finalement il bouge et ouvre la portière, ce qui me sors de mes pensées.
En arrivant dans son appartement, je prend un temps pour l'observer, mettant de côté mes sentiments et les battements de mon cœur qui ne cessent de s'accélérer depuis qu'on est dans sa voiture.
La porte d'entrée mène directement sur un petit salon, chaleureux et convivial. Le canapé est jonché de coussins et d'une couverture qui m'a l'air bien chaude. Sur la table basse devant, sont éparpillés quelques feuilles et une tasse. Le sol est fait entièrement en parquet, et les murs, de couleur neutre sont décorés de cadres et de tableaux. Derrière le canapé se trouve une table à manger et encore juste à côté, se trouve la cuisine, séparé par un petit comptoir. Je vois ensuite trois autres portes de part et d'autre de la pièce principale. Elles mènent sans doute vers des chambres et une salle de bain.
Louis se glisse devant moi et dépose ses clés dans un bol, posé sur une commode, à côté de la porte. Il me sourit, enlève son manteau qu'il dépose sur un porte-manteau et tends ses bras vers moi pour que je lui donne le mien. Je l'enlève maladroitement et décide de sortir de ma pseudo léthargie. J'avance et continue de regarder un peu autour de moi. C'est peut-être con, mais ce qui attire le plus ma curiosité, ce sont les photos placardées aux murs, ou posées sur un support, encadrées et inclinées. Je n'ose pas trop regarder, mais je vois beaucoup de photos de Louis avec des filles, et je ne peux m'empêcher de me dire que l'une d'elle est sans doute sa copine. Certaines sont trop âgés ou trop jeunes, elles sont forcément juste des amies ou des membres de sa famille. Je vois aussi une photo qu'il a prise avec un homme. Ils tirent tout les deux la langue et louchent, ce qui me fait sourire.
« C'est Liam, mon meilleur ami. »
Je sursaute en voyant Louis juste derrière moi, les bras croisés et un sourire peint sur le visage.
« Vous avez l'air de bien vous entendre... je murmure en baissant la tête, gêné d'avoir été surpris en train d'observer les photos.
- Oui en effet, il rigole, on se connait depuis le bac à sable. »
Je ferme les yeux et profite du son de son rire. Je l'imagine, lui, petit, jouant avec un autre petit garçon. C'est trop mignon !
Puis je me rends compte que son odeur est partout autour de moi. Mon ventre se resserre et mon cœur me donne l'impression qu'il va sortir de ma poitrine.
Louis pouffe une dernière fois et se détourne en allant dans sa petite cuisine.
« Assieds-toi, je vais préparer quelque chose de chaud à boire. Un thé ? Un café ? Une tisane ?
- Euh... Un thé s'il vous plaît... »
Je n'ose pas refuser mais sa gentillesse me perfore le cœur. Comment peut-on être aussi attentionné ? Je m'assois sur son canapé, droit comme un pique. Il revient quelques instants plus tard et me tend une tasse rempli de thé chaud. Je le garde entre mes deux mains, laissant la chaleur se propager sur ma peau et souffle un peu sur le liquide pour le refroidir. Louis lui boit directement et pose la tasse sur sa table basse et en rangeant rapidement ces papiers sur le côté, avec la tasse vide.
Puis il soupire, brisant le silence qui régnait dans la pièce.
« Je suis désolé Harry... il souffle enfin, mais j'avais des problèmes important à régler.
- Et vous n'avez pas pu me prévenir ? j'interroge, mon ton plus sec que je ne l'aurais voulu.
- Je trouvais ça déplacé de demander à un autre professeur de ne prévenir que toi pour mon absence.
- Oui mais moi j'ai des cours particuliers avec vous, et la moindre des choses aurait été de m'avertir, au lieu de me faire poireauter quinze minutes pendant une semaine. »
Je sais que c'est normal s'il avait des problèmes, mais ma réaction n'est pas objective. Louis souffle une nouvelle fois, plus comme un signe d'impuissance que d'énervement. Il se tourne vers moi et me scrute, les yeux brillants.
« Lottie avait des problèmes, et j'ai dû m'occuper d'elle. Ce n'était pas des choses qu'elle pouvait gérer seule. Mais maintenant ça va mieux et... je suis de retour. Le remplaçant n'était pas trop pénible ? J'ai entendu dire qu'il était très sévère et peu aimable.
- Ça va, je grogne, me focalisant seulement sur la première partie de ce qu'il a dit, qui est Lottie ? Votre copine ?
- Non, il rigole, faisant apparaître ses ridules aux coins des yeux, c'est ma sœur.
- Oh... »
Un nouveau silence s'installe, où nous nous fixons. Ses yeux brillent de plus en plus, et sont couverts d'un voile sombre.
« Je suis désolé Harry, de ne pas t'avoir prévenu... Vraiment je tiens à toi et je- »
Il s'arrête en plein milieu de sa phrase, écarquillant les yeux, toujours en me fixant. I-il tient à moi ? Je souris et baisse la tête pour pas qu'il ne voit mon visage.
« Moi aussi je tiens à vous » je dit presque dans un souffle.
Le silence devient pesant et je note que nos corps sont rapprochés. Nos genoux se frôlent presque et j'ai une terrible envie de réduire l'espace qu'il y a entre nous pour lui sauter dessus. C'est la première que je le pense aussi explicitement et ça me fait rougir.
« Q-qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ? » il me demande, hésitant.
M'embrasser !
Je tourne la tête vers lui et balaie son visage de mes yeux. Je traîne un peu trop longtemps sur ses lèvres roses et entrouvertes avant de me ressaisir. Je ne sais pas ce qu'il pourrait faire pour se faire pardonner autre que ma pensée précédente. La seule chose décente qui me vient en tête c'est...
« Faite moi cours. Maintenant. »
Il rigole et secoue sa tête.
« Je pense que c'est dans mes cordes, il pouffe, ses yeux pétillants sur moi, tu as tes affaires ? »
J'opine et me lève pour aller chercher un cahier et un stylo. Dos à lui, je sens son regard brûlant. Je fais de mon mieux pour ne pas faire de boulettes et reviens avec en main de quoi écrire.
Je m'assois et me tourne vers Louis. Il a enlevé ses chaussures et est assis en tailleur. Je fait de même après lui avoir envoyé un regard interrogateur auquel il a répondu positivement d'un signe de tête.
J'ouvre mon cahier et il le prend pour voir où nous nous étions arrêté. Je le vois sourire, puis il relève la tête vers moi.
« Bon, on va attaquer le chapitre le plus compliqué. Tu te sens d'attaque ? »
Je plonge dans son regard et ça m'en retourne le ventre. Une lueur de malice et de défis anime ses orbes. Je ne peux m'empêcher d'afficher un grand sourire face à ce spectacle.
« Plus que jamais » je réponds en un murmure.
★
Une semaine est passée. Louis est revenu et embellit mes journées devenues trop monotones sans sa présence. La relation entre lui et moi a encore changée. Il m'appelle toujours Harry quand nous sommes seuls et me tutoie, et moi je l'appelle toujours Louis et le vouvoie, mais il me prend de plus en plus à part dès qu'on se croise. Il fait semblant d'être mécontentement et de me sermonner par rapport à une irrégularité à venir à ses cours particuliers, mais une fois qu'on est seul, il cesse son jeu. Il me demande comment se passe ma journée, mon weekend si on est un lundi, ou ma semaine si on est un vendredi.
Mais on approfondit plus cette discussion quand je vais chez lui. Parce que oui, maintenant les cours supplémentaires ont lieux chez lui. On reste environ un quart d'heure dans l'école, attendant que plus aucun étudiant n'y sois, puis on trace chez lui en voiture.
Il me donne des exercices, mais il arrive qu'on oubli qu'on est supposé me faire rattraper et on parle. On parle de tout et n'importe quoi. Il m'a raconté sa vie au sein d'une famille essentiellement féminine. Je lui parle de mon unique sœur, de ma mère, de ma passion pour le chant. Il a voulu que je chante, mais j'ai refusé catégoriquement. Il a alors affiché une mine renfrogné et ça m'a fait presque perdre la raison. Je me suis penché pour faire je-ne-sais-quoi, mais j'ai du faire preuve d'un énorme self contrôle. Ce geste ne lui a malheureusement pas échappé, parce que son regard à légèrement changé. Je ne serai pas dire si c'était positif ou négatif, mais ce qui est sûr c'est que ça me trotte dans la tête depuis.
Zayn me bassine toujours avec Niall et étant donné que j'ai retrouvé Louis, je l'écoute un peu plus. J'essaie même de lui donner des conseils, même si je ne suis pas le mieux placé.
« Tu devrais essayer de le coincer dans un endroit sombre. Peut-être qu'il aime ce genre de délire » je lui ai lancé sur un ton neutre.
Il m'a regardé avec un air de dégoût, puis a entamé un monologue sur comment Niall est quelqu'un de pur et que la couleur de ses yeux et de ses cheveux en sont la preuve. Je n'ai pas cherché à le contredire.
★
Louis m'a donné un exercice. Il est long mais comme il m'a expliqué les formules juste avant, je ne rencontre aucune difficulté. Nous sommes assis sur son canapé, en tailleur, nos tasses de thés fumantes sur la table basse.
Je mordille mon crayon en bloquant pour la première fois sur une étape, et la sensation que Louis me fixe ne m'aide pas. Je lève les yeux vers lui, le regardant par en dessous. Mon cœur s'accélère quand je vois que j'avais raison et qu'il me regarde.
Je me redresse et souffle en posant mon crayon sur la pliure du cahier.
« Tu bloques ?
- Oui.
- On fait un pause ?
- Oui. »
Il hoche sa tête et se penche pour prendre nos tasses. Il me la tend et quand je la prends dans mes mains, je sens sa peau sous mes doigts. Je déglutis avec difficulté et tire la tasse vers moi. Je prends une gorgée et soupire à la sensation du liquide chaud qui descend dans ma gorge. Y a pas à dire, avec le froid de canard qu'il fait dehors, un thé est la chose la plus agréable qu'il soit.
Louis m'observe et rigole.
« Est-ce que... il hasarde, est-ce que ça c'est arrangé avec le garçon qui te tourmente le cœur ? »
Je ne réponds pas tout de suite. Je ne m'attendais pas à ce qu'il pose cette question, mais ça me fait plaisir. J'ai l'impression qu'il s'inquiète pour moi. Ce qui est peut-être le cas.
« Hum... Je dirais que oui... Mais il n'a pas l'air de se rendre compte que je... je... que je m'intéresse à lui. »
Il acquiesce et continue de me regarder avec insistance. Aujourd'hui la conversation ne se fait pas trop, c'est plus le silence et le jeux de regard. J'ai d'ailleurs beaucoup observé Louis et j'ai remarqué qu'il avait un tique. Un tique qui me tord le bas du ventre. Celui de se passer la langue sur la lèvre du bas et de se les pincer. Bizarrement, quand je l'ai dit à Zayn - oui je lui dis presque tout sauf le contenu de mes rêves où se trouve Louis - il m'a fait remarquer qu'il ne le faisait jamais en cours. Et c'est vrai. Les seules fois où il a ce tique c'est quand on est simplement tous les deux. Et ça, ça a fini de me perdre. Je suis partagé entre l'idée que Louis s'intéresse un peu plus que ça à moi, et celle qu'il s'est simplement attaché à moi parce que je passe plus de temps avec lui et que si ça avait été un autre, ça aurait été la même chose pour cette personne.
« J'ai une question Louis... je dis pas sûr de ce que je suis en train de faire.
- Oui, je t'écoute, il me répond en se redressant, comme pour être plus à l'écoute.
- Est-ce que... est-ce que vous... vous êtes gay ? »
Silence. Dans ma tête j'entends le corbeau qui passe au dessus de moi et dont son chant est le seul bruit que l'on perçoit.
Il casse le moment en me souriant. Un sourire radieux qui dévoile ses dents blanches et alignés. Il sait faire autre chose que sourire ?
« Tu te poses des questions sur ta sexualité ?
- Pas spécialement. Juste, répondez à la question...
- Oui Harry. Je suis gay. »
Je secoue mes épaules et je sens en moi un poids qui se relâche. Il est gay. Il est gay et il est quand même vachement proche de moi. Je retiens avec beaucoup de peine un sourire et me contente de hocher la tête.
« Et est-ce que...
- Harry, je préférerais ne pas m'étendre sur le sujet... il me coupe avec un tendre sourire mais avec fermeté.
- Oh très bien. »
D'accord. Je récapitule. Il est gay et il a beau être proche de moi, il n'a aucune attirance pour moi. Il ne veut pas me parler plus que ça parce qu'il est gêné et parce qu'il ne parlera pas de quelque chose de si intime avec quelqu'un qui est simplement son élève qui a du retard et qui lui gâche une soirée sur deux.
Ça y est. Je me suis monté la tête contre lui en même pas une minute.
Je me lève, enfile mes chaussures que j'ai laissé au pied du canapé puis me lève et vais ranger mon cahier et ma trousse dans mon sac avant de le refermer. Pendant que j'enfile mon manteau, Louis se lève précipitamment et me rejoins.
« Harry ? Ça va ? Qu'est-ce que tu fais ? »
Je referme mon manteau, balance mon sac sur mon épaule et pars vers la porte d'entrée. Avant d'actionner la poignée pour sortir, je me retourne et regarde Louis. Il est paniqué et il ne comprend pas. Il doit certainement se demander ce qu'il a fait et si j'étais lui, j'aurais été dans le même état.
« Vous êtes un bon prof, mais vous avez fait une grosse connerie en me faisant croire que j'avais une chance. »
J'ouvre la porte et pars sans un mot. J'entends l'appel de Louis mais il s'étouffe bien vite derrière le panneau de bois qui claque et par la distance que j'installe en me ruant dans les escaliers.
Bien vite je me retrouve dans la rue et j'entends une voix qui me retourne le cœur, qui provient d'un peu plus loin et un peu plus haut. Louis est à la fenêtre de son salon...
« Harry reviens de suite ! Je t'interdis de rentrer seul chez toi. »
Je comprends. Je suis sous la responsabilité de Louis et il compte sur moi pour que je le laisse me raccompagner et que si quelque chose de grave arrive, la faute sera jeté sur lui. Mais rester une seconde de plus au côté de la personne que j'aime comme un fou alors que lui non, ça m'est impossible.
Je pensais que nos rendez-vous mèneraient à quelque chose mais je me suis fait trop d'idées. Il est professeur et a presque dix ans de plus que moi. Je ne suis qu'un élève, idiot, amoureux qui ne pense qu'à sa gueule. Comment j'ai pu me bercer tout seul de ces douces illusions ?
Seul, dans la nuit qui m'entoure, je marche jusqu'à chez moi pendant près d'une heure, le visage baigné de larme.
★
Le weekend est passé et je n'ai plus entendu parler de Louis. En même temps c'est normal, le soir où je suis parti en catastrophe était un vendredi, et que nous n'avons aucun moyen de nous contacter. Pendant ces deux jours, je n'ai eu aucun regret pour mes actes, mais maintenant que je sais que j'ai encore dix minutes devant moi avant d'être seul avec Louis, j'ai peur. Je me dis qu'il va me gronder, qu'il va vouloir arrêter les cours avec moi et c'est peut-être la dernière chose que je veux.
Je me rappelle les paroles de Zayn, quand je lui ai tout raconté. « Abruti ! Il t'a dit qu'il tient à toi, il est proche de toi, vous allez chez lui pour les cours particuliers, il veut que tu l'appelles par son prénom et il fait de même pour toi en plus de te tutoyer. Abruti ! Il est gay en plus de ça ! Abruti !».
J'ai arrêté de compter le nombre de fois où il m'a traité d'abruti.
Mes pas résonnent dans le couloir vide. Je marche lentement vers la salle de cours de mon professeur avec une lassitude déconcertante. Quand j'arrive devant la porte, je souffle, puis je l'ouvre. Je reste immobile mais mes yeux le cherchent ; et le trouvent sans problème. Il est debout devant son bureau, en train de mettre son manteau. Son regard est neutre et je me demande vraiment s'il va me gronder. Ça serait vraiment bizarre en sachant qu'il pourrait être un ami. Je m'avance et baisse la tête quand j'arrive à son niveau.
« J-je suis d-désolé... » je bafouille.
Je relève ma tête vers lui et l'observe. Il n'affiche toujours rien, puis brusquement, il soupire.
« C'est pas grave Harry, par contre je vais te demander deux choses.
- Oui ? je demande timidement.
- Un, tu ne vas plus jamais recommencer ça.
- D'accord.
- Deux, parle. Parle à ta famille, à un psy, un ami ou même à moi, mais parle. Il y a quelque chose qui te chiffonne et je veux vraiment que tu règle le problème. »
Ce qui me chiffonne c'est que entre ce qu'il se passe dans mon cerveau, ce que vous faite et ce que me dit mon abruti de meilleur ami, je ne sais plus quoi faire, quoi penser, quoi dire.
Il soupire encore une fois, puis me souris. Je deviens de plus en plus sensible à son charme et c'est pour ça que mes joues deviennent de plus en plus rouges à chaque fois qu'il me fait rougir. Ça en devient disproportionner.
« Pourquoi tu rougis ? il me demande avec un sourire qui me fend le cœur pour la énième fois.
- P-parce que je n'aime pas me faire sermonner. D'ailleurs si on pouvait passer à autre chose et aller chez vous pour faire cours, ça m'arrangerai.
- D'accord, d'accord, il rigole, je ne t'avais jamais vu aussi pressé bouclette. »
Bouclette.
★
Il rigole à gorge déployée, alors que moi je fais la tête. Mes cours n'ont même pas été ouverts, même s'ils sont simplement posés sur la table basse de son salon. Je viens de lui raconter la fois où j'ai déchiré les robes de ma sœur et même s'il y avait du regret dans ma voix, lui n'a pas pu s'empêcher de rire.
« Tu était un vrai petit démon ! il s'esclaffe en continuant de rire.
- Hey ! je m'offusque, je suis sûr que vous aussi vous étiez impertinent quand vous étiez gosse !
- Moi ? Jamais ! La pire chose que j'ai pu faire c'était foutre le feu à la maison en essayant de cuisiner. »
C'est à mon tour d'éclater de rire.
« C'était il y a quatre mois, pendant les vacances si je me souviens bien » il ajoute en me regardant timidement.
Mon fou rire redouble à l'image d'un Louis adulte qui prend le risque de brûler sa maison. Quand je me calme, je vois qu'il m'observe et que ça doit faire un bout de temps que ça dure. Je m'empourpre et baisse la tête.
« On t'a déjà dit que tu avais une belle voix ? il dit en me fixant dans le blanc des yeux.
- Hum non... Pas vraiment... Sauf peut être mon professeur de chant mais je ne prête pas trop attention à ce qu'on dit sur moi.
- C'est dommage... il murmure, ça fait du bien d'entendre des choses positives venant d'autres personnes...
- Je ne suis pas sûr que ce soit le cas... je rétorque avant de me pincer les lèvres.
- Tu te trompes... »
Nous continuons de nous regarder quand soudain je lâche :
« Il neige.
- Hein ? Comment tu peux le savoir ? Tu es dos à la fenêtre.
- Allez voir » je lui propose simplement avec un sourire en coin.
Il se lève en fronçant les sourcils. Je le suis jusqu'à sa fenêtre et quand il écarte le rideau d'une main, je souris. Doux, délicats, fragiles, les flocons tombent et se pose avec une délicatesse infinie sur les toits des maisons, sur la route et sur les voitures. Je contemple ce spectacle un instant puis tourne ma tête vers Louis. Il me regarde avec des yeux qui brillent de mille feux. Tout mon corps se réchauffe.
« - Comment tu as su ? il chuchote.
- Intuition ».
On est tous les deux à côté, en train d'observer le froid s'installer de plus en plus sur la ville. Puis je sens sa main frôler la mienne, alors je tourne ma tête soudainement vers lui. Sa bouche s'entrouvre, laissant passer un petit filet d'air qui s'échoue sur mon visage.
« - Reste ce soir... il me prie délicatement.
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bo- »
Je m'arrête de parler quand la main de Louis se glisse dans la mienne, chaude et douce, apaisant les battements de mon cœur de manière brusque. Il la serre et me regarde intensément. J'ai l'impression de vaciller sous son regard, j'ai l'impression de tomber. De tomber pour lui. Encore plus qu'avant. Je me tourne un peu plus vers lui quand son autre main vient caresser ma joue, avec délicatesse. Il me supplie du regard et j'y lis qu'il n'a pas la force d'insister, mais qu'il y tiens vraiment. Alors...
« D'accord. »
Il sourit satisfait et desserre son emprise sur ma main. Ses doigts quittent ma joue, puis il se retourne et pars vers ça cuisine.
« Je vais tenter de cuisiner quelque chose, » il m'annonce en pouffant.
★
L'atmosphère est pesante. Je suis au fourneau après que Louis ait tenté de cuire des pâtes et qu'elles aient cramé. J'ai pris la relève et depuis ce moment là, il ne me lâche pas du regard. Je sens ses yeux qui scannent mon dos du comptoir où il est accoudé. De l'autre côté, je remue les pâtes dans l'eau pour qu'elles n'accrochent pas au fond de la casserole. Je repense encore à la main de Louis sur la mienne et sur ma joue et - évidemment - je sens mes joues chauffer. Depuis, j'angoisse. J'ai peur de faire une bourde, de casser un truc, de dire une connerie. Mon cœur qui bat la chamade n'arrange pas mon cas et mes mains tremblantes non plus.
Finalement quand le repas est prêt, je vide l'eau et rajoute aux pâtes du pesto. Je me retourne la casserole dans les mains et contourne le comptoir pour la poser sur la table. Le couvert est déjà dressé, alors on s'assoit tout les deux directement. Louis nous sers des pâtes, me souhaite bon appétit et commence à manger.
Pour je ne sais quelle raison, je suis figé. Peut-être parce que je réalise que je suis chez Louis et que je mange à sa table ou peut-être parce que j'ai l'intime conviction que quelque chose va se passer. C'est possible.
J'ai de plus en plus l'impression que mes sentiments pour Louis sont réciproques. Le geste d'avant et tout les moments ambiguës en sont une preuve. Il faut absolument que j'en ai le cœur net, mais comment ?
Tout en réfléchissant, je prends la fourchette et commence à y enrouler les spaghettis avant de mettre la portion dans ma bouche et de mâcher. Le silence qui règne est pesant et ça s'ajoute à mon stress. Je me demande comment j'arrive à avaler parce que mon ventre est incroyablement noué.
Puis une idée me vient en tête. Une idée folle que jamais je n'aurais pensé faire. Depuis le début du repas, le genoux droit de Louis est collé au mien. Je pince mes lèvres et continue de manger. Je décale cependant mon pied vers le sien et commence à le caresser. Louis se tend, en face de moi. Ça me fait sourire alors je suis obligé de pencher ma tête sur mon assiette. Doucement je continue ce que j'ai commencé et contrairement à ce que j'ai pu penser, une fois lancé, ça va tout seul. Mon pied est au niveau de son genou et exerce de petites pressions.
Louis ne m'a pas jeté ou quoi que se soit, et sa respiration a même changée. Elle est devenue plus lourde, saccadée. Ces gestes sont aussi beaucoup plus lents et je sens qu'il a du mal à manger. Je pense que dans ma tête, mon cerveau commence à enregistrer que Louis et moi sommes dans la même situation vis à vis de l'autre et si avant j'étais trop timide et con pour rester comme un poisson sans agir, maintenant ça va changer. Je ne suis pas un pro de la séduction, mais je vais bien trouver des trucs pour le pousser à bout.
Mon pied remonte jusqu'à sa cuisse et je sens sous mes orteils ses muscles se contracter. Je passe au dessus de sa cuisse et pendant que je fini ma dernière bouchée de pâtes et que je pose mes couverts sur le côté, je passe à l'intérieur. Il se tend encore plus, ça mâchoire se contracte et sa fourchette lui échappe des doigts, rebondissant sur son plat.
« Ça va ? » je demande innocemment en retirant mon pied en traçant une ligne le long de sa jambe.
Il ne me répond pas et alors que son regard était figé sur la table, il relève la tête et pose ses yeux sur moi. Ils ne sont plus bleus azur comme j'en avais l'habitude mais noir intense. Je discerne simplement une fine ligne bleu autour de sa pupille dilatée et c'est ce que fini de me rassurer.
Il opine en avalant sa salive avec difficulté, puis je me lève et prends son assiette en la plaçant au-dessus de la mienne. Je sens son regard toujours aussi brûlant sur moi, mais je m'en contre fous et pars dans sa cuisine pour placer les restes dans une boîte et mettre les assiettes et couverts dans le lave-vaisselle. Je ne sais pas d'où j'ai trouvé cette confiance mais ça me plaît, et je me sens capable de tout. Finalement, j'avais besoin d'un coup de pied au cul et je suis fier que ce soit moi-même qui me le soit mis.
Quand je me retourne, Louis est toujours assis, le dos de sa main couvrant sa bouche et les yeux fermés. Je me rassois en face de lui et l'observe en me pinçant les lèvres. J'ai tout à coup peur d'y être allé un peu trop fort. Mais il ouvre les yeux et écarte sa main de sa bouche. Un sourire y flotte et quand il prend la parole, c'est sur un ton que je ne l'avais vu employé. Un ton... malicieux, qui peut contenir des sous-entendus.
« Tu veux regarder quelques choses sur la télé ou aller te coucher ?
- Hum... Je dors sur le canapé alors je pense que regarder un film n'est pas dérangeant...
- Pas de problème. Tu ne dors, par contre, pas sur le canapé.
- Mais je -
- On s'en occupera plus tard » il me coupe en se levant.
Je le suis et le rejoins. La télé se trouve sur le mur, en face du canapé, séparé par la table basse et en dessous se trouve un meuble avec plusieurs tiroirs. Arrivé aux côtés de Louis, il lance un signe de tête vers le meuble et me demande de choisir un film. J'obéis et vais pour en choisir un qui nous mettra dans une bonne ambiance.
Je pense une seconde prendre un film lambda, puis la pensée de continuer sur ma lancée ressurgit. Peut-être qu'il vaudrait mieux que je choisisse quelque chose qui laissera place à un rapprochement ? Je décide tout compte fait de regarder d'abord ce qu'il à puis de prendre une décision.
Je m'accroupis et ouvre un premier tiroir rempli de DVD. Je regarde chacun d'entre eux et note avec surprise que ces goûts sont très variés. Il possède beaucoup de Marvel, de Disney, de DreamsWork mais aussi beaucoup de films historiques, documentaires, fantastiques comme Harry Potter, de science fiction comme Tron et aussi... des comédies musicales. Mon regarde s'arrête sur un film dont j'ai beaucoup entendue parler mais que je n'ai jamais vu. Je le sors du tiroir et observe le boîtier. Grease. Louis aime vraiment ce genre de film ou c'est du foutage de gueule ? Après chacun ses goûts...
Je ferme soigneusement le tiroir, le DVD en main et me retourne. Seulement, avant même que j'ai le temps d'ouvrir la bouche, je me retrouve nez à nez avec Louis qui glisse une main sur ma hanche. Celle-ci est parcourue d'un frisson qui me coupe le souffle. Il me rapproche de lui d'un geste fort, tellement que j'en lâche le DVD qui tombe au sol.
« Qu'est-ce que... »
Ma phrase disparaît quand les lèvres de Louis se posent sur les miennes, et si j'étais tendu à cause de ses premiers gestes, maintenant je me détends complètement et perds la tête.
Mon ventre se tord, se disloque, mon cœur bat la chamade, mon cerveau ne comprend pas mais enregistre quand même la situation à la perfection - même si c'est contradictoire - avant de décider de ne plus penser.
Ses lèvres sont douces, chaudes humides. Son corps contre le mien est encore plus bouillant et sa main qui se glisse sous mon t-shirt pour caresser la peau du bas de mon dos me brûle. Son autre main vient effleurer la peau de mon cou, m'arrachant de nouveaux doux frissons. Puis nos langues s'unissent.
Je tombe. Je tombe un fois de plus pour lui. Je vis quelque chose d'impensable. Au delà de la sensation délicieuse de ce que m'offre Louis, je suis aussi euphorique. J'apprécie chacune des ses initiatives, comme le rapprochement de nos bassins. Je ne vis que pour ce moment, j'ai l'impression d'avoir accompli ce pour quoi je suis né.
Je passe mes mains autour de sa nuque et le serre encore plus. Un doux gémissement s'échappe de nos lèvres en même temps, ce qui me fait sourire. Louis pouffe et j'en rougis.
J'ai chaud, envie de plus, envie que nos bassins ne soient pas séparé par tous ces tissus, envie que la langue de Louis aille plus loin même si je pense que c'est difficile, ou alors qu'elle aille ailleurs. J'ai envie d'avoir moins chaud ou d'avoir chaud contre Louis. Je veux que sa peau bronzée - malgré l'hiver - que j'ai longuement observée soit contre la mienne, je veux que son souffle s'échoue sur tous les endroits de mon corps, je veux le découvrir, je veux le voir me découvrir, je veux que nous ne fassions qu'un, même si je ne sais même pas ce qu'il ressent. Je veux le sentir tirer mes cheveux plus fermement, je veux l'entendre gémir, je veux le voir dans cet état que seul moi pourrais voir, je veux le voir avoir envie de moi.
Je le veux lui.
Je veux Louis.
À cette pensée, mes gémissements deviennent plus fort et mon corps emmène celui de Louis vers le canapé. Il bute dessus et avec délicatesse je le fais basculer. Mais avant qu'il ne touche la surface molle et avec un geste précis, agile et prodigieux, il inverse nos positions. Mon dos rencontre le canapé et je pousse un petit cri de surprise qui lui tire un sourire contre mes lèvres.
Même ça. Si je pensais que le voir sourire était exquis, alors le sentir sourire contre moi est indescriptible.
D'un mouvement incontrôlé, je donne un petit coup de bassin qui lui tire un gémissement de plus, mais plus affirmé et différent. Néanmoins, il arrête tout et rompt le contact.
« Doucement Harry... » il murmure contre ma bouche en déposant un dernier chaste baiser.
Je grogne et il rigole - pour ne pas changer - puis recule sa tête et me dévisage avec toute la tendresse du monde.
« J'en avais envie depuis si longtemps... » il chuchote avec une voix rauque que je ne lui connaissais pas.
Mes yeux dérivent sur ses cheveux en bataille, ses yeux sombres et brillants et ses lèvres roses. Et je remarque que tout ce que je souhaitais précédemment se passe devant moi, sous mes yeux.
« Harry... Je sais pas... »
Quoi...
Quoi ?
Quoi ?!
Je me relève brusquement et le dévisage avec de gros yeux. Ne me dites pas qu'il va me dire que c'était un erreur, que c'est impossible, qu'on à dérapé et qu'on doit oublier ?!
« Non Louis, je vous en prie ne me dites pas que-
- Laisse moi t'expliquer Harry ! » il dit en haussant le ton avant que je ne parte dans un délire que moi seul comprendrait.
Je hoche la tête et m'assois correctement, en tailleur, comme Louis. Il pose ses mains sur mes genoux et me les caressent tendrement, ce qui m'apaise.
« Je ne vais pas te dire que c'était une connerie parce que ça serait mentir... il souffle en se mordillant la lèvre, c'était sans doute la meilleure décision que j'ai pu faire dans tout ma vie. Quand je te disais « je sais pas », c'était par rapport à toi, mais plus à comment on va gérer la situation. Et par pitié tutoie moi !
- D'accord... Alors euh... Tu, je commence incertain, veux quelque de plus ?
- Oui... il répond immédiatement sans laisser un seconde s'écouler après ma question, je... Tu occupes mon esprit jour et nuit Harry. Je ne pense qu'à toi je... j'ai des sentiments pour toi, tu m'attires et j'ai besoin de ta présence à mes côtés. Sinon ma vie est banale, perd de son sens et de son originalité. Je... Je... Bon sang Harry... Tu es le seul qui m'a fait me torturer l'esprit à un point inimaginable. Je ne pensais pas que c'était possible de penser de cette manière, d'avoir des idées farfelues, de se perdre à ce point, même dans sa tête ! Et encore moins d'avoir des vues sur un étudiant et parfois d'imaginer des choses un peu plus osé... Harry j'espère que tu me comprends... »
Pour seul réponse je m'avance et pose mes lèvres sur les siennes. J'ai repris un peu confiance. En séparant nos lèvres, je reste près de lui et colle nos fronts ensembles. Yeux fermés, je laisse jaillirent les larmes. Louis les voit et passe ses pouces dessus avant de glisser ses bras autour de moi et de me tirer en arrière, sur lui, entre ses jambes. Il me caresse l'épaule en déposant des baisers sur mon front.
Enfin. J'ai passé des mois au fond du gouffre alors qu'il suffisait de gravir une seule marche pour que tout change. Louis et moi ressentons la même chose et même si je ne lui ai pas dit, il l'a très bien compris.
Je me rends compte qu'au fond de moi, c'était la tempête, et que ça vient juste de se calmer. Louis a des vues sur moi, pense a des trucs un peu plus osés comme il l'a dit et ça me fait rire, parce que moi aussi, ça m'est arrivé. Mais par dessus tout c'était être proche de lui qui m'était vital, et pas de m'imaginer faire des choses avec lui.
Je pense encore longtemps à mon bonheur qui commence au côté de Louis, à l'idée de l'avoir pour moi et de commencer à le connaître correctement.
Les larmes coulent encore à flot et accompagné du léger rire réconfortant de Louis, s'écrasent contre son torse. Contre son cœur.
★
Quelques années plus tard
Je rentre du boulot et je n'en peux plus. Professeur en lettre dans une université est beaucoup trop épuisant. Comment Louis a fait, sérieusement, pour gérer une classe de quarante élèves ?! Heureusement qu'il a changé de boulot parce que franchement, partager la même douleur que lui aurait été insupportable...
J'exagère...
Louis a prit la bonne décision. En nous embarquant dans une histoire ensemble, il a décidé d'arrêter d'enseigner dans ma fac pour vire notre relation au grand jour et qu'elle paraisse "normale" aux yeux des gens. Et même si on s'en fout de ce que les autres pensent, c'était aussi pour nous, pour nous réconforter.
Au lieu d'enseigner dans un autre établissement, il a décider d'entrer dans un laboratoire en tant qu'assistant. Ça lui plaît puisque c'est son domaine et comme son rôle, bien qu'important qu'il soit, n'est pas si dur, il a du temps pour nous.
J'ai évidemment annoncé la nouvelle à Zayn qui était heureux pour moi. Heureux que je sois avec Louis, et heureux parce que je sois redevenu celui d'avant, celui qui bossait à fond pour valider son année. Et c'est ce qui s'est passé. Après ça j'ai fait une formation, tout en organisant mon petit déménagement chez Louis, puis je suis devenu professeur de lettres dans une fac. Pendant mon temps libre j'écris, et j'ai même envoyé quelques extraits à des maisons d'édition. Je suis toujours dans l'attente d'une réponse, mais je suis positif.
Louis, quant à lui, a décidé de participer à l'écriture d'un bouquin avec plusieurs de ses collègues, recensant toutes leurs découvertes. Parce que oui, s'il était un professeur de mathématiques, il est quand même un grand passionné de sciences et extrêmement doué dans ce domaine. Être assistant était son propre choix, pour ne pas travailler jusqu'à pas d'heure.
Je repense doucement à ce que nous avons vécu, et un sourire se trace sur mes lèvres.
★
Je suis depuis une demi-heure au fourneau et en même temps au téléphone. C'est bientôt Noël et Zayn a absolument voulu qu'on organise un truc tout les trois, avec Louis, plus Niall, ce qui fait qu'on est quatre.
« Je pensais qu'on pouvait aller à la fête foraine, il me propose, il y a celle de Noël, un peu à l'extérieur de la ville mais avec une voiture ça nous prendra même pas une heure pour y aller. Et puis on peut partir dans la maison de campagne trois/quatre jours. Il y pas mal de randonnées à faire et puis il me semble qu' un quart d'heure à pieds, dans le centre du village il y a des bains et des spas.
- Oui, ça peut-être bien, je confirme. Ah ! Et aussi ça vous gênerait que Liam s'incruste ? Tu te souviens de lui ? Vous l'aviez rencontrés à notre crémaillère. C'est le meilleur ami de Louis et s'il peut être de la partie ça serait chouette ! Mais il faut quand même qu'on garde quelques jours pour la famille de Louis. L'année dernière on a pas pu venir et rater une année de plus serait vraiment dommage.
- Oui ! Pas de problème ! Il était vraiment sympathique. Je te laisse l'inviter. Et pour la famille de Tommo ne t'inquiètes pas bro, j'ai pas oublié, me rassure Zayn sur un ton bienveillant, de toute façon il faut nous aussi avec Niall qu'on aille chez mes parents. Ils veulent absolument le rencontrer.
- Pas de problème, j'entends la porte d'entrée claquer, je dois te laisser, Louis est de retour.
- Ok, on se capte un peu plus tard. »
En raccrochant, je continue de remuer les courgettes qui grillent dans la poêle. Puis je sens un corps chaud se coller contre le mien, deux mains se poser sur mes hanches et des lèvres qui caressent la peau de ma nuque, jusqu'à m'en faire frissonner.
Je soupire d'aise et penche ma tête en arrière, sur l'épaule de Louis. Il embrasse mon cou et remonte son visage pour mordiller mon lobe d'oreille. Je laisse échapper un petit gémissement ce qui le fait sourire.
« Alors ta journée s'est bien passé ? il souffle contre ma peau.
- Oui, je découvre jour après jour ce que tu as enduré, je réponds en éteignant le gaz, et je dois dire que je te comprends maintenant.
- Tu vois que c'était pas si simple, il rigole avant de me retourner d'un mouvement sec pour que je sois face à lui, tu me dois des félicitations.
- Mmh... D'accord : je te félicite, Ô grand Louis, pour ton courage de Dieu et ta puissance à gérer une classe d'étudiant avec les hormones en feu ! Je crois même que j'ai tapé dans l'œil d'un élève. »
Louis pose ses lèvres sur les miennes et m'embrasse langoureusement en agrippant fortement ma taille. Je passe mes bras autour de son cou et lui répond, avant qu'il ne rompt le baiser.
« Je suis mieux que lui quand même ? »
Je rigole, le pousse légèrement et prends la poêle pour la poser sur la table, puis je m'adosse au dos du canapé, Louis en face de moi.
« Je sais pas... je dis avec un sourire en coin, il faut voir. »
Louis s'approche dangereusement de moi. Il place ses mains sous mes cuisses et me soulève pour m'asseoir sur le dos du canapé. Nos bouches s'unissent, puis nos langues.
Après tant d'années, c'est toujours la même chose : le ventre qui se tord, le cœur qui bat plus vite, et surtout la sensation de tomber encore plus. Louis me rend fou, Louis me rend heureux, Louis me rend désireux du futur, de l'amour, de son corps que j'ai pu goûter peu de temps après s'être mis ensemble.
Sa bouche dérive dans mon cou et commence à marquer ma peau. Ses mains se font plus lourdes sur mes cuisses et baladeuses, et son bassin de rapproche du mien, donnant de petits coups qui me font durcir à chaque fois un peu plus.
« Lou... je grogne, mes parents viennent dans dix minutes...
- Mon cœur on a le temps... il passe ses mains sous mon t-shirt et remonte ses paumes le long de mon ventre, puis mon torse, tu ne vas pas me laisser comme ça, si ? » il presse un peu plus son bassin contre le mien et je peux sentir son érection.
Je souris alors que les baisers de Louis contre ma peau me donne encore plus envie. Je le repousse doucement mais avec conviction.
« Et bien je pense que si ! »
Je le contourne et pars vers la cuisine pour chercher des assiettes.
« Mais Hazzy ! se plaint Louis.
- Non. Si toi tu pense qu'on a tout le temps avant que mes parents viennent, moi je pense qu'on à toute notre vie, et c'est plus important. »
Louis affiche une mine renfrognée, puis s'avance vers moi alors que je dépose une dernière assiette sur la table, et m'embrasse chastement.
« Je t'aime » il souffle contre mes lèvres.
Je ferme les yeux, me tourne complètement vers lui et le prends dans mes bras. Il enroule ses bras autour de ma taille et soupire.
« Je sais, je réponds, moi aussi. »
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