Retour au présent
C’était il y a très longtemps, du moins c’est ce dont j’ai l’impression aujourd’hui. Lestat n’a plus jamais été si doux et si compréhensif après cette nuit là. Je crois que lui et Louis ont eu une discussion. C’était tout à fait normal qu’ils en aient une. Mais ils ne me dirent rien. Je me sentais oppressée dans cette cage d’escalier repensant à un passé révolu. Je gagnais notre appartement au pas de course. Je ne savais pourquoi mais la simple pensée voir arriver Lestat dans cette petite cage d’escalier me terrorisait.
Je m’étais assise dans un fauteuil couvert de velours rouge dans la chambre de Lestat. Je l’entendis ouvrir la porte de notre appartement, dire quelques mots à Louis qui ne lui répondit pas mais dont je supposais qu’il avait fait un petit signe de la main. Puis il marcha dans le couloir pour gagner sa chambre. La poignée blanche tourna. Il entra d’un pas nonchalant. Il posa sa veste sur son lit avant de réaliser que j’étais là. Il n’avait pas l’air surpris outre mesure. Il vint près de moi et s’assit sur une chaise assez proche. Il avait les joues roses du sang qu’il avait bu.
« Si tu en voulais, il fallait sortir de ta cachette et me demander. »
Il avait ce ton agaçant. Il voulait se montrer cassant et au-dessus de moi alors qu’il savait qu’il avait commis une erreur. J’avais vu en lui un monstre aujourd’hui. Nos rapports n’étaient déjà pas au beau fixe mais à présent il semblait qu’un fossé gigantesque c’était creusé entre nous.
« Non je n’ai pas l’habitude de me nourrir de pauvres gens malheureux. »
« Bien sûr, c’est vrai que tu es une humaniste, hein ? » répliqua-t-il narquois.
« Pourquoi pas ? Je ne tue que pour me nourrir pas pour le plaisir de torturer. Je savais déjà que tu étais fou mais j’ignorais à quel point. »
La colère bouillonnait en moi. Il se montrait si désinvolte ! Il faisait cela uniquement pour l’énerver ou c’était pire que ça ? Je croyais le connaître mais chaque jour nous nous enfoncions dans l’horreur et dans un gouffre sans fond d’indifférence et de haine. Il était si facile de lui en vouloir pour ce qui ne marchait pas, ce qui me taraudait depuis quelque temps, ma condition de vampire. J’avais tant de reproche à lui faire et il était si peu à mon écoute.
« Comme c’est drôle, moi qui pensais qu’on était des vampires. Mais tu as sûrement raison, tuer les gens c’est pas bien. Je devrais arrêter, ça me ferait un bon petit régime.
« C’est facile de se moquer de moi, après tout je ne suis qu’une enfant. Qui écoute les enfants lorsqu’ils parlent ? »
Il grogna ou du moins c’est ce que je crus. Si je pouvais entendre les pensées des mortels Lestat était pour moi silencieux. Il était un paradoxe. Dans ses actes et dans ses paroles il paraissait si simple à comprendre, mais lorsqu’on croyait en avoir fait le tour, on se trouvait pris au dépourvu par sa simplicité. Il ne réfléchissait jamais avant d’agir, il se lançait tout simplement dans ses actions sans raisonner comme Louis pourrait le faire. Il était si différent de Louis et de moi.
« Tu voulais aller chasser ? Et bien nous allons aller chasser. »
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