Le fils de Mrs Matthews
Lestat entra dans l’appartement de Mrs Matthew. Il était plus petit que le nôtre. Les murs étaient tapissés de vieux papier peint fleuris qui n’était plus à la mode depuis longtemps. Il y avait aussi une odeur rance dans l’appartement comme si on avait laissé pourrir quelque chose. En fait cet appartement appartenait à une famille pauvre et il est vrai que nous ne connaissons que peu nos voisins. Ils sont tous charmants, là n’est pas le problème mais notre aspect de vampire peut porter à confusion. Nous évitons d’être vu de près par des mortels bien que nous laissons quelques uns nous observer, nous admirer. Lestat s’était pas changé et portait toujours son peignoir anglais en soie sombre mais il était comme un prince dans cet appartement minable. Il se dirigea vers la petite chambre. Il rendait ses pas légers et ne faisait presque aucun bruit.
La chère Mrs Matthew le suivait. Elle s’arrêta dans le couloir. Elle fit signe à Lestat de s’arrêter. Elle avait les traits ravagés par la fatigue et l’anxiété. Perdre son enfant était réellement la pire chose qui puisse lui arriver. Elle avait ses yeux rétrécis par la douleur qui secouait tout son corps et le ravageait plus sûrement que les années, du moins plus rapidement. Elle paraissait faible avec son regard empli de tristesse et ses vêtements qui n’était plus très neufs. Je savais qu’elle avait un époux qui voyageait beaucoup. Mais j’ignorais qu’ils étaient pauvres. Ou était-ce les soins et les visites du médecin qui avait ruiné la petite famille. La mère au regard suppliant força Lestat à la regarder droit dans les yeux comme aime qu’on les regarde les honnêtes femmes.
« Je vous en supplie sieur Lestat, sauvez mon enfant ! Je vous offrirais mes services en tant que femme de chambre ou mes biens mais par pitié sauvez-le. »
Lestat prit les mains de la mère désespérée. Savait-elle dans quoi elle s’engageait ? Non comment aurait-elle pu, pauvre femme. Lestat avait l’air si compatissant. Elle se remettait à lui et lui confiait la vie de l’être auquel elle tenait le plus. Ses yeux noirs trahissaient sa peur. Mais elle paraissait reprendre quelques couleurs à l’idée que le sieur Lestat pourrait sauver son fils. Lestat hocha la tête gravement et entra dans la chambre. Il referma la porte derrière lui ne laissant aucun témoin du geste qu’il allait commettre. Mon cruel père.
Lorsque la porte fut rouverte, Lestat affichait un air désespéré, ses traits étaient tristes et semblaient pleurer l’enfant mort dans la petite chambre lugubre aux murs sales. Il avait cependant le teint coloré et sa peau n’était plus froide. Il s’était nourrir du pauvre enfant malade s’étant assuré qu’il ne risquait pas de se rendre lui-même malade avec le sang peut-être contaminé. Mais il n’en était rien. Le sang diabolique avait fait son effet sur le sang malade, l’ayant purgé. Ce même sang diabolique aurait pu soigner l’enfant aussi sûrement qu’il l’avait tué. Mon abominable père avait tué l’enfant malade et comptait faire de même avec la mère.
Il s’approcha d’elle avec des gestes lents et gauches trahissant un profond sentiment de regret et de tristesse. La pauvre femme devina que son enfant était mort et se précipita en hurlant vers la chambre de son fils. Lestat la retint. Il avait l’air d’un brave homme qui voulait empêcher une mère de voir son fils mort, quel noble cœur. Désolé de laisser l’ironie l’emporter dans mes propos. Il fut donc là pour elle la prenant dans ses bras comme l’homme le plus attentionné. Mais elle le roua de coup. En tant que vampire il pouvait subir les asseaux de n’importe quel mortel sans broncher, mais il voulait passer pour un homme et mima un homme levant les bras pour protéger son visage.
« Non ! Il ne peut pas être mort ! Vous m’entendez, il n’est pas mort ! »
« Madame, je suis désolé de vous annoncez cela, mais il l’est. Assurément son pauvre petit cœur ne bat plus. Je suis tellement navré. J’aurais aimé le sauver mais il était perdu. »
En effet il l’était dès que ce monstre qui est mon père eut entendu les suppliques de sa pauvre mère qui sans le savoir l’avait amené à sa perte. Elle leva ses yeux pleins de larmes vers le visage du meurtrier de son fils mais elle ne pouvait le savoir. Elle eut l’air d’observer Lestat droit dans les yeux durant des heures. Peut-être y lisait-elle ce qu’il lui avait raconté. Mais Lestat est un bon menteur.
« Ce sont vos médicaments qui l’ont tué. »
Elle parlait en général loin de s’imaginer à quel point elle avait raison, le meurtrier de son cher enfant se tenait devant elle. Elle accusait les médicaments comme on accuse le vent d’un naufrage. Elle leva les yeux au ciel, les larmes coulèrent sur ses joues. Son visage était creux, la faim probablement ou la fatigue. Elle avait dû veiller sur son fils malade jour et nuit. Elle sortit un vieux mouchoir en coton sale dans lequel elle comptait se moucher et essuyer ses larmes. Lestat, généreux, offrit son mouchoir en soie. Elle ouvrit grand ses yeux. Un mouchoir en soie, pensez donc !
« Allez-y, séchez vos larmes mon enfant. Il vous faut pleurer. Je puis vous assurer que votre fils était condamné. Dieu avait scellé son destin. Vous savez comme il est. Il donne la vie et la reprend quand bon lui semble. »
La pauvre femme gémit. Parler de dieu ainsi n’était pas de son goût, nous avons beau être au XVIIIe siècle, nombreux sont les pauvres gens encore croyant. Elle se moucha dans la soie. Un privilège. Mais qu’est-ce comme privilège pour une mère qui venait de perdre son fils et qui n’allait pas tarder à perdre à son tour la vie ? Elle se pencha en avant. Lestat qui avait les bras légèrement ouverts se vit recevoir la mère éplorée sur son épaule. Elle pleurait toutes les larmes de son corps sur l’épaule du meurtrier de son fils. Lestat ferma ses bras sur elle. Il la bloqua rapidement empêchant tout mouvement de la mère. Sans en avoir conscience elle était prisonnière des bras puissants de Lestat. Il enfonça sa tête dans le cou de la mère. Elle gémit légèrement lorsqu’il enfonça ses crocs dans son cou. Elle s’accrocha à son épaule serrant des dents. Comment résister au plaisir qui vous envahi en ces moments ? Je ne me rappèle pas du baiser d’immortel que mes parents ont dû forcément me donner. J’étais bien trop jeune à l’époque pour m’en souvenir. Mais Louis m’a assuré que les mortels ressentent le même plaisir que nous connaissons. La mère se lova contre Lestat qui l’acheva.
Lestat déposa le corps vidé de vie sur un siège, il fit disparaître les deux petites plaies par deux gouttes de son sang. Il avait un mince sourire aux lèvres en achevant sa sombre tâche. Il avait tué une malheureuse famille sans aucune raison. Je savais qu’il se nourrissait plus qu’il ne lui fallait par jour. Il était un monstre de cruauté. Un jour il m’avait dit ‘Claudia, quitte à être des démons, autant être les meilleurs démons que la terre ai fait. Je veux que le diable prenne peur devant ma cruauté et la monstruosité dont je suis capable tout ayant conservé mon âme.’ C’était ça le plus terrifiant, il avait son âme et une conscience. Je me suis souvent demander ce qu’il avait fait de sa conscience.
« Dieu ai vos âme. »
Il rit. Un rire profond et irrésistible. Je rêvais debout. Lestat avait un fou rire après avoir massacré une bonne famille chrétienne qui plus ai. Je me tenais derrière la porte entre-ouverte et malheureusement j’avais tout vu. Je ne bougeais pas d’un millimètre ce qui était plutôt facile pour un vampire. Mon regard était imprégné de colère froide et de dégoût. Lestat continuait à rire avec sa voix partant des les aigus un bruit insupportable pour toute oreille humaine. Je refermais la porte doucement sur cette triste vision. Il me semblait que j’avais dans la bouche le goût affreux du sang de ces gens là. J’étais restée derrière la porte, impassible, sans faire le moindre geste pour la sauver alors que je savais parfaitement ce qu’il allait faire. Je me sentais horriblement lâche.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top