Flashback

Je sortais d’une boutique de poupée. Mes cheveux étaient défais et s’y trouvait de minuscules gouttes de pluie. J’avais dévoré le marchant de poupée après qu’il m’eut annoncé de sa voix fluette et fausse ‘Désolé ma petite, mais je crois qu’elles sont un peu trop chères pour une enfant de ton âge’. Le sang du vilain marchand s’agitait en moi. J’avais ressenti sa peur en buvant son sang, j’avais vu ses millions de petits visages en porcelaine qu’il peignait si soigneusement. J’avais eu faim de lui durant tout le temps où j’étais dans la boutique mais ce n’est que lorsqu’il avait prononcé ces mots que l’envie m’avait dépassé et poussée à agir. J’avais alors prit l’homme dans mes bras et mordu son cou tremblant à la peau vieillie et abîmée. Il n’avait rien dit, il avait été bien courageux. J’aime les victimes qui acceptent leur sort.

Mes souliers frappaient le sol. La Nouvelle-Orléans était une sorte de plateau repas pour moi. J’avais soif de toute sa vie humaine et si attirante ! Il y avait une petite musique qui résonnait accompagnant mes pas. J’avançais lentement. Mes mains serrées contre moi, l’odeur chère de douceur, le vent giflant doucement mes joues. N’y avait-il rien de plus excitant ? J’acceptais toute la douleur de ma condition de vampire pour pouvoir savourer ce bonheur chaque nuit de mon éternité. C’était des soirs comme celui-ci où je pouvais me poser des questions qui n’avaient pas de réponses mais qui me paraissaient évidente. Comment finira le monde ? Serais-je encore là pour voir les humains mourir tous sous un même fléau ? Serait-ce comme dans la bible, où en Egypte Dieu avait envoyé sept plaies pour punir le peuple qui retenaient les hébreux ? Des questions qui s’en allaient sans réponses et reviendraient un autre soir comme celui-ci.

« Claudia !! Arrête-toi ma chérie, s’il te plait. »

Je me tournais lentement. Mon visage affichant un masque d’innocence pure. Il me fixait avec ses yeux marrons foncés brûlant d’humanité. Il portait une chemise sale avec un gilet déchirer. Lestat lui changeait ses vêtements, parfois, même il le forçait à entrer dans un bain lorsqu’il estimait que l’odeur que dégageait Louis était vraiment répugnante. Lestat avait du mal à supporter la moindre petite odeur désagréable. Mais l’heure n’était pas à cela. Louis avait l’air vraiment fâché. Je crois que ça avait avoir avec le meurtre du marchand.

« Claudia ! Quand cesseras-tu donc de tuer ainsi ? C’est idiot ! On ne les tue pas parce qu’ils sont idiots ou méchants ! »

J’avais eu envie de lui répondre ‘Oui, sinon je serais contrainte de tous les tuer !’ Louis n’a aucun humour, il n’en a jamais eu. Il devait être un mortel bien ennuyeux. Je ne crois pas qu’on puisse qualifier un vampire d’ennuyeux. Mais si on le pouvait Louis en serait un. Il est des moins actif que je connaisse. Il était cette nuit là assez ennuyeux pour venir me reprocher d’avoir tuer ce marchand alors que j’étais une petite fille avant tout. Je n’avais pas encore grandit spirituellement. Dois-je vous notifier que les vampires changent plus lentement que les humains ? Probablement parce qu’ils ont l’éternité devant eux.

« Je suis désolé Louis. J’avais faim et je… »

Je n’avais certes aucune excuses. Je le reconnais. J’avais tué cet homme parce qu’il m’avait parlé comme à une humaine mais n’était-ce pas justement ce que je voulais être à ses yeux d’humains ? Mais j’étais une enfant, une petite fille perdue qui n’avait rien à se mettre sous la dent. Comment peut-on reprocher à une enfant d’avoir pris le gâteau qu’on avait mis sous son nez ? Même si ce gâteau ne lui était pas réservé…

« Tu es vraiment impossible ! Qu’allons-nous faire à présent ? Tu peux me le dire ? »

« On n’a qu’à le laisser là. Il a été méchant. Il a dit que je ne pouvais avoir ces poupées, j’étais trop jeune. »

« Voyons Claudia, il suffisait de me demander ! »

Il me prit dans les bras me serrant fort contre lui. J’entendais son cœur battre. Le seul organe qui vit chez un vampire. A vrai dire si on examine la situation,  le cœur est vital pour un vampire, aussi vital qu’à un être vivant. Si on lui enlève son cœur, un vampire meurt. Mais personne ne peut enlever son cœur à un vampire. Aucun humain ne le peut et peu de vampires le peuvent.

« Tu sais que tu peux avoir tout ce que tu veux. Tu as juste à demander. »

« Oui mon Louis, je le sais. »

Je nichais ma tête au creux de son épaule. Bien que j’eusse envie de pleurer, je ne le fis pas. Louis et moi, nous étions toujours tendre et compréhensif l’un envers l’autre. Nous savons que l’autre peut souffrir ou avoir envie de disparaître. Nous sommes là pour s’entraider, s’entraimé. Nous partagions bien plus que de l’amour. L’amour est un mot avant tout. J’aime Louis de tout mon cœur, plus encore que Lestat qui est si difficile à aimer.

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