23 ♫
Nous arrivons enfin chez Zhennan après avoir marchés pendant une bonne quinzaine de minutes. En effet, il a la chance d'habiter non-loin du lycée, mais ça ne l'empêchait pas d'arriver souvent en retard.
— Donc, on est bien d'accord, tout le monde reste dormir à la maison ce soir ? Demande Zhennan tout en rentrant chez lui.
— Si ça ne te dérange pas, répond Junhui, je peux voir Zhennan lever les yeux au ciel.
— Si j'ai justement proposé, c'est bien parce que ça ne me dérange pas. Donc arrête de dire des choses aussi stupides, ok ? Junhui hoche vivement la tête. Bien, par contre, pour dormir ce soir, j'ai mon lit deux places, et une chambre d'amis avec un lit deux places, également, donc il va falloir que l'on dorme ensemble. Qui veut dormir avec qui ?
— Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, dit Yanan, on verra ça ce soir.
Il valait en effet mieux pour moi que cette discussion se termine maintenant. Mais connaissant Zhennan, il a déjà tout prévu, surtout depuis qu'il connaît mes sentiments pour Junhui. Mais comme dit Yanan, on s'en fout pour le moment. Nous allons donc déposer nos affaires dans la chambre de notre ami, heureusement pour nous, ses parents ne sont pas là une partie de la soirée. Nous allons ensuite rejoindre le salon sous la demande de notre hôte, tandis qu'il part dans la cuisine de son côté. Nous nous asseyons sur le canapé, en l'attendant.
— Je n'en reviens pas d'avoir enfin fini le lycée... Murmure Yanan. C'en est enfin fini de ces rumeurs et de cette hypocrisie dans cet établissement de merde. J'ouvre les yeux en grand en l'entendant parler.
— Eh bah Yanan, dis-je, que t'arrive-t-il ?
— Je dis ce que j'ai sur le cœur, tout simplement.
— Tu as été toi aussi victime d'une rumeur ? Demande curieusement Junhui. Il est vrai que je ne suis pas trop au courant moi non plus.
— Oui, dit-il, on racontait sur moi que je me mutilais, et donc on m'a dit des trucs abominables alors que je me sentais bien dans ma peau. Du genre « va te pendre », ou d'autres choses comme ça...
— Qui a dit ça pour que je le défonce ? Dis-je en sentant mon sang ne faire qu'un tour.
— Quelqu'un qui n'est plus dans le lycée, ne t'inquiète pas.
Je ne dis rien de plus, surtout que Zhennan revient dans le salon avec un plateau dans les mains, puisqu'il ne veut l'aide de personne. Nous parlons rapidement d'autre chose que le lycée, qui nous a apporté beaucoup de mauvais souvenirs à chacun. Il était temps que ça se termine. Nous parlons donc de ce que nous allons faire, et surtout du fait que nous devons à tout prix garder contact. Nous prenons pour la plupart des chemins différents. Moi, j'ai été admis dans une école d'art, Yanan part faire ses études en Corée du Sud, tandis que Zhennan et Jun vont à l'université.
La soirée passe bien rapidement. Nous racontons des vieux souvenirs de chacun, nous regardons des films nuls à chier, rien que pour les critiquer, et, puisque nous commençons à ressentir la fatigue, nous nous disons qu'il serait peut-être temps pour nous d'aller nous coucher.
— Du coup, qui dort avec qui ? Demande curieusement Junhui.
— Je ne sais pas, dit Zhennan, faites comme vous voulez. Tant que je dors, ça me va.
— De même, dit Yanan, au pire, on dort ensemble, Zhennan ?
— Tant qu'à faire, dit Zhennan en haussant les épaules. Puis, il nous amène, Junhui et moi, dans la chambre d'amis. Voilà où vous allez dormir du coup !
— Merci Zhennan, bonne nuit ! Dis-je en cœur avec Junhui.
Il sourit faiblement, et nous souhaite à son tour une bonne nuit. Il part ensuite dans sa chambre, et je regarde mon sac qui est dans ma main.
— Va te changer dans la salle de bain, dis-je à Junhui, je vais me changer ici.
Mon ami acquiesce et part dans la salle de bain. Je décide à ce moment de me changer, mais je reste pensif. Je me dis que je vais dormir avec le garçon que j'aime, mais à part ça, tout va bien. Il y a juste mon cœur qui bat légèrement plus rapidement, et je me sens content. Mais j'espère que ça ne va pas le déranger.
Je finis de me changer et je vais dans le lit. Jun me rejoint quelques minutes plus tard, silencieusement. Je n'entends maintenant que sa respiration, je pense même qu'il s'est déjà endormi. Je ferme donc les yeux, m'apprêtant à dormir.
— Minghao... Murmure Junhui, j'ouvre d'un seul coup les yeux. Tu dors ?
— Non, réponds-je directement.
— Est-ce qu'on peut parler un petit peu avant de dormir ?
— Oui, bien-sûr. J'esquisse un faible sourire. De quoi veux-tu parler ?
— Je voulais surtout te parler de quelques petites choses... Il prend soudainement une grande respiration, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose d'important pour lui, tu sais, avant, j'étais tout le temps seul. Et je suis vraiment heureux d'avoir maintenant des amis comme vous. Mais je vais être honnête avec toi, Minghao... Ne le prends pas mal, en quelque sorte.
— Tu peux tout me dire, tu le sais.
— Oui, bien-sûr, ricane-t-il, je veux juste dire que tu as en quelque sorte changé ma vie. Tu as apporté la joie intense de se sentir aimé par les autres après un long moment. Je me sens vraiment bien quand je suis avec toi, et je suis tellement... Fier d'avoir un ami comme toi. Mais...
Junhui s'arrête de parler, il lâche un énorme soupir et passe une de ses mains dans ses cheveux. Il semble nerveux, sans que je ne sache pourquoi. Quelque chose le tracasse, peut-être ?
— Que se passe-t-il ? Demandé-je, inquiet.
— Mais... Répète-t-il.
— Mais ?
— Mais je t'aime bien plus qu'en simple ami.
Mon cœur s'arrête de battre pendant peut-être une demi-seconde. Mais maintenant, il bat à une vitesse incontrôlée.
— Co... Comment ça ?
— Je suis amoureux de toi, explique-t-il, je ne sais pas ce que tu ressens pour moi, mais je voulais te le dire avant que nos chemins se soient séparés. Et je me sens tellement mieux de te l'avoir dit, car ça me pesait sur le cœur.
— Junhui...
— Je sais bien qu'avec ma situation, je ne trouverai jamais personne. Je veux dire... Qui aimerait un homme castré, qui aime les hommes en plus ?
— Putain mais ferme ta gueule... Murmuré-je, et il se tait, en effet. Je ne veux pas t'entendre dire que tu ne trouveras personne, car tout le monde, peut importe la situation peut être aimé. Et puis, on devrait plus se soucier de la personnalité de l'autre de ce qu'il y a entre les jambes.
Je peux voir Junhui baisser la tête. Il hausse les épaules, tandis que je prends ses mains dans les miennes.
— Et c'est exactement ce que j'ai fait pour toi.
— Dans le sens où tu as appris à m'accepter comme tel ? Murmure-t-il.
— Oui, mais aussi dans le sens où j'ai appris à t'aimer comme tel.
Il relève d'un seul coup la tête, certainement surpris par ce que je viens d'annoncer, tandis que je me sens personnellement rougir. Il est vrai que je ne comptais pas avouer mes sentiments à Junhui aujourd'hui, mais comme lui l'a fait, je ne pouvais pas le laisser en plan.
— Tu sais, la dernière fois, quand on parlait chez moi... Je t'ai dit que j'aimais une personne, et que tu la connaissais. Mais cette personne n'est autre que toi, Junhui.
— Mais... Comment un garçon aussi incroyable que toi peut aimer un garçon comme moi ? Dit-il, l'air peu confiant.
— L'amour ne se choisit pas, de plus, je te trouve incroyable. N'en doute jamais.
Jun ne dit rien de plus. Personnellement, je sens mon cœur palpiter, je me sens bien. Bien de savoir que les sentiments que je ressens sont réciproques.
— Tu m'aimes ? Demande soudainement Jun.
— Je t'aime sincèrement.
— Donc... Murmure Junhui, tout en serrant un peu plus mes mains, qui sont toujours liées aux siennes. Je t'aime, tu m'aimes... Tu penses que toi et moi... Pouvons débuter une relation ?
— Moi, oui. Et toi ? Serais-tu prêt à sortir avec moi ?
Jun reste silencieux face à ma question. J'entends simplement nos deux respirations. Il décide de retirer une de ses mains des miennes, et de la remonter sur ma joue. Il essaye de s'approcher de moi, et il finit par finalement sceller nos lèvres. Mes yeux se ferment à ce moment, pour profiter de mon premier baiser échangé avec Jun.
Ce baiser ne dure qu'un court instant, mais c'est largement assez. Un sourire orné désormais mes lèvres et nous gardons une certaine proximité.
— Je pense que oui, répond-il finalement à ma question.
Pour réponse, je décide de simplement le prendre dans mes bras. Nous ne discutons plus, et nous finissons par nous endormir, le cœur empli de joie de mon côté.
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