03 - Quand revenir bouleverse l'équilibre établie (Partie I)
Les yeux clos, je me laisse dérivé dans cet océan de pluie chaude qui s'abat sur moi avec une certaine violence. Me reculant dans un coin de mon esprit, je savoure l'instant. Ne penser à rien semble être une délivrance, même si cela ne dure que quelques secondes.
Des flashs abondent comme des visions raidissant mon corps détendue, je serres les poings me laissant envahir par ces souvenirs. Je me vois assise dans un coin de cette salle de bain, pleurant, promettant d'une voix suffocante, criant à pleins poumons...
Je tremble tellement fort que je me cogne la tête à la pomme-de-douche, en voulant reprendre mes esprits j'ai la mauvaise idée de vouloir inspirer profondément. J'avale de l'eau et manque de m'étouffer, j'éteins l'eau puis ressors de la cabine pour m'enrouler dans une serviette chaude.
Je ferme les yeux en insufflant lentement par le nez ; je dois me calmer, je dois me calmer, je dois me calmer... Mes pensées se synchronisent à mon souffle, celui-ci devient régulier et j'ose enfin relever les yeux vers mon reflet. Je frissonne en me reconnaissant dans le miroir ; j'ai de grosses cernes violettes sous les yeux, ces derniers sont rouges ainsi que mes joues et mes lèvres sont comme enflées à force de me les mordre.
C'est une vilaine manie que j'ai prise, mais ce n'est sans doute pas pire que se ronger les ongles. Je m'habille rapidement puis sors de la maison une fois prête. Une élégante voiture noir reluisante m'attends, j'entre à l'intérieur et salue le chauffeur à l'avant. Je reste silencieuse comme à mon habitude durant le trajet, regardant par la fenêtre de la voiture d'un air absent.
*
Quand la sonnerie retentis dans le lycée, toute la classe se précipite vers la sortie pour rentrer chez eux. Je me mêles à la foule et une fois en dehors de la classe, je me hâtes vers le foyer des élèves.
Maladroitement, je me cogne à un autre élève, une vive douleur se propage le long de mon bras puis diminue. Je relève la tête vers celui que j'ai heurté, avec étonnement je reconnais Ian le petit copain d'Aveline. Il ne me lance qu'un bref regard avant de continuer son chemin entouré de ses amis, une petite bande d'élèves des plus fortunés de la ville.
Je ne fais aucun commentaire sur le fait qu'il soit impolie et presque odieux, le fait est que c'est lui qui ma bousculer et qu'il est autant coupable que moi de s'excuser. Je me contente de lever les yeux au ciel pour continuer mon chemin qui se déroule mieux qu'il a commencé.
Je retrouve les filles, elles sont adossés au mur car toutes les chaises et fauteuils sont pris. Je me laisse aller contre le mur et glisse jusqu'à ce que moi aussi puisse être assise, à l'identique qu'elles. Elles me font un vaste signe de la main accompagné d'un sourire auquel je réponds.
« - Alors votre matinée ? Demandai-je pour engager la conversation.
- À chier ! Grogne Aveline en replongeant la tête dans ses bras.
Je jette un regard interrogateur à Mei qui sourit et me réponds :
- On a eu un contrôle surprise en mathématiques.
Aveline qui est assise entre moi et la brune pousse un gémissement désespérée, je ris suivit de mon amie. La concernée relève le visage et nous foudroie du regard :
- Je l'ai complètement foiré !
- Mais non, je suis sûr que tu l'as eu haut la main, rétorque Mei en posant sa petite main sur le bras de sa camarade.
L'adolescente ricane tout en retirant la main de son amie de son bras, je ne l'ai jamais vu dans cet état. D'habitude Aveline n'est pas du genre à ce préoccuper de ses notes, elle a toujours ris à l'idée de continuer ses études. Pour elle travailler n'était pas la liberté, son comportement me troublais particulièrement.
Du coin de l'œil j'aperçois Mei qui me regarde d'un air interrogateur et surprise. J'admire son calme, si ça avait été l'inverse Aveline serait entré dans une colère noire. Il faut souligner que cette dernière est très susceptible, ce n'est pas facile tous les jours.
- A' ? L'interpellai-je avec ce petit diminutif que je n'utilise que quand je suis vraiment inquiète. Que se passe-t-il ?
- Il se passe que...
Je la vois souffler profondément et reprendre sa phrase :
- Que j'aime sincèrement Ian.
- Mais qu'est-ce qu'il-
Je supplie Mei du regard de se taire, sur ce coup c'est à moi de gérer. Je connais mon amie depuis beaucoup plus longtemps qu'elle, se qui a ces avantages. J'emploie une tactique d'attaque, la plus simple mais la plus concluante. Le silence. Je patiente donc quelques minutes jusqu'à ce qu'elle relève les yeux vers moi, je lui fais signe de continuer.
- Je... Il va faire ses études dans une grande université et...
Sa voix monte dans les aiguë et se perd, elle ré-enfouie sa tête dans ses bras. Je commence à comprendre, Mei aussi apparemment car elle ouvre de grand yeux surprit.
- Et tu veux le suivre à l'université, terminé-je à sa place. Donc tu dois avoir un dossier impeccable pour qu'elle t'accepte.
- C'est ça, chuchote-t-elle maussade. Mais je déteste le travail, ça me donne mal à la tête !
- Je pense que tu devrais rentrer chez toi et te reposer, enchérit Mei en passant son bras autour des épaule de la rousse avec affection.
Elle hoche la tête puis sourit faiblement à son amie assise à sa droite. Alors que le foyer est en pleine ébullition, tout le monde parle de plus en fort comme si une rumeur incroyable courrait.
Je remarque que certains élèves ouvrent des yeux éberlués, d'autres plus curieux posent des questions sans comprendre la situation. Ma curiosité s'anime et je ne suis pas la seule, mes deux amies ont relevée le visage maintenant interrogatives au brouhaha qui se fait.
Nous restons assises au sol mais emprises sous le désir de savoir, la tension est à son comble. Un groupe d'élève fait apparition dans la salle de foyer, le bruit qui s'était créé retombe un peu transformé par des chuchotements.
Aveline tressaillit quand elle reconnaît tout comme moi Ian dans la bande, il se tient devant un autre garçon que je ne parvins pas à identifier car il me bloque la vue. Je chancelle quand le petit ami de ma meilleure amie fait un pas sur le côté, pour pouvoir prendre place à la table vide. Aveline à mes côtés ne semble pas surprise, elle devait être au courant.
À cet instant j'ai envie de lui démonter la tête, une colère sourde me pique, ravageur. Je serre les poings aveuglé par les émotions qui déferlent en moi, passant de la surprise à l'effroi puis par la haine. Quand à Mei, elle ne semble rien comprendre de la situation.
- Qui c'est ? Demande-t-elle en haussant un sourcil.
- C'est Nahel Legrand, il vivait ici avec sa famille quand on était enfant. Il fréquentait les mêmes établissements que moi et Elvyna. Mais il est partie pour Paris à son entrée en CM2, on ne sais pas trop pourquoi ils sont partis certains disent que ses parents ont eus une promotion... Ian m'a dit que s'il était revenu c'était parce que ses parents sont en voyage en Amérique et qu'ils ne veulent pas le laisser seul, donc il vit chez ses grands-parents à l'abord de la ville. »
Aveline avait débité tous ses mots avec une vitesse déroutante, enfaîte la jeune fille semblait mal à l'aise. Elle avait dit tout ça en me fixant du regard. D'un regard intense. Et moi, moi je le fixais. Il n'avait pas vraiment changé, il avait toujours ses cheveux d'un blond très clair et saisissant. Ses yeux clairs possédait une beauté inconnue et bouleversante. Des fossettes apparaissaient aux coins de ses lèvres quand il souriait, quand il riait.
J'étais envoûté par sa présence, elle semblait envahir toute la pièce. Ma respiration ce fit difficile, je commençai à étouffer. Comme si plus je le dévisageais, plus le passé refaisait surface et plus je faiblissais.
Les chuchotements dans la salle me faisaient tourné la tête, j'avais l'impression que j'allais m'évanouir si je ne sortais pas tout de suite. Ce fut d'un pas faible mais assuré que je sortie du foyer, suivie de près par Mei mais je vis son amie la retenir en secouant la tête. Je la remerciai silencieusement, j'avais seulement besoin de marcher. Marcher pour réfléchir.
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NDA:
Que pensez vous de ce nouveau venu ? Pourquoi Elvyna semble-t-elle bouleversé à ce point ?
Vous avez des suppositions ?
Je serai curieuse de les entendres !
Cordialement votre écrivaine amatrice dévouée
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