Chapitre 14
Suite à ces paroles, mon cœur s'emballe. Je vais vraiment aller me préparer pour les Citygames? Je me réveillerais vraiment demain, dans un appartement vide avec seulement mon sac et une fusée de détresse? Je dois me frotter les yeux pour me convaincre que tout ceci n'est pas qu'un rêve, que je vais peut-être gagner beaucoup d'argent, et même habiter dans les Quartiers!
Non. Il y a une chance infime pour que je gagne. J'ai observé mes concurrents, ils sont tous forts et bien taillés. Je n'ai aucune chance
— Perle, ça va? me dit Anna, inquiète.
— Oui oui, ça va. Je réfléchissais juste à un truc.
— D'accord... dit Anna, peu convaincue. Allons nous préparer!
Nous passons dans un dédale de couloirs et de pièces. Anna m'a caché le nombre de l'étage, il doit rester secret; c'est l'étage le plus important du chalet, car c'est ici que nous allons nous endormir.
Nous arrivons enfin dans une grande pièce sombre, seulement éclairée par quelques projecteurs. De part et d'autre de la salle se trouvent des habits de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Certains sont même par terre, encombrant le passage. Anna et moi devons slalomer entre des robes, des jupes, des écharpes, des collants, des pantalons, des pulls... Jusqu'à ce que nous arrivions au fond de la salle soit un renfoncement dans le mur, occupé de vanités, posées sur des bureaux encombrés de produits cosmétiques de toutes sortes. Perplexe, je demande à Anna:
— A quoi servent tous ces habits, parfums et maquillages? Nous n'en aurons pas besoin dans la ville!
— Figure toi que le chalet sert aussi à répéter les spectacles que l'on présente à l'Elite: nous sommes dans les coulisses, plus précisément dans la salle des costumes!
— Wahou. En tou cas, c'est impressionnant.
Anna hoche la tête:
— Je te le confirme. Et avant que tu me poses la question, nous sommes là pour chercher ton équipement!
— Je ne reste pas habillée comme je le suis?
— Non, c'est trop dangereux! Notre but est avant tout de ne pas vous faire mourir. La combinaison que tu porteras te permettra de rester au chaud et au frais! Elle est également confortable et hyper élastique!
Soudain, Anna fait un signe du bras en disant:
— Marie, on est là!
La jeune femme nous rejoint en courant, les bras encombrés de tenues noires.
— Ah, parfait, vous êtes là. Je vais pouvoir commencer à vous habiller, jeune fille, dit elle en me regardant intensément.
— Ah, oui.. je... on vas où?
Marie rigole:
— Vous allez venir avec moi dans une salle de changement, tandis qu'Anna restera ici! Anna, donne moi l'heure s'il te plaît!
— Il est 09h01, Marie, dit Anna en soupirant. Allez, dépêchez vous je crois qu'il reste des candidats à habiller!
— Oui, bien sûr qu'il en reste! On est même à la bourre je dirais! Allez ma petite, on y va! me dit Marie en me poussant légèrement.
Nous entrons dans une pièce, noire elle aussi. Une lumière tamisée éclaire la pièce, et j'aperçois des vêtements, accrochés sur des cintres. Marie me pousse au milieu, prend un mètre ruban et me dit d'enlever mes vêtements après qu'elle eut posé son tas de vêtements sur le sol.
— Quoi? Je me met toute nue?
— Non, juste en sous- vêtements idiote! C'est pour voir tes mensurations!
Sur ce, je me déshabille et elle se met à l'œuvre, grogne parfois et tourne autour de moi comme un lion examine sa proie. Après quelques minutes, elle me fais signe de me rhabiller. Je m'exécute tandis qu'elle fouille dans les cintres de vêtements. Au bout d'un laps de temps, elle sort d'un placard, ses cheveux noirs ébouriffés. Elle tient à la main un pantalon, un t- shirt et une veste, tous noirs.
— Allez, enfile ça, m'ordonne elle en me jetant négligemment les habits. Son ton laisses suggérer que je dois le faire tout de suite si je ne veux pas me faire remonter les bretelles, alors j'enfile la tenue.
Anna avait raison, je me sens parfaitement bien dans ces habites et je suis libre de mes mouvements. Marie m'observe sous toutes les coutures pendant que je reste plantée au milieu de la salle, gênée.
— C'est bon, ça le fait. Allez, vas rejoindre Anna maintenant. Tu est prête.
Je sors rapidement et rejoints Anna, qui m'offre un grand sourire quand j'arrive près d'elle.
— Alors, ça c'est bien passé? Maintenant on doit passer à la coiffure!
— La coiffure? dis- je, interloquée. Mais ça sert à rien!
— Figure toi que si! On va te faire une couette qui ne partira qu'au bout de 5 jours, pour que tu sois tranquille les premiers temps. Anna me fait asseoir en face d'une vanité, et, en attendant que mon coiffeur arrive, je me regarde dans le miroir: j'ai le visage sévère, dur. Mais on voit bien ma fatigue, présente malgré mes nuits de sommeil.
Quelques instants plus tard, je vois un jeune homme arriver. Il ne me parle pas, et me prend les cheveux pour les brosser. L'opération dure seulement quelques minutes et il est 09h30 quand je me lève du siège. Je tâte ma couette: une substance étrange recouvre mes cheveux, c'est gluant et pourtant cela ne se colle pas sur mes mains. Ma couette ne comporte aucune bosse. Parfait. Je déteste avoir des bosses. Je me souviens que, quand j'étais petite, avant d'aller à l'école, ma mère me faisait une couette. La plupart du temps, cette dernière n'avait pas de bosse, mais quand j'en remarquais une, je sommais ma mère pour qu'elle me la refasse correctement.
Je ris doucement en repansant à ce souvenir. J'espère que ma mère va me regarder à la télé! Normalement, ils doivent annoncer le départ imminent des candidats à la télévision.
Anna me rejoint et nous sortons de la pièce, avant de rentrer dans une autre salle: c'est un gigantesque hangar, occupé par de petits avions. Des techniciens s'activent pour faire les dernières vérifications avant le décollage.
Anna m'entraîne vers un avion marqué 8. Une jeune technicienne est juste devant, elle vérifie les roues et le moteur. Je distingue une présence dans le cockpit. Sans hésiter, Anna rentre dans l'avion et je la suis. La jeune technicienne promène ses yeux bleus glaciers sur nous un instant, avant de repartir à ses vérifications.
Nous arrivons dans le cockpit, où une personne—sans doute le pilote—attend.
— Mickaël, je te présente Perle, que tu devras emmener à Lyon!
Le dénommé Mickaël m'adresse un sourire chaleureux avant de répondre:
— Parfait! Son sac est déjà dans l'avion et Rose a fait toutes les dernières vérifications! On est près à embarquer!
— Super! Je conduis Perle à son siège, et j'y vais!
— Ca marche! Au fait, tu sais qui doit lui donner le somnifère?
— Je crois que c'est Roy. Il dit venir 10 minutes avant le décollage!
Anna me conduit plus loin dans l'avion, où un siège confortable m'attend. En effet, mon sac est posé à la droite de mon siège. Je m'installe, et Anna se penche vers moi:
— Ca y est, c'est le grand départ! Je te souhaite bonne chance, et sache que tu as été une très bonne élève! J'espère de tout mon cœur que tu vas gagner! A 10h00 moins 10, Roy vas venir te donner le somnifère: tu vas t'endormir presque immédiatement, et tu te réveilleras comme prévu à Lyon! Bon trajet!
Sur ce, elle tourne les talons et part, ne me laissant pas le temps de lui dire au revoir.
J'attend pendant ce qui me semble être des années avant que celui que je pense être Roy arrive: c'est un grand homme aux cheveux noirs bien peignés et au visage sévère. Il tient dans sa main un flacon.
— Je vais te faire boire le somnifère, et après je t'attacherai. Je vais te demander de tout boire d'une traite, sinon il ne fera pas effet. Tu risques de rêver, dit-il d'une voix neutre, monotone.
Il me tend le flacon que j'attrape, les mains tremblantes. Comme il me l'a dit, je l'avale d'une traite. J'ai à peine le temps de penser que ce n'était pas bon du tout que mon cerveau s'embrume et je m'endors.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top