XXXVIII

Il devait être près d'onze heures, lorsque je me suis réveillé. Je m'étais attendu à dormir plus que ça après la nuit que j'avais passée.
Celle qui avait duré bien plus longtemps qu'elle ne le devait.
Encore à moitié endormi sur le lit, les souvenirs de la douche nocturne après nos ébats, du carrelage frais contre lequel j'étais plaqué et de ses dents contre la peau de mon cou pendant que j'haletais m'avaient définitivement fait émerger.
Autant dire que j'étais épuisé.

La tête embrumée et en caleçon, j'ai fini par me lever. Les volets étaient fermés, le soleil arrivait un peu à se faufiler entre les lattes en bois et éclairer faiblement la chambre déjà empreinte du bordélisme de Jungkook. En plus de courbatures, trois ou quatre légers hématomes parsemaient ma peau, tous dus à l'étroitesse de la douche dans laquelle nous avions, par je-ne-sais-quel miracle, réussi à entrer, mais où nous avions passé notre temps à nous cogner, pour tout faire sauf se laver.
En les découvrant, j'ai ri malgré moi.

Je me suis avancé vers la fenêtre en m'étirant, les membres engourdis. Des voix et de l'agitation résonnaient dans l'allée, et la chaleur étouffante du dehors m'a enveloppé une fois les battants ouverts.
Le soleil qui tapait juste en face m'a aveuglé un instant avant que je ne distingue un marché au pied de l'hôtel, qui s'étendait jusqu'au bout de la rue.
Supposant qu'il finissait aux alentours de midi, je me suis dis que nous n'aurions sûrement pas le temps d'y aller.
Surtout quand je me suis retourné vers Jungkook qui dormait.
Nu, sur le ventre, le bras autour de l'oreiller, la jambe pliée et le fessier surligné par la finesse des draps qui s'arrêtaient juste au bon endroit, dénudaient son dos redéssiné par les rayons du soleil jusqu'à la chute de ses hanches.

Mes yeux ne se lassaient pas du tableau et rappelaient à mon cœur qu'il était loin d'être rétabli de cette nuit passée à ses côtés.
J'ai eu l'impression d'être redevenu adolescent, je ne pensais qu'à ça depuis que j'avais ouvert les yeux. À l'audace que j'avais eue toute la nuit jusqu'à me retrouver plaqué dans la douche à quatre heures du matin, les jambes autour de sa taille, shooté aux hormones et à ce qu'il me faisait après une heure passée à m'épuiser sur le lit.

J'ai soufflé sous les images qui me revenaient, la mémoire submergée, et je me suis secoué.
Je n'avais pas regardé mon téléphone depuis trop longtemps, et même si ça m'angoissait, il le fallait. Au moins par respect pour Yoongi qui devait s'inquiéter.
Alors je l'ai attrapé, l'ai mis à charger et suis tombé sur plus de notifications que je ne l'aurais cru.



Choa

Yoongi m'a dit que t'étais parti,
j'étais morte de rire il avait l'air
désespéré, t'es où ? 😂

J'AI VU TA LOCA SNAP
T'ES À L'AUTRE BOUT DU
MONDE GRAND MALADE ????
J'AI MIS 4 ANS À TROUVER TON
BITMOJI


Yoongi

Je te DÉTESTE pour me faire faire
des crises cardiaques comme ça

JIMINNNN RÉPONDS MOI

Sérieux vous êtes partis où? Au japon ?
J'espère que vous ferez Disney au moins
Avec une chambre d'hôtel comme il se doit
Genre salle de bain transparente

.... Choa m'a dit

En italie

EN ITALIE

EN

I T A L I E

TU T'ES VRAIMENT BARRÉ
DANS UN AUTRE CONTINENT ?

Jsuis parti en fou rire tout seul dans
mon lit tu vas me rendre dingue avec
tes conneries

Qui es tu

Ramenez moi Jimin

Putain je te jure je m'en remet pas

Sérieux fais gaffe à toi quand même,
et appelle moi dès que tu vois ça



Les autres étaient deux appels manqués de ma mère, et plus de deux cents messages dans le groupe avec Hwasa, Hoseok et Whee In, mais qui ne parlaient pas de nous. Les messages de Yoongi m'avaient fait rire, puis un peu culpabiliser, alors j'avais essayé de le rassurer.



Yoongi

Ouah yavait longtemps que tu m'avais
pas envoyé autant de messages !!
Me crie pas dessus stp je vais bien,
je suis désolé d'avoir mis tant de temps
à répondre mais je préfère m'éloigner
de mon tel pour profiter, je sais que tu comprendras 😚
Tout est parfait, t'as vraiment pas à
t'inquiéter, et si tu l'as dit à ma mère
je jure que je reviens pour t'en mettre
une et je repars après
Ah et je suis à Manarola
Va voir des Vlogs ça te foutra le seum
bisous jtm abruti



Puis je me suis empressé de m'en éloigner à nouveau, en le laissant sur la commode.
J'ai décidé d'aller me doucher après ça, histoire de me rafraîchir sous ces quarante degrés qui prenaient déjà possession de la chambre.
J'ai fait le moins de bruit possible en m'enfermant dans la salle de bain avec mes affaires, pour éviter de le réveiller.

L'eau froide de la douche m'a fait soupirer d'aise, et le carrelage frais derrière moi a fait ressurgir toutes ces images une nouvelle fois.
Lui, la veille, ne semblait pas si épuisé alors que je m'endormais à moitié entre les draps.
A peine une demie heure après, il a voulu aller se doucher, je lui avais dit d'y aller, mais il a voulu m'y traîner, et puisqu'il était chiant, j'ai cédé. Juste pour lui prouver qu'y rentrer à deux était impossible.
Face à la douche ouverte, il a lancé un pari puéril,
j'ai marché.
On est rentrés,
j'ai eu tord, il avait raison, je me suis trouvé con.
Puis il m'a porté, et sous une pulsion fantasmatique, ça a dérapé.

Ce matin là, j'ai quitté la salle de bain en caleçon une vingtaine de minutes après, les cheveux mouillés.
Lui venait de se lever. Je me suis arrêté en le voyant justement venir vers la porte au moment où j'en sortais, la mine à moitié endormie et une main agitant ses cheveux ébouriffés. J'ai été surpris de voir qu'il avait su retrouver son sous-vêtements dans le bordel qu'il avait laissé.
Il s'est arrêté face à moi et a souri dès la seconde où la fatigue lui a permis d'assimiler le fait que je me tenais face à lui.
J'ai ri.

« Ça y est, tu reprends vie ? »
Ai-je lancé, et il a eu un rire soufflé, fatigué, en s'avançant pour glisser une main dans mes cheveux et m'embrasser le front.

« J'vais me laver aussi, quelle heure il est ?

— Sûrement presque midi, maintenant.
Dépêche-toi si tu veux manger dehors.

— On a tout le temps du monde, qu'est-ce que tu racontes encore ? »
A-t-il râlé en me lâchant pour s'avancer dans la salle de bain.

« J'ai pas envie de rester là toute la journée !

— Dis plutôt que t'as faim, ouais.

— Aussi... »

Il a ri.

« Aller, tais-toi et vas te laver. »
Ai-je conclu en fermant la porte pour lui sans lui demander.

« Tu viens pas avec moi ?

— Flemme !
Ai-je répondu en m'éloignant.

— Tant mieux, t'façons tu pèses une tonne ! »
A-t-il rétorqué un peu plus fort pour que je l'entende, la voix souriante, juste avant que je ne l'entende allumer l'eau.

J'ai levé les yeux au ciel, le sourire aux lèvres, et je me suis activé pour passer le temps. Hwasa avait déjà évoqué le fait qu'il en passait beaucoup trop dans la douche.
Ça m'a permis de faire un peu de rangement, tout en me demandant sérieusement comment quelqu'un était capable d'être si désordonné à l'autre bout du monde et avec si peu d'affaires.

En m'avançant machinalement vers la commode, j'y ai remarqué ce panier de fruit que je n'avais toujours pas détaillé depuis que l'autre femme était venue le déposer. Mon téléphone trônait à ses côtés et m'a rappelé que j'avais les vidéos de Yoongi sur Snapchat à regarder depuis plus d'une semaine. En me souvenant qu'il détestait que je prenne du temps pour les ouvrir, j'ai attrapé mes écouteurs pour m'y mettre.
Puis curieux de ce panier de fruit, je n'ai pas longtemps hésité à le prendre et l'emporter dans le coin cuisine, et j'ai fini par les trier, les laver, tout en laissant défiler Yoongi, ses conneries et ses gros plans sur mon écran, le téléphone posé sur un coin du plan de travail auquel je jetais un coup d'œil de temps en temps. En voyant que certains des fruits mûrissaient déjà trop, j'ai décidé d'en couper quelques-uns pour les mélanger, pour qu'ils servent à quelque chose.

Je n'avais mis qu'un écouteur sur les deux, histoire d'entendre la porte de la salle de bain s'ouvrir quand Jungkook en sortirait, mais ça n'a pas suffi.
J'étais en train de couper une mangue et rire bêtement devant un Yoongi victimisé par le chat de sa grand-mère un vendredi soir quand j'ai senti sa présence derrière moi.
Ses bras ont doucement entouré ma taille pour ne pas me surprendre, et sa tête est venue se poser sur mon épaule.
J'ai frissonné lorsque une mèche de cheveux mouillés a chatouillé mon oreille.

« Qu'est-ce que tu fais ?
A-t-il lancé d'une voix tendre.

Je les sauve avant qu'ils mûrissent trop. »
Ai-je rétorqué, la voix calme mais le cœur agité.
J'ai enlevé mon écouteur.

Il a souri.

« Tu les sauves ?

— T'imagines, si personne les mangeait ?
À quoi leur vie rimerait ? »

Son petit rire a retenti avant qu'il ne m'embrasse sur la joue.

« C'est quoi ça, du melon ? »

J'ai gentiment frappé sa main qui s'approchait du melon que j'avais déjà coupé.

« Pas touche. »
Il a semblé faire la moue près de mon cou.

En sentant ses cheveux m'effleurer l'oreille une nouvelle fois, j'ai frémi, et il l'a remarqué.

« Oh, t'es sensible des oreilles ? »
A-t-il dit, avec l'air de trouver ça adorable.

Je me suis crispé tout entier en riant lorsqu'il a chuchoté trop près, et que son rire a retenti juste après.

« Bouge pas ! »
A-t-il lancé sans me lâcher, amusé, et j'ai tenté de rester immobile, mais j'ai éclaté de rire à la seconde où j'ai de nouveau senti son souffle s'y écraser.

Il a de nouveau ri avec moi, et ses bras se sont éloignés. Mon cœur s'est pincé,
alors après avoir transvidé le dernier fruit coupé dans le bol d'à côté, je me suis retourné face à lui et me suis mis à glousser, les jambes joyeusement agitées lorsqu'il m'a soulevé pour me poser sur le plan de travail et me mettre à sa hauteur.
Il était toujours torse nu, avec les cheveux mouillés qui commençaient à boucler.
J'ai levé et tendu mes bras vers lui, le sourire aussi bête que le sien qui a grandi quand il s'est approché et que mes bras se sont refermés sur sa nuque lorsqu'il m'a embrassé.
Simplement, mais tendrement, et plusieurs fois.
Trois précisément, alors que ses mains affectueuses tenaient ma taille et que les miennes pensaient déjà à se balader.

Ses cheveux étaient doux, imprégnés de l'odeur rafraîchissante de son shampoing, et je n'ai pas résisté longtemps à y glisser mes doigts.
Il s'est blotti contre moi,
j'en ai profité pour inspirer le parfum enivrant qu'ils dégageaient. Ça m'aurait presque fait regretter de ne pas l'avoir rejoint sous la douche.

J'ai laissé reposer mon menton sur son épaule et me suis laissé bercer par le calme ambiant, mêlé aux voix lointaines des italiens dans l'allée.

« Alors, est-ce qu'on mange dehors ? »
Ai-je doucement lancé, les yeux fermés et la voix basse, profondément pris dans notre étreinte, presqu'en train de me rendormir sur son épaule.

Il a eu un léger rire et m'a doucement embrassé sur la joue avant de s'éloigner pour me regarder.
J'ai rouvert les yeux lorsqu'il a bougé.

« Faut au moins qu'on goûte les pâtes et les pizzas. »
A-t-il rétorqué face à moi, les deux mains posées à plat sur le meuble, de chaque côté de mes cuisses.

J'ai acquiescé,
puis son regard a dérivé sur les fruits à nos côtés.
J'ai de nouveau frappé sa main qui s'y avançait.
Il a tiqué, semblant ne pas comprendre pourquoi je l'en empêchais.

Alors, d'une main, j'ai attrapé une fraise que j'avais lavée.
Amusé, mes yeux dans les siens sont tombés sur ses lèvres et s'y sont attardées un instant avant de lui tendre le fruit de toutes ses envies.
Il a retenu un rire, puis est redevenu sérieux
et les a entrouvertes avant de les avancer.
Lentement, en attendant que je lui donne moi-même, mais je l'ai éloignée à la seconde où il s'en est trop approché.
J'ai gloussé, satisfait,
tandis que ses lèvres se pinçaient, souriantes,
les idées vengeresses.

« Fais gaffe, je connais tes points faibles, maintenant.

— Hum ? »
Ai-je lancé, un sourire angélique sur les lèvres et montrant peu d'intérêt à ses menaces que je faisais semblant de ne pas écouter.

Je lui ai de nouveau tendu la fraise entre mes doigts.
Il a hésité à s'avancer,
j'ai relevé mes yeux vers les siens.

On s'est regardés un instant,
silencieux.

Mes jambes ont un peu plus entouré ses hanches et ont fait légère pression pour nous rapprocher.

Puis, comme s'il s'était assuré d'avoir vu dans mon regard que je ne bougerai pas,
il a de nouveau entrouvert ses lèvres
avant de délicatement mordre dedans.

Je lui ai lancé un léger haussement de sourcil provoquant, le sourire satisfait, avant que ses yeux ne soient attirés par mes lèvres.
Les miens ont suivi le mouvement, ont regardé les siennes tandis que l'une de ses mains sagement posées sur le meuble s'est glissée sur ma cuisse.

J'ai cédé le premier et suis allé l'embrasser, les yeux mi-clos, frissonnant sous sa main qui n'a pas tardé à caresser ma jambe, effleurer l'arrière de mon genou qui s'était automatiquement relevé.
Ses lèvres étaient fruitées, sucrées,
avaient gardé la saveur aphrodisiaque de la fraise que j'avais laissée sur le bord de l'évier pour remonter la paume de ma main sur l'un de ses pectoraux.
L'autre mourrait d'envie d'aller se perdre dans ses cheveux pendant qu'il m'embrassait lentement et qu'un sourire lui échappait chaque fois qu'il voyait les miennes les rechercher lorsqu'elles s'en détachaient.

Au bout de quelques secondes, ses lèvres se sont éloignées, puis ont dévié près de ma joue sans la toucher.

« Attends.. »
A-t-il soufflé,
et j'ai frissonné de la tête aux pieds.

J'ai senti son souffle s'échouer près de mon oreille.

« Ferme les yeux. »
M'a-t-il susurré en laissant son autre main aller prendre ma hanche,
et j'ai compris qu'il voulait essayer quelque chose de nouveau.

Mes yeux se sont fermés.

Ses lèvres ont embrassé ma peau, juste à côté,
son souffle y a résonné juste après.
Il a recommencé,
plus d'une fois,
puis s'est aventuré près de mon lobe pour se répéter.
J'ai profondément inspiré lorsqu'il est venu l'attraper entre ses dents, le plus doucement possible.
Ses baisers ont migré, jusqu'à ce que l'un d'entre eux ne s'aventure à l'arrière de mon oreille.

Sensible, mes lèvres s'étaient entrouvertes,
et j'avais faiblement soupiré d'aise sans me contrôler, puis eu un rire soufflé après qu'il l'ait remarqué.

Il a souri, puis a pincé mon hélix entre ses lèvres.
J'ai frémi.
Lui semblait ne plus se lasser de me découvrir un peu plus chaque fois.

J'ai rouvert les yeux en le sentant arrêter puis s'éloigner. Il me regardait de haut, le visage à son tour redessinné par un fin sourire satisfait.
D'un geste taquin et joyeux, son index est venu appuyer sur le bout de mon nez.
C'est ce qui m'a fait rougir, puis sourire bêtement,
et puisqu'il n'aimait pas perdre,
il est allé voler la fraise à mes côtés pour la manger d'un coup de dents.

« Hé ! »
Me-suis-je écrié, n'ayant rien vu venir tandis qu'il riait, la main près de sa bouche pour ne pas en mettre partout en s'éloignant.

Je lui ai lancé le torchon que j'avais utilisé pour me venger.

« Je croyais que t'étais de mauvaise humeur au réveil ! Ai-je ajouté.

Quand j'me réveille en voyant que tu me mates, pas tellement. »
A-t-il rétorqué en s'avançant vers son sac pour y ranger les fringues que j'avais posées, et j'ai cru que ma mâchoire allait tomber.

En voyant la tête que je faisais, il a ricané.
Battu, j'ai levé les deux mains en m'avouant vaincu, le soupir déçu.

« T'as toujours le dernier mot.

— J'ai toujours raison, qu'est-ce que tu veux. »
A-t-il rétorqué par de grands airs, une couronne imaginaire ornée d'un millier de diamants posée sur le haut du crâne.

J'ai pouffé bruyamment.

« Toi, toujours raison ? Fous toi de moi.
Encore un comportement de Vierge, ça.

— T'as pas fini de critiquer les Vierges ?

— Non ! Vous êtes chiantes, à jamais avouer vos tords ni montrer ce que vous ressentez.

— Les Balances c'est mieux, peut-être ?
Vaniteuses, indécises, tellement besoin d'équilibre et de stabilité que vous bougez pas de votre trou, toujours–

— Quoi ?! Je suis vaniteux, moi ?! Je t'ai déjà dit que j'avais du mal à sortir de ma zone de confort !
Et depuis quand tu sais tout ça ? »

Il a ri.

« J'ai peut-être fini sur une dizaine de sites d'astrologie quand je m'ennuyais... »

Je n'ai pas pu empêcher le sourire gigantesque qui a pris possession de tout mon être en réalisant qu'il s'était intéressé à mon signe et qu'il s'en souvenait.

« T'as vraiment été voir des trucs sur les Balances ?

— Ouais, d'ailleurs, a-t-il enchaîné en balayant l'air d'une main, semblant se rappeler de quelque chose, tu disais quoi, sur notre compatibilité ?
Parce qu'elle est claquée !

— Ah, ça... C'était peut-être une technique de séduction désespérée. »
Ai-je avoué en me retenant de rire, les yeux baissés vers mes doigts qui dessinaient de l'abstrait sur le coin du plan de travail.

« J'suis déçu, a-t-il répondu.

— Désolé de briser tes rêves.
On est pas faits pour être ensemble.
T'avais qu'à être Lion, ou Sagittaire.

— En vrai, t'as pas vraiment le caractère d'une Balance.

— Je sais, ai-je confirmé, ça te ressemble même plus que moi. T'as le côté terre-à-terre des Vierges mais aussi l'envie de liberté, le côté charmeur, sociable, artiste, un peu bohème...
C'est tout toi. »

Un silence a suivi.
J'ai relevé les yeux.
À l'autre bout de la pièce, il s'apprêtait à entrer dans la salle de bain mais s'était arrêté suite à mes mots.

« Quoi ? Ai-je lancé, un peu anxieux parce qu'il me fixait.

— C'est réellement comme ça que tu me vois ?
A-t-il demandé, l'air agréablement surpris.

Bah, c'est ce que t'es, non ?

Il a semblé réfléchir.

« T'as plus de charme que moi. »
A-t-il énoncé, honnête.

Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver ça absurde.

« D'où tu sors ça ?

— T'en as beaucoup plus que tu le penses, t'sais.
Tu devrais oser en jouer plus souvent. »

Sur ces paroles lâchées avec légèreté, il a disparu dans la salle de bain ouverte pour y chercher je-ne-sais-quoi.
J'ai bêtement souri, attendri de la façon dont il me voyait, encore assis dans la cuisine. En réalisant qu'il m'avait de nouveau posé sur un meuble, j'ai renchéri;

« Sérieusement.. Tu te lasseras jamais de m'asseoir sur des meubles ? »

Je l'ai entendu revenir avant qu'il ne réapparaisse naturellement dans la pièce principale, mi-concentré dans ce qu'il faisait.

« Y'a beaucoup de choses que j'ai envie de te faire sur des meubles, Jimin. »
A-t-il calmement rétorqué sans me regarder, presqu'en rigolant légèrement et en déposant son sac dans l'allée.

De mon côté, je ne le quittais pas des yeux.

« C'est une proposition ? »
Ai-je répondu sans réfléchir, curieux de voir ce qu'il allait réussir à me sortir.

Son regard a croisé le mien.
J'ai revu ce sourire déstabilisé qu'il m'avait lancé dans l'avion, lorsqu'on s'embrassait et que ça lui faisait un peu trop d'effet.
Il a lâché un rire léger.

« Ça le sera si tu veux que ça le soit.

— Tu tournes autour du pot. C'est pas dans tes habitudes de faire dans la finesse.

— C'est pas dans les tiennes d'aller droit au but. »

J'ai plissé les yeux.
Lui semblait plus à l'aise d'avoir repris le dessus sur la conversation.

« Les choses changent. »
A-t-il ajouté.

J'ai passé une main dans mes cheveux, réfléchissant à ce que j'allais pouvoir rétorquer, mais rien ne me venait, à part les murmures de mon imagination débordante qui n'écoutait que mes hormones en ébullition tardive.
J'ai soupiré, fatigué de ce qu'il éveillait chez moi en quelques mots.

« Tais toi. T'es chiant. »

Il a ricané, amusé par tout ça, et s'est avancé pour ramasser le torchon encore par terre.

« Plus sérieusement,
a-t-il enchaîné en le pliant,
tu sais que tu peux tout me demander, hein ? »

Ses yeux se sont relevés.
Les miens ont analysé ses traits avant de fuir son air sérieux, l'esprit parasité par un tas d'idées.

« Jungkook, arrête ça.
Ai-je dit en riant nerveusement, fébrile.

— Quoi ? Pour une fois qu'on parle sans se provoquer. »

J'ai eu le courage de le regarder à nouveau, et me suis figé en le voyant plus près encore, les yeux baissés sur le bout de tissu qu'il remettait,
sur le manche du meuble,
entre mes jambes.
Sans trop d'ambiguïté, pour une fois,
mais mon corps l'a rapidement interprété autrement.

Son regard a de nouveau glissé jusqu'au mien.



« Tout ? »
Ai-je renchéri, curieux, les pensées traversées par une idée trop osée, alourdissant l'ambiance un peu plus tandis qu'il s'éloignait pour aller s'appuyer contre la table.

Les mains sous mes cuisses et à plat sur le plan de travail, j'ai pincé ma lèvre.
Il l'a regardée.
J'ai arrêté.

« Tout. Même ce que j'ai pas testé.

— Parce que y'a des trucs que t'as pas testés ? »
Ai-je rétorqué en y croyant à moitié.
Il a ri.

« J'ai à peine vingt ans, pour qui tu me prends ?
J'ai encore le temps. »

L'image que j'avais toujours eue de lui de ce côté là évoluait peu à peu.

« J'sais pas... T'as... Toujours l'air de, tu sais, tout savoir. D'avoir tout vécu. »

J'ai tenté de ne pas repenser à cette discussion que j'avais eue avec Hwasa sur son passé, dans le canapé à Jeju. Y penser aurait certainement fait ressurgir tout ce qu'il s'était passé.
Je ne voulais plus me rappeler de ces heures qu'il avait passées à m'ignorer.

En voulant penser à autre chose, c'est la nuit dernière qui m'est venue.
À quel point c'était surtout cette nuit là qu'il avait eu l'air de tout connaître sur le bout des doigts pour savoir m'emmener si loin.
J'ai compris que lui aussi lorsqu'il a souri en détournant les yeux.

« C'est flatteur, mais non, pas tellement.
J'en sais sûrement juste assez.

— Pour ? »

Le bas de son dos s'est décollé de la table pour lascivement s'avancer de deux pas jusqu'à moi.

Lorsqu'il m'a fait face à nouveau, il est revenu toucher le bout de mon nez, jovial.

« Te satisfaire. »
A-t-il répondu avant de revenir me couvrir de baisers, et je n'ai pas pu m'empêcher de rire légèrement sous les frissons que ça me procurait.

Il était le premier à ne plus pouvoir se passer de m'embrasser.

« Sérieux, même dans ces moments là tu penses aux autres avant de penser à toi ? »
Ai-je ajouté, les doigts cajolant la naissance de ses cheveux pendant qu'il revenait d'une escapade sur la peau de mon cou pour s'emparer de ma joue.

On s'est regardés.
Ses mains restaient sur le meuble, de chaque côté de mes cuisses.

« C'est pas le but ? »
A-t-il répondu, et je n'ai pas rétorqué immédiatement. C'est là que je me suis rendu compte que j'étais peu à peu capable de le regarder dans le blanc des yeux et d'aussi près sans trop flancher. Alors qu'on parlait de cul.

« Je suppose que si. »

Il s'est foutu de moi.

« Tu supposes ?

— Le monde n'est que suppositions, surtout avec toi, alors m'emmerde pas. »
Ai-je renchéri avant de lâcher ses yeux et de laisser mes doigts faire pression sur sa nuque, pour qu'il se taise et qu'il continue.

Son petit rire retenu et amusé a retenti près de mon oreille.

J'ai fermé les yeux en sentant ses lèvres s'approcher de mon cou, ayant l'espoir qu'il le fasse réellement, mais il m'a mordu.

J'ai râlé, puis l'ai pincé.

« C'est bon, promis j'arrête. »
A-t-il dit en se redressant légèrement, comme décidé.

Là, ses mains m'ont surpris en allant se glisser de mes hanches jusqu'à ma taille, longuement, ramenant avec elles toute une vague de frissons qui m'ont tendu de la tête au pied. J'ai profondément inspiré, mon dos a suivi le mouvement, s'est grandi, et ma tête s'est relevée lorsque j'ai senti le bout de son nez effleurer la peau de mon cou et y laisser son souffle s'écraser.
J'ai soufflé.

« Jungkook, ai-je soupiré, la voix basse, comment tu fais ça ?

— Comment je fais quoi ? »
A-t-il enchaîné pendant que ses mains m'enveloppaient un peu plus chaque seconde, se glissaient doucement sur mes reins et me rapprochaient tendrement de lui.
Mes bras sont approximativement allés entourer sa nuque.

« Hier soir. »
Ai-je répondu, les yeux mi-clos, entièrement transporté par la chaleur de ses gestes pointilleux qui savaient parfaitement où aller.

Son visage s'est un peu éloigné.
Juste assez pour me parler.

« Je t'écoute juste.
Surtout quand tu ne dis rien. »

A ses mots, mes pensées m'ont replongé aux côtés d'un Jungkook attentif à chacun de mes gestes, où une main crispée, un souffle court; une mèche de cheveux tiraillée lui suffisaient à interpréter mes volontés.

Au même moment, il est doucement allé plonger ses doigts entre mes cheveux avant de retourner jouer de cette sensibilité près de mon oreille, par des gestes simples, tendres, comme s'il voulait purement que je me sente bien, que je me détende sous son affection, et que j'arrête de trop penser.
Ça fonctionnait.
Mes yeux se sont fermés, et j'ai soupiré d'aise.

Ma nuque s'est détendue, j'ai laissé ma tête lentement basculer entre ses doigts, apaisé.

« T'es un anti-stress à toi tout seul... »
Ai-je soupiré, empreint au bien-être qu'il me procurait.

Il a eu un rire soufflé.
Sous sa volonté de me faire tout oublier, c'est par lui que mon esprit se voyait colonisé,
puis par cette idée salace, aussi. Celle qui s'était glissée dans mes pensées dès qu'il avait évoqué le fait de pouvoir tout tester.


« Vraiment tout ? »
Ai-je chuchoté, pour ramener le sujet.
Il a souri près de ma peau, comme s'il se doutait déjà que j'allais finir par en reparler, et j'ai fait de même malgré moi face à la transparence de mes rêveries.

« Pourquoi, tu penses à quoi ? »
A-t-il rétorqué en s'éloignant pour me regarder.
J'ai tout de suite réalisé que revenir sur le sujet était plus simple lorsque je n'avais pas sur le corps le poids de ses deux yeux qui me sondaient sans se gêner.

Mon imagination s'est à nouveau imposée, ramenant avec elle toute une flopée d'images que j'avais gardées pour moi jusque-là.
Mes lèvres se sont entrouvertes, prêtes à parler,
mais j'ai rapidement compris que rien ne sortirait.
Tant pis, j'aimais l'embêter; j'ai volontairement laissé tomber mes yeux sur ses lèvres, puis sur mon doigt que j'ai glissé entre ses pectoraux, faussement provoquant.

« Au fait que le marché va sûrement bientôt fermer.
Et qu'aucun resto va vouloir nous prendre après quatorze heures, alors, bouge toi. »

Il a ri alors que je le poussais gentiment sur le côté pour sauter du plan de travail, levant ses yeux au ciel, finalement peu surpris.

« J'en étais sûr, le droit au but, c'est pas ton truc. »
A-t-il lancé dans l'intention de me piquer tandis que je m'avançais vers mes affaires pour les attraper.

Ça a fonctionné.

« Arrête de me provoquer, ai-je renchéri en posant mes fringues sur mon avant-bras avant de m'avancer vers la salle de bain, ignorant ses regards insistants.

Désolé, je suis sûrement trop franc pour toi. »

Sur ces mots, je me suis retourné sous le chambranle, prêt à m'engouffrer dans l'autre pièce.

« T'es sûr de toi ? »
Ai-je dit, l'ego agacé tandis qu'il n'avait pas bougé, à côté de l'évier.

Il a haussé les épaules, d'un air faussement déçu et ennuyé.

« J'sais pas, si c'est pas vrai, t'as qu'à me le prouver. »

Je ne l'ai pas lâché des yeux, tournant et retournant une phrase dix fois par pensée avant d'oser la lâcher. La provocation n'avait jamais fonctionné chez moi, mais lui grillait toutes mes règles.
Il a fini par hausser un sourcil, mimant l'impatient, et je me suis lancé.

« Pour les meubles,
ai-je commencé, le regard jaugeant ouvertement son corps trop dénudé,
je veux que ça le soit. »
Ai-je fini, persuadé qu'il se souvenait mot pour mot de ce qu'il avait dit plus tôt.
Ça n'était pas l'idée que j'avais eue, mais c'est tout ce que j'ai été capable de lancer.

Il a compris bien avant que je ne lui tourne le dos.
Ce que je me suis discrètement empressé de faire, d'ailleurs, pour éviter une remarque sur mes joues que je sentais déjà chauffer.

J'ai posé mon tas d'affaires sur l'un des larges bords de l'évier blanc, et c'est quand j'ai remarqué son téléphone sur l'autre que je l'ai senti passer derrière moi. En relevant les yeux vers le miroir en face, c'est son regard que j'ai croisé.

« Tu vois, quand tu veux. »
A-t-il lancé, souriant.
Sa main a effleuré ma hanche en attrapant son téléphone sur le rebord à ma droite avant de s'éclipser.

« Termine de te préparer, j'irai après. »
A-t-il ajouté avant de quitter la pièce,
en nous laissant là. Moi, mes joues rouges et mon cœur papillotant.

En voyant à nouveau mon reflet dans la glace, j'ai tiqué, agacé d'être si faible face à ses provocations de gamin de seize ans.
L'avoir un temps soit peu dominé la veille me montait à la tête; l'envie de garder le dessus sur chacune de nos interactions me démangeait.
Il ne me bousculait ainsi que pour que j'y arrive, justement, et je le savais, pourtant, mais j'ai soupiré, interrompant mes méninges pour me laver les dents et enfiler des vêtements fins et légers. La canicule, dehors, attendait patiemment qu'on y mette les pieds pour nous achever.
J'ai arrangé mes cheveux rapidement, en y portant peu d'importance finalement, parce que personne de ce village ne me connaissait, et je suis sorti de la salle de bain une dizaine de minutes après.

L'espoir de voir un Jungkook déjà habillé s'est rapidement effrité en le retrouvant sur le lit, à plat ventre, l'oreiller sous le menton et les yeux rivés sur son téléphone, les fenêtres grandes ouvertes.

« Sérieusement, t'aurais pas pu t'habiller ? »
Ai-je dit en soupirant, un bras frappant le long de ma hanche par désespoir.

Il a râlé, enfantin.

« Mais j'ai chaud...

— S'il te plaît. »
Ai-je tenté, le regard grondeur qu'il a croisé avant de s'étirer bruyamment.

« Ok, Maman. »
A-t-il rétorqué bien après avoir pris son temps.

Je l'ai regardé se lever du lit, ébouriffer ses cheveux et se dresser face à moi. J'ai tenté de ne pas le lâcher des yeux pour lui montrer mon pseudo agacement, même si son mètre quatre-vingt me surplombait.
J'ai eu envie de lui dire qu'il m'énervait,
mais son regard est tombé sur mes joues,
et il est venu effleurer l'une d'elles d'un doigt en lâchant un rire soufflé, juste avant de disparaître de mon champ de vision.
Ça n'a pas arrangé mes rougeurs qu'il avait donc bien remarquées.

Il n'a rien ajouté, mais je me suis senti obligé de lui dire de se taire en rangeant mes affaires, trop perturbé par cette idée devenue proposition par ma propre volonté.
Celle qui avait, tout à coup, aiguisé mon intérêt pour le mobilier.

« Tu fais chier, Jungkook. »
Avais-je chuchoté pour moi-même, en sentant la chaleur de mes joues s'étaler peu à peu jusqu'à trop m'envelopper et qui, en l'espace de quelques secondes, n'avait refait de moi qu'un pantin articulé par mes envies de lui.
Et puis, parce que depuis, je ne pouvais m'empêcher d'attendre qu'il se décide à me prendre contre l'un de ces foutus meubles.

Il s'était enfermé dans la salle de bain.
En regardant mon téléphone, j'ai su qu'il était bientôt treize heures. Ça n'était pas pire que ce que j'avais pensé.

J'ai osé espérer qu'il se dépêcherait, mais j'ai rapidement fini par ne plus savoir quoi faire pour m'occuper après une vingtaine de minutes.
Assis sur le bord du lit, j'ai crié;

« T'es mort ou quoi ? Demerde toi ! »

Je n'ai eu qu'un écho évasif en réponse, balbutiant qu'il arrivait dans deux minutes.
Ça m'a fait soupirer et me laisser tomber en arrière, sur le matelas, ennuyé.
Mon téléphone, auquel je prêtais attention sans trop d'envie, était vide de notifications.
Je ne voulais pas lancer de discussion que je ne pourrais pas finir.
Twitter m'a diverti quelques minutes, puis trois tweets d'un Trump un peu bourré et un scandale sur un nouveau couple d'idoles annoncé m'ont rapidement lassé.

Dix autres minutes sont passées.
Je me suis levé, agacé, persuadé que j'allais réussir à l'engueuler.

« Jungkook sérieux, ai-je commencé jusqu'à m'arrêter face à la porte fermée,
tu te fous de ma gueule ? Faut revoir ta définition de "deux minutes" là ! Ça fait une demie heure que t'es là dedans, il est bientôt– »
Je me suis tu lorsque la porte s'est ouverte sur cette chemise claire, fluide, qui lui tombait joliment sur les épaules.
Ses cheveux étaient lisses, et cette boucle d'oreille pendante brillait sur son oreille droite.

« T'es encore en train de râler ? »
A-t-il lancé tandis que je restais planté face à lui.

« Y'a de quoi. »
Ai-je assuré, la voix petite, m'avouant secrètement que le résultat valait l'attente.

Je me suis décalé d'un pas pour le laisser passer.
Il s'est avancé vers la table de chevet pour attraper sa montre, et les bagues qu'il avait ôtées la nuit dernière. La couleur beige de son bermuda lui allait au teint et dessinait ses fesses musclées.
J'ai pensé à lui demander s'il s'était mis à la musculation.

« Prends un sac. Et un maillot de bain. »

J'ai bêtement acquiescé alors qu'il ne me regardait pas. Il a enfilé sa montre d'un tour de main.
Nos regards se sont croisés alors que je le regardais orner ses doigts, attentif.

Il m'a détaillé quelques secondes, mais n'a rien dit.
L'ambiance s'est alourdie.
J'ai été prendre mon sac.

« Un maillot de bain, seulement ?
Ai-je lancé, la voix perturbée.

— Comme tu le sens. »
A-t-il rétorqué, stable.


J'ai rajouté deux bouteilles d'eau.
Le blanc uni de ses baskets s'accordait à sa chemise.

En me souvenant de la crème solaire dans le fond de ma valise, j'ai été la chercher.
Ses tâches de rousseurs réapparaissaient.

J'ai attrapé mon portefeuille pour le ranger.
Ses manches se sont retroussées.

« Ça y est, on peut y aller ? »
Ai-je tenté.

Il s'est avancé vers sa valise, sans un mot.
Mes yeux sont tombés sur ses jambes sculptées.

Dos à moi, il s'est accroupi, glissant une main baguée sur sa nuque tendue.
Je l'ai entendue craquer.

Il a attrapé ce qu'il voulait avant de se relever.
Là, nos regards se sont croisés.


Un silence plus lourd que le précédent s'est installé.
Il semblait peiner à dissimuler son souffle perturbé.
Et ses yeux me détaillaient, couraient le long de mon corps et ne savaient plus où s'arrêter.

Ses lèvres se sont entrouvertes, puis refermées.
Son pouce a nerveusement embêté la bague du doigt d'à côté.
Sa langue a tourné.
Silence devenait éternité.
Puis, finalement, il a lâché;

« Pour les meubles,
tu veux vraiment que ça le soit ? »

Peu confiant, comme un aveux,
le regard anxieux.

Sur sa montre, j'imaginais l'heure tourner,
les restaurants fermer, revoyais mes plaintes répétées et devinait ce marché remballé...
Mais il a eu du mal à soutenir mon regard,
et j'ai craqué.




« ... Cinq minutes, ok ? »

La surprise a survolé ses yeux qui me revenaient;
il a bafouillé un « ok », trahissant son impatience.
C'est là qu'on s'est sautés dessus.
Que mes mains l'ont maladroitement attiré et que les siennes sous mes fesses m'ont brusquement soulevé et assis sur le bord de la table qui a craqué sous mon poids et sa brutalité.

Nos lèvres se sont précipitamment retrouvées entre nos gestes frénétiques et nos feulements désaccordés.
Ses mains ont glissé sous mes cuisses, ont ramené mes jambes vers lui avec force autour de sa taille; j'ai cherché à prendre appui d'une main tâtonnant sur la table derrière moi avant d'attraper sa chemise de l'autre et d'haleter contre ses lèvres, les yeux fermés tandis qu'on s'embrassait bestialement, sans retenue.

Les gestes vifs, il m'a dénudé, a fait glisser mon caleçon le long de mes jambes alors que je balançais mon tee-shirt aveuglément, le corps brûlant.
Je l'ai de nouveau attiré à moi, ses lèvres avides se sont jetées sur mon cou. J'ai relevé la tête, les yeux mi-clos.

« Sois brusque. »
Ai-je soupiré, le souffle chaud,
et il a ôté sa chemise par le haut suite à mes mots.
Sans attendre, il est revenu m'embrasser langoureusement pendant que l'une de ses mains soulevait ma jambe et m'incitait à poser le pied sur le bord de la table. Sa paume a caressé l'intérieur de ma cuisse pour l'écarter de l'autre.
Nos lèvres se sont séparées, humides, pour qu'il descende les siennes sur mon piercing.
Je l'ai chaudement regardé faire en me cambrant un peu plus, appuyé sur mes mains. L'une d'elles est allée s'emparer de ses cheveux lorsque le simple contact de sa langue m'a fait soupirer.
En l'entendant, il a fermement attrapé ma hanche pour me tenir près de lui, l'autre main écartant toujours ma jambe sur la table.

Ses lèvres m'ont arraché un léger gémissement, et puisque le temps lui était limité, il ne s'est pas attardé; il a humidifié ses doigts et je me suis baissé en arrière, surélevé par mes coudes. J'ai sursauté lorsque son bras a entouré ma cuisse pour fermement ramener mon bassin vers lui, ôter mon pied de la table et mieux me positionner.

Même purement dans l'optique de me préparer à la suite, ses doigts n'ont pas calmé mon état.
Il l'a senti, et m'a regardé lorsqu'il a fini par les enlever. Alors il a enchaîné; a débouclé sa ceinture, a rapidement attrapé un préservatif et l'a enfilé.

Il a vu ma main se crisper sur le bord de la table que j'ai agrippé en le sentant rapidement se lier à moi, puis j'ai gémi sur le coup.
Il a soupiré en m'entendant, les yeux rivés sur ce qu'il faisait entre mes jambes, en laissant ses hanches bouger. Mon corps encore habitué à lui depuis la veille s'est rapidement détendu sous ses va-et-vient qui, en le sentant, se sont intensifiés et l'ont poussé à lâcher un gémissement en voyant à quel point il entrait facilement.

Il est sorti pour rentrer d'une traite, plus brutalement, j'ai gémi plus fort que ce que je voulais.
Et parce qu'il ne pouvait pas se passer de m'entendre, il a recommencé.
Deux fois, jusqu'à revenir à des va-et-vient en gardant le même rythme, ma jambe entre ses doigts qu'il écartait de l'autre.

Il m'a regardé.
Ma respiration bruyante s'accélérait, les lèvres entrouvertes et le corps secoué par ses coups.
C'est ce matin là que j'ai compris qu'il n'y avait plus aucune gêne entre nous.

Nos peaux ont commencé à se claquer entre elles,
ses coups de reins se sont accélérés. Ma tête planait sous les sensations que ça me donnait, toujours relevés sur mes coudes.
Le désir d'atteindre un orgasme similaire à ceux qu'il m'avait donnés la veille m'obsédait.

« A-Ah!-ttend, attends, là, t'arrête pas »
Ai-je balbutié en m'agitant, lorsqu'il a cogné ce point que je recherchais.

Il m'a obéi, et a glissé la paume de sa main sur le bas de mon ventre pour faire pression dessus.
Sur ma vessie, plus précisément, et j'ai compris pourquoi quand les ressentis de ses va-et-vient contre ma prostate ont redoublé.

J'ai gémi de satisfaction, les yeux rivés sur sa main dont les veines ressortaient.
Le métal froid de sa montre effleurait l'intérieur de ma cuisse.
Chaque coup de reins me rapprochait un peu plus du plaisir que je poursuivais.

J'ai gémi d'un soupir frénétique, les yeux voilés que je fermais lorsqu'ils partaient en arrière, en même temps que ma tête.
Les orteils de ma jambe qu'il tenait fermement se sont recroquevillés, mon corps s'est crispé.
Il a donné un coup tremblant en gémissant bruyamment;

« Détends-toi »
A-t-il difficilement dit, à bout de souffle, contrôlant de moins en moins ses hanches et ses mains qui tremblaient.

Il a été plus fort pile au moment où il le fallait,
et ses coups de reins étaient si brutaux que j'hoquetais chaque fois.
J'ai fini par plaquer une main sur mes lèvres, de peur qu'on m'entende par la fenêtre ouverte,
mais j'ai dû l'enlever pour m'accrocher au bord de la table pour ne pas tomber tant ses mouvements se sont intensifiés la seconde d'après.
J'ai bégayé son nom, le corps tellement secoué par sa brutalité que ma voix aussi en tremblait.
La table tremblait autant que moi, et les pieds ont craqué sous un coup plus fort encore que les précédents. J'ai brusquement inspiré sous la vive sensation que ça m'avait procuré, la respiration coupée. Sa main sur mon ventre a soudainement été entourer mon érection; le corps trop sensible, au bord de l'orgasme, j'ai presque crié en me redressant sur mes mains et en refermant vivement mes jambes sur son bras.
Alors il en a profité pour attraper ma deuxième cuisse et me soulever, décoller mon bassin de la table et continuer à me pénétrer avec force quelques secondes pendant que je me tenais de mes mains derrière moi, jusqu'à s'arrêter en un dernier coup sec et me reposer.

Un violent spasme m'a secoué sur la table lorsqu'il m'a reposé. L'air bloqué dans ma gorge depuis vingt bonnes secondes s'est échappé, a fendu l'air en une plainte obscène.
Ma main crispée sur le bord, il me regardait trembler sans que je n'essaye de m'en empêcher, et j'ai eu l'envie folle de lui dire que je l'aimais. Sûrement par trop-plein d'hormones, ou alors parce qu'il y avait trop longtemps que je m'en retenais.

Il ne me quittait pas des yeux, lui-même surpris que mon corps réagisse autant.
Je n'avais jamais tremblé si longtemps, agité par les spasmes qui ne voulaient plus s'arrêter et le plaisir qui affluait continuellement, plus encore que pendant la nuit que nous avions passée.

Le dernier a fini par me secouer, puis m'a laissé respirer. J'ai soufflé bruyamment, exténué, et j'ai rapidement senti que ma jambe droite ne s'arrêtait pas de trembler.
Elle a vite attiré nos regards alors que le muscle de ma cuisse tressautait et secouait légèrement mon mollet et mon pied dans le vide de manière incontrôlable.

J'ai posé une main contre mes lèvres, ne comprenant rien de ce qui m'arrivait.
Jungkook a lâché un rire étonné, les sourcils haussés, et a été l'attraper pour légèrement la relever et la décoller de la table.
J'ai enlevé ma main pour la remettre sur le bord.
Elle s'est calmée entre ses doigts,
alors il l'a reposée, pour voir, et elle s'est remise à convulser.

J'ai sorti un rire choqué, et il m'a suivi tandis que j'essuyais une larme qui perlait au coin de mon œil depuis trop longtemps.

« C'est quoi ce bordel ? Ai-je lancé, encore submergé par les émotions que je venais de ressentir.

C'est la tension qui se relâche. J'avais jamais vu ça en vrai, a-t-il assuré alors qu'elle tremblait toujours, Hwasa m'en a déjà parlé, ça lui est déjà arrivé. »

Il n'en revenait pas, avec ce grand sourire qu'il n'arrivait pas à cacher et ce petit rire abasourdi, certainement fier de lui et de ce qu'il était capable de me faire ressentir.

« Bois de l'eau, et mange ça. »
A-t-il ajouté en attrapant une banane dans le panier sur l'évier juste à côté, sûrement pour le potassium qu'elle contenait.

Je l'ai attrapée tandis qu'il ne pouvait plus me lâcher des yeux.
J'ai esquissé un rire timide.

« Me regarde pas comme ça ! Ai-je dit, secrètement heureux d'enfin découvrir à quel point je pouvais prendre mon pied.

Désolé, a-t-il ri, c'est juste que, ouah, quand tu parlais d'hypersensibilité, bah, tu mentais pas. »

Mon attention a été attirée par le fait que, lui, n'avait pas débandé.
Je me suis levé.

« Viens-là, et tais-toi. »
Ai-je dit face à lui en le prenant par la taille pour le faire s'asseoir sur le bord du lit, son jean encore à ses pieds, avant de me mettre à genoux et de lui enlever.
Il ne s'y était pas attendu, et a bafouillé, les joues soudainement rouges.
Ça m'a fait glousser.
Ma jambe s'était légèrement calmée, mais j'y sentais toujours mes muscles s'agiter.

J'ai une seconde admiré son ventre tracé alors qu'il se tenait par ses mains sur le matelas, posées derrière lui. Ça m'exposait son torse.

Entre ses cuisses écartées, j'ai rapidement attrapé son érection qui a vibré entre mes doigts.
Il n'a pas pu empêcher un bruit de lui échapper, et j'ai relevé mes yeux vers les siens, amusés.

« Les voisins vont t'entendre, ai-je lancé pour le taquiner, en reposant les yeux sur ce que je tenais.

Tu peux parler... »
A-t-il rétorqué, la voix fébrile, et il a gémi lorsque j'ai tiré sur le préservatif sans douceur pour l'ôter.
Il m'a quitté des yeux pour respirer, les joues rougies.

Ma main l'a de nouveau entourée et s'est longuement agitée de haut en bas. Il a soupiré, rarement dans cet état là.

« Putain, tu me rends dingue. »
A-t-il assuré d'un souffle court alors qu'il semblait me revoir jouir sur la table cinq minutes plus tôt rien qu'en croisant mes yeux qu'il fuyait.

Je n'ai rien ajouté et me suis approché pour la prendre entre mes lèvres, puis la suçoter.
D'abord légèrement, puis plus franchement, en sachant très bien qu'il n'allait pas tenir longtemps.

Je l'ai entendu gémir plus fort sous ce que je lui faisais, et j'ai été caresser sa cuisse en même temps, les doigts frôlant dangereusement l'intérieur.
Il a rapidement fini; elle a vibré entre mes lèvres quelques instants après, sa main est venue m'agripper les cheveux sans se contrôler. Sa tête s'est balancée en arrière, et il a prononcé mon nom dans un râle qui m'a réchauffé.
Il a fébrilement expiré, le torse tremblant, et son érection s'est échappée du bout de mes lèvres sous les spasmes qui l'ont agité.
Je l'ai rattrapée entre mes doigts, et il a en partie joui sur mes lèvres.
J'ai ri, parce que ça m'a surpris et que j'avais légèrement sursauté.
Sa main crispée dans mes cheveux s'est détendue.

« D-Désolé.. »
a-t-il bégayé quand il l'a vu, essoufflé.

J'ai passé le dos ma main sur mes lèvres en le regardant. J'ai cru ça allait le refaire bander.
Ça m'a redonné ce petit sentiment de fierté qu'il devait aussi ressentir de son côté.
J'ai attrapé son poignet pour jeter un œil à sa montre.

« Navré, a-t-il lancé avant que j'en vienne à une quelconque conclusion, ça fait dix minutes. J'ai échoué. »

Et le camion entier d'endorphine qui venait de se déverser dans mon corps m'a fait éclater de rire, incapable de râler alors qu'il riait lui-même de sa connerie.

































Nous avons passé la porte d'entrée de l'hôtel à peine cinq minutes plus tard avant de poser le pied sous le soleil, les mains réarrangeant nos cheveux encore décoiffés et nos fringues dépareillées.
J'ai ignoré les quelques regards perspicaces des passants qui nous ont détaillés un instant pour le regarder.
Nous nous étions arrêtés.
Il a remarqué mes yeux et ne les a plus lâchés, interrogé sur ce je pensais.
J'ai souri en laissant aller ma main vers cette mèche de cheveux un peu trop rebelle qui lui donnait un air enfantin.

« Les vierges c'est pas si mal, finalement. »
Ai-je lancé après l'avoir recoiffé rapidement.

Une légère brise est venue le décoiffer à nouveau alors qu'il me regardait.
L'instant d'après, un énorme sourire a déformé ses lèvres encore rougies, et il est venu prendre ma main, plein d'entrain, avant de m'emmener à ses côtés.

« Viens, on va manger. »



























[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]

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BON
après des semaines et des semaines de combat avec ce chapitre j'en suis enfin venue à bout. ( seulement depuis hier, en fait)
je me dis que je devrais peut-être attendre d'avancer sur le prochain avant de publier mais pour certain ça commence à faire beaucoup de temps d'attente, donc le voici le voilà
j'ai jamais publié de chapitre si long je crois ;-;

SINON
ça va vous ? ('・ᴗ・ ' ) et ce nouvel album vous en pensez quoi ?
je le saigne comme jamais perso, j'avais pas aimé un album en entier depuis divide de ed sheeran

++ en tant que jikooker attitrée jsuis comblée avec Who, my time et FILTER PTN FILTER jmen remettrai jamais, il a fallu qu'il nous ponde une musique à consonances latines pile quand mon jikook est en italie ehe j'étais giga heureuse

OH OH ET LES MV, vous avez une préférence ?
j'aime teeellement celui de Black Swan

d'ailleurs, si vous avez twitter, venez on se follow mdrr mon @ c'est @ vy_cma

(update : si vous venez me suivre vous attendez pas à ce que je retweet du bts h24)

certaines d'entre vous m'ont déjà trouvée sous des posts plein d'amour pour arcadian (j'étais obligée d'y répondre j'en reviens tjr pas qu'on parle de moi sur ce réseau mdr) et ça me ferait plaisir de voir d'autre petites têtes

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