XXXIV
Ce chapitre faisait 6600 mots, mais je l'ai coupé pour pouvoir publier et encore avoir deux chapitres en réserve.
Bonne lecture ('・ᴗ・ ' )
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Si j'étais moi-même surpris par ma décision soudaine, lui aussi croyait ne pas s'être bien réveillé de la sieste dont il venait d'émerger.
« Quoi ? Tu.. T'es sérieux ? »
Avait-il dit à travers les hauts parleurs de mon téléphone.
Il n'avait pas tardé à m'appeler.
Ce fut comme si sa voix enrouée par le sommeil effaçait tous mes soucis. C'est ce sentiment de légèreté et de liberté qui me poussait à vouloir le suivre au bout du monde. J'étais curieux et envieux de cette façon qu'il avait d'en parler, comme si voyager lui faisait tout oublier.
Et puis, plus rien ne me retenait, à part ma bonne conscience et mon porte monnaie,
mais il arrivait à les faire taire, eux aussi.
« J'ai l'air de rigoler ?
Ai-je relancé en riant doucement, attendri.
— Bah, oui. »
A-t-il avoué en m'entendant le faire.
J'ai levé les yeux au ciel.
« Dépêche toi, avant que je change d'avis. »
Il n'a pas mis plus de temps à réagir;
il s'est rapidement échappé du lit ou du canapé, en balbutiant quelques « Ok » alors qu'il tentait d'émerger. Ça m'a fait rire, alors il a ri en me grognant de ne pas me moquer tandis que je me demandais déjà où j'allais atterrir;
dans des rues Brésiliennes chaleureuses et agitées, sous le soleil suffocant du Mexique ou sur une gondole en plein cœur de Venise..
Je tentais de faire taire toutes les autres questions que je commençais à me poser.
Combien tout ça allait coûter, combien d'heures de vol j'allais devoir encaisser, est-ce qu'on allait trouver un hôtel ?
Est-ce qu'il savait parler Portugais, Italien ?
Ou bien l'Anglais, au moins ?
L'entendre réfléchir à haute voix a interrompu mes pensées.
« Tu fais quoi ?
— Je regarde ma carte.
— C'est comme ça que tu te décides ?
— En général, ouais.
— Me dis pas que tu fermes les yeux et que tu décides d'aller là où ton doigt se pose ? »
Il a ri.
« C'est pas une mauvaise idée.
— Jungkook ! Ai-je renchéri en râlant.
— "Jungkook" ! »
A-t-il répété d'une voix censée m'imiter,
et j'ai boudé seul dans mon salon, l'air renfrogné.
« J'aime quand tu m'appelles comme ça,
a-t-il relancé, la voix moqueuse et heureuse.
— Tais toi. »
Ça a semblé l'amuser encore plus.
L'esquisse de son rire m'a bercé vers quelques souvenirs enivrants, et tandis que je me perdais dedans, il a ajouté ;
« Manarola, tu connais ? »
Les heures qui ont suivies ont semblé sortir d'un rêve, d'un autre monde.
J'étais à la fois émerveillé et terrifié de me lancer dans tout ça, même si Jungkook s'occupait de la majorité des démarches à suivre.
Ça m'a fait réaliser à quel point il en avait l'habitude.
J'avais décidé de lui faire confiance pour la destination; j'étais indécis et n'y connaissais rien.
Ça aussi, ça me faisait peur. Lui donner une confiance aveugle et le laisser m'emmener à l'autre bout du globe, loin de chez moi, loin de mes proches.
Jeju, à côté, semblait ridicule.
Et j'étais malgré tout excité de partir à l'aventure à ses côtés, plus rassuré qu'inquiet, finalement.
De toutes façons, je n'avais plus le temps de m'en préoccuper; le soir venu, tout était déjà prévu.
Nous partions tôt dans la matinée du jour d'après,
vers l'aéroport de Pise,
au nord de l'Italie.
J'ai décidé d'avouer à Yoongi que j'étais viré et que je partais pour quelques jours.
Il s'est inquiété, a voulu m'appeler, mais j'ai refusé.
Je voulais oublier.
Le café, mon licenciement, Jae-Hyun..
J'avais besoin de m'évader, et j'étais déterminé à y arriver. Ce fut comme une sorte de promesse que je m'étais faite à moi-même; je m'autorisais à claquer autant d'argent seulement si j'arrêtais de penser à tout ça.
C'était du passé, ruminer n'aurait servi à rien.
C'est ce que je me répétais dans le métro qui me conduisait à l'aéroport le lendemain matin, vers cinq heures.
Nous avions décidé de nous rejoindre là bas, pour gagner du temps.
Le métro n'était pas si bondé que lorsque je partais travailler. En le remarquant, j'y ai repensé, du coup,
mais mon arrêt qui arrivait m'a forcé à l'ignorer.
J'ai attrapé ma petite valise (que j'avais remplie avec le strict minimum, n'ayant pas envie de m'encombrer) et je me suis avancé vers les escaliers.
La bouche de métro siégeait juste devant l'entrée de l'aéroport. Ça m'a rappelé Jeju, jamais je n'avais autant pris l'avion en si peu de temps.
Dehors, le ciel bleu nuit commençait légèrement à s'éclaircir, si peu qu'on peinait à le remarquer.
Entre les autres voyageurs qui s'avançaient vers l'entrée, j'ai aperçu Jungkook sous le préau, proche des portes automatiques, une valise équivalente à la mienne posée à côté de lui.
Un sourire béat et contagieux est apparu sur ses lèvres à la seconde où il m'a vu l'approcher.
J'ai à peine eu le temps de poser ma valise une fois face à lui; il s'est baissé, a enroulé ses bras autour de ma taille et m'a serré contre lui, si fort que mes pieds ont quitté la terre ferme et que je me suis accroché à son cou en riant.
Je n'ai pas prêté attention aux gens qui avaient potentiellement pu nous lancer des regards jugeants.
Lui non plus.
Tout ça n'importait plus.
Il a fini par me lâcher.
Ses yeux dans les miens criaient à quel point il était heureux que je sois là.
Ça m'a réchauffé le cœur.
« T'es prêt ? »
A-t-il lancé, avec cet air espiègle sur le visage qui m'avait tant manqué.
Ses cheveux étaient un peu bouclés et commençaient à lui tomber sur les yeux.
« Pour partir avec toi, toujours. »
Son sourire s'est agrandi,
il m'a tendu une main que j'ai prise,
et nous sommes entrés.
Les portes se sont ouvertes devant nous, révélant à nouveau l'immensité du hall principal, cette fois éclairé artificiellement et non et par le soleil à travers les vitres.
J'ai recrée le même schéma qu'à mon départ pour Jeju; billets, bagages, portique, carte d'embarquement.
Je n'étais pas en retard, pour une fois.
« T'es fatigué ? »
M'a-t-il lancé alors que nous nous avancions vers un couloir.
J'avais tenté de m'endormir plus tôt, pour rassembler le maximum d'énergie et encaisser le décalage horaire, mais ça n'avait pas été très concluant.
« Ça se voit tant que ça ?
— Essaye de dormir dans l'avion, j'ai des somnifères si tu veux.
— Et toi ?
— Ça va, j'ai l'habitude. »
A-t-il répondu, l'air fier de ne pas être assommé par la fatigue.
J'ai pouffé face à ses grands airs.
« Bonjour, vous avez vos cartes d'embarquement ? »
Nous a lancé l'hôtesse de l'air une fois arrivés face à la porte d'embarquement.
L'instant d'après, on pénétrait dans l'avion.
Il n'était pas encore rempli, nous faisions partie des premiers à entrer.
Lui comme moi avions gardé un sac à dos sur nous.
Nous avions d'abord un vol d'environ deux heures jusqu'à Tokyo, pour ensuite prendre l'avion pour l'Italie. Vol qui, lui, allait durer plus de dix heures.
Entre eux deux; une escale de trois heures.
C'était l'un des moins longs qui nous étaient proposés, et évidemment l'un des plus chers.
Jungkook s'est assis côté hublot, à ma droite.
« Ils ont dit quoi Hwasa et tout ? »
Ai-je lancé alors que je m'installais, mon sac dans la main et mon téléphone que je regardais dans l'autre.
« Je leur ai pas encore dit. »
J'ai relevé la tête vers lui, surpris.
« Ok, quand Hwasa disait que tu partais à l'improviste elle déconnait vraiment pas. »
Il a ri et a sorti son téléphone.
« J'avoue que j'y ai pas pensé.
Quand je me focalise sur un truc je pense à rien d'autre.
— T'es pire qu'un gosse.
— C'est pour ça que tu m'aimes. »
A-t-il lâché si calmement, tout en se rendant sur Messenger.
J'ai repensé à ma conversation avec Yoongi deux jours auparavant, et je n'ai rien dit, incapable de savoir s'il était conscient que oui, c'était le cas, même avec les chamboulements émotionnels récents, et si lui m'aimait autant.
L'instant d'après, j'ai reçu la notification du message qu'il venait d'envoyer sur le groupe.
Les évadés
Jungkook
J'ai oublié de vous dire qu'on se barre en Italie 🤷🏻♂️
Les réponses n'ont pas tardé.
Les évadés
Whee In
QUOI?
COMMENT ÇA
Hoseok
ptddrrr j'suis mort vous abusez
t'as trouvé quelqu'un pour Cooky ?
Hwasa
🤦🏻♀️ ET T'ATTENDAIS QUOI
QU'ON PANIQUE EN ARRIVANT PLUS À VOUS JOINDRE ?
Jungkook
Désolé ?
Ma voisine s'en occupe Hoseok, ça t'évitera de bouger jusque chez moi
Whee In
Ça va se dorer le cul au soleil sans nous j'rêve
Jungkook
Intimité tu connais ?
Whee In
Tg
Hwasa
Bon bah bonnes vamos a la playa 😉
Jungkook
Ça c'est de l'espagnol connasse
Hwasa
MDRRRR MERDE
Jungkook a ri.
Whee In
Ramène moi une pizza
et pétez pas le lit
Whee In tg
c'est tes genoux que jvais peter
Whee In
TOI TG PTIT CHANCEUX LA
Aie pas trop le seum
jtenverrai une carte postale
Whee In
🖕🏻
« Qu'elle est con. »
Ai-je dit en riant face à mon écran, et Jungkook a approuvé.
Je lui ai répondu par un cœur, et j'ai verrouillé mon téléphone. L'avion s'était rempli entre temps.
Les derniers passagers s'asseyaient et le speech d'avant vol a commencé.
Je n'y ai pas réellement prêté attention.
« Tu regardes quoi comme étoiles, en ce moment ? »
Ai-je abordé, le coude sur l'accoudoir, la joue appuyée.
Il a eu l'air un peu surpris, comme s'il ne s'y était pas attendu.
« Quoi ? C'est si surprenant que je m'intéresse à toi ?
— Non, mais en général les gens s'en foutent.
C'est rare qu'on m'en parle.
On me parle surtout de concerts et de musique. »
Je me suis demandé s'il écrivait des chansons, du coup, mais je n'ai pas osé lui demander.
Il l'a vu et a levé les yeux au ciel, un fin sourire sur les lèvres, faussement agacé.
« Vas-y, pose ta question. »
J'ai légèrement ri, démasqué.
« T'écris des chansons ?
— Un peu, ouais..
— Tu les chantes pas ?
— Pas devant les gens.
Ça me gêne. »
J'ai hoche la tête, compréhensif, et j'ai changé de sujet.
« Alors, les étoiles ?
— J'ai trouvé Andromède, a-t-il rétorqué, les yeux pétillants.
— Tu cherches quoi, du coup ?
— Rigel. C'est-
— Une étoile supergéante, je sais. »
La surprise a de nouveau déformé ses traits.
Comme cette nuit, au marché.
Je lui ai lancé un clin d'œil, ça l'a fait sourire, alors j'ai ri.
« Quelle couleur ?
A-t-il renchéri, avec un air de défi.
— .. Bleue, non ? »
Ai-je rétorqué, soudainement moins confiant.
Son sourire grandissant m'a confirmé que j'avais raison.
Il m'a encore regardé un instant, puis a détourné le regard en esquissant un rire, agréablement surpris.
« J'aurais vraiment aimé le prendre en Italie.
Là où on va, y'a pas de pollution dans le ciel. »
Il a tristement soupiré.
« Bref.
Et toi ?
— Moi ? Ai-je répété, confus.
— Tu me parles jamais de toi.
Tes passions, ce que t'aimes faire. »
Ses yeux détaillaient les miens.
« Parce que je trouve pas ça intéressant.
— Ah, parce que c'est intéressant de m'écouter parler de cailloux en apesanteur ? »
J'ai pouffé face à sa façon d'en parler.
« Bah oui. »
Ai-je assuré, et puisqu'il n'avait pas l'air décidé à changer d'avis, j'ai enchaîné, résigné ;
« Ok, j'aime danser. »
Il n'a pas pu empêcher ce sourire en coin qu'il essayait de réduire en se souvenant de la nuit à Jeju.
J'avais directement compris à quoi il pensait.
« La Bachata, c'est ça ? »
A-t-il lancé, d'une voix plus basse, comme si les gens autour de nous pouvaient comprendre ce qu'on se disait implicitement.
On s'est regardé un instant, quelques secondes pendant lesquelles la tension a monté d'un cran.
Il a haussé un sourcil, l'air amusé par la situation, jusqu'à ce que je lui frappe le bras en tournant les yeux face à moi.
« Bref, ai-je enchaîné, le cœur battant en me rappelant à quel point j'avais été entreprenant ce soir là, pas forcément. J'ai dansé le rock, avec Hoseok. C'est ma mère qui m'a appris tout ça. On passait nos dimanches soirs à danser dans le salon.
— Donc tu sais danser la Salsa, la Valse, le Charleston et tous ces trucs ? »
A-t-il dit, l'air ébahi.
Ça m'a amusé.
« Le Charleston aussi, oui, mais sans les portés, faut pas déconner non plus.
— Les portés ?
— Les figures acrobatiques.
— Genre les trucs où le mec te jette en l'air et tu sors un grand écart ?
— À peu près, ai-je ri.
— J'trouve ça dingue, quand tu vois que je galère à faire la macarena. »
Quelques personnes nous ont lancé des regards mauvais parce qu'on parlait trop fort, et je me retenais d'éclater de rire suite à son dernier aveu.
« La Macarena, vraiment ? T'abuses ! Je la faisais déjà à cinq ans ! »
Ai-je ajouté en chuchotant bruyamment.
Il m'a frappé parce que je me moquais;
ça m'a fait rire plus fort.
« Chut ! »
A pesté une femme derrière nous, et j'ai plaqué ma main contre mes lèvres en frappant le bras de Jungkook pour lui dire de se taire.
« T'as qu'à pas rigoler ! A-t-il renchéri pour sa défense.
— C'est toi, avec tes conneries là ! »
Le commandant a annoncé dans les haut-parleurs que le vol allait démarrer, alors on s'est tus.
Je me suis rendu compte que, depuis qu'il m'avait pris dans ses bras devant l'aéroport, je n'avais pas une seule fois pensé à mon licenciement.
Je pense qu'il l'avait deviné à la seconde où j'avais accepté de partir avec lui. Il avait aussi sûrement compris qu'il valait mieux ne pas m'en parler.
Je crois que personne n'a su me comprendre comme il le faisait, et en aussi peu de temps.
Yoongi avait mis des années à lire dans mes pensées de cette façon, et il ne comprenait réellement tout que lorsque je lui expliquais, parce que j'étais vraiment compliqué.
Je n'avais pas besoin de sortir un seul mot pour que Jungkook me comprenne; et j'avais mis du temps à le remarquer, parce qu'il ne le montrait pas.
Avec l'histoire de Jae-Hyun, j'ai réalisé qu'il me comprenait bien plus qu'il ne réussissait à le prouver; toutes ces fois où il semblait ne pas le faire n'étaient que façade, protection, et difficulté à s'exprimer. Toutes dues à son traumatisme.
Voilà pourquoi j'étais incapable de lui en vouloir.
J'ai fini par le regarder à nouveau.
Les yeux rivés sur son téléphone, il a senti que je l'épiais et a relevé la tête.
« ... Quoi ? »
A-t-il fini par lancer après de longues secondes passées à se détailler.
« Viens. »
Ai-je soufflé en glissant ma main gauche sur son cou pour l'attirer à moi, d'un geste doux mais chaud,
le regard tombant sur ses lèvres.
Il s'est approché,
j'ai attrapé l'une d'elles entre les miennes, nos souffles se sont mélangés.
Le sien était chaud.
La peau de sa nuque chauffait sous la pulpe de mes doigts.
Tout chez lui me réchauffait tout entier.
J'ai compris que je lui faisais le même effet lorsqu'il a pris ma main sur sa nuque et l'a doucement éloignée en me chuchotant d'arrêter, l'esquisse d'un rire nerveux aux bords des lèvres. J'ai croisé ses yeux qui étaient passés par mes lèvres avant de venir rencontrer les miens. Alors je me suis arrêté, le cœur et le corps déjà impatients de me retrouver seul avec lui.
Le vol n'a pas paru si long que prévu, heureusement. Nous sommes arrivés à l'aéroport de Tokyo vers huit heures, je n'ai pas tellement prêté attention au temps, l'esprit trop occupé à penser à ce qui nous attendait plus tard dans la journée. Il était un peu plus bondé, même si tôt, mais ça ne m'a pas étonné. Nous avons trouvé un banc et nous nous y sommes posés, prêts à poireauter trois longues heures en attendant le prochain avion, ou plus; tout dépendait de sa propre volonté d'arriver en retard ou non.
J'ai somnolé un long moment sur notre banc attitré, entouré de gens dans le même état. L'attente s'est accompagnée d'un chocolat chaud du café intérieur, juste en face de nous. Jungkook a passé la plupart de son temps à jouer sur son téléphone, presque affalé sur le banc, les cuisses écartées et grognant lorsqu'il perdait. J'ai cru que j'allais rendre l'âme au bout des trois heures, et lorsqu'une voix a annoncé que notre avion était arrivé, nous nous sommes redressés dans la seconde en n'y croyant pas. Nous n'avons pas attendu plus longtemps pour nous lever, lassés d'être assis alors que nous nous apprêtions à l'être pendant dix longues heures.
Le schéma s'est répété à nouveau, se concluant par la vérification de nos cartes d'embarquement. Nous avons remarqué la différence d'avion dès l'instant où nous avons posé le pied à l'intérieur; il était deux fois plus grand, et de petits écrans trônaient derrière chaque siège. Aucun de nous deux n'était côté hublot, cette fois. Aux côtés d'un enfant turbulent et d'une mère qui lui répétait de se taire, le voyage s'annonçait long.
« Pense à ce qui nous attend. »
M'avait soufflé Jungkook, voyant que je rêvais soudainement d'enfoncer une plaquette entière de somnifères dans la gorge du gosse bruyant.
J'ai profondément inspiré, et j'ai fait au mieux pour le supporter. Il a fini par se taire après une crise de larmes, quand sa mère l'a mis devant un dessin animé, avec des écouteurs.
« C'est pour ça que j'aurai jamais de gosse. »
Ai-je lancé à Jungkook qui a ri, semblant n'en penser pas moins.
L'avion a démarré une bonne demie heure après.
Nous n'avons pas tardé à lancer un film sur l'écran face à moi; Jungkook s'est un peu décalé pour mieux voir. On avait hésité à mettre Interstellar, un film sur l'espace que Jungkook avait déjà vu, mais il m'a assuré que j'allais finir en larmes, me connaissant, alors on a opté pour un DC Comics.
J'avais posé mon bras sur l'accoudoir entre nous, et il s'était mis à caresser ma peau du bout des doigts, sur la face interne, donc plus sensible.
Ça me faisait frissonner; il retraçait des formes imaginaires, les yeux posés sur l'écran, tout en semblant réfléchir.
J'en ai été certain lorsqu'au bout d'un moment, il a fini par se lancer ;
« Celle que j'écris en ce moment, elle s'appelle Euphoria. »
Je l'ai regardé.
« Euphoria ?
Ai-je répété, intrigué, et il a haussé les épaules.
— Tu m'inspires. »
Ses yeux n'avaient pas quitté le film auquel je ne portais plus de réelle attention.
Ils ont finalement croisé les miens, en sentant que je le fixais, juste une seconde avant de fuir à nouveau.
« " You are the cause of my euphoria " »
A-t-il prononcé d'une voix bête, un peu gnangnan mais volontairement, avant de rire légèrement.
Comme si rire de lui-même empêchait les autres de le faire.
« Tu- Vraiment ? »
Ai-je relancé, un peu abasourdi.
J'ai réussi à apercevoir ses joues rosies.
« O-Ouais, fin, bref. »
A-t-il répondu en se dandinant sur son siège une seconde et balayant le sujet d'une main, intimidé.
J'ai eu envie de le taquiner.
« Tu sais que j'ai envie de l'entendre en entier, du coup ? Ai-je renchéri en m'approchant, le sourire quémandeur.
— Rêve.
— Quoi ? Pourquoi ?! Me-suis offusqué,
une musique parle de moi et je peux même pas l'écouter ?
— E-Elle parle pas de toi ! Enfin, si, mais.. Vas-y, t'es chiant, tais toi. »
Et il a eu l'air de bouder, le nez retroussé et les lèvres tristes. Je n'ai pas pu empêcher le sourire incontrôlable qui s'est emparé des miennes.
« Arrête, c'est pas drôle, a-t-il dit en le voyant.
— C'est te voir bégayer qui est drôle.
— Je te déteste.
— T'es sûr ? »
Ai-je ajouté, tourné vers lui, le menton dans la paume de ma main, amusé.
Il m'a regardé.
J'ai haussé les sourcils.
S'en sont suivies quelques secondes sans un mot, à soutenir le regard de l'autre, jusqu'à ce qu'un sourire le trahisse.
« Il est loin le temps où c'est moi qui te faisais bégayer, a-t-il enchaîné, récupérant son assurance.
— Les rôles s'inversent, c'est la vie.
— Prends pas trop la confiance. »
J'ai pouffé.
Il a jeté un regard à l'écran, où le film défilait encore dans le vide, et a donné un coup de menton en sa direction.
« Superman crève à la fin.
— Quoi ?! »
Et il a ri, fier de sa connerie tandis que, les bras croisés et enfoncé dans mon siège, j'étais finalement celui qui boudait.
• ॐ •
Je suis toujours en galère avec les prochains chapitres et ma motivation est au plus bas en ce moment, mais je trouverai rapidement une bonne organisation pour m'y remettre ('・ᴗ・ ' )
Désolée du coup, c'est pas le meilleur endroit pour couper le chapitre mais j'avais pas trop le choix /:
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