XXVIII
C'est comme ça qu'on a fini assis sur le bord de la route, le trottoir éclairé par les lampadaires et leur lumière jaunâtre.
Il s'était calmé assez rapidement, les yeux rouges, et ne disait plus un mot. Ça devait bien faire dix minutes que nous étions là; lui a chercher le courage de parler, et moi à attendre patiemment qu'il le trouve.
J'avais froid. Seule son épaule collée contre la mienne me réchauffait un peu.
L'ironie aurait été que je tombe réellement malade et fasse de la fièvre.
Sa main, comme un peu plus tôt sur un autre trottoir, s'agitait nerveusement en jetant des petits cailloux.
J'ai fini par la prendre dans la mienne, mettznt de côté ma rancoeur et espérant être un anti-stress assez puissant pour qu'il me préfère aux cailloux qu'il balançait dédaigneusement.
Il m'a légèrement souri, mais n'a rien dit.
Quelques secondes après, il a profondément inspiré.
« J'sais pas par où commencer. »
A-t-il avoué.
J'ai eu un léger rire soufflé.
« Par le début ?
— Merci Sherlock. »
J'ai doucement poussé son épaule avec la mienne, d'un geste taquin.
« Je t'ai jamais raconté comment on s'est connus tous les quatre ? »
A-t-il ajouté, et j'ai secoué la tête négativement tandis qu'il me regardait un instant.
« Ok, alors... J'avais quinze ans.
Mes parents ont décidé de partir en voyage organisé pour prendre des vacances, et on a pas eu d'autres choix que de les suivre avec mon frère.
En plus, c'était un vieux truc guidé, où tu pouvais pas aller où tu voulais. On s'est rencontrés pendant une activité l'après-midi de notre arrivée.
On se faisait tous chier à crever, c'est Hwasa qui est venue nous parler un par un. Elle avait dix-sept ans à cet époque là. Hoseok seize, et Whee In seize.
Au final, on restait ensemble à chaque sortie, et on était tous dans le même hôtel que le gérant du truc avait réservé, donc on se lâchait pas. »
Il a laissé échapper un petit rire en y repensant.
« Nos parents ont sympathisé, du coup.
Même notre dernier jour on l'a passé ensemble, alors qu'on avait quartier libre et qu'on pouvait faire ce qu'on voulait dans la ville sans devoir suivre le guide fan de musées. Il avait un humour douteux, en plus. »
A-t-il dit, les sourcils froncés en s'en rappelant, comme s'il replongeait totalement dans ses souvenirs.
« On est restés en contact grâce à nos parents, et puis, sur internet. C'était quoi, cette année là ? Kakaotalk ça existait pas encore, Skype, je crois...
Bref, on se parlait tous les soirs sur nos vieux ordis de huit kilos, en rentrant des cours.
On avait des vieilles webcams toutes dégueulasses, mais on s'appelait quand même. »
Mes doigts entrelacés avec les siens, j'ai commencé à caresser le dos de sa main avec mon pouce en l'écoutant attentivement.
« L'été est arrivé, et Hwasa nous a tous invités chez elle, à Yeosu. Elle avait une grande résidence près du port, et Whee In habitait juste à côté.
Ça devait durer une semaine. Au final, trois semaines après, on y était encore.
C'était le meilleur été de ma vie, je crois. J'avais jamais été aussi heureux qu'à ce moment là.
C'est cet été là que nos liens se sont soudés. »
Il a profondément inspiré une nouvelle fois.
« Bref. On a fini par rentrer, et puis, j'ai eu seize ans au mois de septembre. Nos parents se kiffaient trop, alors on est repartis en voyage après,
encore dans un délire de bus guidé,
" comme au bon vieux temps ". »
A-t-il répété, avec une voix censée imiter celle de leurs parents.
Il a marqué un temps de pause, nerveux.
J'ai compris qu'on approchait peu à peu du moment où il allait me raconter le plus important.
« Y'avait un peu plus d'enfants et d'ados de notre âge, dans ce bus là. C'était bruyant.
Et puis, y'avait ce gars, dans le fond, côté fenêtre.
On l'a remarqué quand on a entendu des autres gosses se moquer de lui. Il était avec sa mère, mais elle en avait rien à foutre. Elle faisait même pas gaffe, elle tapait sa meilleure discute avec une autre maman. On a même pas eu le courage de le défendre et de crier dans le bus.
Alors, en sortant, on est allés lui parler. »
Un léger sourire s'est dessiné sur ses lèvres.
« Il s'appelait Jae-Hyun, et il avait presque seize ans. Il avait tellement eu l'air surpris qu'on vienne lui parler, ce jour là.
On lui a proposé de venir avec nous, de pas rester seul avec sa mère, mais il avait refusé.
On a d'abord cru qu'il était timide. Il avait du mal à s'exprimer, comme si tout s'emmêlait dans ses pensées à chaque fois qu'il essayait de parler.
Il était petit, plus petit que toi. Plus mince aussi, la peau pâle et l'air fragile, avec un grand sourire attendrissant et des manches longues à la Ariana Grande. »
Il a eu un rire soufflé.
« Bref. Le lendemain, les mêmes gosses sont revenus le faire chier. On a pas réfléchi, et on a couru le défendre, comme s'il avait toujours été notre ami.
Hwasa les a calmés en trois secondes, puisqu'elle avait dix-huit ans et déjà un caractère imposant, et que c'étaient des gosses de quinze, seize ans. »
Il s'est arrêté, semblant y repenser.
« C'est à partir de là qu'il a accepté de venir avec nous. On lui a proposé de venir nous rejoindre dans la chambre d'hôtel de Whee In, puis on est partis.
Il a fini par venir le soir même, en nous avouant qu'il avait pas l'habitude de faire ça, de se faire des nouveaux amis. Aussi, qu'il avait peur de se retrouver mis de côté, dans un coin de la chambre. »
Nos yeux se sont croisés.
« Comme toi, au Vénus Bar, pendant l'honnêteté radicale. »
Je m'en suis souvenu.
« Attends.. C'est pour ça que Hwasa et Hoseok ont fait une tête bizarre en te regardant ? »
Il a hoché la tête.
« On a compris qu'il était pas timide, mais réservé. Peut-être un peu plus que la normalité.
On l'a vite intégré au groupe.
Il avait du mal, au début. Il avait peur d'être mis de côté, mais c'est lui-même qui s'isolait.
En rentrant de vacances, on l'a invité sur notre groupe de discussion, sur internet.
Il était plus à l'aise par messages, des fois on avait l'impression de voir une autre personne. »
Il s'est tu un instant.
« La routine des cours a repris. On se parlait tous les soirs, on se racontait nos journées.
Petit à petit, il nous racontait les siennes.
Il détestait l'école, et ça le tuait d'aller en cours tous les matins, mais il nous en disait pas plus.
On pensait qu'il était juste stressé, peut-être phobique social, tu vois. »
J'ai hoché la tête à mon tour, ayant déjà deviné ce qui devait le rendre si mal en allant a l'école.
« Au bout d'un moment, on a instauré un truc.
Puisque les bus étaient pas chers pour aller jusqu'à Yeosu, ça devait être un truc du genre... Dix-sept milles wons ? (environs 13 euros) Et que Jae-Hyun habitait dans un petit village entre Busan et Yeosu, on allait tous les week-ends chez Hwasa, ou au moins, toutes les deux semaines.
Je prenais le bus qui passait le chercher dans son village, et puis, on se rejoignait tous là-bas.
Ça nous faisait du bien. On décompressait.
On a fait ça pendant un an. »
Une brise a fait danser les feuilles sèches d'un grand arbre à nos côtés.
« Et puis un jour, quand il est venu me rejoindre dans le bus et qu'il mettait son sac à dos sur la plate-forme en hauteur, sa manche s'est relevée.
Il mettait toujours des tee-shirts à manches trop longues, même en été.
Il l'a baissée la seconde d'après, en sachant très bien que j'avais eu le temps de voir toutes les cicatrices sur son bras droit. »
J'ai baissé les yeux, comprenant mieux sa réaction de quelques minutes auparavant.
« Putain, Jimin, ça commençait de son poignet jusqu'à l'intérieur de son coude. Y'en avaient des centaines, toutes rouges, certaines en train de guérir et d'autres qui avaient l'air d'être là depuis quelques heures à peine.
Ça m'a donné envie de chialer.
Ma première réaction, ça a été de m'énerver. J'avais jamais connu ça, c'était la première fois que j'y faisais face. »
A-t-il dit, la voix émotive, comme s'il y était encore.
Je me suis empêché de penser au jour où ma mère l'avait malheureusement découvert, elle aussi.
« Il a pas dit un mot pendant tout le trajet.
J'crois qu'il avait honte, je sais pas, mais ça me rendait dingue de rien savoir. J'arrivais pas à comprendre, et il se confiait jamais. »
« Tout garder pour soi ça a jamais aidé personne ! »
« Oh merde, je suis désolée... »
Ai-je lancé, en me souvenant de notre dispute après son coming-out.
Tout s'éclairait; cette façon qu'il avait eu de s'énerver, comme si j'avais touché dans le milles.
« Pour ?
— L'autre fois, après le resto avec tes parents..
— Tu savais pas, Jimin. »
C'est son pouce qui s'est mis à caresser le mien, après avoir repris plus franchement ma main entre la sienne.
« Il en a jamais reparlé.
Ni aux filles à qui il parlait souvent, ni à Hoseok, ni à moi qui a essayé de le faire parler un millier de fois. En face à face, par message, même par lettres, j'sais pas, j'me suis dit que ce serait plus simple d'écrire sur du papier. J'ai essayé de lui faire comprendre que j'étais là, prêt à l'écouter, que je le jugerais pas, que j'étais désolé de m'être énervé dans le bus. Il a juste fait comme si j'avais jamais rien vu. »
Au contraire, de mon côté, je n'avais pas longtemps hésité à en parler à Yoongi, lorsqu'il est entré dans ma vie.
« C'est là que j'ai commencé à faire attention, à le regarder plus souvent. Il allait mal, même s'il riait souvent, et j'ai pas été le seul à le remarquer.
Y'a des jours où j'avais l'impression de le retrouver,
et puis, le lendemain, tout s'effondrait.
C'était toujours comme ça, ça durait jamais. »
Un sourire triste lui a échappé.
« Au moins, on réussissait à le rendre heureux quand il était avec nous, avec nos conneries. »
Il a baissé les yeux.
« Mais y'a un moment où même nous tous réunis on réussissait plus à lui redonner le sourire.
Ça le bouffait.
C'était quelqu'un de merveilleux, j'te promets, quand il était avec nous et une fois qu'il s'est senti à l'aise et en confiance, il est devenu un p'tit rayon de soleil. J'avais jamais connu quelqu'un d'aussi attachant.
Avant lui, j'savais pas ce que c'était l'hypersensibilité, ni une aussi grande fragilité.
Il remarquait tout, chaque détail, chaque parole, et il les interprétait.
Il pouvait pleurer pendant des heures à cause d'un film, ou à cause d'une histoire qu'il avait lue. Ça lui faisait vraiment mal, et ça le marquait à vie.
Je trouvais ça magnifique de pouvoir ressentir la vie aussi intensément.
J'aurais voulu qu'il s'en serve pour l'apprécier,
pas pour la détester autant. »
Plus l'histoire avançait, plus j'avais peur de la fin.
« Tu lui ressembles... T'as pas idée comme tu lui ressembles. »
A-t-il ajouté, passant une main dans ses cheveux en soupirant.
« Il admirait Hwasa, parce qu'elle est sociable, ouverte d'esprit, imposante. Il la jalousait un peu, parfois.
La dernière fois, quand t'es venu chez moi la première fois...
Et que t'as pris Cooky dans tes bras, tu t'en souviens ?
— Oui ? Ce jour là aussi, t'as eu une réaction que j'ai pas comprise.
— C'est parce qu'il était le seul, avec moi, à pouvoir ne serait-ce que le toucher.
C'était le seul qu'il ne griffait pas et ne mordait pas, quand il venait chez moi. »
Son regard a croisé le mien.
J'ai baissé les yeux, en pleine réflexion.
« Et quand on faisait des soirées, il venait toujours me chercher pour danser.
Avec un grand sourire, en prenant mes mains, comme tu l'as fait, parce qu'il disait que la vie était trop courte pour avoir honte de danser. »
Un autre morceau de l'histoire se dévoilait.
« Je l'ai vu, ton sourire crispé. »
« Il nous adorait. Je crois même qu'il nous idolâtrait. Peut-être un peu trop pour ce qu'on était réellement. Ça le rendait tellement heureux, d'avoir un groupe d'amis. Il avait peur qu'on s'en aille du jour au lendemain, qu'on le laisse là.
Alors, d'un coup, le voir brisé comme ça, ça me tuait. Ça nous tuait tous. »
Il a profondément inspiré, encore une fois, avant de continuer.
« Bref. J'ai rencontré Hana quelques mois avant mes dix-huit ans, et, à mes dix-huit ans, on est tous partis en voyage organisé, cette fois sans nos parents, et sans guide, puisque Hwasa, Whee In et Hoseok étaient majeurs. J'ai emmené Hana, parce qu'elle rêvait de voyager.
On est partis en Espagne.
C'est là qu'on a connu Tae-Yeon et Taehyung. »
Il a marqué un temps de pause.
« Et c'est là que son comportement a vraiment changé. Il avait déjà changé depuis que je connaissais Hana mais, là, c'était pire.
J'ai pas mis énormément de temps à me douter qu'il avait des sentiments pour moi.
Que malgré les refus de mes avances pour tenter de l'aider, ça le touchait de voir que je m'inquiétais pour lui, et qu'il s'était accroché à moi.
Peut être comme une bouée, un peu.
J'ai continué à espérer que c'était pas le cas jusqu'à ce que Whee In et Hwasa viennent me l'avouer en secret.
Mais j'étais dingue d'Hana, et... C'est pas comme ça que je l'aimais. »
A-t-il conclu d'une voix désolée.
J'ai commencé à me sentir mal.
« Alors j'ai rien dit. J'ai fait comme si je savais rien, parce que j'avais pas le courage de lui dire et de le briser un peu plus.
J'ai pas changé de comportement avec lui, pour pas qu'il se doute que j'étais au courant de quoi que ce soit.
On est rentrés en Corée après ça, puis on a gardé contact avec Taehyung et Tae-Yeon, et ils nous ont invités sur Jeju peu de temps après, pour profiter des derniers jours d'été.
Hana n'est pas venue, à cause de ses études. »
Il a froncé les sourcils.
« Jae-Hyun avait pas envie d'y aller.
Comme s'il le sentait pas.
Mais on l'a pas écouté, en lui disant qu'il se prenait trop la tête, et on l'a poussé à venir, en lui promettant que ce serait les meilleurs trois jours de sa vie. »
Il a soupiré.
« Au début, il était rayonnant. Ou au moins, il en donnait l'impression. Il s'amusait, riait tout le temps. Hoseok a sauté dans la piscine en pleine nuit, puis, y'a eu ce truc, avec les constellations.
Tout ça, ça a duré les premiers jours, tout allait bien. »
Il a réfléchi un instant.
« J'ai vraiment cru qu'il allait mieux.
Que pour une fois les choses s'atténuaient dans sa vie, mais, j'ai compris que non, quand je suis monté dans ma chambre la dernière nuit.
Il était plus de deux heures du mat', Hoseok qui dormait avec moi était pas encore monté, et il est venu. »
Je le regardais.
Sa main s'est tendue entre la mienne.
« J'te l'ai dit, il venait jamais se confier.
J'ai pas tout de suite compris ce qu'il venait faire là.
Il avait le regard fuyant, la tête baissée.
Je lui ai demandé ce qui se passait,
on s'est assis sur le lit. »
Il a baissé les yeux.
« Il a mis du temps à parler.
Quand je lui ai dit une centième fois que je voulais l'aider, il s'est mis à pleurer.
J'ai essayé de le réconforter, de le calmer,
il m'a dit qu'il était fatigué.
Alors je lui ai dit d'aller se reposer, comme un con, mais il a répondu que je comprenais pas.
Je me souviens mot pour mot de ce qu'il a dit, après ça. »
En l'écoutant parler, ce fut comme si j'y étais.
J'avais pu imaginer ce qu'il disait.
« J'en peux plus, Jungkook.
J'suis fatigué de rester réveillé le soir, à penser, à chialer.
Je peux plus dormir la nuit en sachant que demain sera juste comme hier.
Tout me fait mal tout le temps. »
« Il m'a dit qu'il était désolé.
J'ai essayé de le prendre contre moi en lui disant que ça allait passer, mais il m'a repoussé, parce que j'y comprenais rien.
C'est ce qu'il répétait; que je comprenais pas, que rien n'allait jamais passer.
Que rien n'allait depuis des mois, même des années. Que sa mère avait vu son bras, qu'elle l'avait juste traité d'attardé, qu'il devait se faire soigner. »
Il a arrêté de parler quelques secondes.
« Je lui ai demandé pourquoi il s'infligeait ça.
Il a arrêté de parler, incapable de me regarder.
On s'est disputés, parce qu'il faisait que se renfermer.
Il a fini par craquer et me dire qu'il se faisait harceler depuis quatre ans, par des putain de gamins de sa classe. »
Mes théories se confirmaient.
Sur ce point là aussi, il me ressemblait, et c'est ce qui l'avait fait craquer.
« J'ai pas su quoi faire ou quoi dire.
Je lui ai dit de prévenir un adulte, d'en parler.
Bref, tout le baratin qu'on sort dans ces moments-là, pendant qu'il pleurait tellement qu'il arrivait même plus à respirer. »
Avancer dans son récit sembler le faire souffrir de plus en plus.
« C'est là qu'il m'a avoué qu'il pensait tous les soirs à se foutre en l'air.
Peut-être pour que je réalise à quel point il se sentait mal.
Comme une sorte d'appel à l'aide. »
Je ne le lâchais pas des yeux.
Lui ne me regardait pas, mais le sentait.
« Ça a marché.
J'ai paniqué.
Je lui ai dit d'arrêter, qu'il pouvait pas faire nous faire ça. »
« Tu peux pas dire des choses pareilles.
Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Hyun, merde, t'as dix-sept ans, t'as encore rien vu, rien vécu.
C'est ça, la vie.
Tu tombes, tu te relèves, puis tu te retombes, pour te relever avant de retomber.
C'est pas quelque chose que tu peux empêcher.
— Tu comprends rien ! C'est pour ça que j'en peux plus ! Je veux plus tomber, ni me relever, c'est trop.
— Hyu–
— Non !
L'avait-il coupé, la voix suppliante.
J'ai jamais demandé à vivre.
Personne en a rien à foutre de ce que je veux ou non.
" Sois pas si pessimiste, Hyun, la vie est belle. Dédramatise, regarde ça d'un point de vue extérieur, c'est pas si grave, tu vois ?
T'es qu'un gosse, tu comprends ? Plus tard ça n'aura plus autant d'importance, tu crois pas ? "
— J't'en prie, arrête de pleurer.
Je te promets que ça va aller . »
Il m'a dit qu'il avait lâché un rire nerveux, les mains essuyant ses joues submergées.
« Je suis désolé, avait-il ajouté.
— Hyun.
— C'est bon Jungkook, oublie tout ça. »
Il s'était levé, prêt à s'en aller.
« Com–
— Fais comme si tout allait bien, ok ?
Comme si je souriais vraiment, et ça ira. T'as pas a t'en faire pour moi. »
Jungkook l'avait rejoint, l'empêchant d'ouvrir la porte.
« Je l'ai embrassé, Jimin.
J'ai pas su quoi faire. »
Je me suis figé, sûrement comme Jae-Hyun ce soir là.
« J'ai paniqué, putain, je me suis détesté.
Parce que j'ai rien ressenti.
Parce que c'était le pire truc à faire.
Il est resté là, à me regarder. »
Il a bégayé, comme s'il y était.
« Je–.. Je sais pas ce que j'avais espéré.
Comme si ça allait tout arranger, pour qu'il ait quelque chose à quoi se rattacher. »
J'ai baissé les yeux.
« Il s'est remis à pleurer, en me demandant pourquoi j'avais fait ça.
J'ai pas su répondre.
Il savait que je ne l'aimais pas.
Je l'ai tellement déçu, si t'avais vu ses yeux.
Surtout quand il a compris que je le savais, et que les filles avaient trahi sa confiance. »
J'ai désespérément câliné sa main avec la mienne, ne sachant pas quoi faire d'autre pour le soutenir sans l'étouffer, terrorisé qu'il s'arrête de parler, là, d'un coup.
« J'ai essayé de le retenir, mais il m'a dit de le laisser tranquille. »
Je pinçais mes lèvres nerveusement en sentant sa culpabilité à des kilomètres à la ronde.
« J'ai pas dormi de la nuit.
On est partis le lendemain, dans une ambiance de merde. Tout le monde sentait le froid entre lui et moi, alors les filles et Hoseok m'ont demandé s'il s'était passé quelque chose.
J'ai rien dit.
J'ai jamais rien dit.
J'avais trop honte. »
Et son silence jusque-là à propos de tout ça me prouvait que c'était toujours le cas.
« À partir de là, on l'a vu s'éloigner de jours en jours. Il venait plus sur l'appel Skype le soir, il avait toujours une excuse. Il mettait du temps à répondre aux messages, parfois il s'absentait pendant des jours entiers. »
Il a profondément inspiré.
« Alors un jour, j'ai fini par aller chez lui.
Je déteste faire ça. Venir sans être invité.
Mais fallait que je m'excuse, qu'on en parle, qu'on mette les choses à plat. Je supporte pas de rester dans un conflit. »
J'ai repensé à ce trait de personnalité qu'il avait laissé s'exprimer en m'invitant au restaurant seulement une heure après notre dispute,
puis en prenant Hoseok dans ses bras, même après qu'il lui ait pratiquement craché tout ce qu'il pensait.
« Il est venu m'ouvrir, l'air agité.
Il était seul.
L'eau de la baignoire coulait à l'étage.
J'compte plus les fois où il m'a demandé ce que je foutais là. Il regardait autour de lui toutes les trois secondes, l'air encore plus stressé que d'habitude. »
Il a soupiré.
« On a parlé... Quoi, aller, cinq minutes ?
J'ai bégayé, j'ai pas su m'exprimer.
J'ai même pas su lui dire que j'étais désolé, j'ai surtout parlé pour le groupe, en lui disant qu'on s'inquiétait tous, même si personne à part moi ne savait pour son harcèlement.
Là, il m'a dit qu'il était sous traitement.
Des anti-dépresseurs, des anxiolytiques, alors qu'on avait pas besoin de s'inquiéter.
Qu'il était juste occupé, avec ses cours à rattraper.
Je l'ai cru.
Ou peut-être que j'avais tellement voulu le croire que j'avais fini par le faire. »
J'ai vu sa mâchoire se contracter.
« J'aurais dû comprendre.
J'aurais dû savoir ce qu'il allait faire une fois la porte fermée.
J'aurais dû rester, le forcer à me parler, ne pas le laisser seul. »
A-t-il ajouté, la voix émotive.
« Je me déteste encore d'être parti ce jour là.
De lui avoir fait confiance, ou alors d'être trop con, j'en sais rien, mais putain.
Alors... Peut-être qu'il prenait les choses trop à cœur, et peut-être qu'il s'en faisait un peu trop parfois, mais ça le tuait. »
Il a jeté ses cheveux en arrière, les joues larmoyantes.
« Ça l'a tué, finalement.
Si j'avais.. Je sais pas, si j'avais su l'aimer, peut-être qu'il serait là. »
A-t-il dit, le regard dans le vide, avant de se reprendre.
« Bref.
Hana m'a quitté quand je lui ai avoué l'avoir embrassé. C'était compréhensible, déjà qu'elle avait du mal à faire confiance aux gens à cause de son ex qui l'avait trompée, j'ai niqué tous ces mois passés à la rassurer. Elle avait compris que y'avait pas de sentiment, mais elle a pas su passer au dessus. »
Il a reniflé, essuyant ses joues d'un revers de main.
« Les autres ont su faire leur deuil.
Moi, j'pensais m'en être sorti,
mais t'as fait remonter en moi tout ce que j'avais voulu oublier de lui. »
A-t-il conclu en regardant face à lui quelques secondes, avant de croiser mes yeux à nouveau.
Je suis resté à le regarder, pensif, avec l'envie de lui donner tous les mots que je n'avais pas.
J'ai voulu m'excuser un million de fois, sans trop savoir pourquoi.
Peut-être pour toutes ces fois où, malgré moi, je lui avais rappelé tous ces souvenirs qu'il avait volontairement effacés.
Et pour ce soir là, où je n'avais jamais su trouver les mots sur son passé.
Ma gorge s'est nouée tandis qu'il me regardait.
J'ai baissé les yeux, parce qu'ils s'embuaient, et, les sourcils froncés, j'ai tenté d'effacer les larmes qui me sont montées.
J'ai éclaté en sanglots lorsqu'il m'a effleuré, l'air surpris, avant de lui dire que j'étais désolé.
Je n'avais pas pleuré comme ça depuis des mois.
Ce fut comme si, soudainement, j'avais tout vécu avec lui.
Et je comprenais peu à peu tout ce que je n'avais jamais pris la peine de comprendre, tout ce qu'il n'avait jamais eu le courage de m'expliquer.
Qu'il ne supportait pas de rester dans un conflit par peur de revoir tout ça se produire, de voir quelqu'un disparaître. Qu'il crevait de culpabilité, qu'il était terrorisé de faire des choix à nouveau, sous peine de refaire du mal comme il lui en avait fait involontairement.
Il m'a pris contre lui, une main douce à l'arrière de ma tête.
Un léger rire attendri lui a échappé.
« C'est pas toi qui est censé pleurer, Jimin. »
A-t-il lancé en caressant mes cheveux,
avec cette fragilité dans la voix,
le sourire triste.
Je suis resté contre lui, priant pour que tout ça ne soit qu'un cauchemar dont j'allais bientôt me réveiller.
Je me suis éloigné au bout d'un temps, sachant pertinemment que dans ces moments, j'étais capable de pleurer pendant des heures.
Il n'a pas cessé de me regarder, les yeux tendres.
J'ai fini par rire en pleurant, sûrement à cause de la fatigue et du mélange d'émotions en si peu de temps.
Je pense qu'il a su que je l'aimais, en me voyant pleurer ce soir là.
• ॐ •
de base j'écoutais If I Had Know d'une fille qui s'appelle Ornella Tempesta (les plus vieux + anciens dépressifs auront la réf mdr) c'était une musique qu'elle avait faite suite à la série 13 reasons why (qui m'a pas mal brisée on va pas se mentir)
mais au final y'a une musique que j'aime d'amour
que tout le monde a déjà forcément entendue et
j'ai réalisé à quel point les paroles collaient genre tellement que j'ai fini par chialer toute seule ptdr
alors voilà
How to save a life de The Fray
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
« je serais resté éveillé à tes côtés toute la nuit
si j'avais su comment sauver une vie »
my kokoro > 💔
Bref, pour le peu de personnes qui liront ça,
vous n'êtes jamais seuls, et rien n'est jamais perdu, même si vous avez l'impression que rien ne s'arrangera jamais.
J'ai moi même été au fin fond du gouffre, persuadée que j'arriverais jamais à remonter
Quelques uns d'entre vous auront compris que mon histoire est celle de Jimin, mélangée à celle de Jae-Hyun, à quelques détails près. En fait, toute ma personnalité est sûrement éparpillée dans chaque personnage de cette histoire ;-;
Le côté sage et psy de Yoongi, le côté angoissé de Jimin, le côté renfermé de Jungkook qui est niqué par son passé
Hwasa est littéralement la femme que je rêverais de devenir, c'est peut-être pour ça que je la développe autant
Tout ça pour dire que si je m'en suis sortie, alors vous le pouvez, et je chiale en écrivant ça en pleine nuit parce que je sais le nombre de personnes qui sont dans ce cas et qui veulent crever quelque soit la raison
Ça passera.
Le temps arrange tout, laisse des traces certes, mais arrange tout.
Accrochez vous aux gens, yaura toujours quelqu'un qui sera là, et si vous n'avez personne,
je suis là. Et je suis capable d'entendre n'importe quoi.
Ces choses dites à Jae-Hyun, je les dis moi même aujourd'hui, mais c'est le genre de trucs dont tu prends conscience un peu tard.
Lâchez rien
vous êtes forts, incroyables, capables de vaincre le monde entier
vous êtes beaux
magnifiques avec vos petits défauts physiques que vous détestez tant
arrêtez d'écouter les gens
écoutez vous
passez sur la chaîne de la Carologie cette meuf a changé ma vision du monde
et soyez heureux le plus possible ♡
Merci d'avoir contribué et de toujours contribuer à mon évolution et mon bonheur,
vous êtes une grosse partie de ma vie et l'un de ses piliers principaux
Alors merci
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