XXVII

En tee-shirt à manches courtes, le vent frais m'a fait frissonner une fois la poignée claquée.
Seuls les lampadaires illuminaient les trottoirs vides, et le bruit de la mer résonnait un peu plus loin.
Les soirs d'été se rafraîchissaient au fur et à mesure que les jours passaient.

J'ai sorti mon téléphone en m'aventurant sur le trottoir.

Hwasa

Ça va ? T'es où là ?

J'suis sorti y'a deux secondes Hwasa

Désolée

T'as pas une idée d'où il peut être ?


J'y connais rien du tout par ici 😭


Le vent résonnait dans les arbres aux alentours alors que je m'éloignais du chalet.


Je caille sa mère

T'es parti en tee-shirt ?

Bah ouais 😭

J'y crois pas 🤦🏻‍♀️
T'es aussi con que jungkook pour ça


Je commence à stresser à chaque bruit que j'entends genre j'me retourne toutes les trois secondes


Arrête tu me fais stresser
Tu rentres si tu commences à voir des
trucs bizarres hein
sinn j'hésite pas à réveiller tt le monde et on vient te chercher en voiture

Trop d'amour

Tg j'ai peur
fais pas le con stp

Tqt



























T'es où là ?


J'ai été derrière mais il était pas là
Je marche vers le quartier d'à côté là


Te perds pas
On dirait pas mais c'est grand et y'a des pâtés de maison qui se ressemblent toutes


Pour dire vrai, je n'avais pas réellement l'espoir de tomber dessus par miracle, comme ça, en choisissant une rue au hasard.
Si j'espérais quelque chose, c'était peut-être d'avoir la chance de le croiser alors qu'il se décidait à rentrer.
Je n'avais pas envie de rentrer sans lui. Je n'en aurais sûrement pas été capable, et si je l'avais fait, je serais certainement resté sur le canapé toute la nuit, à guetter la porte d'entrée.

Un autre bruit a retenti derrière moi.
Je me suis retourné tout en ne m'arrêtant pas, les bras repliés contre moi en une vaine tentative de me réchauffer.
J'ai passé le coin de rue, les yeux scrutant les arbres autour et cette ruelle sombre un peu plus loin derrière qui semblait, honnêtement, venir tout droit du fin fond des enfers.
J'ai juré à voix basse, prêt à me frapper pour avoir osé m'aventurer dans une merde pareille.

« Jimin ? »
A prononcé une voix face à moi, et j'ai lâché un cri en ayant la peur de ma vie.
J'ai posé la main sur mon cœur en soupirant, fatigué de toutes ces conneries.

Ses yeux inquiets m'ont détaillé.

« T'es tout seul ?
T'es dingue ? Hwasa t'a laissé partir comme ça ? »
A-t-il ajouté.

Nous étions en plein milieu d'un quartier de maisons clonées, éclairés par un lampadaire gigantesque.

« C'est toi qui dit ça ?
On peut savoir ce que tu fous ? Il est bientôt quatre heures du matin.

— Déjà ? »
A-t-il répondu, les mains tâtant les poches de son jean, lui aussi en tee-shirt à manches courtes.

« Tu l'as laissé au chalet, ai-je rétorqué, la voix pleine de reproches.

— Ah..

— Ouais, "ah".

— Jimin, je vais bien.

— Ouais.

— Jimin.

— Tu crois que j'avais envie de me paumer dans des quartiers flippants en pleine nuit ?
Ai-je relancé, la voix cassée.

— T'avais pas besoin de venir me chercher, j'allais finir par rentrer.

— Tu m'as laissé le choix peut-être ? T'as cru que j'allais me rendormir tranquillement en voyant que t'étais pas là ? T'es vraiment con, j'y crois pas. »

Lui comme moi avions compris que c'étaient ma fatigue et mes émotions de cette soirée qui parlaient.
J'ai reniflé, les sourcils froncés et le regard ailleurs.

Sa main a effleuré ma joue sûrement rougie a cause du vent.

« T'es gelé. Viens, on rentre. »

J'ai grogné, la voix boudeuse, et nous sommes repartis en sens inverse.

On marchait sans un mot,
moi les bras recroquevillés et les épaules rentrées, lui le regard fixé droit devant.

Nos pas résonnaient sur le trottoir.
Les volets de chaque maison étaient fermés.





« Tu comptes vraiment rien m'expliquer ? »
Ai-je sorti sans le regarder au bout d'un certain temps.

« Y'a rien à expliquer, Jimin.

— Oh pitié arrête. C'est trop gros là, ai-je rétorqué, plus qu'agacé.

— À quoi ça t'avancerait de savoir quoi que ce soit ?
A-t-il lancé, la voix montant en intensité, l'air soûlé.

— À mieux te connaître, peut-être ? J'en sais rien, à ce que je sache que tu me fais confiance, à mieux te comprendre, à essayer de t'aider ?

— Recommence pas. »

J'ai commencé à m'énerver.

« Recommencer quoi, hein ? Ça aussi c'est trop te demander ? Ai-je enchainé, la voix mauvaise.

— Tu peux pas juste comprendre que j'ai pas envie d'en parler ?!

— Si, et tu le sais ! Mais j'ai pas lâché mon boulot pour subir vos putain d'engueulades de merde !

— Personne t'a demandé de risquer ton poste pour
nous rejoindre. »

Encore dans le même quartier, je me suis arrêté de marcher.
Lui aussi, au bout de quelques pas, avant de se retourner face à moi.

« T'es sérieux ?
J'ai pas besoin d'entendre ça.

— Tu crois que j'ai besoin d'entendre ce que tu me dis ?

— Si tu t'étais pas barré en pleine nuit après t'être donné en spectacle j'aurais jamais eu à te dire tout ça.

— C'est bon, j'ai compris ! Pas besoin de le rabâcher dix fois ! Pourquoi tu t'énerves autant pour quelque chose qui te concerne pas ?! »

Un rire nerveux m'a échappé.
J'ai lâché son regard un instant, à deux doigts de pleurer de nerfs et de fatigue.
Mes vacances improvisées se transformaient en cauchemar.

Mes yeux se sont de nouveaux ancrés dans les siens.





« À qui tu penses à chaque fois que je parle ? »
Ai-je finalement lancé, la voix calme mais pleine de reproches à nouveau.




Il s'est figé,
m'a regardé.
Je n'ai pas lâché ses yeux qui, au fil des secondes, devenaient plus durs au fur et à mesure qu'il faisait le lien.


« J'y crois pas.
T'as encore écouté aux portes ?! »
A-t-il réagi, l'air profondément déçu et énervé.

« Je savais que t'allais dire ça.

— Parce que tu l'as fait !

— Non !

— Fous toi de ma gueule.

— J'étais là au mauvais endroit et au mauvais moment !

— Et t'étais obligé d'écouter ?!

— T'avais qu'à fermer ta putain de fenêtre ! Et peut-être que si tu te confiais plus ça n'arriverait pas ! »
Ai-je crié, et il s'est tu, semblant autant à bout que moi.

On s'est jaugés un instant, méchamment,
puis on a détourné les yeux.
J'ai repensé à tous les moments qu'on avait pu passer ensemble, chaque fois qu'il riait à ce que je disais ou faisais, pendant qu'il avait quelqu'un d'autre en tête.

« Tu..
Tu penses vraiment à lui à chaque fois que tu me vois ? »
Ai-je relancé, la voix triste en croisant son regard, mais il l'a baissé, l'air coupable. 
J'ai attendu, et attendu,
mais il n'a rien répondu.


« Dis quelque chose au moins !

— Putain Jimin arrête de me pousser à bout ! »
A-t-il soudainement rétorqué, et j'ai sursauté sous le ton de sa voix.

« Tu me rends dingue ! A-t-il ajouté.

— Alors pourquoi tu fais tout ça ?!
Pourquoi t'es encore là à essayer de construire quelque chose avec moi ?! C'est une façon de te racheter auprès de lui ?!

— Non !
Peut-être !
J'en sais rien, merde. »

Son manque de réponse allait finir par me rendre dingue, moi aussi, alors que je le voyais sous un œil nouveau, bouffé par son mal-être et son passé.

« T'es même pas capable de donner une seule réponse à mes questions. Quand y'a pas ton putain de bureau pour que ça se finisse en baise c'est sûr que c'est plus compliqué. »
Ai-je craché, puisque ma fierté me hurlait de m'énerver.

Il n'a pratiquement pas réagi, préférant m'ignorer.
J'ai fini par attraper mon téléphone.

Hwasa

Jimin ?
T'es toujours là ?
Allô ?
Tu commences à me faire vraiment peur
Pourquoi tu réponds plus
Tu l'as trouvé ?

Je l'ai trouvé

Ouf !
Ça va ?


Du coin de l'œil, j'ai vu son regard insistant, sans trop savoir ce qu'il regardait exactement.
Puis, la seconde d'après, il s'est approché, et a entouré mon poignet avec force pour regarder mon bras gauche.
Mon téléphone a failli m'échapper des mains.

« C'est quoi ça ? »
A-t-il lancé, la voix fébrile, les yeux dans les miens.

Face à mes vieilles cicatrices blanches, j'ai été incapable de lui répondre, les lèvres entrouvertes.

« C'est quoi ?! »
A-t-il répété en me hurlant dessus, les doigts fermement resserrés sur mon poignet.

« C-C'est rien ! »
Ai-je répondu, paniqué par sa réaction, en tentant de me dégager.

« Tu te fous de moi ?!
A-t-il crié, si fort que j'ai eu le réflexe de fermer les yeux.

— Calme toi !

— Y'en a des centaines !
Pourquoi tu fais ça ?!
A-t-il ajouté, comme si elles dataient d'hier alors que j'avais arrêté depuis des années.

— Tu me fais mal !

— Comment t'as pu me le cacher ?!

— J't'en prie arrête ! »
Ai-je rétorqué, le poignet rouge sous la force de sa main, la gorge serrée et à deux doigts de pleurer tandis qu'il me hurlait dessus, me terrorisait, et que je tentais de lui faire entendre raison.

« Jungkook, merde, écoute moi !
Elles sont blanches ! »
Ai-je crié plus fort que lui pour qu'il m'écoute enfin,
et il s'est arrêté, semblant en prendre conscience, alors qu'elles étaient sous son nez depuis tout à l'heure.

Je tremblais.

Il m'a regardé, hébété.

« Alors pourquoi ?!

— J'ai été harcelé ! »

C'est là qu'il s'est figé à nouveau,
qu'il a détaillé mes yeux,
et qu'il a eu l'air de se briser.
Comme si je venais de l'achever.

Il m'a lâché.
J'ai vu ses yeux s'embuer, et se baisser à la seconde où il l'avait senti, la mâchoire serrée.

Lorsque la seconde d'après, une larme lui a échappé, il l'a rapidement effacée d'un revers de la main.

« Jungkook.. »
Ai-je prononcé, la voix désolée.

Il a ri nerveusement à l'entente de ma voix, le visage redessiné par la tristesse.

Il m'a demandé pardon, la voix tremblante, les mains tentant désespérément d'arrêter ces larmes qu'il semblait détester.
Il n'a pas tenté de me repousser lorsque je l'ai pris contre moi, hésitant, et que j'ai enfoui sa tête contre mon cou.
C'est même là qu'il a réellement craqué, en entourant ma taille de ses bras qui se resserraient chaque fois qu'il voulait pleurer plus fort mais qu'il se retenait, et chaque fois, ma gorge se nouait.










• ॐ •

Ce chapitre devait être plus long, mais j'ai dû le couper pour pas qu'il atteigne les 6000 mots ;-;
Ça faisait beaucoup j'avais peur que vous vous ennuyiez

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