VIII
« J'te jure ! Et y'avait ce mec qui peignait la voie lactée, c'était magnifique. Sérieusement, cette ville est incroyable.
— Et qu'est-ce qu'il a dit, quand t'as écrit ? »
Je me suis arrêté une seconde.
« Il a souri.
— Le genre de sourire abruti que t'as depuis tout à l'heure ?
— Hé ! »
Yoongi a ri.
« Nan, un sourire plus léger,
comme si ça le surprenait qu'à moitié. »
En n'entendant pas de réponse, j'ai regardé l'écran de mon ordinateur, et j'ai vu qu'il me fixait.
« Quoi ?
— Rien, rien, a-t-il répondu, le sourire grandissant.
— Je sais ce que tu penses ! Et non, j'suis pas en train de craquer, ni de le trouver génial.
— Je suis juste heureux de te voir sourire,
tu viens de te trahir tout seul.
— Ah ! Tais toi. Il est sympa, c'est tout.
— Et mignon.
— ...Et mignon.
— Et drôle.
— Et drôle...
— Et juste un peu plus grand que toi,
avec un beau sourire, de jolies mains..
— Yoongi !
— Ok, ok ! Je me tais. »
A-t-il conclu en riant.
Je lui ai lancé un regard sévère à travers la caméra,
et il a mimé une fermeture éclair entre ses lèvres avant de jeter sa clé imaginaire.
J'ai levé les yeux au ciel, fatigué mais amusé de ses enfantillages, puis j'ai regardé l'heure qui s'affichait en bas de l'écran.
« Oh merde, il est déjà minuit ?
— Le temps passe vite avec moi. »
Après ça, j'ai réalisé que j'allais avoir du mal à me lever, alors il m'a dit d'aller me coucher, et l'appel s'est terminé.
Le lendemain, j'ai repris une vie ordinaire.
Réveil à sept heures trente, croissant, eau bouillante, métro, boulot.
J'ai enfilé ma casquette après avoir salué tout le monde. Ce jour là, il n'y avait plus aucun carton.
« Alors, ton week-end ? »
M'a demandé Mina tandis que nous préparions une boisson chacun de notre côté.
« C'était.. Enrichissant.
Et le tien ?
— Ennuyant à mourir ! J'ai passé mon samedi soir à jouer à la poupée avec ma nièce de sept ans.
— T'as pris Elsa ou Raiponce ? »
Ai-je lancé en pouffant, et elle m'a frappé le bras.
« On passe pas tous nos week-ends aux côtés d'un beau brun ! »
A-t-elle renchéri pour se venger,
et j'ai feint d'être estomaqué par son culot,
alors elle a ri.
« Un Ken en plastique, c'est pas si mal !
Ai-je chuchoté avant de servir mon client.
— Tu parles ! »
Le reste de la matinée s'est déroulé dans la même ambiance, rires et sérénité.
Ça m'a fait du bien.
En vue de la vague de midi, nous avons pris notre pause à onze heures.
« Qu'est ce-que je déteste manger tôt comme ça. »
A dit Mina en lançant un regard dépité à son sandwich au thon, assise sur une table de la réserve.
« Perso, tant que je bouffe je m'en fou. »
A rétorqué Youngjae en croquant un bout du sien avec un peu trop d'agressivité.
J'ai attrapé mon téléphone et m'y suis plongé, histoire de m'aérer l'esprit avant de retourner travailler jusqu'à vingt heures.
Une avalanche de messages sur Les Évadés recouvrait mon fond d'écran.
Hwasa
J'y crois pas !
Ça se voit déjà en douce 😏
Whee In
Oh non😭
J'vais les shipper 😭
Hoseok
Vous êtes pires que des fans en chaleur
Hwasa
Pas encore hoseok, pas encore
Whee In
Jungkook !
Je sais que t'es là
J'ai vu ta bulle
Jungkook
Vous m'avez réveillé
Je vous hais
Hwasa
Tu dors trop !
Jungkook
Lequel de vous trois nous a vus hier et a couru le balancer dans le groupe ?
Hwasa
...
Whee In
🙄🙄🙄
Hoseok
😓
Jungkook
Laissez moi reformuler
Lequel d'entre vous jv tuer ?
Whee In
Mais c'est pas ma faute aussi ! Je rentrais de chez Hyuna et
et
et..
J'ai pas de répartie
Hoseok
RIP
Whee In
Mais 😭
Hwasa
Bon courage,
l'humeur de Jungkook au réveil c'est plus douloureux qu'une épilation intégrale
Whee In
Jimin ! Sors moi de là !
Hwasa
JIMINNN JCROIS QU'ON A DES TRUCS À SE DIRE TOI ET MOI
Hoseok
Bon
Je vous laisse les enfants
Hwasa
Tu vas voir Seun-hee ?
Hoseok
Oui 🥰
Hwasa
Fais lui un grooos bisou de ma part
Whee In
Et dis lui qu'elle nous manque !
Hoseok
Ce sera fait
Hoseok continuait d'écrire, mais je n'ai pas eu le temps d'en voir plus; Yon a passé la tête derrière la porte et nous a appelés en renfort.
Elle nous a promis une pause dans l'après-midi pour se rattraper, et nous nous sommes remis au travail aussitôt.
J'ai soufflé une fois la vague de midi passée.
« Jimin ? »
A dit Yon, et je me suis tourné vers elle, l'air interrogateur.
Elle avait une feuille dans les mains.
« J'ai fait tes plannings, en respectant au mieux tes préférences.
— Oh, merci. »
J'ai attrapé mes horaires.
La seconde d'après, une cliente entrait.
« Bonjour ! Vous consommez sur place ?
— Bonjour ! Non, non, à emporter.
— Qu'est-ce que je vous sers ?
— Un cappuccino, et un Latte Vanille. »
J'ai attrapé deux gobelets.
« Votre nom ?
— Seun-Hee. »
J'ai appuyé la pointe de mon marqueur sur le carton du gobelet, mais je me suis arrêté un instant.
« "Seun-Hee" ? »
Ai-je dit pour moi même,
et la porte s'est de nouveau ouverte, un peu plus brusquement.
Lorsque j'ai relevé les yeux, Hoseok s'avançait aux côtés de Seun-Hee, les joues rouges et le souffle court, comme s'il venait de taper le même sprint que celui du jour de mon entretien.
Son attention n'était focalisée que sur elle, si bien qu'il ne m'a pas remarqué avant dix bonnes secondes.
Un bête sourire déformait ses lèvres et ses pommettes ressortaient.
Il s'est empressé de la débarrasser des plastiques qu'elle tenait à ses bras avant de s'excuser trois fois pour son retard tandis qu'elle lui assurait qu'il n'était pas si en retard que ça et que ses sacs n'étaient pas lourds.
Je me suis contenté d'écrire leurs prénoms, attendri par cette facette de Hoseok.
Il m'a remarqué quand j'ai commencé à préparer les boissons.
« Jimin ! Tu bosses aujourd'hui ?
— Oui ! »
J'ai posé le cappuccino sur le comptoir.
« Je te présente Seun-Hee.
Je t'ai approximativement parlé d'elle, à la soirée. »
Elle m'a timidement souri.
Ce qu'elle dégageait était assez différent d'Hoseok,
elle paraissait plus réservée et plus timide.
« Oui, ça fait trois ans, c'est ça ? »
Ai-je lancé, et il a hoché la tête.
« Félicitations, c'est rare de nos jours. »
Il m'a répondu d'un sourire radieux avant que je ne lui tende son Latte et qu'il me l'échange contre son argent.
« On prévoit de refaire une soirée, bientôt. Viens sur le groupe et on en reparlera tous ensemble, a-t-il renchéri.
— Ça marche, merci. »
Ai-je répondu, touché.
Après ça, ils se sont éclipsés.
J'ai un peu jalousé leur potentielle après-midi en amoureux quelques secondes avant d'avoir de nouveau l'esprit occupé par d'autres clients, jusqu'à la fin de la journée.
J'ai rapidement quitté le café, épuisé par ma nuit trop courte, et je me suis promis de me coucher plus tôt le soir venu.
En rentrant, j'ai balancé mes chaussures dans un coin du couloir, j'ai allumé la télé histoire d'avoir un minimum de fond sonore et j'ai attrapé le premier paquet de nouilles sur lequel je suis tombé.
Quelques minutes après, elles chauffaient.
J'ai ouvert les fenêtres de mon balcon dans le but d'aérer l'appartement, mais je m'y suis retrouvé accoudé, les yeux rivés sur la ville qu'on voyait plus loin et les bruits ambiants.
Rapidement, j'en suis venu à repenser à cette première nuit que j'avais passée sur Séoul et à ce marché nocturne.
Puis à mon départ, à Yoongi, et enfin à ma mère.
J'ai fini par attraper mon téléphone.
« Allô ?
— Maman ?
— Jimin ?! Je suis heureuse de t'entendre ! »
Un rire léger m'a échappé.
« T'as encore décroché sans regarder le nom ?
— Tu me connais.
— Comment tu vas ?
— Ça va, beaucoup de boulot mais je vais bien. J'ai croisé Choa aujourd'hui, elle m'a dit de te dire qu'elle t'enverrait bientôt un message.
— Elle oubliera sûrement, c'est pas trop son truc, les messages.
— Elle est toujours aussi tête en l'air, on ne change pas les gens.
Et toi Chéri, comment tu vas ? Ça se passe bien ?
J'attends de tes nouvelles depuis des jours ! T'es déjà en train d'oublier ta pauvre mère envahissante ?
— Je vais bien, j'essaye de m'adapter au rythme de mon nouveau boulot, tu sais, ce job dans un café, je t'en avais parlé.
— Et tu as fait de nouvelles rencontres ?
— Oui. Pas mal, d'ailleurs.
Les gens sont vraiment géniaux, ici.
Tu serais fière de voir à quel point je vais vers les autres !
— Alors je suis fière ! Même en ne le voyant pas. »
J'ai ri.
« Ça me fait plaisir de savoir que tu te sens bien, là-bas. Je suis tellement soulagée, si tu savais. »
M'a-t-elle avoué, et j'ai senti mon ventre doucement se nouer.
Ma mère avait tout vécu avec moi.
Elle était tombée avec moi,
avait souffert avec moi,
et s'était relevée avec moi.
Je pouvais à peine imaginer à quel point ça la terrifiait de me voir partir à l'autre bout du pays avec ma sensibilité débordante.
« Je ne tomberai plus, Maman.
C'est promis. »
Elle s'est tue un instant, comme surprise,
avant que je ne l'entende sourire.
« Je t'aime, chéri. »
• ॐ •
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