II

« Vous êtes arrivé. »
A dit mon GPS une fois face à un petit immeuble moderne de trois étages après avoir déambulé dans les rues agitées une bonne demie heure.

J'ai fermé l'application et me suis rendu dans ma galerie, histoire de vérifier que la photo correspondait à ce que j'avais devant moi.
Une fois certain d'être au bon endroit, j'ai cherché le propriétaire dans mes contacts.

« Bonjour. »

En relevant la tête, j'ai vu un homme dans ma tranche d'âge, un trousseau de clé à la main et le regard interrogateur.

« Bonjour, hum...

— Vous êtes...
A-t-il lancé, douteux que ce ne soit pas la bonne personne.

Park Jimin.

— Oh ! Vous êtes là depuis longtemps ?
J'avais peur de rater votre arrivée.

— Seulement quelques secondes, c'est pas grave. »

J'ai souri.

« Venez, entrez.
Vous voulez que je prenne votre valise ?

— Non, non. Ça ira. »
Ai-je bégayé en le suivant à l'intérieur.

Alors j'ai soulevé ma valise, et je me suis haï de l'avoir autant remplie une fois au troisième étage.
J'ai soufflé. Le proprio a enfoncé une clé dans la serrure de la porte six et est entré,
dévoilant un studio identique à celui que j'avais vu sur les photos, lumineux et juste assez spacieux.

« Bon, il est déjà meublé du nécessaire, si vous voulez modifier quoi que ce soit de conséquent parlez-en moi avant. On a remplacé la chaudière un peu trop vieille, 'devrait plus y avoir de soucis à ce niveau là. »

J'ai acquiescé.

« Vous avez besoin d'autres précisions ?

— Non, je crois que c'est bon.

— Parfait. Voilà les clés et le code Wifi, j'habite au rez-de-chaussée, et vous avez mon numéro, alors hésitez pas.

— Merci. »
Ai-je dit en les prenant,
puis il est sorti en fermant la porte.

J'ai balayé la pièce des yeux, un peu plus minutieusement que ma chambre quelques heures auparavant, et je me suis timidement avancé jusqu'à m'asseoir sur le canapé, face à l'écran plat éteint.
J'ai attrapé mon téléphone, et j'ai appelé Yoongi en facetime.
Après deux sonneries, il a répondu, les épaules dénudées.

« T'es à poil ?

— J'viens de sortir de la douche, j'ai même pas eu le temps de prendre une serviette. »

J'ai ri.

« Tu me fatigues.

— Alors ?

— Je viens juste d'arriver dans mon appart.

— Montre. »

J'ai tourné l'appareil photo vers l'arrière.

« Ah ouais, quand même.

— J'avoue qu'il est pas mal, et même plus grand que ce que je pensais.

— T'as testé le lit ?

— Attends, j'y vais. »

Je me suis levé.

« Le trajet c'était pas trop long ?

— Tu rigoles ? J'ai cru que j'allais crever. Plus long que les cours d'histoire de Monsieur Yun. »

Il a ri.

« Y'avait quelqu'un à côté de toi ?

— Un mec sympa qui m'a passé des écouteurs,
que j'ai putain d'oubliés sur ma commode.

— Au moins t'as fait une nouvelle rencontre.

— C'est marrant, j'étais sûr que t'allais dire ça.

— Que veux tu, après sept ans d'amitié c'est prévisible. »

Je suis entré dans la chambre.
Elle aussi était meublée du nécessaire, et deux fois plus illuminée par un balcon. Elle était simple. Si simple qu'elle en devenait un peu trop simple à mon goût.
Les lattes du lit ont grincé lorsque je me suis laissé tomber sur le matelas dans un gémissement disgracieux, et j'ai remis la caméra de sorte à ce que Yoongi me voie.

« Alors ? Ton jugement ?

— J'ai plus envie de me lever.

— Alors tout va bien !

— On dirait... Bizarrement.
C'est louche.

— Arrête d'être pessimiste.

— Faut que j'aille faire les courses avant que le supermarché ferme, ai-je enchainé en regardant l'heure.

— Sinon, y'a toujours des p'tites épiceries ouvertes.
Ou alors tu te fais un McDo et t'y vas demain.

— Un McDo ? Tout seul ?
Ai-je lancé, peu emballé.

— Un McDo ça se discute pas.

— Ça se discute avec ma carte bancaire, surtout. »

Il a ri.

« J'ai pas super faim de toutes façons, ai-je ajouté

— Mange.

— Ta gueule.

— Man-ge !

— Mais Yoongi !

— Profite pas du fait que je sois à six heures de bus et que je puisse pas te frapper.

— Ou alors je commande sushis...
J'sais pas.

— T'as prévu des trucs ce soir ?

— Tout seul ?

— T'as pas vraiment le choix !
De toutes façons je t'interdis de rester seul,
chez toi,
sous ton plaid.
Va juste faire un petit tour au moins.

— Mouais, t'as raison.
Je vais prendre une douche.

— Aller, lève ton gros cul. »

Je suis resté à regarder le plafond quelques secondes avant de réunir le plus de courage possible et de me lever.

« Bon, je vais peut-être m'habiller de mon côté.

— Ok, je te laisse.
Bisous je t'aime ! »
Ai-je rapidement dit avant de raccrocher et d'aller découvrir la salle de bain.
J'ai souri comme un enfant en voyant qu'elle avait non seulement une douche mais aussi une baignoire, et j'ai lancé une playlist au hasard avant d'y entrer.

Lorsque j'en suis sorti,
le soleil était encore un peu plus bas dans le ciel et le dégradait d'un bleu vers une teinte orangée.
J'étais le genre de personne capable de regarder le ciel durant des heures.
Ça m'a toujours fasciné, cette façon de ne jamais ressembler à hier ni demain.
La playlist que j'avais lancée s'est terminée et j'ai enfilé la plus simple tenue que j'avais pu trouver avant de m'aventurer sur mon balcon.

J'avais choisi un appartement un peu plus reculé de Séoul, n'ayant pas envie de me retrouver dans l'agitation permanente du centre ville.
Mon balcon m'offrait une vue sur une masse de gratte-ciels un peu plus loin.
Juste assez pour n'entendre que quelques échos lointains.
J'ai souri en me disant que, ça y est, j'y étais,
et que putain, je m'y sentais bien.
J'ai noté que cette fois, la vie avait l'air de me tendre les bras, et je suis rentré avant d'enfiler les premières chaussures sorties de ma valise.

Il était vingt-et-une heures seize lorsque je suis descendu dans la rue, et, alors que j'admirais les rues aux alentours, j'ai entendu de la musique et des voix provenant de l'une d'elles.
En tournant au coin de rue, j'ai vu de l'agitation dans le fond, et en m'approchant, j'ai rapidement compris que c'était un marché nocturne.
Un béant sourire n'a plus quitté mes lèvres en découvrant qu'il bordait le long d'un canal, et que les guirlandes de lumières qui éclairaient l'allée se reflétaient dans l'eau.
Le sol pavé et l'absence de gratte-ciels lui donnaient de faux airs de quartier parisien, un groupe d'amis trinquait à côté d'un stand de street-food et chaque personne que je voyais souriait.
À tout moment, je m'attendais à ce que tout le monde se mette à chanter et danser comme dans un Disney.
J'étais du genre à ressentir chaque moment à deux cent pourcents, et tout ça semblait sortir d'un rêve dont je pouvais me réveiller d'une minute à l'autre.
J'étais loin du métro à Busan où tout le monde tirait une tête d'enterrement.

J'ai sorti mon téléphone.

« Mate ça »

Avais-je écrit sur le Snap que j'avais envoyé à Yoongi.

Ça faisait sept ans que nous ne nous étions pas lâchés d'une semelle, lui et moi.
Pas un jour n'était passé sans que l'on ne se parle d'une quelconque manière.
Il était, en dehors de ma mère, devenu le pilier principal de la vie, et dans un sens, ça m'avait toujours terrifié, cette sensation de dépendre de quelqu'un d'autre.
J'étais terrifié à l'idée qu'il s'en aille,
au point que je m'en rendais malade chaque fois qu'on s'engueulait.
Et puisqu'il montrait rarement ses émotions, ou du moins pas autant que moi, j'avais parfois l'impression qu'il n'avait pas autant besoin de ma présence que j'avais besoin de la sienne.
Yoongi était quelqu'un d'autonome.
Je le voyais comme la sagesse incarnée,
comme celui qui avait tout compris et qui savait parfaitement gérer sa vie.
Dans un sens, je l'admirais,
mais j'étais persuadé d'être incapable de lui ressembler.

C'est sur ces pensées que je traversais le marché, les yeux rivés sur cet artisan au stand rempli de pierres précieuses, chacune aux couleurs profondes.

Et plus j'avançais, plus la musique s'atténuait.
Doucement, les stands diminuaient, l'allée se vidait, et, au bout de la rue se tenait un petit attroupement d'une dizaine de personnes.

À travers la musique lointaine et les bruits ambiants,
on pouvait entendre les cordes Aquila d'une guitare chanter cette mélodie que je reconnaissais sans trop savoir le nom.

Naturellement, je m'en suis approché.

Une guitare des plus classiques,
d'un bois naturel ni clair ni très foncé
et six cordes reliées à un chevalet.

Puis, au bout, un garçon,
aux cheveux ni clairs ni très foncés,
et un sourire grandissant chaque fois qu'une personne s'approchait.

Lorsqu'il s'est mis à chanter,
j'ai entendu l'une des filles à mes côtés dire à son amie qu'elle en avait des frissons.

Ses doigts maniaient les cordes comme s'ils étaient faits pour ça, mais il n'y avait rien à ses pieds.
Pas de gobelet ni de housse de guitare où jeter quelques pièces,
seulement une bière bien entamée et un sac à dos posé contre le tabouret sur lequel il était.

Lorsque j'ai relevé les yeux,
tous l'applaudissaient.
Machinalement, mes mains se sont rejointes et ont suivi le mouvement, puis il y a eu du bruit derrière moi, comme si quelqu'un courait, et sans que je n'ai le temps de comprendre quoi que ce soit, deux filles lui sautaient dans les bras en criant de joie.
Durant une demie seconde, il a eu l'air tout aussi surpris que moi et les personnes autour,
puis un sourire béa a pris place sur ses lèvres.

La seconde d'après, une autre personne s'est approchée plus calmement.
J'ai reconnu ce mec dans le bus,
et en me tournant à nouveau vers les deux filles,
j'ai reconnu Hwasa et celle à frange.

Quelques personnes se sont éloignées, et Hwasa a embrassé sa joue avant de s'éloigner à son tour.

« Quand est-ce que vous êtes arrivés ? »
Leur-a-t-il lancé.

« Y'a à peine une heure ! »
A répondu Hwasa en jetant quelques mèches de ses cheveux en arrière, légèrement essoufflée d'avoir couru.

Le garçon aux pommettes saillantes s'est avancé,
alors il s'est levé de son tabouret et l'a pris contre lui d'un geste viril.

« J'suis content de te revoir, j'en pouvais plus de les entendre parler de toi pendant tout le trajet.
J'crois qu'elles sont définitivement dingues de toi. »
A lancé pommettes saillantes, et il a ri.

« Bon, on y va ? »
A dit la fille à frange.

« Oui ! A dit Hwasa, enjouée à cette idée.

— Allez-y, je range tout ça et je vous rejoins. »
A rétorqué le guitariste.

Hwasa a dit aux autres d'y aller sans eux,
qu'elle allait l'aider à ranger, juste avant qu'une personne n'interpelle le brun.
Il a posé ses yeux sur un homme qui lui tendait cinq milles wons.
Il a eu l'air surpris,
puis a gentiment refusé, gêné.

« J'fais pas ça pour l'argent,
mais merci, vraiment. »

Il s'est légèrement incliné, si légèrement qu'il a plus incliné la tête qu'autre chose, puis l'homme est parti.
Une autre personne l'a abordé et l'a complimenté.
Ce grand sourire ne le quittait pas lorsqu'il parlait. Il riait et les faisait rire si aisément que je ne pouvais plus les quitter des yeux.
Il dégageait quelque chose d'agréable, une énergie solaire. Une espèce d'aura magnétique qui attirait à elle même les plus timides.
Dont moi.

Mais en voyant que j'étais presque le seul encore présent, j'étais incapable de raisonner correctement, ni de trouver comment démarrer la conversation.
Une partie moi me hurlait de dire quelque chose sans réfléchir tandis qu'une autre me menaçait de partir vite.
Vite et en courant.

Et à la seconde où j'allais me lancer,
Hwasa s'est tournée vers lui.

« Tu veux quoi ?

— La même chose qu'eux, ça me va. »

Les deux autres s'apprêtaient à rentrer dans le bar d'à côté. Hwasa leur a répondu à distance, puis il s'est de nouveau mis à ranger,
et je me suis claqué intérieurement.

Prends ta putain de vie en mains.



« Ce sont des Aquila ? »



Il a croisé mon regard.
Aquila Alabastro,
un jeu de cordes à l'harmonique profonde et aux consonances italiennes, réservé aux plus expérimentés.

« ... En effet. »

Et soudain, j'ai eu l'air de l'intéresser.
Il a semblé m'analyser, les yeux curieux.
Il avait le regard franc et des yeux noirs rieurs,
avec quelques teintes ambrées sous la lumière.

Je me suis dit
Ok, fais gaffe

Puis
N'aie pas l'air coincé
mais pas superficiel non plus

Et
Pitié, ne bégaye pas.
Enchaîne, va y'avoir un blanc gênant !

« Vous jouez ? »
A-t-il lancé.

J'ai remarqué la boucle d'oreille pendante sur son oreille gauche.

« Non, je.. Ça..

— Jungkook, tu, a dit Hwasa en se retournant vers nous, oh, pardon, j'avais pas vu qu'y'avait quelqu'un. »

Je lui ai souri, l'estomac tordu d'angoisse.
Elle m'a regardé un instant, et comme je m'y attendais, elle m'a reconnu.

« Hé ! Mais, c'est sur toi que j'ai balancé mon teeshirt ? »

J'ai ri.

« Oui, c'est moi.

— C'est pas vrai Hwasa, qu'est-ce que t'as encore fait ? » A dit Jungkook, ne pouvant pas s'empêcher de rire.

La voix de l'autre fille a résonné un peu plus loin.

« Vous venez ?

— On arrive !
A dit Hwasa avant de se retourner vers moi à nouveau,
tu veux venir avec nous ? »

J'ai tressailli, surpris.

« Oh, euh, j'ai... J'ai déjà des trucs de prévus, ce soir. »

Ce qui était faux, bien entendu,
mais j'ai paniqué.

« Dommage, une prochaine fois, si on se recroise. »

J'ai acquiescé.
Elle m'a souri, sincèrement.
Jungkook a attrapé sa guitare par le manche, son sac à dos sur l'épaule, et a passé le fond de sa bière à Hwasa.
Elle m'a fait un rapide signe de la main avant de complètement me tourner le dos,
alors j'ai vaguement fait de même,
même si ça n'a servi à rien.
Jungkook m'a lancé un léger sourire avant de la suivre, et je suis parti, le cœur battant un peu plus fort.












• ॐ •

Euphoria  Jungkook

[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]


PS : je suis juste..
tombée sur cette photo ?

et c'est, genre,
exactement comme je l'imagine dans cette histoire ?
alors, je vous le dis ? 😭
oui je sais, j'ai dit que ses cheveux n'étaient pas si foncés, mais chut

écrivez jikook sur ma tombe svp

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