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PDV Malicia

- Mais quel genre d'hommes j'ai laissé entrer chez moi ?
Je m'exclame.

Nous sommes assis en tailleur sur le plancher près de la cheminée, chacun un carton déchiré à la va vite faisant office d'assiette et mangeant de la pizza.

- Qui aime la pizza avec de l'ananas dessus sérieusement ?
Je continue.

- Hé c'est super bon !
Se défends James.

Il se vexe rapidement celui là. Est-ce qu'il a eu des remarques quand il était petit parce qu'il était roux ? Ça vient peut être de là...

- Ça peut, mais ça ne devrait pas exister.
Je reprends.

- Et les gothiques alors on en parle ?
Il m'attaque, pensant certainement que je me vexerai.

- Je ne suis pas gothique.
Je ris mais m'arrête bien vite. Il est hors de question que je sympathise avec eux.

- T'es quoi alors ? Emo ? Croque-mort ?
Me demande le châtain clair.

Je ne connais toujours pas son prénom d'ailleurs. Pour l'instant il restera "châtain clair" pour moi.

- Non. Je suis normale.
Je dis en haussant les épaules.

Il me regarde intensément et j'ai comme l'impression que c'est un duel de regard qui se joue là.
Finalement il baisse le regard sur sa part de pizza avant de crier qu'une d'eau est tombée dessus.

- Il y a des trous dans le toit.
Je réponds avec un sourire.
J'ai gagné.
Je ne suis pas une gamine, je suis juste fière de ma victoire.

En revanche lui, il pose sa part d'un air dégoûté en regardant le plafond.

- Tu vis dans un taudis.

Il crache ses mots et je ne peux m'empêcher d'agrandir mon sourire.

- Je sais.

Vous avez voulu venir ici pour être à l'abri, assumez. Ce serai moins dangereux de dormir dans le jardin.

- On pourrais le réparer. Le toit.
Dit le brun, Scott. C'est la première fois qu'il parle depuis qu'on est entré.

- Pourquoi faire ?
Je demande.
Pourquoi ils feraient ça ?

- Tu as envie d'être ensevelie sous la bâtisse à la prochaine tempête ?

Je fais mine de réfléchir.

- Pourquoi pas ?

- Elle est tarée...
Chuchote le rouquin.

- Je ne pense pas être folle... Je dis sincèrement. Je me vois comme le capitaine d'un navire, qui coulerait avec lui.

- Ah mais tu es suicidaire ! Fallait le dire tout de suite !
S'exclame le châtain clair.

- Vous pensez ?
Je demande avec une fausse mine étonnée.

- De ce que j'ai vu tout à l'heure ? Ouais.
Réponds Scott.

Alors là je suis vraiment étonnée. Pourquoi serai-je suicidaire d'envoyer bouler un lourdau de première ?

- Parce que j'aurai dû lui dire oui ?
Je marmonne. C'était une question réthorique mais il semble vouloir parler.

- Tu aurais du fuir.

- Mais c'est ce que je voulais faire avant de me prendre un mur ! T'es fait en quoi d'ailleurs, en ciment ?

Les trois gars se mettent à rire. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. C'est peut-être eux les tarés finalement.

- Ça s'appelle du muscle, princesse.

- Appelles moi encore princesse et je t'enterre dans le jardin.
Je crache.

Il lève les yeux au ciel toujours sous les rires de ses deux amis.

- Dis moi ton prénom alors.

Je le regarde quelques secondes.  Qu'est-ce que ça me coûte après tout ?
Je souffle d'agacement.

- Malicia.
Je murmure.

Seul Pierrot m'appelle pas mon prénom. C'est le seul avec qui je suis en contact, donc c'est normal.

- Et vous ? Scott le brun, James le roux et le châtain clair c'est qui ?
Je demande sombrement.

Je ne suis plus d'humeur à partager le repars, ni la conversation.

- Je suis blond pas chaton clair !

- Elles se vexent rapidement les trois drôle de dames.
Je me moque.

- C'est Isaac.
Me dit Scott.

Je hoche de la tête lentement puis me lève.

- Merci pour la pizza. Bonne nuit.

Je me rends à l'étage, m'enfermant à triple tour dans ma chambre.

«Bonne nuit» ?
Sérieusement Malicia ?

Ils m'ont rendu sociable ou quoi ?

Je décide de me coucher, tant pis pour le maquillage, je l'enleverais demain, quand ils seront partis.

***


J'écoute s'il y a du bruit, mais n'entends rien.
Je sors de ma chambre et pars prendre une douche.

Que ça fait du bien de se laver les cheveux et le visage.
Je ne suis pas du genre à chanter sous la douche. Enfaite, je ne suis pas du genre à chanter faux et apprécier ma voix quand même. Comme quatre-vingt-dix pourcent des gens sur cette putain de planète.

Je m'habille d'un jogging noir et d'un pull en laine de la même couleur, pour ne pas changer.

Je descend me préparer du café dans la cuisine. J'adore la pluie, en plus on est dimanche et je ne bosse pas le dimanche ! C'est un temps à rester sous la couette et regarder la télé.

C'est bien Malicia, remues le couteau dans la plaie.

Si seulement je pouvais allumer un feu dans la cheminée pour me réchauffer.

Je me dirige dans le salon pour voir l'étendu des dégâts. Si ça se trouve, elle n'a pas besoin d'être ramoné.

Je pousse un cri de surprise quand je vois des pieds dépasser du canapé.

Ça réveille les trois guignols et en particulier Scott, déjà debout et certainement prêt à riposter.

Il tourne la tête vers moi mais je me retourne d'un coup. Mon visage !

Je ne me suis pas maquillé après la douche. Je ne peux pas montrer mon visage sans mon masque !
Je remonte dans la salle de bain en courant.

Mais qu'est-ce qu'ils foutent encore dans mon salon ?!

***


- Pourquoi vous êtes là ?
Je demande à fleur de peau, les mains sur les hanches.

- Il pleut.
Réponds simplement James.

C'est un marrant ce rouquin.

- Merci, je n'avais pas remarqué ! Mais je ne vois pas le rapport.

- Bah l'eau ça mouille.
Complète Isaac.

Je les regardes un après l'autre pour savoir si ils se foutent de ma gueule.
Je crois que le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont l'air sérieux.

- Est-ce qu'on peut rester ici en attendant que la pluie s'arrête ?

Je me retourne vers Scott, dépitée.
Tendez la main on vous prendra le bras.

- Vous n'avez pas de maison ? Vous êtes SDF ?

J'ai vraiment essayé de prendre un temps compatissant mais c'est sortit plutôt froid finalement.

- On a pas tous la chance d'avoir un manoir.
Siffle Scott.

Je suis surprise de sa réaction, moi qui le pensait être le plus calme.

- Si tu penses que j'ai de la chance, tu te trompe.

Plus personne ne parle, il y a un malaise bien présent, très présent.

- Il y a du café dans la cuisine.

***

Je place un seau sous la fuite du toit au grenier. Au moins ça ne coulera pas jusqu'au salon.

J'entends un énorme bruit qui provient d'en bas.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je ferme les yeux, lentement.

Faites qu'ils soient passés à travers le plancher.

C'est ridicule. Je ne veux pas un autre trou dans le manoir, je n'ai vraiment pas besoin de ça.

Je descends à vitesse normal, je ne suis pas pressée de les revoir, cela fait une heure que je les évite.

J'arrive au salon mais il n'y a personne.

Où sont-ils passés...?

D'un coup, la cheminée fait un bruit pas possible et, dans un nuage de fumée, je peux voir James tombé de celle-ci.

Je chasse la poussière d'une main et tousse, que s'est-il passé ?

- Ça va ?
Je lui demande inquiète.

Il est tombé sur des gravats, il a du se faire mal.

Ce dernier me regarde étonné avant de sourire en grand.

- Je vais bien, c'est gentil de t'inquiéter.

Mes yeux s'écarquillent comme horrifiés.

- Je ne m'inquiète pas.
Je crache durement. Du moins j'essaye, car un petit sourire insiste pour se loger sur mes lèvres, j'arrive à le réprimer de justesse.

La porte d'entrée s'ouvre en grand sur ses deux amis, courant jusqu'au "blessé".

- Tu n'as rien ?
- Ça va ?
- Tu veux t'allonger ?

James me regarde en coin avant de prendre sa cheville en pleurant.

Je lève les yeux au ciel, quel cinéma !

- Ça fait mal !

Scott et Isaac l'aide à l'asseoir sur le divan alors que je lance d'un ton détaché :

- Il y a un nid d'araignée là-dedans.

Je pointe du doigt l'objet en question alors que le roux se lève d'un bond et tape de sa main, son corps plus grand que la moyenne.

Je ricane dans ma barbe alors qu'il se fait engueuler pour sa mauvaise blague.

- C'est vrai qu'il y a un nid de ces trucs là-dedans ?
Me demande Isaac.... Apeuré ?

- Je ne sais pas. Je réponds en haussant les épaules. Mais il y a déjà eu des souris.

Tous affichent une mine dégoûtée. Qu'ils sont puérils !

- Si vous avez peur de rester ici... Vous pouvez partir, je ne vous retiendrais pas.
Je souris hypocritement.

- Non, c'est bon. Ce qui nous fais le plus peur ici, c'est toi.
S'amuse Scott.

Je grogne avant de regarder en dessous de la cheminée.

- Et sinon vous avez fais quoi à ma cheminée ?
Je demande un pouce dirigé en arrière pour montrer la dite cheminée.

- On l'a désencombré. On va pouvoir faire du feu.
M'informe le brun.

- Je n'ai pas de bois à brûler.
Je dis les sourcils froncés. Cela fais longtemps que je n'en ai pas acheté...

- Il y a toujours le divan.
Propose Isaac.

Je crois qu'il a vraiment peur des araignées.

- Pourquoi pas.
Je lance avant d'aller dans la cuisine préparer de quoi manger.

Ma grand mère ne tenait pas particulièrement à ses meubles.
Même si je pense, qu'à l'heure qu'il est, elle se retourne dans sa tombe.

J'aurais dû faire un effort, j'aurais dû prendre soin de ce manoir. Mais c'est tellement dur, de vivre au même endroit depuis toujours, seule. Sans elle.

Je devrais réparer le toit. Et remplacer les fenêtres...
Au moins ça.
Rien ne m'engage à rendre le manoir comme dans mes souvenirs, aussi joyeux et lumineux.

Il est temps de se bouger le cul.

Grand-mère, qu'est-ce que j'ai fait ?

***


Après avoir réalisé que j'avais détruit la seule chose qui me rattacher à ma famille, une boule s'est formé dans mon estomac...

La culpabilité.

Je me sentais vraiment mal mais ne le montrait pas.
Manquerait plus que les trois guignols me posent des questions...

Du coup, pendant que Scott et James s'attaquait à la cheminée pour nous faire un feu, je comptais les araignées à voix haute dans toutes les pièces du bas, Isaac sur mes talons, une chaussure à la main.

- Comment tu fais pour vivre ici sérieux ? Tu cohabite avec au moins dix espèces animales différentes.
Bougonne celui-ci.

- Ce n'était pas comme ça avant...
Je marmonne, ne souhaitant pas trop m'étaler sur ce sujet.

- C'était comment ?

Je retiens une grimace et prends sur moi. Bien ! Il veut converser, autant faire un effort.

- Impeccable. Et chaleureux.
- Vraiment ? S'étonne-t-il. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je lève les yeux au ciel et réponds faussement amusée :

- Rien qui te regarde. Voyant qu'il allait répliquer j'enchaîne. Et vous ? Pourquoi vous n'êtes pas chez vous ?

C'est à lui de grimacer, ce doit-être un sujet sensible.

- Avec ce qu'il se passe en ville... L'orphelinat n'a pas était épargné.

Je le regarde étonnée alors qu'il écrase une énième araignée dans la cuisine.
J'allais lui poser une question quand les gars crient que le feu est prêt, mettant fin à notre conversation.

Je me surprend à réfléchir à leur situation. Me poser des question sur eux.



"Et un sentiment longtemps endormi se réveille, la curiosité."


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Chapitre 6 publié !

L'action commencera au chapitre 10 !

N'hésitez pas à partager cette histoire si elle vous plaît, et à commenter. C'est une motivation de fou 😂🥰

Willchr

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