27
PDV Malicia
J'entends du bruit dans la maison, des voix. Tout le monde est levé et je n'ai envie de voir personne.
On dit que la nuit porte conseil mais je n'ai fait que dormir, alors je me prends toutes les questions de plein fouet dès mon réveil.
Je prends du recul. Essayant de savoir à qui la faute.
Je me sens trahis, mais ni Pierrot, ni les guignols sont pour quelque chose dans la perte de mon manoir.
C'est l'État qui l'a détruit. Mais là encore, c'est pour empêcher les criminelles de faire la loi et de tuer plus de gens.
Les criminels...
Tout ça n'a servit à rien ! Ils ont du fuir en apprenant que des bombes allaient leur tomber dessus.
Tout ce que ces bombes ont détruits, c'est les maisons d'honnêtes gens !
Et où vont-ils aller maintenant ? Dans les villes voisines.
Ou alors ils vont reconstruire le peu qu'il reste et continuer de régner sur la ville.
Allez savoir...
Le manoir est détruit. Mais n'est-ce pas moi qui ai commencé à le détériorer ? Vivant dedans mais laissé à l'abandon ?
Si. Je suis fautive aussi.
Mais j'avais le droit d'aller le voir une dernière fois, de récupérer le pistolet de ma grand-mère ou ses bijoux cachés sous les lattes recouvertes du plancher.
Qui sont-ils pour m'empêcher ça ?
Ils veulent mon bien ?
Alors pourquoi agir contre ma volonté ?
Pierrot, mon patron, mon ami, m'a drogué !
Et ça ne montre qu'à quel point il tient à moi pour en arriver là...
Mais je lui en veut quand même.
Je leur en veux tous.
Cette nuit je pensais avoir tout perdu...
Mais j'ai de la famille maintenant, une tante, une cousine...
J'ai des photos, des souvenirs.
Des amis prêts à tout pour moi.
Finalement... N'ai-je pas plus qu'avant ?
Je prends l'album photo. C'est la chose la plus précieuse qu'il me reste...
Et ça me va très bien.
***
Mes affaires dans un sac, je sors enfin de la chambre après deux jours. Je suis... Reconnaissante, qu'ils m'aient laissée seule.
J'en avais besoin.
Bien sûr, Marie-Line m'a déposé plusieurs plateau repas devant ma porte.
Elle toquait et s'en allait, respectant mon chagrin. Je me rends compte que j'ai étais incroyablement égoïste...
Ce couple que j'estimai beaucoup, qui m'a accueillit, m'a offert un toit et à manger, sans contrepartie et que j'ai négligé. Pas un merci, juste de la rancœur.
J'arrive dans le salon, seul Scott manque à l'appel. C'est sans doute mieux comme ça.
Tous me regardent avec pitié, pourtant, je ne montre pas ma peine. Elle est moins conséquente qu'il y a deux jours.
Je m'en remets plutôt vite pour quelqu'un qui était obsédé par sa maison.
Faut croire que je suis vraiment ce genre de personne, qui s'adapte à chaque situation.
- Je vais aller vivre chez ma tante.
Je dis simplement.
C'est un fait, aucune négociation n'est possible et ils ne semblent de toute façon pas vouloir négocier.
Tout est prévu, dans quelques minutes, ma tante -que j'ai appelé hier- passera me chercher.
- Très bien. On comprends.
Dis tristement Pierrot, une main posée sur le genoux de sa femme.
- Je... J'ai une enveloppe pour vous.
Je prends la fameuse enveloppe et la pose sur le buffet du salon.
Je vois bien que les deux guignols se retiennent de parler.
Ce n'est pas moi qui vais les encourager à le faire.
- Merci.
Je souffle avant de sortir de la maison.
***
- On est désolés pour le manoir, Malicia. Si tu as besoin de quelque chose n'hésite pas.
- Merci, Tom.
- Tu vas leur pardonner ?
Me demande Noore après que je lui ai raconté... Cette histoire.
- Je ne sais pas. J'ai besoin de temps...
- Ils pensaient à bien.
Les défends ma tante.
- Ils pensaient mal.
Je rétorque tristement.
Alicia cours jusqu'à moi et m'enlace.
Elle est si pure et innocente que je ne peux m'empêcher de la serrer fort contre moi. Je renifle ses cheveux qui sente la pomme et cela me détends.
J'ai bien fait de venir ici.
- J'arrive plus à respirer !
Se plaint la petite ce qui me fais rire.
- Désolée Ali, je te libère.
***
- C'est peut être trop tôt pour toi d'en parler... Commence Tom doucement en faisant la vaisselle. Mais l'État va rembourser tous les propriétaires qui ont perduent leur bien.
J'essuye les assiettes, Noore donnant le bain à sa fille.
- Et ils vont se baser sur quoi ?
Je demande distraite.
- Une estimation du bien avant que le taux de criminalité ait dépassé les vingt pour cent. Le marché avait la côte à ce moment là.
- Le manoir ne valait déjà plus rien à ce moment là.
Je rétorque sombrement.
Et c'est entièrement de ma faute.
- Je ne sais pas comment il était... Mais le terrain lui, dans ton quartier, valait de l'or.
Je fronce les sourcils.
- Comment tu sais tout ça ? Tu n'es pas agent immobilier.
Je fais la remarque.
- Je me suis renseigné. Nous t'avons acheté un téléphone, tu as une ligne à ton nom alors... Il n'est qu'une question de temps avant que la banque ne t'appelle.
Je hoche de la tête lentement. J'ai déjà des petites économies. Je dois d'ailleurs penser à mon avenir. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?
- On est contents que tu sois là. Vraiment. Il me sourit. Mais j'ai peur que tu finisse par nous abandonner. Ta tante a mis des années à faire le deuil de sa sœur...
- Je ne vous abandonnerait pas. Je vous le promets à tous les trois. Vous êtes la seule famille qu'il me reste.
Il frictionne mes cheveux d'une main.
Noore est tombée sur un homme sensible, qui est éperdument amoureux d'elle. Au moins quelqu'un dans la famille qui est heureux.
***
Quatre jours plus tard.
Je cours jusqu'au salon de ma tante, le téléphone à la main.
- C'est la banque au téléphone. Il me demande si j'accepte le transfert d'argent envoyé par l'État ?
- Si tu acceptes, tu ne pourras plus contester ! Combien ils proposent ?
Demande Tom en remontant ses lunettes sur son nez d'un doigt.
- Légèrement plus que ce que nous pensions !
Je dis joyeusement.
Vraiment légèrement...
- Acceptes ! Vite !
S'écrie ma tante.
Je remets le téléphone contre mon oreille.
- J'accepte.
Je souris.
***
Le soir, nous fêtons ça avec du champagne, et du jus d'orange pour Ali.
- On trinque à quoi ?
Je demande.
- À ton compte en banque !
Rit Noore.
- Tu nous a pas attendue pour boire !
Je la charrie.
Elle me tire la langue dans un geste très mature.
- À mon compte en banque !
Je dis en levant ma flûte.
À mon avenir, loin d'un passé douloureux je l'espère.
***
PDV Scott
Je me fais réveiller par des secousses ce qui me fait grogner.
- Scott...
Souffle mon ami dépité.
- Quoi ?
Je marmonne à moitié dans les vapes.
- Ça fais deux jours que tu dors, lève-toi et va prendre une douche !
Il m'engueule maintenant.
- Et tu sais pourquoi... Je dis la voix pâteuse. Je ne veux pas la croiser James, son regard haineux...
- Elle vient de partir.
M'annonce le rouquin fermement.
- Quoi ?
Je m'étrangle.
Où est-elle partie ? Pourquoi ? Elle va revenir ?
- Elle est partit avec toutes ses affaires. Chez sa tante. Alors lève-toi et va te doucher, ça sent le renfermé ici.
***
«Merci à vous deux d'avoir pris soin de moi. De nous. Je suis désolée d'avoir fais une scène, je sais que vous aussi avez perdu beaucoup. J'en suis désolée. Vous avez l'air heureux ici et peut être que moi aussi. J'ai besoin de passer du temps avec ma famille. S'il vous plaît, prenez soin des garçons... Eux aussi n'ont plus rien. À bientôt. Malicia.»
Je repose la lettre sur la table de la cuisine.
- Elle nous a laisser de l'argent en dédommagement ! C'est insultant !
S'offusque Pierrot.
- Mon chéri... Elle me manque à moi aussi.
Réponds sa femme.
- Et si on a fait une erreur ? Je l'ai endormis comme un bulldog et maintenant elle m'en veut !
- Ce n'est pas de votre faute. Je me racle la gorge avant de continuer plus sûr de moi. Vous avez fais ça pour elle.
- Ça ne change rien au fait qu'elle soit partit. Désolé fiston.
Il rajoute en voyant ma tête.
J'ai l'air abattu et je le suis.
Malicia est partit et ne reviendra pas.
Elle me l'a répété assez de fois. Elle me déteste.
Je suis un meurtrier pour elle. Un traître.
"Je ne veux plus jamais te voir Scott."
Je comptais l'en dissuader. Mais j'ai réalisé ce que j'avais vraiment fait.
Pour elle, je ne suis plus qu'un traître.
J'avais réussi à me rapprocher d'elle, pour assouvir mon obsession. Je savais que je pourrais recraquer à un moment donné, alors je ne voulais plus la lâcher.
Elle était le remède à mon cerveau malade, comme celui de mon géniteur.
On étais amis, elle avait confiance en moi. Et j'ai tout gâché.
Mais comme elle me l'a déjà dit : un choix s'est imposé à moi.
Et encore une fois, je l'ai choisis elle.
Mais si on est amis comme elle le dit, pourquoi ne pas me pardonner ?
- Ça va s'arranger.
Essaye de me rassurer Isaac.
Ça va mieux entre nous. Je lui en ait voulu d'avoir vendu la mèche. Mais tôt ou tard Malicia l'aurait appris et sa colère n'aurait pas était moindre en apprenant que nous étions au courant.
C'est mon ami et lui aussi est dans une mauvaise passe. Je me retiens de lever les yeux au ciel. Il est pas bien à cause d'une rupture, son couple n'a duré qu'une semaine et encore !
- Elle a pensait à vous dans la lettre, et d'ailleurs vous pouvez rester ici autant de temps que vous le voudrez !
Rajoute Marie-Line.
***
Quatre jours plus tard
Le corps tremblant, je vomis tout l'alcool que j'ai ingurgité.
Penché en avant sur le parking d'un bar quelconque, j'essuye ma bouche d'un revers de main.
Je n'ai pas laissé le choix à James et Isaac que de me laisser sortir seul ce soir.
J'avais envie de boire. Noyer mon manque d'elle, et oublier mes actes passés.
QUATRE PUTAIN DE JOURS !
Je n'ai pas de nouvelle, elle est sortit de ma vie comme elle y est entrée. Brusquement.
Mon état s'empire...
- Vous avez besoin d'aide ?
Je relève la tête lentement, ayant encore le tournis.
Combien de chance j'avais de tomber sur elle ce soir ?
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Je demande, un sourire scotché sur le visage. Je m'approche d'elle mais elle recule.
- Ne pars pas ! S'il te plaît...
Je dis doucement, les larmes aux yeux. Ça me fait tellement de bien de te voir !
Je la prends dans mes bras, plongeant mon visage dans son cou.
- Tu m'as manqué princesse...
Je murmure avant de respirer son odeur à plein poumon. Tu as mis du parfum ?
Je demande en grimaçant.
- Mais lâchez moi espèce de malade mentale !
Je me fais repousser violemment, tombant même sur le goudron humide du parking.
Je regarde la brune, perdu.
- Qui êtes vous ?
Je demande en fronçant les sourcils. Qui c'est cette fille ? Où est-elle ?
Je regarde autour de moi mais elle n'est pas là.
La fille, qui ne ressemble en rien à Malicia à part sa chevelure brune et lisse, part en courant jusqu'à sa voiture.
Je me relève lentement.
Il pue son parfum, j'ai le temps de penser avant de vomir à nouveau.
***
- Il devient fou.
- Je t'avais dit qu'on ne devais pas le laisser seul.
- Ouais ben si tu veux jouer la babysitter, libre à toi, mais moi j'ai autre chose à penser qu'à lui qui a merdé avec sa dulcinée ! Il ne s'est jamais rien passé entre eux ! Comment il... Comment ça a pu arriver ?
- J'en sais rien Isaac... Mais tu penses à quoi ?
- À notre avenir ! Pendant que monsieur se bourre la gueule et que tu passe ton temps à le surveiller, moi je cherche du boulot. On pourrait se trouver un super appart' avec trois boulots ! Ce qu'on a toujours voulu !
- Ce serait une bonne idée.
Je lance, la bouche à moitié caché par l'oreiller.
- Tu es réveillé depuis longtemps ?
S'inquiète James.
- Depuis le "il devient fou".
Je dis en faisant de bref guillemets d'une main. Isaac a raison, tu es trop papa poule avec moi.
- Je m'inquiète pour toi ! Tu n'a jamais était aussi bas ! Enfin...
Je souffle, fatigué, dépité.
- C'est moi le plus âgé, c'est à moi de m'inquiéter pour vous. Je vais me reprendre... Un souvenir de Malicia me revient, quand on étais dans la voiture et qu'elle dormait paisiblement sur mon épaule. On va s'en sortir.
Il le faut. Je n'ai pas le choix.
"Princesse, penses-tu à moi
autant que je pense à toi ?"
~~~
Chapitre 27 publié !
Que pensez-vous de ce chapitre ?
Votre rentrée (s'il y a) s'est bien passée ?
À dimanche pour un nouveau chapitre !
WILLCHR
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