2
PDV Malicia
Je me réveille lentement, les rayons du soleil sur ma peau.
Une pensée me traverse l'esprit.
Je suis en vie.
Et tout me revient, il y a trois hommes armés qui ont dormis dans mon salon.
Je me redresse dans mon lit dans un grincement désagréable, tout grince ici !
J'attends quelques secondes, comme la veille, pour écouter les bruits dans la maison. Mais encore une fois, c'est le silence total.
Je regarde mon portable est remarque qu'il est midi quarante.
Je soupire de soulagement, ils sont partis.
Attends Malicia, c'est bien naïf de penser ça !
C'est vrai, cela ne me ressemble pas.
Ils sont peut-être en train de dormir.
Il n'y a qu'un moyen pour le savoir.
Je déverrouille ma porte de chambre et descend au salon.
J'avais raison, ils sont partis.
Ma vie chiante et vide de tout rebondissements peut reprendre son cours.
Je retourne à l'étage pour prendre une douche, histoire de retirer enfin ce goudron que j'ai sur le visage.
***
Moi qui pensais oublier cette histoire burlesque, me voilà bien surprise.
Ils ont laissé un mot :
- « Merci de ne pas avoir appelé la police.
P.S.:
- La cheminée est encombrée.
- Les fenêtres du salon sont cassées.
- Les lames du parquet grincent et certaines sont sortis des clous.
- Les toilets ne marchent pas.
- D'ailleurs il y a des rats dans le jardin.
- La déco n'est pas terrible. »
Sans que je m'y attende, un rire bruyant s'échappe de mes lèvres. Un rire sincère comme je n'en avais plus eue depuis longtemps.
On dirait qu'ils se sont amusés à "Rénovation impossible", listant tout ce qu'il y avait à refaire et réparer ici.
Je lâche un nouveau rire quand je comprend qu'ils n'ont pas pu aller aux toilettes et qu'ils ont dû sortirent dehors en pleine nuit, d'où le «D'ailleurs il y a des rats dans le jardin».
Finalement, le post scriptum aura était plus long que le message principal.
Je repose le papier sur la table d'appoint et voit deux billets de dix dollars.
Ils les auraient oubliés ?
C'est pas bon ça, ça veut dire qu'ils vont revenir pour les chercher.
Je soupire longuement avant d'aller me préparer à manger. Je vais enfin pouvoir savourer mon plat instantané.
***
Je sais que la déco n'est pas terrible. Mais quand on vis seule dans une grande propriété et qu'on ne s'appelle pas bob le bricoleur, les choses se détériorent forcément.
Cela fait quatre ans que je suis seule ici. Avant, je vivais avec ma grand-mère.
Le manoir était propre et très bien entretenue, je me rappelle même des rosiers qu'elle chérissait tant dans l'arrière cour. Elles passait ses journées à arroser, tailler et dorloter ses fleurs.
Elle faisait beaucoup le ménage et cuisinait de bons petits plats.
Ce n'était pas la grand-mère la plus aimante, mais c'était une bonne grand-mère.
Malheureusement, il y a quatre ans, elle est décédée. Elle avait des problèmes de cœur et cela traînait depuis mon enfance.
Quatre-vingt ans est un bon âge pour mourir.
Enfin, c'est ce que je me disais avant.
Avant de voir ce qu'était réellement la vie : du temps perdu.
J'ai hérité du manoir et des souvenirs qui allaient avec.
Je n'ai connu que ma grand-mère, mes parents, eux, sont morts peu après ma naissance.
Ma grand-mère ne m'en a jamais parlé. Elle me disait simplement que les accidents pouvaient arriver.
Et c'était vrai, alors je n'ai jamais osé poser de questions.
Je n'ai vu ni photos, ni objets leur appartenant. Mais apparemment ils vivaient ici. Alors je reste, en leur mémoire et celle de ma grand-mère.
Je n'entretiens pas le manoir, ne le remplis pas de vie, de joie et d'amour.
Je le hante.
Comme un fantôme qui attends.
Je ferme mon esprit de toute pensées émotives et part me peindre le visage en noir, c'est bientôt l'heure d'aller travailler.
***
- Regardes Malicia !
Je me retourne vers Pierrot, toujours une chemise à carreaux sous sa blouse blanche de vétérinaire.
Ce dernier fait semblant de s'étouffer avec un serpent autour du cou.
Je fais un sourire forcé pour ne pas le vexer, mais honnêtement ce n'est pas si drôle...
Enfin je pense peut-être ça parce qu'il me fait cette blague à chaque fois qu'un serpent entre dans la clinique.
Depuis deux ans.
En tout cas ça fait rire la cliente.
***
- Tiens, ton chèque.
Je remercie Pierrot et plie le chèque avant de le mettre dans ma poche.
- Je vais pouvoir m'acheter des nouilles instantanées.
Je dis plus par automatisme que par réelle envie de converser.
- Tu devrais acheter des choses plus saines. Et du démaquillant !
Je le regarde rire avec un air blasé.
- Je suis sûr que tu as un joli visage sans tout ce... noir sur le visage.
- Je t'assure que je suis très moche.
Je dis par réflexe.
La vérité c'est que je n'en sais rien. Je ne prends pas la peine de me regarder sans maquillage. À quoi bon si je ne le montre à personne ?
Je cache mon corps mince sous des vêtements amples et m'attache les cheveux en une queue de cheval basse faite à la va-vite.
Croyez le ou non, mais j'adore mes cheveux. Ils sont long, légèrement ondulés et châtain. Ils brillent au soleil.
Ça ne m'empêche pourtant pas de les cacher sous ma capuche et de les laver au shampooing premier prix.
- Je vais rentrer, bonne soirée.
Je le vois me regarder étonné avant de tourner les talons et sortir de la clinique.
En deux ans, ce doit être la première fois que je lui souhaite une bonne soirée.
Je me ramollit peut être avec le temps.
Ma vie est remplit de peut-être.
D'incertitude.
Et pourtant, c'est la vie la plus insignifiante qui n'ai jamais existé.
***
Je dépose le chèque dans la boîte au lettre de ma banque.
Vous ai-je dit que je n'avais pas besoin de cet argent ?
La vérité, que je suis seule à connaître, est la suivante :
Je n'ai pas besoin de travailler.
Ma grand mère m'a léguée toutes ses économies étant donné que je sois sa seule parente encore en vie.
Dedans, il y avait les maigres économies de mes parents aussi.
Je ne suis pas riche, mais je pourrait tenir des années sans travailler et en vivant dans un meilleur confort qu'aujourd'hui.
Mais alors pourquoi ne pas rénover le manoir ? Ou bien déménager ? Ou même travailler ?
Je suis restée deux ans toute seule enfermée au manoir, ne sortant que pour faire les courses ou aller chez le médecin quand j'étais malade. Je ne voyais personne, ne parlais pas. C'est d'ailleurs à la fin de cette période que j'ai cassé la télé.
Il y avait un reportage sur les familles nombreuses. J'ai donner un coup de pied dans l'écran et il est passé à travers.
Oui j'ai reçue une décharge électrique et oui j'ai retenue la leçon.
J'ai vu que la clinique cherchait quelqu'un pour s'occuper des animaux, du ménage et si besoin de la fermeture.
Je me suis jeté sur l'annonce et Pierrot m'a embauché.
Mais en deux ans, j'avais perdu toute mon estime, ma confiance. Alors je me suis mise à me "déguiser". Je jouais un rôle, que je pensais à l'époque, être temporaire.
Mais je suis réellement devenue cette personne. La gothique froide, insociable...
Les animaux ne me jugent pas eux, ils ne ressente pas ma froideur. Je suis moi même avec eux. Ils n'ont pas peur de moi, parce qu'au fond... Je suis quelqu'un de gentil.
- Putain !
Je crie.
Un connard vient de me bousculer sans s'excuser.
J'en étais où ?
Ah oui.
Je suis gentille. Du moins, avec ceux qui le méritent.
Et en ce qui concerne le manoir, il reflète mon état d'esprit.
Sombre.
Abîmé.
Vide.
À quoi bon vivre dans un château si nous sommes un fantôme, seul et invisible ?
Je dois juste attendre. Attendre la fin...
"Ou un miracle..."
~~~
Deuxième chapitre !
Qu'en pensez-vous ?
Avez-vous cerné la personnalité de Malicia ?
Willchr
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top