19


PDV Malicia


Cela fait une semaine que nous sommes en sécurité, chez Pierrot.

Je ne sors de la chambre que pour manger ou me doucher. J'évite clairement Scott et tout le monde l'a compris.

Il a essayé de me parler plusieurs fois mais je change de pièce sans lui répondre à chaque fois. J'ai dis que j'oubliais ce qu'il avait dit à mon propos. Pas que tout serait comme avant.

Je m'attache les cheveux face au miroir de la chambre.

Pierrot a repris ses activités de vétérinaire, allant chez les gens avec sa malette et soignant leurs animaux de compagnie.

- Malicia, c'est l'heure.


***

Je pensais que cette intervention me changerais les idées, mieux, qu'elle me remonterais le moral.

Mais apparemment, un chat qui a des vers dans l'anus n'était pas suffisant.

Pire, Pierrot me demande ce qu'il s'est passé le soir où lui et sa femme sont partis au restaurant.

Bien sûr je n'ai pas dis la vérité. Enfin, pas la bonne. Je lui ai dis que le manoir me manquais.

- Tu ne peux pas retourner là-bas.

- C'est toi qui le dis.
Je réponds lassée qu'on me sorte toujours la même phrase.

- C'est pour te protèger Malicia. Cette ville a attirer des criminels des quatres coins du pays. C'est le chaos.


***

- Tu ne veux pas sortirent avec eux ?

- Non Marie-Line, pour la dixième fois.
Je réponds par automatisme.

- Ça te ferais du bien. Boire un coup avec tes amis. Ils s'inquiètent pour toi tu sais ?

- Hm.

Je sais surtout qu'ils ne sont pas mes amis. Et que nous continuons tous à prétendre le contraire.

La tête posée sur la table, je regarde le gâteau au citron cuire dans le four.
Je tape mes ongles contre le bois en attendant que le temps passe.

Je ne suis jamais sortis boire un coup. Ni seule ni avec des amis. Je n'ai jamais bu d'alcool à part à Noël avec grand-mère. Elle achetait un bon vin rouge pour accompagner la viande et j'appréciais chaque gorgée.
La sensation était grisante. Ça me rendait euphorique et tout ce qui passait à la télé me faisait rire.

Grand-mère... Que devais-tu penser de moi dans ces moments-là ?

Je souris en imaginant ma grand-mère lever les yeux au ciel sous mes rires exagérés par l'alcool.

Et puis merde !

***



- Je ne veux aucun commentaire.
Je marmonne sous les sifflements de James.

Certes je me suis habillée en femme "normale", et oui je me suis maquillée autrement qu'avec du noir, mais ce n'est pas un évènement non plus. Pas besoin de siffler ou d'applaudir comme Marie-Line le fait actuellement.

- On y va ?
Je demande pressée.


***


Vêtue d'un pull rouge sang à col bateau et d'un jean noir avec des bottines de la mêmes couleur, j'entre dans un bar "tendance", précédée des trois guignols.

- On se met là !

Je regarde où James pointe du doigt et tourne sur ma droite, à l'opposé.

Je m'assois sur un tabouret du bar et me commande un verre de... Je ne sais même pas ce que c'est. Je sais juste qu'il y a de la tequila dedans.

Je ne suis pas venue pour passer du bon temps avec eux.
Je voulais juste me bourrer la gueule.
Heureusement, un ou doux verre me suffiront. Je suis une petite nature.

- Bonsoir.

Je regarde la personne à ma gauche, elle me dit quelque chose.

- Je suis Lucie, la vendeuse de...

- Oui ! Je me souviens ! Je la coupe avec un sourire. Waw, vous avez suivis mes conseils ! Je ris.

En effet, la rouquine n'arbore plus son chignon, ni ses grosses lunettes carrées.

Elle rougit un peu et commande un mojito au barman.

- On peu se tutoyer non ?
Elle demande timidement.

Je hoche de la tête en montrant le siège à côté de moi.

Elle s'affaisse sur le tabouret, son sac à main sur les genoux.

- Dure journée ?
Je demande. Je ne suis pas vraiment curieuse, je fais juste la conversation. Je sens que ça me fera du bien de voir une nouvelle tête.

- Comme tous les jours, mes collègues sont affreuses.

Je grimace, apparemment, changer d'apparence n'a pas changé leur comportement vis-à-vis d'elle.

- Il faut les ignorer.

- C'est ce que je fais, crois-moi ! Mais rien que voir leur sales têtes de salope me donne envie de me couper les veines !

Je m'étouffe avec ma gorgée, ne m'attendant pas à une telle franchise.

- Désolée ! Est-ce que ça va ?
S'inquiète-elle.

On se met à rire quand je lui fais signe que tout va bien. Elle est plus drôle que je ne le pensais. Pourtant, j'ai tenu ma promesse, je ne l'ai pas jugée à son physique.

Tout le monde cache un trait de sa personnalité et dans son cas c'est dommage.
Dans le cas de Scott... C'est nécessaire.
Je me traite d'idiote pour penser à lui alors que j'essaie de me changer les idées.

Quand est-ce que l'alcool fera son effet ?

Deux jeunes hommes se présentent à nous, charmant je dois l'avouer. Mais je connais déjà leur barratin.

Ils nous invitent à danser dans le coin du bar prévu à cet effet et je refuse poliment.
Je me retiens de me taper le front quand Lucie accepte.

Quelle conne ! L'un des deux mecs va forcément prendre sa place et je n'ai vraiment pas envie de parler à un baragouineur.

Je serre un peu plus mon verre quand, comme prévu, le deuxième gars s'assoit sur le tabouret de Lucie.

- Alors ?

Je le regarde un sourcil levé. Alors quoi ?

- Tu n'es pas très bavarde.
Ronchonne-t-il.

- Je ne parle pas aux inconnus.
Je grogne.

Il se prends pour qui à râler de ma présence ? J'étais là avant toi connard. C'est toi qui est venu me parler.

- Tu as quel âge, cinq ans ?
Il se moque.

Je serre les dents et détourne le regard vers la piste de danse. Lucie a l'air de bien s'amuser elle. Elle n'est pas prête de revenir ici.

- T'es célibataire ?

Je le regarde blasée mais dit le plus poliment possible :

- Je ne suis pas intéressée.

Je commande un deuxième verre et il arrive presque aussitôt. Ils sont trois à servirent derrière le bar, et malgrés qu'il y est du monde, ils sont plutôt rapides.

- Moi non plus.

Je rigole un bon coup. Voilà enfin les effets de l'alcool ! Je commençais à perdre patience.

- Je ne suis pas à ton goût ? Je demande loin d'être vexée. Tu préfères les rousses ?

Il regarde son pote et Lucie et me réponds avec un grand sourire :

- Je préfère les roux.

J'ouvre grand les yeux avant d'éclater de rire. Je ne me préoccupe pas de si j'attire l'attention.

- Sérieux ?

Il hoche la tête toujours en souriant.

- Heureusement que je ne t'attire pas alors !

Ça voudrait dire que je ressemble à un garçon et avec les efforts que j'ai fait ce soir pour être féminine j'aurais était déçue.

- Tu es une très belle femme. Avec un sacré caractère je parie. Tout ce que j'évite !

On trinque avant de boire, finalement, je vais bien m'amuser.


***

- Sérieuuuux ! Il a fait ça ?!
Je cri choquée.

Martin, l'inconnu sympathique mets un doigt devant sa bouche pour que je parle moins fort. Cela fait deux heures que je parle avec lui, que je ris. Il y a moins de monde donc ma voix peut être entendue par dessus la musique. Lucie est partit depuis longtemps, l'homme qui accompagnait Martin aussi. Chacun de leur côtés. Enfin, je crois.

- Malicia.

Je me retourne pour voir James, tout gêné.

- On rentre.
Me prévient-il.

- Déjà ?

Je regarde ma montre pour voir l'heure. Je reste quelques secondes à fixer mon poignet avant de réaliser que je n'ai pas de montre.

Je me mets à rire.

- Je n'ai jamais eue de montre !
Je m'exclame sous l'incompréhension des deux hommes. Martin... Salut !

Je descend du tabouret difficilement et sors du bar devant les trois guignols.

J'essaye de me rappeler où est garée la voiture.
Finalement je suis Isaac qui à les clés.

- Je peux conduire ?

Ce dernier se retourne vers moi, amusé.

- Dans cet état ?
- Pourquoi pas ?

- Elle est encore plus chiante bourrée.
J'entends derrière moi.
Je reconnais la voix de Scott et me retourne vers lui faussement énervée. J'ai trop bu pour l'être.

- Retires ce que t'as... t'as dis !
Je le menace d'un doigt.

Celui ci lève ses sourcils, lui aussi amusé.

- Sinon quoi ?
Il me défi.

Je m'avance vers lui et lui donne un coup de poing dans le torse.

- Aïeuh.
Je pleurniche en me tenant la main "blessée".

- Tu m'aurais fait plus mal avec une pichenette.
Il se moque.

- C'était le geste le plus lent de toute l'histoire de l'humanité, le plus ridicule aussi.
Rajoute James. Lui il semble fatigué. Je crois qu'il s'impatiente.

J'étais pourtant persuadée d'y avoir mis toute ma force.

Je me dirige vers la voiture et ouvre la portière arrière. Du moins j'essaye.

- C'est pas la bonne voiture Malicia.

Merci Isaac.

***



- Tu vas arrêter oui ?

- Pourquoi ?
Je demande en replantant mon doigt dans sa joue.

- Parce que c'est agaçant.
Me réponds James, assis à l'arrière avec moi.

- Mais ça pique !
Je rétorque dans un petit rire.

À chaque fois que mon doigt touche sa barbe, je suis émerveillée.

- C'est bizarre des poils ici non ?
Je continue.

- Seigneur, aidez-moi.
Il se plaint sous le rires de ses amis à l'avant.

Je fais une mine boudeuse en le fixant.

- Quoi encore ? Pourquoi tu fais cette tête là ?

- J'ai passée une bonne soirée, je ne veux pas qu'elle s'arrête.
Je dis fermement.

- On est bientôt rentrés. La fête est finie et tu vas dormir sagement.

Je tourne la tête, fière. Ils ne sont vraiment pas drôles ! J'aurais mieux fait de rester au bar.

- C'est la dernière fois qu'on l'emmène au bar.
Lance Isaac.


***



- Pierrot ! Je crie en lui sautant dans les bras. Tu viens te baigner avec moi ?

Le quincagenaire me regarde avec des yeux ronds.

- Elle est bourrée.
Lui dit Scott.

Je le regarde méchamment et lâche Pierrot.

- Je n'ai bu que deux verres ! Ou cinq...

- Ce n'est pas la même chose ?
Se met à rire doucement le poivre et sel.

Je le regarde en souriant.

- Elle devrait boire plus souvent !
Il rajoute.

- Non !
Crient-en chœur les trois autres.

- Vous ne savez pas vous amusez de toute façon !
Je lance avant de sortir par la baie vitrée.


PDV Scott

Je la regarde sortir dehors, avec un minuscule sourire. Aux yeux des autres, je préfère me montrer agacé.

- Je m'en occupe, allez vous coucher.
Je dis avant de sortir à mon tour par la baie vitrée donnant sur la terrasse.

Je vois Malicia se rapprocher de la mer.
La jeune femme rit sans cesse, et bien que je ne comprenne pourquoi, j'adore entendre son rire.
Son visage est illuminé par son sourire et je suis presque sûr de n'avoir jamais vu de femme aussi belle.

Oui j'ai bu. Mais je ne m'empêcherait pas de penser ce soir. J'ai envie de me sentir libre autant qu'elle peut l'être.

Je cours jusqu'à elle, dévalant les escaliers en bois qui mènent au sable presque blanc sous l'éclairage de la lune.

- Tu vas attraper froid !
Je cri pour qu'elle m'entende.

J'arrive près d'elle quand elle décide de mettre ses pieds dans l'eau. Avec ses chaussures.

- C'est gelé !
Elle se plaint en se reculant. Comme je suis derrière elle, elle ne tarde pas à me cogner, la faisant trébucher et moi tomber en arrière.

Le sable est froid et inconfortable, quelque chose me chatouille le cou et je rougis quand je comprends dans quelle position nous sommes.

Malicia, mi allongée, mi assise à califourchon sur moi, se relève lentement.

- Désolée...

Elle se tient à mon torse pour ne pas retomber, de fatigue ou à cause du tournis je n'en sais rien.

Je sais juste qu'elle est sur moi, assise sur un endroit très sensible et que la fraîcheur du sable et de l'air ambiant n'arrive pas à calmer ma chaleur soudaine.

- Lèves-toi.
Incontrôlable et dépassé par la situation et ma gêne, je crache presque ces mots.

- Pourquoi tu es tout le temps méchant avec moi ?
Boude-t-elle.

Elle croise ses bras et me fixe durement.
Pourtant je ne peux que la trouver mignonne.

- Je ne me leverais pas avant d'avoir ma réponse !

- Bien ! Je suis méchant parce que tu es la fille la plus chiante que je connaisse ! Je dis en me redressant.

Maintenant assis, je la regarde sévèrement, attendant qu'elle se lève enfin pour pouvoir respirer normalement.

La vérité, c'est que j'ai peur. Peur de m'attacher. Parce qu'un jour ou l'autre, je m'en prendrais à elle.
Mais je ne peux pas lui dire la vérité, que nous sommes trois à connaître.
Alors j'attends.

Mais au lieu de se lever, elle passe ses bras sur mes épaules et pose sa tête sur l'un d'eux, juste à côté de mon visage.

- Je suis désolée.

Je souffle longuement. Je ne sais jamais comment me comporter avec elle. Encore tout à l'heure, elle voulait me donner un bon crochet du droit. Et maintenant elle s'excuse.

Voyant que le câlin dure trop longtemps, je la secoue un peu.

- Malicia ?

Je rêve... Elle s'est endormie. Comme ça. Sur moi.

Je gémis quand je comprends que je vais devoir la porter malgré ma fatigue.

- Allons dormir princesse.

Je nous relève, la portant comme une enfant de quatre ans et rentre dans la maison.

Espérons qu'elle ait assez la gueule de bois demain pour ne pas se souvenir de cette fin de soirée.

Comment je pourrais expliquer ça ?



"J'ai déjà du mal à
me l'expliquer."


~~~


Partie 19 publié !

Le prochain chapitre arrive de suite !

Désolé d'avoir sauté un jour de publication...

J'ai commencé à écrire une autre histoire complètement différente ! J'en suis déjà a la moitié après seulement 4 jours ! 😁😁😁

 

Willchr

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