Chapitre 2 : Nuit d'orage

☆☆☆

Lily ouvrit lentement ses yeux fatigués, maudissant la personne qui avait décidé que les cours devaient commencer si tôt. Elle se débarrassa de ses draps en s'étirant avant de se diriger vers la fenêtre tout en se cognant le pied sur une valise qui traînait au sol, celle d'Alice.

— Debout les filles! hurla-t-elle d'une voix pâteuse tout en ouvrant les rideaux en velours rouge de la fenêtre, laissant la lumière du jour pénétrer dans la chambre.

Ses amies grognèrent mais se levèrent tout de même avant de commencer à se préparer. Elles se disputèrent pour être la première à la douche tout en tentant tant bien que mal de se réveiller malgré leur envie de retourner s'engouffrer au fond de leurs lits. Presque une heure plus tard, les quatre filles étaient installées dans la Grande Salle, en train de se servir leur petit déjeuner en baillant.

— Lilyyy! Le beurre salé s'il te plaît. réclama Nora en tendant la main vers son amie.

La rousse lui passa la barquette de beurre pendant que les maraudeurs entraient dans la Grande Salle, débordant d'énergie.

— Bien le bonjour mesdemoiselles! les salua James avec entrain lorsqu'il passa à côté d'elles.

— Potter... soupira Lily. Comment peux-tu ne pas être crevé un lundi matin? D'autant plus que ça m'étonnerait que tu te sois levé aux aurores tous les jours pendant les vacances.

— Ah Evans! s'exclama-t-il. Il faut profiter de ta vie!

— Oui je suis d'accord mais ça ne veut pas dire arriver dans la Grande Salle en trottinant et en hurlant dans les oreilles de tout le monde. grogna Nora pour soutenir son amie.

— Fais gaffe à ce que tu dis Byrne, tu t'adresses à ton capitaine de Quidditch là! déclara fièrement James pendant que ses amis, qui s'étaient déjà assis, commençaient à se servir.

— Pardon! s'exclama la brune. Et Wilson alors? Il est bien moins insupportable que toi! Déjà que de base ça aurait dû être moi! Je n'arrive pas à croire que Dorcas t'ait choisi! Tu l'as soudoyée ou quoi? Tu l'as payé combien?

— Et c'est reparti. soupira Lily en levant les yeux au ciel pendant que Remus ricanait.

— Bon retour à Poudlard! ironisa le jeune homme avant d'avaler une gorgée de chocolat chaud.

— Merlin cette fille peut être une vraie gamine parfois.

— Je dois supporter deux gamins tous les jours, moi. rit Remus en pointant respectivement Sirius qui se préparait un espèce de sandwich fait de pain, d'œufs brouillés et de lard, qui ne pourrait visiblement pas entrer dans sa bouche et James qui continuait à débattre avec Nora quant à son aptitude à être capitaine.

— Je ne sais pas comment tu fais pour rester en vie. Ou comment ça se fait qu'eux soient toujours en vie. Si j'avais dû vivre avec ces deux-là pendant plus de quatre ans, soit moi soit eux se seraient retrouvés en bas de la tour d'astronomie avant la fin de la première année.

­— Oh tu sais, avec un peu d'expérience ce n'est pas très compliqué de s'occuper d'eux. ricana-t-il avant de se tourner vers James. Il ne reste plus qu'une part de tarte au citron!

Le jeune homme frissonna avant de s'installer près de Sirius pour se servir de ladite part de tarte au citron pendant que Lily se retenait d'éclater de rire. Elle avait l'impression de voir un enfant qui voulait absolument la dernière sucrerie.

— C'est ça! Prends la fuite! On sait très bien tous les deux que je suis la meilleure poursuiveuse de l'équipe! s'exclama Nora avant de retourner à son petit déjeuner.

Mary regarda son amie lancer des regards noirs à James avec un petit sourire au coin de la bouche. Elle admirait le courage de Nora. Mary avait beau être également une Gryffondor, elle était bien plus timide et n'osait pas vraiment faire face aux autres.

Chez Nora, sa franchise et son arrogance semblait être dans son corps depuis sa naissance, bien sûr, Mary ne la connaissait que depuis le premier septembre 1971, mais déjà en première année, elle n'était pas du genre à se faire marcher sur les pieds, déjà à cette époque elle inventait des histoires pour se ne pas se faire embêter et pour réussir à s'imposer.

La jeune femme se souviendrait toute sa vie de sa rencontre avec Nora Byrne; c'était lors de la rentrée, sur le quai, lorsque tous les élèves étaient en train de descendre du train en se bousculant et en bavardant entre eux. Un garçon de Serpentard avait poussé Mary, par accident, et n'avait pas pris la peine de l'aider à ramasser son sac de friandises qu'elle avait fait tomber au sol ou encore de simplement s'assurer qu'elle allait bien. Non, il avait continué à marcher, la tête haute, comme s'il lui était impossible de voir les gens sous son menton. C'était là que Nora était entrée en scène. Elle avait retenu le Serpentard par le col de sa robe de sorcier en lui jetant un regard noir.

— C'est si difficile que ça de s'excuser? Pour qui tu te prends?

— Pardon? Ce serait plutôt à moi de te demander pour qui tu te prends. avait-il sifflé entre ses dents en retirant la main de Nora qui tenait toujours sa robe.

Et là, Nora avait répondu quelque chose qui lui avait valu l'admiration de Mary; elle s'était penchée vers le garçon qu'elle dépassait de quelques centimètres sans laisser paraître la moindre panique dans son regard; il n'y avait qu'assurance et détermination dans ses deux yeux bruns.

— Je suis préfète mon coco, alors à moins que tu ne souhaites commencer ton année par une retenue je te conseille de t'excuser.

Nora était déjà une fille grande de taille à cette époque, avec des formes assez développées pour faire croire à son mensonge, et puis son regard ne laissait pas place au doute. Le Serpentard l'avait d'abord regardé avec de grands yeux, surpris, sans même penser à vérifier si elle portait un insigne de préfet, avant de se tourner vers Mary et de lui bredouiller des excuses.

Elle avait remercié Nora en lui assurant que ce n'était pas nécessaire.

— Tu sais, l'important c'est de marquer son territoire dès le début, impose-toi, ne laisse pas les autres t'écraser. Je suis en première année comme toi tu sais, le tout c'est juste d'être convainquant. Au fait, je suis Nora, Nora Byrne. Et pitié ne prononce pas mon nom avec un H, ça fait saigner mes oreilles. Ravie de te rencontrer.

Mary n'oublierait jamais ses yeux bruns remplis de détermination qui lui avaient appris à dire aux autres, haut et fort, qu'elle existait. Elle n'oublierait pas non plus l'odeur de shampooing à la pomme qui lui avait chatouillé les narines quand Nora avait passé un bras autour de ses épaules, lui donnant une vague de courage et de détermination.

Puis, ce même jour, Alice McMillan était arrivée, trébuchant sur sa propre valise, faisant tomber la cage de son hibou.

— Par la barbe de Merlin! Alice, je commence à me dire que plus maladroit que toi ça n'existe pas. avait ri Nora en aidant la première année avec qui elle avait passé tout le trajet Londres-Poudlard.

Alice, contrairement à Nora, était une fille plutôt petite à cette époque -et même si elle avait bien grandi, elle restait en dessous de la moyenne à quinze ans- avec de longs cheveux d'un blond vénitien qui contrastait avec les cheveux châtains coupés courts de son amie.

Les trois jeunes filles étaient montées dans la même barque, et, après s'être rendues compte qu'elles étaient toutes réparties à Gryffondor -à la plus grande surprise de Mary qui s'était plutôt attendue à Poufsouffle- elles s'installèrent ensemble à leur table, vite rejoint par Lily Evans avec qui elles avaient sympathisé.

C'était de cette manière que Mary avait rencontré ses futures meilleures amies. Elles étaient quatre, toutes différentes avec quelques similitudes. Il y avait la casse-cou qui avait vite fait de rejoindre l'équipe de Quidditch, la maladroite passionnée de botanique avec un immense sourire qui embellissait son visage chaque jour et qui rendait heureux ses proches, la rousse qui passait sa vie à la bibliothèque dont elle semblait connaître chaque livre par cœur, et elle, Mary, la timide indienne passionnée d'art à la peau mate et aux cheveux noirs.

Puis le temps avait passé, elles s'étaient toutes un peu rapprochées des maraudeurs, même si elles ne les considéraient pas encore comme des amis. Il y avait James Potter qui ne cessait de demander à Lily de sortir avec lui depuis l'année précédente, celui qui faisait rire et sourire. Il y avait Sirius qui ne cessait de s'amuser à embêter Nora. Puis, Remus qui était bien le plus sage des trois, avec qui Lily avait sympathisé à la bibliothèque en troisième année. Et finalement, il y avait Peter, le plus timide, celui qui restait un peu en retrait même si James essayait de le mettre un peu en avant, essayant de l'aider à avoir un peu plus confiance en lui-même.

— Mary, ça va? lui demanda Lily, sortant l'adolescente de ses pensées.

— Oui oui. lui assura-t-elle en souriant.

— On va être en retard! Dépêchez-vous! s'exclama Alice en voyant que la Grande Salle commençait déjà à se vider.

— Vous stressez pour rien. rit James. Arriver avec deux minutes d'avance ou de retard, quelle est la différence?

— Et bien, le fait d'être en retard ou bien en avance. soupira Lily en se levant de table, suivie de ses amies. Si ça ne vous dérange pas, nous on préfère être à l'heure, voir en avance, donc au revoir.

Elles quittèrent la Grande Salle pendant que les maraudeurs finissaient tranquillement leur petit déjeuner.

— Vous pensez que c'est qui qui a écrit ce message? demanda James à ses amis en baissant la voix même s'il ne restait presque plus personne pour pouvoir l'entendre.

— Un Serpentard. répondit aussitôt Sirius sans prendre le temps de réfléchir.

— C'est cliché. lui reprocha Remus. Tous les Serpentard ne sont pas maléfiques tu sais. Merlin était à Serpentard.

— Tu vois un Poufsouffle faire ça? lui demanda alors James. Ou un Serdaigle? Ou même un Gryffondor? Je suis assez d'accord avec Sirius, c'est probablement un Serpentard, mais je demandais plutôt un nom. Vous avez des hypothèses?

— Non, mais je sais quelque chose. murmura Remus en s'approchant d'eux.

— C'est quoi? demanda aussitôt Sirius.

— Qu'on va finir par être en retard! Alors bougez-vous et on va en cours. On commence par défense contre les forces du mal en plus, c'est un nouveau prof donc il pourrait être quelqu'un de sympa comme il pourrait être quelqu'un de très stricte et sévère avec les retards. les réprimanda Remus avant de se lever de table.

— T'es pas drôle Mumus! geignit James en se levant tout de même.

— Ce n'était pas mon but.

Ils quittèrent la Grande Salle presque en dernier pour se mettre à courir dans les couloirs, croisant quelques élèves, principalement ceux de première année qui avaient du mal à se repérer et semblaient complètement perdus.

Ils arrivèrent pile à temps, alors que le professeur Weaver ouvrait la porte de sa salle de classe. Ils s'y engouffrèrent avant de s'installer à leurs places habituelles, c'est-à-dire au fond de la classe, avec Sirius et James assis ensemble, juste derrière Remus et Peter.

— Bonjour bonjour les enfants! s'exclama Weaver en frappant dans ses mains pour réclamer le silence d'un air à la fois sévère et ennuyé.

— Ça commence bien. ironisa Sirius en se tournant vers son ami. V'la un vieux bougre qui nous prend pour des gosses.

— Je suis le professeur Weaver, votre nouveau professeur de défense contre les forces du mal car comme vous le savez sûrement, l'ancien a décidé de prendre sa retraite. Des questions pour le moment?

La classe entière resta silencieuse, n'osant pas prendre la parole, ne sachant pas encore quel genre de professeur était Weaver.

— Il m'a été dit que je devais vous parler de l'examen qui vous attend à la fin de l'année, donc commençons par ça! Comme vous le savez, cette année vous passez le Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire, plus connu sous le nom de BUSE. Vous passerez des épreuves théoriques et pratiques pour chacune des matières étudiées en plus de vos options. Donc, il y a défense contre les forces du mal, métamorphose, botanique, histoire de la magie, potion, astronomie, et vous pouvez avoir en plus, soin aux créatures magiques, études des runes, études des moldus, arithmancie ou encore divination. Les résultats que vous obtiendrez détermineront si vous pouvez continuer ces cours l'année prochaine ou non. Les notes de passage sont Optimal, Effort Exceptionnel et Acceptable. Il s'agit d'un examen mené par l'Académie des examinateurs magiques qui s'étend sur deux semaines à la fin de votre année scolaire. Je pense que c'est assez d'information pour aujourd'hui, de toute façon, ne vous inquiétez pas, les autres professeurs vont également passer du temps à vous en parler. Bientôt, vous aurez tellement entendu les mots « Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire » que vous serez capables de l'écrire de droite à gauche les yeux fermés en quelques secondes à peine. Des questions?

Encore une fois, seul le silence répondit au professeur qui continua donc son monologue.

— L'année sera divisée en deux, nous passerons la première moitié à revoir des sorts et certaines créatures que vous êtes censé avoir déjà travaillé, puis, pendant la seconde moitié, nous verrons de nouvelles choses. Nous allons passer le reste du cours à travailler sur les Trolls, quelqu'un a quelque chose à nous dire sur ces créatures, histoire que je ne sois pas désespéré dès le premier cours.

Aussitôt, Lily leva la main. Le professeur tourna la tête de gauche à droite comme pour s'assurer qu'elle était bien la seule avant de l'interroger.

Le cours continua ainsi, Lily récita presque mot pour mot le manuel devant le regard surpris du professeur qui ne s'était visiblement pas attendu à ça avant de faire un travail de recherche sur ces créatures jusqu'à la fin des deux heures.

☆☆☆

Le professeur Weaver avait bien eu raison; les professeurs leur parlèrent tous des BUSE en leur répétant à peu près le même discours à chaque fois, « travaillez bien », « soyez méthodique et ne vous y prenez pas à la dernière minute » ou encore « c'est un examen très important, prenez-le au sérieux ».

Les élèves de cinquième année se retrouvèrent vite sous une montagne de devoirs, les obligeant à passer plus de temps que d'habitude dans leur salle commune ou à la bibliothèque pour travailler.

La fin de la semaine arriva enfin, et tous avaient déjà hâte aux prochaines vacances. Malheureusement pour les élèves, le vendredi après-midi ne fut pas une belle journée où le soleil rayonnait dans le ciel, leur permettant de prendre l'air dehors et de jouer pour s'aérer l'esprit, ce fut un jour pluvieux et déprimant.

La pluie tambourinait sur les fenêtres du château dans une symphonie dissonante. Tous les élèves étaient donc, soit dans leur salle commune, soit à la bibliothèque, mais personne ne s'était aventuré dehors. Les maraudeurs jouaient aux échecs en riant près de la cheminée malgré les nombreuses réprimandes de Lily pour leur demander d'être plus silencieux.

Un flash de lumière blanche illumina soudainement la salle commune de Gryffondor avant que le grondement du tonnerre se fasse entendre, faisant sursauter les élèves.

James, Sirius et Peter se regardèrent d'un coup avant de se tourner vers Remus qui, comme beaucoup d'autres, se tordait le cou pour voir par la fenêtre, comme pour s'assurer que l'éclair n'avait pas fait brûler le saule cogneur ou quoi que ce soit d'autre.

— Dis Remus, tu m'avais parlé d'un livre qui pourrait m'aider pour les cours de défenses contre les forces du mal, c'est quoi déjà? demanda Peter à son ami.

— Oh oui c'est vrai. se rappela-t-il. C'est dommage je l'ai rapporté à la bibliothèque hier.

— Oh vraiment? souffla Peter, déçu.

— Je peux aller te le chercher si tu en as vraiment besoin. lui assura Remus avec sa gentillesse habituelle.

— Ça ira, et puis il fait froid aujourd'hui et...

— La pluie ne va pas me tuer si je reste à l'intérieur. rit Remus. Je serai bientôt de retour.

Il se leva du canapé tout en glissant un marque page dans son livre avant de quitter la salle commune. Les maraudeurs restant se regardèrent avant de se lever et de monter les escaliers quatre à quatre pour rejoindre leur chambre et s'y enfermer.

— Quel acteur Peter! le félicita James, faisant rougir son ami qui bafouilla un petit « merci ».

— Il ne reste plus qu'à espérer que ça le retienne assez longtemps. souffla Sirius avant de s'accroupir pour attraper délicatement trois fioles de cristal qui trainaient sous son lit, en tendant une à James, puis à Peter.

— Après ça, il n'y aura pas de retour en arrière. affirma James d'un ton déterminé. Mais il faut qu'on le fasse.

Il posa tout de même un regard inquiet sur sa potion dont le liquide était devenu rouge avant de prendre une grande inspiration pour calmer son cœur qui commençait à battre à la chamade. Ou plutôt, il serait plus juste de dire « ses cœurs » car, depuis la fin de la quatrième année, il ressentait déjà les premiers symptômes de sa transformation qui se manifestait par l'impression de ressentir un second battement de cœur dans sa cage thoracique

Depuis la moitié de la troisième année déjà, Peter, Sirius et James tentaient de devenir des animagus pour aider leur ami Remus, un loup garou, lors des nuits de pleine lune. C'était dangereux bien sûr, le processus lui-même l'était, mais en plus de ça, devenir illégalement des animagus leur promettait un séjour à Azkaban si ça venait à se faire savoir. Cependant, ils étaient tous prêts à prendre le risque pour ne pas laisser Remus souffrir chaque mois, seul.

James posa ensuite un regard sur la chambre se demandant si elle était assez grande ou si c'était dangereux de tenter une transformation là. Il chassa cette pensée en se disant que de toute façon ils n'avaient nulle part où aller et puis, ils devaient se dépêcher pour réussir avant le retour de Remus.

— Prêts? demanda James en attrapant sa baguette dans sa main tremblante par l'angoisse.

Ses deux amis hochèrent la tête, tout aussi effrayés mais déterminés. Comme ils l'avaient fait pendant longtemps en secret, ils pointèrent leurs baguettes vers leurs cœurs avant de réciter d'une même voix l'incantation.

Animo Animato Animagus

Ils retirent le bouchon de leurs fioles en cristal et avalèrent la potion rouge avec une grimace à cause de son goût trop amer.

Une vive douleur traversa le corps entier de James, l'obligeant à se laisser tomber sur son lit pendant que Sirius s'asseyait par terre et que Peter se posait sur sa valise, une main sur le cœur. Son rythme cardiaque accéléra subitement comme si les deux battements de cœurs qu'il ressentait à chaque fois qu'il avait récité l'incantation avaient fusionné. Il porta une main sur son torse comme pour retirer un poids qui lui compressait la poitrine, l'empêchant de respirer correctement.

Il ferma les yeux, et pendant une fraction de seconde une image floue apparut dans son esprit. Il ouvrit instinctivement les yeux comme pour s'assurer que cette forme ne se trouvait pas réellement devant lui. Il se rappela ensuite que la forme de son patronus était censé se former dans son esprit à ce moment du processus de la transformation, et qu'il n'y avait donc aucune raison de s'inquiéter. Il referma alors les yeux et dut attendre quelques secondes pour que la silhouette réapparaisse. Plus il se concentrait, plus l'animal devenait net, jusqu'à pouvoir clairement distinguer un grand cerf majestueux avancer d'un pas lent dans son esprit avec le sentiment que le cœur de l'animal battait au même rythme que le sien.

James prit une longue respiration, pour calmer à la fois sa peur et son excitation, se forçant à continuer à se concentrer et à ne pas rompre le lien qui existait entre lui et le cerf. Il mourrait d'envie d'ouvrir les yeux, d'hurler que son animagi était un cerf et de demander à ses amis quel était le leur. Mais il se retint, sachant bien que ce n'était pas le moment de gâcher tout le processus à cause d'une simple montée d'excitation.

James continua à se concentrer, tentant d'une quelconque manière de demander au cerf s'il pouvait devenir lui. Il sentit soudainement son corps le faire souffrir. Il savait que la transformation commençait, et qu'il devait continuer à se concentrer pour garder le contrôle pour pour ne pas le laisser au cerf qu'il deviendrait.

Ses os s'allongèrent, changèrent de place, ses vêtements et ses lunettes fusionnèrent avec sa peau où d'épais poils bruns apparaissaient. Mais le plus douloureux était au niveau de la tête où il avait l'impression que quelqu'un jouait avec la forme de son crâne comme avec de la pâte à pain.

Quand la douleur cessa, et seulement quand elle cessa, il se permit d'ouvrir les yeux. D'abord un, prudemment, puis le deuxième. Il se retint de pousser un cri -ou peu importe le bruit que faisait un cerf- en sentant toutes ces sensations nouvelles.

Ses yeux voyaient différemment, son nez sentait différemment, ses oreilles entendaient différemment, son corps bougeait différemment.

Il remarqua ensuite un grand chien noir devant lui qui tournait en rond, la queue remuant dans tous les sens. C'était Sirius, sans aucun doute. Et à la manière dont son corps de canidé se mouvait, il était tout aussi heureux et excité que James d'avoir réussi.

J'ai réussi! Je l'ai fait! On l'a fait!

Il tourna à tête à droite, à gauche pour essayer de trouver Peter qui avait disparu avant de voir enfin un rat qui courait sur une valise en poussant des petits couinements.

L'euphorie de James disparut bien vite en se rappelant que Remus n'allait pas tarder à revenir et qu'il ne fallait pas qu'il les voit ainsi... par pour le moment en tout cas.

Il tenta tant bien que mal de ne pas obéir à cette partie de lui -celle du cerf- qui s'était mise à paniquer et n'avait qu'une envie; s'enfuir.

Dans son esprit, il visualisa du mieux qu'il put son corps humain. Ses cheveux noirs en batailles, son nez droit, ses lunettes, ses yeux aux iris couleur noisette, sans se mentir à lui-même sur aucune partie de son corps. James était honnête avec lui-même, il ne s'idéalisait pas, il était vrai qu'il avait un physique avantageux, mais il n'était pas assez arrogant pour se penser mieux qu'il n'était sur le plan physique.

Puis lentement, de manière moins douloureuse que sa transformation en cerf, mais pas agréable pour autant, il retrouva son corps humain, sa vue déplorable sans ses lunettes, ses doigts qu'il articula pour s'assurer qu'ils fonctionnaient bien ainsi qu'une envie de tarte qui avait disparu sous sa forme Animagus.

— Sirius! Peter! On est des Animagus! s'exclama James avec un immense sourire sur le visage.

Sirius reprit forme humaine lentement, un sourire tout aussi grand sur ses lèvres.

— Par la barbe de Merlin! souffla-t-il simplement, ne trouvant pas d'autres mots..

James ressentait une vague d'émotions qui lui donnait envie d'hurler son exploit dans tout le château même s'il savait qu'il ne valait mieux pas pour lui.

— Peter, il faudrait que tu reprennes ta forme humaine, Remus va bientôt arriver. s'exclama Sirius en se rendant compte que le rat rat tournait toujours en rond sur la valise.

L'animal poussa un petit couinement sans cesser de gesticuler dans tous les sens.

— Tu n'y arrives pas? demanda James, sachant pourtant que son ami ne pouvait pas lui répondre sous cette forme. Respire Peter, calme-toi! s'exclama-t-il, commençant lui-même à paniquer. Ça va aller, mais il faut que tu te calmes.

Le rat arrêta de courir, mais la forme humaine de Peter n'apparut toujours pas.

— Vous êtes là? demanda Remus en ouvrant la porte.

James eut tout juste le temps de se placer devant le rat pour le cacher de la vue de son ami pendant que Sirius répondait avec nonchalance :

— Les gens sont trop bruyants, c'est insupportable.

— C'est bien toi ça. rit Remus. Peter n'est pas là? J'ai réussi à trouver le livre.

— Il voulait aller aux cuisines. mentit James.

— Vraiment ?! Ce n'est pas prudent. Il y a eu un nouveau message. s'inquiéta Remus. On l'a vu avec la préfète de sixième de Poufsouffle en sortant de la bibliothèque. On a dû aller chercher McGonagalll, c'est pour ça que j'ai pris autant de temps.

— On va aller le chercher! s'exclamèrent James et Sirius en chœur.

— Je viens avec v...

— Non c'est bon Remus. lui assura James avec un sourire tout en tendant les mains derrière son dos pour inviter Peter à y grimper. Tu viens déjà de parcourir la moitié du château. Au fait, tu veux quelque chose de la cuisine?

— Quelque chose au chocolat. les remercia Remus d'un hochement de tête pendant que Sirius ouvrait la porte pour sortir de la chambre en même temps que James qui essayait de cacher Peter entre ses mains.

Ils descendirent les escaliers d'un pas précipité avant de sortir de la salle commune où Peter ne pouvait évidemment pas reprendre sa forme humaine.

— Potter! Black! Que faites-vous ici? s'exclama McGonagall, les faisant sursauter.

Ils se retournèrent en même temps pendant que James cachait Peter derrière son dos.

— On cherche Peter professeur. Vous savez, avec le message de la rentrée, on n'est pas super rassurés. Et comme il devrait être revenu depuis un quart d'heure déjà...

— Je comprends, je comprends. Mais ne restez pas trop longtemps dans les couloirs. Et si vous ne le voyez nulle part, venez me voir immédiatement.

James ne fut pas rassuré d'entendre la panique dans la voix de sa directrice de maison. Même si les professeurs faisaient passer les messages comme une mauvaise plaisanterie, il était évident qu'ils étaient inquiets. Ce pouvait être une mauvaise plaisanterie d'un élève ou quelque chose de bien plus grave.

James et Sirius continuèrent à avancer pour arriver près des cuisines, pour ensuite tourner à droite et entrer dans une salle de classe vide. James posa délicatement Peter sur un pupitre pendant que Sirius s'affalait sur une chaise.

—Peter, calme-toi et ferme les yeux. Concentre-toi et essaye de visualiser ton corps humain dans ton esprit.

Il vit les petites paupières du rat se fermer.

— Concentre toi bien.

Ils attendirent là, quelques minutes, avant que, finalement, Peter reprenne son corps humain, lentement. Peter ouvrit de grands yeux ébahis, la bouche entrouverte.

— J'ai réussi? demanda-t-il comme s'il trouvait son exploit tellement surréaliste qu'il pensait rêver.

— On a réussi! s'exclama Sirius dont l'immense sourire regagnait le visage.

— Je n'arrive pas à y croire. souffla James, euphorique. On est des animagus!

Ils se serrèrent les uns dans les bras des autres en sautillant presque sur place.

— Il faut fêter ça! s'exclama Sirius. Direction les cuisines!

Ils sortirent de la salle de classe en se retenant de se mettre à courir partout pour hurler leur exploit et d'aller dire à remus qu'ils allaient pouvoir l'accompagner pour la prochaine pleine lune.

— Bonjour messieurs. les salua gentiment un elfe de maison lorsqu'ils arrivèrent aux cuisines. Y a-t-il une occasion particulière à votre venue?

James se dit que leurs visages devaient transpirer la joie pour que ça se voit autant. Ils demandèrent quelques muffins et une tablette de chocolat avant de remercier les elfes et de partir.

— Je n'arrive pas à y croire! souffla Sirius, se retenant de crier dans les couloirs. On est vraiment... on est vraiment des...

— Chut! le coupa James en voyant Rusard arriver devant eux.

Le concierge leur jeta un regard noir, suspicieux tout en grognant dans sa barbe contre l'auteur des messages qu'il se retrouvait obligé d'effacer.

— On ferait bien de se dépêcher. conseilla Peter.

Ils se mirent donc à courir pour rejoindre leur chambre où ils firent une petite fête dont Remus ne comprit pas l'origine.

Ils rirent toute la soirée en mangeant, sans reparler des messages, ne souhaitant pas gâcher cette ambiance si joyeuse.

Ils durent redoubler de vigilance dans leurs paroles pour ne pas dire à Remus qu'ils étaient devenus des animagus même si l'envie leur tordait la langue. Ils se contentèrent de raconter des histoires sans importance, parlant principalement de leurs vacances ou des quelques potins qu'ils avaient pu récolter depuis le début de l'année scolaire.

Heureusement pour eux, Remus ne leur posa pas de question quant à leur soudaine bonne humeur et ne sembla même pas s'interroger.

Ils finirent par aller se coucher tard le soir, le ventre plein et la voix abîmée après avoir tant parlé et rit.

☆☆☆

Je ne sais pas trop si c'était trop tôt pour mettre ce moment qui est quand même un grand moment. Je trouve que le mettre dès le 2e chapitre n'était peut être pas la meilleure idée, mais il faut savoir que dans la version originale, la première transformation de James, Sirius et Peter n'existait pas, j'étais partie du principe qu'ils étaient déjà animagus. Puis, avant de me lancer dans ma réécriture, j'ai fait quelques recherches et j'ai vu qu'il le devenaient pendant leur cinquième année. Donc comme ce n'était pas un événements prévu de base dans mon histoire, je ne savais pas trop où le mettre et je me suis dit que vers le début ce serait mieux car j'utilise dans des chapitres futur le fait qu'ils soient animagus.

Tout ça pour dire, désolée si vous trouvez que ce moment est un peu trop précipité, mais j'espère qu'il vous a tout de même plu, en tout cas j'ai eu du plaisir à l'écrire.

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