Chapitre 13: La patinoire
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— Magnifique! s'exclama Sirius hilare quand Nora descendit les escaliers en tapant des pieds.
— De toute beauté. ajouta Lily en riant également.
— Allez tous en enfer. grogna la concernée avec un regard noir.
Sirius s'était rappelé que Nora lui devait un gage depuis son anniversaire et avait profité du cours de sortilège de la veille pour penser à quelque chose de bien horrible. Il était bien ressorti avec quelques idées, mais seule une avait été acceptée par Lily.
Nora se trouvait obligée de passer la journée dans des vêtements appartenant à Sirius. Il devait avouer qu'il était plutôt fier de son idée même s'il avait peur pour la survie de ses affaires
— Tu les as lavés au moins, hein? C'est pas le jean que tu portes depuis trois jours, rassure moi.
— Je suis une personne propre. fit semblant de s'indigner Sirius, une main sur le cœur.
Elle arriva en bas des escaliers pour faire face à ses amies et au maraudeurs. Elle devait avouer que niveau vêtement, le style de Sirius n'était pas trop horrible, mais elle râlait tout de même par principe, grognant que sa grand-mère s'habillait mieux que lui et que les fientes du hibou de Lily sentaient meilleures que ses chaussures.
Elle portait un jean trop grand troué au niveau des genoux, un t-shirt d'un groupe de musique moldu dont elle avait vaguement entendu parler, des Doc Martens dans lesquelles ses pieds flottaient ainsi qu'une veste en cuir. Cela n'avait jamais été dans les intentions de Sirius de la lui laisser, l'aimant bien trop la lui confier. Mais Nora s'était plainte comme quoi elle allait mourir de froid et il avait finalement cédé à condition bien sûr qu'elle l'enlève pour manger.
— Je t'assure, si je vois une tache, une éraflure sur ma veste, tu vas mourir dans d'atroces souffrances.
— Je sais prendre soin des affaires des autres. grogna-t-elle. Calme toi.
— Arrête un peu de te plaindre, c'est juste pour la soirée. rit Mary.
— J'ai été bête, je l'avoue! soupira Sirius théâtralement.
Il avait insisté pour que son gage ait lieu ce jour-là, ne se rendant pas compte que, à cause des cours, Nora devrait passer la majorité de sa journée en uniforme. Il prenait tout de même un grand plaisir à la voir secouer ses vêtement, comme si elle avait peur que le tissu ne contamine sa peau, pendant toute la fin de l'après midi jusqu'en début de soirée.
— Si j'attrape la peste, faudra pas se poser de questions.
— Tu ne crois pas que tu exagères un peu? pouffa Lily en lui donnant une tape dans le dos. Allez, faut qu'on aille travailler à la bibliothèque.
— Parce que je suis vraiment censée sortir avec cet accoutrement? D'accord, j'accepte pour le repas du soir, en attendant, j'aimerai pouvoir rester enfermée dans la salle commune. Ça fait déjà plus de trois quart de l'école qui ne peut pas me voir. Alors Lily, tu ramène ton derrière sur ce canapé et tu me files ton devoir de métamorphose. Non mais oh! Sortir à la bibliothèque?! Et puis quoi encore? Faire un pic-nique au dessus du Lac Noir tant qu'on y est?!
— D'accord, d'accord. abdiqua Lily en riant. Par contre le devoir tu le fais toi même, faut pas abuser hein.
— En fait, James et moi devons aller à la bibliothèque. dit alors Sirius. Comme je ne te fais pas confiance avec ma chère veste en cuir, qui est pour moi la prunelle de mes yeux, la mirabelle de mes pupilles et la prune de mes iris. Alors je préfère garder un œil sur ce petit bijou, histoire de m'assurer qu'elle va survivre à ta sauvagerie barbare.
— Mais quelle torture! grogna Nora avec un grand soupir.
— C'est le but. rit Sirius, visiblement ravi.
— Je viens aussi. déclara Lily. Je n'ai pas confiance avec vous deux à la bibliothèque.
— Bon courage! les salua Mary. Moi je reste ici. Il fait trop froid, j'ai pas le courage de m'éloigner de ce charmant feu qui me tient si bonne compagnie.
Ils partirent donc tous les quatre vers la bibliothèque pendant que Nora ne cessait de se plaindre des vêtements de Sirius avec une expression de dégoût exagérée. Ils croisèrent dans les couloirs quelques élèves qui jetèrent un regard intrigué à la tenue de Nora sans pour autant faire aucun commentaire après avoir vu son regard.
— Et je peux savoir pourquoi vous allez à la bibliothèque? questionna Lily.
— Pour embêter mademoiselle Byrne. répondit simplement Sirius.
— Hey! Si c'est ça, je retourne dans la salle commune.
— Je plaisante! J'ai vraiment besoin d'aller à la bibliothèque.
— Mais on caille ici! Je vais crever d'hypothermie à cause de toi! Espèce de meurtrier. marmonna Nora tout en se frottant les bras.
— On est juste en décembre, calme toi. rit Lily. Tu n'es pas prête pour le mois de février.
— Je te jure Lily, si on verse de l'eau par terre elle gèle et ça fait une patinoire.
Lily leva les yeux au ciel, ne cherchant plus à lui dire d'arrêter d'exagérer, sachant bien que c'était mission impossible.
Quand ils arrivèrent enfin à la bibliothèque, Mrs Pince jeta un regard sceptique à James et Sirius mais ils lui promirent d'un sourire de bien se tenir.
Pendant que Sirius était parti entre les rayons de la bibliothèque suivi de Nora qui tenait à s'assurer qu'il ne mettait le feu à aucun livre, affirmant que la colère de Lily serait terrible et ferait trembler le château, celle ci resta assise à une table à finaliser son devoir d'histoire de la magie. Lily se retrouvait donc avec pour seule compagnie James Potter assis en face d'elle.
— Evans, désolée pour...tu sais... je n'aurais pas dû poser de question. s'excusa-t-il.
— C'est bon laisse tomber. lui assura Lily sans lever la tête de son livre.
—Je me doute bien que tu ne veux pas en parler, surtout pas avec moi... mais voilà, sache juste que je suis désolée de t'avoir énervée et probablement mise mal à l'aise en essayant d'en savoir plus sur toi.
Lily se doutait que Remus lui avait dit de s'excuser, mais étonnamment, il semblait sincère. Elle lâcha un soupir et releva la tête pour le regarder dans les yeux.
— C'est pas grave, vraiment. Tu étais juste curieux, peut-être un peu trop, ça arrive.
Elle se replongea ensuite dans son devoir pendant qu'un petit sourire apparaissait sur le visage de James.
— Tu ne vas pas aider Sirius à chercher son soi-disant livre?
— Es tu curieuse à propos de ma vie privée Evans ou veux tu simplement te débarrasser de moi? rit James.
— Pour me débarrasser de toi évidemment. répondit Lily avec un sourire.
— D'accord, d'accord, je m'en vais. abdiqua-t-il. Je vais aller m'assurer qu'il ne fait pas de bêtises... ou pire, qu'il cherche parmi tous ces livres poussiéreux mon cadeau de Noël.
Il se leva de sa chaise pour aller retrouver son ami, son sourire toujours rayonnant sur son visage. Il était plus qu'heureux de s'être en quelque sorte réconcilié avec Lily. Bien sûr, ils étaient encore loin d'être amis, et plus encore du jour où ils sortiraient ensemble. James avait le temps de faire le tour du monde à cloche-pied avant que ce jour n'arrive.
— Tu m'expliques ça!?
— C'est de la poussière Black, calme toi.
— C'est de la poussière sur ma veste en cuir.
— Tout va bien ici? rit James en voyant son amie, un livre dans la main, en train de demander à Nora d'enlever la petite pelotte de poussière qui venait de tomber sur son épaule.
— Elle est très bien comme ça ta veste! Rétorqua Nora. Ça lui donne du style.
— J'en peux plus de celle-là!
Il se pencha légèrement pour souffler sur l'épaule de Nora et faire s'envoler la poussière qui s'était déposée sur sa veste pendant que James levait les yeux au ciel en riant.
— C'est toi qui m'as demandé de venir! rétorqua-t-elle avec un sourire fier.
— Je voulais que tu sortes de la salle commune pour bien te ridiculiser, pas que tu me suives partout!
— Et je peux savoir ce que tu fais là exactement? Sans vouloir te vexer, les livres et toi c'est pas une grande histoire d'amour.
— Top secret maraudeur! déclara-t-il.
— Laisse moi deviner. Parce qu'il se trouve que j'ai du talent en divination, mais surtout, que je suis une génie. Tu essayes de préparer un mauvais coup avant les vacances pour fêter Noël.
— Non, pas du tout. répondit-il un peu trop vite.
— Si je trouve une bonne idée, on peut dire que mon gage s'arrête avant le repas, au lieu d'après?
— Dans tes rêves! s'exclama Sirius.
— Tu as quoi comme idée? demanda en même temps James.
Elle afficha un sourire victorieux pendant que Sirius reposait le livre qu'il avait dans les mains en soupirant.
— J'ai bien quelques propositions...
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Lors du repas du soir, Nora avait retrouvé ses vêtements à elle. Lorsque Mary lui demanda pourquoi elle ne portait plus ceux de Black, elle leur expliqua qu'il avait eu pitié d'elle et de son visage si adorable et avait donc accepté de raccourcir la durée du gage.
— Ne t'imagine pas des histoires Byrne! s'exclama Sirius, quelques chaises plus loin. On a juste fait un marché. Et crois moi, ton visage est loin d'être adorable. J'en ai même fait des cauchemars plusieurs fois.
— J'espère bien. se contenta de répondre Nora avant de retourner à son assiette.
Même si le changement de tenue de Nora étonnait, la conversation dériva sur les devoirs et plus personnes ne se demanda ce qu'elle avait bien pu faire pour convaincre Sirius de raccourcir son gage. Le menacer? Le séduire? Faire du chantage? Lui promettre des bonbons?
Lily n'était même pas sûre de vouloir savoir. Elle imaginait bien son amie sortir un poignard qu'elle aurait caché dans un livre — pour Nora, un livre pouvait servir à tout sauf lire — pour le pointer vers Sirius et lui promettre de lui laisser la vie sauve s'il annulait son gage. Ou peut-être que Lily lisait simplement trop et avait une imagination plus débordante que nécessaire. Dans cette situation Sirius aurait rit et aurait fait léviter le couteau d'un tour de magie. Nora n'aurait rien pu faire puisque sa baguette serait dans sa poche et non dans ses mains. Et puis, où diable Nora aurait-elle pu se procurer un poignard? Peut être un couteau de la cuisine, mais elle voyait mal les elfes de maison la laisser repartir avec un couteau à désosser. Elle aurait peut-être pu voler un couteau à beurre mais Sirius n'aurait même pas pris la peine de la désarmer. Même s'il l'avait voulu il n'aurait pas pu tellement il serait en train de rire face à cette menace si ridicule. Ou peut-être que c'était le plan. Plié en quatre, Sirius devenait vulnérable, même pour un couteau à beurre...
— Ça va Lily? demanda Alice en voyant son amie perdue dans ses pensées.
— Je crois que j'ai besoin de sommeil. soupira-t-elle.
Le repas continua de manière normale avant que tout le monde retourne dans sa salle commune pour se détendre un peu avant d'aller se coucher.
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Le lendemain matin fut particulièrement froid. Nora grogna pour se séparer de sa couverture et même Lily eut du mal à se déshabiller pour prendre sa douche. Elles se vêtirent toutes d'un gros pull sous leurs capes de sorcière ainsi que de grosses chaussettes.
Il avait d'ailleurs neigé cette nuit-là. Les quatres sorcières se seraient peut être émerveillées si elles n'avaient pas cours. Elles auraient pu aller dehors et profiter dignement de la première neige (du moins, première neige qui tenait vraiment), au lieu de quoi elles devaient travailler et étudier dans le froid.
— L'hiver arrive bien vite. maugra Alice en brossant ses cheveux. Arg, j'ai déjà hâte à l'été.
— Tu n'es pas la seule. lui assura Mary. Allez, tout le monde en bas! Espérons qu'une bonne tasse de thé pourra nous réchauffer.
Elles sortirent toutes ensemble de leur chambre, puis de la salle commune avant de descendre les escaliers. Quelques élèves avaient même pris une écharpe pour se tenir chaud.
— Par la barbe de Merlin. souffla Alice lorsqu'elles arrivèrent en haut des derniers escaliers qui menaient à la Grande Salle.
Tout le rez-de chaussé du château était recouvert d'une couche de glace qui faisait bien quelques centimètres. La glace était si lisse et épaisse qu'il était impossible de se dire qu'un peu d'eau était entrée pendant la nuit et avait simplement gelée de manière naturelle.
— Je n'arrive pas à croire qu'ils ont pu faire ça. soupira Lily, en parlant bien sûr des maraudeurs.
— Oh! mais que s'est-il passé ici! s'exclama James en arrivant avec Sirius, un air faussement surpris sur le visage.
Tous les élèves réveillés formaient un espèce de troupeau en haut des escaliers, n'osant pas descendre.
— Mais que se passe-t-il? s'exclama McGonagall en arrivant. Morgane!
Elle jeta un coup d'œil aux deux maraudeurs présents, mais sans preuves, elle ne pouvait pas faire grand chose.
— Tiens, tiens, une patinoire. rit le directeur en arrivant, visiblement amusé par la situation. Il ne manque plus que des patins pour pouvoir s'amuser un peu.
— Albus! le réprimanda McGonagall qui n'était pas amusée le moins du monde.
— Essayez de ne pas tomber et de vous faire mal. se contenta de dire Dumbledore en commençant à descendre les escaliers pour rejoindre la Grande Salle, vite rejoint par les autres élèves.
Les visages surpris et intrigués se transformèrent vite en visages souriants et riants. Lily ne l'aurait bien sûr jamais avoué, mais cette patinoire arrivait comme un petit cadeau surprise pour redonner de la joie aux élèves, tous si inquiets depuis la dernière agression.
Voyant bien que cela permettait à tout le monde d'oublier quelques instants les soucis de l'école, elle ne fit aucun reproche, ni à Potter, ni à Black.
Finalement, tout le monde s'installa à table tant bien que mal.
— C'est une matinée particulièrement... givrée que nous avons aujourd'hui. La nuit a dû être bien froide. dit Dumbledore.
Bien sûr, tout le monde savait que c'était l'œuvre d'un sorcier et non de mère Nature qui avait eu la gentillesse de leur offrir une patinoire comme cadeau de Noël. Mais visiblement, le directeur classait ça comme un simple événement climatique, ne voulant pas devoir punir qui que ce soit pour avoir gelé le sol de la Grande Salle et un peu autour.
Les élèves commencèrent à bavarder, se demandant si la Grande Salle allait rester ainsi jusqu'à la fin de la semaine — soit le début des vacances de Noël— ou si les professeurs allaient retirer cette glace dans la soirée. Parmi le brouhaha, une voix s'éleva pour demander s'ils seraient autorisés à patiner. Lily crut reconnaître la voix de James, mais parmi le bruit ambiant, elle ne pouvait en être sûre.
— Autorisé à patiner... bredouilla McGonagall du bout des lèvres. Et puis quoi encore...
— Ce serait dommage de ne pas en profiter effectivement. rit Dumbledore, faisant s'exclamer de joie quelques élèves.
— On se croirait dans un cirque. soupira la professeur de métamorphose.
— Tiens donc Minerva, pourquoi ne pas apprendre aux élèves que vous verrez aujourd'hui un petit sort de métamorphose pour faire des patins. Comme devoirs, il leur suffira de faire des patins pour les autres élèves.
Elle ne semblait visiblement pas ravie mais n'osa pour autant pas contredire le directeur. Elle se contenta donc d'hocher la tête avec un long soupir qui en disait long sur ce qu'elle pensait de la situation.
— Vous avez la permission de venir patiner cet après-midi, quand vous aurez fini les cours. En attendant, soyez prudent pour ne pas glisser.
Toute la journée, le château fut plongée dans une ambiance à la fois pleine d'excitation et de froid. Chaque élève maudit du plus profond de son âme les maraudeurs pour cette chute considérable de la température dans le château, mais d'un autre côté, tous avaient hâte à la fin des cours pour pouvoir patiner dans la Grande Salle.
Les élèves de sixième année n'avaient pas cours de métamorphose ce jour-là. Une fois leur journée terminée, ils durent trouver des élèves de septième ou cinquième année pour avoir des patins.
Tous les élèves faisaient la queue devant la Grande Salle pour être fournis en patins. La plupart des personnes étaient enveloppées de leur manteau d'hiver, d'une écharpe bien chaude et d'un bonnet. Même si la patinoire avait été faite magiquement, les lois de la nature restaient plus fortes, et il fallait être en dessous de 0°C pour que la glace tienne toute la journée.
Il fallut attendre dix minutes à Lily et ses amies pour recevoir leur patins et pouvoir enfin entrer dans la Grande Salle où des bancs avaient été placés sur les côtés pour permettre aux élèves de s'installer s'ils étaient fatigués ou tout simplement pour attacher leurs patins. Plusieurs personnes étaient déjà sur la glace. Certains se tenaient à un ami pour éviter de tomber, d'autres, au contraire, semblaient prêts à faire des acrobaties dans les airs, mais la plupart savaient patiner sans pour autant sembler se préparer aux Jeux Olympiques (référence moldue).
Les professeurs furent les derniers à arriver. McGonagall se contenta de rester dans un coin pour s'assurer que tout allait bien avant de finalement entrer en piste sous l'insistance de Dumbledore qui lui proposa.
— Tu vas y arriver Alice. rit Lily en tenant la main de son amie. Tu n'as vraiment jamais patiné?
— À ton avis? demanda-t-elle sarcastiquement en attrapant soudainement l'épaule de Mary pour ne pas tomber sur les fesses à cause d'un élève qui était passé trop rapidement devant elle, lui ayant fait perdre le peu d'équilibre qu'elle avait.
Nora était devant elle, s'amusant à patiner en arrière pendant qu'Alice lui lançait des regards d'incompréhension, comme si son amie venait d'une autre planète.
Les maraudeurs s'amusaient plus loin à faire des petites boules de neige avec les quelques flocons qui tombaient du faux ciel — qui avait visiblement eu envie de s'accorder à l'ambiance hivernale — pour se les lancer en riant. Une fois qu'ils en eurent marre de la neige, Sirius et James firent la course pendant que Remus et Peter discutaient.
— Potter! Black! Moins vite! les réprimanda McGonagall qui avait cependant un sourire aux lèvres.
— J'y arrive. s'exclama Alice en lâchant ses amies. Je crois.
Lily et Mary s'écartèrent de leur amie pour rejoindre Nora avant de lui dire d'essayer de les rejoindre par elle même.
— Je ne suis pas prête à ce point.
— Mais si. l'encouragea Mary.
Alice avança doucement mais sûrement, centimètre par centimètre en évitant les petites bosses et les creux dans la glace. Elle avait avancé de presque trois mètres lorsque quelqu'un lui rentra dedans. Elle s'apprêta à s'énerver, car, elle l'était. Tous ses efforts pour rejoindre ses amies toute seule étaient tombés à l'eau (ou à la glace) à cause de cette personne qui venait de la bousculer. Mais en remarquant qu'il s'agissait de Frank, sa colère se dissipa en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
— Je suis vraiment désolé. s'excusa-t-il embarrassé. Ça va?
Alice hocha timidement de la tête tout en jettant à regard d'appel à l'aide à ses amies. Nora se contenta de lui lancer un clin d'œil avant de prendre Lily et Mary par le poignet pour les entraîner plus loin. Elle put cependant l'entendre dire:
— Je n'ai rien fait, je n'ai pas poussé Alice. C'est le destin.
— Je te tendrais bien ma main pour t'aider à te relever mais je crois que ce serait une mauvaise idée. rit Frank en tentant de se relever avant de glisser et de tomber à nouveau.
— C'est la première fois que tu patines?
— Ça se voit tant que ça? Et j'imagine que c'est le cas pour toi aussi vu comment tu as du mal à te remettre sur pieds.
Elle sourit avant de s'enfoncer plus profondément dans son écharpe dans l'espoir de cacher ses joues rouges.
— Tiens, si tu veux, appuie-toi sur mon épaule pour te relever. Par contre, je compte sur toi pour m'aider en retour.
— Merci. bredouilla-t-elle.
Elle n'eut pas trop de mal à se remettre sur pied grâce à Frank, mais prit tout de même une bonne minute à se stabiliser pour pouvoir enfin lui tendre sa main. Elle se remercia d'avoir pris des gants, sachant que son cœur n'aurait pas pu supporter de toucher directement sa main.
En se relevant, Frank faillit les faire tomber à nouveau tous les deux, mais, par chance plus que par talent, ils réussirent à tenir en équilibre. Par surprise et pour s'assurer qu'ils tenaient bien en place, ils restèrent immobiles quelques secondes avant de se regarder et de sourire, fiers.
— On a réussi! s'exclama-t-il. Et bien, quelle aventure!
Frank lui proposa quelque chose qu'Alice accepta d'un hochement de tête sans même entendre ce qu'il venait de dire, trop perdue dans ses pensées, et, sans comprendre comment, elle se retrouva à patiner aux côté de Frank.
Elle jetait de temps en temps des coups d'œil à ses amies qui semblaient l'encourager à entamer la discussion — et Nora semblait proposer de passer directement au baiser.
Alors qu'elle s'apprêtait à poser une question à Frank qui s'éloignait de leur sujet de conversation banal, c'est-à-dire la météo, les cours, les devoirs, et le planning des vacances, Dumbledore annonça qu'il était temps de remettre la Grande Salle en ordre pour pouvoir passer au repas.
Alice bredouilla qu'elle devait rejoindre ses amies tout en le remerciant du bout des lèvres de l'avoir aidée à se relever.
Nora la félicita d'une grande tape dans le dos pendant que Lily et Mary voulaient savoir tout ce qu'il s'était passé.
— Pas grand chose. assura-t-elle, pourtant rouge. Et vous?
— Potter a demandé à Lily si elle voulait patiner avec lui, elle a refusé bien sûr. Puis Nora et Black ont tenté de faire une course mais McGonagall les a arrêté avant la fin. C'est à peu près ça. résuma Mary.
Le repas fut bien agité, l'ambiance était joyeuse et la nourriture délicieuse. Alice ne cessa de jeter des coups d'œil en direction de Frank qui le faisait également sans que leurs regards ne se croisent pour autant.
— Alors Frankounet, ça s'est bien passé? demanda Félix en passant un bras autour des épaules de son ami.
— La ferme. grogna-t-il sans pouvoir cacher ses joues rouges.
Ils se levèrent de table après qu'Alice et ses amies soient parties (Frank avait trop peur de les croiser). Jules et Félix étaient d'un côté et de l'autre de Frank pour essayer de lui soutirer des détails croquants qu'il n'aurait pas mentionné lors du repas.
— Mais puisque je vous dis qu'il ne s'est rien passé. souffla-t-il. On a patiné ensemble, pas de quoi en faire un plat. déclara-t-il en montant les escaliers.
— Est ce que tu lui as donné ton adresse?
— De quoi... Pourquoi? bredouilla-t-il.
— Pour que vous puissiez vous écrire pendant les vacances idiot! Et si elle veut venir squatter chez toi...
Frank donna un claque derrière la tête de Jules qui lâcha un petit "Aie" pendant que Félix riait.
— Jules a quand même raison. Si vous ne vous parlez pas de toute les vacances, ça pourrait commencer à devenir un peu malaisant entre vous, vous risquez de vous éloigner un peu, alors que si vous vous écrivez, au contraire vous vous rapprocherez, peut être même jusqu'à...
— D'accord, d'accord. J'essaierai de lui donner mon adresse pour lui demander de ses nouvelles pendant les vacances. Mais si je me prends un râteau, vous devez en prendre l'entière responsabilité et me dorloter et me chouchouter jusqu'à ce que j'aille mieux.
— On le fait déjà Frankounet.
Il leva les yeux au ciel.
— Bon sur ce je vous laisse. les salua Félix. Si tu te souviens de je ne sais quel détail que tu aurais omis de nous mentionner, n'oublie pas de me les raconter demain.
Il continua à monter les escaliers pour rejoindre la salle commune de Serdaigle pendant que Jules et Frank continuaient le long du couloir jusqu'à arriver au portrait de la Grosse Dame. Ils ne discutèrent pas plus de ce qu'il s'était passé pendant l'après-midi à cause des deux autres garçons qui partageaient leur dortoir et avec qui Frank et Jules n'étaient pas très proches.
Tout le monde se coucha de bonne humeur ce soir-là, et le lendemain, ce fut difficile pour les professeurs de garder l'attention des élèves, à la fois à cause de la patinoire de la veille mais aussi car c'était la veille des vacances de Noël. Le lendemain matin, la plupart des élèves allaient prendre le Poudlard Express pour rejoindre leur famille.
Frank avait écrit sur un bout de papier son adresse et attendait simplement le bon moment pour le donner à Alice. Il avait bien sûr pensé à simplement glisser une enveloppe dans le sac de la jeune fille, mais Jules le lui avait déconseillé. Elle pouvait très bien faire tomber le bout de papier par accident et Frank passerait toutes ses vacances à penser qu'Alice ne l'aimait pas alors qu'en réalité, elle n'avait simplement pas vu son message.
Pendant toute la journée, il ne pensa qu'à ça. Il n'écouta pas les cours, mais, heureusement pour lui, les professeurs ne donnèrent pas de travail trop compliqué, voyant bien que la classe entière était ailleurs.
Pendant que le professeur Flitwick expliquait le devoir qu'ils allaient devoir faire pendant les vacances, Frank était affalé sur sa table, entre ses deux amis.
— Donne-le lui ce soir. Je suis sûr que les maraudeurs organiseront une petite fête pour célébrer le dernier jour de l'année à Poudlard. lui conseilla Jules.
— D'accord. souffla-t-il avant d'enfoncer sa tête entre ses bras.
— Si ça peut te donner du courage, sache qu'elle n'arrête pas de te regarder. Ou alors peut-être que c'est moi, je ne savais pas que j'étais si populaire.
— Très drôle. ironisa Franck sans lever la tête.
— La fille sur qui Frankounet a un crush depuis la troisième année le remarque enfin. rit Félix avant que son ami ne le fasse taire en plaquant sa main contre sa bouche, les joues rouges.
— Pas besoin d'en faire tout un plat. Et vous exagérez très probablement. Vous savez que mes espoirs sont au maximum à cause de vous hein. Vous allez devoir supporter mes pleurs et mes complaintes s'il se trouve qu'elle ne m'aime pas, voir qu'elle ne m'apprécie même pas.
— Qui ne tente rien n'a rien.
— On peut arrêter de parler de ma soi-disant vie amoureuse et se concentrer sur les paroles si passionnantes et pleines de sagesse de Flitwick.
A la fin de la journée, tous les élèves qui comptaient retourner chez eux — c'est-à-dire presque tous à cause de récentes attaques — préparèrent leur valise. Ce n'est qu'après le repas que les Gryffondor organisèrent une petite fête avec de la nourriture volée dans les cuisines par les maraudeurs. Une élève née moldue avait dans sa valise un lecteur de vinyle et mis quelques musiques des Beatles pendant que tout le monde discutait en riant.
Félix ne pouvait évidemment pas venir à cette fête, mais il avait fait jurer à Frank qu'il lui raconterait tout ce qui s'était passé entre lui et Alice. Jules avait assuré à son ami de Serdaigle qu'il aiderait Frank dans sa grande conquête amoureuse.
— Oublie pas de lui donner ton pauvre petit bout de parchemin que tu écrases dans ta main depuis ce matin. lui souffla Jules. Tu veux quelque chose à manger?
— Je viens avec toi! Je ne vais pas lui parler tout de suite de toute façon.
Jules leva les yeux au ciel mais attrapa tout de même le bras de son ami pour l'entraîner à la table où des assiettes débordantes de gâteaux et de pâtisseries étaient installées.
Alice était assise sur un canapé avec ses amies, près du feu, en train de discuter et de rire. C'était la première chose qu'il avait remarqué en arrivant, comme une zone dans laquelle se trouvait un énorme panneau "danger, ne pas approcher, au risque de coeur brisé!".
Il observa un peu autour de lui. Sirius Black chantait avec quelques élèves qui connaissaient "All you need is love". Cette chanson commençait à se faire vieille mais restait tout de même populaire. Peu de chansons moldues rentraient dans la culture sorcière, et quand c'était le cas, c'était généralement avec du retard. Un élève de sang mêlé joua ensuite "Bohemian Rhapsody" de Queen, un groupe de rock britannique qui commençait à se faire connaître, mais n'avait pas encore assez de succès chez les sorciers.
James Potter proposa une part de tarte à la citrouille à Lily Evans qui refusa froidement. Jules discutait avec d'autres élèves pour leur demander ce qu'ils allaient faire de leurs vacances, ce qui était le principal sujet de conversation dans toute la salle commune.
Les élèves de premières années étaient surexcités puisqu'il s'agissait de leur première fête chez les Gryffondor.
— Prends ton courage à deux mains mon petit lion. lui murmura Jules avec un coup de coude dans les côtes.
Le problème était qu'Alice était constamment entourée de ses amies, il était difficile d'avoir un moment seul avec elle, et il était hors de question de venir lui parler devant Lily Evans, Mary McDonald et Nora Byrne.
Il crut que Merlin venait d'entendre ses pensées.
La préfète se leva pour aider un jeune élève qui avait renversé du jus partout et ne connaissait pas le sort pour le nettoyer. Nora Byrne accepta le bras de fer proposé par Sirius Black. La dernière amie d'Alice se leva ensuite pour se réapprovisionner en nourriture.
Il n'avait plus aucune excuse. Maintenant était le bon (et peut être seul) moment pour pouvoir lui donner ce pauvre petit bout de papier qu'il avait tellement chiffonné dans sa main qu'il ne lui restait plus qu'à prier pour que son adresse soit encore lisible. Mais, il avait tellement repoussé le moment qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur.
Jules remarqua également la situation et pour donner du courage à son ami, il lui donna un tape dans le dos.
Frank prit une grande inspiration puis s'approcha d'Alice.
— Hey, salut. Ça va?
Approche classique, peu originale. Très banale à vrai dire.
Elle sursauta mais lui rendit aussitôt ses salutations.
— Pas trop mal au point après les chutes d'hier? plaisanta-t-elle. Je me suis retrouvée avec quelques bleus. Heureusement que j'ai Lily.
— J'ai eu un peu de mal à sortir du lit ce matin. rit-il. Au fait, je me demandais si, euh...
— Oui? l'encouragea-t-elle.
— Tu pars en Irlande pendant les vacances si je ne me trompe pas. Et euh, ce serait juste pour... avoir des nouvelles... de toi. Tiens.
Il glissa dans sa main son fameux bout de papier et s'apprêta à partir à toute vitesse. Il se sentait soulagé de l'avoir enfin fait, c'était comme finir un examen difficile pour lequel il aurait passé des jours et des jours à stresser. Et puis, Alice ne l'avait pas rejeté, ce qui était une plutôt bonne nouvelle.
— Alice! s'exclama Nora depuis l'autre bout de la salle où elle était toujours en bras de fer avec Sirius Black., avant de lui demander d'un geste de la tête de regarder au-dessus d'elle.
Frank leva également la tête par automatisme.
Une branche de gui.
Évidemment.
Ses joues s'empourprèrent en même temps que celles d'Alice qui maudissait Nora tout bas. Frank prit son courage à deux mains, il se pencha pour déposer un baiser sur la joue de la jeune fille, ce qui les fit tous les deux rougir davantage.
Derrière son dos, il cru entendre Nora dire "C'est tout? Allez Alice!", ce qui la motiva à se redresser et lui offrir un rapide baiser sur les lèvres cette fois.
— Je... je t'écrirais. bredouilla-t-elle en serrant le bout de papier dans sa main avant de se lever pour rejoindre Mary et cacher son visage rouge dans le foulard se son amie qui se contenta de rire en lui donnant une tape dans le dos.
Jules rejoignit aussitôt son ami avec un immense sourire sur les lèvres.
— Et bien, le petit Gryffondor ne s'est pas simplement contenté de donner le petit bout de papier. Un baiser, Frank! Par la barbe de Merlin! Mon Frankounet grandit si vite. Olala faut que je raconte ça à Félix.
— La ferme. grogna-t-il sans pouvoir faire disparaître son sourire pour autant. Oh Merlin! Je n'arrive pas à y croire.
McGonagall arrive quelques minutes plus tard pour leur demander de ranger tout au risque de devoir se réveiller à six heures du matin et de nettoyer le Poudlard Express.
La fête prit fin, et tous les élèves allèrent se coucher, joyeux, certains plus que d'autres.
☆☆☆
Le lendemain, Alice ne croisa pas Frank, et à vrai dire, elle en était soulagée, elle n'aurait pas su quoi lui dire.
Elle prit son petit déjeuner avec ses amies comme d'habitude avant de vérifier qu'elle n'avait rien oublié dans sa valise pour monter dans le Poudlard Express.
Emma, la petite sœur de Nora les rejoignit avec Amanda, son amie de Serdaigle, elle-même suivie d'Axelle, sa grande sœur.
Lily et Axelle discutèrent du livre du père de cette dernière pendant que les deux plus petites réclamaient un dessin à Mary et que Nora et Alice jouaient aux cartes.
Le trajet fut rapide.
Alice n'oublia pas de vérifier une dernière fois qu'elle avait toujours le papier avec l'adresse de Frank dans sa poche lorsqu'elle descendit du train.
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Hey... Ça fait longtemps les amis! Je sens déjà sur moi vos regards noirs. Sorry j'ai pas trop écrit ces dernières semaines, mais là avec les vacances j'ai vraiment pu m'y remettre... et j'ai pu enfin finir ce chapitre que je n'arrivais pas à continuer.
Je trouve que ça va un peu trop vite, je ne suis pas super fière, mais bon, j'ai eu du plaisir à développer un peu plus le pdv de Frank et Alice (que vous retrouverez aussi dans le prochain chapitre hehe), mais j'espère qu'il vous a quand même plut!
Sur ce, je retourne à mon écriture, en espérant pouvoir bientôt vous publier un chapitre par semaine! <3
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