Chapitre 11: Plus de peur que de mal
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Aucun élève de sixième année de Gryffondor et de Serpentard n'avait hâte au cours de défense contre les forces du mal. Le professeur leur disait toujours à l'avance ce qu'ils allaient faire lors du cours suivant, et il se trouvait qu'en ce mardi du milieu du mois de novembre, le sujet de leur leçon serait les épouvantards.
Ils avaient bien sûr travaillé sur cette créature lors de leur troisième année, mais affronter un épouvantard restait une épreuve difficile émotionnellement, même lorsqu'il s'agissait de la deuxième fois. Il s'agissait également de montrer son point faible au reste de la classe. Certains avaient des peurs banales, comme les araignées, la hauteur, ou le noir, mais restaient tout de meme embarassé à l'idée de devoir le montrer aux autres élèeves. D'autres, avaient des peurs moins communes, en lien avec leur passé, et ils ne comptaient pas spécialement avoir à expliquer aux élèves curieux pourquoi ils avaient peur de telle personne, de tel lieu ou de tel objet.
Ils étaient tous dans la Grande Salle à finir leur petit déjeuner, tout en essayant de se remémorer leur épouvantard de troisième année, puis de savoir si ce serait le même cette année.
— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée que je vienne. souffla Remus timidement, honteux de dire qu'il souhaitait sécher le cours avant de boire une gorgée de son chocolat chaud.
— Hein, pourquoi? demanda James avant de se rappeler quel était l'épouvantard de son ami. Oh oui! Je vois. Désolé, c'était une question stupide.
En troisième année, l'épouvantard s'était transformé en une belle lune bien ronde lorsque Remus s'était avancé. Par un heureux hasard, un oiseau s'était cogné la tête contre la fenêtre de la salle de classe, détournant l'attention de tout le monde, laissant le temps à Remus de prononcer la formule pour transformer l'épouvantard avant que qui que ce soit n'ait le temps de bien voir de quoi il s'agissait. Il serait étonnant qu'il ait cette chance une seconde fois.
— Je vais t'accompagner. proposa Sirius. Je n'ai pas spécialement envie d'y aller non plus.
James et Peter se dirigèrent vers leur salle de classe pendant que les deux autres maraudeurs partaient vers l'infirmerie.
Le professeur Weaver ouvrit la porte à ses élèves, plein d'enthousiasme. Tout le monde s'installa à sa place habituelle, nerveusement, espérant secrètement que le professeur de défense contre les forces du mal ait oublié quelle serait la leçon du jour.
En troisième année, le cours sur les épouvantards avait fini en rire, mais peut être bien qu'à treize ans on se souciait légèrement moins du regard des autres qu'à quinze ans. Et puis, montrer ses peurs, c'était se montrer vulnérable, ce qui n'était pas bien rassurant en temps de guerre.
— Parfait, nous allons pouvoir commencer le cours! s'exclama Weaver après que James lui ait expliqué que Remus ne se sentait pas bien et que Sirius l'avait donc accompagné à l'infirmerie.
Pendant un bon quart d'heure, il leur parla de la créature en elle-même pendant que les élèves prenaient des notes, expliquant son histoire, ses caractéristiques et le moyen de la vaincre. Puis, il se leva de son bureau pour s'approcher d'une immense malle recouverte d'un drap blanc pour éviter qu'elle prenne la poussière. Il retira d'un grand geste le drap, puis, par magie, déplaça la malle près de son bureau.
— Prenez vos baguettes et levez-vous, puis venez par ici.
Les élèves obéirent. Une fois tout le monde près du bureau du professeur, Weaver poussa légèrement les tables d'un coup de baguette pour demander ensuite aux élèves de faire une file devant la vieille malle.
Étant trop nombreux pour pouvoir faire une seule file, les élèves se placèrent les uns derrière les autres, de la malle jusqu'au fond de la salle, puis, au bout de la classe, les élèves restant attendaient, adossés au mur.
Weaver rappela le sortilège avant d'ouvrir la malle. Pendant quelques secondes, rien ne se passa, puis, lentement, un immense serpent se dressa, faisant face à l'élève de Gryffondor debout devant lui.
Il tenta difficilement de garder son calme, puis, la main tremblante, il lança le sortilège qui fit apparaître des cheveux rouges, un nez de clown et du maquillage sur le serpent, avant que celui-ci n'ait eu le temps de sortir entièrement de la malle. Le serpent se mit à regarder ses cheveux d'un air confus, tentant tant bien que mal de retrouver sa forme originelle.
L'élève lâcha un soupir de soulagement pendant que Weaver le félicitait avant de rejoindre le fond de la classe ou il tapa dans les mains de ses amis.
Deux élèves passèrent avant que ce soit au tour de Mary. Lors du petit déjeuner, elle était celle qui avait eu le plus grand nombre au fond de son verre, et elle se retrouvait donc à être la première de ses amies. Puis, il y avait Alice, Nora, et Lily en dernière. Elles s'étaient mises d'accord pour être au début de la file, se disant que si elles passaient parmi les premiers, à la fin du cours, plus personne ne se souviendrait de leur plus grande peur.
Mary s'avança donc calmement pendant que l'épouvantard changeait de forme, passant d'une simple peluche requin à un crocodile menaçant. Elle frissonna mais réussit tout de même à se concentrer pour prononcer la formule. Elle constata avec soulagement que ça avait été plus rapide que lors de leurs cours en troisième année. Fière d'elle, elle resta quelques secondes à regarder le lézard remuer au sol avant de se rappeler qu'elle devait rejoindre le fond de la classe.
Ce fut au tour d'Alice d'avancer. Cette fois, il ne prit pas la forme d'un animal, mais toutes les fenêtres de la salle de classe se fermèrent d'un coup sec, puis, les élèves poussèrent un petit cri de surprise en voyant les murs se rapprocher. Ce n'était bien sûr qu'une illusion, l'épouvantard n'avait pas le pouvoir de réellement modifier la matière, mais c'était suffisant pour faire peur à Alice et à sa claustrophobie.
— Riddikulus! s'exclama-t-elle.
Les fenêtres s'ouvrirent à nouveau et les murs reprirent leur place habituelle, se recouvrant petit à petit de fleurs pendant que les élèves poussaient un petit «Oh!» d'admiration. Nora donna une petite tape dans le dos de son amie comme félicitation.
— Très bon travail! s'exclama Weaver en applaudissant. À vous maintenant. dit-il en désignant Nora.
Alice rejoignit Mary au fond de la salle, laissant Nora s'approcher d'un pas. Les fleurs sur les murs disparurent, laissant place à un cadavre sur le sol. Elle lança son sortilège avant que qui que ce soit n'ait le temps de reconnaître sa sœur. N'ayant pas eu le temps de vraiment réfléchir à comment transformer l'épouvantard, elle reprit l'idée de son amie, et en quelques secondes, le corps disparut, laissant place à un tas de fleurs et de feuilles.
Le professeur la réprimanda pour ce manque d'originalité, mais la félicita tout de même.
Ce fut ensuite au tour de Lily.
Sa main tremblait légèrement. Elle devinait quel serait son épouvantard. Elle n'avait pas eu le temps de passer en troisième année car un oiseau s'était cogné à la fenêtre et la professeur de l'époque, une passionnée des animaux, avait absolument tenu à l'emmener à l'infirmerie pour s'assurer qu'il n'avait rien de cassé. Le cours avait fini presque une demi-heure plus tôt, et certains élèves n'avaient donc pas eu le temps d'affronter l'épouvantard. Cependant, Lily n'essayait pas de se cacher la vérité, et savait donc très bien quelle forme allait prendre la créature.
Elle avança d'un pas.
Le tas de fleurs se métamorphosa pour prendre l'apparence d'une jeune fille. Elle était un peu plus vieille que Lily, un peu plus grande. Elle avait des cheveux blonds qui arrivaient presque à sa taille. Elle aurait pu sembler sympathique si son regard n'était pas aussi rempli de colère, de haine et de dégoût.
Elle s'en était doutée, sa sœur était apparue devant elle.
Lily avait beau avoir passé un quart d'heure à se demander en quoi transformer l'épouvantard, elle ne s'était toujours pas décidée. La personne qui se tenait devant elle restait une représentation de sa sœur. Pétunia avait beau la haïr, Lily ne souhaitait pas spécialement la transformer en clown ou quelque chose de ce genre.
— Lily!
C'était l'épouvantard qui avait parlé.
Paniquant à l'idée que sa "soeur" dise quoi que ce soit d'autre. Elle attrapa sa baguette et lança le sort en pensant à la première chose qui lui traversa l'esprit. L'épouvantard poussa un cri de surprise tout en portant ses mains à ses cheveux qui se transformaient en brocoli.
Weaver la félicita en riant, puis, soulagée que tout se soit bien passé, Lily rejoignit ses amies.
— Ça va? voulut s'assurer Mary.
Lily hocha la tête avec un sourire même si elle aurait préféré pouvoir quitter la salle de classe pour avoir quelques instants seule.
Pétunia ne lui faisait pas peur. Pétunia en elle-même ne l'effrayait pas. Mais sa plus grande peur était l'idée de la revoir. Avant chaque vacances elle avait toujours cette peur qui lui rongeait l'estomac, cette peur de voir comment Pétunia allait réagir, si elle allait encore l'insulter, insulter son identité de sorcière et son monde. Peur de constater encore une fois que le lien qu'elle avait eu autrefois avec elle avait disparu, ne laissant place qu'à de la haine et du dégoût.
Elle sentit le regard de James sur elle, mais elle ne tourna pas la tête. Cela faisait un bout de temps qu'il se demandait de quoi elle avait peur, elle s'attendait donc bien sûr à ce qu'il veuille lui poser des questions, auxquelles elle ne répondrait pas.
Elle ne réussit pas à se concentrer sur la suite du cours, trop perdue dans ses pensées. Elle ne put s'empêcher de regarder tout de même lorsque ce fut au tour de James Potter, apprenant par la même occasion qu'il avait une peur bleue des aiguilles. Elle ne savait pas que les sorciers utilisaient des aiguilles pour les vaccins, ou peut-être avait-il simplement vu cet outil dans un film et en avait eu peur, elle se rendit compte qu'elle ne connaissait presque rien à la médecine sorcière.
Remus ne revint pas en classe, il devait effectivement se sentir vraiment mal pour rater deux heures de défense contre les forces du mal. Et visiblement, Sirius en avait profité pour sécher l'entièreté du cours. Elle se fit la réflexion que Sirius devait avoir bien trop de fierté pour se montrer vulnérable, surtout devant ses admiratrices. Lily devait avouer que ça ne la rendait que plus curieuse.
— Et c'est parti pour deux heures de potions! s'exclama Nora sans enthousiasme. Je vous jure, cette école va me tuer. La guerre, les mangemorts, quelle bonne blague! S'ils étaient assez malins pour utiliser les devoirs comme arme, ça ferait une éternité qu'ils auraient gagné! Toute l'Angleterre aurait capitulé depuis des mois!
— Ne rigole pas de ce genre de choses! la réprimanda Lily.
Nora leva les yeux au ciel, habituée d'entendre son amie râler comme quoi elle prenait tout à la légère.
— Remus! Tu vas mieux? s'inquiéta Lily en voyant le jeune homme à la porte du cours de potion.
Il hocha la tête un peu gêné en expliquant qu'il avait simplement eu mal au ventre, mais qu'heureusement, c'était passé.
Le professeur Slughorn leur ouvrit la porte en les saluant chaleureusement pendant que les élèves se pressaient à l'intérieur en bavardant. Avec les températures qui commençaient à baisser, la salle de potion était l'une des plus appréciées par les élèves où il faisait généralement chaud.
Nora se plaignit bien sûr qu'il faisait trop chaud et que les changements de températures constants au sein de l'école allaient finir par la rendre malade pendant que Lily levait les yeux au ciel, ne prenant même plus la peine de lui demander d'arrêter de râler.
Tout le monde s'installa à sa place habituelle. Il n'y avait pas de place assignée mais au fil du temps, chacun s'était trouvé une place à occuper pour chaque cours.
— Bonjour à tous! J'espère que vous allez bien. De ce que j'ai entendu de vos conversations dans le couloir, vous revenez d'un cours sur les épouvantards. J'imagine que ça explique votre excitation. rit-il. Je sais bien qu'il ne doit pas vous rester beaucoup de concentration, mais je vous demanderais de faire un effort.
Il commença ses explications malgré le bruit ambiant pendant que les plus sérieux tentaient de se concentrer et écouter et que les autres continuaient à bavarder.
— Pss, Lily. l'appela James pendant que Nora s'était levée pour aller chercher le matériel nécessaire à la fabrication de leur potion. C'était qui ?
Il ne fallait pas être devin pour savoir qu'il parlait de l'épouvantard de la jeune sorcière.
— C'est la nièce de la cousine du grand oncle du chien de mon voisin. Ça te va comme réponse? chuchuta-t-elle en se tournant vers lui, lui jettant un regard noir.
Ils avaient peut-être passé quelques minutes pendant une soirée pour manger des pâtisseries et des viennoiseries ensemble, ça ne les rendait pas amis pour autant. Elle n'avait aucune raison de lui parler de sa vie personnelle, et elle n'en avait pas plus l'envie.
Il s'apprêtait à répliquer quelque chose mais Nora revint, posant bruyamment sur la table toutes sortes de flacons et de bocaux.
— Qu'est ce que tu fais Potter! T'essayes de séduire Lily en plein cours, pas très discret.
— La ferme! grogna Lily. Passe moi le venin de Verlieu. demanda-t-elle ensuite après avoir jeté un coup d'œil à son manuel. Et Potter, ça ne te regarde pas! Je ne te demande pas, moi, pourquoi tu as peur des aiguilles.
— Si tu veux savoir je peux te le racon...
— Non je m'en fiche! le coupa-t-elle. Et je te conseille d'ouvrir ton livre, ce travail sera peut-être noté.
Le cours se poursuit sans que James n'insiste plus. Cela ne l'empêcha pas bien sûr de réfléchir pour essayer de comprendre par lui-même.
Ce n'était pas une élève de Poudlard, il en était certain. Il ne connaissait pas toute l'école personnellement, mais, étant populaire, et surtout, étant là depuis plus de quatre ans, il savait reconnaître un visage nouveau. La jeune fille qu'il avait vu lui avait semblé jeune encore, elle finissait son adolescence ou commençait tout juste l'âge adulte. Elle était donc probablement une moldue. Ce qui n'était pas non plus un grand indice puisque Lily était née moldue et vivait dans un village moldu. Il voyait deux cas possibles; ou bien elle était un membre de sa famille, ou bien elle était une voisine, une jeune fille avec qui elle avait fait son primaire. Rien que ne l'aidait beaucoup à essayer de comprendre ce qui s'était passé entre elles deux.
Si Remus avait été capable de lire les pensées des gens, il aurait sûrement grondé James, lui disant que ça ne se faisait pas de s'immiscer dans la vie personnelle des gens, que, s'il voulait que Lily l'aime un jour, il fallait qu'il respecte ses "non". Remus n'était peut-être jamais sorti avec personne, mais, contrairement à James, il avait réussi à devenir ami avec Lily. Alors James arrêta d'y penser plus, de toute manière, il n'avait aucune autre piste pour avancer.
La question, bien sûr, continuait de le ronger, mais lorsque Slughorn leur annonça que toutes les potions qu'ils faisaient à présent allait représenter une note qui compterait pour les BUSEs, il se décida à travailler un peu plus sérieusement.
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Lily enfila un pull, prit sa baguette et un petit paquet de bonbons à grignoter discrètement sur le chemin. Aucune règle n'interdisait aux préfets de manger pendant leurs rondes après tout. Elle salua ses amies puis sortit de la chambre avant de sortir de la salle commune.
Elle avait beau être honorée d'avoir été nommée préfète, les rondes restaient une corvée. Axelle, la jeune Serdaigle, était venue la voir pendant le repas du midi pour lui offrir le livre que son père venait juste de sortir sur comment les moldus avaient influencé le mode de vie des sorciers, et Lily devait avouer qu'elle n'avait qu'une envie; se plonger dans l'ouvrage. Elle avait pu voir sur la quatrième de couverture l'avis de Bathilda Tourdesac, une historienne connue dans le pays entier, voir au-delà, et ça n'avait qu'attiser sa curiosité et son envie d'entamer le livre.
Mais elle devrait attendre la fin de sa ronde pour se le permettre.
Elle en profita pour réviser dans sa tête son cours de métamorphose tout en s'assurant qu'il n'y avait aucun bruit, aucune lumière suspecte en vue. En général, les rondes étaient calmes. En septembre, il pouvait y avoir quelques élèves de premières années qui n'avaient pas bien compris les règles, mais après ça, les températures commençaient à baisser et tout le monde préférait être au lit plutôt que dans les couloirs. C'était vers avril que certains élèves commençaient à briser le règlement, à fêter leurs anniversaires après le couvre feu, mais ils restaient peu nombreux... ou bien ils étaient juste suffisamment discrets pour ne pas se faire prendre.
Lily entendit un petit cri de hibou qui la fit sursauter. Par précaution, elle jeta un coup d'œil autour d'elle. Normalement, les hiboux ne se promenaient pas dans les couloirs, mais elle se méfiait toujours de Peeves qui pouvait avoir préparé Merlin ne sait quelle plaisanterie.
— Qu'est ce que c'est que ça? soupira-t-elle en voyant un manuel traîner au sol.
La plupart du temps, les rondes servaient surtout à trouver des affaires oubliées par des élèves que le concierge n'avait pas encore vu. Lily ramassa donc le manuel et l'ouvrit pour voir si un nom était inscrit dedans, mais il n'y avait rien.
Elle aurait dû continuer à avancer tout droit, mais ne souhaitant pas se trimbaler le livre jusqu'à la fin de sa ronde, elle fit un détour vers la petite salle près du bureau du concierge où étaient rangés les objets perdus. Elle le posa sur une veste qui avait pris la poussière avant de reprendre son chemin.
Elle entendit un petit cri. Elle ne sut dire s'il s'agissait d'une personne ou d'un animal, mais par précaution elle tourna pour voir ce qui venait de se passer.
— Est ce qu'il y a quelqu'un? demanda une petite voix, quelques mètres plus loin.
Lily soupira, ce devait être un première année qui s'était perdu dans les couloirs. Il répéta sa question un peu plus fort.
— Qu'est ce qu'il y a?
Le jeune garçon sursauta, ne s'attendant visiblement pas à voir quelqu'un arriver si rapidement. Il avait les larmes aux yeux et Lily n'eut donc pas le cœur à le gronder même si elle était un peu agacée. Il avait du prendre peur dans le noir. Après tout, peut-être n'avait-il pas encore appris comment faire de la lumière avec sa baguette.
Il tenta de lui expliquer quelque chose, mais avec sa voix qui tremblait et les larmes qui commençaient à couler sur ses joues, il était difficile de le comprendre.
— Qu'est ce que tu fais ici si tard? Tu t'es perdu? Tu es dans quelle maison? demanda-t-elle en se penchant pour essayer de voir la maison à laquelle il appartenait sur son uniforme.
— Non. dit-il, essayant visiblement de se calmer. Je suis le frère de Hannah, Hannah Lewis.
C'était la préfète de Poufsouffle en sixième année. Lily ne la connaissait pas vraiment, mais, pour lui avoir parlé quelques fois, elle savait que c'était une jeune fille agréable et généreuse.
— Tu cherches ta sœur? demanda Lily qui se rappela alors que c'était en même temps que Hannah qu'elle faisait ses rondes ce jour-là.
Il secoua la tête, entre un "oui" et un "non" avant de pointer son doigt tremblant vers une porte entrouverte.
Lily s'approcha doucement et faillit lâcher sa baguette en découvrant la jeune préfète inconsciente, par terre, les bras en croix. Par réflexe, elle s'assura qu'il n'y avait plus personne dans le couloir puis se retrouva dans une situation de panique pendant quelques instants. Elle devait aller chercher McGonagall mais ne pouvait pas laisser le jeune garçon seul. Elle ne pouvait pas non plus emmener le première année avec elle car laisser le corps d'Hannah sans surveillance pouvait également être une mauvaise idée.
— Tout va bien?
— Potter! Par la barbe de Merlin! sursauta Lily, une main sur le cœur. Qu'est ce que tu fais ici? Le couvre feu est passé depuis longtemps!
— J'étais dans la salle commune et j'ai entendu du bruit alors je suis venu. expliqua-t-il en levant légèrement les mains.
— Tu as entendu du bruit? De si loin? Tu te rends compte que tu es un suspect maintenant?
— Un suspect de qu... qu'est ce qu'il s'est passé ici? s'exclama-t-il en voyant le corps d'Hannah Lewis.
Lily se rappela alors la présence du petit frère de la victime, et, pour une fois, elle remercia intérieurement James d'être là.
— Reste avec lui, je vais chercher McGonagall!
Elle resserra la prise sur sa baguette et se mit à courir dans le couloir pour arriver chez sa directrice de maison le plus vite possible.
Elle n'arrivait pas à croire que James ait pu entendre quoi que ce soit depuis la salle commune. Bien sûr, même si elle le détestait du plus profond de son être, elle n'allait pas jusqu'à le penser coupable, mais le voir arriver si rapidement était étrange, comme s'il pouvait voir tout ce qu'il se passait dans le château et avait accouru en remarquant que quelque chose n'allait pas... ou peut-être était-il simplement sur son chemin pour se rendre aux cuisines, ce qui était bien plus probable.
Elle arriva finalement devant la grande porte en chaîne et, heureusement pour elle, McGonagall ne prit pas trop de temps à lui ouvrir. Elle avait des yeux fatigués et de l'encre sur les doigts, ainsi que le devoir d'un élève qu'elle devait être en train de corriger dans sa main.
— Un problème mademoiselle Evans?
— Il y a eu... une attaque... la préfète elle... bafouilla-t-elle, ne sachant pas comment expliquer la situation. Elle est inconsciente je crois.
— Par la jupe écossaise de Morgane! s'exclama-t-elle, elle posa le devoir sur un fauteuil près de la porte, n'ayant pas le temps de retourner à son bureau avant de suivre Lily qui l'accompagna jusqu'au lieu où elle avait trouvé Hannah Lewis et son frère.
McGonagall tenta tant bien que mal de ne pas paniquer et demanda aussitôt tout ce qu'ils savaient sur ce qui venait de se passer tout en faisant léviter la jeune fille pour l'emmener à l'infirmerie. Le petit frère lui raconta ce qu'il avait vu pendant que Lily lui tapotait gentiment le dos pour le rassurer.
Il expliqua qu'il s'était rendu compte qu'il avait pris le manuel de potion de sa sœur par accident et que donc, sa sœur avait le sien, et que le cours de potion allait être son premier le lendemain. Comme il savait qu' Hannah avait une ronde ce soir-là, il s'était dit qu'il pourrait aller lui demander son manuel discrètement. Il se remit à sangloter en expliquant l'avoir trouvé inconsciente. Il avait essayé de la réveiller sans grand succès.
La directrice de Gryffondor alla sortir Madame Pomfresh du lit pour qu'elle puisse jeter un œil à l'état de la préfète.
— Ce n'est rien de bien grave ne vous inquiétez pas. Mademoiselle Lewis à simplement reçu un sort assez puissant, mais pas dangereux. A moins qu'elle ne se soit blessée en tombant, ce qu'il faut que je vérifie. Ça semble être le même sort reçu par la jeune Byrne, mais ce n'est pas un sort rare alors ce n'est pas suffisant pour affirmer qu'il s'agit de la même personne.
Lily ne savait pas si ça la soulageait ou non. Hannah Lewis semblait bien aller, ce qui était bien sûr une bonne nouvelle. Mais si son agresseur (ou son agresseuse, ou bien ses agresseurs) était le même que celui d'Emma, elle avait de quoi penser qu'Hannah ne serait pas la dernière dans cet état.
Ni Emma ni Hannah n'étaient née-moldues, ce ne pouvait donc pas être un acte raciste envers la pureté de sang des sorciers. Emma était handicapée par sa surdité, mais Hannah n'avait aucun handicap, ce qui ne pouvait donc pas être la raison de leur agression. Ce pouvait donc être une attaque sexiste, pour la simple et bonne raison qu'elles étaient des filles. Ou peut-être que, celui qu'elle appelait John Doe, n'attaquait les élèves sous aucun critère simplement, au hasard.
— Que faites vous là Potter? remarqua enfin McGonagall alors qu'ils sortaient de l'infirmerie.
— J'avais entendu du bruit alors je suis venu voir ce qu'il se passait. expliqua-t-il.
— Vous n'auriez pas dû. soupira-t-elle. Mais peu importe. Allez vous coucher tous les deux. Je vais raccompagner le jeune Lewis, puis j'irai chercher les autres professeurs pour finir votre ronde et voir si l'auteur de tout ça a laissé une quelconque trace derrière lui. Demain, le directeur vous convoquera probablement pour plus de détails sur ce qui vient de se passer. Dépêchez vous de rentrer.
Elle prit le Poufsouffle par l'épaule tout en lui promettant qu'il pourrait aller voir sa sœur le lendemain pendant que Lily et James partaient vers l'autre côté, sans parler.
— Ça va Evans? demanda James en la voyant se ronger les ongles.
— Ça va comme sur des roulettes! ironisa-t-elle. J'ai juste l'impression que l'épouvantard s'est enfui de la salle de classe et me suit! Après Pétunia, voilà une élève attaquée. marmonna-t-elle ensuite. Que de joie, que de joie.
Le silence était tellement pesant autour d'eux que, même si Lily avait chuchoté ses dernières paroles, James avait pu les entendre. Il s'était dit qu'il devait arrêter de chercher une réponse mais il était sûr d'avoir déjà entendu ce nom quelque part.
— Chococitrouille. dit Lily à la Grosse Dame avant que celle-ci n'ait eu le temps de leur proposer une chanson.
Elle entra dans la Salle commune de Gryffondor, suivie de James qui cherchait toujours où il avait déjà entendu le nom "Pétunia".
— Je ne sais pas comment tu as su ce qui se passait Potter, en tout cas, merci ça m'a été utile. Mais ne recommence pas pour autant! Une fois le couvre feu passé, tu restes dans ta chambre, point final. Tu n'es pas un préfet jusqu'à dernière nouvelle. Sur ce, bonne nuit.
Lily lui tourna le dos sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit.
Elle rentra dans sa chambre et raconta ce qui venait de se passer à ses amies encore éveillées. Elles en discutèrent un peu avant de se souhaiter bonne nuit pour essayer de ne pas faire de conclusions hâtives. Lily qui avait tant attendu pour commencer le livre offert par Axelle n'en trouva même plus la force. Elle s'enfonça sous sa couverture et essaya de s'endormir avec difficulté.
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