Une plainte.
Si parfaite, languissante et imprégnée de mélancolie elle-même emprunte de douleur aigue.

Voilà ce qu'était ce chant.

Cette voix magnifique, cassée par mille et une souffrances, de centaines de pleurs, s'élevait le plus haut possible de ses cordes vocales. Elle jaillissait de ses entrailles, de son cœur.
Ces notes la libéraient par leur justesse de sonorité et leur harmonie.

Entendre sa propre mélodie l'apaisait, la soulageait. Comme si, lorsque sa bouche laissait échapper ces divins sons, elle devenait alors celle qui écoutait tout en restant celle qui chantait.

Celle qui devenait sereine et celle qui subissait.

Le public se taisait, enragé envers cette bête, les yeux emplis d'animosité.

Comment ?

Ce monstre prétendait ressentir ?
Ce démon disait éprouver de la tristesse, de la peine ?

Non.

Ils se mirent à hurler contre elle, lui crachant qu'elle était sans valeur. Ils étaient animés par cette haine venue de cette monstrueuse idée de masque alors qu'elle s'enfuyait.
Elle tomba lamentablement au sol, secouée par de terribles sanglots et cris de peur.

Oui.

Tout cela, ce n'était qu'un masque parmi tant d'autres que cette abomination de la nature portait tout au long de sa misérable vie afin de mieux tromper les hommes.

Ces innocents et purs humains qui ne cherchent qu'à protéger leur espèce des griffes de la diablesse.

Car elle était de race, de nature, de physique et de manière de pensée différente.

Car elle apportait évidemment l'inconnu en ce monde si stastique sur ses traditions et ses préjugés.

C'était ce qui faisait qu'on la prenait pour le monstre.

Ce monstre, pourtant mourant devant eux, considéré sanguinaire et sans pitié, n'avait fait que mêler sa douce et fragile voix à sept milliards d'autres êtres vivants.

~Fin~