Six mois de vide
Ustio, Base Valais, 12 juillet 1995, 8 heure.
La guerre était officiellement terminé depuis trois semaines. De ma modeste chambre, je pouvais observer les pentes qui étaient encore enneigées il y a un mois. Les Alpes Valaisiennes étaient vraiment très différentes en hiver et en été. L'hiver, ce n'était qu'un enfer glacial. Un enfer d'où le moindre pilote qui s'éjectait était condamné à une mort lente et douloureuse. Le froid sans odeur laissait place aux odeurs sucrées des fleurs de montagne. Une petite abeille vola devant mon carreau. Elle volait paisiblement, ne cherchant que des fleurs à butiner, pas du sang comme moi. Je n'avais volé qu'une seule fois paisiblement : avec Sonia, la fille des Revan. Rien que d'y penser, une bouffé de nostalgie m'envahit. J'aurais bien voulu leur annoncer la victoire, mais je n'avais pas la moindre idée de s'ils étaient encore en vie ou non. Espérant chasser mes idées noires, ressortant suite à mes regrets, je sortis de ma chambre, avec une envie de me détendre. J'avais envie de paix. J'avais une étrange envie de calme. Moi qui aimais la guerre, je ne désirais qu'un peu de repos après toutes les violences que j'avais causé ou que j'avais assisté. En remontant le couloir vers l'escalier qui allait vers la sortie, je croisai PJ. Il avait l'air joyeux, guilleret. J'enviai un peu son bonheur. Lui au moins allait connaître le bonheur une fois cette guerre officieusement terminée.
''- Alors, Patrick, comment ça va?''
''- Bien, je compte profiter de l'arrêt des combats pour aller voir ma copine à Directus.'' m'avoua-t-il, avec un air entreprenant. À en juger par son sourire quand il me l'annonça, il devait vraiment être content d'aller la voir. Il se justifia quand même plus officiellement : "De plus, on est convoqué le dix-huit par le haut commandement ustian.''
''- Je vais peut-être y aller aussi. Je n'ai pas beaucoup visité la ville. Vue du ciel, les cathédrales et autres monuments paraissaient beau. J'espère que ça l'est aussi au niveau du sol. Je décollerais à 10 heure."
"- Je ne pensais pas y aller en avion. Un peu de conduite en deux dimensions me reposera un peu."
"- Quand je vois les montées en lacets de là-haut, je me dis qu'en avion l'avantage est que tu fais de la ligne droite. D'autant plus que je ne sais pas conduire."avouai-je ironiquement, montrant une de mes ignorances de la vie civile. Ce mot me semblait impossible. Je n'arrivais pas à m'imaginer à nouveau cloué au sol.
"- Tu arrives à piloter un avion dans des tunnels avec cinq centimètres de marge à gauche et à droite et tu ne sais pas conduire une voiture. C'est un peu bizarre, non?" souligna-t-il, se moquant un peu de moi.
''- Je saurais rouler sur une piste avec un avion, mais pas avec une voiture. Je vais déjeuner, on poursuivra notre conversation autour d'un café?'' suggérai-je, préférant manger et boire un petit peu avant d'aller là-haut.
''- Je te suis, Cipher.'' acquiesça Patrick.
Je descendis un petit escalier et traversa la piste à pied. PJ avait raison sur un point: il faudrait que j'apprenne à conduire. Peut-être pourrais-je prendre des leçons à Directus. J'entra dans le bâtiment et pris mon habituel thé à la menthe. Je m'assis en face de PJ, qui, à l'idée de revoir sa copine semblait déjà avoir la tête dans les nuages. Expression dont l'emploi pourrait être remis en question, vu que c'est moi qui allait voler aujourd'hui.
''- Sinon, tu l'as rencontré comment, ta copine?'' demandai-je discrètement, étant curieux de ses affaires de cœur. J'étais curieux, mais c'était surtout car l'amour était pour moi une notion abstraite.
''- En me promenant à vélo dans Directus après la victoire. Elle s'appelle Iris.'' m'expliqua-t-il.
''- Comme la fleur. Je te retrouverai à Directus.''
''- C'est vrai qu'il n'y a pas encore de bouchon dans le ciel.'' relativisai-je.
Je terminai mon thé. Il avait été certes brûlant, mais en comparaison de l'air que je respirais quand on était en hiver il était frais. D'un pas décidé, après avoir salué Patrick qui se dirigea vers une des voitures de la base, je me dirigeai vers le hangar. Je montai dans mon eagle, délesté de toutes ses armes. Étrangement, je me sentais presque mis à nu en étant désarmé. Je mis des gaz et décollai. De là-haut, en inclinant mon appareil, je vis la petite voiture de Patrick qui descendait lentement les courbes en lacets. Je me demandais si avec tout ces virages il n'allait pas se prendre plus d'accélération que moi avec un simple vol en ligne droite.
''- Ici contrôle civil n°3 à Delta Lima 1. Veuillez grimper jusqu'à trente mille pieds et maintenir une vitesse de 800km/h pour vous insérer dans le trafic civil.'' m'indiqua un contrôleur civil. Sa voix était neutre et posé. Ça me changeait de la voix de Jonhson qui parfois s'affolait de par mes acrobaties ou une situation désespéré.
''- Ici Delta Lima. Roger, devrais atteindre l'altitude de croisière dans une minute.'' répondis-je calmement, me confortant à la réglementation. Le code Delta Lima me convenait, pour Démon Lord.
''- On vous recontactera à l'approche de Directus. D'ici-là, suivez le couloir civil.'' ajouta-t-il avant de continuer, en rigolant à moitié : " Vous pourriez me faire un petit looping en arrivant, ça nous changera des A380 et des Boeing ?"
"- Roger, et vous me faites des soldes sur le kérosène?" répliquai-je, essayant de faire preuve d'un peu d'humour qui ne soit pas noir ou sarcastique.
Tirant la manette de direction, je grimpai lentement. Au bout de quelques minutes, j'atteignis l'altitude demandé. Je me maintins à 800 km/h, réduisant mes gaz. Je vis sur le radar qu'un A-380 me précédait et qu'un Boeing 747 me suivait. J'aurais bien accéléré, mais je devais rester dans le couloir pour atterrir à l'aéroport civil de Directus. En effet, l'aéroport militaire de Directus, vestige belkan avait été réduit en cendres lors de la conquête belkanne, et la piste elle-même avait été miné par les derniers soldats ustians afin de ralentir la progression belkanne.
Ustio, Directus, 12 juillet 1995, dix heure.
"- Ici Tour de contrôle pour Delta Lima. Veuillez vous diriger vers la piste 12 au sud-est. Vent: E-SE, 10noeuds. Pression atmosphérique: 1100 millibars."
Un de ses collègues ajouta, quelques secondes après :
"- Oubliez pas votre petit numéro !"
Je m'engageai dans l'axe de la piste et ralentis. Je me mis perpendiculaire à l'axe des projecteurs. Je n'étais plus qu'à cent mètre du sol, mais je devrais avoir la place pour faire mon petit looping. Tirant à fond le manche, je grimpai presque en chandelle. Puis arrivé la tête en bas, je remis des gaz et terminai ma manœuvre. Finalement de nouveau dans le sens de la marche, je me rapprochai de plus en plus de la piste faite pour des appareils civils. Avec cette largeur, au moins quatre chasseur pourraient atterrir en même temps.
''- Tour de contrôle pour Delta Lima 1. Joli manœuvre. Une fois que vous aurez atterri, roulez vers le hangar 23.''
''- Ici Delta Lima 1. Roger.''
J'enclenchai mon aérofrein, qui avait été réparé et peint en rouge. Ma vitesse passa en-dessous des 300 km/h, alors que mon ATH affichait: '' Alerte Décrochage imminent''. Je touchai la piste cinq secondes plus tard. Usant des pédales de lacets, je roulai jusqu'au hangar 23, qui m'avait été désigné. Il était ouvert, aussi j'entrai dedans. Un officier m'y attendais. De mon cockpit, situé à un mètre du sol, je ne parvins pas à l'identifier. Cependant, il portait l'uniforme de l'armée de terre.
''- Bonjour, Cipher,'' me dit-il alors que je descendais. Je le reconnus immédiatement sa voix: Illitch. J'avais oublié le fait qu'il était à la base dans l'armée de terre, mais avait été détaché à la sixième unité d'Ustio.
''- Bonjour, Illitch, '' lui renvoyai-je sa politesse. J'étais content de le revoir. ''Je ne pensais pas te revoir, comme tu avais été déployé autour de Sudentor.''
''- J'ai eu de la chance, mais de mon escadre, seul trois Tigre et deux Cobra s'en sont sortis. J'ai appris que tu venais en ville. Comme tu es belkan, je suppose que tu ne connais pas trop la ville. Tu veux que je te fasses visiter?'' me proposa-t-il gentiment.
''- Je ne l'ai pas trop vue, en effet. Je n'ai fait que la survoler. J'accepte ton offre.'' répondis-je, estimant que découvrir cette ville serait préférable à chercher si les personnes composants mon passé étaient mortes ou non.
Tout en sortant de l'aéroport, je lui demandai ce qu'il faisait avant la guerre. J'étais peut-être trop curieux, mais j'aimais connaître les gens.
''- Et bien, vois-tu,'' se contenta-t-il de répondre en haussant les épaules ''J'étais pilote d'hélicoptère dans le civil. Je faisais découvrir la ville de là-haut.''
''- Je vois, je vois,'' répétai-je, trouvant à qu'il avait au moins eu une vie normale avant cette guerre. '' Je suppose que tu reprendra tes activités touristiques bientôt?''
''- C'est possible, en effet. Mais je pense rester réserviste, on ne sait jamais, au cas où le belka nous réenvahirait une nouvelle fois. On va commencer la visite par la cathédrale St Ludovic. Ça te dérange pas d'entre là-dedans, pour un démon?''
Je ris de sa blague. C'était rare que je ris. Je riais parfois en vol, mais c'était généralement plus par sarcasme que à cause d'autre chose. Les flèches et clochers me faisaient penser à Hoffnung. Mais ces bâtiments, qui voulaient tendre vers un certain ciel, avait été réduit en cendres par un feu digne des enfers. Pour un peu, j'aurai presque été nostalgique, mais à quoi bon se ressasser le passé quand on peut construire un avenir.
''- Pas du tout. Accessoirement, j'ai failli la visiter en manquant de passer à travers la rosace, quand j'ai poursuivi un Sukhoi37 Terminator. Je n'ai vu que des reflets colorés.''
Nous nous dirigeâmes vers la cathédrale. Je fus frappé par la hauteur de la flèche et du double clocher. D'en haut, ils paraissaient haut, mais du sol encore plus.
''- C'est une des plus grandes cathédrale gothique. Sa flèche culmine à 107 mètres de haut. Même les plus haut gratte-ciel de Directus ne la dépassent pas.'' m'expliqua-t-il, en parfait guide touristique.
''- C'est vrai que vue du sol, elle paraît encore plus grande que vue du ciel.'' lui fis-je ainsi part de mon point de vue de pilote.
Nous franchîmes une porte en chêne, d'une épaisseur d'une main au moins. La tenir simplement pour permettre à mon camarade d'entrer fut presque aussi difficile de prendre quelques g. Elle se referma doucement, ralentie par un système de fermeture automatique. Le bâtiment était lumineux, ses hauts murs percés de vitraux richement décorés. Deux me plaisaient le plus: celui représentant un certain personnage terrassant un dragon et un autre représentant un personnage semblant porteur d'une lumière. Juste que le côté entouré de flammes et porteur d'une épée ne collait pas trop avec mon idée que je me faisais des vitraux. Si le premier vitrail ne m'intriguait pas, le second me rappelait quelque chose, mais qui?
"- Il représente quoi, le vitrail avec les flammes, le troisième à droite en partant du fond" demandai-je à mon guide, indiquant en plus sa position. Étrangement, cette oeuvre d'art semblait m'évoquer quelque chose, mais j'avais du mal à savoir quoi.
"- Déjà, sache qu'il remplace le seul vitrail détruit lors des batailles de Directus, mais il représentait le couronnement d'un roi belkan, ce qui n'est pas une grande perte" commença-t-il, dédaignant le Belka. " Mais lors du remplacement, on a voulu représenter la libération de Directus. C'est une représentation stylisé de toi, Cipher."
"- De moi?" m'étonnai-je, absolument surpris de voir une représentation de moi à un autre endroit que dans un mémorial militaire.
"- Oui. Ça a était longtemps discuté lors du remplacement de ce vitrail. Il faut le voir comme luxferre, l'ange porteur de lumière déchu. Mais cet ange déchu a su retrouver ses ailes noircies par le mal pour détruire le mal lui-même. Tu n'apporte plus une quelconque lumière céleste, mais une lumière interne à l'homme, celle de la raison et de la vérité. Car sans cette lumière, le pouvoir est aveugle. Et sans pouvoir, la lumière est impuissante." commenta-t-il ainsi le vitrail, me décrivant ainsi comme un libérateur. Au moins, son petit speech m'expliqua la présence de cette épée enflammé dans une église. D'une certaine façon, c'était réaliste, avec mes ailes peintes en noir et le fait que j'avais détruit Excalibur. C'était juste étrange la façon dont il m'avait décrit : puissant, mais nécessitant un jugement correct. Mais savais-je vraiment ce qui était bon ou non ? J'avais fait ce qui était bon pour un peuple, le libérer.
(Image supposé du vitrail)
Une question un peu indiscrète surgit dans mon esprit:
"- Et tu y crois, à ces religions?'' sortai-je, un peu directement peut-être, étant d'un naturel plutôt humaniste que déiste.
"- Non, mais ça ne m'empêche pas de faire visiter à d'autres profanes ce genre de bâtiment. Au moins, cette génération a laissé une empreinte de part le monde. Quelle empreinte laisserons-nous, excepté une ligne radioactive qui durera quasiment éternellement?" m'exposa-t-il ainsi sa pensée sur notre monde et ce que nous y avons accomplis.
Ma réponse fut assez réfléchie, étant donné que je mis presque trente seconde à chercher quelque chose à répondre à son esprit un peu pessimiste.
"- Nous avons changé la face du monde, certes. Mais ce changement ne fait que commencer. Espérons que nous pourrons créer un monde meilleur." rétorquai-je, n'ayant pas peur d'assumer mon petit côté idéaliste qui se cachait sous ma façade de réaliste.
"- Ouais, espérons-le" termina-t-il, préférant réfléchir en lui-même que pousser cette conversation. Du moins, c'est l'expression qu'il me laissa.
Je passa le reste de la journée à visiter la vieille ville en compagnie de Markov. Un nombre assez impressionnant de bâtiment historique avaient chacun leur petites curiosités. Cependant, je ne vis pas de rue assez longue pour qu'il puisse y avoir un numéro 666. Ce serait assez original. Le dernier bâtiment que je découvris fut le mémorial des deux batailles de Directus, séparées par à peine quelques mois. Il consistait en un grand mur noir incurvé, d'une douzaine de mètres de long sur trois de haut, avec les noms des morts gravé en blanc, pour qu'ils se détachent de la paroi sombre La liste des morts était assez impressionnante. En lisant rapidement, je dépassai les huit cent. Le nombre était énorme. J'aimais tuer, mais je n'imaginais même pas la taille que devait avoir les mémorials, belkan, juste en comptant tout les soldats, marins et aviateur que j'avais tué. Une plaque en marbre blanc occupait le centre de la structure. En écriture imprimé, une épitaphe était marqué:
Respectons ceux qui sont morts pour que soyons libres.
Continuons leur combat, pour que le monde atteigne l'équilibre.
Ces deux phrases étaient marquantes et pleines de raison. Le combat de ceux qui veulent la liberté ne s'arrêterait pas avec la chute du Belka, mais avec celles des grands de ce monde: Osea, Yuktobannia et Erusea. Après ce petit instant de devoir de mémoire, nous nous séparâmes. Markov m'indiqua les rues où je devrais pouvoir trouver des places libres dans les hôtel de Directus.
Alors que j'allais me diriger vers un hôtel, je croisai PJ, qui se promenait avec une jeune femme brune, sûrement sa copine. Elle était de taille moyenne, environ dans le mètre soixante-dix, ce qui me la faisait paraître assez petite de mon point de vue. Une paire de yeux gris, cachés en partie par une mèche de cheveux rabattue par un petit vent du soir, complétait un visage harmonieux, simple. Elle, au moins devait à présent connaître le bonheur avec mon équipier.
"- Bonjour Patrick. Tu as passé une bonne journée?" le surpris-je un peu, vu qu'il était engagé dans une conversation avec Iris, qui avait l'air d'aborder un sujet que je n'étais pas près d'aborder un jour: le mariage. Comment pourrai-je penser à ce genre de conventions civiles? Je n'étais sûrement pas le premier qui finirait sa vie célibataire, sauf erreur de celle-ci en ma faveur.
"- Oui, c'est bien de passer du temps avec les gens que l'on aime." répondit-il, enthousiaste peut-être de partager un peu de bonheur avec moi "Cipher, je te présente Iris." continua-t-il en désignant sa compagne.
"- Enchanté de vous rencontrer, Mr Cipher." me salua-t-elle tandis que je lui serrai la main, ayant hérité du trait belkan de ne pas embrasser les gens que je connais à peine. " Patrick m'a souvent parlé de vous dans ses messages. Je vous pensais plus vieux, au regard de vos talents de pilote."
"- Les gens me le disent souvent." fut ma réponse, qui fut suivi par un haussement d'épaules, montrant mon habitude plus que n'importe quel mot ou explication. "Par contre, je comprends que Patrick parle souvent de vous à la radio, vous êtes ravissante." répliquai-je doucement, ce qui soit dis en passant devait être le premier compliment de ma vie que je faisais à une femme à propos de son physique
"- Je t'en prie, Cipher. C'est arrivé une seule fois." souligna-t-il une légère exaspération qui datait de notre première opération aérienne, au-dessus d'Excalibur. " Passe une bonne soirée, Cipher." me souhaita-t-il avant de partir dans une direction opposé à la mienne.
"- Bonne soirée à vous deux." leur souhaitai-je en retour, espérant qu'au moins eux passent une bonne éventuellement à faire des parties de jambes en l'air si ça leur chantait, ça je ne me regardait pas. Eux au moins n'avaient pas des rêves morbides et destructeurs.
Je pris finalement une chambre simple dans un petit hôtel assez coté mais bon marché, l'Excelsior. Seul, dans mes quartiers civils, je réfléchis à ce que je ferais en attendant la réunion au QG. Je n'avais pas tellement envie de visiter tout Directus, et le simple fait de voir quelques étoiles par ma fenêtre me rappela de vieux souvenirs à peine enfuis. Le souvenir d'un continent que je pensais avoir aidé à protéger et qui maintenant n'était plus que ruines et désolation. Peut-être pourrais-je aller à l'ambassade de San Salvation, me dis-je. Ils auraient peut-être les listes des morts et disparus suite à le désastre d'Ulysse. J'espérais ne pas trouver les Revan dans cette liste, mais mieux vaut parfois ne pas trop espérer pour ne pas être déçu par la réalité.
Ustio, Directus, 14 juillet 1995, 8 heure.
Je quittai l'hôtel et me mis en marche vers l'ambassade. J'avais obtenu un rendez-vous avec l'ambassadeur à 9 heure 30, après quelque conversation téléphoniques assez longues, leur secrétariat ne parlant que la langue des oseans. J'entrai dans l'ancien hôtel particulier, de style baroque. Je me présenta à l'accueil:
"- Je suis Mr Cipher. J'ai rendez-vous avec l'ambassadeur."
"- Yes, i remenber you. The ustian guy who seek survivor of the Ulysses' Dysaster."me reconnu ainsi le secrétaire sur lequel j'avais dû tomber au téléphone, se moquant presque de mes efforts de recherche de par son intonation humouristique. Puis il se contenta de me guider: "For the ambassador, it's on second step third right door."
"- Bien." aquiesçai-je. "Je vais essayer de ne pas me tromper de porte." ajoutai-je en montant les marches de marbre, presque riant intérieurement tant sa façon de décrire la location avait été trop précise.
Je montai l'escalier jusqu'au deuxième étage. Je toquai à la porte et une voix répondit en ustian certes, mais avec un accent à couper au couteau:
"- Entrez" fut ce qu'il voulut dire, mais je compris plutôt un "en trèèai", montrant que décidément peu de diplomates apprenait la langues de ce pays. En même temps, de part l'expansion de leur modèle économique, tout le monde avait maintenant quelques bases en osean.
J'entrai dans un bureau à l'ancienne, composé d'un bureau en bois recouvert de verre poli. Derrière celui-ci, l'ambassadeur m'y attendait assis.
"- Asseyez-vous, Mr Cipher. C'est votre vrai nom?" m'accueilla-t-il, un peu curieux. Je ne comprenais pas pourquoi les gens avaient encore du mal à me désigner par mon nom de code. Mais bon, soupirai-je intérieurement, me contentant de souffler, il avait le droit à une explication, comme tout le monde.
"- À la base non, mais sous mon vrai nom je serai visé par un mandat d'arrêt belkan pour désertion." exposai-je de but en blanc, sans remettre en question mon origine mais également le début meurtrier de ma nouvelle vie.
"- Je comprends. Voulez-vous me rappeler le but de votre visite?" me demanda-t-il, avec un air un peu étourdi ou de personne qui se retrouve dans la situation où il ou elle a oublié quelque chose d'important et essaie de le cacher.
"- Je voulais savoir si vous avez accès au registres des morts et disparus. Je voudrais vérifier si certains personnes sont en vie." expliquai-je calmement ma requête, espérant ne pas voir ce que je ne voulais pas voir.
"- Je peux vous fournir une liste, mais certaines zones n'ont pas été très bien fouillés. On retrouve des présumés mort tout les jours dans des quartiers plus ou moins détruits." me prévint-il, me laissant incertain quant à la réussite de mes recherches.
Il me tendit une liste, ainsi qu'une carte des zones sinistrés. Je ne pris que les documents m'intéressant et quittai l'ambassade.
Je rentrai à l'hôtel ou je passa le reste de la journée à étudier les cartes. Je réussis à situer la maison de Konrad, me souvenant du nom de sa rue. Mais cette réussite fut suivis de tristesse: quand je m'aperçu qu'elle était en zone de crash. Aucun survivant n'avais été trouvé dans la zone. Pourquoi devais-je éternellement souffrir? Pourquoi devais-je n'avoir qu'une vie remplie de chaos alors que quelques-uns avaient droit à un peu de repos? Je ressentais des émotions alors que je n'en avais plus ressenti depuis mon retour. Les seules personnes que j'appréciais était mortes. Ou si elles n'étaient que disparues, il n'y avait pas beaucoup d'espoir non plus. Je m'écroula sur le lit de l'hôtel, avec l'envie de mettre fin à ma vie. Pour ma propre sécurité, je mis mon arme de service dans un tiroir qui fermait à clef, m'isolant quelques temps de pulsions suicidaires. Mon sommeil fut agité: je revis mes camarades abattus par Excalibur, les explosions nucléaires, les fragments d'Ulysse, Hoffnung en flammes. Toutes les destructions que j'avais causé ou assisté impuissant défilaient devant mes yeux. Je sombrai dans la folie, jusqu'à ce que je vois la mort, toujours sous sa forme de spectre noir.
"- Je t'avais dit de ne pas t'attacher au gens. Ils te font plus souffrir que moi." me rappela-t-elle douloureusement les avertissements qu'elle m'avait fait avant que je quitte San Salvation. De savoir que je n'avais rien pu faire et qu'au final Stonehenge avait presque était inutile ne faisait que me ronger l'esprit. J'aurais dû y rester, au sens locatif tout comme figuratif.
"- J'aimerais presque les rejoindre. Pourquoi ma vie doit-elle être une suite de malheur sans fin?" posai-je à mon interlocutrice, désespéré par ma situation actuelle. Ma voix tremblait. J'aurais été éveillé, je pense que j'aurais pu les pleurer.
"- Tu auras droit au bonheur après la gloire. Tu n'es pas le seul à souffrir, une autre te rejoindra dans ta souffrance, pour ton bonheur ou ton malheur."me rassura-t-elle un peu quand à une future amélioration de ma vie. Mais le bonheur n'était-il pas un idéal inatteignable dans un monde découpé par les cicatrices du feu du ciel et de celui des hommes ?
"- Qui ?" demandai-je, reprenant un peu espoir en moi et en l'humanité.
L'apparition s'estompa, laissant place à deux de ces étranges avions. Je me vis en piloter un, tandis que l'autre était piloté par une femme au cheveux noirs. Elle me rappelait quelqu'un, mais qui ? Je serais lié à cette femme, mais serais-je heureux ? Au moins, nous avions la couleur de cheveux en commun, remarquai-je.
Je me réveillai en sursaut, calmé en partie par ce que m'avait montré la mort. Ce serait plus pratique si je ne me réveillai pas aussi violemment à chaque fois. Mais qu'avais-je à espérer maintenant ? Une meilleure vie, peut-être. Un poète avait écrit une fois ''ce cœur qui haissait la guerre, voilà qu'il bat pour le combat et la bataille''. Pour moi, c'est le contraire : mon cœur qui aimait la guerre aspirait maintenant à un peu de paix.
Ustio, Directus, 20 juillet 1995, 8 heure.
Cela faisait déjà une semaine que j'habitais à Directus. Au final, la vie civile était supportable. Au moins, tout ce que j'avais gagné au combat me permettait d'être à l'ombre pour des années. J'avais même commencé à parcourir les listes de petites annonces, cherchant une location ou une maison pas trop chère, histoire d'avoir un pied-à-terre à Directus.
Mais il fallait bien que j'aille à cet réunion. À neuf heure, je quittai l'hôtel, rasé de frais et habillé avec mon nouvel uniforme que j'avais reçu hier, avec le grade de commandant d'unité aérienne cousu au pattes d'épaules. La réunion était prévu pour dix heures, ce qui me laissait le temps d'y aller.
Je pris un taxi et demanda comme destination le ministère de la défense d'Ustio. J'arrivai une devant un grand bâtiment de style baroque, encadré par de hautes barrières en fer forgés, terminés par des piques. De loin, on aurait cru un alignement de halebardes. Rien d'anormal d'avoir des attributs militaires pour un ministère qui en géraient Je me retrouvai avec Patrick dans le hall d'entrée, mais fut étonné qu'il n'y eut pas plus de monde à cet réunion. Après, Ustio avait perdu beaucoup de ses faibles forces sur l'ensemble du conflit.
"- Félicitation pour ta promotion, Cipher." me congratula-t-il, content pour moi.
"- Tu sais, ça ne change pas grand chose, je n'ai toujours que toi sous mes ordres." lui fis-je remarquer, prenant un ton sarcastique.
Une porte s'ouvrit et une voix que je connaissais bien nous appela. Cette voix, c'était celle de l'amiral. Qu'allais-je donc apprendre au cours de cette réunion ?
"- Cipher, PJ entrez donc. Nous vous attendions."
Nous entrâmes dans une salle de réunion au milieu de laquelle se trouvait une table ronde. Je m'assis en face de Könnitz, entre Markov et Patrick. Un homme que je ne connaissais pas pris la parole:
"- Puisque tout le monde est là, commençons cette réunion. Je suis le ministre Kaizen, chargé de la défense et des relations avec les forces alliées."
"- J'aurais pensé qu'on serait plus nombreux, Mr le ministre," ajoutai-je, curieux. Je savais que nous étions tout ce qu'il restait de la sixième unité d'Ustio, mais je pensais qu'il en restait d'autres.
"- Accessoirement, Vous êtes tout ce qui reste de nos forces.'' m'expliqua-t-il, posément. Il avait un étrange tic, que tout les orateurs avait, celui de bouger ses mains en parlant. Au fur et à mesure qu'il détailla, il ne fit que les soulever, les écarter, les poser parfois. '' Nous avons perdu toutes nos troupes au sol lors de la prise d'Hoffnung. La réunion d'aujourd'hui a deux buts: décider si nous restons dans les forces alliées et vous montrez le système que nous avons prévu pour remédier à notre manque d'accès à la mer, puisque les oseans ont refusés que nous ayons un port dans le canal Futuro."
Ce refus avait été perçu comme un grave affront. Sans notre support, le Kestrel ne serait jamais passé. Je trouvais leur commandant Weaker respectueux, mais au fond, il était un weak. Il aurait dû y passer.
"- Honnêtement," répondit Könnitz, un peu hésitant dans sa voix " il nous est préférable de quitter les forces alliées. Cela nous permettra d'avoir une indépendance vis-à-vis d'Osea et de Yuktobannia. Cependant, nous nous sommes engagés à rester pour un an dans les forces alliées."
"- Autrement dit, on est avec les oseans jusqu'en mars 1996," commenta Patrick.
"- Je vois que tout le monde est d'accord sur ce point. Maintenant je vais vous présenter le projet du réseau ''Minerva'' ajouta le ministre, n'ayant pas pris la peine de demander mon avis qui ne pouvait être que concordant avec celui de Könnitz.
Une carte fut projeté, avec des points rouges surmontés d'un m majuscule et d'un chiffre. Un point occupait l'emplacement de la base Valais, ce que je trouvais normal, mais je ne comprenais pas le rapport d'Ustio avec les autres points. Je ne pensais pas que mon pays avait des territoires outre-mer aussi disparates et distants.
"- La première station de ce réseau est la base Valais. Elle sera modernisé et équipées d'un système d'interception longue portée. La seconde se situe à côté de l'île de Khesed et de la côte ouest de Yuktobannia. La troisième se situe dans l'océan Ceres, entre yuktobannia et Osea. En effet, si Osea ne nous a pas donné de territoires terrestres, nous avons obtenu un petit espace maritime d'un rayon de quatre cent kilomètres. C'est un point clé, tant sur le plan économique que géopolitique. La quatrième se situe à côté de l'état d'osea du sud. Enfin, la cinquième est au sud du continent usean. Ces stations sont d'anciennes plateforme pétrolière que nous avons racheté. Elles seront transformés en villes flottantes, comportant un aéroport. Ce réseau nous permettra de projeter nos forces aériennes au quatre coins du monde, tout en palliant à notre absence de flotte. Avez-vous des questions?" finit-il ainsi la présentation de ce projet ambitieux, fier de notre petite puissance d'indolence que nous allions développer.
"- Quand le réseau sera-t-il opérationnel?" demandai-je, très intéressé par le fait que nous allions damer le pion au oseans, eux qui se croyaient être les maîtres du monde.
"- Nous prévoyons que ''Minerva 2 et 3'' soient opérationnelles courant 2005 et les deux autres courant 2010, répondit le ministre. D'ailleurs, pour votre sécurité, Mr Cipher, il serait préférable que vous retourniez à Valais."
"- Pourquoi ?" laissais-je ainsi échapper. Je commençais à peine à m'habituer un peu à la vie civile.
"- Nos services de renseignement ont arrêté un sapinois qui voulait vous tuer. Ils l'ont intercepté alors qu'il tentait de rentrer dans votre hôtel." m'apprit-il, me renseignant sur des faits assez inquiétants, mais gardant la voix neutre des politiciens.
"- Qui l'a envoyé ?" voulus-je ainsi en apprendre plus sur d'éventuels ennemis.
"- Nous n'en savons absolument rien.'' soupira-t-il, paraissant un peu insatisfait de nos services de renseignement, ou avec une légère impression de regret. '' Il a avalé une capsule de cyanure quand nous avons voulu l'interroger. La réunion est terminé, messieurs. Nous nous retrouverons en mars prochain, ou avant selon la tournure des évènements."
Je sortis de la salle de conférence. Qui pouvait bien vouloir me tuer, excepté un belkan qui aurait survécu à ses blessures? En quoi les sapinois pouvaient m'en vouloir ? J'avais combattu à leur côté au dessus du canal Futuro. S'ils voulaient me combattre, ils ne trouveraient que la même chose que les némésis belkans : la mort et la destruction. Je rentrai à l'hôtel, toujours aussi préoccupé par cette tentative d'assassinat. De retour dans ma chambre, je préparai ma valise en prévision du départ de demain.
Ustio, base Valais, 23 juillet 1995, 14 heure.
Cela faisait un jour que j'étais rentré à Valais.
Au moins j'avais échappé à la meute de journalistes oseans qui voulait m'interviewer, dès que la nouvelle de ma localisation s'était répendue. De toute façon, la seule chose que j'aurais envie de leur dire c'est d'aller voir si le grand mère fait du pédalo dans la mer de Banyon mer interne oseanne.
Mais tout ceci m'importait peu. Ma seule question avait d'autres intérêts. Je me demandais toujours où avait pu passer tout ces déserteurs belkans, oseans et autres. De plus, que le hangar géant avait été vidée me surprenait également, mais j'espérais ne pas avoir à faire face à ce qu'il contenait. Enfin, les forces alliées n'avaient trouvés aucune arme nucléaire belkanne, alors que des scientifiques qu'Ustio avait accueilli prétendaient que le Belka développait des V2 à tête nucléaires. Cela ne présageait rien de bon pour le futur de ce continent. Je passai ma journée dans ma chambre, à réfléchir la-dessus. Après un repas du soir simple, je regagnai la chambre, n'ayant pas grand chose à faire. Je m'étais d'ailleurs mis à faire des jeux de logiques pour m'occuper, n'aimant pas rester l'esprit inutilisé. Absorbé par mes réflexions, je ne vis pas le soir qui se couchait, suivis de l'extinction progressive de toute les lumières de la base. Je terminai une dernière grille de Sudoku, avec l'esprit enfin un peu détendu. Je rangeai ensuite le recueil de jeu de logique dans un tiroir du bureau. Mais en me relevant pour aller à mon lit, je vis une lampe-torche s'illuminer dans la noirceur de la nuit. Ce n'était pas une sentinelle. Une sentinelle n'aurait fait que le tour des bâtiments, et porterait l'uniforme conventionnel. Étrangement, ce ou cette inconnue se dirigeait vers mon hangar. J'avais envie de résoudre ce petit mystère. Pas la peine de réveiller tout le monde, me dis-je. J'aurais peut-être dû, mais je pensais pouvoir m'occuper d'une seule personne. Je pris mon Lüger et mon tazer, seul souvenirs réels de ma désertion. Je mis mon Lüger dans ma poche-revolver et glissai mon tazer dans ma manche, en dernier ressort.
Je sortis silencieusement de ma chambre, n'ayant même pas besoin d'allumer la lumière du couloir tellement je connaissais bien la base. J'aurais presque pu m'y déplacer les yeux fermés. Sans rencontrer personne, je pus sortir du bâtiment et atteindre la piste. Je n'avais qu'à marcher quelques centaines de mètres pour arriver à mon hangar.
Marchant à bon pas, profitant de la faible lumière de la lune, j'atteignis mon hangar. Par chance, l'intrus avait laissé la porte ouverte, ce qui le permis d'entrer dans bruit. Mon hangar étant assez grand, je pus l'apercevoir de loin. Au contour de ses formes, je compris que c'était une intrue. Elle semblait s'affairer autour de mon Eagle. J'espérais qu'elle ne comptait pas le saboter. J'y tenais, q cet avion. Pensant qu'elle ne m'avait pas remarqué, je sortis mon Lüger de ma poche et pointai son épaule. Un tir à cette hauteur-là ne devrait pas la tuer, et mon Eagle pouvait supporter un impact d'une balle de pistolet. Je n'étais plus qu'à vingt mètres quand elle se retourna, et tira. Comment m'avait-elle vu? Je lui aurais bien tiré dessus en représailles, mais son unique tir avait réussi à éclater mon arme en morceau.
"- Décidément, tu es meilleur avec une mitrailleuse de 30 mm qu'avec du 7. C'est étrange de se revoir, n'est-ce pas ?" m'interpella-t-elle, moqueuse. Ces paroles furent suivies d'un léger rire, moqueur lui aussi, tandis qu'elle me tenait toujours en joue
Sa voix me rappelait quelque chose, mais il m'était totalement impossible de la reconnaître visuellement. Son corps était revêtu d'un uniforme, qui semblait relativement épais, à moins qu'il ne cache tout simplement un gilet pare-balle. Son visage était parcouru de cicatrices, l'une d'elles lui coupait la bouche d'une façon horrible. Un œil étrangement bleuté était dans un de ses orbites, alors que l'autre était marron. Et pour ce qui était de ses cheveux, ils étaient inexistants. Je savais que certains les perdaient du fait de chimiothérapie, mais cette personne paraissait jeune pour en avoir fait.
"- Tu dois sûrement me trouver laide, Cipher. Mais c'est ta faute!" me cria-t-elle, apparemment cherchant une quelconque revanche. Seul deux femmes pouvait vouloir une revanche de ce type: mes deux camarades de l'Académie belkanne. Justement, Johanna avait les yeux marrons.
"- Mon but n'était pas de te défigurer. Juste de te tuer en vol au dessus de la base." m'excusai-je ironiquement, riant de son état.
"- Et bien tu auras droit toi aussi à tes cicatrices faciales !" me rétorqua-t-elle, élevant son arme en direction de ma joue gauche. Elle pressa la détente. Trois balles me frolèrent. L'une m'écorcha le menton, l'autre la joue et la troisième m'ouvrit le haut du crâne à la hauteur de l'arcade sourcilière latéralement.
"- À la base je comptais juste détruire ton chasseur, puis te faire exploser avec une charmante ceinture d'explosifs'' commenta-t-elle d'une voix rieuse, mais diabolique.
Ainsi, c'était une ceinture d'explosifs qui occupait l'espace sous son uniforme. J'avais donc une chance de l'avoir. De plus, je savais que son chargeur était celui d'une arme belkanne ancienne, avec seulement quatre balles dans le chargeur. Je commençai à sortir mon tazer de ma poche, espérant qu'elle ne recharge pas son arme. Mais elle voulut me dire quelque chose, ce qui me donna le temps de le faire glisser jusqu'à l'arrière de ma paume retournée.
"- Je ne sais pas pourquoi, mais Kupchenko voulait que je te transfère un message : Une porte vers le nouveau monde à été ouverte. Mon esprit sera le vent qui soufflera dans cet ouverture. Lorsque le roi endormi se réveillera, mon corps aussi se relèvera."
"- Parce que je vais finir ce que j'avais commencé. Je vais survivre et tu vas mourir !" lui rétorquai-je. L'instant d'après, elle voulut me tirer dessus, mais le chargeur vide ne donna qu'un ''clic clic'' et je lui lançai mon tazer allumé. L'électrode à son bout activa le système d'explosion, me projetant à plusieurs mètres et la tuant certainement. Je fis un vol plané jusqu'au F-16C de PJ, que je heurtai violemment. Ce choc me fit perdre connaissance.
Point de vue de Patrick.
Je fut réveillé par une explosion sourde. Je sautai de mon lit et me dirigeai vers la fenêtre: de la fumée sortait de notre hangar. Je voulus aller prévenir Cipher, mais seul un lit vide m'accueillit. Je courus vers le hangar et rencontra Johnson en chemin. Lui comme moi étions inquiets, n'ayant pas vu Cipher et le fait que peu de soldats avaient pu être affectés à la garde de cette base.
''- Qu'est-ce qu'il se passe ?'' demandai-je, toujours ignorant de la situation, alors que nous marchons vers le hangar.
''- Il y a eu une petite explosion dans votre hangar. Je ne sais pas si Cipher est là-bas.'' me donna-t-il les quelques détails qu'il connaissait
''- Sûrement, sa chambre est vide.'' confirmai-je, espérant qu'il ne lui soit rien arrivé. Il avait certes survécu à Excalibur, à la table ronde et à des radiations nucléaires, mais il ne restait qu'un homme.
Nous arrivâmes au hangar. Je vis deux corps inertes: celui de Cipher et celui d'une femme avec le thorax détruit. Cipher avait une plaie à la tête, mais il respirait encore, d'après les faibles mouvement qui parcouraient son torse. Sa plaie lui donnait l'impression d'avoir été griffé par une main acérée à trois doigts. Dix secondes plus tard, deux infirmiers posaient Cipher sur un brancard et l'emmenaient vers l'unité de soins intensifs de la base. Ils le branchèrent à des tuyaux pour la respiration puis il passa en salle d'opération.
Le chirurgien sortit deux heures plus tard. Il avait l'air relativement satisfait de son travail, mais la quantité de sang répandue sur sa blouse était assez importante.
''- Il est hors de danger.'' nous rassura-t-il, sans pour autant spécifier de quel danger il parlait. '' Nous avons réussi à endiguer l'hémorragie, mais il a sombré dans un coma profond.''
''- A-t-il des chances de se réveiller ?'' demanda Johnson, dans un état d'inquiétude pire qu'au moment de l'annonce de la fausse tentative de bombardement nucléaire.
''- Je ne le sais pas plus que vous, le coma est une chose que l'on connait assez peu. Il pourrait se réveiller ce soir ou dans trois ans.'' nous confia le médecin, certes avec un peu d'espoir mais restant réservé quand au chances de s'en sortir de Cipher.
Pendant ce temps, Cipher comatait, perdu dans une zone sombre de sa conscience. Il errait, ne sachant plus où était sa place, qui il devait être: un homme ou un démon, un vivant ou un mort, un bon ou un méchant. Le monde avait-il un sens ? Sa vie avait-elle un sens ? Et si non, quel sens lui donner, au monde comme à sa vie ?
''- Je voudrais mourir,'' se dit-il, désemparé devant sa propre noirceur. '' Que l'on me délivre de cette tourmente, de ces cauchemars.''
L'apparition encapuchonné apparut de nouveau, me fixant de ses yeux sans regard. J'avais l'impression qu'elle ressentait un peu de haine envers moi. Elle m'avait permis de me surpasser, mais je l'avais toujours ignorée. La prudence n'avait jamais été mon fort, aussi peut-être était-ce la raison pour laquelle mes actions étaient ammorales, vu que la morale se définit comme le juste milieu entre courage et prudence.
''- Je ne pensais pas te voir si tôt dans mon royaume. Tu n'as pas ta place parmi les morts, du moins pas encore. Ta place est parmi les vivants.'' s'énerva la mort, ne m'acceptant pas. D'un de ses bras décharné, elle semblait cependant me relever, me forçant à la regarder en face. Je me devais d'affronter mon destin, si j'en avais un.
''- Mais je suis mort!'' rétorquai-je, pensant que j'avais logiquement succombé à mes blessures. Ou tout simplement que ma propre obscurité m'avait étouffé. Que mon feu interne m'avait consumé.
''- Non, pas encore. Si Kupchenko se relèvera en même temps que le roi, toi tu te relèvera le jour de l'envol des valkyries.''
Après cette réponse déroutante, l'apparition s'estompa, me laissant seul, mais apaisé partiellement. Ainsi, les valkyries ne me guideraient pas vers un paradis fictif, mais ne ferait que me redescendre sur l'enfer que j'avais aidé à créer sur cette terre.
Fin du 24 ème chapitre. On se revoit dans cinq mois dans le strangereal et dans quelques jours dans le monde réel. Merci pour ces vues qui se rapprochent des 900. Si la carte est trop petite, dites le moi, je trouverai une solution
Cipher : C'est super de voir autant de vues...
N777: Et de voir que le nombre de votes approche des 120...
Cipher : Bon OK, c'est pas très catholique ce genre de Vitrail, d'ailleurs je me dis que ça tiens plus de l'œuvre d'art que d'autre chose...
N777: N'allez pas croire que je sois sataniste, gothique ou quoi que ce soit !!!
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