Rencontres useannes, première partie
Erusea, Farbanti, 30 novembre 1993.
Je sortis de la chambre de la caserne où je logeais. Pour la première fois, j'avais pu dormir sur un vrai lit, et non sur le lit misérables -enfin devrai-je dire surtout le matelas en fer- de ma cellule. Pour la première fois, j'avais dormi en paix, sans ressentir la crainte d'être emmené devant un peloton d'exécution. Il n'y avait qu'une chose sur laquelle j'hésitais: devais-je ou non raser le début de duvet qui commençait à apparaître sur mes joues. Finalement, je le laissai. Tant que je n'aurais pas de poils dans le masque stratosphérique, je ne devrait pas avoir besoin de me la couper. Je me mit en marche vers le quartier général, un grand bâtiment vitré au centre de la base. Comparé à l'Académie d'Hoffnung qui avait été la proie des flammes que j'avais déchaîné dessus, les bâtiments ne pouvaient être qu'en meilleur état. J'entrai et me présentai au soldat en faction:
"- Hum, hum" hésitai-je avant de m'introduire "Je suis le mercenaire belkan engagé sous le nom de Cipher. Ou dois-je aller?"
Le soldat fouilla dans un carnet, puis me dévisagea en disant:
"- Vous êtes attendus en salle de conférence, escalier de droite, troisième étage, première porte à gauche."
Puis, alors que je franchissai le seuil de la porte, il ajouta à l'encontre d'un autre garde:
"- Il les engagent de plus en plus jeune, ces mercenaires"
''- Ouais, ils vont finir par les engager à la fin de la primaire, si ça continue'' répondit l'autre.
Je ne tins pas compte de sa remarque. Mieux vallait bien me comporter pour mon premier jour dans leur coalition de "maintien de la paix". Et puis combattre jeune ne me dérangeait pas. Pendant toute la vie, j'avais dû me battre pour trouver ma place, et je ne faisais que rester sans le même chemin.Je suivis le parcours indiqué et me retrouvai avec d'autres pilotes: erusean, belarusien, de North point ou de San Salvation. Un officier nous fit entrer. Je paraissais tellement différent d'eux, engoncé dans mon uniforme gris-vert belkan. En effet, la plupart d'eux portaient des uniformes bleus foncés. J'avais l'impression d'être une feuille dans un océan, pour souligner ma solitude.
''- Bienvenue à tous.'' nous accueillit un commandant qui devait avoir une trentaine d'années. Il se présenta comme étant l'Amiral Isleng. Drôle de nom, me dis-je. Mais bon. Autre continent, autre noms. ''Vous connaissez tous la situation: Ulysse se rapproche de la terre et Stonehenge doit être défendu à tout prix pour détruire cet astéroïde. Nous accueillons aujourd'hui un nouveau camarade, mister Cipher.''
Une image de mon Eagle au dessus d'Hoffnung fut projeté. Des caméras avaient dû la prendre. Je ne m'attendais pas du tout à être introduit de cet façon.Tout les regards se tournèrent vers moi. J'étais d'un naturel timide et solitaire, aussi cette affluence me dérangea un peu. Je m'efforçais de rester calme tandis que la plupart des pilotes m'observaient en continu. Je perçus quelques "C'est lui le Destructeur d'Hoffnung ?" Et des "Pour un belkan il a pas l'air très belkan." Le silence retomba après quelques secondes qui parurent interminables de mon point de vue. L'amiral reprit la parole, taisant définitivement les quelques bavards :
''- Capitaine Konrad Revan, il sera intégré dans votre escadre. Prenez en soin.''
Je n'avais pas besoin de soin. Il me prenait pour un gamin, ou quoi? Ce n'est pas parce que j'étais encore mineur qu'il fallait me diminuer.
''- À vos ordres, amiral.'' répondit le dénommé Revan d'une voix ferme. Au moins, peut-être serait-il sympathique avec moi? Enfin tout dépend de la définition que l'on donne à ce mot.
''- Konrad, vous partirez avec votre nouveau camarade dès que possible pour le site de Stonehenge. Rompez!''
Tous les pilotes sortirent de la salle. Je me dirigeai vers le dénommé Konrad. Je me contentai d'un simple, mais poli:
''- Bonjour, Capitaine Revan.''
"- Appelez moi Konrad. Je n'ai jamais volé avec des belkans. J'espère que vous serez à la hauteur de la réputation de l'armée de l'air belkanne."
Konrad ? Étrange nom pour un usean. On aurait plus dit un nom belkan qu'autre chose, à en juger les consonnances.
''- Je devrais pouvoir l'être.'' répondis-je en me redressant, voulant apparaître comme fort malgré ma condition physique. Même si j'avais intégré l'armée depuis deux ans, je ne m'étais pas vraiment fait beaucoup de masse musculaire lors des différents exercices sportifs. Heureusement que mon nouvel employeur n'était pas trop regardant là-dessus.
Nous sortîmes du bâtiment et nous dirigeâmes vers notre hangar. Il pilotait un F15C, lui aussi, à l'exception de la couleur. Je ne pensais pas que cet avion était aussi répandu. Cela ne m'étonnait pas vraiment, étant donné qu'il était un très bon chasseur-bombardier. J'avais fait peindre les ailes du mien en noir, alors que les siennes étaient bleues. Le Noir symbolisait la noirceur de mon âme, ou celle de ma haine. Mais quelle signification avait le bleu? Peut-être l'espoir ? J'écartai cette hypothèse en songeant au proverbe '' vert j'espère''. J'aurais sûrement le temps de lui demander plus tard. Je montai à bord de mon chasseur. Je pourrais au moins voler en paix aujourd'hui, étant donné que ce n'était qu'un petit voyage de transition. Allumant mes turbines, je commençai à rouler sur la piste. Je mis la post-combustion et décollai rapidement, profitant de la brusque poussée engendrée par ce système. Il ne se passa pas une minute avant que je reçoive le message suivant:
"- Ici tour de contrôle à escadre blueeagle. Cipher, votre identifiant sera blueeagle 2."
Le nom n'était pas forcément le plus approprié. Je pilotais certes un Eagle, mais j'étais plus noir que bleu, mais celui de mon chef de groupe l'était. Il faudrait bien faire avec, de toute facon.
"- Ici blueeagle 2, roger." soupirai-je, n'ayant pas encore complètement récupéré de mon vol de la veille.
Je suivis mon leader, me dirigeant vers Stonehenge. Le ciel était calme, voir même trop calme. J'aurais bien espéré un petit comité d'accueil de la part des inconnus qui attaquaient Stonehenge, mais bon. Du moment qu'il y en aurait quelques uns à ajouter à mon nombre de huit abattus, ça me conviendrait.
San Salvation, site de Stonehenge, 30 novembre 1993, 11 heure 30.
Je vis un anneau d'au moins un demi-kilomètre, dans lequel étaient disposé les huit railgun. Je pensait qu'il faisait un demi kilomètre de loin, mais en m'approchant et en regardant plus attentivement sur mon radar, je m'aperçus qu'il dépassait le kilomètre de diamètre.
"- C'est donc ça, Stonehenge?" demandai-je dans le doute.
"- C'est ça, Cipher" confirma Konrad ''Le système qui nous sauvera d'Ulysse. La piste est à droite, elle ne fait que 800 m, donc faites attention.''
"- J'ai atterri sur un porte-avion sans crosse, donc une piste de 800m ne devrait pas me poser de problème." le rassurai-je, ayant une grande confiance dans mes propres capacités.
Je coupai mes réacteurs et mit mon aérofrein. Je me posai alors que le message ''décrochage, remettez des gaz'' s'affichait. Je fis rouler mon appareil jusqu'au hangar. Konrad atterrit après moi. J'ouvris la verrière et sortis de mon Eagle. Je n'eus pas fait trois pas en dehors qu'un des militaires en faction nous interpella:
"- Capitaine Revan, Cipher vous êtes attendus en salle de briefing, et vite."
Je me dirigeai d'un pas bref, suivant le militaire vers un petit bâtiment bétonné surmonté d'une antenne. Au moins, si un astéroïde ou un missile tombait sur leur poste de commandement, les personnes à l'intérieur avaient plus de chance de s'en sortir que ceux de Hoffnung.
"- Voilà les renforts, enfin"commenta un haut gradé." L'heure n'est pas aux présentations, une escadre de Tornado et de Lancer a été détectée. Retournez là-haut immédiatement."
Je courus vers le hangar, et demandai au mécanicien de m'équiper de xmaa. En effet, j'étais parti plutôt léger en munitions pour m'alléger lors de ma fuite. Au moins, avec la réduction des fabricants d'armes, de nombreux pays se fournissaient dans les industries d'armement du Belka. Cela me permettait d'être équipé des mêmes armes ici qu'à Hoffnung.
"- Ici tour de contrôle à tous les appareils, engagez les contacts ennemis." odronna d'une voix cinglante le commandant. Je reconnus dans sa voix la nuance subtile de la peur. Il n'avait pas de raison d'avoir peur, étant donné que ce n'était pas lui qui risquait sa peau pour défendre le complexe.
"- Blueeagle 2 roger. Pourquoi est-ce que des gens veulent détruire le seul moyen d'éviter une catastrophe planétaire?" questionnai-je mes frères d'armes useans.
"- Ils font partis d'un mouvement ultra-communiste. Ils pensent qu'il faut détruire le monde pour le reconstruire à leur image." expliqua Revan.
"- D'ailleurs, je me demande d'où ils sortent tout l'arsenal qu'ils utilisent contre nous," ajouta le commandant. C'était en effet une bonne question. Quel pays pouvait avoir intérêt à ce que le monde se détruise? Ou alors ce n'était qu'un groupe de déserteur parmi tant d'autres, mais qui avait décidé de recouvrir le monde de ténèbres plutôt que de lui apporter la lumière. Ensuite, l'Union des Républiques Yuktes était un pays communiste, mais il s'était assez rapproché d'Osea ces dernières années. Il y avait donc peu de chance que ces communistes soient des extrémistes yuktes. De plus, leur continent était plus loin d'ici que le Belka, ce qui impliquait que des chasseurs yuktes ne pourraient faire l'aller-retour, à moins de se ravitailler en vol.
Je passai un rapide coup d'oeil sur le radar et comptai une dizaine de spots dessus. Mon ordinateur de bord identifia les spots comme étant des B1-Lancer et des Tornado Gr4, ce que l'on nous avait annoncé. Nous devions les intercepter avant qu'ils soient à portée pour leur armement air-sol. Voulant les rattraper, j'accélérai vers le groupe de quatre Lancer. J'en abattis un de deux missiles en plein cockpit. Je fis un himmelman et tirai un autre missile sur un autre bombardier. Le pilote lança une bordée de leurre, et le missile se perdit. Je détestai quand ils faisaient ça. Il pouvait pas se laisser descendre, ce foutu pilote? De toute façon, il ne pouvait pas riposter. Je mitraillai les moteurs et l'avion tomba en flammes. Je doubla un autre bombardier, puis piquai ver le sol. Je redressai à à peine quelques mètres du sol. Par cette manoeuvre, j'avais une fenêtre de tir parfaite sur sa soute à bombes. Je lui envoyai trois xmaa dedans, causant l'autodestruction de l'avion. Konrad abattit le dernier avec une volée de missiles sur l'aile géométrique.
"- Ici shadowkiller 1, tuez ces deux parasites. Ce mercenaire belkan devient gênant." commenta un des pilotes de Tornado que nous engagions actuellement.
Ah.. Je devenais gênant. Et bien je comptais bien les gêner jusqu'à ce qu'ils soient tous au tapis. Trois des huit Tornado se dirigèrent vers moi. J'envoya une volée de xmaa. Un seul réussit à esquiver. Il commis l'erreur de me foncer dessus. Faire des joutes aériennes-un face à face, autrement dit- était une des spécialités de l'aviation belkanne, ce qui lui avait permis de surpasser celle d'osea en nombre égal. Et bien sûr, je ne faisais pas exception à cet spécialisation. Je me surélevai légèrement, profitant que les avions d'attaque avait généralement leur mitrailleuse en dessous d'eux. Je lui fonçai donc dessus, et mitraillai copieusement son cockpit. Le pilote fut sûrement tué, puisque l'avion tomba vers le sol. Je me dirigeai vers les autres, avide de massacre. Une double volée de xmaa divisèrent leur nombre. Konrad en abattit un à la mitrailleuse, tandis que un des deux derniers faisait demi-tour pour nous engager. L'autre continuait sur sa lancée, menaçant les railguns.
"- Konrad, je m'occupe du plus proche de Stonehenge." l'informai-je
"- Roger. Fais attention de ne pas tirer sur les canons." me prévint-il.
Je m'approcha du Tornado et ouvrit le feu avec ma mitrailleuse. L'avion prit feu. Ce n'était qu'une question de secondes avant que ses réservoirs de carburant lui explosent en pleine face. Cependant, au risque d'imploser, il commença à mettre sa post-combustion. Je réalisai rapidement ce quil voulait: une attaque kamikaze. Je n'allais pas le laisser ne mettre qu'un pouce sur les canons. Je lui lançai quatre xmaa, détruisant le chasseur en mille morceaux. Mais avant mon tir il avait eu le temps de lancer un Lagm. Je mis la post-combustion au maximum, et interceptai le missile d'une rafale de mitrailleuse.
"- Joli tir, Cipher." me complimenta Konrad. J'étais aussi assez content de moi-même. J'avais réussi ce que Kupchenko m'avait enseigné il y a quelques mois, à savoir intercepter un missile à la mitrailleuse.
"- Ici tour de contrôle. Tous les chasseurs ennemis sont morts, vous êtes autorisé à atterrir." indiqua un opérateur radio. La peur avait complètement disparu de sa voix. Au contraire, elle traduisait une personne assuré et rassurée. La peur, je savais l'instiller, mais apparemment je savais également la réduire.
Je m'alignai sur la piste, prêt à atterrir. Je me penchai vers la mince piste bétonnée et coupai mes réacteurs. Je mis mon aérofrein et touchai le sol en douceur. Je donnai juste une légère impulsion à mes réacteurs, me propulsant ainsi jusqu'au hangar. Je descendis de mon eagle par une escalier roulant posé contre. Je me dirigeai vers la salle de briefing et Konrad me rejoignis en chemin, visiblement ravi de mon pilotage:
"- Je savais que les belkans étaient des pilotes d'exception, mais intercepter un missile, j'ai jamais vu ça."
Au moins, la réputation de l'armée belkanne m'avait précédé, malgré le fait que j'avais déserté. Il était vrai que si le Belka avait été la première armée aérienne de l'histoire, elle l'était resté en manière de supériorité aérienne.
''- Il ne faut jamais dire jamais, Konrad.''
J'entra dans la salle de briefing et le commandant du complexe nous félicita pour notre combat:
''- En voilà une fameuse recrue, mister?"
"Cipher, anciennement capitaine belkan, maintenant mercenaire" me présentai-je.
''D'habitude je n'aime pas trop les mercenaires ni les déserteurs, mais vous êtes à la hauteur de la réputation des forces aériennes belkannes. Repos, vous l'avez mérité.''
Je sortis de la salle, suivis par mon ailier. Je n'avais pas vraiment de raison de le considérer comme mon supérieur réel, étant donné que j'avais jadis eut le même grade que lui. Je fus conduit à une chambre, mais ici le confort était plus qu'inexistant. Il était totalement absent. Les lits n'étaient fait que d'une planche de bois dur, de l'hêtre ou du sapin d'après la couleur. En désespoir de cause, je rejoignis mon hangar. Je montai dans mon Eagle, vu que les quelques lit était dur comme du bois, étant donné qu'ils étaient faits dans ce matériau. Je profitai donc du confort relatif que m'offrait mon siège de pilote me reposai un peu. Je m'endormis heureux d'avoir fait quelque chose de bien. L'apparition envahi mon rêve à nouveau:
''- Alors, satisfait de ta nouvelle vie?'' me questionna-t-elle, malgré le fait qu'elle n'avait ni tête ni corps réel. Elle tenait plus du fantôme que de la façon dont on s'imaginait la mort: un squelette avec une faux.
''- Oui, j'aimerais juste que Stonehenge réussisse à détruire Ulysse.''
L'apparition sembla hausser ce qui lui tenait lieu d'épaules. Comme si elle savait ce qui allait arriver, mais qu'elle allait me laisser dans l'ignorance.
''- Tu te poses des questions dont je ne connais pas la réponse. Profite de ton exil, il ne durera pas longtemps.'' fit-elle, confirmant mes suppositions.
Si Ulysse touchait la Terre, ce serait certainement un désastre. J'espérais que la technologie nous permettrait de passer cette épreuve que l'univers nous faisait subir. Personne n'était réellement en mesure de lutter contre les forces naturelles qui le régissent. On peut seulement les contrôler par moment.
San Salvation, aéroport militaire, 2 février 1994, 8 heure 00
Les semaines avaient passés sans aucune attaque de ces ultra-communistes. Il devaient nous préparer quelque chose, puisque Konrad et moi avions été convoqué au GQG. J'entrai dans un ancien hôtel particulier, au mur richement décoré, qui contrastaient avec les bâtiments bétonnés auquel j'étais habitué.
Konrad paraissait content d'être rentré en ville, peut-être avait-il de la famille dans la zone. Un haut gradé nous accueillit, sûrement un amiral ou un commandant:
''- Voilà l'escadre blueeagle, nous vous attendions.'' commença-t-il. "L'escadre maritime du Seatiger a repéré une flotte inconnu composé d'un groupe de porte-avions qui menace nos routes maritimes. Vos ordres sont de rejoindre le porte-avions et de détruire cette flotte. Rompez.''
''- À vos ordres, amiral.'' fut tout ce que nous répondîmes.
Nous rejoignîmes l'aéroport par le bus. Le trajet pris une demi-heure, à cause de la circulation. Je me dirigeai vers mon hangar. Une question me vint à esprit:
''- Tu as de la famille?'' demandai-je à la fois par curiosité et du fait que je n'en avais jamais réellement eut. Il fut un temps où j'avais des amis, mais excepté des cendres et des souvenirs, il ne restait plus rien d'eux.
''- Je suis marié et père de deux enfants. Je peut me considérer heureux.'' expliqua-t-il avec un léger sourire aux lèvres. Il paraissait heureux d'en parler. Ensuite, n'importe qui avec un bon entourage avait toutes les raisons d'être heureux.
''- Je doute fort qu'un jour je sois comme toi: marié avec des enfants. La seule fille que j'aimais bien, j'ai du l'abattre.'' complétai-je. En même temps, je n'étais jamais vraiment tombé amoureux d'une personne. Je n'avais en fait ressenti aucun sentiment positif à l'égard de quelqu'un, sauf de la sympathie pour mon nouveau frère d'arme.
''- Bah, tu es jeune,'' continua-t-il ''il te reste toute ta vie devant toi. Je suis sur qu'un jour tu rencontrera la bonne personne.''
Ah. La bonne personne. Un jour, peut-être rencontrerai-je une personne qui me comprendra. Mais si je pouvais largement m'imaginer plus vieux et aux commandes du chasseur que la mort me promettait, je n'arrivais pas du tout à m'imaginer plus vieux et père de famille. Déjà rien qu'en avoir une paraissait être une douce utopie.
''- Bon, allons couler quelques navires,'' suggérai-je en montant à bord de mon eagle. Au moins, envoyer quelques navires chez le père Neptune me détendrait un peu. Ou à défaut de me détendre, cela focaliserait mes pensées sur autre chose que des rêves plus ou moins impossibles.
SpringSea, espace aérien du Seatiger, 2 février 1994, 12 heure00.
Le vol avait été tranquille. Pas un seul chasseur ennemi n'était venu perturber l'azur. Au bout de quelques heures, le porte-avions était enfin en vue. Cette fois-ci, l'atterrissage serait sans doute moins brusque, vu que j'étais équipé de crosses d'appontage aujourd'hui.
''- Seatiger à escadre blueeagle, vous êtes aligné pour atterrir.'' prévint l'opérateur radio du porte-avions.
''- Ici Cipher, prêt à atterrir.'' confirmai-je.
Je sortis les crosses et ralentis en approchant du porte-avions. Je coupai mes réacteurs à l'approche du pont, cherchant à aborder la piste métallique avec le minimum de vitesse. Une seconde après, je touchai la surface et accrochai le câble. Le système d'atterrissage fonctionna correctement, puisque mon avion ralentit rapidement. Un peu étourdi par la brutale décélération malgré que j'en ai l'habitude, je sortis de mon avion et me dirigeai vers l'îlot central. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, j'atterrissais sans crosses, après une fuite éperdue. De revenir sur ce bateau éveilla en moi une bouffée de nostalgie. C'était ici qu'avait commencé officiellement la vie de Cipher, ma nouvelle vie.
''- Bonjour, commandant.'' dis-je en reconnaissant le maître des lieux.
Il n'avait pas changé, ayant gardé le même regard strict et la même attitude sérieuse mais optimiste.
''- Ah, revoilà notre mercenaire.'' commença-t-il ''Le groupe de bateaux suspect est composé d'un porte-avions et de son escorte. Nos éclaireurs ont relevés un total de un cuirassés, deux aegis, quatre croiseurs, huit destroyer et une dizaine de frégate. Nous soupçonnons qu'il y ai des sous-marins, mais nous ne savons pas combien.'' continua-t-il de commenter pendant que des images radars et des photographies satellites étaient affichées sur écran géant. La flotte était plus nombreuse que l'escorte du porte-avions, aussi nous devions frapper les premier. ''Vous êtes autorisé à engager tout navire suspect croisant dans notre territoire maritime'' termina-t-il.
Je décollai cinq minutes plus tard, les ailes chargés de missiles anti-navires. C'était ma première mission air-mer. C'était d'ailleurs ma première mission d'attaque, puisque jusqu'alors je n'avais fait que gagner la supériorité aérienne au dessus de Stonehenge. Il me suffirait de rester au ras des flots et il ne pourrait pas me verrouiller, pensai-je. Au moins, ça me donnait une occasion de faire du vol à très basse altitude. Je fus interrompu dans mes réflexions tactique par les opérateurs radio du Seatiger:
"- Ici le centre de communication et d'information du Seatiger pour les escadres blueeagle et Tigersharks. À toutes les unités, engagez la flotte ennemie en approche !"
''- Ici Tigershark 1, prêt pour le combat,'' dit le chef de l'escadre de douze F18E super-hornets dont le fuselage était bleu et les ailes grises.
''- Ici blueeagle 1, paré.''
''- Ici Cipher. Prêt à les envoyer par le fond'' complétai-je.
''- Un tel enthousiasme fait plaisir à voir'' souligna un des Hornets
''- Ouais, '' acquiesça un autre membre de l'escadre Tigershark '' Mais laissez nous un peu de navires à couler, belkan !"
Non mais il pensait honnêtement que j'allais lui en laisser? Tant pis s'il ne pouvait pas ajouter de nombre sur son total de tués. J'avais un avantage sur les Hornets : je pouvais atteindre Mach 2 au niveau de la mer tandis qu'ils étaient cantonnés à Mach 1,8.
Je mis ma post-combustion et fonçai au ras des flots vers le porte-avions. Bien sûr, mon Eagle n'ayant pas une très grande furtivité, je me fis rapidement spoter par les radars des vaisseaux ennemis. Ils me décochèrent une volée de missile. J'avais deux choix: monter ou descendre. Si je montais, je serais une proie facile pour leur canons de DCA. Je pris donc le partis de descendre encore plus, au point que l'alarme anti-collision commença à répéter une fois de plus les ''Pull out''. Indications dont je ne tenus bien sûr pas compte. Frôlant les vagues, je vis les missiles qui passaient au dessus de moi. Ils continuèrent leur course et crevèrent les flots dans une gerbe d'écume.
''- Abattez moi cet eagle.'' répéta plusieurs fois un commandant ennemi, chaque fois plus fort et sûrement avec l'envie de me fusiller, et pas qu'avec son regard.
''Mais qu'est-ce que vous foutez! Abattez moi ce belkan maintenant !" cria-t-il de rage l'égard de ces subordonnés et des capitaines des autres navires.
''- Impossible avec nos canons, Sir. Il est trop bas.'' se lamenta un servant d'armement. Ma stratégie avait payé. J'étais toujours sans dommage, et surtout en plein milieu de leur flotte. J'étais si bas que mon indicateur d'altitude se mit à afficher du négatif.
''- Faites décoller la chasse.'' ordonna en dernier recours leur commandant, dont la fureur ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure que je me rapprochai du porte-avions.
J'arrivai ainsi en vue du porte-avions. Leurs chasseurs allaient décoller d'une minute à l'autre. Je n'avais pas prévu du bombardement et de la supériorité aérienne. Je verrouillai donc les chasseurs stationnés sur le pont d'envol et en détruisis quatre avec une combinaison de Lasm et missiles standard. Je remontai en chandelle et envoyai deux missiles à l'endroit où devait se trouver les ascenseurs du pont-hangar. Du moins c'était là qu'ils étaient sur les schémas techniques que on nous faisait étudier à l'Académie. Il devait être à l'endroit présumé, étant donné que leur explosion fit un trou béant dans le colosse d'acier. Virant de nouveau vers le navire fumant, j'amorçai une nouvelle attaque. Ne prenant pas la peine de les verrouiller, j'envoyai deux Lasm dans l'ouverture et le porte-avions fut déchiré en deux par l'explosion. Je fus moi-même un peu secoué.
''- Cipher, laisses-en un peu aux autres.'' commenta mon capitaine.
''- Je croyais que c'était les touristes d'abord..'' dis-je en détruisant une frégate de deux missiles.
L'escadre Tigershark avait détruit un aegis et trois destroyer pendant mon attaque, mais ils avaient trois chasseurs hors combat. Les frégates avait commis une erreur majeure. Celle de s'être groupé en ligne. Cette tactique aurait peut-être efficace pour un combat purement entre navire, mais était totalement inutile contre des chasseurs avec une grande mobilité.Je remontai la ligne des frégates, lançant des missiles standards et des Lasm. Je ne laissai dans mon sillage que des épaves fumantes. Profitant d'un instant de répis entre deux destruction, j'observai un peu mon ailier. Il volait de façon plus académique, préférant les tactiques en ''tire et oublie" à mes manoeuvres d'attaques de proximité. Konrad détruisit un autre destroyer de la même manière. Une alerte missile me sortis de mes observations. Changeant brusquement de direction, j'esquivai les missiles du dernier aegis. Puis, sans laisser le temps qu'ils lancent une seconde salve, j'accélérai, me mettant à portée de cet aegis. D'une paire de missile, je contre-attaquai, le privant de ses lanceurs. Deux Lasm de l'escadre Tigershark eurent raison de lui. Je détruisis quelques frégates mais le cuirassé résistait toujours, protégé par ses gatlings. Ces systèmes d'interceptions étaient en effet très gênants. De plus, les mitrailleuses anti-aériennes du cuirassé nous empêchaient d'attaquer de trop près. Et aucun de nous n'était équipé de lance-roquettes, qui aurait pu passer au travers du rideau de feu de part le nombre des tirs simultanés.
''- Ici Seatiger, l'analyse des données a montré que seul une attaque concentrée permettrait de viendre à bout de ce navire.'' indiqua un des analystes qui servaient d'opérateur radio.
''- Ici blueeagle 2, prêt pour l'attaque.'' confirmai-je. On avait une possibilité de détruire ce navire. On pouvait le faire et on allait le faire. Ce cuirassé allait couler, et nous allions le couler.
Les cinq super-hornets restant ainsi que Konrad et moi foncèrent sur le cuirassé, qui nous accueilli par un déchaînement de feu.
Deux Hornets furent abattus, mais nos missiles réussirent à détruire les gatlings. Les survivants de l'escadre Tigershark envoyèrent deux Lasm chacun dessus. Le géant des mers commença à couler. Faisant demi-tour, je cherchai à trouver un moyen d'accélérer la destruction du navire. Écarquillant mes yeux, j'analysai les brèches dans la coque. Le cuirassé en était parcouru, comme si un monstre marin l'avait griffé sur toute sa longueur. Ou s'il avait manqué d'éviter un iceberg. Je trouvai finalement une fissure qui d'après son emplacement, me donnait une fenêtre de tir sur sa sainte barbe. Je lui envoyai à mon tour deux Lasm dans ce trou de la coque et le navire fut détruit par une série d'explosions internes. Deux croiseurs tentaient de fuir. Il fuyait avec l'énergie du désespoir. Mais parfois, le désespoir lui-même est inefficace. Au fur et à mesure que je m'en rapprochai, je percevai des messages de panique. Entendre les futures victimes avoir peur de moi me remis en forme, alors que je commençais à être fatigué par cet bataille qui s'etirait. Mettant la post-combustion, je les rattrapai finalement au bout de quelques minutes. Plus rien ne pouvait les sauver. J'en détruisis un avec une paire de missiles standard et Konrad détruisit le second de la même façon.
''- Ici Seatiger, menace maritime détruite, vous pouvez atterrir.'' indiqua l'opérateur radio du porte-avions.
Je ralentis à l'approche du porte-avions. Je me rapprocha du porte-avions, tandis que les hélicoptères décollaient, pour mener les opérations de recherche et secours. Au moins, les ennemis n'avaient pas besoin de faire ce genre d'opération, vu que je ne laissais aucun survivant. Accrochant le câble, j'atterris calmement. Je commençais à m'y faire, à force.
Le commandant nous félicita pour nos actions:
"- Je pense que sans vous, on aurait eu des ennuis."
"- Vous m'avez aidé à échapper à la mort. Je vous ai aidé à mon tour." répondis-je. Il y a quelque moi, il m'avait donné une chance de continuer à me battre. J'avais une dette, et je venais de la régler. Je ne devais plus rien à personne, maintenant.
"- Votre mission est terminée. Mais vu l'heure tardive, vous rentrerez sur le continent demain. Je ne voudrais pas que mes meilleurs pilotes manquent leurs atterrissages s'ils sont trop fatigués" conclut-il.
Pour une première mission de bombardement, j'avais plutôt bien réussi. Pour être honnête, cette mission était une réussite sur tout les fronts. Je commençais à me faire un nom, au fur et à mesure de mes missions. Je fus logé avec Konrad dans une chambre d'équipage. Au moins, les lits étaient plus supportable que dans le complexe de Stonehenge. J'étais devenu quelqu'un, malgré mon jeune âge. D'ailleurs, j'avais perdu le compte de mes victimes. Il y avait peut-être une cinquantaine d'homme d'équipage sur chaque bateau, ce qui pourrait me faire dépasser les cinq cent victimes au total. Rien que de penser au nombre de personnes dont je pouvais prendre la vie me fit me sentir puissant. Je n'étais heureux que quand je voyais mes ennemis au tapis. Je n'avais jamais été heureux pour d'autres raisons.
Le lendemain, je décollai du porte-avions par une belle journée d'hiver. Le vol fut calme, et nous rentrâmes à San Salvation, ville natale de mon camarade de combat. Arrivés là-bas, nous nous séparâmes à la sortie de l'aéroport. Il rentra chez lui, tandis que je reçus un appartement comme prime supplémentaire. Ce n'était qu'un petit studio, mais au moins j'avais un toit à moi. Je pourrais presque m'installer durablement ici, mais j'avais l'étrange impression que quelque chose aller bientôt changer ma vie..
San Salvation, 20 octobre 1994
Un simple réveil mécanique que je m'étais procuré me réveilla par sa sonnerie stridente. Je commençais vraiment à me sentir bien en Usea. La mort ne m'hantait plus, j'avais l'esprit en paix. Le ciel était calme, ce qui serait bénéfique si je prenais l'air aujourd'hui. Mais tout ce calme me dérangeait un peu. J'étais un homme d'action, pas une personne qui attendait que son destin se fasse de lui même. Ensuite, une chose était sûre dans ce monde: la paix n'est jamais l'absence de conflit, mais un équilibre entre ses protagonistes. Quelques heures passèrent, au cours desquelles j'étudiai un journal qui se référait à la situation politique belkanne. La situation ne faisait qu'empirer. Ils étaient en train de se réarmer massivement. Osea les avait humiliés économiquement parlant en les faisant investir dans des prospections minières non rentables. Bientôt, ils s'attaqueraient. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'une troisième guerre éclate entre ces deux puissances. J'y participerai bien, mais je me refusais de m'engager sous insigne osean. Autant rentrer au Belka. Mais bon. Je verrai bien ce que je ferai de ma destiné en temps voulu. Le destin décida de se manifester par un simple appel à l'interphone de mon appartement. Quittant les yeux de mon journal, je le posai. Qui pouvait bien m'appeler alors que nous étions un dimanche. Je cliquai sur le bouton de réponse et reconnus une voix familière:
"- Cipher, c'est Konrad."
"- Que me vaux ce plaisir, camarade?" demandai-je. Je l'avais croisé plusieurs fois en ville, mais sans que nous parlions beaucoup. Il semblait souvent ailleurs, comme si ses pensées était occupées par autre chose que comme moi sa survie.
"-Pas le temps de t'expliquer ici. Descend immédiatement, ils ont besoin de nous" répondit-il brièvement. Sa voix paraissait légèrement tremblante. Que pouvait-il craindre? J'aurais tout le temps de lui demander sur la route.
"- Ok" acquiesçai-je " Je met ma combinaison anti-g et j'arrive asap"
Enfilant mon habit de vol rapidement, je me réjouis à l'idée de prendre mon envol à nouveau. J'espérai que quelques avions ennemis se joindraient à nous, histoire que je m'ennuie pas trop. En descendant l'escalier quatre à quatre, je me rendis compte que je n'étais vraiment pas fait pour une vie sédentaire et citadine. Certains avaient parfois d'une dose d'adrénaline. Moi j'avais besoin d'une dose de sang à faire couler. En quelques secondes, je fus sur le seuil de ma porte. Konrad m'attendait dans une petite polo. Une voiture simple, mais pratique. Enfin elle me le paraissait, étant donné qu'il avait réussi à se garer avec dix centimètres devant et autant derrière. Je le surpassai peut-être en manœuvres aériennes, mais pas encore en créneaux. Je montai rapidement, et il commença à m'expliquer la situation:
"- Les radars ont repérés une petite escadre qui se dirige vers Stonehenge. Mais heureusement pour nous, San Salvation est sur leur route." tout en disant sa phrase, il se dégagea prestement de sa place, enchaînant rapidement les vitesses. Il faudrait vraiment que j'apprenne à conduire, ça risquait d'être nécessaire dans les années à venir
"Heureusement pour nous, malheureusement pour eux'' répondis-je sur le ton de la plaisanterie.
Konrad nous conduit rapidement à l'aéroport. Montrant nos plaques militaires, nous entrâmes avec précipitation. Il s'arrêta d'un brusque coup de frein juste devant le quartier général. Autant si il s'était garé parfaitement devant chez moi, cet arrêt était un peu brutal. Je sortis immédiatement de l'habitacle, et me dirigeai à grand pas vers les salles de briefing. Un officier nous accueilli et nous résuma la situation en quelques mots
''- L'escadre repéré est composé de Su35 superflanker et de Tu160 blackjack.''
Des avions de quatrième génération ? Comment de simples ultra communistes pouvaient avoir un arsenal aussi bien équipé ? Déjà, qu'ils aient eu une flotte m'avait surpris. Ils devaient forcément avoir des appuis financiers.
''- Interceptez-les avant qu'ils sortent des limites de la ville, ou les Tupolev seront à porté pour le lancement de missiles de croisière.'' ajouta un homme en blouse blanche qui se tordait les mains, visiblement inquiet pour Stonehenge. Vu son habit, il tenait plus du scientifique que du militaire. Il s'agissait peut-être d'un des concepteurs de Stonehenge.
''- Ne vous faites pas de bile, on les abattra, ces chasseurs" le rassurai-je. J'espérais les abattre. Sinon, Ulysse réduirait en cendres les villes du continent usean.
Je courus vers mon eagle. Heureusement, comme nous étions en état d'urgence permanent ou presque, il était déjà ravitaillé en carburant et missiles. Je grimpai dedans, prêt à dégommer tout les chasseurs que ces terroristes nous enverraient.
J'accélérai immédiatement en sortie du hangar, manquant de quelques mètres de percuter un soldat qui traînait. Je le vis être renversé par le souffle de mes turbines, mais il ne fut pas brûle par le gaz qui en sortait. Je mis la post-combustion au maximum, dépassant le millier de kilomètres heure avant de décoller. Tirant le levier de direction vers moi, j'arrachai mon Eagle à la pesanteur. Une fois en l'air, je repliai rapidement mes roues. Les bombardiers représentaient la plus grande menace, aussi me dirigeai-je vers les blackjacks. Sept Tu160 survolait la limite de la ville. Sachant qu'il était équipé d'un système de leurre à l'arrière, je les attaquai de front, leur envoyant une volée de xmaa sur les bombardiers. Trois d'entre eux tombèrent en flammes. Je passai au travers de leur formation disloqué, puis ralentit fortement. Puis je fis un léger virage, m'alignant sur le reste des cibles prioritaires. Deux Tupolev se trouvaient devant moi à présent Je me mis derrière un Tu-160 et le mitraillai. Des plaques de métal se détachèrent sous mon feu, tandis que ses réacteurs ne crachait plus que des flammes. Au bout de quinze seconde de feu soutenu, ses bombes explosèrent en plein ciel. Je verrouillai un autre, mais deux superflanker me lancèrent une volée de xlaa. Je l'évitai en faisant un Cobra et les missiles percutèrent de plein fouet le blackjack.
''- Ils sont mauvais joueurs, aujourd'hui.'' ironisai-je, étant donné la désignation des Tupolev.
''- Je préfère le poker que le blackjack, Cipher.'' répondit Konrad, rebondissant sur ma blague. Sa répartie me fit rire.
Je venais de rire. Je n'avais jamais vraiment rit, sauf par pur sarcasme.
Il abattit le dernier Tupolev, mais fut touché par une rafale. Son aile droite fut trouée. En plus, ses volets de directions et son aérofrein avaient également pris des éclat. Bientôt, il perdut en stabilité, qualité pourtant grande chez ce chasseur. Pour le moment, il se maintenait en l'air, mais était devenu une proie facile pour les SuperFlanker ennemis.
"- Konrad! Ça va?" demandai-je un peu inquiet, espérant qu'il n'est pas été blessé lors du tir.
"- Je vais bien. C'est pas le cas de mon chasseur. Il commence à partir en morceau." répondit-il, hésitant. Je reconnus l'hésitation caractéristique de la peur de la mort. Je n'allais pas le laisser mourir. Mieux valait que je me sacrifiai plutôt que lui. Au moins, sa famille n'aurait pas de funérailles à organiser si je me faisais descendre. Même si j'espérai bien survivre à mon combat contre les Su-35.
De plus, sa réponse fut confirmé par un message d'alerte de son ordinateur de bord ''intégrité structurelle menacé à soixante-dix pour cent". Ce n'était qu'une mauvaise nouvelle de plus. Il n'aurait jamais le temps d'atterrir, même en urgence. Il risquait de partir en vrille s'il décélérait, et partir en vrille à cette altitude-là reviendrait à foncer vers le sol.
"- Éjecte toi! Tu ne tiendras pas cinq minutes avec ton aile." ordonnai-je, cherchant à sauvegarder mon partenaire.
"- Ok" se contenta-t-il de dire. Il s'éloigna un peu du champ de bataille, histoire de ne pas se prendre de tir amis ou ennemis pendant qu'il redescendrait en parachute.
Je fonçai au plein milieu de la formation de Su35, les empêchants ainsi d'utiliser leur armes longues portée sur moi. Cependant, j'avais peu de chance de ressortir de ce combat entier. J'avais gravement sous-estimés leur nombre, ou alors c'était que des renforts étaient arrivés pendant que nous abattions les Tupolev. Trop occupé par les nués de missiles qu'ils m'envoyaient tour à tour et que j'esquivai à la limite du décrochage, je demandai à la base au sol leur nombre:
"- Ici Cipher, il y a combien de ces fichus Flanker dans le ciel?"
"- crrrr.... Avion... brou.... Illoutchine..... 16...." cracha mon haut parleur, entrecoupé d'étranges grésillements. Le seul mot cohérent était le terme Illoutchine. Je me rappelai des cours de stratégie aérienne à l'Académie. Il était assez habituel qu'une attaque soit couverte par des avions de type awacs, principalement des E-767 ou des E-3 Sentry. Et l'Illoutchine-76 était également un de ses appareils de brouillage qui rendait l'armement guidé au radar inutilisable, ou à la rigueur en tant que roquettes. Mais m'occuper de ce brouilleur laissait Konrad sans protection. J'allais devoir abattre 16 Su-35, et sans possibilité de les verrouiller. Profitant qu'ils me tournaient autour, je pus éclaircir rapidement leur rangs en mitraillant trois Sukhoi qui volaient en formation trop serré. Alors que j'assurai sa couverture, Konrad prit de l'altitude, puis s'éjecta. Son parachute se déplia, puis descendit lentement vers le sol. Je détruisis son chasseur désemparé d'une rafale en plein réservoir pour éviter qu'il tombe sur des civils. Un des Flanker parvint à s'aligner sur moi. Je le laissai croire qu'il m'avait pendant quelques secondes, le temps qu'il me verrouille avec ses xlaa. Au moment ou je vis les missiles se détacher de leur pylônes, j'ouvris en grand mon aérofrein, passant ainsi en dessous du chasseur qui me suivait. Les missiles fusèrent vers l'avant, puis, firent demi-tour vers moi. Juste que le chasseur ennemi se trouvait sur leur chemin. Ses propres missiles l'abattirent. Plus que douze, me répétai-je. Un groupe de quatre chasseur se dirigea vers moi, alignés en un losange volant. Je n'avais pas l'habitude de tourner le dos à mes opposants. Quitte à affronter la mort, autant l'affronter en face. De plus, je diminuai légèrement ma signature radar en les attaquant de front, ce qui leur enlevait l'opportunité de me lancer leurs xlaa. Je leur fonçai dessus, les prenant au dépourvu alors qu'ils avaient surement prévu de me contourner pour me tirer par derrière. J'évitai un premier missile en faisant un tonneau à gauche. Puis je me mis carrément en rotation, évitant ainsi les tirs ennemis. Je me sentais complètement ballotté par l'accélération, tandis qu'ils se rapprochaient de moi. En quelques secondes, ils furent à portés de mes mitrailleuses. Sans interrompre ma rotation, j'ouvrai le feu, criblant les trois chasseurs qui formaient la "tête" de la petite formation ennemie. Ils m'envoyèrent leur xlaa comme des roquettes, sans les verrouiller. Je pus les esquiver en freinant brusquement ma rotation, et les missiles non guidés me frolèrent à quelques centimètres tandis que l'accélération soudaine manqua de me faire perdre connaissance. Je devais rester concentré. Je le devais, pour tout les innocents que Stonehenge devait protéger. Je pus enfin leur lancer mes propres missiles à très courte portée, profitant que les quelques impacts que je leur avais fait limitait leur maniabilité. effectuant un léger lacet entre la gauche et la droite, je parvins à abattre les trois chasseurs que j'avais commencé à détruire. Le dernier dut grimper pour éviter les explosions de ses collègues. Je saisis cette opportunité et l'abattit d'une rafale dans ses prises d'air. L'avion s'embrasa, puis éclata en plein ciel en même temps que ceux de ces frères d'armes. Quand je passai là ou il se trouvait, je dut monter moi même pour éviter la nué de débris en suspension que j'aurais pu percuter
"- Ici...crrr... contrôle, huit enc...." commenta la tour au sol, malgré le brouillage qui ne s'était diminué. Mais Konrad était en sécurité maintenant. Si mon radar affichait juste un cercle gris, je pus comprendre d'ou venaient les signaux de contre-mesures électroniques en volant vers le centre du cercle. Prenant de l'altitude, je me mis à la recherche du brouilleur. Je montai toujours, tandis que les chasseurs essayez de m'abattre en vain. Le brouillage était également devenu trop fort pour eux. Leur propre arme se retournait contre eux. Je me battais à présent à armes égales. Au bout d'une minute et demi de vol, je trouvai le brouilleur. C'était effectivement un Illoutchine-76. Si les contres-mesures et son système de leurre avancé le rendait invulnérable contre mes missiles, il ne pouvait rien contre mes mitrailleuse. Je remontai le long de ce grand avion, arrosant le réacteur droit d'une rafale au passage. Je le dépassai, puis tirant sur mon levier de direction, je me retrouvai face à au poste de pilotage, à quelques dizaines de mètres des pilotes. Je mitraillai sans pitié les servants de l'awacs ennemie, les tuant tel les insectes insignifiants qu'ils étaient sur ma route. Le brouillage faiblit suffisamment pour que je puisse verrouiller l'appareil ennemis ne fussent qu'instant. Et cet instant me permis de lui lancer trois xmaa. La triple explosion fut assez forte pour mettre définitivement hors d'usage le brouilleur. J'évitai la collision avec l'appareil en flamme en montant en chandelle. L'instant d'après, je réalisai qu'il risquait de s'écraser sur un des bâtiments de l'aéroport. Redescendant rapidement, je terminai l'Illoutchine de deux missiles standard sur le fuselage, l'éparpillant aux quatre vents.
"-Brouilleur détruit" confirmèrent les forces au sol. Evidemment qu'il l'était. Et maintenant, les huit Su-35 qui m'avait allait tous tomber. Personne ne survivrait. De toute façon, d'après moi, il n'y avait qu'une règle suprême dans la guerre: survivre. Et ils allaient faillir à cette règle. Je verrouillai quatre des Flanker survivant. Ils furent sévèrement touchés, la plupart sur les ailes, mais volaient encore après mon premier tir. Je réitérai donc mon lancement, ce qui cette fois les transforma en torches volantes. Je piquai sur la dernière formation ennemie, cherchant à leur faire croire que je cherchais la collision. Bien sûr, il n'avait pas envie de s'écraser contre mon chasseur, donc ils s'écartèrent. Je ralentis une fois leur ligne franchis, et m'alignai sur eux. Deux se dirigèrent vers moi, tandis que deux s'éloignaient. J'envoyai mes quatre dernier xmaa sur les plus proches de moi. Les pilotes s'éjectèrent, mais je suivis la trajectoire de leur sièges. J'alignai ma mitrailleuse sur eux, et les terminai. Un peu de sang tacha mon chasseur quand je m'en approcha d'à peine un ou deux mètres. Je pouvais enfin contempler le sang de mes victimes. Si je pouvais remplir un bassin avec le sang de tout ce que j'ai tués ou que je tuerai, je me demandai si ça pourrait remplir une piscine. Peut-être, pensai-je. Après tout, j'avais encore une vie remplie de carnage qui m'attendait. L'un des deux Sukhoi restant se dirigea finalement vers moi, voulant en découdre vu la façon dont il s'adressa à moi par radio:
"- Tu vas mourir pour ce que tu viens de faire! Comment peux-tu tirer sur des parachutistes!" cria-t-il. A défaut d'avoir abîmé mon chasseur, il avait au moins fait souffert mes tympans.
"- Vous êtes pitoyable, mais vous ne méritez pas ma pitié. Prépare-toi à les rejoindre" le prévins-je.
Il tenta de me foncer dessus. J'en avais déjà affronté quelques-un, des kamikazes. Accélérant en mettant la post-combustion, je passai au-dessus de lui. Emporté par sa vitesse, il s'écrasa en dessous de moi sur le sol.
"- Ici tour de contrôle, le dernier Su-35 a un missile..." commença un des opérateurs "de type anti-piste BDSM." hurla un autre, terrifié par les dégats que pouvait faire ce type d'arme. Arme qui soit dit en passant était interdite par la convention de San Salvation. Il attaquait une ville avec une arme qui l'avait interdit, ce qui pouvait paraître assez saugrenue.
"- Roger, je vais l'intercepter asap" me contentai-je de répondre.
Je poussai la manette des gaz au maximum, passant très rapidement le mur du son. Arrivé à portée, je mitraillai ses réacteurs, détruisant au passage son système lance-leurre. Profitant que ses défenses étaient réduites à néant, je lui envoyai deux missiles et le chasseur explosa en morceaux. Mais si j'avais pu tiré mes missiles, le pilote avait également pu envoyer son BDSM pendant sa destruction. Je verrouillai le missile et envoya un missile dessus. Le missile de croisière fit un double virage et évita mon tir. Qu'un simple missile fut capable de m'esquiver me surpris grandement. Heureusement qu'il n'y avait qu'un missile. Pour peu qu'il y en aurait eu d'autre, je n'aurai pas pu les intercepter. Je continuai d'accélérer, passant une deuxième fois le mur du son. Je parvins à m'aligner sur la tuyère du missile et la détruisit par une simple rafale de trente mm. Au lieu d'exploser, il commença à dégager un nuage de gaz. Ca ne présageait rien de bon. Je dégageai de ma trajectoire actuelle à pleine vitesse. Une seconde plus tard, une onde de choc se créa, oblitérant tout au sol et dans les airs dans un rayon de cinq cent mètre. J'avais eu chaud.
"- Vous êtes sur que c'était un missile anti-piste?" posai-je comme question d'information aux opérateurs.
"- Heu... " hésitèrent-ils "Ce n'était effectivement pas un BDSM. C'était un missile thermobarique! Il contient un gaz inflammable qui lorsqu'il est enflammé brutalement provoque une explosion."
"- Merci de l'information. Vous êtes très utile pour commenter après le combat, les gars," ironisai-je en riant intérieurement.
Je me dirigeai vers la piste intacte. Mon acte de dernière minute avait permis de la préserver. J'atterris sans problème, juste un peu fatigué par ce combat intense. Je descendis de mon Eagle après l'avoir parqué dans mon hangar. En en sortant, j'aperçus Konrad qui se dirigeait vers moi. Apparemment, il était retombé sans problème majeur.
"- Alors, Cipher, ils étaient durs à battre, ces ultra-communistes?" m'interrogea-t-il. En effet, couvert en partie par des nuages pendant sa descente, il avait dû manquer mon combat
"- En dehors qu'ils étaient seize, que j'étais seul et sans verrouillage, je m'en suis bien sortis. Enfait, sans leur awacs, c'était du gâteau." soufflai-je, toujours un peu secoué par les très nombreux g que je m'étais pris durant mon Dogfight.
"- En parlant de gâteau..." commença Konrad. Il avait l'air de chercher ses mots, comme s'il ne savait pas si j'allais bien prendre ce qu'il allait dire ensuite. il cotinua tout de même, malgré un air un petit peu gêné: "Ma fille fête son anniversaire demain. Ça me ferait plaisir que tu viennes, histoire qu'on fasse un peu plus connaissance, vois-tu"
Je ne savais pas quoi répondre. Je l'avais sauvé aujourd'hui, j'avais encore le temps de lui rendre ce service supplémentaire. Je n'étais pas très fan des fêtes de ce genre, n'ayant pas de date de naissance précise, mais un peu de joie partagé ne pourrait que me faire du bien.
"- Je devrais pouvoir y aller. Elle aura quel âge?" le questionnai-je, par pure curiosité.
"- Douze ans. Je viendrai te chercher comme ce matin, ce sera plus simple pour toi. étant donné que j'ai compris que tu n'as pas le permis" répondit-il simplement. Douze ans. Elle devrait être assez âgé pour ce que je comptais lui offrir.
"- D'accord, à demain dans ce cas-là."
Il me proposa de me raccompagner chez moi. Je prétextai avoir besoin de marcher un peu en deux dimension après mettre pris un peu trop d'accélération en trois dimension. Enfait, je réservai le futur cadeau pour sa fille.
Je le vis partir en voiture. Cependant, au lieu de rentrer directement chez moi, je fis un crochet par la tour de contrôle. Je n'avais jamais vu les opérateurs, mais je reconnus les voix qui me fournissaient en commentaires plus ou moins utiles.
"- Ah. Voilà notre as belkan du ciel et de l'ironie." m'accueillit un des opérateur que j'avais dénigré un peu pour avoir commenté après l'explosion du missile thermobarique.
"- Du ciel, je le suis peut-être, de l'ironie je sais pas," avouai-je, ne trouvant pas de répliques cinglante à leur envoyer "Il y a des chasseurs biplaces, ici?"
"- Certains nouveaux utilisent des rafales B pour l'entraînement. Vous voulez changez de l'Eagle?" m'interrogea-t-il, passablement surpris.
''- Pour rien au monde je ne changerai de chasseur'' assurai-je ''C'est pour offrir un baptême de l'air à quelqu'un. Je peux en réserver un pour dans huit jours?''
L'opérateur radio, que j'identifiai à sa plaque comme s'appelant Terry, réfléchit un instant. Il parcouru quelques registres et ordres de vol, puis répondit à ma question première :
''- En principe, si vous n'avez pas de mission ce jour-là, je ne vois aucun problème.''
"- Merci, Terry" le remerciai-je pour me permettre d'offrir la seule chose que j'avais : un peu de mes talents en vol.
Je retournai à mon appartement en bus, profitant des nombreuses lignes qui quadrillaient la ville telle une toile d'araignée. Je fus de retour chez moi au bout de quelques minutes, étant donné qu'après l'alerte aérienne d'aujourd'hui il n'y avait pas beaucoup de monde dans les rues. Enlevant ma combinaison anti-g, je regardai mon uniforme de cadet, que j'utilisais toujours malgré ma désertion à présent suspendu à un cintre. Il commençait un peu à se défraichir, mais c'était un des seuls vêtements élégant que j'avais. J'avais bien acheté quelques sweat et polo, mais je n'étais pas très porté sur les chemises et vestes, qui ne me convenait pas. Je me trouvais étriqué dans ce type d'habits mondain. D'ailleurs les mondanités n'étaient pas du tout mes activités de temps libre préférées. Je décidai donc de mettre mon uniforme de cadet au lavage, histoire de ne pas apparaître trop désordonné. J'étais certes un mercenaire solitaire, mais je me devais d'avoir un minimum de tenue en étant invité chez mon ailier. Je m'endormis en me demandant comment était les enfants de Konrad. J'avais dû mal à les imaginer. Nous avions quelques traits en commun: celui d'être relativement grand et d'avoir les cheveux noirs. Et aussi celui d'avoir choisi un Eagle comme chasseur. Pour une fois, mon sommeil fut sans apparition. Les enfants avait le don de mettre de la vie ou il y avait de la mort.
Voici la fin de mon troisième flash back et de mon dix-neuvième chapitre. Ce fut un chapitre riche en actions et en rencontres pour notre mercenaire. Rassurez-vous, le terme BDSM signifie bombe dispersive à sous munition. Oui, parce que je ne voudraispas que certains s'imaginent des choses... Je vous retrouve dans quelques temps pour un autre flash back. D'ici là, notez, commentez et appréciez l'histoire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top