Rencontres useannes, deuxième partie​


San Salvation, 21 octobre 1994, neuf heure.

Je dépendis mon uniforme de cadet qui avait séché pendant la nuit. J'avais certes grandi depuis la première fois que je l'avais reçu, mais le tissu synthétique et élastique qui le composait restait à ma taille. En le regardant avec les pattes d'épaules manquantes, un vide identitaire me gagna. C'était à cet emplacement qu'étaient cousus mes insignes de capitaine, ainsi que ceux de mon escadre. Insignes qui tout deux étaient manquant depuis ma désertion. De plus, la coalition que j'avais rejoins ne m'avait donné ni nouvel uniforme, ni récompense de grade, étant engagé comme mercenaire. Cet absence montrait également mon indépendance et ma liberté, ce en quoi, il fallait l'admettre, j'étais fier. Mais il y aurait forcément un jour ou je m'établirai plus durablement dans une armée d'un des pays composant ce vaste monde. Mais étrangement je sentais que ce n'était pas ici que je devais rester. J'avais certes détruit mon passé, mais il semblait vouloir me reprendre comme la mer qui revient après la marée et que rien ne peut stopper. Je me sentis presque nostalgique. Cependant, aujourd'hui j'avais d'autre occupations qui m'attendaient. En premier lieu, acheter une carte d'anniversaire pour la fille de Konrad.

Hier, j'avais repéré une librairie dans une rue adjacente à la mienne. Remontant une rue nommé d'un nom d'un roi erusean, je retrouvai finalement cette boutique. Elle s'appelait La maison de la plume. De simple vitrine entouré de bois bleu faisait ressortir cette boutique par rapport au reste des bâtiments en pierre qui l'entouraient. Pierre qui fut peut-être blanche il y a quelques décennies, mais que la pollution né des industries avait rendu grise. Ensuite, les poussières nées d'explosion aériennes n'étaient pas forcément très bonnes pour le patrimoine historique. C'était un détail auquel je n'avais jamais pensé. J'évitais certes les pertes civiles en détruisant les avions en plein ciel, mais ça causait des pertes patrimoniale à la longue. Mais bon. Mieux valait endommager ou enlaidir un mur que tuer des habitants. Je n'allais quand même pas faire passer les choses avant les gens. Je n'avais pas beaucoup faits de courses en ville, excepté pour la nourriture et les premières nécessités. Aussi, c'était un des premiers magasin dans lequel j'entrais sans être fondu dans la masse. Une cloche tinta tandis que je poussai la porte, franchissant le seuil du magasin. Sur trois lignes se dressaient des étagères remplies de livres en tout genre, trié par un des étiquettes sur lequels un étrange code était affiché en fonction du nom ou du sujet du livre. Mais ce n'était pas le but de ma visite. J'analysai rapidement les lieux, essayant de repérer s'ils vendaient des cartes dans cette librairie. Elles étaient entreposées sur une étagère métallique à étage, constituée d'un axe central autour duquel était disposés des petits râteliers qui soutenaient les papiers colorés et joliment ornés. Je fis plusieurs fois tourner l'ensemble, essayant de trouver une carte qui s'accorderait avec ma personnalité. J'hésitais entre plusieurs. Le libraire dut remarquer que ma perplexité à l'encontre de ses cartes, vu qu'il s'avança vers moi. En même temps, c'était normal qu'il me remarque, vu que déjà j'étais le seul client dans le magasin à cet heure-là et que j'avais un tic de réflexion. En effet, quand je réfléchissais je me grattais la tête. Je ne savais pas si c'était juste un tic ou si je me grattais à cause du casque que l'on mettait pendant le vol. Quoiqu'il en soit, le vendeur sorti de derrière le comptoir et vint à ma rencontre. Il était vêtu d'un simple pull rouge et d'un jean. L'ensemble s'accordait sur le plan couleur, et le rouge de son haut allait assez bien avec le bleu omniprésent qui tapissait les murs du magasin. Sa question fut simple, même si ma réponse risquait d'être compliqué :

"- Vous cherchez quel type de carte, Monsieur ?"

En fait, sa question était double. Mais étais-je obligé de décliner ma véritable identité ? Ou pouvais-je me contenter d'utiliser mon nom de code. Nom de code qui était plus mon nom réel, au final. Plus personne ne m'avait appelé par mon nom originel que si quelqu'un le faisait à l'instant, je ne sais pas si je me reconnaîtrais. Je répondis simplement au vendeur, expliquant ma venue:

"- Je suis invité à un anniversaire et je cherche une carte.'' J'hésitais un peu sur quoi suivre.'' J'ai du mal à choisir laquelle parmi toutes celles que vous proposez, si vous voyez mon problème.''

''- Je vois,'' répéta-t-il. '' Vous cherchez à en trouver une qui est en adéquation avec votre for intérieur. Vous ne m'avez pas dit votre nom, il y a un problème avec ?"

La tournure de sa dernière question me donna l'impression d'être interrogé. Je faillis répondre que j'allais demander un avocat, mais personnellement c'était peu subtil comme répartie. Et puis généralement, les adorateurs de livres étaient souvent des marginaux, qui aimait l'originalité.

"-Mon nom est Cipher'' articulai-je difficilement, espérant qu'il ne me prenne pas pour un fou avec un nom aussi étrange.

"- Intéressant, comme nom," fit-il comme remarque. Il parcouru des yeux l'étagère, puis s'arrêta sur une carte. Il me la tendit en commentant d'une voix légèrement enjouée "Je pense qu'elle vous conviendra''

En effet, elle ne pouvait que me convenir. C'était une simple carte rabattable, avec dessiné dessus un diable qui jaillissait d'une boîte à ressorts. Tout à fait moi, en somme.

"- Elle me convient,'' conclus-je. Je pris la carte et payai avec les quelques sous qui restaient de mes paies. J'étais certes bien payé, mais uniquement au compte des tués. Je n'avais pas de paie régulière, aussi mes économies se réduisaient assez rapidement. Si je n'avais pas d'opération d'ici un ou deux mois, je risquais d'avoir des problèmes sur le plan financier. Je remerciai le boutiquier pour son bon choix, puis quittai la boutique. Konrad ne devait passer me chercher que dans une poignée de minutes.

Je rentrai chez moi, et pris un stylo. J'hésitais sur le contenu de ce que j'allais écrire. Devais-je rester simple ou plus développer ? Je ne les connaissais pas beaucoup, aussi je n'écris qu'un: ''Joyeux anniversaire. Je t'offre un peu de mes heures de vol''
Peut-être était-ce un peu court, mais je n'en avais jamais écrite et je ne voyais pas quoi rajouter. Pour la première fois de ma vie, j'allais rencontrer une vraie famille. J'allais rencontrer une famille en paix. Je me demandais si je ne risquais pas de troubler leur paix en y allant. Mais une promesse est une promesse, et je comptais bien la tenir.

À onze heures trente, une voiture noire stationna devant chez moi. Je reconnus la Polo de mon collègue. Je n'avais qu'une derrière affaire à régler : ma coiffure. Je passai vivement dans la modeste salle de bain de mon appartement. Elle ne comportait qu'une simple douche et une vasque. Le seul ornement consistait en un miroir. Me regardant dans la glace, je lissai mes cheveux en bataille en une raie vers la droite. Quelques secondes plus tard, je descendis de mon appartement, vêtu de mon uniforme de cadet. Je montai dans sa voiture, la carte à la main.

''- Jolie carte, Cipher,'' commenta Konrad en me regardant d'un air amusé ''Je suppose que c'est le reflet de ta personnalité?''

''- Un peu, Konrad.'' avouai-je.

''Comment s'appelle ta fille?'' demandai-je, afin de ne pas apparaître ignorant. Et aussi par curiosité, voulant savoir les prénoms des personnes auxquelles je pourraient parler.

''- Elle s'appelle Sonia,'' répondit-il simplement. Sonia. Un prénom doux à entendre, enfin c'est comme ça que je le percevais.

Je sortis un stylo de ma veste, voulant compléter ma carte. Je griffonnai à la hâte le prénom après le ''Joyeux anniversaire''.

Vingt-cinq minutes plus tard, nous arrivâmes chez Konrad. Sa maison était un petit pavillon avec une petite haie et deux étages. Une porte vitrée était encadré par deux portes-fenêtres, découpées en carreaux par des croisés de plastique. Deux chiens assis occupaient le deuxième étage. Je descendis de la voiture, contemplant la maison. Il était peut-être militaire, mais cette maison respirait la paix. Je passai le seuil en compagnie de mon ailier et fut accueilli par la maîtresse de maison, une femme d'âge moyen au cheveux brun clair, vêtue d'une simple tunique sur lequel était ajouté un tablier à carreau. Une jeune adolescente se tenait à son côté, logiquement Sonia. Elle ressemblait beaucoup à son père, que ce soit dans ses cheveux noirs ou sa taille grande pour une représentante de la gent féminine. Au final, elle ressemblait un peu au jeune adolescent que j'étais dans mes premières années d'âge ingrat. Il étaient accompagnés d'un jeune garçon, sûrement le deuxième enfant de la famille. Si Sonia tenait de son père, par réciprocité, le garçon tenait plus de sa mère, dont il avait hérité les cheveux bruns.

''- Bonjour, je suppose que vous êtes le Cipher dont mon mari m'a tant parlé. Je m'appelle Sylvie. Voici mon fils Paul et ma fille Sonia.'' se présenta-t-elle. Apparemment, il leur avait parlés de moi. Mais ce qu'il leur avait dit à mon sujet ne concernait qu'eux. La voix avec laquelle elle m'avait accueilli était de loin la plus douce que j'avais entendu. Ça me changeait tellement des voix rudes et fermes des instructeurs ou des opérateurs radio.

"- Je suis enchanté de vous rencontrer," dis-je en leur serrant la main à tous. Je n'avais personnellement pas l'habitude de faire la bise, et encore moins à des gens que je ne connaissais que depuis une poignée de secondes.

"- Bonjour," dit Sonia alors que je lui serrai la main. "Mon père m'avait dit qu'il y aurait un invité surprise aujourd'hui, mais je n'avais pas pensé qu'il inviterait un collègue."

"- Collègue qui m'a sauvé la vie, il faut l'avouer" ajouta Konrad " Sans lui je pense que je ne m'en saurais pas sorti hier." Sa voix était empreinte d'émotion quand il révéla cette information.

"Sauvé est un bien grand mot" repris-je " Je n'ai fait que ceux que j'avais à faire. Je suis sûr que votre père aurait fait la même chose à mon égard."

"- Je n'en suis pas sûr," corrigea leur père. "Je préfère éviter les combats seuls contre seize, tout au plus"

"- Vous pouvez allez dans le salon, pour continuer votre discussion, ce sera plus pratique. Nous passerons à table dans quelques instants" indiqua-t-elle avant de se retourner et de se dirigeait vers une porte verte qui devait donner sur la cuisine, d'après les odeurs que je percevais.

Je suivis Konrad et les deux enfants à travers un couloir tapissé de d'un vert pâle et d'un vert foncé, séparé à mi-hauteur par une frise constitué de vague. Ce couloir débouchai sur un salon aux couleur vives. Si la maison était relativement blanche et froide, tout les murs faisait ressortir une impression chaleureuse, comme l'accueil que m'offrait ses habitants. Dans toutes les pièces de cette maison -enfin celle que j'avais vu- les couleurs contrastaient par leur vivacité avec celles de mon appartement austère. Konrad m'indiqua un siège, tandis que lui et ses enfant s'assirent dans un petit canapé qui lui faisait face, donc tous étaient en face de moi. Sonia fût la première à me poser des questions:

"- Tu es originaire d'où? me demanda-t-elle. Apparemment, elle avait l'air curieuse. J'aimais la curiosité. Je ne comprenais pas que l'on puisse la qualifier de vilain défaut.

"- Je viens du Belka, un petit pays du continent osean." répondis-je simplement, d'une voix que j'essayais de garder la plus neutre possible, malgré le fait que faire remonter mes souvenirs faisait également monter en moi une légère mélancolie. A ma réponse, elle parut pensive. Comme si ce nom ne lui était pas indifférent. En même temps, les conflits successifs avec la fédération oséanne faisait que le Belka était connu pour déclencher les guerres dans l'histoire.

"- Ah oui, j'ai étudié la seconde guerre entre ce pays et la fédération oséanne en histoire." confirma-t-elle ainsi mes suppositions à propos de ces connaissances géopolitiques et historiques.

"- C'est bien de connaître l'histoire, pour éviter de retomber dans les erreurs du passé." citai-je une phrase philosophique "J'espère que nous n'aurons pas une troisième guerre." J'avais beau être rémunéré par les conflits, j'avais l'impression que tout nouveau conflit avec le Belka ne pourrait rien présager de bon pour le futur du monde à venir

"- J'espère plutôt que Ulysse ne nous tombera pas dessus," rajouta Paul. Ah. La chute d'Ulysse risquait de bouleverser plus l'équilibre du monde que n'importe quelle guerre. De plus, malgré plusieurs essais, les tirs spatiaux de Stonehenge s'étaient révélés infructueux, les obus propulsés par les railguns étant pour la plupart détournés de leur trajectoires initiale par la gravité terrestre. J'avais du mal à comprendre comment est-ce que des obus allant à plus de huit mille kilomètres heures pouvait être ainsi affectés. Ça pourrait à la rigueur faire un bon sujet de physique pour n'importe quel prof enseignant cette matière.

Pendant que je racontais mon long voyage intercontinental, les deux enfants ne me quittèrent pas des yeux, avides de récits de guerre. En même temps, j'aurais pu parler avec un pilote de chasse à leur âge, je n'aurais pas manqué cet occasion. Même si leur père en était un d'ailleurs, mais ont a parfois besoin d'un regard neuf sur les conflits.

"- Excusez-moi d'interrompre votre discussion, mais le repas est prêt, intervint Sylvie, qui s'était jointe à nous pendant quelques instants, alors que je racontais le vol d'hier au enfant. "Aussi je vous propose de tous passer à table, et vous pourrez toujours y la continuer là-bas."

Nous nous assîmes autour d'une table ronde, recouverte d'une nappe orange et décoré de motif rappelant des feuilles d'automne. Je m'assis entre Konrad et Paul. Le repas fût composé d'un magret de canard à l'orange. Ce n'était certes pas une spécialité locale, ce qui ne m'étonna pas, étant donné que le nom de Konrad ne sonnait pas très usean. D'ailleurs, il me semblait même que c'était une spécialité en Ustio, un des petits pays qui avait gagné son indépendance suite aux sécessions belkannes induites par la crise économique. J'avais certes du sang sur mes couverts, mais pour cette fois ce n'était pas moi le meurtrier, même si je mangeais un oiseau qui avait peut-être volé il fut un temps. Au moins, je voyais la couleur du sang sans être coupable. Le plat principal nous occupa quelques minutes, puis nous passâmes au dessert Profitant que son père aidait sa mère a débarrassé les assiettes et couverts du plat principal, Paul me demanda mon âge:

"- J'aurais dix-huit ans au mois de janvier." répondis-je, un peu fier de tout ce que j'avais accompli, malgré mon jeune âge.

Sonia parût légèrement distraite. Elle semblait être concentrée sur quelque chose, peut-être essayait-elle de déterminer quel âge j'avais quand j'ai fuit.

"- Ça veut dire que tu as déserté à seize ans. Ton pays ne te manque pas?" me demanda Sonia. Une fois encore, j'avais deviné ce qu'elle avait en tête. Cette jeune fille me plaisait décidément beaucoup, surtout son esprit vif, caractère que je trouvais déterminant en vol

"- Non, j'ai fait une croix sur mon passé," assumai-je, sans toutefois faire mention du massacre de sang-froid que j'avais commis en fuyant "De plus, étant déserteurs, je risquerais d'être arrêté."

Le repas se conclut sur un gâteau au chocolat. Ce simple repas d'anniversaire était finalement et sans aucun doute le meilleur de ma vie, tant sur le plan de la qualité que de l'ambiance. Je complimentai donc Sylvie en conséquence:

"-Sylvie, vous êtes un authentique cordon-bleu" dis-je, même si je ne comprenais toujours pas pourquoi est-ce qu'on appelait le plat cuisiné un cordon bleu un cordon bleu, alors que justement ce n'était pas généralement les cordons bleus qui en cuisinaient.

"- Je suis contente que ça ait plus à tout le monde." me remercia-t-elle de ma remarque positive, avant de poursuivre "Mais tu peux me tutoyer, Cipher. Ça ne me dérange pas."

"- Comme vous..." continuai-je avant de réaliser que je la vouvoyer toujours. J'avais toujours un mal fou à ne pas vouvoyer les gens que je connaissaient depuis peu. " Comme tu veux," me rattrapai-je.

"- Bon, je pense qu'il est temps que Sonia reçoive ces cadeaux," affirma Konrad une fois que nous eûmes tous terminé notre part de gâteau

Nous passâmes ainsi au salon pour l'ouverture des cadeaux. Sonia ouvrit un premier paquet rose, sûrement offert par sa mère. Ce n'était pas que je faisais de la stéréotypisation, mais généralement les femmes étaient plus favorites du papier rose à fleur.

"- Merci beaucoup, maman," remercia Sonia, fixant sa mère avec un regard empli de satisfaction. "Je noterai mes journées dedans," dit-elle en sortant un journal intime de son emballage.

Elle reçut également deux romans de science-fiction, l'un offert par son père et l'autre par son frère. Elle les remercia chaleureusement l'un comme l'autre. Maintenant était arrivé mon tour. Je lui tendis ma carte d'une main un peu tremblante, en articulant d'une voix légèrement inquiète du ressenti de mon cadeau:

"- J'espère que tu l'aimeras." Je l'espérais vraiment. Déjà, j'avais été rassuré en voyant qu'elle n'avait aucune affection oculaire, ce qui ne serait pas pratique pour le vol présumé.

Elle l'ouvrit, et sur son visage se lut plusieurs émotion: tout d'abord la surprise, puis la joie et l'émerveillement tandis qu'elle en lisait le contenu. Apparemment, mon petit partage d'heure de vol allait sûrement bien se passer.

"- Merci beaucoup, Cipher." me remercia-t-elle à mon tour. Puis elle leva un peu les yeux au ciels, peut-être qu'elle essayait de s'imaginer dedans. Puis elle redescendit un peu sur terre -enfin littéralement- et ajouta d'une voix pleine d'envie "Depuis le temps que je rêvais d'accompagner mon père là-haut."

"- Je me doutais bien que ça te plairait."

"- Tu comptes la faire voler dans un appareil civil?" m'interrogea Konrad. Un civil? déjà que je n'avais aucune idée de comment on pilotait ces vieux coucous à hélices, je ne voyais pas les raisons de la priver d'un vrai vol.

"- Non, j'ai réservé un rafale B biplace. Je trouve ça plus original." soulignai-je. "Qu'est-ce que tu veux faire plus tard, Sonia?" la questionnai-je, espérant que l'envie du vol se trouvait en elle et que je lui révélerai des talents cachés.

"- Je voudrais bien devenir comme mon père, pilote de chasse." ajouta-t-elle d'une voix posée. En même temps, voir son père dans le ciel ne pouvait que donner envie de le rejoindre.

"- Moi aussi," rajouta Paul. Apparemment, ils devaient avoir le vol dans le sang, ici. Je me demandais bien quel était le métier de Sylvie:

"- Une famille qui a la tête dans les nuages, en somme." résumai-je "Et sinon, que fais-tu , Sylvie?"

"- Disons que j'ai eu aussi ma part d'actions aériennes." commença-t-elle, avant de poursuivre " Je faisais partie des commando de recherche des pilotes abattus. C'est comme ça que j'ai rencontré Konrad. Mais maintenant je suis instructrice pour les opérateurs radio. C'est plus calme pour la vie de famille."

"- Personnellement, ça ne me dérangerait pas d'entendre votre voix à la place de celles de commentateurs de l'aéroport" assurai-je, trouvant sa voix plus agréable.

"- J'y étais encore un trimestre avant votre arrivé à San Salvation. Il faudra vous passer de ma voix la-haut, Cipher"

Après cette petite série de question, nous continuâmes de discuter de nos vies passés. Je passa sous silence la tuerie que je fis en désertant. Cependant, j'appris que Konrad avait un arrière-grand-père belkan, ce qui expliquait d'ou venait son nom à consonance belkanne.

Je repartis vers dix-huit heures, remerciant une dernière fois Sylvie pour le repas et l'ensemble de la famille pour leur accueil sympathique. Konrad se chargea de me ramener à mon appartement.

"- Je ne pensais pas que tu étais si jeune." dit-il en conduisant, alors qu'on était presque arrivé. Tu paraît en faire cinq de plus, que ce soit en état physique ou en expérience de vol."

"- Je sais, je sais," répétai-je "Tuer mes camarades m'a vieilli psychologiquement."

"Qu'est-ce que tu veux dire par tuer tes camarades?" me demanda Konrad en me regardant d'un air légèrement perturbé.

" On ne m'a pas désigné comme étant le ''Destructeur d'Hoffnung" pour rien" avouai-je. J'hésitais à lui révéler la vérité. Après tout, il m'avait fait confiance hier dans le ciel. J'avais donc toutes mes raisons de lui faire confiance maintenant. Je lui révélai donc mon funeste secret "Je n'étais pas le seul cadet d'Hoffnung cet année-là. J'ai du les affronter en fuyant. Je te laisse deviner le résultat du combat."

" Je vois'' se contenta-t-il de répondre. Après, il était libre de penser de moi ce qu'il voulait, mais je n'aimerais pas qu'il me considère comme un assassin assentimental, ce en quoi je me définissait moi-même.

Konrad s'arrêta devant ma maison et dit alors que je descendis:

"- Je ne suis pas là pour te juger de tes actions passées, Cipher. J'espère seulement que tu feras un bon instructeur pour le vol de ma fille."

"- Je n'ai pas prévu de Dogfight," le rassurai-je. "Il faudra juste que je trouve une combinaison anti-g à sa taille et le vol sera bien."

Je rentrai dans mon appartement fatigué de ma journée mais suffisamment emplie de bonheur pour au moins une décennie. J'avais suffisamment mangé à midi pour m'en passer ce soir. Je glissai rapidement dans un sommeil calme et sans rêve, m'étant endormi joyeux de cette journée riche en rencontres. D'ailleurs, je-ne-sais-plus-quel philosophe avait sorti que les rencontres permettait de rendre les gens plus joyeux car elles augmenteraient "la puissance d'agir et de penser". Jusqu'à ce que l'apparition trouble mon sommeil. J'avais pensé bêtement que comme hier elle ne viendrait pas. Je pensais que le fait d'être heureux, et d'avoir partagé le bonheur d'autre aurait éloigné mes pensées morbides. Mais je devais composer avec la phase la plus sombre de mon âme, qui la plupart du temps surpassait le peu de lumière et d'innocence qu'il restait en moi. Après tout, Cipher avait pour origine Lux giver : le donneur de lumière. Juste que dans mon cas, la lumière était éteinte depuis Hoffnung. Je pensais l'avoir rallumé aujourd'hui mais je n'avais fait que clignoter.

"- Ne t'attaches pas au gens, Cipher. Ton attachement ne te créera que de la souffrance en plus." me prévint-elle.

Elle inversait tout mes sentiments, comme toujours. Je ne savais plus vraiment si je percevais vraiment ce que je vivais, ou si je créai l'opposé. Comme si tout le peu de bonheur que j'avais acquis aujourd'hui allait se transformer en malheur. Comme si le peu de lumière qui était né en moi n'allait que m'assombrir davantage. Ensuite, cela pouvait s'expliquer de façon moins original: quand on éclaire plus un objet, l'ombre qui en découle n'est que plus grande.

"- Laisse-moi tranquille, la mort. Je ne te crains pas." affirmai-je. Même si je devais mourir un jour, j'accepterai mon sort. Evidemment, je préférerai que ce soit le plus tard possible. "J'ai aussi envie de paix. Je ne veux pas que ma vie soit une suite sans fin de conflit."

L'apparition ricana d'un rire sinistre, qui paraissait absolument inhumain, ce qui était normal vu que je ne parlais pas à un être humain. Même mon propre rire que je trouvais étrange était plus réél. On aurait dit une étrange suite de cascade sans fin.

"- Un mercenaire pacifique'' s'étonna-t-elle. Elle réfléchit un instant, avant de me glisser d'une voix qui s'était légèrement adoucie: "Tu auras peut-être droit au repos ici-bas, mais tu souffrira avant de l'obtenir."

Je me réveillai en sursaut, couvert de sueur. Tout ce que j'avais accomplis à présent n'aviais eu pour effet de créer davantage de souffrance. Peut-être que souffrir me permettait de comprendre la souffrance des autres, et ainsi pouvoir ressentir le seul sentiment que je pouvais éprouver: de la compassion. Mais cette limite sentimentale venait de tomber aujourd'hui. Voilà quel était l'avertissement de la mort: si je laissais trop mes sentiments refaire surface, je risquais de ne souffrir que davantage, si je ressentais de nouveau la tristesse et la douleur. Je m'inquiétai subitement pour les habitants du continent usean. Stonehenge réussirait-il à détruire Ulysse? Pouvions-nous lutter contre les forces de notre univers? D'autant plus que selon certaines théories, ce serait des astéroïdes qui aurait apporté la vie sur terre. Il risquait maintenant de la faire disparaître. Le simple fait de fermer les yeux me fit voir des trainés de feu des astéroïdes se consumant dans l'air. Je mis au moins trois quart d'heure à me rendormir, un peu stressé quant au futur du continent.

San Salvation, 28 octobre 1994, huit heures.

Une semaine avait passé depuis ma rencontre avec les Revan. J'avais certes ressenti de nouveau la joie et l'amitié, mais aussi la peur et la crainte. Je ne pouvais pas ressentir que les sentiments positifs sans ressentir les négatifs. Peut-être était-ce mieux de faire comme me suggérait la mort: n'en laisser apparaître aucun pour ne pas être blessé? Cela reviendrait à perdre en partie mon humanité. Absorbé par mes réflexions philosophiques, je ne vis pas l'heure passer. Il était déjà neuf heures moins dix. Je n'aurais pas le temps d'aller à pied à l'aéroport. Quand au bus, je ne le connaissais que partiellement le réseau, qui était en travaux, pour aggraver la situation. Je me rabattis donc sur un taxi. Même en voiture, J'arrivai une demi-heure plus tard, à cause de la circulation. Je me demandais si j'aurais pu garder mon calme en étant à la place du chaufferu, coincé entre toutes ces voitures. Au final, mieux valait que je pilote plutôt que je ne conduise. Il n'y avait pas encore d'embouteillage dans le ciel, et les voitures volantes n'était pas prêtes d'exister. Malgré ces petits retard, j'avais encore une bonne partie de la matinée devant moi pour me familiariser avec le pilotage du rafale B. De plus, je n'avais pas encore trouvé une combinaison anti-g pour Sonia. Mieux valait que je lui en trouve, sinon le vol risquait d'être moins original. En même temps, même moi, malgré mon entraînement de pilote, ne résisterait sûrement pas à de très fortes accélération. Je me rendis donc en priorité à l'arsenal, là ou il stockait tous les surplus militaires. Un officier de liaison était assis derrière un bureau qui rappelait plus un bar qu'un arsenal, par la longueur assez grande. Derrière cet imposant meuble en bois qui séparait les fournitures relativement légère de l'entrée était entreposée toutes les différentes sortes de tenues et d'uniformes, ainsi que des armes de poing derrière leur vitre blindés. M'avançant vers le meuble de séparation, Je posai ma requête à l'officier de liaison:

"- Est-ce que vous auriez des combinaisons anti-g en taille XS?"

Le factionnaire sembla surpris de ma requête. Il me regarda étrangement, du regard de celui qui a une habitude, et qui n'aime pas qu'on les bouleverse. En même temps, je ne suis pas sûr que beaucoup de personnes avaient droit pour leur anniversaire à un baptême de l'air en Rafale. Baptême de l'air qui serait aussi pour moi l'occasion de me familiariser avec un appareil un peu plus moderne et avec quasiment deux fois plus d'informatique que mon F15C Eagle.

"- C'est pour quel usage?" questionna-t-il, toujours aussi surpris. Normal qu'il demande, mais je préférais garder le motif pour moi. En effet, je n'avais pas de supérieur réel en dehors de Konrad et de Isleng, mais je n'étais pas sûr que le second approuve autant que le premier mes activités de loisir.

"- Usage personnel." soupirai-je, essayant de cacher mes intentions.

"- C'est inhabituel, mais je pense qu'on en a." dit-il tandis qu'il tapait ma recherche dans un ordinateur qui était encastré dans le bureau en bois. Puis il me demanda un renseignement auquel je ne m'attendais pas "Pour une fille ou un garçon?"

"Pourquoi cette différentiation? m'étonnai-je. En effet, je ne me souviens pas que les combinaisons que mes sœurs d'armes portaient était différentes des miennes. Ensuite, je n'étais jamais allé voir dans leur vestiaire pour vérifier, autant par respect que par manque d'attrait envers elles.

"- Rapport à la poitrine féminine," répondit-il de but en blanc. "Enfin c'est vrai que c'est pas forcément ce qui intéresse le plus les mercenaire de votre acabit, je suppose?

"- Non, ce n'est pas le cadet de mes soucis." Cependant, je n'avais pas pensé que la pression qu'exerçait ce vêtement pourrait endommager cette partie de l'anatomie féminine. Je répondis finalement rapidement à la question de base du factionnaire "Une fille".

"- Bien, je vais vous cherchais ceci, je devrais vous l'apporter dans une minute" acheva-t-il en se levant de sa chaise. Il se dirigea ensuite au travers des différents rayonnage, tel un magasinier dans une boutique de vêtements. Je me demandais comment faisait-il pour se retrouver à traver ces multiples étagères. En effet, de mon point de vue les vingt rayons devaient au moins s'étendre sur cinquante mètre de long et trois de haut. Il fût de retour quelques instants plus tard, avec l'impression de quelqu'un qui aurait traversé les montagnes de Waldreck à pied.

"- Et bien c'était le dernier exemplaire, vous avez de la chance" lâcha-t-il ces mots en même temps que le vêtements sous poches plastiques sur le bureau. Je pris le paquet et remercia le fonctionnaire de son service.

"- Vous voulez impressionner une future conquête?" se permit-il de me demander, alors que j'étais à mis chemin entre son bureau et la sortie. Sonia aurait été plus âgée, j'aurais peut-être utilisé le vol à cet effet, mais je ne faisais qu'offrir un baptême de l'air à une jeune adolescente. Un peu plus et il aurait pu me prendre pour un pédophile ou je ne sais quoi d'autre.

"- Oh vous, Mêlez vous de vos affaires!" lui rétorquai-je violemment, a deux doigt de lui donner une correction pour ces sous-entendus.

"- Bien, vous faites ce que vous voulez, c'est vous le pilote après tout." termina-t-il ainsi notre conversation. Il faisait bien de l'arrêter là, ou sinon je pense que ça aurait pu dégénérer, étant de tendance susceptible.

Je repartis donc vers le hangar ou l'on m'avais dit que les Rafales étaient rangés. J'ouvris la porte, découvrant pour la première fois la forme du Rafale. Ces chasseurs avait une forme relativement simples. De simples ailes delta avec deux plan canard à l'avant constituait la surface ailaire. Contrairement à l'Eagle, il n'était pas équipé d'aérofrein derrière le cockpit, ce qui réduisait les capacités de décélération de l'appareil. De plus, une simple dérive remplaçait les doubles de mon chasseur habituel. Cependant, les Rafales étaient connus pour leur maniabilité à basse vitesse, malgré un manque de furtivité pour un avion de quatrième génération
Je montai dans le rafale B que j'avais réservé et découvrit le cockpit.


Les systèmes de navigation était totalement différent de celui du F15

Le premier changement était l'informatique omniprésente. De plus, à la place de l'écran radar habituel se tenait un écran LCD ou s'affichait une carte satellitaire de la zone dans un rayon de cinquante kilomètre, rayon probable du radar de cet appareil. La plupart des informations de vol, que se soit la vitesse, ou l'altitude était affiché sur un affichage tête haute, élément quasi sans importance sur l'Eagle. Celui de mon chasseur permettait à peine d'afficher les cibles sur le radar. Enfin, sur le plan du pilotage, le maniement de l'appareil pouvait se faire des deux mains, tandis que le système de réglage de la vitesse était intégré dans une gâchette à l'arrière des leviers de direction, ce qui contrastait avec la manette de gaz de l'Eagle. Le système d'armement était également connectés aux levier de direction, ce qui de loin faisait un peu penser au joystick de certains systèmes de jeu vidéo. Je poursuivis mon étude des systèmes, analysant les différents niveaux d'affichage.

Au bout d'une demi heure d'étude, je pensais avoir assimilés tout ce qui me serait nécessaire à ma séance de pilotage matinal. La première étape était comme toujours de lancer les turbines avec les batteries de bord. Voilà au moins un détail qui ne changeait pas entre les chasseurs . La vitesse de rotation commença à passer les dix milles tour minutes en à peine quinze seconde, soit deux fois plus raidement que sur mon chasseur habituel. Je désactivai le frein de piste et l'avion commença à rouler. J'augmentai les gaz et vis la vitesse qui augmentait sur mon ATH. J'avais beau aimé la modernité, j'avais du mal à me faire à cet affichage numérisé, étant habitué au bonnes vielles aiguilles. J'activai la post-combustion, ce qui causa l'allumage d'un petit symbole noté p/c sur le haut de l'écran à coté de l'affichage de la vitesse. Je roulai alors sur la piste, atteignant rapidement les huit cent kilomètres heure. Je tirai les leviers de direction vers l'arrière et le rafale s'arracha du sol. Je repliai les roues tandis que l'appareil se stabilisait automatiquement. Encore un de ces programmes d'aide au pilotage pour débutant. Je les trouvais totalement inutile. Autant mettre le pilotage automatique en faisant du Dogfight. Ce qui reviendrait à un suicide. Pianotant sur le clavier de commande, je désactivai tout les programmes, sauf celui de verrouillage de l'armement, n'étant pas très familier avec celui de ce chasseur. Sans m'élever de beaucoup, je fis une petite suite de virage, testant la fameuse manœuvrabilité des Rafales à basse altitude. Cette caractéristique se vérifia tout de suite, l'appareil répondant parfaitement au direction que je lui faisais prendre. Quelque part, cela me paraissait logique que ce chasseur ait cette qualité, étant destiné aux portes avions et aux pistes courtes en général. Un des seuls concurrent sérieux de ce chasseur était le Soukhoi33 Flanker D. Un autre aurait put être le F35 lightning, mais ce chasseur était plus connus pour ses retard de fabrications et ses bugs d'avionique que pour sa furtivité relative. Mes acrobaties n'avaient pas dû passée inaperçue, puisque je reçus le message:

"- Alors, c'est comment de piloter un Rafale B?" me demandèrent les opérateurs radio de l'aéroport, qui devait profiter que le radar ne montrait que moi aujourd'hui. Le ciel était calme. Il n'y avait même pas de vol civil. Peut-être était-ce encore une grève des contrôleurs aériens? Je ne comprenais pas qu'ils​ puissent faire grève. Déjà qu'ils étaient payés au moins cinq mille zollar, je ne voyais de quoi ils pouvaient se plaindre. La grève était un mot relativement abstrait parmi les militaires, de toute façon.

"- Pas trop mal," répondis-je​ assez content des qualités du Rafale. "Si je devais me séparer de mon eagle je prendrai peut-être la version C ou M du rafale," avouai-je. Ce n'était pas un chasseur de cinquième génération comme le Raptor ou le Berkut, mais il restait appréciable.

"- On vous le mettra de côté au cas où vous vous faites abattre, c'est promis" assura un des opérateurs d'une voix un brin moqueuse.

Je n'avais pas l'intention de me laisser abattre, au propre comme au figuré. Je n'avais jamais été abattu jusque là et je comptais bien continuer sur ma lancée.

Voyons ce qu'il a dans le ventre, me dis-je en mettant les gaz au maximum. La jauge de vitesse atteint rapidement son niveau maximum. Je fus étonné par l'accélération brusque qui me colla au siège malgré ma combinaison anti-g. Les réacteurs répondaient vraiment plus rapidement que ceux du F15C. Il n'y avait rien d'étonnant là-dedans, vu que les liaisons du F15C se faisait électriquement et celle du Rafale par fibre optique. Je testai ensuite la capacité du chasseur à décélérer, étant à environ mille huit cent kilomètres heures. Je relâchai le système d'accélération et enfonçai celui de déclenchement des aérofreins. Malgré le fait que l'avion ne possédait pas de grand volet de freinage, il perdit très rapidement de la vitesse. Peut-être que l'inversion des réacteurs ou un autre système de ce genre entrait en jeu. Je repris de la vitesse, voulant essayer de voir si je pourrais faire toutes les manœuvres habituelles -himmelman, Cobra et Retournement- avec ce chasseur. Je commençai à cabrer mon appareil, m'élevant presque à la verticale. L'appareil perdit un peu en stabilité, mais ça allait. Arrivé la tête en bas, je basculai l'avion dans le sens des aiguilles d'une montre, me retrouvant vers le haut et terminant ainsi mon himmelman. Je remis un peu des gaz suite à cette manœuvre, puis tenta de faire un Cobra. Mais l'avion n'avait pas la manœuvrabilité et l'accélération nécessaire. Le message ''high-g danger structurel'' s'afficha brièvement, me forçant à interrompre ma figure. Redressant brièvement, je stabilisai le Rafale à la dernière seconde, profitant de la capacité des rafales à se mouvoir à très basse altitude. Au moins, c'était une qualité que j'aimais chez tout les chasseurs, même si je préférais les chasseurs polyvalent au chasseur de supériorité aérienne tels que le EF-2000 Typhoon ou le F-14D SuperTomcat​ ou à ceux d'attaque au sol tels que l'A10A Warthog ou le Tornado. J'atterris quelques minutes plus tard, après avoir tenté de faire un Cobra une deuxième fois. Mais il n'y avait rien à faire, cet appareil n'en avait pas la possibilité. Peut-être était-ce du fait que j'utilisais la version biplace bombardier et non la version monoplace de combat aérien.

Je déjeunai ensuite à la cafétéria de l'aéroport, avec quelques autres pilotes. Ils avait certes fait du couscous, mais je me contentai des légumes, préférant manger avant de piloter. À quinze heure, je vis de l'intérieur du bâtiment la voiture de Konrad arriver, avec sa fille. Je commençai justement à me demander quand ils arriveraient d'ailleurs. Dès qu'ils furent sortis, je me précipitai vers eux, emportant la tenue anti-g au passage. Quand je fus en face d'elle, je vis que Sonia était parcourue d'un sourire, sûrement parce qu'elle s'apprêtait à réaliser un rêve. Il était tellement plein de joie que je ne pus m'empêcher de sourire en retour moi aussi. Après, j'avais aussi réaliser mon rêve en devenant pilote, donc j'étais content que l'on avait un désir en commun.

"- Alors, toujours prête pour le vol, Sonia?" demandai-je, plus pour m'assurer de la réalité des faits que pour obtenir une réponse que je connaissais déjà.

"- Plus que jamais." m'assura-t-elle. Elle avait prononcé ces mots avec une volonté de fer, car elle voulait réaliser son rêve. Je sentais à sa voix assuré qu'elle s'imaginait déjà dans le ciel.

"- C'est parfait. Allons donc au hangar," répondis-je. Nous marchâmes jusqu'au hangar des Rafales. J'ouvris une porte d'un petit vestiaire dans lequel les pilotes avaient pour habitude d'enlever leur tenues de vol. Je lui tendis la tenue anti-g, espérant qu'elle convienne à ses mensurations. anticipant sa question, je lui expliquai l'utilité de cette tenue:

"Vois-tu" commençai-je. J'avais toujours un peu du mal à expliquer certains détails physiques qui à la base étaient abstrait et devenaient concret au cours du vol. ''Lors du vol, tu vas être soumis à des accélérations plus ou moins fortes. Disons que sans cette tenue, tu risques l'évanouissement si je fais des acrobaties à hautes vitesse"

"-Je vois" répéta-t-elle, ayant apparemment compris de quoi il en ressortait. Elle poursuivit avant d'entrer dans le vestiaire "Je n'ai pas vraiment envie de m'évanouir pendant le vol, personnellement"

Au moins, j'avais déjà la mienne de mise, comme j'avais déjà volé ce matin. Elle ressortit une minute plus tard, les joues légèrement rouges. Il n'y avait rien d'anormal à cela, étant donné que la combinaison faisait remonter le sang vers la tête. En dehors de cette rougeur involontaire, cette combinaison lui allait très bien.
Elle se précipita vers le chasseur, avant de s'interrompre au bord des ailes, n'étant pas assez grande pour pouvoir monter sans une échelle. Ce détail m'était complètement sorti de la tête. Je lui fis donc la courte-échelle afin qu'elle monte à bord. Prenant appui sur l'aile à mon tour, je me hissai dessus. Je montai après elle, prenant le siège arrière.

''- Attaches toi et on y va.'' précisai-je, pour qu'elle ne soit pas balloté dans tout les sens si je retournais l'avion, à la verticale comme à l'horizontale.

J'allumai les réacteurs, m'apprêtant à sortir du hangar. Je commençai à rouler quand elle me posa une autre question que je ne m'étais pas posé non plus:

"Euh..." hésita-t-elle, comme si elle allait faire une remarque dont elle ne savait pas comment je l'accueillerais. "On ne devrait pas avoir de parachute?" compléta Sonia, légèrement craintive.

Je me tapai le front par réaction suite à cet oubli. Il était vrai que je n'utilisais plus de parachute depuis ma désertion, n'en ayant pas eu ce jour-là. De plus, cela simplifiait les choses pour moi: tu survis, ou tu meurs en plein ciel.

" C'est vrai que je n'y pense​ plus." avouai-je. Peut-être craignait-elle pour sa sécurité, mais je n'en avais pas compris le besoin pour ce vol. "Mais après tout, il n'y a aucune raison pour que l'on ait à s'éjecter aujourd'hui"

Tout en déplaçant l'avion sur la piste bétonné, je lui expliquai les différentes informations à lire, essayant de rester aussi synthétique que possible:

"- Les leviers de direction de chaque côté servent à incliner l'appareil. Derrière celui de droite tu as l'inclinaison ou l'assiette et le tangage."

"C'est une inclinaison dans quelle sens, le tangage?" demanda-t-elle, assez curieuse quant à ce que l'avion allait afficher.

" Et bien..." hésitai-je quelques secondes, cherchant mes mots. " Le tangage, c'est quand tu incline l'avion sur les côtés et l'assiette c'est vers le haut ou le bas"

"Bien, je crois que j'ai compris" puis elle leva un peu la tête et apercevant le système d'affichage électronique, elle me demanda son utilité.

"Sur ce panneau numérique, ou l'ath comme on dit dans le jargon tu as la vitesse et l'altitude. Évite que l'altitude affiche une valeur négative, c'est toujours mieux" la chambrai-je gentiment, par pur humour.

"- Cipher, je devrais pouvoir retenir vos leçons" m'assura-t-elle, de la même détermination que moi lorsque j'avais fait mon premier himmelman.

Je mis des gaz, la laissant étudier les systèmes d'affichages pendant que je commençais mon décollage. Je la vis faire un petit signe de la main à son père, resté au sol. Tirant les leviers vers moi, j'arrachai mon chasseur à la pesanteur, terminant mon décollage. Je gardai mon avion incliné vers le haut. Dans cette position, l'avion continua de grimper sans que l'on ne se prenne une trop forte accélération. Je laissai l'appareil grimper jusqu'à cinq mille pieds, puis m'alignai sur l'horizon, arrêtant l'ascension. Ma vitesse ascensionnelle se stabilisa au alentours du zéro tandis que le symbole de l'assiette se mit à l'horizontal. Maintenant, le vrai vol allait commencer. Son vol, ou plutôt son envol venait de démarrer. Je comptais lui apprendre les manœuvres de bases, et je verrai pour ce qui est du reste selon si elle retient vite ou pas.

"- Pour faire un virage, inclines l'avion du côté ou tu veux tourner, puis redresse une fois la manœuvre terminé. Et remet un peu des gaz après, on ralentit généralement en tournant" indiquai-je d'une voix calme, commençant ainsi le baptême de l'air. J'étais calme, le ciel l'était aussi, donc je n'avais aucune raison de penser que quelque chose d'imprévu pouvait arriver.

Sonia inclina l'avion vers la gauche. L'avion vira, puis elle redressa un peu brusquement. Je n'eus pas besoin de remettre des gaz, vu qu'elle avait suivis mes consignes à la lettre. Après, c'était normal qu'elle agisse un peu par à-coup lors de son premier vol. Tout le monde avait le droit à un peu de stress lors du premier vol. Elle avait au moins assimilé une chose, celle d'accélérer à partir du moment ou l'avion se déportait sur le coté désiré.

"- C'est pas mal, Sonia." la complimentai-je, espérant qu'être encouragée lui enléverait une partie de son stress. "Tu en fait un à droite pour voir?" suggérai-je, pour voir si elle maîtrisait les manœuvres de bases.

Elle inclina l'avion, puis redressa un peu plus doucement que la première fois. Si au premier virage elle avait cherché à agir rapidement, elle avait du comprendre qu'il fallait agir quand on le devait, comme si on pouvait appréhender les mouvements de l'avion. Il fallait pouvoir sentir le bon tempo pour agir.

"- C'est mieux, tu as agis au moment opportun. N'essaye pas d'aller vite ou lentement. Agis quand tu penses qu'il faut agir." commentai-je, transposant en parole

''- Je vais essayer" répondit-elle. Elle respirait un peu bruyamment, comme pour faire de la respiration abdominale. Elle avait acquis en cinq minutes un réflexe que j'avais mis plusieurs dizaines d'heures de vol à assimiler. En effet, pratiquer ce genre d'exercice en vol permettait d'évacuer la tension mais surtout de diminuer la pression de la combinaison anti-g sur les organes du ventre.

"- N'essaie pas. Fais-le ou ne le fais pas" citai-je ainsi la guerre des étoiles.

"- Je connais aussi, maître Yoda" dit-elle, reconnaissant la phrase de ce petit être vert. ''Et les pédales sous mes pieds, elles me servent à quoi?"

"- Pour le lacet, qui en général sert plus pour rouler au sol que dans les airs. Mais si le lacet permet de bouger latéralement, c'est une manoeuvre assez lente.'' résumai-je ainsi le rôle du lacet. Après, des chasseurs plus maniables pouvaient faire des lacets plus rapidement, ou certains spécialisés dans l'attaque au sol bougeaient plus par lacet pour ne pas avoir à changer l'angle d'attaque.

Elle appuya à gauche puis à droite. L'avion oscilla légèrement d'un côté puis de l'autre, mais ne possédant qu'un volet de direction, cela diminuait la manœuvrabilité sur cet axe là.

''- C'est vrai que c'est un peu plus lent.'' commenta-t-elle, avec un ton de frustration légère dans sa voie. Elle aurait sûrement préféré que le chasseur réponde mieux sur ce plan-là, mais à moins d'avoir un chasseur à poussée vectorielle tel que le Sukhoi37 Terminator ou le F22 raptor, je n'entrevoyais pas de solution.

''- Bien. Tire les leviers vers toi pour monter en altitude." ordonnai-je. Elle se débrouillait bien en latéral. Voyons voir ce qu'elle allait donner en vertical.

Elle cabra l'avion et nous prîmes de l'altitude. D'abord l'avion monta doucement, puis elle enfonça le système d'accélération. Emportés par la brusque variation de vitesse, nous passâmes à travers quelques nuages. Une minuscule couche de givre se forma sur les ailes avant de disparaître, évaporé par la friction atmosphérique. Elle stabilisa le chasseur une fois sortis de la couche nuageuse, soufflant un peu après l'accélération qu'elle venait de subir.

"- Maintenant, fait nous redescendre un peu''

Elle mis quelques secondes à commencer à faire pivoter l'avion vers le sol, ayant été un peu étourdie par la quantité de g qu'elle venait de se prendre. Elle avait fait franchir le mur du son une première fois, et si elle ne s'était pas arrêté en route, elle l'aurait sûrement franchi une deuxième fois au risque de perdre connaissance. Elle venait de prendre goût à la vitesse, plaisir que j'adorais. L'avion descendis un peu plus lentement. Elle se débrouillait donc aussi bien en z qu'en y et x. Je comptais juste lui faire passer un dernier petit test avant de la laisser se reposer et de reprendre totalement les commandes.

''- Je vais faire un tonneau.'' annonçai-je d'une voix un peu plus forte, vu que le bruit des réacteurs était plus important à grande vitesse. "Imite moi après."

J'inclinai les leviers de direction d'un coup, mettant l'avion en rotation. Je laissai ainsi l'avion faire un trois quart de tour sur lui-même​. Puis je commençai à les faire pivoter dans l'autre sens pour couper la rotation. Le mouvement se termina en douceur, comme je connaissais cette manœuvre sur le bout des doigts. Le sang avait dû un peu lui monter à la tête quand nous étions à l'envers, mais elle avait supporté la manœuvre.

''- Je devrais y arriver.'' affirma-t-elle de la même détermination dont elle avait fait preuve pendant tout le vol. J'aimais bien cette détermination. Avoir un esprit fort permettait d'être généralement moins distrait au combat. Après tout, un petit combat serait original pour finir ce vol, mais lui faire abattre un drone d'entraînement n'aurait rien d'original. Elle mit l'avion en rotation, mais je dus l'aider à contrer le mouvement. Je ne voyais que l'explication du manque de force physique au fait qu'elle n'est pas pu réussir par elle-même. Ou aussi que j'avais quelques dizaines d'heures de vol par rapport à elle qui ne pilotait que pour la première fois.

''- Pas mal, pas mal du tout" répétai-je ainsi, complimentant mon élève en l'applaudissant un peu. "Je vais faire quelques manoeuvres. Observe et profite de la vue."

Je cabrai l'avion à la verticale, puis le retournai sur lui-même, accomplissant ma figure préféré : l'himmelman. Je piquai vers le sol, feignant de décrocher ne serait-ce​ qu'un instant, causant l'affichage du message ''Pull out'' sur l'Ath. Le sol ne devait plus être qu'à vingt mètres. Je redressai brusquement tout en remettant des gaz, frôlant de quelques mètres la piste. Mon indicateur d'altitude était tombé à 12 mètres. J'étais vraiment allé très proche du sol, cette fois. Peut-être même un peu trop proche, à en croire l'expression sur le visage de Sonia ou se mêlait à la fois la peur et l'admiration. Enfin c'est ce que moi je percevais d'après la manière dont elle se tenait au levier de direction, légèrement crispé mais avec un grand sourire sur ses lèvres. Je terminai la suite d'acrobatie par un looping et redressai calmement. Elle avait dû prendre plus de g en un quart d'heure que pendant toute sa vie. Comme je l'avais fait il y a à peu près une minute, elle applaudit ma prestation.

''- C'était super. Même si tu n'as que dix-sept ans, tu es un as." me félicita Sonia.

''- Merci du compliment, mais je te le retourne. Tu as ce qu'il faut en toi pour devenir une pilote d'exception, je peux te l'assurer" lui répliquai-je en retour.

La radio nous coupa dans notre séance de congratulations mutuelle:

''- Cipher, on a des spots sur le radars. Dites moi ce que c'est, on n'arrive pas à les identifier.'' m'indiquèrent-ils, avec pour seul renseignement deux points grisés qui se détachaient de la ligne d'horizon. Je me rassurait en me disant que ce n'était pas des Migalev-31 Foxhound, et qu'il n'était pas noir parcouru de lignes rouges, comme mon apparition noctambule et surtout comme les tristement célèbre Vultures belkans.

''- J'ai pas le droit à un minimum de vacances! Flûte!!'' exprimai-je ainsi le départ du peu de calme qui était en moi. Après, un petit Dogfight en deux contre un ne me désolerait pas non plus, mais il n'y avait pas que moi à bord en ce moment. De plus, j'avais pris le siège arrière, ce qui ne m'offrait pas la meilleure vue au combat. Cependant, les Rafales avaient une très grande verrière, ce qui compense ce manque de visibilité.

Je me rapprochai de la zone et vis deux Berkut qui évoluait à basse altitude. Je connaissais relativement peu de choses sur cet aéronef, excepté que c'était l'appareil de prédilection de l'escadre de Kupchenko. Cependant, j'avais vu sur des photos que ceux-là comportait un liseré jaune. La question était surtout que faisais deux avions de cinquième génération belkans à plus de dix milles kilomètres du Belka. Je savais que le ravitaillement en vol existait, mais il aurait fallu que ces chasseurs se ravitaillent au moins deux ou trois fois, n'étant pas équipés d'emplacement pour réservoirs externes.

''- Ici Cipher aux berkuts inconnu. Identifiez-vous ou vous serez abattus!" les prévins-je ainsi que je n'allais pas les laisser violer un espace aérien impunément. Comme dit le proverbe, qui s'y frotte s'y pique. Juste que le 25 mm ça doit piquer un peu plus que les piquants de hérissons. Après, je ne suis pas sûr qu'un hérisson fasse beaucoup de dégâts à un chasseur.

''- Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ta voix, Zéphyr'' Je reconnaissais cette voix. Cette façon de me rabaisser présente dedans. Je reconnaissais une ombre de mon passé qui ne voulait pas mourir. Un mort toujours en vie dont je devais terminer d'appliquer la sentence. ''Tu pensais m'avoir tué à côté de Sudentor. Aujourd'hui est l'heure de ma revanche!!''

''- Robert,'' soupirai-je, exaspéré d'avoir à faire face à cet incapable une fois de plus. "Finalement, tu es un dur à cuire. Je m'assurerai cette fois que tu crâmes, autant être prudent"

"- Qui c'est?" me demanda prudemment Sonia. Elle était en train de se demander ce qui lui avait valu le fait d'assister à du Dogfight. Et surtout pourquoi est-ce que ça lui arriver à elle en particulier. Je n'ai pas l'habitude des coïncidences, et je savais que cette journée avait déjà démarré de changer la vie de Sonia.

''- Une personne que je pensais avoir tué il y a un an,'' expliquai-je calmement, ce qui relevait de l'exploit dans la mesure où à présent seul brulait en moi la flamme de la haine dont les braises étaient toujours incandescente, cachés sous un peu de bonheur relatif. "J'aurais voulu que tu n'assistes pas à ça."

"- Tu sais, j'ai déjà regardé des films de guerres assez violent, donc j'ai pas tellement peur," me rassura Sonia quant à mes propres et ses inquiétudes. Au moins, voir un chasseur exploser ne la choquerait pas trop.

"Et bien, tu n'as pas déjà attaqué, Cipher?" souligna mon opposant, arrogant comme toujours, même à l'acte de la mort. ''Tu as peur?"

Je n'avais jamais eu peur face à lui. J'avais eu plus de frissons contre mes anciens amis de l'Académie. Eux au moins avait du talent. Tandis que lui en était dépourvu. Peut-être se basait-il sur le fait qu'il pilotait un Berkut et moi un Rafale. Mais même s'il pilotait un Raptor ou un T-50 PAKFA et moi un Stuka de la seconde, je serait sur de le battre.

"- C'est toi qui devrais avoir peur. Je ne te laisserai pas partir d'ici entier et vivant!" m'écriai-je, avec la seul volonté de l'abattre et de le voir brûler, lui comme le chasseur. Et tant pis pour son camarade suicidaire.

J'attaquai donc l'autre Sukhoi en premier. Il ne devait pas être très à l'aise avec, car il mis trop de temps à me verrouiller. Heureusement pour moi, l'armement longue portée du Berkut consistait en des missiles semi-actifs guidés par un pod laser situé en dessous du chasseur. Je pris de l'altitude et de la vitesse et passai au dessus du chasseur ennemi, rendant inopérant une partie de son armement. Profitant de la grande maniabilité du Rafale à basse altitude, je fis un virage serré et me retrouvai ainsi dans ces six heures. Une cible parfaite, en somme. Pressant le bouton de tir, je l'abattis avec trois mica du rafale. L'avion explosa en vol et ses restes touchèrent le sol peu après. Une alerte missile m'obligea à changer ma direction. Robert avait du réussir à me verrouiller. Mais il me suffit de sortir de son axe de tir, ce que je fis par un léger lacet sur le côté. Le missile suivis son chemin et explosa au sol, ne causant heureusement ni destruction ni blessés. Je fis donc un himmelman alors qu'il essayait de me re-verrouiller. Ce faisant, je me retrouvai pile poile en face de Robert. Je lui envoyai une volée de MICA dans sa prise d'air, avant qu'il puisse réagir, endommageant très gravement ses moteurs.

"- Joli coup," acquiesça Sonia, qui apparemment, d'après la voix enjouée avec laquelle elle avait prononcé ces mots était ravie de ce Dogfight imprévu.

Je décélérai brusquement tout en tournant vers la droite, me retrouvant derrière son Berkut. Il tenta de m'esquiver en grimpant, mais ce faisant il alignait son cockpit sur ma mitrailleuse. Je pressai la détente et je vis la verrière de son chasseur être pulvérisée. Il devait être mort maintenant. Mais je préfèrerais être certain de sa destruction. J'achevai le chasseur d'une paire supplémentaire de mica. Le chasseur explosa en plein ciel, ne laissant aucune chance de survie au pilote, même s'il n'en avait déjà plus aucune.

''- Berkuts abattus.'' résumai-je à la tour de contrôle. "Je rentre et j'atterris."

"-Bien. Vous êtes bon pour un atterrissage sur la piste trois" confirma la tour de contrôle.

''- J'ai bien aimé le dogfight final.'' me congratula une dernière fois mon élève.

''- C'était pas prévu au programme.'' assumai-je. ''Tu dois penser que je ne suis qu'un mercenaire sans pitié et assentimental"

''- Tu es sûrement sans pitié, je dois l'admettre, mais assentimental je ne sais pas trop. Mais sinon, ça m'a juste donné encore plus envie de devenir pilote de chasse. Je voudrais pouvoir me battre comme tu l'a fait aujourd'hui.''

"- Et bien j'espère que tu réaliseras ton souhait, Sonia" l'encourageai-je après qu'elle m'est accepté comme je suis.

J'atterris rapidement, tranquillisé par son calme apparent. Elle enleva sa tenue anti-g, et eu la soudaine impression d'avoir des fourmis dans les jambes peu après. C'était normal, vu que le sang partait plus vers le cerveau et moins vers le bas du corps quand on portait cette tenue. Je dus l'aider à marcher quelques mètres, mais rapidement elle retrouva le plein usage de ses pieds. Ce léger état s'expliquait facilement du fait que c'était son premier vol, même s'il n'avait duré pas plus d'une heure. Konrad nous offrit chacun une boisson énergisante pour nous remettre de nos émotions, surtout à sa fille car comme moi il craignait qu'elle n'ait quelques séquelles psychiques après avoir vu des gens réels mourir. Mais elle semblait se porter comme un charme. Après tout, moi aussi je supportais plus que bien de tuer des gens, puisque j'aimais ça.

Nous parlâmes un peu des différents chasseurs existant, essayant de parler de modèles rares tel que l'X-29A, un chasseur à aile inversé, comme le Berkut, ou le YF-23 Black Widow, qui fut à un moment le concurrent du Raptor. Emportés par nos discussions, nous ne vîmes pas les heures passer. Nous commencions à nous éterniser quand sept heures sonna. Konrad me déposa chez lui avant de rentrer chez lui. Sonia me remercia une dernière fois des fantastiques heures qu'elle venait de passer en ma compagnie. De la voir si heureuse après ce vol, après avoir même vu la mort me fit beaucoup d'effet. Peut-être y avait-il encore pour moi l'espoir d'une vie meilleure ? Si je pouvais susciter le bonheur, pourquoi ne pourrai-je moi-même être heureux. Je soupai ensuite de légumes réchauffés que j'avais achetés en boîte il y a peu. L'appétit venait difficilement après mes émotions qui m'étaient un peu restées en travers de la gorge.

Malgré les sentiments et sensations contradictoires qui peuplaient mon esprit, je parviens à m'endormir. Cependant, une chose troubla mon sommeil: le fantôme de Robert. La mort troubla également mon sommeil, mais en chassant l'autre apparition elle me tranquillisa un peu:

''- Tu sais que tu tueras encore. Pourquoi est-ce que ça te bouleverse?'' s'inquiéta-t-elle. Peut-être s'inquiétait-elle de voir ces quotas de mort quotidien diminuer? En même temps le continent usean était redevenu anormalement calme. Comme si tout le continent retenait son souffle avant l'arrivée d'Ulysse. Mais comment se passerait cette rencontre, ça personne ne pouvait le dire.

''- Je voulais éviter à Sonia de voir un corps à moitié découpé par du 30 mm.'' m'expliquai-je. Quelque part, j'avais reconnu pas mal de moi en elle: la volonté d'être pilote, un talent quasi naturel. Juste qu'elle avait encore son innocence et sa famille.

''- Elle aussi souffrira. De toi et d'autres.'' clama l'apparition de sa voix mystérieuse et impersonnelle.

''- Quoi? Explique toi!'' criai-je, en colère contre moi-même. Sans le vouloir, j'avais sûrement modifié le futur de cette jeune fille.

''- Tu ne peux connaître tout à l'avance. Même la mort fait parfois des erreurs.'' acheva-t-elle avant de disparaître dans un ricanement sinistre.

Je m'éveillai d'un coup, tiré de mon sommeil non réparateur, affolé suites à ses déclarations prophétiques. En quoi pourrais-je faire souffrir une fille de douze ans? Sauf à la rigueur en lui ayant montré la mort de très prêt en tuant devant ces yeux. Yeux innocent qui n'avaient du sûrement jamais voir la mort et la destruction d'aussi prêt que cette après-midi.
Je savais qu'il faudrait que je retourne en belka pour vaincre enfin et pour toujours mes démons intérieurs et originels. Mais ne venais​-je pas de m'en créer ici en Usea par mes diverses actions? Devrais-je également faire d'autres massacres pour me libérer des dernières chaînes de mon passé ? À ces questions, je ne pouvais que mettre des hypothèses saugrenues dessus. J'espérais vraiment que ma deuxième question - à savoir faire de nouveau massacre - se ferait et ne se ferait pas en même temps. En effet, j'étais un mercenaire sanguinaire et solitaire, rêvant de grandeur, de reconnaissance et d'être craint. Je ne pourrais rester dans l'histoire quand combattant pour ce que j'ai défendu pour moi mais en l'appliquant aux autres : pour la liberté. Mais au fond de moi, une part de lumière voulait espérer atteindre la paix, qu'elle soit en moi ou autour de moi. Mais la paix est-elle vraiment accessible? Ou est-ce que le monde risquait de se détruire par lui-même , à cause de la bêtise des hommes? Je me rendormis en essayant de faire une synthèse de tout ça, c'est à dire en me disant qu'il y avait des conflits, mais que notre monde pouvait peut-être arriver à tendre vers une harmonie reposant sur la liberté et sur un monde non plus tourné vers nous-mêmes mais tourné vers le futur, vers ailleurs. J'espérais vivre assez longtemps pour pouvoir voir un tel monde se créer.

Fin du troisième chapitre ( j'en avais marre du voilà.) La rencontre avec les revans aura de l'importance dans le futur. Le nom Revan vient de dark Revan, un sith et un jedi de Star Wars the Old républic. J'ai remplacé les missiles standard par les MICA, qui sont leurs équivalents sur les rafales actuels. On se retrouve pour la mission numéro douze au prochain chapitre.

Mise à jour 2017: OK, j'ai très beaucoup pas mal rallongé ce chapitre... Quand je pense qu'au départ je l'avais fait si cours et que maintenant j'ai dépassé les 10000 mots. Je me sens comme le jour où j'ai découvert le PLASMA !!!(nan je rigole, il faut vraiment que j'arrête de fantasmer la dessus) Bon, j'espère que vous apprécierez plus la version corrigée que l'ancienne, en même temps le contraire m'étonnerait beaucoup, à moins que vous détestiez le passé simple... Oui, j'avoue devant mes lecteurs avoir détruit ce temps de l'indicatif passé lors de mon premier jet... Mais bon, ne regardons pas toute les fautes des verbes finissant en a mais la Puissance du PLASMA !!! Bon, bonne lecture (enfin j'espère que vous avez bien lu, j'aurai dû mettre ça au début, peut être... Et à plus dans l'avancement des corrections, la j'ai trois tags assez costaud à faire donc je vais prendre un peu de retard... ''See you again, readers''

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