Chapitre 38 - Tian
IMPORTANT
Pour les personnes ayant lu le chapitre 36 avant fin décembre, la scène de fin de celui-ci a été enlevée et remaniée pour coller à ce chapitre ici.
Il s'agit d'un remaniement classique d'encours. Merci pour votre compréhension !
Pour les autres, profitez simplement :)
***
**
*
— Je pense que je ne me lasserai jamais de cette vue.
— Flatteur.
Pourtant, Tian pensait chacun de ces mots. Les dire leur donnait un poids et un pouvoir qu'il n'imaginait pas avant qu'ils franchissent ses lèvres. D'un mouvement vif, il jeta la chemise qu'il venait d'ôter du corps alangui sous le sien. Des muscles fins et nerveux, une peau d'albâtre, une manne de cheveux châtain qui s'était déjà éparpillée sur les oreilles. Entre ses cuisses, celles de Gabriel, nues. Ici, le slip était simple, noir et moulant. Tian ne pouvait pas manquer l'excitation qui se manifestait sous le vêtement. C'était différent de ce qu'il aurait trouvé chez un autre homme, il en avait conscience, mais savoir qu'il rendait Gabriel dur lui retournait l'esprit. Pourtant, il se contint de poser les mains sur lui trop directement –de justesse, ses doigts fébriles tandis qu'ils glissaient sur la peau claire et chaude– et laissa sa bouche honorer la peau à disposition.
— Lentement.
Elle était chaude. L'odeur de Gabriel envahissait tous ses sens, l'enfermant dans un monde de volupté qu'il prenait enfin le temps de découvrir, plutôt que dans un bureau qui les maintenait hors du temps et du travail. Cette pièce toute entière respirait Gabriel. Différente de tout ce qu'il avait pu imaginer, seul dans sa chambre quand arrivait le soir.
Avec une lenteur dont il ignorait si elle était suffisante ou exacerbée, Tian fit glisser sa langue sur le torse de Gabriel, se repaissant de sa douceur et de son goût.
— C'est bien.
Un frémissement agita son corps et son ventre au contentement que son compagnon ronronna.
Depuis le début de la soirée, l'ambiance avait quelque peu changé, les habitudes de Gabriel s'étaient faites plus visibles, sa tendance à ordonner sortant naturellement. Comme si une nouvelle barrière, durant la journée, avait sauté. Ou comme si l'homme savait que cela fonctionnerait sur Tian. Ce dernier découvrait de nouveau à quel point sa queue bandait dur sous de tels mots, quand bien même il n'y avait aucune promesse pour plus que des caresses. Ça lui convenait. Il l'avait promis à Gabriel. Rien que cet homme n'autoriserait. Et pour tout ce qui serait demandé, eh bien... Il était curieux de savoir jusqu'où lui-même était capable d'aller. Surtout après une telle attente, un tel désir qui l'avait consumé auprès d'autres hommes pour compenser.
Ne main glissa dans ses cheveux. Aussi lentement qu'il le pouvait, tian laissa sa bouche errer. Là, sur le torse de Gabriel, d'un téton rose à un autre. Les bourgeons de chair étaient érigés, indépendamment de la température de la pièce.
— Serre.
Il obéit. Du bout des doigts, il vint les attraper, pinçant doucement d'abord. Le regard attentif de Gabriel sur lui le fit serrer plus fort. Jusqu'à ce qu'un souffle tremblant passe ses lèvres, aussitôt réprimé.
— Lâche.
Sa prise se défit aussitôt.
Gabriel le dévisageait toujours, cette fois en silence. Ses prunelles miel étaient plus sombres, sous l'excitation et la lumière basse. Ses lèvres étaient rougies des baisers incessants depuis qu'ils avaient réussi à ôter chaussures et manteaux, pour se loger dans la chaleur douceâtre du couloir, puis du salon. Son regard se faisait paresseux sous la montée du plaisir, pourtant son expression était tout en retenue. C'était frustrant, mais Tian se doutait que ce n'était pas la première fois qu'il agissait ainsi. Le contrôle était présent dans la vie de Gabriel sous toutes les formes. Qu'il soit si ouvert ce soir-là n'était qu'un éclat de ce qu'il pourrait être s'il se laissait aller un jour.
Peut-être avec lui, s'ils parvenaient à construire un futur après ces premiers jours à batifoler comme des adolescents. Il n'était sûr de rien.
— Un problème ?
L'incertitude soudaine dans la voix de Gabriel le fit revenir à l'instant présent. Tian plongea son visage dans le dernier tissu qui lui barrait la possibilité de profiter le plus possible.
— J'ai envie de toi, souffla-t-il. Je peux?
Il sentit les muscles se relâcher légèrement. Gabriel était-il si tendu que cela ? Une main apparut dans ses cheveux, dans un accord silencieux, et il frémit en sentant le sexe contre sa joue à travers le tissu.
Le corps de Gabriel bougea, les muscles s'étirant brièvement. Le tiroir de la petite table de nuit grinça, puis claqua, et il reconnut le bruit inimitable des petits carrés d'aluminium sur les draps.
— N'oublie pas ça.
— Pas de souci.
Un jour, peut-être. Il entendait bien assez ses collègues vanter le plaisir du bareback, ou devenir tout mous quand ils étaient de retour avec des analyses impeccables pour pouvoir se passer du préservatif. Pas demain la veille, songea-t-il vaguement.
En attendant, il avait de quoi s'occuper, et une capote ne serait pas suffisante. Il en avait bien l'intention, en tout cas. Ses doigts glissèrent lentement sous le tissu serré. La première chose qu'il y rencontra, ce fut la forme des testicules et il se gorgea de la façon dont ils étaient gonflés par le désir. La peau de Gabriel était toujours brûlante. Un soupir le poussa à aller plus loin. Il tira doucement le tissu, attentif aux réactions de son amant. Sous la faible lumière de la pièce, il se délecta de la toison brune qui apparut. Un homme qui ne s'épilait pas et qui avait encore l'odeur du savon du matin était un délice qu'il ne pouvait pas laisser passer sans rien faire. Son sexe était là, pointant sans honte au milieu des boucles brunes. Tian leva les yeux, rencontrant le regard si brutalement intimidé de Gabriel qu'il en fut décontenancé pendant un instant. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait son sexe. Cependant, il devait bien avouer qu'il y avait toujours un aspect un peu nouveau dans cette configuration, peu importait tous les jolis mots qu'il avait employés. A lui de faire en sorte qu'ils ne soient pas des mensonges. Sa langue glissa contre sa forme. L'odeur de Gabriel lui donnait le sentiment de l'envelopper. S'il fermait les yeux, l'homme était partout. Autour de lui, sur lui, ses doigts dans ses cheveux, sa nuque, ses joues. Il tendit une main pour attraper un des préservatifs.
Du bout des doigts, il parvint à dérouler le latex. Gabriel était silencieux, ce qui ne lui convenait pas. Il avait envie, besoin même, de le voir s'abandonner à lui. Peut-être que ce ne serait pas parfait, pas aujourd'hui, c'était certain, mais si la confiance aboutissait entre eux, y parviendrait-il ? Sa bouche plongea, et le plaisir de sentir le membre court dans sa bouche le fit fredonner d'appréciation. Gabriel pouvait dire ce qu'il voulait, pour lui c'était une taille parfaite. La largeur était juste ce qu'il fallait, la longueur reposait simplement sur le bout de sa langue et lui permettait d'en faire tout ce qu'il voulait. Pas de concours d'étouffement, ce qu'il détestait chez certains qui avaient la folie de la taille.
Lentement, il s'enroula autour, prenant le temps qu'il n'avait pas eu jusqu'à présent, depuis le premier réveil dans le lit de Gabriel. Ça avait été un peu chaotique, un peu empressé. Sa main glissa sous les bourses, s'attirant un sursaut de surprise de son compagnon, puis un gémissement rauque fila droit dans l'entrejambe de Tian quand il les pressa légèrement. Et cela le frappa soudain : Gabriel n'avait probablement jamais connu de moment intime normal. De rapports réellement à deux, où la volupté de l'instant les emportait.
Même avec des coups d'un soir, Tian connaissait ces sentiments, ce plaisir qui se renouvelait et poussait à le chercher encore et encore. Son autre main remonta, s'insinuant sous le tissu de la chemise pour caresser les muscles présents. A chaque fois, il s'étonnait du corps plus fort qu'il ne le laissait paraître. Attisé par la dureté sous ses doigts, il enfonça son nez jusqu'au pubis de Gabriel, enroulant sa langue encore et encore, écoutant les sons discrets émis et se calant sur eux pour œuvrer. Plus loin. Serrer les joues. L'aspirer. Le cajoler. Recommencer. Plus fort. Plus vite. Les doigts de Gabriel se refermaient de plus en plus, devenant presque douloureux sur son crâne lorsqu'ils devinrent des poings dans ses cheveux.
— Tian, at... je...
Plus fort. Il l'aspira, s'attardant sur le gland qu'il ne pouvait pas manquer, épais juste comme il l'appréciait, et un râle étranglé résonna au-dessus de sa tête. Le corps de Gabriel se tendit, puis s'arbouta sur le matelas. Tian pouvait sentir le tremblement dans ses jambes alors que le bout du préservatif se remplissait sur sa langue. Lentement, il le laissa glisser entre ses lèvres. Sa propre érection était coincée entre son propre corps et la jambe de Gabriel, glissée entre ses cuisses. Pour une fois, il préférait ne pas s'en occuper. Ce n'était pas pour lui. C'était pour l'homme qui le maintenait sur le fil en toute occasion.
Et s'il devait être le premier à apprendre à Gabriel ce qu'était une relation à deux, alors qu'il en soit ainsi :
— Tu vois ça? souffla-t-il en relâchant le sexe. Il est parfait. Ne me le cache jamais.
Les paupières de Gabriel papillonnèrent, son regard encore perdu dans les affres du plaisir d'où il redescendait lentement. Sa bouche entrouverte ressemblait à une invitation, mais Tian tenta d'ignorer son désir. Sans succès, probablement, car Gabriel se redressa, le regard rivé sur son entrejambe. Dans son regard, mille envies. Sur ses traits, une détermination qui apparaissait.
— Ferme les yeux, souffla-t-il. Allonge-toi.
Curieux et surpris, Tian obéit une fois encore. A peine eut-il fermé les yeux que la grande main de Gabriel poussa sur son torse, le précipitant dans les draps, son corps rebondissant légèrement sur le matelas. La perte de repères fut immédiate. Les oreillers étaient trop loin de sa tête pour qu'il définisse sa position exacte. Ce n'était que le lit de Gabriel et il n'était pas si grand, pourtant son cœur battit un peu plus fort.
— N'ouvre pas.
Il hocha la tête, serrant les paupières pour combattre l'envie de regarder. L'interrogation quant à la position de Gabriel disparut quand ses poignets furent emprisonnés par les grands doigts chauds de l'homme et ramenés au-dessus de sa tête, sans qu'il ne puisse dire un mot.
Gabriel demeura silencieux. Tout à coup, la caresse de ses cheveux sur son ventre le fit sursauter.
Puis, sa bouche sur sa peau, glissant le long de son ventre. L'autre main suivit dans un contact léger.
Oh.
Un élan de déjà-vu fit surface. Impossible de retenir son sourire.
— Quelque chose t'amuse, Norbert ?
Fin du sourire. Tian grimaça :
— J'oublie toujours que tu as vu ma carte d'identité.
— Eh bien, j'ai tout ton cursus entre mes mains...
Sans crier gare, la main libre de Gabriel se referma sur son sexe dur.
— ... et ta queue.
A son oreille, la voix de Gabriel chuchotait, chaude et coulante comme le miel.
Sexy.
Envoûtante.
— Nous avons un « premier rendez-vous » à rattraper, je crois.
Rendez-vous ? Ce rendez-vous à l'hôtel, quand Gabriel s'était enfui ?
Son cœur battit plus fort encore. Il parvint à garder la bouche fermée, sans savoir par quel miracle. A l'époque, il avait dit « pas un mot », mais...
— Je veux tous tes sons, Tian. Tout ce que tu pourras me donner. Le moindre de tes soupirs.
... mais le jeu avait un petit peu changé depuis.
Son premier gémissement fut pour la bouche qui ne se posa pas sur son sexe.
*
Tian cligna des yeux. La chambre était encore plongée dans l'obscurité. La chaleur sous les draps était aussi étouffante que délicieuse et l'idée de la quitter acheva de le réveiller. Sa vessie le tiraillait au point de le sortir du lit, à pas de loup afin de ne pas éveiller Gabriel. Le bras glissé autour de sa taille retomba mollement sur le matelas, dans un petit bruit qui lui fit étrangement plaisir. C'était le genre de chose qui s'incrustait dans vos souvenirs pour y laisser une marque indélébile, ce petit « poum » simple et idiot, et que vous ne pouviez raconter à personne. Un petit son si intime, en bien des manières, qu'il se hâta de traverser la petite pièce avant que son esprit ne s'égare plus loin.
Dans le couloir, le froid le prit par surprise et il se rappela trop tard qu'il n'était pas suffisamment habillé pour se balader dans un appartement dont toutes les pièces n'étaient pas chauffées la nuit. Chez lui, c'était plus simple : il n'y avait que deux salles. Petit, mais pratique au quotidien pour lui, tant qu'il était seul et n'avait pas de besoins particuliers.
La lumière vive des toilettes l'aveugla, l'obligeant à presque fermer les yeux durant son petit, tout petit séjour dans le mètre carré d'espace dédié. Quand il en sortit, la lumière disparaissant, l'obscurité ne lui parut pas aussi profonde qu'il l'avait cru. Peut-être parce que, par la porte entrebâillée du salon, un rai de lumière tranchait, attisant sa curiosité aussitôt qu'il s'en rendit compte.
Il y avait du bruit. Une chaise qui raclait légèrement. Un tapotement d'ordinateur.
Un miaulement retentit soudain.
— Putain ! jura-t-il entre ses dents.
Une forme glissante et douce venait de se faufiler entre ses chevilles nues, le faisant sursauter. C'était définitivement plus petit que le Maine coon de Gabriel, mais l'ombre qui semblait ramper sur le sol se rua vers le salon et ouvrit un peu plus la pièce pour s'y faufiler.
Une voix s'éleva, indistinct, puis un petit rire.
Le simulacre de silence reprit.
Curieux, il s'approcha. Le clavier était de nouveau en action quand il poussa la porte. A l'intérieur, la lampe la plus faible était activée, maintenant une lumière jaune et basse. Son corps se relâcha quand il reconnut la silhouette recroquevillée sur le canapé, deux grands yeux sombres tournés vers lui. Un petit, tout petit chat noir essayait de grimper sur l'épaule d'Aaron, qui faisait en sorte de ne pas faire tomber son ordinateur portable.
— Oh, désolé. Je t'ai réveillé ?
— Mh, non. Toilettes.
Aaron rit doucement.
— Aussi disposé à la discussion que Gaby quand tu te réveilles.
— Qu'est-ce que tu... vous... fais là ?
Les mots se mélangeaient un peu. devait-il le vouvoyer, le tutoyer ? Théoriquement, c'était son patron.
— Tu, dit Aaron. Je fais quelques recherches.
— Et dormir ?
— Après.
Avant de s'en empêcher, Tian se laissa tomber aux côtés de l'homme. Son accoutrement avait quelque chose de mignon et innocent, avec son pyjama à carreaux rouges et noirs, ses boucles brunes et blondes et les épaisses tâches de rousseur qui traversaient son visage. Quand il parlait, ses fossettes se creusaient et rendaient justice à son âge –peut-être le même que Gabriel, à peu de choses près.
La page sur l'écran l'intrigua.
— Gabriel m'a dit que vous... tu cherchais un appartement, grogna-t-il aussi aimablement que l'heure avancée de la nuit le lui permettait.
Aaron souffla quelque chose, le mot « ours » sortant plus clairement que le reste.
— C'est exact.
— Pour un mec ?
— Il parle autant que ça ?
Tout en posant la question, il avait légèrement haussé les sourcils, son regard rivé sur l'écran comme si de rien n'était. La liste des appartements défilait sur une page et Tian distingua plusieurs onglets avec les noms de plusieurs agences immobilières.
— T'as pensé à regarder du côté des particuliers ?
— Je pense que tous les sites de Bordeaux ont mon numéro de téléphone, à force.
— Et toutes les agences, bientôt.
— Non, déjà fait.
Ses réponses étaient un peu laconiques, à l'opposé de l'image qu'il donnait lorsqu'on le croisait au Manoir. Laquelle, cependant ? Tian se rendait compte qu'il ne connaissait pas ce type qui vivait depuis des année avec son petit-ami. C'était une ombre qui vivait presque au Manoir et à laquelle Gabriel tenait. Celui avait qui le Manoir avait commencé. A cette brève pensée, Tian baissa les yeux sur les mains nues d'Aaron. Il ne les avait jamais vues ainsi, sans leurs apparats ni la prothèse dont il avait entendu parler par le personnel. Les rumeurs allaient vite dans un tel endroit, mais c'était bien la première fois que l'une d'elle était avérée.
— Il ne te l'a pas racontée, cette histoire ?
Un sursaut. Aaron ne le regardait toujours pas.
— Non. Juste que l'idée du Manoir était pour toi.
— C'est si beau, n'est-ce pas ? Gaby a cette fascination pour les chats errants. Il ferait n'importe quoi pour eux.
Le ton était froid, de quoi le faire frissonner. C'était assez inattendu.
— Il se rendra peut-être compte un jour, que se battre pour le bonheur des autres éloigne le sien.
Ou il faisait un mauvais rêve. Le chaton noir roulé en boule sur l'épaule d'Aaron donna des coups de tête contre l'oreille de l'homme. D'une main maigre, celui-ci vit cajoler le petit animal.
— Ne te méprends pas, Gabriel m'est précieux. Mais il y a un moment où nous devons agir pour le bien de tous.
— Tu parles de prendre ton indépendance ?
— Notamment. Eeeh mon cœur, pas l'oreille !
Sa voix prit une intonation chaleureuse avec tellement de rapidité que Tian cligna des yeux. Un sourire placardé sur son visage, Aaron semblait être un autre homme que l'instant précédent, tandis qu'il décrochait la boule de poils noire. Il glissa un regard taquin à Tian, avec cette lueur qui semblait plus adaptée à sa personnalité. Ou à celle qu'il montrait en public ? Tian l'ignorait. Il ne le connaissait pas.
— L'oreille, c'est sensible, chuchota-t-il. N'est-ce pas ? Ou ce n'était peut-être pas l'oreille, qu'en sais-je.
Oh, bon sang. A cet instant précis, Tian se rendit compte qu'Aaron ne venait pas de rentrer du Manoir, bien loin de là. Il avait été présent toute la soirée, s'il en jugeait pas ses mots.
Il avait tout entendu. Chaque son, chaque cri, chaque gémissement qu'il avait émis sous les doigts et la bouche de Gabriel. Le sang quitta son visage et se rua partout sauf au sud.
— C'est extrêmement gênant, parvint-il à articuler.
— Eh bien, je te retourne le compliment, rétorqua Aaron. Encore plus quand le mec en question se vautre dans le canapé à côté de moi, en caleçon et avec une trique gigantesque. Ne me remercie pas pour les détails, et bonne nuit ?
Ce n'était définitivement pas une question, mais une injonction qui n'était absolument pas déguisée, derrière un sourire de façade. Raide comme un piquet et rouge de honte, Tian obéit –ce devait être quelque chose dans l'air avec ces deux-là, vraiment– et bientôt il se retrouva dans la chaleur de la chambre de Gabriel.
Là, il respira de nouveau. Se glisser dans les draps ne lui prit qu'un instant. Le corps bouillant de son compagnon se retourna. Un bras reprit sa place autour de sa taille, serra, le rapprocha, et un soupir endormi résonna.
Bon. Ce n'était pas si mal, tout de même. Mais vivement qu'Aaron déménage !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top