Chapitre 10 : Tian


Et deux de malades, deux ! Putain d'épidémie de grippe. Rassembler une équipe décente était parfois compliqué quand il en manquait trop, et il faudrait redoubler de vigilance, doubler les rondes... Avec Théo, Tian savait que les choses se passeraient bien, mais les week-ends étaient toujours un peu difficiles. Trop d'alcool, des esprits échauffés par la liberté d'une sortie, et tout pouvait dégénérer. Dans un établissement comme le leur, il fallait veiller sur tout : autant les clients qui se lâchaient, ravis d'être là, que les détracteurs de l'établissement. Et il y en avait un paquet qui essayaient d'entrer pour foutre le bordel, comme le disait poétiquement Loïc.

En attendant, Tian était sur les dents pour les deux soirées qui s'annonçaient. Il n'avait pas été présent la veille, jeudi soir, déléguant son jour de congé à Théo en tant que suppléant. A présent, c'était un vendredi rempli d'étudiants déchaînés qui les attendait et il ne se sentait jamais prêt pour ces moments-là. Il finissait la plupart des week-ends en espérant que le gouvernement passe la majorité à trente ans, histoire d'avoir un peu moins d'irresponsables ivres entre leurs murs.

En attendant que le monde prenne un peu de plomb dans la tête – en évitant le sens littéral du terme – Tian espérait que ses patrons trouvent une solution pour le manque de personnel. Autre que des intérimaires qui n'étaient pas particulièrement investis. Les derniers avaient roulé des yeux en voyant deux jeunes gens simplement glousser en se regardant dans le blanc des yeux, alors il n'imaginait pas s'ils avaient dû faire une ronde dans les backrooms. Ça, c'était Théo et lui. Loïc, bientôt, quand il aurait pleinement fait ses preuves, mais ce « petit » gars était bien parti pour rester. Otis était trop timoré pour accepter d'entrer dans un tel endroit, mais Tian savait qu'il le ferait s'il n'avait pas le choix. Cependant, le risque était élevé qu'il détourne le regard devant un type sans son slip et avec une queue joyeusement enfoncée dans son cul, donc il ne prenait pas vraiment le risque. Tian s'en chargerait lui-même pour ce week-end. Surtout s'il avait droit à une redite du week-end précédent, qui impliquait des trouvailles désagréables et piquantes.

La porte du bureau lui sembla apparaître devant lui comme s'il l'avait invoquée, signe qu'il était parti un peu trop loin dans ses pensées. Ce ne serait pas la première fois. Pas quand il avait tant à réfléchir, à mettre en place et à surveiller pour que tout se passe au mieux. Devant lui, la petite vitre qui donnait dans le bureau lui permit de repérer immédiatement la longue silhouette de son responsable hiérarchique direct. Ce jour-là encore, il n'était pas apprêté comme il en avait l'habitude, et semblait si profondément concentré sur l'écran de son ordinateur portable que Tian ne sut vraiment s'il devait en sourire ou s'en inquiéter. La fatigue se lisait sous ses yeux, plus encore sans son maquillage quotidien. Ses longs cheveux châtain, parsemés de mèches dorées, étaient relevés dans un chignon lâche, des mèches s'en échappant pour chatouiller ses joues. Ses sourcils froncés, sa moue pincée... L'espace d'une seconde, il fut tenter d'imaginer la sensation de cette bouche, autrement que donnant des ordres et exposant des projets futurs pour cette société grandissante. Son corps, lui, ne fut pas seulement tenté, réagissant immédiatement à la probabilité de cette langue glissant le long de...

Inspirant profondément pour ignorer le frisson qui l'étreignait comme à chaque fois qu'il entrait dans ce bureau, Tian frappa et entra au « entrez » distrait qui résonna. Ce fut rapide : Gabriel sembla sortir de sa concentration en un instant et, la seconde suivant, eut le réflexe étrange de refermer violemment son écran dans un claquement sinistre. Était-ce son absence d'artifices qui en donnait l'impression ou rougissait-il, comme pris sur le fait ? Seigneur, il voulait croire que cet homme, toujours si droit, si élégant et d'apparence intouchable, s'adonnait à des activités au moins un peu libidineuses, dans le secret de son bureau. C'était tout ce qu'il avait pour se faire plaisir, au-delà des corps inconnus qu'il découvrait hebdomadairement dans une chambre d'hôtel. Il était rare que le même homme se présente deux fois et, certains jours, il aurait souhaité que les choses soient différentes.

— Tu voulais me voir ? demanda Tian.

Une seconde de plus fut nécessaire pour que Gabriel reprenne totalement contenance, son menton glissant sur ses doigts délicats. Tian visualisait parfaitement un moment durant lequel il aurait fait de même. Pour maintenir son visage pendant qu'il baisait sa bouche. Ne bande pas. Il bénit son caleçon serré et son pantalon militaire, suffisamment large pour lui donner de la marge. Trop tard. Au moins, il savait garder contenance, même devant l'homme le plus sexy de toute cette horde débordante de sensualité qu'il devait fréquenter tous les jours.

Lentement, Gabriel se leva. Sa chaise recula dans un raclement léger, son long corps se déployant dans cette grâce infinie qui le caractérisait à chaque mouvement. Une peau pâle, des yeux couleur miel qui lui donnaient envie de les faire briller de toutes les manières possibles, les plus luxueuses possibles. Aujourd'hui, Gabriel n'avait pas opté pour un de ses traditionnels col roulés et l'encolure large tombait sur son épaule. Sexy. Il allait devoir chercher un nouveau plan plus tôt que prévu si son satané patron avait l'intention de déambuler encore longtemps avec autres choses que ses robes cocktails. Le côté transformisme de l'établissement ne l'émoustillait pas vraiment, ce qui l'arrangeait en bien des manières, surtout en étant perpétuellement entouré d'hommes en recherche de chaleur et avec beaucoup, beaucoup d'alcool dans le sang la plupart du temps.

Baiser une fois par semaine, c'était un peu juste.

Les longs bras de son manager se croisèrent. Sa tête s'inclina légèrement. Ses yeux attentifs le dévisagèrent. La rougeur de ses joues n'étaient pas entièrement partie.

— J'ai besoin de ton consentement sur un projet, dit-il lentement comme s'il faisait attention à chacun de ses mots.

Je suis putain de consentant sur tout, là.

— Je t'écoute.

— Combien d'hommes manque-t-il pour une surveillance optimale du Manoir dans son fonctionnement actuel ?

Tian cilla malgré lui. Autant il appréciait le sujet qui était amené, autant il redoutait tout à coup l'issue de cette discussion. Le recrutement de la sécurité était un sujet sensible, surtout après plusieurs agressions ciblant l'établissement.

— Eh bien, sachant qu'il faut des personnes supplémentaires pour suppléer aux absents... grommela-t-il. On a encore deux malades, ce n'est...

— Tian. Combien ?

— Cinq.

Du bout des doigts, Gabriel tapota lentement son menton. Se concentrant sur ce mouvement, Tian avisa un léger, très léger chaume de fin de journée. Un petit laisser-aller qui n'était pas pour lui déplaire. Ou peut-être simplement le maquillage n'était-il pas là pour camoufler la pousse naturelle qui se faisait sur la journée. Il se reprit quand le regard de Gabriel s'arrima de nouveau sur lui. Concentré. Intense.

— Quel est ce projet ? parvint-il à déglutir, la gorge néanmoins sèche.

— L'étage du bâtiment C qui est inutilisé depuis l'ouverture du Manoir. J'envisage de fermer son accès à la clientèle et de le convertir en espace d'accueil.

Tian fronça les sourcils. L'étage en question était bordé de chambres pour les clients qui souhaitaient, au lancement de l'établissement, terminer la soirée de manière plus intime. L'idée avait été bien accueillie à l'origine, mais il s'avérait que le concept était justement trop intimiste pour la clientèle réelle. Les backrooms mises en place plus récemment étaient un succès en comparaison. Les chambres prenaient littéralement la poussière, si ce n'était pour une réservation ou deux dans le mois.

— Comment ça, un espace d'accueil ?

— Des chambres. Un genre de dortoir ? Avec un espace commun.

— Je ne suis pas sûr de te suivre... tu veux emménager au Manoir ?

— Non, bien sûr que non !

Un petit rire le prit par surprise, se logeant délicieusement dans son ventre. Si Gabriel souriait fréquemment et avec une facilité déconcertante, vraisemblablement par habitude, son rire était une denrée plus rare.

— Plus sérieusement, se reprit-il si rapidement que Tian faillit être étourdi par le changement. Maël n'est pas le premier que tu héberges faute de pouvoir faire mieux.

— Je t'ai dit que ce n'était pas un problème, grogna aussitôt Tian, plus sur la défensive qu'il ne l'avait cru.

— Je le sais et je t'en remercie. Vraiment. Cependant...

Gabriel leva une main dès que le corps de Tian exprima le plus petit élan.

— ... ça ne peut pas durer. Entre ceux qui sont dans des situations humainement inadmissibles, ceux qui jonglent entre la rue et le vestiaire...

— Lucca a assuré que ça ne se reproduirait pas.

— Et Dieu sait où il a passé les autres nuits, Tian ! Et il n'y a pas que les plus jeunes, toi et moi savons parfaitement ce qu'il en est !

Tian sentit une sueur glisser le long de son dos. Il voyait où Gabriel voulait en venir et l'idée qui avait germé dans son esprit. Ce qui était le plus étonnant, c'était qu'il ne l'ait pas eue plus tôt.

— Tu veux les héberger ici, articula-t-il platement.

— Un tremplin, Tian. Nous ne serons pas un hôtel.

— Est-ce que tu as une idée des emmerdes que ça va apporter ?

Il se rendit compte que son ton était trop acerbe quand les beaux yeux qui le fixaient s'étrécir. L'expression jusque-là avenante de Gabriel changea subtilement, si ce n'était son regard devenu hostile, pour une froideur à laquelle il n'était pas habituée.

— Je t'écoute. De quoi ne suis-je pas au courant, une fois encore ?

— La drogue, lâcha immédiatement Tian.

— Je suis au courant. Il y a des fouilles régulières dans les loges. Tu m'en as parlé il y a six mois, Tian. Je ne prends pas ce sujet à la légère.

De nouveau, les longs bras se croisèrent, envahissant son attention. Gabriel était tout en longueur et ses pensées s'égarèrent une seconde au sujet d'une autre longueur qui se cachait sous ces vêtements de ville. Qui pouvait se targuer d'avoir vu Gabriel Faure montrant un centimètre de peau autre que ses avant-bras sous la chaleur de l'été ? Un florilège de rumeurs couraient dans le Manoir lorsque l'on tendait l'oreille et Tian n'était pas dans les derniers à écouter.

— Alors tu seras ravi d'apprendre qu'on a trouvé plusieurs seringues dans les backrooms la semaine dernière, dit-il aussi doucement qu'il en était capable.

Le sujet était délicat. Ils savaient tous que poudres et cachets circulaient durant les soirées, entre les groupes de clients. Ils ne pouvaient pas avoir l'œil sur tout, encore moins avec une sécurité bancale comme la leur.

— Où sont-elles ?

Direct. Sec. Atone.

— Dans le local de sécurité. Dans le casier.

Un dédié à ce genre de merdes, le temps de gérer la chose.

— Quand ?

— Le jeudi soir.

Il observa la façon dont les narines de Gabriel s'écartèrent légèrement, son teint devenant un peu blanc.

— Tu n'étais pas là, enchaîna Tian avant que la sentence ne tombe. Et puis tout s'est enchaîné. On a procédé comme convenu, Théo et moi sommes les seuls à avoir les clés et les autorités sont prévenues qu'on a trouvé ça ici. On gère, Gabriel.

— Mais ?

— Mais...

Tian soupira.

— ... disons que je me permets d'émettre quelques réserves au sujet de ce projet. Un... comment on pourrait appeler ça, au juste ?

Le silence lui répondit et il se rendit compte combien il était difficile de réfléchir avec cohérence sous le regard fixe de cet homme.

— Une espèce de colocation ? tenta-t-il. Merde, ça craint. La plupart sont des types qui sont à peine capables de s'occuper d'eux-mêmes !

— Tu sais que c'est faux. Premièrement, ils ne sont pas non plus des dizaines ici à être dans le besoin. Trois, tout au plus. Les autres ont soit trouvé eux-mêmes des solutions, soit ont pu rebondir grâce un peu d'aide.

Tian expira longuement. Lourdement.

— Un peu d'aide, répéta-t-il. D'accord. Très bien.

De l'aide qui signifiait Gabriel œuvrant dans l'ombre, agitant tous ses contacts jusqu'à créer un environnement sain et adapté à chaque personne dans le besoin. Et il continuait de déambuler dans l'établissement comme s'il n'était pas le putain de sauveur de ces gamins.

— Et donc, tu comptes offrir encore un peu d'aide en transformant une aile entière en squat pour employés défavorisés ?

Gabriel claqua de la langue si sèchement que Tian eut l'envie de rentrer la tête dans les épaules. Tout autant que de clamer ladite langue. Bon sang. Son cœur n'était jamais très d'accord avec l'ascendant professionnel de cet homme sur lui. Son cerveau, encore moins.

— Je te prie de parler avec moins de condescendance, Tian. Personne ne part sur les mêmes bases.

Son ventre se serra.

— Je suis désolé. C'est juste... je ne sais pas si c'est une bonne idée, ce projet. C'est...

Tian inspira rapidement.

— C'est beau, altruiste, et tout ce que tu veux, mais à quel moment c'est une bonne chose pour le Manoir ? Entre les risques et... bon sang, ça va aussi coûter un pognon monstrueux de tout refaire, non ?

— Les chambres sont en excellent état, elles ont chacune une salle de bain d'appoint, c'est parfait pour l'intimité et l'autonomie. Il n'y aurait que du réaménagement à faire et l'installation d'un espace commun.

— Tu rends ça si facile quand tu le dis, bon sang. Alors quoi, ils sont embauchés et logés ? Comme ça, pouf ?

— Loyer modéré retenu sur le salaire pour les charges, rétorqua Gabriel.

Le businessman que Tian connaissait était donc bien là, derrière cette carapace de super sauveur. Et il ne savait pas vraiment qu'en penser. Sa faculté de réflexion était un peu mise à mal devant cet homme – à chaque fois.

— Donc, ils paieront.

— Nous sommes dans la vraie vie, Tian. La charité ne ferait du bien à personne, ici. Il est question d'aide, de soutien, de tremplin pour se reconstruire, se retourner le temps de se remettre d'une situation et de repartir. La plupart sont jeunes et ont juste besoin qu'on leur accorde un peu de temps et de confiance. Et un toit.

— Et le couvert, compléta Tian.

— Evidemment.

Non. Pour beaucoup, ce ne serait pas évident.

Il restait perplexe quant à sa propre présence là, dans ce bureau, à cet instant précis. Non pas qu'être en présence de Gabriel fut un problème, il en serait presque reconnaissant, mais ce dont l'homme parlait ne le concernait pas vraiment. La logistique, ce n'était pas son domaine.

Lui, il était dans l'action.

— Quel est le rapport avec le recrutement ?

— Tian, je reprends tes mots du mois dernier : ce sont des jeunes gens à problèmes. Et ceux d'aujourd'hui : la plupart sont incapables de s'occuper d'eux-mêmes.

— Va droit au but, tu sais que les devinettes ne sont pas franchement mon fort.

Et ce n'était rien de le dire. Le regard dur, que Gabriel plongea dans le sien, lui coupa le souffle et il se fit fureur pour garder la tête froide. Échec. Il n'osait pas imaginer l'état du type qui avait la chance de le baiser.

Bon, définitivement, il fallait qu'il lance une nouvelle recherche de partenaire. Avec de la chance, Smash serait disponible. Son physique n'était pas sans rappeler celui de cet homme qui se dressait devant lui, légèrement plus grand, l'obligeant à garder la tête haute pour le regarder.

— Je veux former une nouvelle équipe pour préserver l'aile et ceux qui y habiteront. Que ce soit de l'extérieur ou d'eux-mêmes.

Pourquoi était-il si dérangé par cette idée ? Tian n'en savait foutrement rien. Il savait pourtant, pour avoir vu cet endroit grandir en un rien de temps, pour avoir vu cet homme réaliser bien plus que ce qu'il était censé faire, que ça fonctionnerait.

Quand il quitta le Manoir, des heures et des heures plus tard, épuisé, las et impatient d'être chez lui, Tian s'adossa contre la portière de sa voiture en attendant que son petit protégé du moment quitte également la boîte de nuit où avait encore passé un moment avec ses collèges. Ce soir, c'était Théo qui jouait les nounous en salle et il en était ravi : c'était une chose d'accueillir le jeune homme chez lui, c'en était une autre de le gérer en permanence comme s'il était sa mère. Il avait parfois ses limites et elles commençaient en déléguant à des gens de confiance quand il le fallait.

Avec un soupir fatigué et un peu frustré, après une soirée entière à observer des gens flirter, il ralluma son téléphone et ouvrit rapidement l'application de rencontre qu'il utilisait habituellement. Avec le peuple qui avait déferlé ce soir-là, une flopée de nouveaux profils s'étaient arrimés au sien dans des propositions de match. Curieux, il les passa un par un, s'amusant de tout ce que les gens pouvaient écrire pour se présenter. Les photos étaient souvent plus à propos que les mots mis en vrac, et il pouvait facilement définir qui était présent pour discuter ou se faire déboîter. Ça, c'était le discours le plus propre prononcé par Maël lorsqu'il avait surpris Tian sur son application, penché sur lui par-dessus le dossier du canapé. Petite teigne. Gênant d'abord, amusant ensuite sous le babillage incessant du garçon. Puis, fatiguant. Pour les exactes mêmes raisons.

Ce qu'il avait du mal à comprendre, c'étaient les profils à moitié vides et pourtant déjà activés. Comme celui-ci : pas de photo, ce qui semblait toujours être une hérésie sur un réseau où le physique était ce qui primait, peu importait de quelle manière on amenait la chose. Il n'y avait même pas vraiment de texte pour compenser.

« Je prendrai tout en main. Pas de question. Je demande le respect et l'abandon. Je ne souhaite pas voir votre visage, seulement un anonymat total et mutuel. Vidéo uniquement. »

Pas très clair. Le type avait dû se tromper de réseau. Un jeu de rôle, peut-être ? Ou un de ces types adeptes de la domination. Avec un tel profil, Tian ne pouvait même pas dire si c'était un actif ou un passif. Et puis, du distanciel ? Il en avait fait quelques-uns, mais c'était vite... frustrant. Lui, les mots n'étaient pas son fort quand il voulait pousser l'autre à l'orgasme. Il était loin d'être un littéraire.

Du bout du pouce, il repoussa cette page et parcourut les suivantes. Trois étaient plaisantes dans l'ensemble ; il les marqua pour un match. Il y avait peu de risque que ces types, s'il les revoyait pour des activités plus sulfureuses, se rappellent de son visage.

— Je suis là !

Son téléphone glissa dans sa poche dès les mots de Maël. Le pas traînant sous la fatigue, le garçon avait lâché ses cheveux et déjà ôté son maquillage. Tian le considéra un moment en silence, l'observant alors que son petit corps se glissait sur le siège passager. Et lui, est-ce qu'il passerait à autre chose, et de quelle manière exactement ? Des rencontres grisantes et dangereuses, dans l'anonymat d'un établissement où les corps dansaient les uns contre les autres, comme au Manoir ?

— Qu'est-ce qu'il y a ?

La voix curieuse de Maël le sortit de ses pensées et ses grands yeux, posés sur lui, lui rappelèrent la façon dont Gabriel l'avait dévoré plus tôt dans la journée. Comme s'il pouvait le sonder, comme s'il savait déjà ses réactions, ce qu'il pensait, ce qu'il dirait. Comme s'il n'avait pas de secret pour lui.

— Rien, dit-il doucement en démarrant. Comment était le service ?

Peut-être était-ce le cas. Il ne pouvait rien cacher à Gabriel. Il côtoyait cet homme et son empire depuis plusieurs années. Qui savait quels secrets Tian pouvait encore lui cacher ? Gabriel savait tout ce qu'il y avait à savoir à son sujet. Enfin, tout ce qu'il y avait d'important et qui pouvait entrer en collision avec le Manoir. Sa famille, son absence de compagnon, sa propension à protéger autrui quand il n'y était pas demandé, à diriger d'une main de fer dans son ombre...

... et c'était exactement de cela que Gabriel Faure avait besoin dans cet endroit. 

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