Lévitique & Suçons
Hoseok avait passé une excellente journée, de son côté. Il avait eu des cours intéressants et la répétition d'Hamlet avec son groupe. Le lundi, il avait toujours les cours les plus intéressants. De plus, jouer le rôle de Yorik, le bouffon dans la pièce de Shakespeare, était un grand honneur à ses yeux. Il avait hâte de la représenter d'ici peu. C'est donc tout guilleret qu'il rentre à la coloc, inconscient quant au cataclysme qui l'attend. Il ferme la porte d'entrée tout en sifflotant avant de se figer en voyant ses trois colocataires dans le salon. Taehyung était assis sur le fauteuil, Seokjin était face à la table basse et Jimin était debout, dos à lui. Étrangement cela ne lui inspire pas un très bon sentiment. Cela avait tout l'air d'une réunion de crise. Lorsque les trois garçons le remarque, ils se tournent vers lui d'une synchronisation terrifiante et le dévisage longuement, l'air grave.
-On doit te dire quelque chose, sonne Jimin, l'air bien sérieux.
Hoseok s'arrête sur le pas de la porte, regarde ses trois camarades à tour de rôle avant de placer ses mains devant lui en signe d'innocence.
-C'est pas moi qui ai bouché les toilettes, je le jure.
Jimin hausse un sourcil, ce con vient de se vendre tout seul. Il secoue la tête avant de désigner le canapé du doigt, invitant silencieusement l'étudiant en théâtre à s'y asseoir. Hoseok commence à trouver la situation vachement flippante, quand même. L'expression abattue de Taehyung renforce ce sentiment de peur et il écarquille tout à coup les yeux.
-Mamie gâteaux est morte ?
Non, sa mamie gâteaux aux yaourts ne pouvait pas mourir. Il l'avait eu au téléphone la semaine dernière, elle comptait lui tricoter un pull pour les fêtes de Noël. Ce n'était pas possible. Lorsqu'il voit Seokjin soupirer doucement, le rouquin sent son cœur tomber lourdement dans sa poitrine. Sa lèvre se met à trembler comme celle d'un marmot au bord d'une crise.
-Elle m'avait dit que ce n'était que de l'arthrose...
Seokjin lève les yeux au ciel. Seigneur, il va falloir y aller doucement, pense-t-il.
-Non, ta mamie gâteaux n'est pas morte, ducon, grogne-t-il. Tu penses vraiment que si c'était le cas, ce serait à nous de te le dire ?
Ah, oui, effectivement, l'étudiant en cinéma marquait un point. Il était plus que probable que si ce jour arrivait, ce serait son père qui le préviendrait.
-Mais qu'est-ce qu'il se passe, alors ? demande-t-il en fronçant les sourcils, de plus en plus confus.
Jimin lui sonne de s'asseoir et Hoseok finit par abdiquer. Lorsque son corps se retrouve enfoncé dans le moelleux du canapé, il voit Taehyung à sa droite, l'air d'un prisonnier qui s'apprête à aller à l'échafaud. Seokjin et Jimin se tiennent debout devant eux, lui donnant la sensation d'être leurs geôliers. Mais il le jure, il n'a rien fait. Il a bouché les chiottes, certes. Mais il pourrait aussi dire que Seokjin laisse constamment ses cheveux dans la baignoire ou que Jimin ne se donne pas la peine de nettoyer les résidus de dentifrices qu'il laisse dans la vasque de la salle de bain. Il pourrait aussi notifier que Taehyung ne range pas ses tasses dans le lave-vaisselle ou qu'il laisse ses sachets de tisane usagés sur le plan de travail de la cuisine. Il y a un nombre incalculable de choses qu'il pourrait dire, donc si l'heure de son jugement était venue, il avait de la réserve pour entraîner ses trois colocs avec lui. Il allait se battre, pour sûr.
-Taehyung à quelque chose à te dire.
Aux paroles de Jimin, le rouquin se tourne vers le joli étudiant en art. Celui-ci mordille quelque temps sa lèvre inférieure entre ses dents avant de plonger son visage entre ses mains, les joues rouges. Bon, qu'est-ce qu'il avait fait pour avoir une telle réaction ?
Seokjin savait que Taehyung était trop gêné pour le dire de vive-voix. Il n'est pas étonné par sa réaction. Cependant, il fallait bien mettre Hoseok au courant de ses sentiments pour Jungkook. Ils n'allaient tout de même pas le mettre à l'écart, surtout s'ils comptaient monter un plan pour aider Taehyung à réparer sa faute auprès du noiraud. Il glisse alors le carnet à dessin de l'étudiant en art en direction du rouquin qui s'en empare, confus.
-Regarde à l'intérieur et dis-nous ce que tu en penses, déclare solennellement Jimin.
Non mais c'était quoi tout ce raffut ? se demande Hoseok. Vu toute cette tension, il espérait au moins que Taehyung dessinait des plans de scènes de crimes digne d'un tueur en série où qu'il y avait des gens à poil à regarder parce que, sinon, il sentait qu'il allait piquer une crise. Il ouvre alors le carnet à dessin et commence à feuilleter les différentes esquisses. Un silence pesant règne dans le salon et Taehyung craint sa réaction lorsqu'il voit l'étudiant en théâtre froncer brusquement les sourcils.
-C'est marrant, on dirait Jungkook, laisse-t-il échapper pensivement.
-Oh, putain.
Jimin se pince l'arête du nez, dépité. En douceur, il fallait y aller en douceur, se rappelle-t-il. Il échange un regard à Seokjin qui hoche doucement la tête.
-C'est Jungkook.
Hoseok relève le regard pour détailler Seokjin quelques instants avant d'observer Taehyung qui reste silencieux. Il fait la moue. Il n'aime pas trop ça, il a l'impression de passer une évaluation et il n'a même pas révisé. Il analyse encore quelques instants le dessin sous ses yeux avant de sourire, tout guilleret.
-C'est ton modèle pour un projet ? demande innocemment Hoseok.
Jimin est à deux doigts de péter un plomb. Il n'a qu'une envie, secouer ce mollusque. Non, mais c'était pas croyable.
-Réfléchis, grogne Jimin. Si Taehyung avait besoin d'un modèle, c'est évident que c'est moi qu'il choisirait.
Hoseok l'observe longuement, l'air franchement blasé, avant de murmurer un faible "d'accord, Narcisse" qui a le mérite de lui faire fermer sa jolie bouche. Seokjin aurait pu franchement rire de l'air décomposé de Jimin s'il n'était pas lui-même déjà suffisamment ahuri du manque de jugeote de l'étudiant en théâtre. Il s'approche avant de doucement prendre le carnet à dessin d'entre ses mains et de s'agenouiller face à lui, comme s'il s'apprêtait à parler à un gosse - c'était le cas, en fait.
-Jungkook n'est pas un modèle, ce n'est pas un projet.
Hoseok l'observe longuement avant de battre des cils, laissant l'information atteindre son cerveau. Cela prend bien quelques longues secondes avant qu'il ne se retourne prestement en direction de Taehyung.
-Je ne comprends pas.
Seokjin se retient vraiment de toutes ses forces pour ne pas lui foutre une claque. Même Taehyung semble désemparé face à son idiotie. Le châtain s'empare doucement de ses mains pour être sûr d'avoir toute son attention.
-Hoseok, regarde-moi, chuchote-t-il.
Celui-ci obéit et baisse la tête en direction de son aîné, l'air bien docile.
-Tu m'écoutes ?
À nouveau, l'étudiant en théâtre hoche la tête.
-Taehyung aime Jungkook.
Hoseok le détaille longuement avant de glousser adorablement.
-Bah oui, on aime tous Jungkook.
C'en est trop pour Jimin. Il avait besoin de secouer ses trois neurones au plus vite sinon il sentait qu'il allait commettre un meurtre. Il s'approche vivement de lui avant de le choper par le colback et de cogner son front contre le sien. Les yeux écarquillés, Hoseok affronte ceux grands ouverts de Jimin. Il a l'impression de se faire menacer là, quand même.
-Il est amoureux de lui, sombre buse.
Et là, c'est la révélation tant attendue. Hoseok ouvre grand la bouche et ses yeux se mettent à briller. Précipitamment, il se tourne vers Taehyung, l'air ahuri. Ça n'avait aucun putain de sens à ses yeux. Il avait la simple sensation d'être enfermé dans une dimension parallèle. Il ouvre plusieurs fois la bouche comme un poisson avant de balbutier des mots incompréhensibles.
-Mais, je croyais qu'il t'insupportait.
L'étudiant en art se tortille sur le fauteuil, plus que mal à l'aise. Mais comme pour en rajouter une couche, Hoseok décide de l'enfoncer de manière tout à fait innocente.
-Tu lui a hurlé dessus en disant que tu ne pouvais pas le blairer.
-Je sais, bafouille Taehyung.
-T'arrête pas de grommeler que c'est un crétin à longueur de journée et que...
-Je sais !
Hoseok referme prestement la bouche. Il observe longuement Taehyung, comme s'il avait un spécimen étrange devant ses yeux et -merde- c'était vraiment le cas. Quelle était cette curieuse créature qui attirait le mâle qu'elle convoitait tant en lui beuglant dessus. Il allait se renseigner sur cette parade nuptiale parce qu'elle avait quand même l'air vachement intéressante.
-Bah pourquoi tu lui dis tout ça si t'as envie de faire des bébés avec lui ? demande Hoseok, penaud.
Les trois garçons avaient l'impression d'avoir un enfant en face d'eux. Mais Hoseok était un enfant. Seokjin fronce les sourcils, soucieux de savoir si l'étudiant en théâtre était au courant d'une notion plus ou moins importante.
-Hoseok, t'es au courant qu'ils ne peuvent pas faire de bébé ensemble, hein ?
Le rouquin hausse mollement les épaules avant de se tasser dans le canapé, déjà ennuyé par cette conversation. Ils ne pouvaient avoir son attention que cinq minutes, après ce délai, son esprit divaguait au loin. Là, son cerveau imaginait un panda qui faisait du roller. Ça le fait glousser quelques instants avant qu'il n'ait subitement l'envie de bouffer une gaufre. C'était vraiment un enfa...Hoseok, juste, Hoseok.
-Ouais, mais avec la science de nos jours, qui te dit qu'ils ne pourront pas faire des bébés à l'avenir ?
Jimin ne veut pas que Hoseok touche à la drogue - jamais. Il n'imaginait même pas le bordel monstre que ce serait si l'étudiant en théâtre touchait ne serait-ce qu'un joint. Même la fin du monde semblait plus calme à côté de ça. Pendant un instant, le blond imagine Hoseok et Yugyeom ensembles, complètement défoncés. Un frisson d'effroi s'empare de lui avant qu'il ne secoue la tête. Non, mieux vaut ne pas penser à ces choses-là. Jimin ne sait pas où est-ce que Hoseok était allé se fourrer lors de la distribution des cerveaux, mais il était sans aucun doute partie pisser. Ouais, ça expliquerait pas mal de choses.
-Là ils sont loin de faire des bébés, grommelle Seokjin.
Alors que Hoseok imaginait déjà des bébés gazouillant tout chous, il fronce les sourcils avant de se tourner vers Taehyung qui baisse honteusement la tête. Le grisé joue machinalement avec ses doigts enfouis sous son gros pull et l'étudiant en théâtre à automatiquement cette envie soudaine de l'envelopper dans du papier bulle.
-Pourquoi ?
Seokjin n'a pas vraiment envie de le dire. Jimin non plus. Les deux garçons scrutent alors Taehyung qui semble tout à coup très vulnérable. Celui-ci darde son regard sur la lampe pour ne pas avoir à affronter ses colocataires et plus particulièrement la réaction de Hoseok.
-Je l'ai insulté.
Hoseok n'est pas particulièrement surpris. Il ne voit pas ce qu'il y a de si spectaculaire à ça. S'il avait su que cela aurait offusqué tout le monde, il aurait tenu un journal de bord sur toutes les insultes que le grisé avait tenu à l'encontre de Jungkook depuis qu'il était ici. Franchement, rien ne pouvait l'étonner...
-De pute.
Ah. Il avait peut-être pensé un peu trop vite. Bon, c'était peut-être un level au-dessus par rapport à toutes les autres insultes... Non, c'était même carrément le boss de fin, en fait. Il observe longuement Taehyung, surpris que celui-ci n'ait aucune égratignures sur son joli visage. Parce que Jungkook pouvait être sympa, mais il avait une limite. Une limite qu'il ne valait mieux pas dépassée et que Taehyung avait pourtant franchi.
-Il a réagi comment ?
Là, ils avaient toute son attention. Seokjin et Jimin le comprennent dès le moment où ils voient le rouquin poser ses coudes sur ses cuisses et croiser ses mains sous son menton. Il était sérieux et à l'écoute, désormais.
-Mal, répond Jimin.
-Mais encore ?
Les trois garçons lui expliquent alors tout ce qu'il avait raté. Lui, il avait passé une journée de cours banale. Il pensait même qu'elle était franchement palpitante, jusqu'à maintenant. Mais ce qui l'inquiète, c'est la situation de Taehyung. Hoseok connaissait Jungkook. Il savait comment il réagissait. Il y a une différence entre l'insulter de crétin parce qu'il était agaçant et le traiter de pute avec toute la franchise du monde. La dernière personne qui avait tenu ce genre de propos à son encontre a fini avec deux dents en moins et s'est vu obligée de manger des potages comme une grand-mère pendant au moins un mois. Et c'est ça, le problème. Jungkook n'a pas réagi violemment, cette fois-ci. De ce que les garçons lui racontent, il comprend que cela l'a blessé, attristé. Et c'était peut-être pire.
C'était pire parce que ça n'était jamais arrivé auparavant. Ainsi, Hoseok n'a aucune idée de ce que peut faire Taehyung pour se rattraper, mais il pressent que la tâche ne sera pas aisée. Elle sera même vachement compliquée. S'il voulait faire des bébés avec lui, la partie était loin d'être gagnée. Il soupire alors avant de se tourner vers Taehyung, confus.
-T'es con ou quoi ?
Taehyung ouvre la bouche, sur le cul. Si l'étudiant en théâtre lui disait ça, c'est qu'il avait vraiment vraiment merdé. Seokjin et Jimin pensent la même chose. Hoseok qui lui demandait s'il était con... fallait vraiment dépassé les bornes.
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"Tu es une pute...Tu es une pute...Tu es une pute..."
Ces mots se répétaient inlassablement dans son esprit comme un vieux juke box qui déconne. À chaque fois qu'il amenait sa cigarette à ses lèvres, la phrase se jouait de nouveau. Il se torturait lui-même, mais Jungkook n'arrivait pas à s'en empêcher. Il avait besoin de la décortiquer, de ressasser l'expression de Taehyung. Il était le geôlier de sa propre souffrance. Accoudé contre le rebord de la fenêtre, son regard divague sur les appartements étudiants face à lui dont les quelques réverbères éclairaient la façade. Son regard était brouillé et il ne faisait pas tellement attention au fait que l'eau de la douche qui se faisait entendre non loin avait désormais cessé de couler.
C'est lorsqu'il sent des bras s'enrouler autour de sa taille et un torse humide se coller contre son dos qu'il réalise que Hyun-su avait fini de prendre sa douche. C'était un étudiant plus jeune que lui avec lequel il avait couché quelques mois auparavant. C'était un bon coup, il ne pouvait pas le nier. Mais le beau châtain était quelque peu sauvage lors de l'acte. Après les mots durs de Taehyung, Jungkook n'avait pas trouvé de meilleure solution à cette douleur qui comprimait sa poitrine que de trouver refuge entre les cuisses de ce garçon et c'était juste stupide. C'etait stupide parce que c'était toujours la même rengaine : il prenait son pied et après l'orgasme, il se sentait de nouveau mal. Son amant n'a pas l'air de se soucier de son état, il est tellement euphorique à l'idée de voir Jeon Jungkook là, fumer à sa fenêtre, qu'il occulte complètement l'air anéanti de son partenaire.
Il embrasse la nuque du noiraud, d'abord de petits baisers innocents, avant que ses lèvres ne s'appuient plus franchement sur sa peau. Il sort sa langue et la passe sur les omoplates du beau garçon devant lui tout en profitant pour jouer avec l'élastique de son jogging de ses mains envieuses. Lorsque Jungkook sent que sa cigarette lui brûle presque les doigts, il revient à lui. Il l'écrase avant de poser doucement ses mains sur les poignets du châtain.
-Tu viens de te doucher, fait-il remarquer d'une voix plate.
Hyun-su geint avant de se coller plus à lui encore. Ses mains ne peuvent pas s'empêcher de toucher le noiraud plaqué contre son corps. Il aime sentir son torse bien bâti entre ses doigts. Il griffe du bout de ses ongles ses abdominaux et pose sa tête sur son épaule.
-Et si j'ai encore envie que tu t'occupes de moi ?
Hyun-su avait vraiment envie de baiser à nouveau. Il fallait dire que Jungkook était sans aucun doute son meilleur coup. Lorsqu'il le prenait, il y avait un tel abandon de sa personne, une telle effusion, que c'était juste bestiale. Et Hyun-su aimait ça, lorsque c'était brutal, lorsque chacune des positions était imprévisible. C'était putain d'excitant. Décidant qu'il n'en pouvait plus, il retourne son amant face à lui avant de se mettre directement à genoux.
Jungkook aimait se faire sucer - clairement, c'était divin. Mais alors que Hyun-sun baisse son jogging et se lèche les lèvres à la vue de son membre, les mots de Taehyung lui reviennent en tête. Il ferme douloureusement les yeux pour tenter de se concentrer sur cette langue serpentine qui lapait lentement son sexe, mais il n'y arrivait pas. Il n'arrivait plus à bander, putain. Il bat des cils quelques instants avant de baisser le regard, observant pensivement Hyun-su qui avait engouffré la totalité de sa longueur dans sa bouche et qui s'adonnait à une vaine caresse. Il sentait cette bouche chaude et humide autour de lui, mais ça ne servait à rien. Peu importe ce qu'il pourrait faire, sa queue ne se dressera pas, il le savait.
Une heure auparavant, il avait pu s'adonner à la luxure, l'esprit en vrac, mais maintenant que tout était retombé, il avait l'impression que son être entier était comme du coton mou. Il se mord la lèvre inférieure, anxieux, avant d'ouvrir la bouche, posant cette question qu'il appréhendait tant.
-Tu penses que je suis une pute ? demande-t-il d'une voix fébrile.
Son membre glisse d'entre les lèvres du châtain avant que celui-ci ne lève la tête, les sourcils froncés. Les deux garçons se jaugent longuement avant que Hyun-su ne finisse par éclater de rire. Il secoue la tête, comme ahuri.
-Pourquoi tu me demandes ça ?
Jungkook laisse son regard divaguer sur les immeubles face à lui tout en haussant les épaules, l'air nonchalant - mais c'était bien loin d'être le cas. Son cœur battait furieusement d'appréhension. Il avait besoin d'être sûr que ses partenaires ne le voyaient pas de cette façon.
-Comme ça.
Jungkook sent un baiser sur sa cuisse et une légère caresse sur son aine avant qu'il n'entende le beau châtain murmurer un faible non. Le noiraud se voit rassuré par cette réponse. Il échappe un soupir de soulagement et caresse tendrement les cheveux du châtain à genoux devant lui qui n'a qu'une hâte, remettre le couvert. Tandis que son souffle s'abat une nouvelle fois sur le sexe de Jungkook, Hyun-su lève la tête pour le regarder, une expression sarcastique courbant ses lèvres brillantes de salive.
-Après tout, je ne te paye pas.
À ces mots, le cœur de Jungkook se serre douloureusement. Non, effectivement, il ne le payait pas. La manière dont l'avait dit Hyun-su laissait à penser que la seule différence qu'il avait avec une pute, c'était l'argent. Le fond restait le même. Des gens venaient le voir pour s'envoyer en l'air avec lui et lui, il acceptait. Parce qu'il se persuade qu'il aime ça, qu'il en a envie, et que ça lui suffit. Alors pourquoi a-t-il toujours cette sensation de vide constant ?
Parce qu'il cherchait constamment l'affection, la passion, la tendresse. Parce qu'il voulait revivre ce qu'il avait vécu autrefois, alors même que ce n'était qu'une illusion. Parce que, dans son passé, aimer était constamment synonyme de baiser, de perdition et de lubricité, sa vision de l'amour était étriquée, il ne sait finalement rien de ces choses-là.
Parce que Sora l'avait simplement bousillé.
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Il devait être trois heures du matin. Jimin rêvait de son film préféré Le Diable s'habille en Prada. Ça n'étonne personne. Son rêve est paisible et il a franchement envie que Meryl Streep lui roule dessus lorsque son téléphone se met à sonner bruyamment. Il ne peut pas être déjà l'heure, grommelle-t-il. Il a encore envie de rêver de fringues, de chaussures et de sacs, là. C'est son dada, c'est son monde. Il verrouille alors son téléphone pour arrêter ce supplice et soupire de soulagement, prêt à se rendormir, lorsque la sonnerie se fait de nouveau entendre.
La sonnerie. Pas l'alarme. Oh, bordel de merde. Il prend rageusement son téléphone et observe la luminosité de son écran de ses petits yeux. Lorsqu'il voit le prénom de son bien-aimé s'afficher sur l'écran, il glisse son pouce et prend l'appel.
-Tu me dois un rêve, ronchonne-t-il.
-Tu descends. Maintenant.
Jimin s'apprête à ouvrir la bouche, mais Yoongi a déjà raccroché. Comment ça, descendre ? Yoongi était en bas ? Il ouvre un peu plus les yeux pour être bien sûr de l'heure qu'il voit afficher. 3h47, foutu Min Yoongi. D'accord, c'était un Cullen, mais lui il était encore humain. C'était cette greluche de Bella qui se mordillait la lèvre inférieure et qui avait toujours l'air d'être perdue. Il descendrait lorsque Yoongi lui aurait bouffé le cou et pas avant. L'étudiant en médecine avait un sacré culot. Il l'évitait clairement depuis cette séance de massage qui avait mal tournée et il revenait, de manière tout à fait avenante en plus, précisons-le, pour lui sonner de descendre dans la rue au beau milieu de la nuit alors qu'il caille.
Il plonge sa tête dans son coussin et grogne de frustration. Yoongi était en bas à trois heures du matin et sa voix avait l'air plus qu'en colère. Il n'avait pourtant rien fait. La curiosité prend le dessus et il décide alors de s'habiller à l'arrache. Il enfile son peignoir, un vieux jogging et chausse ses pantoufles à motifs écossais. Il n'avait aucune classe. Même lorsqu'il sortait les poubelles, il avait meilleure allure. Mais là il était juste fatigué et avait la tête dans le cul. Il se lamenterait le lendemain de la tenue qu'il avait osé porter devant l'amour de sa vie, lorsque son esprit ne flotterait plus entre réalité et rêve.
Il ferme alors doucement la porte d'entrée, descend les escaliers à une lenteur de grand-père et pousse la porte de la résidence avec peine. Lorsqu'il sort et que le vent le bifle - parce que, ouais, Jimin estimait qu'à ce stade-là c'était une biffle bien irrespectueuse- il se tâte à rentrer direct pour se glisser sous sa couette chaude. Il voit alors la silhouette de Yoongi, vêtu tout de noir. Au moment où l'étudiant en médecine l'aperçoit et fronce les sourcils, s'avançant jusqu'à lui d'une démarche bien peu rassurante, le blond a l'impression que la faucheuse est venue pour lui.
Elle pourrait venir à des heures plus adéquates, quand même. Genre prendre rendez-vous, je sais pas...penses-t-il, penaud.
Yoongi a l'air hors de lui et Jimin ne l'avait jamais vu comme ça. Son expression est purement et simplement sombre. Il fait flipper.
-Donne-moi une bonne raison de ne pas monter pour en coller une à Taehyung.
Jimin se retient de lui dire que son meilleur ami est en train de dormir et que se prendre une gifle dans son sommeil est un peu lâche. Qu'il attende au moins qu'il soit réveillé. Cela traverse son esprit quelques secondes avant qu'il ne fronce les sourcils, mécontent. Personne ne gifle Taehyung. Si Yoongi compte toucher à un seul de ses cheveux, amour ou pas amour, Jimin se fait la promesse qu'on retrouverait son corps dans un caniveau, décomposé et bouffé par les rats.
-Je te demande pardon ?
Yoongi serre les dents et un éclair de rage brille dans ses prunelles. Jimin se retient de lui dire qu'il est quand même vachement sexy, comme ça.
-Il a dit à Jungkook que c'était une pute.
Les nouvelles vont vite, pense amèrement Jimin. D'ici demain, c'est toute l'université qui sera au courant. C'est quoi la prochaine étape, une visite du président la semaine prochaine ? Ils n'ont même pas de tapis rouge.
-Tu es au courant, donc.
Yoongi rigole amèrement.
-Oui, je suis plus qu'au courant.
Yoongi se retient de dire au blondinet que, quelques heures auparavant, Jungkook était rentré à la base complètement bourré et insupportable. L'étudiant en médecine était entré dans une colère sans nom en voyant son état plus que lamentable et les différents suçons qui parsemaient son cou. Au départ, il pensait juste que Jungkook avait encore abusé, comme ça lui arrivait quelquefois. Mais celui-ci avait brusquement éclaté en sanglots devant Namjoon et lui, commençant à s'insulter lui-même et à maudire sa naissance. Il avait fini par mentionner les paroles de Taehyung avant de tomber de sommeil et Yoongi n'avait pas vraiment réfléchi avant de quitter la base, laissant son meilleur ami au soin d'un Namjoon complètement perdu.
Jimin se mordille la lèvre inférieure. Taehyung, tu fais royalement chier, prend des putains de cours de dragues. Le voilà qu'il se faisait réveiller en pleine nuit pour s'en prendre plein la gueule par son béguin, tout ça parce que son crétin de meilleur ami était incapable de faire passer ses émotions autrement que par la haine. Il allait lui payer cher, très cher.
-Il y a une bonne raison.
-Ah oui, laquelle ?
Jimin s'apprête à ouvrir la bouche avant de se raviser. Non, il ne pouvait pas dire à Yoongi, le meilleur ami de Jungkook, les sentiments que Taehyung avait pour ce dernier. Il ne pouvait juste pas. Il se met alors à fixer Yoongi, l'air désolé. En voyant cela, l'étudiant en médecine ricane amèrement.
-D'accord, alors ça va être simple, il ne s'approche plus de lui.
Yoongi aimait bien Taehyung, de base. Mais ce qu'il avait fait, il ne pouvait pas le supporter. S'il y avait bien une chose qu'ils avaient en commun, Jimin et lui, c'était d'être incroyablement protecteurs envers leur meilleur ami. C'était une qualité indéniable. Jimin écarquille les yeux, perplexe.
-Mais, on traîne ensemble, balbutie-t-il. Enfin, je veux dire...
-On va mettre des distances.
Jimin n'en croyait pas ses oreilles. Ils traînaient tous les sept ensemble, désormais. Ils étaient une bande. À ses yeux, cette décision était bien trop drastique. Ils avaient leurs habitudes, avaient leur table attitrée à la cafétéria...Pourquoi Yoongi voulait tout bouleverser à ce point ?
-Mais et nous ? laisse-t-il échapper sans le vouloir.
Yoongi le détaille longuement avant d'enfouir ses mains dans les poches de sa veste en cuir.
-De quoi nous ? demande-t-il.
Jimin rougit faiblement avant de l'observer timidement à travers ses longs cils. À ce moment précis, il est simplement vulnérable, comme il l'a rarement été auparavant. Lorsque Yoongi comprend ce qu'il veut dire, il ferme douloureusement les paupières.
-Il n'y a pas de nous, Jimin. Il n'y aura jamais de nous. Il faut que tu arrêtes...
Jimin essaye de ne pas laisser ces mots lui faire du mal, mais c'est bien le cas. Il sent son coeur se fissurer dans sa poitrine et il a presque envie de pleurer.
-Je ne comprends pas pourquoi tu continues à te persuader qu'il y aura quelque chose entre nous.
-Parce qu'aimer c'est être irrationnel.
Yoongi l'observe du coin de l'œil. Son regard détaille sa tenue et un sourire triste déborde sur ses lèvres lorsqu'il voit ses chaussons de grand-père. Certaines choses allaient lui manquer, oui. Mais Jungkook était plus important que tout. Il avait fait une promesse à Junghyun, il ne pouvait pas la trahir, même si ça comprenait qu'il fasse des sacrifices, comme se détacher de Jimin et de sa bande d'amis loufoques.
-Désolé de t'avoir réveillé.
Jimin reste là, sur la chaussée, observant la silhouette de Yoongi qui s'éloigne dans la pénombre. Il détaille, anéanti, le dos de celui qu'il aime, de celui qui lui brise aussi continuellement le cœur. Il sent avec résignation que cette nuit-là signe la fin de la guerre, que c'était la dernière bataille. Il faut qu'il le laisse s'en aller et peut-être que la décision de Yoongi n'était pas si mal. Oui, il fallait qu'ils se détachent, pour quelque temps. Peut-être que c'est mieux. Pourtant, il veut savoir. Il veut savoir pourquoi il n'a aucune chance avec l'étudiant en médecine. Il veut savoir si c'est simplement parce qu'il est un homme ou si c'est plus complexe que cela.
-Pourquoi ? crie-t-il alors.
Yoongi l'entend. Il s'arrête dans sa marche avant de noyer sa lèvre inférieure entre ses dents. Finalement, en détaillant quelques instants la lune, il trouve le courage d'être enfin honnête envers le blondinet. Il se tourne vers lui avant de lui offrir un sourire douloureux.
-Ma mère déteste Jungkook, mais ça n'a pas toujours été le cas. C'est venu au moment où elle a compris pourquoi elle ne le voyait plus les dimanches.
Jimin fronce les sourcils. Il ne comprend pas vraiment ce que tout cela veut dire. Il décèle cependant que dire ces mots font énormément de mal à Yoongi. Il le voit à l'expression abattue et résignée qu'il arbore.
-Lévitique 18.22 de la Bible, Jimin. Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.
Jimin écarquille les yeux et Yoongi lui sourit une dernière fois avant de se retourner et de disparaître dans la nuit noire. Le blond reste longuement là, seul dans la rue, réalisant que de tous les mecs de cette foutue planète, il fallait qu'il s'entiche d'un putain de croyant. Bordel de merde, Jimin, bravo. Il avait du mordant, mais là il y avait quand même Dieu entre Yoongi et lui. Jimin voulait bien croire qu'il était un battant, mais son adversaire avait quand même une armée de saints, d'anges et possédait un bouquin tout puissant contre lui alors que lui, tout ce qu'il avait, c'était son amour, son drapeau arc-en-ciel, Troye Sivan et ses trois sextoys. Sa vie était naze.
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Cela faisait trois jours depuis que Taehyung avait sorti ce qui était, sans aucun doute, l'un de ses plus grands regrets. Cela faisait trois jours, maintenant, qu'il voyait Namjoon, Jungkook et Yoongi manger chaque midi à une table plus loin que la leur. Ça fait trois satanés jours qu'il voit Jimin au bord de la dépression, tout ça par sa faute. Il se haïssait vraiment. Il sait que Hoseok et Seokjin allaient leur parler lorsqu'ils les voyaient dans les couloirs de l'université, après tout ce n'était pas eux le problème, mais lui. Jimin restait constamment à ses côtés par loyauté, mais ça le faisait chier. Tout ça le faisait chier parce qu'à cause de ses conneries, il avait brisé un truc. Hoseok et Seokjin ne lui en voulaient pas, parce qu'ils connaissaient la raison, même si elle était incompréhensible. En revanche, Yoongi et Namjoon ne la connaissait pas, eux. Et si ce dernier lui souriait tristement de loin à chaque fois qu'ils se croisaient, le premier le fusillait du regard, à deux doigts de se retenir de le tuer.
Ça faisait peur, un Min Yoongi en colère. Quant à Jungkook, la seule chose qu'il avait de lui, c'était sa simple ignorance et c'était douloureux. Trop douloureux. Parce que le noiraud parlait encore avec Jimin en cours, avec Seokjin et Hoseok lorsqu'il les croisait, mais pas lui, et c'était déchirant. Il n'entendait plus sa voix, son sourire ou son rire, mais les autres, si. Il se sentait mal d'avoir perdu ce semblant de relation et ce mal-être s'accentuait à chaque fois qu'il voyait Jungkook rire aux éclats avec quelqu'un d'autre.
C'était de l'envie, oui, mais aussi de la jalousie pure et dure.
En voyant Jungkook débarrasser son plateau en compagnie de Namjoon et Yoongi, il se fait la promesse d'aller lui parler, ce soir.
La journée passe et Jungkook suit distraitement son cours en compagnie de Jimin. Les deux garçons échangent quelques paroles, mais c'est maladroit. Pour le premier, c'est parce qu'il a peur que l'autre reparle de ce qu'il s'était passé il y a trois jours et pour le second, c'est parce que son esprit n'arrête pas de ressasser les paroles de Yoongi. En clair, les deux étudiants sont sur la lune. Lorsque l'un parle, l'autre répond dix ans après, voire pas du tout. On dirait deux escargots qui radotent et le tableau est plus que navrant.
Ainsi, lorsque le dernier cours de la journée se termine, Jungkook salue distraitement Jimin avant de se précipiter vers la sortie. Il n'a qu'une hâte, rentrer chez lui, regarder un film et faire peut-être un gâteau au chocolat dans lequel il pourra éponger sa peine. Ça lui semble une bonne idée. Il emprunte un couloir différent lorsqu'il voit au loin la silhouette de Hyun-sun qui s'avance dans sa direction, parce qu'il ne veut pas lui parler et encore moins écouter sa proposition d'une partie de jambe en l'air - parce que ça ne pouvait être que ça. Comme si Hyun-su allait lui parler d'autre chose que de sexe. Il lui en veut déjà suffisamment pour la multitude de suçons que le châtain s'était permis de laisser dans son cou. Il a horreur de ça. Les suçons, c'est un signe d'appartenance, et il était loin de lui appartenir.
Il s'avance vers Bessy, envoie un message à Yoongi pour lui dire qu'il rentre, déverrouille sa voiture, s'assoit sur le siège, mets la clé dans le contact et s'apprête à démarrer lorsque la portière côté passager s'ouvre brusquement et qu'un invité indésirable ne vienne prendre possession du siège à ses côtés. Jungkook bats des cils, croyant rêver en voyant Taehyung se tenir là, le cul posé dans sa voiture, l'air aussi tendu qu'un string. L'étudiant en art trifouille maladroitement son carnet à dessin entre ses mains et semble dans l'incapacité de le regarder. Ses joues ont exactement la même couleur que la peinture qui recouvre Bessy et ce constat l'égaye peut-être une nanoseconde avant qu'il ne serre la mâchoire.
-Qu'est-ce que tu fous ? grogne-t-il.
Taehyung ferme les yeux pour essayer de calmer les battements effrénés de son cœur. Il se retient de peu de poser sa paume sur sa poitrine. Il ne peut pas s'en empêcher, il se sent tout bizarre, dans la voiture du beau noiraud. Son odeur lui chatouille l'odorat et savoir sa présence à ses côtés le fait juste défaillir. Il doit lui expliquer sa raison, il doit lui dire que tout ça n'était qu'un malentendu, que ce n'était que des paroles cruelles balancées sous le coup de la jalousie. Il faut qu'il l'affronte, maintenant, et qu'il lui dise qu'il le veut juste pour lui. Il veut qu'il l'aime, il veut lui tenir la main, l'entendre rire, le voir sourire, peut-être même lui faire des bisous et - il sent qu'il ne va pas y arriver.
Pourtant, il n'est pas obligé de lui parler, il n'a qu'à ouvrir son carnet à dessin pour que Jungkook comprenne. Juste ça, juste un geste. Alors pourquoi son cerveau refuse de faire le mouvement ? Il est terrorisé à l'idée que l'étudiant en marketing le trouve ridicule. Pire encore, il est effrayé à l'idée qu'il lui balance tous ses défauts à la gueule, soulignant à quel point il n'était pas assez bien pour un mec comme lui. Pourtant, c'est juste des pensées parasitaires, irrationnelles, au fond de lui, Taehyung sait qu'il ne peut pas être tombé amoureux d'un connard. Mais il a juste la trouille. Pour une fois, il a envie d'avoir le culot de Jimin.
Il prend un souffle tremblant avant de se tourner en direction du beau noiraud et là, il sent sa gorge s'assécher. Jungkook porte un pull près du corps noir qui moule quand même vachement bien ses biceps et sa carrure d'athlète. Mauvaise idée de regarder son corps. Il lève alors timidement les yeux, ses jolies prunelles se perdant sur l'étendue du visage parfait de l'éphèbe face à lui. Il voit ses sourcils froncés, ses yeux assombris de colère, sa mâchoire ciselé, ses jolis piercings et - putain, c'etait quoi ça ?
Ses yeux se plissent brusquement lorsqu'il voit ces tâches rougeâtres dans son cou. Il ne peut pas se tromper. Il peut se persuader autant de fois qu'il le souhaite que c'est le résultat de quelques piqûres de moustiques ou d'une quelconque réaction allergique, il sait que ce n'est pas ça, au fond de lui. Quelqu'un avait décoré le cou du garçon dont il était amoureux de suçons. Son ventre se tord désagréablement de douleur et il ne peut pas empêcher son regard de se brouiller légèrement.
-C'est quoi ? demande-t-il en pointant craintivement son cou.
Jungkook croit avoir mal entendu. Taehyung n'était quand même pas là pour ça, si ?
-Des suçons.
-Ah...
Taehyung tourne brusquement la tête de l'autre côté et se tasse un peu plus sur le siège. Quelle question conne. Franchement, à quoi il s'attendait ? Il déglutit péniblement, de moins en moins courageux quant à sa déclaration. Cependant, un autre sentiment s'immisce dans son cœur et prend le dessus sur tout. La jalousie.
-De qui ?
Jungkook est hors de lui. Il n'avait pas de putain de compte à lui rendre. Il croyait rêver, là.
-Taehyung, tu veux quoi au juste ?
Toi, se retient de dire le grisé. Néanmoins, il le pense si fort qu'il espère que le noiraud le comprend, mais lorsqu'il le regarde, Jungkook attend patiemment sa réponse. La télépathie, c'est pas pour tout de suite.
-C'est le beau garçon aux cheveux châtains ?
Taehyung se fait du mal, il le sait. Il ne peut juste pas s'en empêcher, il a ce besoin malsain de savoir. Jungkook écarquille légèrement les yeux, surpris de savoir que Taehyung connaissait Hyun-su.
-Ouais.
Taehyung noie sa lèvre inférieure entre ses dents et son cœur se craquèle un peu plus. Il arrête de tripoter son carnet à dessin, se sentant tout simplement vide. Comment pourrait-il dire à Jungkook qu'il l'aime quand un mec comme Hyun-su a déjà marqué son territoire sur lui. Il ne fait pas le poids. Il est ronchon, timide, complexé et franchement chiant. Il n'a aucune chance face à son adversaire.
Néanmoins, il repense à Jimin et il ne pense qu'à lui. Il doit se donner le courage de le faire. Le blond est tellement malheureux depuis trois jours qu'il ne peut pas laisser cette situation perdurer plus longtemps. Il allait avoir honte, oui, il allait avoir mal, certainement, mais au moins, tout cela serait derrière lui.
-À propos de la dernière fois..., commence-t-il alors d'une voix tremblante.
-Casse-toi.
Taehyung écarquille les yeux et se tourne vivement vers Jungkook qui ne se donne même plus la peine de l'observer. Le noiraud a le regard braqué devant lui, les mains serrées sur son volant. Il se contient de toutes ses forces pour ne pas laisser exploser sa colère.
-Quoi ? Non, mais attends, je dois te dire quelque chose !
-Je ne veux pas t'écouter, Taehyung. Sors maintenant avant que je ne m'énerve vraiment.
Non. Non, non,non. Jungkook ne pouvait pas lui dire ça alors qu'il rassemblait tout son courage. Il n'avait pas le droit. Brusquement, le grisé se rapproche de lui avant d'entourer ses mains autour de son bras pour attirer son attention. Jungkook regarde la prise du joli étudiant en art, éberlué. Ses yeux sont grands ouverts tandis qu'il détaille les mains de Taehyung posées sur lui. Il était suicidaire ?
-Je t'en prie, écoute-moi. Je t'assure que j'ai une bonne raison.
À ces mots, l'esprit de Jungkook vrille totalement. Il se débarrasse brutalement de la prise de Taehyung avant de le foudroyer du regard.
-Une bonne raison ? Vraiment t'as une bonne raison pour m'avoir traité de pute, Taehyung ? Putain, encore heureux ! Vas-y dis-la-moi, cette foutue raison, je suis tout ouïe.
Jungkook se tourne vers lui et attend, mais Taehyung est incapable de dire quoique ce soit. Le regard que le noiraud pose sur lui est si sombre de colère et de ressentiment qu'il ne peut pas lui avouer qu'il l'aime. Pas alors qu'il est dans cet état. Il sent alors ses lèvres trembler sous l'anxiété et la peur.
-J-je...j'ai...
Il est incapable de prononcer autre chose que cela. Sa bouche ne laisse passer que des soubresauts douloureux et Jungkook le fixe longuement avant d'avoir un rire sarcastique. Il secoue la tête avant de démarrer le contact.
-Bouge de ma caisse.
Taehyung avale le sanglot douloureux qui menace de jaillir de sa poitrine. Il se contente de regarder Jungkook de ses prunelles brouillées de larmes, mais cela n'attendrit pas l'étudiant en marketing. Lui aussi, avait mal. Ça faisait trois jours qu'il avait mal. Avoir Taehyung, là, à côté de lui, n'était en rien bénéfique. Ils étaient juste en train de se détruire. L'étudiant en art et lui ne pourraient jamais s'entendre ou devenir ne serait-ce qu'amis, Jungkook s'était fait une raison. Comment pouvait-il laisser quelqu'un qui, par de simples mots, l'avait infiniment blessé, être proche de lui ? C'était au-delà de ses forces. Le souci, c'était surtout que Taehyung puisse posséder le pouvoir de lui faire autant de mal alors qu'il ne le connaissait que depuis plus d'un mois. Ça révélait que, ouais, dans le fond, il s'était attaché à cette boule duveteuse à grande gueule.
Lorsqu'il entend de petits reniflements à ses côtés, il ferme douloureusement les paupières. Entendre ce bruit lui est insupportable parce que ça le rend putain de vulnérable.
-Juste, sors, s'il te plaît.
La supplique dans sa voix ne laisse place à aucune répartie. Taehyung sait que rien de bon ne sortira de cette conversation. Aujourd'hui n'était simplement pas le bon jour. Et si le bon jour n'arrivait jamais ? s'inquiète-t-il. Et si Jungkook ne voulait jamais l'écouter ou le pardonner ? Et si tout était simplement foutu ? Il baisse la tête avant d'ouvrir à contrecœur la portière et de sortir. Il a à peine fait un pas dehors que cette dernière claque sèchement derrière lui, le faisant sursauter.
C'est donc le cœur en mille morceaux qu'il observe Bessy quitté le parking de l'université. Il n'était même pas sûr qu'il existe de mots adéquats pour décrire à quel point il se sentait juste misérable.
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