L'art de la couleur

Bonjour !

Aujourd'hui, petit point esthétique. C'est une question qui me tient beaucoup à cœur en art, et puisque j'ai eu l'occasion de travailler dessus en cours (de peinture, plutôt), pourquoi ne pas l'adapter à des considérations cinématographiques ?

Au cinéma, on différencie d'emblée noir et blanc et couleur. Les films en couleurs apparaissent vraiment à la fin des années 1930 (Le Magicien d'Oz de Victor Fleming étant l'un des plus célèbres du début de l'ère de la couleur). Néanmoins, dès le cinéma muet, il existe des longs-métrages dont la pellicule semble "teinte", pour donner à l'image un aspect qui n'est pas gris comme c'est le cas généralement.

Le Cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1919)

De nos jours, la couleur est utilisée par défaut, parce que c'est la façon la plus simple de donner un aspect "vrai", naturaliste, à ce qu'on filme. Mais elle s'applique tout aussi bien à des récits fantastiques comme Harry Potter et aux films d'animation, souvent éloignés du monde réel.

L'un des artistes qui a fait de la couleur un véritable moyen d'expression cinématographique, c'est Wes Anderson. Ce réalisateur américain s'illustre particulièrement pour son choix de palettes cohérentes qui parviennent à donner un aspect fantasque et chaleureux à son univers. Et chacun de ses films bénéficie de sa propre palette colorée, lui donnant ainsi une identité visuelle unique et pourtant reconnaissable immédiatement.

The Grand Budapest Hotel (Wes Anderson, 2014)

Fantastic Mr. Fox (Wes Anderson, 2009)

Un peu dans le même ordre d'idée mais à une échelle différente, un film de Peter Greenaway, Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant, utilise la couleur de façon très intelligente. Chaque environnement de l'intrigue a sa propre couleur dominante (le rouge pour la salle du restaurant, notamment), et la tenue des personnages principaux change même lorsqu'ils passent d'un décor à l'autre ! Cela renforce le sentiment d'irréalité qui perdure tout au long de ce film à l'allure expérimentale.

Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant (Peter Greenaway, 1989)

Et de manière plus réduite encore, l'impact esthétique de la couleur existe aussi... dans des films en noir et blanc. En l'occurrence, Sin City, d'une beauté incroyable grâce à son noir et blanc intense et les touches de couleur qui le parsèment lors de certaines scènes.

Sin City (Robert Rodriguez, 2005)

Enfin, l'utilisation de certaines couleurs, au-delà de raisons purement esthétiques, peut faire écho à ce qui se passe à l'écran à ce moment-là. La dernière partie d'Apocalypse Now, aux confins de la folie, est nimbée de lumière orangée qui ne fait que renforcer son aspect halluciné.

Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979)

De la même manière, dans Lost Highway, le choix d'un rouge violent peut refléter l'état mental du personnage, qui ne va pas aller en s'améliorant...

Lost Highway (David Lynch, 1997)

Comme quoi, la couleur au cinéma n'est pas seulement là pour s'opposer à l'absence de technique qui obligeait les réalisateurs à faire des films en noir et blanc.

Et à l'inverse, le noir et blanc n'est pas seulement dû à un manque de moyens. J'y reviendrai dans un autre chapitre !

En espérant que ce contenu est pertinent et intéressant. À bientôt !

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